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30 juillet 2025
LA SANTÉ DE FARBA NGOM SE DÉGRADE
Une expertise médicale ordonnée par le juge d'instruction conclut sans appel : la détention de l'ancien député n'est "pas compatible" avec ses multiples pathologies chroniques
La situation de santé de Farba Ngom se dégrade de plus en plus et de manière très préoccupante. Farba souffre de plusieurs maladies et qu'au moment de sa convocation par le juge il s'apprêtait à aller en France et en Allemagne pour des rendez-vous médicaux.
Ses médecins traitants, sa famille ainsi que les populations de Matam notamment ses administrés de Agnam s'inquiètent beaucoup et s'attendent au pire. Le juge d'instruction a, sur demande des avocats de Farba, ordonné une expertise médicale dont les conclusions confirment la gravité de l'état de santé décrite ci-dessus.
Il n'y a parfois qu'un battement de cœur entre la détention et la liberté. Pour Farba Ngom, ce battement est aujourd'hui celui de l'urgence médicale. Détenu dans le cadre d'une enquête menée par le Pool judiciaire financier, l'ancien député et homme de confiance de Macky Sall fait désormais face à un enjeu vital : sa santé déclinante menace de ne pas supporter le régime carcéral.
Devant l'aggravation de son état, le juge d'instruction du premier cabinet a fini par ordonner une expertise médicale. Une décision prise à contre-courant du procureur de la République financier, qui s'y opposait fermement.
Mais les signaux d'alerte étaient trop nombreux pour être ignorés. C'est l'Ordre national des médecins du Sénégal qui a été saisi afin de désigner un expert indépendant. Il a proposé le professeur Alassane Mbaye, cardiologue réputé de l'hôpital Idrissa Pouye de Grand Yoff. Une référence dans son domaine.
Son rapport, aujourd'hui versé au dossier, a l'effet d'un électrochoc. « L'état de santé de monsieur Mouhamadou Ngom, dit Farba, n'est pas compatible avec la vie en milieu carcéral », écrit-il sans détour.
L'expertise indique que le détenu ne présente certes pas de complication aiguë engageant son pronostic vital immédiat, mais cumule de nombreuses pathologies chroniques : cardiovasculaires, métaboliques, hépatiques, vertébrales, neurologiques et prostatiques. Des maladies évolutives, nécessitant un suivi médical spécialisé, des traitements rigoureux et un environnement adapté.
« Le milieu carcéral, par ses conditions de vie probablement non optimales, pourrait aggraver ces pathologies et exposer le patient à des complications dans un délai imprévisible », ajoute le professeur Mbaye.
Le rapport souligne également la nécessité d'une prise en charge globale : régimes alimentaires précis, activité physique encadrée, contrôle du stress, rééducation fonctionnelle et accès constant aux médicaments. Une équation difficile à garantir dans les murs d'une prison.
Face à ces conclusions, les avocats de Farba Ngom ont saisi le juge d'une demande de mise en liberté provisoire. Pour eux, l'analyse du professeur ne laisse aucune place au doute : « La dégradation de son état est documentée, objective et dangereuse. Le maintien en détention reviendrait à exposer leur client à un risque médical majeur, avec des responsabilités pénales et humaines lourdes. »
Ils rappellent aussi que Farba Ngom a été perfusé à trois reprises à l'infirmerie de la prison et qu'il limite désormais ses visites, y compris celles de ses avocats et de ses proches. Un isolement qui ne relève plus d'une stratégie judiciaire, mais d'un état de santé fragilisé.
« Il ne peut se soustraire à la justice », affirment-ils. « Son état suffit à le clouer à une discipline médicale stricte. Il n'a aucun intérêt, ni même la force physique, pour fuir. »
Dans un contexte politique encore tendu, cette affaire prend un relief particulier. Le juge d'instruction, désormais en possession de l'avis médical et de la requête des avocats, devra trancher. Entre le poids des charges et celui du cœur, il lui faudra dire ce qui pèse le plus.
DE L'ÉCONOMIE SUBIE À L'ÉCONOMIE CHOISIE
Felwine Sarr prône une approche économique enracinée dans les spécificités africaines. Le chercheur de Duke University défend l'idée d'une économie du bien-être, construite sur les solidarités locales et respectueuse des équilibres écologiques
Face à un système économique perçu comme «préjudiciable» aux réalités africaines, Felwine Sarr appelle à libérer la pensée. Pour le philosophe, économiste et enseignant-chercheur à Duke University, la véritable révolution consiste à s’appuyer sur les pratiques économiques locales, sou- vent «invisibles» dans les statistiques officiel- les, mais profondément enracinées dans les sociétés africaines.
«Le postulat duquel on doit partir, c’est comprendre notre réalité historique, culturelle, anthropologique. Evidemment, bien apprendre des autres. Mais bien apprendre des autres, ça ne veut pas dire répéter ce que les autres ont fait. Ça veut dire distinguer dans ce qui a fonctionné chez les autres, ce qui pourrait fonctionner ici, mais repartir dans la réalité et la pensée», a-t-il plaidé hier, lors de la conférence internationale organisée par la Fondation de l’innovation pour la démocratie, l’Agence universitaire de la Francophonie (Auf), le Campus Afd et plusieurs universités partenaires, notamment l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, l’université Gaston Berger de Saint-Louis, et axée sur le thème :
«Démocratiser l’économie : un horizon de réinvention des modèles économiques au ser- vice d’une démocratie sub- stantive en Afrique.» Loin des comparaisons hasardeuses entre pays aux trajectoires historiques différentes, Felwine Sarr n’a pas manqué de partager ses observations sur les démocraties qui se fragilisent sous le poids des inégalités. «Les aventures sociétales ne sont pas comparables, toutes choses égales par ailleurs. Les pays qui ont connu des guerres, qui ont connu des chocs historiques, ne sont pas comparables à des pays qui n’ont pas connu la guerre. Des pays qui ont des géographies différentes et qui ont un accès à la mer ne sont pas comparables à d’autres pays», dit-il.
Pour Felwine Sarr, il ne s’a git pas de réformer l’économie dominante, mais bien d’en sortir. «Il faut déjà repenser l’économie, ne pas considérer que l’économie dominante néolibérale est une donnée que l’on doit intégrer dans ses formes, d’autant plus que ces formes-là, pour l’instant, elles nous seront réjudiciables», affirme l’économiste et pro- fesseur à Duke University. Pour lui, la véritable révolu- tion consiste à s’appuyer sur les pratiques économiques locales, souvent invisibles dans les statistiques officiel- les, mais profondément enracinées dans les sociétés africaines. «On n’a pas à être les bons élèves. On a à avoir un regard critique et on doit être créatif. Et cette créativité, elle existe déjà dans les formes économiques que nos sociétés ont produites. Les gens n’ont pas attendu l’économie néoli- bérale pour répondre à leurs besoins, pour vivre, pour se perpétuer. Donc je pense qu’il y a un travail des économistes à faire dans ce sens-là et un travail aussi de conviction de nos élites», explique-t-il. Alors que gagnerait l’Afrique dans cette économie «démo- cratisée» ? Selon le philoso- phe, «le plus important, c’est de dire qu’est-ce que l’Afrique gagnerait à repenser ses modèles économiques, à faire en sorte qu’elle choisisse un modèle d’économie du bien- être». Et d’après lui, c’est là que réside l’enjeu, c’est-à-dire bâtir une économie qui ne laisse personne de côté, qui tisse des solidarités et respecte les équilibres écologiques.
«Une économie qui partage la prospérité pour tout le monde», fait-il savoir, tout en estimant que le problème éco- nomique est aussi un problè- me démocratique. «Oui, en fait, il faut le repenser de manière critique.» A l’en croire d’ailleurs, le modèle actuel ne garantit ni la prospérité du plus grand nombre ni son bien-être. «Il ne réduit pas les vulnérabilités, ne donne pas d’emploi. Donc, repenser l’é- conomie, c’est alors articuler des besoins et des ressources dans une histoire, dans un territoire et dans un contexte. Et ça, on ne peut pas le faire en étant totalement extraverti», a-t-il laissé entendre.
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DES SOUTIENS INTERNATIONAUX POUR MACKY SALL
L'ancien ministre estime que l'ex-président bénéficierait du soutien de Washington, de Pékin et de Moscou s'il souhaite briguer le poste de Secrétaire général de l'ONU, tout en dénonçant l'opposition de Pastef à cette candidature présumée
L'ancien ministre Yoro Dia, membre de l'Alliance pour la République (APR), a défendu la candidature présumée de Macky Sall au poste de Secrétaire général de l'ONU, révélant des soutiens supposés de grandes puissances tout en dénonçant l'opposition du parti au pouvoir.
Selon l'ex-porte-parole de l'ancien président, ce dernier bénéficierait d'un large soutien international pour briguer le poste de Secrétaire général des Nations Unies. "Aujourd'hui, si Macky Sall peut avoir l'aval des Américains, si Macky Sall peut avoir l'aval des Chinois", affirme Yoro Dia, présentant l'ex-président comme un candidat de compromis acceptable pour les principales puissances mondiales.
Il cite notamment les relations privilégiées entretenues par Macky Sall avec les dirigeants internationaux, évoquant les propos du président chinois Xi Jinping qui aurait assuré à l'ancien chef d'État sénégalais qu'il continuerait à le considérer comme "un ami personnel" après son départ du pouvoir.
Pour Yoro Dia, cette candidature s'appuierait sur le capital diplomatique exceptionnel du Sénégal. "Macky Sall incarne ce que le Sénégal a été", explique-t-il, soulignant que le pays entretient des "relations exceptionnelles" avec les États-Unis tout en maintenant de bonnes relations avec la Chine et la Russie. Cette position géopolitique unique ferait de l'ancien président un candidat idéal pour un poste nécessitant un "grand compromis" entre les puissances.
L'ancien ministre s'insurge particulièrement contre l'attitude du gouvernement dirigé par le Pastef face à cette candidature potentielle. Il dénonce le fait que ce soient "les Sénégalais eux-mêmes" qui s'opposent à cette candidature, citant notamment le ministre des Affaires étrangères actuel qui "va au charbon" pour dire "Non, non, non".
Cette opposition gouvernementale est perçue par Yoro Dia comme une forme d'auto-sabotage qui "ridiculise" le Sénégal sur la scène internationale. Il y voit l'expression de ce qu'il qualifie de "haine" et de "fougue" du Pastef contre une candidature "qui n'est même pas officielle".
Pour l'ancien ministre, le soutien à une candidature de Macky Sall à l'ONU ne devrait coûter "rien du tout" à l'État sénégalais, si ce n'est de préserver le prestige du pays. Il considère que l'opposition du pouvoir actuel traduit une vision destructrice qui va à l'encontre des intérêts diplomatiques du Sénégal.
LE SYNPICS TRACE UNE FEUILLE DE ROUTE POUR SAUVER LA PRESSE
Lors des Journées de Concertation du Secteur de la Communication, Moustapha CISSÉ, Secrétaire général du syndicat a livré un diagnostic sans concession sur la crise profonde que traverse le secteur des médias au Sénégal.
Les Journées de Concertation du Secteur de la Communication, organisées sous l’égide du ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, ont été marquées par l’intervention remarquée de Moustapha CISSÉ, Secrétaire général du SYNPICS et représentant de la Coordination des Associations de Presse (CAP). Dans un discours à la fois lucide et structurant, il a dressé un état des lieux sans complaisance du secteur de la presse, tout en traçant les contours d’une réforme ambitieuse et cohérente.
S’exprimant devant les autorités étatiques, les organisations de presse, la société civile et les partenaires techniques, M. CISSÉ a alerté sur l’essoufflement progressif du secteur. Selon lui, cette situation n’est pas le fruit d’un déficit de compétence ou de volonté, mais résulte d’un abandon structurel : entreprises de presse surendettées, contrats de publicité annulés sans mécanismes compensatoires, créances de l’État en suspens, et un Fonds d’Aide à la Presse devenu inopérant.
Sur le plan social, les effets sont tout aussi préoccupants : licenciements en série, salaires non versés, couverture sociale inexistante, fuite des talents et désaffection croissante des jeunes diplômés pour le métier. Ce contexte installe un climat de précarité chronique et de désenchantement professionnel.
Refonte juridique, gouvernance et régulation
Le représentant de la CAP a ensuite insisté sur la nécessité urgente de refondre le Code de la presse, jugé obsolète car élaboré sur une base datant de 2010 et inadapté aux évolutions du numérique et aux mutations du paysage médiatique international. Il appelle à un processus ouvert et inclusif pour redéfinir un cadre juridique protecteur, moderne et équilibré.
Concernant la régulation, il a pointé les limites structurelles du CNRA et l’inexistence de la HARCA, pourtant prévue par le Code. Il plaide pour la mise en place d’une autorité unique de régulation, dotée de moyens juridiques et techniques conséquents, capable de superviser efficacement l’ensemble du secteur dans le respect des principes démocratiques.
Financement, fiscalité et soutien à la modernisation
L’un des axes majeurs de son intervention a porté sur l’impératif de repenser entièrement le financement du secteur. Il propose notamment :
Un programme national de mise à niveau des entreprises de presse, en lien avec le Bureau de mise à niveau ;
Un statut fiscal spécifique pour la presse, reconnaissant son rôle stratégique ;
Un Fonds d’Aide au Développement de la Presse (FADP) autonome, tripartite, avec des ressources stables ;
Un fonds spécial de transformation numérique, pour permettre aux médias de se moderniser techniquement et de migrer vers les formats contemporains.
Priorité à la formation et à la souveraineté informationnelle
Moustapha CISSÉ a par ailleurs mis en exergue la nécessité de former et de professionnaliser les acteurs du secteur. À ses yeux, il ne peut y avoir de souveraineté médiatique sans un renforcement substantiel des capacités humaines et techniques.
Il a également attiré l’attention sur deux entités jugées stratégiques mais insuffisamment valorisées : la TDS (Télévision Diffusion du Sénégal) et la RTS (Radiodiffusion Télévision Sénégalaise). La TDS, socle de la diffusion audiovisuelle, requiert des investissements massifs pour garantir un accès équitable et sécurisé au signal numérique. Quant à la RTS, il plaide pour un financement structurant, durable et transparent, à la hauteur de ses missions de service public et de sa vocation nationale dans l’ère numérique.
En conclusion, le représentant de la CAP a proposé l’élaboration d’une Stratégie nationale d’Information et de Communication, intégrée aux grandes politiques publiques : éducation, santé, culture, cohésion sociale et développement territorial. Il appelle à un nouveau pacte entre l’État et la presse, fondé sur le respect mutuel et la reconnaissance du rôle essentiel de la presse comme infrastructure démocratique.
« Le Sénégal ne peut aspirer à la stabilité, à la souveraineté et à la modernité sans une presse libre, viable et structurée », a-t-il déclaré, appelant à transformer ces journées de concertation en actes concrets et durables.
OUMAR SOW CONDAMNÉ À UN MOIS DE PRISON FERME POUR DIFFUSION DE FAUSSES NOUVELLES
Reconnu coupable pour avoir affirmé à tort que le parquet avait placé Ismaïla Madior Fall sous bracelet électronique, l’ancien ministre-conseiller de Macky Sall a également écopé d’une amende de 200.000 F CFA.
L’ancien ministre-conseiller de Macky Sall, Oumar Sow, a été condamné ce mercredi par le tribunal des flagrants délits de Dakar à six mois de prison, dont un mois ferme, ainsi qu’à une amende de 200.000 F CFA. Il a été reconnu coupable de diffusion de fausses nouvelles, une infraction prévue et punie par le Code pénal sénégalais.
Le jugement intervient après des propos tenus par M. Sow lors d’une émission, dans lesquels il affirmait que le placement sous bracelet électronique de l’ex-ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, avait été décidé par le parquet. Une déclaration que la justice a considérée comme infondée et de nature à induire l’opinion publique en erreur.
Lors de l’audience du 4 juin dernier, le procureur avait requis un an de prison, dont six mois ferme, en plus de l’amende. Oumar Sow, pour sa part, avait tenté de se justifier en évoquant un lapsus :
« Je voulais rendre hommage au procureur Ibrahima Ndoye pour son intégrité. J’ai évoqué le parquet alors que je pensais au ministère. Cette erreur a été sortie de son contexte, puis exploitée politiquement », a-t-il déclaré à la barre.
Il a également dénoncé une manipulation médiatique, accusant ses détracteurs d’avoir monté la vidéo pour lui nuire politiquement.
La décision du tribunal, bien que plus clémente que les réquisitions du parquet, marque une nouvelle illustration de la vigilance de la justice sénégalaise en matière de désinformation publique, notamment lorsque celle-ci touche aux institutions judiciaires.
Par Ahmadou Aly Mbaye,
QUELLE REFORME POUR LE CODE DU TRAVAIL AU SENEGAL ?
Outre le taux de chômage qui fluctue autour de 20%, la part des emplois vulnérables (chômage déguisé), dans la population en âge de travailler, tourne autour de 70%
A l’instar des autres pays africains, le Sénégal connait des performances assez médiocres concernant le marché du travail. Outre le taux de chômage qui fluctue autour de 20%, la part des emplois vulnérables (chômage déguisé), dans la population en âge de travailler, tourne autour de 70%. Dans le même temps, la protection sociale ne couvre qu’environ 5% des travailleurs, laissant l’écrasante majorité des autres travailleurs dans l’informel. Ces tendances lourdes ont très peu varié depuis l’indépendance. Même ses épisodes de croissance du PIB, relativement robustes, n’ont pas coïncidé avec des performances remarquables du marché du travail. D’un autre côté, la législation du travail au Sénégal est réputée être parmi les restrictives au monde et d’aucuns lui attribuent un certain rôle dans les mauvaises performances du marché du travail et dans le processus d’industrialisation du pays. Si la législation du travail joue un rôle certain dans la faible compétitivité de l’économie, le poids des autres facteurs ne devrait pas être négligé. Une éventuelle réforme devrait aussi prendre les potentielles ramifications sur le climat social dans le pays.
Le code du travail au Sénégal est parmi les plus restrictifs au monde
Parmi tous les facteurs de production, le travail constitue, sans nul doute, celui dont la gestion est la plus délicate. En effet, alors qu’une augmentation de son prix (le salaire) peut obérer la compétitivité de l’entreprise, il constitue, en même temps, une source de revenu (la plus importante), et donc de bien-être individuel et collectif. Les politiques publiques du travail, doivent donc trouver le juste équilibre, entre d’une part protéger la qualité des emplois existants (le travail fait partie des droits de l’Homme), et d’autre part, défendre la compétitivité des entreprises, pour leur permettre de se retrouver dans une position de créer plus d’emplois pour la majorité des citoyens. A l’échelle internationale, les exercices de comparaison de la qualité des législations du travail ont démarré avec l’OCDE, depuis les années 2000, et se sont progressivement généralisés. Dans un document de World Bank Jobs (Mbaye Golub Gueye IDRC 2020) où il est présenté une base de données de 189 pays du monde, le benchmarking de la législation du travail au Sénégal montre des résultats assez alarmants.
En général, les traits dominants de la législation du travail peuvent être résumées en quatre catégories de règles :
Celles concernant le salaire minimum (et son rapport à la productivité du travail),
Celles liées à la nature des contrats de travail (à durée déterminée ou à durée indéterminée, par exemple),
Celles gouvernant les conditions de travails : la durée de la journée de travail, le nombre maximal d’heures de travail par semaine, les primes d’heures supplémentaires (nocturne, hebdomadaire, ou sur jours fériés), rapporté au salaire horaire, l’existence de congés payés, etc.
Celles gouvernant les licenciements : la durée du préavis, la possibilité de licenciement pour motif économique, l’obligation de notification ou d’approbation d’une tierce partie pour le licenciement d’une ou plusieurs personnes, l’obligation de chercher des alternatives comme la formation ou la réaffectation avant tout licenciement, l’existence de règles prioritaires sur les licenciements pour motif économique ou le réengagement prioritaire, le préavis pour licenciement pour motif économique, les indemnités moyennes de licenciement pour motif économique, etc.
En considérant toutes ces catégories et sous-catégories de restrictions, et en les pondérant, nous obtenons un indice mesurant la rigidité de la législation du travail, dans chacun des 189 pays considérés, utilisant une échelle de 0 à 1. Un indice de 0 signifierait une absence totale de droits pour les travailleurs (aucun pays ne l’a) alors qu’un indice de 1 signifierait un niveau maximal de rigidité. Avec un score de 0.60, le Sénégal se retrouve à la 187e place, derrière la France (score de 0.58, 185e place). Les pays utilisant une législation de type anglosaxon ont, en moyenne, un score et un classement plus faibles : score de 0.14 (7e place pour l’Ouganda), 0.16 (12e place) pour le Royaume Uni, 0.18 (24e place) pour les USA. Mais cette règle est loin d’être absolue car nous avons des pays francophones avec des scores plus faibles (0.28 pour le Burkina Faso, 0.20 pour le Burundi ou 0.30 pour la Guinée). A contrario, nous avons des pays anglophones avec des scores relativement élevés, comme le Zimbabwe (173e), la Tanzanie (127e) ou le Kenya (130e).
Comparée à la législation du travail de la plupart des pays africains, celle du Sénégal fait ainsi partie des plus défavorables à l’entreprise privée. La comparaison avec les pays émergents d’Asie la met dans une position encore plus défavorable. Par exemple, la Chine a adopté son code du travail seulement en 1995 (selon Baker & McKenzie 2013), soit bien après le démarrage de son processus d’émergence (début des années 80). Mais la mise en œuvre effective n’a démarré qu’en 2008, avec l’adoption de la Labor Contract Law, qui a introduit davantage de restrictions pour les licenciements, la facilitation des conventions collectives et l’exigence d’un contrat de travail écrit pour tout employé. D’autres pays asiatiques comme le Bengladesh, ont des régulations beaucoup plus faibles et mises à niveau au fil du temps, mais dont la mise en œuvre laisse encore beaucoup à désirer.
Code du travail Vs coûts du travail
Les faibles performances du Sénégal en matière de création d’emplois sont abondamment documentées. En 1980, les emplois privés formels étaient estimés à 109.000 (Terrell and Svenjnar 1990). Aujourd’hui en 2025, ils sont estimés par l’ANSD à environ 400.000, soit une multiplication par un facteur de 3,6 largement inférieur à celui de la croissance de la population en âge de travailler, dans la même période (4.3). Cela indique que sur une période de 45 ans, la situation de l’emploi formel s’est significativement détériorée. Si le code du travail a certainement joué un rôle, il serait abusif d’ignorer l’effet des autres facteurs en jeu.
En effet, malgré le caractère très restrictif du code du travail, il reste encore très peu corrélé avec la croissance économique et avec l’emploi. Le code du travail ne doit pas être confondu avec le coût du travail. Le code du travail fait référence à des règles et procédures. En revanche, le coût du travail englobe la totalité des dépenses encourues par l’entreprises, en rapport avec l’utilisation du service « travail », comme les salaires et la totalité des avantages sociaux qui vont avec. Le coût du travail inclut aussi la productivité du travail. A l’échelle internationale, le coût du travail est mesuré par le salaire en dollar, divisé par la productivité du travail. Lorsqu’on compare l’évolution des salaires en monnaie locale au Sénégal et dans les autres pays en développement, elle n’est pas forcément plus rapide. Mais converti en dollar, il est, parfois, artificiellement gonflé par la surévaluation de la monnaie nationale. Mais la faiblesse de la productivité du travail est, de loin, le facteur qui impacte le plus le coût du travail au Sénégal. Les résultats des enquêtes sur les entreprises privées révèlent que seulement moins de 10% des dirigeants d’entreprise interrogés considèrent le travail comme étant la contrainte majeure au développement de leur activité. Dans la préparation du rapport sur l’analyse des contraintes au développement du secteur privé au Sénégal, le MCC (MCC 2017) a utilisé le modèle HVR pour hiérarchiser les contraintes à l’environnement de l’entreprise au Sénégal. Les résultats mettent en évidence deux contraintes majeures considérées comme rédhibitoires : l’énergie et les risques microéconomiques (le foncier, le faible niveau d’exécution des contrats, le fardeau fiscal, etc.). Le facteur travail n’a pas été identifié comme contrainte majeure, à l’instar des résultats obtenus dans d’autres régions en développement du monde.
Quelle réforme adopter ?
A la lumière de ce qui précède, toute réforme du code du travail devrait considérer simultanément deux dimensions fondamentales : ses implications sur les entreprises et ses implications sur les ménages (les travailleurs).
Pour les entreprises, si la rigidité du code constitue une contrainte de taille pour la rentabilité de l’exploitation, elle est loin d’être la principale contrainte. Du côté des travailleurs, la situation est un peu plus compliquée : le code constitue un droit acquis auquel ils renonceraient difficilement. Etant donné la diversité et la profondeur des obstacles à l’environnement des affaires au Sénégal, il serait plus réaliste d’envisager une réforme plus holistique à la place d’actions seulement centrées sur le code du travail. La mise en place de zones économiques spéciales, avec un large spectre d’incitations incluant le facteur travail, mais également d’autres facteurs de productions (infrastructures, régime fiscal et douanier préférentiel, accès préférentiel à l’énergie et au foncier, etc.), pourrait avoir plus d’impact. Mais l’expérience du Sénégal dans la gestion des ZES laisse constater un manque d’efficacité notoire, en comparaison avec certains pays (les pays asiatiques ou Maurice, par exemple). Il n’en reste pas moins que ces zones, bien conçues et mises en œuvre, demeurent un outil extrêmement puissant pour booster la production industrielle, dans un environnement des affaires de faible attractivité. Le régime dérogatoire applicable au sein de ces zones, devraient faire l’objet de consensus avec les partenaires sociaux quant à la prise en charge du plan de carrière des travailleurs qui y opèrent.
Ahmadou Aly Mbaye, Professeur d’économie et de politiques publiques
Par Mohamed GUEYE
DIOMAYE, UN CESAR SENEGALAIS ?
La première visite que le chef de l’Etat a voulu accomplir dans le monde rural a été placée sous le signe de l’économie. Bassirou Diomaye Faye a tenu à visiter, dans le Nord du pays, les sites de la Compagnie sucrière sénégalaise (Css),
La première visite que le chef de l’Etat a voulu accomplir dans le monde rural a été placée sous le signe de l’économie. Bassirou Diomaye Faye a tenu à visiter, dans le Nord du pays, les sites de la Compagnie sucrière sénégalaise (Css), ainsi que des installations de producteurs industriels de riz et d’oignon transformé. Il a pu ainsi se rendre compte de visu de la complexité du développement industriel dans le pays, face aux multiples défis liés aux financements, à l’accès à la terre, ainsi que, entre autres, au développement des terroirs à travers le développement local.
Bassirou Diomaye Faye n’a pas tari d’éloges à l’endroit de la Css dont les ambitions sont d’atteindre l’autonomie de la production de sucre, en arrivant à 220 mille tonnes de sucre à l’horizon 2030. Cette ambition exige d’énormes investissements en termes de modernisation de l’usine, d’augmentation de la surface cultivable et d’aménagements hydro-agricoles. Malgré les 12 mille ha qu’elle exploite actuellement, la Css a toujours affirmé qu’elle avait besoin d’encore environ 3000 ha supplémentaires pour réaliser ses objectifs. Cette ambition se heurte depuis de longues années à l’hostilité de plusieurs personnes physiques et morales qui estiment qu’il n’y a pas de raison pour que l’entreprise fondée par la famille Mimran bénéficie de tant de faveurs de la part des pouvoirs publics. Des personnalités ont dénoncé ce qu’elles ont appelé l’«accaparement des terres», ajoutant même, pour la dernière de ces protestations, que «ce n’est pas un partenariat gagnant-gagnant. C’est une mise sous tutelle économique d’une région entière, avec la bénédiction de l’Etat. Pendant que les profits sont transférés en Suisse ou en France, les terres sont dépossédées, les nappes phréatiques sont surexploitées et la jeunesse est condamnée à la précarité».
Ce à quoi d’autres, parmi lesquels des défenseurs de la Compagnie sucrière, font valoir que, contrairement à la fausse idée très répandue par des esprits malveillants, la compagnie de Richard-Toll n’a jamais eu de monopole de production de sucre. Cependant, plusieurs parmi ceux qui ont fait état de leur volonté de concurrencer Mimran sur ce terrain n’ont jamais converti leur souhait en actes. Sans doute auraient-ils reculé face à l’ampleur des investissements et des engagements ? Il est vrai que pour certains, le négoce du sucre tel qu’il se fait à l’heure actuelle, est déjà suffisamment rentable. La différence est qu’implanter une usine est plus bénéfique pour le pays et les démembrements de l’Etat. Et si cela comporte des inconvénients, on pourrait, sans trop s’engager, affirmer qu’ils sont mineurs par rapport aux avantages.
Ceux qui critiquent l’implantation d’une usine de production de sucre dans le Nord du pays, dans une zone réputée aride, ne se posent certainement pas les questions qu’il faudrait. Beaucoup ignorent ou oublient sans doute dans quelles circonstances Jacques Mimran, le père de Jean Claude Mimran, a su convaincre le Président Senghor d’implanter une usine de production de sucre dans la vallée du fleuve Sénégal. C’était dans une période de sécheresse, quand la mode était à l’exode rural, car les paysans ne parvenaient pas à vivre de leur production. De plus, les barrages de Diama et de Manantali n’avaient pas encore vu le jour, et les terres du Walo subissaient la remontée du sel de mer. Il fallait être visionnaire pour voir dans cette terre aride, un futur domaine agricole à la californienne. Ce défi relevé a permis de faire de Richard-Toll le centre de l’expansion économique de la région, en supplantant Dagana, la capitale départementale.
Ceux qui parlent de paysans dépossédés oublient forcément les populations fixées dans leur terroir, sans compter les nombreux jeunes gens attirés par les emplois salariés dans la zone. On oublie souvent que c’est grâce à la présence de la Compagnie sucrière que d’autres entreprises agroindustrielles comme la Soca, la Sgs ou la Laiterie du Berger, pour ne citer que celles-là, ont pu être convaincues de s’installer dans la vallée. Au point que, au Nord du pays, la Mauritanie a commencé à encourager des entrepreneurs à reproduire le modèle sénégalais dans sa partie de la vallée. C’est dire qu’au lieu de songer à fermer la Css, les politiques ont intérêt à encourager l’initiative. Il ne peut pas nécessairement s’agir de capitaux privés, mais l’essentiel, au point où en est le pays, est de redonner l’espoir à la jeunesse en lui fournissant de l’emploi. Diomaye qui, comme Jules César, est allé, a vu, aura-t-il le courage et la force de caractère de vaincre les réticences et forcer les décisions pour permettre à cette région de connaître enfin le boom industriel auquel il est destiné ?
Les écrans de fumée
Cela est valable sur d’autres parties du territoire national en butte aux mêmes contraintes. Avec l’ouverture des frontières, favorisée par la levée des barrières tarifaires dans nos zones économiques, les pays africains sont en compétition pour attirer l’Investissement direct étranger (Ide). Chaque année et à chaque occasion, les ligues de lutte contre le tabac se font entendre pour convaincre les pouvoirs publics d’interdire totalement, autant que possible, la commercialisation et la distribution du tabac et de la cigarette sur le territoire sénégalais. Ces ligues et leurs financiers avancent l’argument de la protection de la jeunesse et de la préservation de la santé des citoyens face aux méfaits du tabac et de ses dérivés.
Au Sénégal en particulier, la bataille est féroce, parce qu’un des plus gros producteurs mondiaux de cigarettes, Philip Morris, a choisi la ville de Pikine pour implanter sa seule usine de production de tabac en Afrique. Ce qui lui permet d’alimenter l’ensemble, sinon la majorité, des pays africains de cigarettes made in Sénégal. On peut comprendre que cela ne plaise pas à tout le monde. Les données officielles font état d’une forte croissance du nombre de fumeurs dans le pays -comme dans bien d’autres pays d’Afrique également.
Pourtant, la législation en matière de lutte contre le tabac est loin d’être laxiste. Sans doute l’application des mesures n’est pas efficace. Raison pour laquelle certains préconisent la fermeture pure et simple de l’usine de Pikine. Ce à quoi rétorquent les dirigeants que si les autorités sénégalaises venaient à céder aux injonctions des lobbies, l’usine serait transplantée, dans les délais les plus courts, à Abidjan, Cotonou ou Lomé, et les cigarettes qui sont fabriquées ici passeraient toujours à travers les frontières, et sans droits de douane, du fait des règles de l’Uemoa. Les consommateurs continueraient à être approvisionnés sans difficulté. La seule différence, et de taille, serait que les services fiscaux devraient cherchaient ailleurs comment combler le manque à gagner dû aux 40 milliards de Cfa de taxes et frais divers payés actuellement par la compagnie. Cela, compte non tenu des 300 soutiens de famille employés par la société à Dakar, et qui devront se chercher d’autres emplois ailleurs. Il est vrai que quand les pouvoirs publics eux-mêmes n’hésitent pas à pousser des entreprises à mettre la clé sous le paillasson, l’argument ne devrait pas peser pour eux. Mais pour les citoyens d’un pays où le taux de pauvreté ne baisse pas, on peut bien se demander ce qui pèse le plus sur la balance.
D’autant plus que, depuis quelques années, la société Philip Morris déclare avoir mis au point un produit innovant, qui élimine la cigarette fumée pour la remplacer par le tabac chauffé, qui produit des effets similaires à la cigarette sans avoir la même nocivité. Malheureusement, contrairement à bien d’autres pays, en particulier les pays développés du Nord, ce produit n’est pas autorisé à la commercialisation au Sénégal. Le cigarettier promet que si son produit, qui est déjà adopté dans une cinquantaine de pays, était commercialisé ici, il aiderait à réduire le nombre de fumeurs de cigarette. Mieux encore, son usine sénégalaise pourrait proposer sur le marché cette nouvelle technologie, au plus grand bénéfice du pays. Mais cela, on ne le saura pas tant que les autorités sénégalaises ne voudront pas parier sur l’avenir, au lieu de se laisser embrouiller par l’écran de fumée des ligues anti-tabac.
Car la réalité est que, dans tous les pays où les lois sont très strictes contre les produits innovants et destinés à remplacer la cigarette, le nombre de fumeurs ne baisse pas. Par contre, des pays comme la Suède ou la Nouvelle Zélande se prévalent aujourd’hui d’une population de moins de 10% de fumeurs, parce qu’ils font recours à des produits alternatifs à l’efficacité scientifiquement démontrée. C’est dire que, en matière de développement industriel, des dirigeants visionnaires qui prennent des mesures fortes, même s’ils ne sont pas reconnus de leur vivant, permettent toujours à leur pays d’accomplir de grands bonds vers le progrès.
UN MODELE DE COORDINATION ET DE PREVENTION TESTE A MERVEILLE
Hier mardi matin, un exercice de simulation d’incident a été organisé à la Société africaine de raffinage (SAR), afin de tester la réactivité des équipes et des services de sécurité face à une fuite de gaz suivie d’un départ de feu.
Hier mardi matin, un exercice de simulation d’incident a été organisé à la Société africaine de raffinage (SAR), afin de tester la réactivité des équipes et des services de sécurité face à une fuite de gaz suivie d’un départ de feu. Malgré l’engagement des équipes de la société, «elles n'ont pas pu maîtriser le sinistre, nécessitant l'intervention rapide des Sapeurs-pompiers pour prendre le relais», a indiqué Hamdy Mbengue, le préfet du département de Pikine.
Informé d’une fuite de gaz suivie d’un départ de feu à la Société africaine de raffinage (SAR), le préfet du département de Pikine, Hamdy Mbengue, a décidé, à 10h30, d'activer le Plan particulier d'intervention (PPI) et de convoquer l'ensemble des services concernés. Déjà dès 10h08, un premier point de la situation a été établi par Monsieur le sous-préfet de l'arrondissement de Thiaroye, «faisant état de trois (03) victimes. Ce bilan s’est ensuite aggravé pour atteindre un total de 12 victimes, dont 9 patients de l'hôpital psychiatrique intoxiqués par l'émanation». Il s’agit là d’un exercice de simulation d’incident organisé à la SAR hier mardi matin, 17 juin 2025, afin de tester la réactivité des équipes et des services de sécurité. Cette situation a conduit à la mise en place d'une équipe médicale avancée, dirigée par le médecin-chef de district, présent sur place.
Face à l’aggravation du sinistre, les Sapeurs pompiers ont procédé «à l’évacuation préventive de l'école élémentaire Ousmane Fall à 10h40, avec l'appui logistique des bus de Dakar Dem Dikk, société que nous remercions. Près de 185 élèves ont ainsi été transférés à la LGI de Mbao», a indiqué le préfet lors d’une déclaration de presse. Il souligne que les Forces de sécurité, comprenant Police et Gendarmerie, «ont assuré efficacement le bouclage de la zone ainsi que la régulation de la circulation, garantissant la sécurité des personnes et la fluidité des opérations. L’incident a finalement été complètement maîtrisé vers 11h25». Le préfet a tenu à remercier "la Société africaine de raffinage pour sa réactivité, ainsi que l'ensemble des services engagés pour leur professionnalisme, la coordination exemplaire et leur sens du devoir».
APPEL A LA MISE EN PLACE D'UN PLAN PARTICULIER D'INTERVENTION DEPARTEMENTALE POUR TOUTES LES ENTREPRISES
Cependant, il a insisté sur la nécessité d’anticiper davantage dans cette zone où plus d'une dizaine d'entreprises manipulent du gaz, du carburant, ou d'autres produits chimiques comme les mèches, ainsi que des produits alimentaires. Il a ajouté : «Un exercice de ce genre va nous permettre, à l'avenir, de maîtriser les situations qui pourraient survenir dans notre circonscription, dans notre département». Il a également préconisé la mise en place d'un Plan particulier d'intervention (PPI) départementale pour toutes les entreprises du lieu. Mais, avant cela, il faut que toutes ces entreprises aient des Plans d'opération interne (POI), où ils doivent s’exercer avec tous les moyens nécessaires avant de prétendre avoir un PPI permettant de réagir activement et efficacement. Pour le préfet, «tout le monde doit s'engager, c'est notre challenge. J'espère qu'à la sortie de cet exercice, nous réussirons et nous nous reverrons pour définir les voies et moyens d’avoir un PPI dans le département. Cela me tient à cœur». Il a conclu en saluant l’équipe qui a mené cet exercice et a affirmé son engagement à faire des pas en avant pour la sécurité, car le PPI a pour objectif principal de protéger les populations et la zone.
LA SAR, UN SITE CLASSE SEVESO, CE QUI IMPOSE UN HAUT NIVEAU DE VIGILANCE
De son côté, Habid Diop, Directeur général de la SAR, a rappelé que «la sécurité reste notre priorité numéro un». Il a souligné que la SAR, créée en 1961, n'a jusqu'à présent connu aucun incident impactant la communauté. Il a évoqué les investissements récents réalisés en ce sens : un barrage flottant à 250 millions de francs CFA pour prévenir les fuites, deux camions de sapeurs-pompiers à 1 milliard et des lances monitores à 600 millions. "Nous sommes un site classé Seveso, ce qui impose un haut niveau de vigilance. En tant que manager, ma priorité est d’assurer la sécurité de mes employés, des installations, mais aussi de la communauté», a-t-il insisté. Concernant la simulation, il a précisé : «L’incident simulé portait sur une fuite de gaz causée par un joint mal serré, une corrosion et une vanne défectueuse, avec plusieurs couches de protection volontairement ignorées pour testerla réactivité». Il a également rappelé les mesures préventives en place : maintenance préventive des détecteurs de gaz, des pipelines, et un travail conjoint avec les autorités pour sensibiliser les populations sur les risques. La SAR a d’ailleurs créé, il y a quelques mois, une fondation dédiée à la sensibilisation environnementale et à la prévention des risques liés à ses activités. Habid Diop a salué «l’initiative inédite dans la sous-région, qui réunit toutes les parties prenantes, notamment le ministère de l’Environnement, le maire, le préfet, le sous-préfet, a Gendarmerie, les Sapeurspompiers et les partenaires logistiques».
NE PAS ATTENDRE LES URGENCES POUR APPRENDRE A INTERVENIR
Enfin, Baba Dramé, Directeur de la Réglementation environnementale et du Contrôle, a souligné l’importance de cet exercice dans un contexte national marqué par des précédents dramatiques. «On a connu la catastrophe de la SONACOS en 1992, avec une explosion qui a coûté la vie à plus d’une centaine de personnes et blessé plus de 1000 autres». Il a insisté sur la nécessité de ne pas attendre les urgences pour apprendre à intervenir et a salué la grande ouverture et l’engagement de la SAR dans cet exercice. Pour lui, «c’est un devoir de simuler ces situations d’extrême urgence avec les installations à risque, afin d’être prêts en cas d’incident réel». Il a conclu en rappelant que la gestion des situations d’urgence mobilise l’ensemble de l’administration, pas seulement un ministère, et que cette collaboration est essentielle pour la protection de l’environnement et des populations.
Par Ousmane Badiane
J'AI TOUT QUITTE POUR RENTRER AU SENEGAL
« Je suis partie pour mieux revenir ». C'est par ces mots que Coumba Sow, trentenaire née en France de parents sénégalais, résume le virage radical qu'elle a pris en 2022.
BBC Afrique |
Ousmane BADIANE |
Publication 18/06/2025
Le pari audacieux de Coumba Sow, une entrepreneure de la diaspora
« Je suis partie pour mieux revenir ». C'est par ces mots que Coumba Sow, trentenaire née en France de parents sénégalais, résume le virage radical qu'elle a pris en 2022.
Coumba Sow a toujours nourri un attachement profond pour le pays de ses ancêtres. En avril 2022, elle saute le pas. Cadre dans une banque renommée à Paris, elle décide de tout quitter pour s'installer au Sénégal. Un choix risqué mais assumé. Son objectif : investir et développer des projets professionnels, redonner du sens à sa vie tout en contribuant au développement local.
Trois ans plus tard, elle est aujourd'hui à la tête d'une agence de services à Saly, sur la Petite-Côte au sud de Dakar, ou elle accompagne la diaspora dans son retour au pays.
« Je suis née et j'ai grandi en France, mais le Sénégal a toujours été une part importante de ma vie », confie Coumba Sow originaire du Fouta, dans le nord du Sénégal.
Depuis son plus jeune âge, elle passait toutes ses vacances scolaires au pays, au sein d'une association de la diaspora qui organisait des séjours collectifs au village. Ces voyages ont profondément ancré en elle l'amour du Sénégal, de sa culture et de sa langue.
QUITTER LE CONFORT PARISIEN POUR RETROUVER LES RACINES
Ils sont de plus en nombreux les expatriés prêts à revenir investir et entreprendre dans leur pays d'origine, conscients des opportunités et des nouveaux marchés qui émergent au bercail.
Formée en France, Coumba est diplômée d'un Master en Banque finance et a exercé en tant que manager dans une agence de la Société Générale à Paris. Pourtant, au fil des années, l'appel du pays natal se faisait de plus en plus fort. « J'avais toujours cette envie de contribuer au développement du Sénégal. Et je voyais le pays se transformer, se moderniser. C'était le moment de tenter quelque chose. »
C'est pendant la crise du Covid19 que le projet prend forme. Coumba se mobilise bénévolement pour aider les membres de la diaspora à obtenir leur pièce d'identité sénégalaise, indispensable pour rentrer au pays en période de fermeture des frontières.
Son engagement se prolonge sur les réseaux sociaux, notamment sur Snapchat, où elle fédère une communauté en quête d'informations concrètes : comment obtenir une carte nationale sénégalaise ? Comment s'installer au Sénégal ? Où investir ? Où passer ses vacances ?
Face à cette demande croissante, elle crée en 2021 « Paris Sénégal », une agence de services dédiée aux projets en lien avec le pays. « On veut faire le pari du Sénégal. Montrer que tout est possible ici », confie-t-elle.
"PARI-SÉNÉGAL", UN PONT ENTRE DEUX MONDES
Installée d'abord à Dakar, Coumba Sow propose des services de conciergerie, de location de vacances, de mise en relation avec des avocats pour des litiges fonciers, et d'accompagnement administratif. Forte de son carnet d'adresses, elle aide ceux qui, comme elle, veulent s'installer, investir ou entreprendre au Sénégal.
L'aventure à Dakar n'est pas de tout repos. Là-bas, elle découvre un pays en mouvement, plein d'opportunités, mais aussi confronté à de nombreux défis. "J'ai vu à quel point le retour peut être complexe pour les membres de la diaspora. Entre démarches administratives, manque d'informations et désillusions, beaucoup finissent par abandonner", observe-t-elle.
"Entre 2020 et 2022, j'ai répondu à des centaines de questions : comment acheter un terrain ? Créer une entreprise ? Ouvrir un compte bancaire ? " raconte-t-elle.
En novembre 2021, elle organise la première "Rencontre Paris-Sénégal" à Paris.
Près de 300 personnes assistent à l'évènement. Des représentants de l'APIX (Agence Nationale chargée de la Promotion de l'Investissement et des Grands Travaux), de la Délégation à l'entrepreneuriat rapide (DER) et des entrepreneurs de la diaspora partagent leur expérience. Ce fut une réussite et un tournant. « C'est à ce moment que j'ai compris qu'il y avait un vrai besoin, une vraie attente », dit-elle.
De cette prise de conscience naît son projet : Pari-Sénégal. Un dispositif qu'elle a elle-même conçu pour accompagner les membres de la diaspora dans leur retour et leurs investissements. "Je veux leur éviter les erreurs que j'ai commises. Leur montrer qu'il est possible de réussir ici, à condition d'être bien préparé", dit-elle. Le programme propose un accompagnement personnalisé : conseils juridiques, mise en relation avec des partenaires de confiance, formation sur l'écosystème local, visites sur le terrain…"C'est un accompagnement humain, avec une vraie compréhension des réalités des deux côtés de la Méditerranée."
S'INSTALLER AU SÉNÉGAL : ENTRE PRÉPARATION ET ADAPTATION
Pour Coumba Sow, réussir son retour au pays passe par une bonne préparation. « Le premier conseil que je donne, c'est de définir une stratégie d'installation. Est-ce que je veux revenir comme entrepreneur ? Comme salarié ? Ou bien je tente l'aventure et je vois sur place ? » explique-t-elle. Elle insiste aussi sur la nécessité de s'adapter : « Une fois que vous êtes au Sénégal, vous êtes au Sénégal. Il faut comprendre les réalités locales, apprendre à vivre avec, et rester curieux. »
Son dernier conseil : oser. « Il n'y a jamais de moment parfait. Il faut se lancer. L'Afrique, c'est l'avenir. Le Sénégal est un pays magnifique, avec un peuple accueillant, une nature généreuse, et des opportunités partout. » Aujourd'hui, depuis ses bureaux à Saly, Coumba développe un nouveau projet : Un terrain pour tous. Elle propose des terrains à petit budget en périphérie de la nouvelle voie de contournement de Pointe-Sarène, une zone en pleine transformation. Elle a même construit une maison témoin, destinée à la vente, pour prouver qu'il est possible de bâtir au Sénégal avec un budget modeste. « L'objectif, c'est de démocratiser l'accès à la propriété, en particulier pour les membres de la diaspora qui veulent investir mais n'osent pas », explique-t-elle.
LE SOUTIEN DES PARENTS, UN MOTEUR ESSENTIEL
Quand elle a annoncé son projet de retour, ses parents ont été surpris, mais fiers. « Quand j'ai expliqué à mes parents que je voulais m'installer au Sénégal, ma mère a été tellement contente, j'avais l'impression que je réalisais son rêve. Et mon père, avec qui j'ai une relation très fusionnelle, m'a juste demandé : qu'est-ce que tu vas faire là-bas exactement ? Je lui ai expliqué que je devais être sur place pour développer mon entreprise. Il m'a dit : 'Bismillah' », raconte-t-elle avec émotion. « Je lui ai dit : Baba, quand tu es venu en France, est-ce que tu aurais pensé qu'un jour j'irais m'installer au Sénégal ? » Il m'a dit non. Il m'a toujours soutenue pour mon retour au pays, il m'a toujours encouragée, mais il n'aurait jamais pensé à ça. Et maintenant, il le comprend, il l'en- courage. Il est fier. Quand je me suis installée, il m'appelait tous les jours. Aujourd'hui, il ne m'appelle plus. Il sait que tout va bien, il est fier de moi. Alhamdoulilah », dit-elle, le sourire large.
Pour Coumba Sow, ce retour au pays n'est pas une fin en soi, mais un début. Elle espère contribuer à changerle regard sur l'Afrique et valoriser le potentiel de la diaspora. "On peut être utile autrement. Investir, créer de la valeur, former, transmettre", insiste-t-elle. Depuis ses bureaux à Saly, Coumba développe un nouveau projet : Un terrain pour tous. Elle propose des terrains à petit budget dans une zone en pleine transformation. Elle a même construit une maison témoin, destinée à la vente, pour prouver qu'il est possible de bâtir au Sénégal avec un budget modeste. « L'objectif, c'est de démocratiser l'accès à la propriété, en particulier pour les membres de la diaspora qui veulent investir mais n'osent pas », explique-t-elle. La jeune entrepreneure multiplie les rencontres avec des membres de la diaspora porteurs de projets, des collectivités locales et des bailleurs. Son engagement commence à porter ses fruits. "Quand je vois une famille qui parvient à construire un logement décent ou à lancer un petit commerce grâce à notre accompagnement, je me dis que ça valait le coup."
UN APPEL À LA DIASPORA : «LE SÉNÉGAL VOUS ATTEND»
À ceux qui hésitent encore à franchir le pas, Coumba adresse un message : "Revenir ne veut pas dire échouer en Europe. Cela peut être un acte fort, stratégique et porteur de sens. Mais il faut s'y préparer sérieusement." Selon l'OCDE, (Organisation de coopération et de développement économiques), environ 400 000 Sénégalais vivent à l'étranger. Pour Coumba Sow, nombre d'entre eux nourrissent le désir de revenir, motivés par la stabilité politique, la croissance économique ou tout simplement la nostalgie. « Le FMI prévoit un taux de croissance de 9,3 % pour 2025. C'est le moment de croire au pays, de tenter un projet. Même petit. Le Sénégal a besoin de nous tous. »
Entre Paris et Dakar, Coumba Sow incarne une génération de binationaux qui refusent de choisir entre deux identités et préfèrent bâtir des ponts. "J'ai compris que mon avenir ne se limitait pas à un pays ou à une nationalité. Mon avenir, je le construis là où je me sens utile."
Avec "Pari-Sénégal", Coumba Sow souhaite désormais aller plus loin, en structurant un réseau transnational de compétences, d'opportunités et de solidarité. Une façon de transformer les rêves de retour en projets durables. Ces dernières années, une tendance de fond se dessine sur le continent africain : de jeunes diplômés formés à l'étranger, notamment en Europe et en Amérique du Nord, font le choix de retourner dans leur pays d'origine pour y entreprendre. Ce mouvement, encore marginal il y a une décennie, gagne aujourd'hui en ampleur.
Plusieurs facteurs expliquent cet élan de retour et d'investissement local. Pour beaucoup, retourner «au pays» est un projet de vie. Le besoin de renouer avec ses racines, de se rapprocher de sa famille ou de donner une autre éducation à ses enfants participe aussi à cette dynamique de retour. De plus en plus de jeunes Africains de la diaspora sont animés par le désir de "rendre" à leur pays ce qu'ils estiment avoir reçu.
Face à des marchés souvent saturés en Occident, les pays africains offrent des opportunités de croissance inédites. La jeunesse de la population, l'émergence d'une classe moyenne et les besoins non couverts dans de nombreux secteurs constituent un terreau fertile pour les entrepreneurs. Pour beaucoup, l'Afrique représente un « marché vierge » où tout reste à bâtir.
(SOURCE: BBC.COM/AFRIQUE)
UNE INVITE A REPENSER L’ECONOMIE A PARTIR DES REALITES HISTORIQUES
Face aux crises économiques, sociales et environnementales mais les remises en question profondes de la légitimité démocratique, «il nous appartient de réfléchir collectivement à la redéfinition de l'économie.»
En collaboration avec le Campus AFD et plusieurs universités partenaires notamment l’UCAD de Dakar, l’UGB de Saint-Louis, UCT’s Nelson Mandela School of Public Governance, Université de Nairobi, UM6P de Rabat, La Fondation Boissel, la Fondation de l’Innovation pour la Démocratie, l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) a organisé hier, mardi 17 juin 2025, au Musée des Civilisations Noires (MSN) de Dakar, une conférence sur le thème : «Démocratiser l’économie : un horizon de réinvention des modèles économiques au service d’une démocratie substantive en Afrique». Intervenue dans un contexte où les inégalités et les crises économiques fragilisent nos démocraties, cette rencontre est une invite à repenser les modèles économiques à partir des réalités historiques, culturelle et anthropologiques africaines pour bâtir un avenir plus inclusif.
Face à un monde traversé par des crises économiques, sociales et environnementales mais aussi par des remises en question profondes de la légitimité démocratique, déclare le doyen de la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion (FASEG) de l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, «il nous appartient de réfléchir collectivement à la redéfinition de l'économie.» Il s’exprimait lors d’une conférence sur le thème : «Démocratiser l’économie : un horizon de réinvention des modèles économiques au service d’une démocratie substantive en Afrique», organisé hier, mardi 17 juin 2025, au Musée des Civilisations Noires (MSN) de Dakar.
Dans un contexte où nos sociétés sont traversées par des aspirations démocratiques fortes mais aussi par des défis de développement qui restent considérables, le Professeur Chérif Sidy Kane trouve pertinent la problématique qui consiste à repenser les fondements théoriques dans nos sociétés. Selon lui, «il ne s'agit pas de rejeter les acquis ou les hypothèses de sciences économiques mais de formuler des critiques sur les hypothèses, les outils et les priorités à la lumière des contextes spécifiques de nos territoires.» Il a également appelé à se questionner sur les indicateurs que nous mobilisons pour guider nos politiques économiques et sociales. A ce niveau, il s’interroge sur la portée du Produit intérieur brut (PIB) pour mesurer la progression des sociétés vers le bien-être mais également sur la pertinence de l'Indice de développement humain (IDH) dans une société qui aspire à plus de liberté, plus de démocratie, plus d'équité et de justice sociale.
L’écrivain et universitaire Felwine Sarr, de son côté, appelant à avoir un regard critique et créatif, préconise «un travail d'économistes à faire dans ce sens-là et un travail aussi de conviction de nos élites pour des formes alternatives beaucoup plus équilibrées et qui intègrent l'écologie.» Pour l’enseignant chercheur à Duke University, «On devrait améliorer la proposition et ne pas juste rattraper la proposition.»
A la question de savoir sur quel postulat doit-on partir pour bâtir un modèle économique du bien
Une invite à repenser l’économie à partir des réalités historiques être, il déclare : «On doit partir de notre réalité historique, culturelle, anthropologique pour la comprendre bien, évidemment, bien apprendre des autres. Mais, bien apprendre des autres ne veut pas dire répéter ce que les autres ont fait.»
Autrement dit, relève l’économiste, «il faut distinguer, dans ce qui a fonctionné chez les autres, ce qui pourrait fonctionner ici, mais à partir de nos réalités et de la pensée. Donc, il ne s'agit pas de dire qu'on est proche de la Corée, ils nous ont dépassés», affirme-t-il, avant d’appeler, en revanche, à nuancer et complexifier toute idée de comparaison.
Pour lui, «Ça ne veut pas dire être en autarcie. Il faut, bien sûr, regarder le monde, mais ça veut dire, avoir les bons termes de la comparaison et comprendre ce qui est utile à son processus économique personnel.»