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8 juin 2025
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LA RANÇON FRANÇAISE QUI A RUINÉ HAÏTI
Le bicentenaire de l'ordonnance royale du 17 avril 1825 rappelle comment Paris a forcé Haïti à payer son indépendance. Une somme équivalant à 9000 milliards d'euros actuels qui explique en partie la pauvreté structurelle de la première république noire
À l'occasion du bicentenaire de l'ordonnance royale du 17 avril 1825, un regard critique se pose sur la "double dette" imposée par la France à Haïti, une contrainte financière qui continue de peser sur le développement de l'ancienne colonie française.
C'est une histoire méconnue mais déterminante pour comprendre la situation actuelle d'Haïti. En 1825, la France a contraint son ancienne colonie, devenue indépendante en 1804, à payer une "dette d'indépendance" de 150 millions de francs or. Cette somme astronomique, équivalente à trois années de PIB haïtien de l'époque ou à 9000 milliards d'euros actuels pour la France, était présentée comme un "dédommagement" pour les anciens colons.
Incapable de payer cette rançon colossale, Haïti s'est trouvée piégée dans un cycle d'endettement sans fin. Pour honorer les premières échéances, le pays a dû contracter des emprunts, notamment auprès de financiers français, créant ainsi une "double dette". Si le remboursement des 150 millions de francs or (réduits plus tard à 80 millions) s'est achevé en 1878, les dettes contractées pour payer cette somme ont continué à grever les finances du pays jusqu'en 1940.
Cette saignée financière a eu des conséquences dramatiques sur le développement du pays. Selon certains économistes, jusqu'à 80% des recettes publiques haïtiennes ont été consacrées au service de la dette, privant ainsi la nation de ressources essentielles pour construire des infrastructures et des services publics.
La France avait imposé cette dette sous la menace militaire, avec plusieurs navires et des centaines de canons pointés vers Port-au-Prince. Pour Haïti, nation non reconnue diplomatiquement et isolée sur la scène internationale, cet accord représentait paradoxalement une avancée, permettant enfin une reconnaissance officielle de son indépendance par l'ancienne puissance coloniale.
Deux siècles plus tard, des voix s'élèvent pour demander des réparations. La championne de tennis Naomi Osaka, d'origine haïtienne par son père, s'est récemment interrogée publiquement : "Haïti peut-il récupérer son argent?" Une commission d'historiens devrait prochainement se pencher sur cette question sensible, qui pourrait ouvrir la voie à une réflexion plus large sur le soutien au développement d'Haïti et, potentiellement, sur la question des réparations coloniales.
Cette dette oubliée par beaucoup de Français éclaire d'un jour nouveau les difficultés chroniques d'Haïti, souvent réduite dans les médias à ses gangs, sa pauvreté et son instabilité politique, sans considération pour les causes structurelles profondes de cette situation.
PLUS DE 20.000 INFRACTIONS EN 2024
La Police nationale qui a présenté son Rapport annuel d’activités pour l’année 2024 hier, mercredi 16 avril 2025, révèle que 5 945 accidents matériels, 6 375 corporels et 290 mortels ont été comptabilisés sur les routes du Sénégal, en 2024
Plus de 20.000 infractions enregistrées en 2024, par la Police, avec celles liées à la drogue (dont 5,250 tonnes de cannabis saisies) et les accidents mortels en tête. La Police nationale qui a présenté son Rapport annuel d’activités pour l’année 2024 hier, mercredi 16 avril 2025, révèle que 5 945 accidents matériels, 6 375 corporels et 290 mortels ont été comptabilisés sur les routes du Sénégal, en 2024. S’agissant des autres infractions, pour la cybercriminalité, 3 902 plaintes ont été reçues dont 223 cas élucidés. Il y a eu aussi, pour le trafic de migrants, 4 630 interpellations, et pour la migration irrégulière 6 006, dont des étrangers. En somme, les infractions commises par les Sénégalais sont de 18 951 cas, soit 92,45% du total.
6375 CORPORELS ET 290 MORTELS
«5945 accidents matériels, 6375 corporels et 290 mortels» ont été dénombrés sur les routes du Sénégal, par la Police, l’année dernière. C’est ce qui ressort, en autres, du Rapport annuel d’activités de la Police nationale de l'année 2024 présenté hier, mercredi 16 avril 2025, à Dakar.
Lors de l’exercice, présidé par le Contrôleur général de Police Abdou Wahab Sall, Directeur général adjoint de la Police nationale, le Commissaire divisionnaire de classe exceptionnelle, Alassane Niane, Directeur de l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS), a livré les chiffres et statistiques alarmants de plus de 20.000 infractions enregistrées, la drogue et les accidents mortels en tête, enregistrés sur toute l'étendue du territoire national. Présentant le tableau exhaustif des accidents par région, le Commissaire Niane a précisé que ces statistiques couvrent tous les types d'accidents, impliquant les véhicules à 2 roues, les véhicules à 4 roues et les véhicules hippomobiles.
DAKAR ET THIES, LES REGIONS LES PLUS ACCIDENTOGENES
Ainsi, au classement des régions les plus touchées, Dakar occupe la première place. Concernant les accidents sur la voie publique, la région-capitale du Sénégal «a enregistré 376 accidents matériels ; les accidents corporels sont estimés à 2870 et les accidents mortels à 127», a fait savoir le Directeur l'OCRTIS qui a présenté le rapport
Après Dakar, la région de Thiès (située à 70 kilomètres de Dakar) pointe en deuxième position. Elle «compte 809 accidents matériels, 907 accidents corporels et 50 accidents mortels», informe le Commissaire Niane. En résumé, «le total des accidents qui ont été recensés sur le plan national, par la Police, s'élève à 5945 accidents matériels, 6375 corporels et 290 mortels».
LES VOITURES IMPLIQUEES DANS 50,69% ACCIDENTS MORTELS, ET LES MOTOS 49,31%
Faisant le rapport entre l'implication des véhicules à 4 roues et les véhicules à 2 roues, le Commissaire Alassane Niane a relevé que «le pourcentage d'accidents causés par les véhicules à 4 roues sont plus importants. Si nous prenons les accidents matériels, les véhicules à 4 roues sont impliqués sur 79,7%, alors que les véhicules à deux roues sont impliqués sur 20,03%». Pour ce qui est des accidents corporels, il a précisé que «les véhicules à 4 roues sont impliqués à 50,71%, alors que les véhicules à 2 roues sont à 49,29%». S'agissant des accidents mortels, «les véhicules à 4 roues sont impliqués jusqu'à 50,69% alors que les véhicules à 2 roues s'arrêtent à 49,31%», a fait savoir le Commissaire Niane.
Suffisant pour que le rapport mette l’accent sur l'importance cruciale de renforcer les mesures de sécurité routière, particulièrement dans les régions urbaines comme Dakar, et d'adapter les campagnes de prévention selon le type de véhicule impliqué.
18 951 CAS D’INFRACTIONS COMMISES PAR LES SENEGALAIS, SOIT 92,45% DU TOTAL
Bref, le rapport de la Police nationale pour l’année 2024 présente un bilan des activités des différents services, répartis en plusieurs rubriques : Police judiciaire, Police administrative, Sécurité routière, Police spéciale, Gestion des flux migratoires, Production de documents administratifs, Gestion des grands événements et perspectives. Il contient 11 tableaux et 9 graphiques.
Pour ce qui est de la Police judiciaire, les activités sont classées par types d’infractions : atteintes à la paix publique, atteintes à la propriété, atteintes aux personnes, cybercriminalité, drogue et émigration irrégulière. Ici, les infractions commises par les Sénégalais sont de 18 951 cas, soit 92,45% du total : infractions contre la propriété 42,89% ; infractions liées à la drogue 25,72% ; infractions commises par les étrangers 1 527 cas. En ce qui concerne les infractions dominantes, il y a d’abord la drogue, puis la propriété, l’inverse du comportement des Sénégalais. Quant aux infractions contre les personnes, elles sont regroupées en trois catégories : les atteintes à la vie sont de 420 cas (7,80%) ; les coups et blessures 1 624 cas (66,84%) ; et les atteintes aux mœurs 315 cas (13,35%).
CYBERCRIMINALITE, DROGUE, TRAFIC DE MIGRANTS ET MIGRATION IRREGULIERE
Entre autres faits qui ont occupés la Police en 2024, il y a la cybercriminalité. Dans ce domaine, 3 902 plaintes ont été reçues et 223 cas élucidés. 194 personnes ont été déférées, dont 169 Sénégalais et 25 étrangers
La drogue n’est pas en reste. Dans le cadre de la lutte contre le trafic de stupéfiants, la Police a saisi 5,250 tonnes de cannabis, indique le Commissaire Niane qui note également une hausse de 154% des saisies de substances psychotropes, une forte progression des saisies d’ecstasy
La Police s’est, en outre, intéressée aux questions migratoires. A ce niveau, concernant le trafic de migrants, un nombre de 4 630 interpellations ont été enregistrés, 280 déférés dont 252 Sénégalais et 28 étrangers. S’agissant de la migration irrégulière, il y a eu 6 006 interpellations, 206 déférés dont 92 Sénégalais, 114 étrangers, a détaillé le Directeur de l’OCRTIS.
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REVUE DE LA PRESSE SENEGALAISE DU 17 AVRIL 2025 – ENTRE TEMPETES JUDICIAIRES, TENSIONS POLITIQUES ET LUEUR ECONOMIQUE
L’actualité nationale est particulièrement dense ce jeudi, marquée par une justice en ébullition, des remous au sommet de l’État, des inquiétudes économiques persistantes et une scène sportive sous haute tension.
(SenePlus) L’actualité nationale est particulièrement dense ce jeudi, marquée par une justice en ébullition, des remous au sommet de l’État, des inquiétudes économiques persistantes et une scène sportive sous haute tension. Tour d’horizon des titres phares de la presse sénégalaise.
Justice : des dossiers explosifs secouent le landerneau politico-financier
La presse est quasi unanime : les affaires judiciaires dominent largement l’actualité.
Le journal Le Quotidien résume la situation d’un ton solennel : "La justice au temps des hommes", une manière de souligner que le temps de l’impunité semble révolu. Les enquêtes ouvertes sur la gestion des fonds Covid-19 révèlent chaque jour de nouveaux rebondissements. Sud Quotidien affiche en une : "Tous à la DIC", soulignant les nombreuses convocations à la Division des Investigations Criminelles.
Dans le même registre, Libération parle d’un "Gros déballage à la DIC", avec des témoignages et révélations qui nourrissent l’intérêt de l’opinion publique. L’Observateur va encore plus loin et annonce : "Ce qui s’est passé chez le juge", un titre qui évoque l’intensité des échanges dans les prétoires.
De son côté, Le Soleil tente de rassurer en mettant en exergue l’aspect collaboratif du processus judiciaire : "Plus de 200 millions de FCFA déjà consignés", signalant que certains mis en cause ont déjà commencé à rembourser les sommes présumées détournées.
Gouvernance et tensions politiques : le président sous pression
La scène politique n’est pas en reste. Plusieurs journaux soulignent l’isolement croissant du président Bassirou Diomaye Faye dans un contexte de contestation feutrée au sein même de sa majorité.
Grand Panel titre avec force : "Ils lâchent le président sans le contester", révélant les non-dits et les tensions latentes dans les rangs de la coalition au pouvoir. Une lecture partagée par WalfQuotidien qui affiche : "Macky lâché par les siens", évoquant la défiance de certaines figures influentes de l’ancien régime.
En réponse à ces critiques, Teral Quotidien met en lumière la réplique de l’ex-parti au pouvoir : "La contre-attaque de l’ex-parti au pouvoir", signalant une conférence de presse offensive organisée par d’anciens dignitaires politiques.
Économie : entre avertissements du FMI et ambitions numériques
Sur le front économique, la presse ne cache pas ses inquiétudes. Le journal EnQuête tire la sonnette d’alarme : "Le Sénégal perd du terrain", pointant du doigt les difficultés budgétaires, la dette croissante et la fragilité des équilibres macroéconomiques.
Une analyse partagée par Direct News, qui cite un rapport du FMI : "Sortir du piège budgétaire et bâtir une souveraineté économique durable". Le journal insiste sur la nécessité de réformes structurelles pour retrouver la maîtrise des finances publiques.
Mais tout n’est pas sombre dans ce tableau : En-Relief préfère mettre en avant les avancées technologiques avec ce titre optimiste : "Le Sénégal brille à Gitex Africa 2025". Il y est question de la participation sénégalaise au salon africain du numérique, avec un intérêt croissant pour la cybersécurité et l’intelligence artificielle.
Sécurité : une criminalité en progression
Rewmi Quotidien alerte sur l’insécurité croissante : "Les chiffres de la criminalité en 2024". Le journal fait état d’une hausse des délits liés au trafic de drogue, au braquage et aux violences urbaines. Il cite notamment le trafic de cocaïne, dont les saisies explosent selon les derniers chiffres de la police.
Sport : Ligue des champions et inquiétudes pour les Lions
Côté sport, la presse est partagée entre excitation européenne et doutes sur la sélection nationale.
Record s’inquiète pour les Lions : "Boulaye, Niakhaté et Sarr, ça s’annonce compliqué", à quelques semaines de la prochaine fenêtre internationale. Des blessures et baisses de forme pourraient fragiliser l’équipe nationale.
Pendant ce temps, les clubs européens brillent en Ligue des champions. Point Actu Sport titre : "Arsenal l’emporte à Madrid et rejoint le PSG en demi-finales !", tandis que Rewmi Sports confirme : "L’Inter et Arsenal filent en demi-finales". Des affiches alléchantes se profilent entre géants du football continental.
Société : les syndicats haussent le ton
Enfin, L’Info met en lumière la grogne sociale : "Les syndicalistes haussent le ton", évoquant des revendications salariales et des grèves dans plusieurs secteurs essentiels, notamment la santé et l’éducation.
Cette revue de presse dessine les contours d’un Sénégal sous tension, tiraillé entre exigences de justice, exigences économiques et pression politique. Toutefois, des signaux positifs émergent aussi bien dans l’innovation numérique que dans les perspectives sportives. Le pays semble engagé dans un tournant décisif où la transparence, la rigueur et le dialogue seront indispensables pour restaurer la confiance.
LA POLICE CHINOISE RÉVÈLE LA RAISON DE LA MORT D’AARON BOUPENDZA
Les autorités locales ont écarté toute piste criminelle, confirmant une mort accidentelle. Le monde du football pleure la disparition brutale d’un talent africain.
Ce mercredi, la nouvelle de la mort d’Aaron Boupendza a choqué bon nombre d’observateurs du football africain. L’attaquant gabonais de 28 ans est tombé du 11ème étage de sa résidence en Chine. Les spéculations ont alors pullulé concernant les raisons de ce décès. La police chinoise vient d’ailleurs de publier un communiqué pour éclaircir les choses.
«À environ 13h14 le 16 avril 2025, notre bureau a reçu un appel du public qui déclarait que quelqu’un était tombé d’un bâtiment dans une communauté résidentielle sous sa juridiction. Notre bureau a rapidement chargé la police de s’en occuper sur place et a envoyé le blessé à l’hôpital pour un traitement dès que possible. Plus tard, le blessé a été déclaré mort après que le traitement hospitalier a été inefficace. Il a été vérifié que le défunt Aaron Boupendza, homme de 28 ans, citoyen de la République du Gabon, est un joueur étranger du Zhejiang Professional Football Club. Après une enquête sur place, une enquête et une visite, un traçage vidéo et d’autres travaux par les organes de sécurité publique, il a été constaté qu’il avait fait une chute mortelle du balcon de la résidence louée, et l’affaire pénale a été exclue.»
LIGUE DES CHAMPIONS, ARSENAL ET L’INTER MILAN FILENT EN DEMI-FINALES
Après avoir dominé le Real Madrid et le Bayern Munich, ils ont validé leur billet pour le dernier carré de la Ligue des champions. Les Gunners affronteront le PSG, tandis que les Nerazzurri retrouveront le FC Barcelone.
Victorieux à l’aller, Arsenal et l’Inter Milan ont concocté leur ticket pour les demi-finales de la Ligue des champions. Gunners et Nerazzurri ont respectivement éliminé le Real Madrid et le Bayern en quart de finale retour.
Alors qu’on leur promettait l’enfer au Santiago Bernabeu, les Gunners ont tenu le choc. Après son succès 3-0 à l’aller, Arsenal est allé gagner 2-1 à Madrid pour ainsi s’assurer d’une première demi-finale de C1 pour la première fois depuis 2009. Saka a ouvert le score dans ce duel avant que Vinicius n’égalise. Gabriel Martinelli a ensuite clos le score dans les ultimes secondes. Le Real ne pourra donc pas conserver son titre, tandis qu’Arsenal affrontera le PSG en demies.
De son côté, l’Inter a confirmé sa place en demi-finale. Les Nerazzurri ont géré un match nul 2-2 après l’avoir emporté 2-1 à l’aller à Munich. Harry Kane (55e) avait permis au Bayern de recoller à l’Inter sur l’ensemble des deux matchs. Mais Lautaro Martinez (58e), puis Pavard (62e) avaient permis aux Interistes de renverser la vapeur. Eric Dier (76e) a ensuite égaliser pour les Munichois.
Les Italiens seront opposés au FC Barcelone en demies. rendez-vous les 29 et 30 avril et les 6 et 7 mai pour ces rencontres.
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DERRIÈRE L'OFFENSIVE ANTI-MACKY SALL DE GUY MARIUS SAGNA
Justice ou calcul politique ? La procédure lancée par le député de Pastef contre l'ex-président pour « haute trahison » serait partie d'une stratégie à long terme selon Ibou Fall : nuire définitivement à ses ambitions politiques pour 2029
Pour Ibou Fall, la démarche actuelle visant à traduire Macky Sall devant la Haute Cour de Justice s’inscrit dans une logique de « justice des vainqueurs ». Il estime que cette justice est instrumentalisée à des fins politiques, avec pour but inavoué de barrer la route à une éventuelle candidature de l’ancien président à l’élection présidentielle de 2029. « Le vrai but de cette procédure, c’est de l’empêcher de revenir », tranche-t-il.
L’analyste revient sur plusieurs actes posés par l’ex-chef d’État entre 2023 et 2024 qu’il qualifie de trahison : le report controversé des élections, l’amnistie accordée à certaines figures sans procès, et la libération de personnes accusées de faits graves, parfois liés à des pertes humaines. Selon le journaliste, l'ancien journaliste a profité de sa majorité parlementaire pour faire passer ces décisions, au mépris de la justice et de la mémoire des victimes.
Ibou Fall n’a pas manqué de souligner le départ de Macky Sall le jour même de l’investiture de son successeur. Un acte qu’il interprète comme une fuite, voire une marque de mépris envers ses partisans et collaborateurs de longue date. « Il est parti comme un fuyard », commente-t-il, en référence à d’autres précédents dans l’histoire politique du Sénégal.
La possible comparution d’un ancien président devant la Haute Cour de Justice inquiète Ibou Fall quant à l’image du Sénégal sur la scène internationale. Il redoute que cette situation n’écorne la réputation démocratique du pays et ne révèle un climat politique instable. « Traduire un ancien président pour haute trahison, c’est grave. Cela coûte cher à un pays, en crédibilité et en stabilité », alerte le chroniqueur du journal Le Quotidien.
Enfin, Ibou Fall dénonce une justice à deux vitesses, façonnée par les rapports de force politiques. Pour lui, la capacité des gouvernants à changer les lois, amnistier ou condamner selon leurs intérêts, montre les failles d’un système institutionnel encore fragile. « Quand tu contrôles l’Assemblée nationale, tu fais ce que tu veux », affirme-t-il, pointant la nécessité de réformes profondes pour garantir l’indépendance de la justice.
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POUR ACHILLE MBEMBE, LA FRANÇAFRIQUE A VÉCU
Pour l'intellectuel camerounais, l'influence française sur le continent africain n'est plus qu'un vestige du passé. Entre bases militaires fermées et franc CFA contesté, il appelle à se débarrasser rapidement de ces "irritants qui ne servent personne"
L'historien et philosophe Achille Mbembe a livré une analyse sans concession des relations franco-africaines dans un entretien accordé à France 24. Directeur général de la Fondation de l'innovation pour la démocratie, il s'est exprimé depuis Johannesburg à quelques semaines des secondes assises de la démocratie prévues à Dakar.
Le constat d'Achille Mbembe est catégorique : "Elle est terminée la Françafrique, objectivement elle n'existe plus." Pour l'intellectuel camerounais, cette page de l'histoire est définitivement tournée, non par choix politique mais par nécessité : "La France ne dispose plus aujourd'hui des moyens d'exercer sur le continent la sorte de domination qu'on lui prête."
Cette évolution se manifeste concrètement par l'expulsion des bases militaires françaises du Sahel, mais aussi de pays comme la Côte d'Ivoire, le Tchad ou le Gabon. Mbembe estime qu'il fallait "aller vite" pour se débarrasser de ces "irritants qui ne servent personne", y compris le franc CFA qu'il considère comme une institution ayant "perdu de sa légitimité aux yeux des nouvelles générations".
Quatre ans après avoir accepté la proposition d'Emmanuel Macron de travailler à "régénérer la relation entre la France et l'Afrique", Mbembe défend le bilan des initiatives lancées. Sa Fondation pour l'innovation pour la démocratie étend désormais son empreinte sur 36 pays africains, avec des antennes récemment ouvertes dans l'océan Indien et bientôt en Afrique orientale et lusophone.
Selon lui, la transformation des relations franco-africaines est "inévitable au regard de la donne géopolitique mondiale qui se dessine aujourd'hui". Il appelle maintenant les sociétés civiles africaines et françaises à "prendre le relais et traduire en acte l'intuition" du président français, estimant que "le plus vite on y va, le mieux ce sera".
Cette réflexion sur la présence française s'inscrit dans une analyse plus large de la situation démocratique du continent. Mbembe dénonce le paradoxe d'un continent majoritairement jeune dirigé par "des vieillards dont beaucoup peinent d'ailleurs aujourd'hui à rester éveillés". Pour lui, la limitation des mandats présidentiels constitue "une condition absolument fondamentale de la régénération du champ politique".
Concernant son pays natal, le Cameroun, où le président Paul Biya semble se préparer à un nouveau mandat, Achille Mbembe livre un témoignage accablant après une récente visite à Yaoundé : "C'est une ville déliquescente, jonchée de poubelles", image qu'il considère "symptomatique d'un ordre politique qui tarde à passer".
Achille Mbembe conclut sur une note optimiste, appelant à "s'appuyer sur les forces neuves pour inventer autre chose", une aventure qu'il qualifie d'"absolument excitante d'un point de vue intellectuel et personnel". Pour lui, l'ère post-Françafrique n'est pas à craindre mais à embrasser comme une opportunité historique pour redéfinir sur des bases plus équilibrées les relations entre la France et l'Afrique.
Le philosophe observe parallèlement une dynamique encourageante avec "une remontée de l'activisme notamment parmi les femmes et les jeunes" et l'émergence d'une société civile qui utilise de plus en plus les réseaux numériques pour se faire entendre et participer à cette refondation des relations internationales du continent.
MAHMOUD DICKO, L'OPPOSANT QUI DÉFIE BAMAKO DEPUIS ALGER
Ce religieux populaire, qui prône le retour des militaires dans leurs casernes, incarne une menace politique que le général Assimi Goïta prend très au sérieux
(SenePlus) - Une crise majeure et inédite secoue actuellement les relations entre le Mali et l'Algérie, avec au centre de ces tensions la figure de l'imam Mahmoud Dicko, opposant redouté par la junte militaire malienne et actuellement exilé en Algérie.
Selon un article publié par Le Monde le 15 avril 2025, les relations entre les deux pays voisins se sont considérablement détériorées depuis la nuit du 31 mars au 1er avril, lorsqu'un drone malien survolant la zone frontalière de Tin Zaouatine a été abattu par l'armée algérienne.
Mahmoud Dicko, imam septuagénaire et ancien président du Haut Conseil islamique malien (HCIM), s'est réfugié en Algérie en décembre 2023. Figure religieuse respectée et dotée d'une grande influence politique, il est considéré comme "la bête noire de la junte" au pouvoir à Bamako, selon un ancien ministre cité par le journal français.
Ironiquement, l'imam avait involontairement favorisé l'arrivée au pouvoir de la junte du général Assimi Goïta en mobilisant d'importantes manifestations contre le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) au premier semestre 2020, fragilisant ainsi le gouvernement avant le coup d'État du 18 août 2020.
En février 2024, l'annonce d'un possible retour de l'imam à Bamako avait provoqué une vive réaction des autorités maliennes. Le ministère de la sécurité l'avait accusé de s'être livré à des "activités subversives" en Algérie et un important dispositif sécuritaire avait été déployé dans la capitale. Sur les conseils de ses proches, Mahmoud Dicko avait finalement renoncé à revenir.
Selon ses partisans, l'imam, qui serait aujourd'hui "totalement guéri" après des problèmes de santé (son entourage évoque une tentative d'empoisonnement), continue de plaider pour "une transition civile" et souhaite que "les militaires retournent à leur place, dans leurs casernes".
L'article du Monde rapporte que l'imam est "logé et pris en charge par les autorités algériennes, qui s'en servent comme un moyen de pression sur la junte malienne en brandissant la menace de son retour", selon un confident du religieux.
Cette situation contribue à exacerber les tensions entre Bamako et Alger, déjà mises à mal par l'incident du drone frontalier et par la réception par les autorités algériennes de représentants de groupes indépendantistes du nord du Mali.
Malgré ces tensions, l'entourage de Mahmoud Dicko affirme qu'il finira par rentrer au Mali, et que "le jour où il reviendra, ce sera en héros".
LE PARQUET FINANCIER OUVRE UNE ENQUÊTE APRÈS LE RAPPORT DE LA COUR DES COMPTES
À la suite d’un référé transmis le 3 avril 2025 par la Cour des comptes, le procureur de la République financier a saisi la DIC pour enquêter sur des faits potentiellement délictueux relevés dans la gestion des finances publiques entre 2019 et mars 2024.
Dans un communiqué parvenu à notre rédaction ce mercredi 16 avril, le procureur de la République financier a apporté des précisions concernant les suites données au rapport de la Cour des comptes sur la situation des finances publiques.
« À la suite de l’audit relatif à la gestion des finances publiques entre 2019 et le 31 mars 2024, lequel a révélé des actes et faits susceptibles de qualifications pénales, le parquet du Pool judiciaire financier a reçu, le 3 avril 2025, un référé aux fins d’ouverture de procédures pénales. Ce référé a été transmis au ministre de la Justice, Garde des Sceaux, par le Premier président de la Cour des comptes, via le procureur général près la Cour d’appel de Dakar », indique le communiqué.
« Le 14 avril 2025, le procureur de la République financier a saisi la Division des investigations criminelles (DIC), en vue d’une enquête sur les différents points soulevés dans ledit référé », conclut El Hadj Alioune Abdoulaye Sylla.