"Où est l'antisystème ?" La question de Babacar Diop fait mouche. Le maire de Thiès pointe du doigt le paradoxe du Pastef : un parti qui attire les transfuges de l'ancien système tout en prétendant l'incarner
Dans une récente intervention, Babacar Diop, maire de Thiès, soulève une question fondamentale sur la nature réelle du changement politique incarné par le Pastef au Sénégal. Alors que le parti d'Ousmane Sonko se présente comme un mouvement antisystème porté par une dynamique populaire, l'édile thiessois questionne la capacité de cette formation à produire un véritable "peuple" mobilisé pour les transformations.
Pour Babacar Diop, la distinction est cruciale : "C'est quoi un peuple ? Le peuple capable de se mobiliser pour les transformations ?" Cette interrogation va au cœur du paradoxe pastéfien. Si le parti a effectivement su fédérer différentes demandes hétérogènes autour d'un leader charismatique, la composition de son personnel politique suscite des interrogations.
L'observation du maire de Thiès est particulièrement acerbe : le Pastef a attiré de nombreux transfuges "qui ont quitté les partis politiques traditionnels pour fagociter le système". Cette migration d'élites politiques déjà établies vers le nouveau parti soulève une question existentielle : où se situe vraiment l'antisystème quand les acteurs du système d'hier en deviennent les protagonistes ?
Cette analyse met en lumière une tension classique des mouvements populistes : la contradiction entre un discours de rupture et une pratique qui peut reproduire les mécanismes élitaires traditionnels. Babacar Diop pointe ainsi du doigt le risque d'une "lutte intra-élite" déguisée en révolution populaire.
L'interrogation du maire de Thiès interpelle sur l'authenticité du changement promis par le Pastef : s'agit-il d'une véritable transformation portée par une base populaire mobilisée, ou d'un simple renouvellement des élites au pouvoir ?
PAR THIERNO BOCOUM
L’INCOHÉRENCE BUDGÉTAIRE QUI MINE LA TRANSPARENCE
Comment peut-on rectifier un budget (LFR) sans exposer les données qui justifient cette rectification ? Comment peut-on construire une trajectoire à moyen terme (DPBEP) sans mettre sur la table les derniers résultats budgétaires disponibles ?
Ce mercredi 18 juin, le Conseil des ministres a adopté la Loi de Finances Rectificative (LFR) 2025 et le Document de Programmation Budgétaire et Économique Pluriannuelle (DPBEP) 2026–2028.
Deux décisions importantes à saluer dans leur principe.
L’adoption de la LFR est attendue depuis des mois. Elle devait intervenir aussitôt la vérité des comptes rétablie par la cours des comptes.
Quant au DPBEP, il constitue une exigence légale dans le cadre du Débat d’Orientation Budgétaire (DOB), lui-même encadré par une échéance ferme : le 30 juin 2025. Il était donc nécessaire de le déposer à temps.
Mais il y a un angle mort inquiétant dans ce processus : l’absence de publication des Rapports Trimestriels d’Exécution Budgétaire (RTEB) du 4e trimestre 2024 et du 1er trimestre 2025.
Ces rapports sont pourtant le seul fondement factuel qui permet de corriger une loi de finances et de planifier l’avenir.
Le gouvernement a annoncé qu’ils seraient publiés le 23 juin prochain, soit après l’adoption de la LFR et du DPBEP. Cette séquence interroge.
Comment peut-on rectifier un budget (LFR) sans exposer les données qui justifient cette rectification ?
Comment peut-on construire une trajectoire à moyen terme (DPBEP) sans mettre sur la table les derniers résultats budgétaires disponibles ?
Comment expliquer que le travail du RTEB n’est pas prêt, tout en affirmant que ceux du DPBEP et de la LFR, qui en dépendent directement, sont finalisés ?
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que cette anomalie est relevée. J’avais déjà tiré la sonnette d’alarme, dans une tribune intitulée « Quand la loi est piétinée et la vérité budgétaire différée », en constatant que la LFR et le DOB figuraient à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale alors même que les documents officiels correspondants n’avaient pas encore été adoptés en Conseil des ministres.
Les RTEB ne sont pas des formalités techniques, ils sont la boussole démocratique de la gestion publique. En vertu des principes de sincérité et de transparence budgétaire consacrés par la LOLF :
1- Ils exposent l’exécution réelle des dépenses, trimestre par trimestre.
2- Ils vérifient si les recettes suivent les prévisions.
3- Ils détectent les dépassements, les dérapages ou les dépenses extra-budgétaires.
4- Ils constituent la base des décisions de réajustement, comme celles contenues dans une LFR.
Ce sont ces documents qui justifient, valident ou invalident les arbitrages opérés par l’Exécutif. Sans eux, toute LFR devient une opération comptable abstraite, sans boussole. Et tout DPBEP se transforme en pari sans ancrage.
L’argument avancé celui de « répondre aux exigences de sincérité et de fiabilisation des données budgétaires » est lourd de conséquences. Il revient à reconnaître que les données d’exécution ne sont pas encore consolidées et donc que les fondements mêmes des ajustements opérés dans la LFR et les projections du DPBEP sont incomplets, voire fragiles.
Il aurait été plus cohérent et plus conforme à l’esprit de la LOLF de finaliser d’abord les RTEB,les publier officiellement (comme l’impose la loi) puis adopter les ajustements et projections en pleine lumière.
"LE MONDE SE MOQUE DU DROIT", SELON LE MONDE
Dans un éditorial cinglant publié mardi 17 juin, le quotidien français dénonce l'offensive israélienne contre l'Iran et accuse Donald Trump d'être devenu "le jouet du bellicisme" de Benjamin Netanyahu, abandonnant ses promesses de paix
(SenePlus) - Dans un éditorial au vitriol publié mardi 17 juin 2025, Le Monde livre une analyse sans concession de l'offensive israélienne contre l'Iran, dénonçant l'effondrement du droit international et la manipulation exercée par Benjamin Netanyahu sur Donald Trump. Le quotidien français tire la sonnette d'alarme sur un monde où "seule prime la force, et ceux qui y ont recours sans limite".
Selon le quotidien du soir, nous assistons à l'émergence d'un monde qui "se moque des principes et du droit". L'éditorialiste souligne que "le monde qui émerge lentement des ruines de l'ancien ordre international mis sur pied par les États-Unis au sortir de la seconde guerre mondiale" abandonne progressivement les règles établies depuis 1945.
Le journal pointe directement du doigt Benjamin Netanyahu qui, "sûr de la puissance de son armée, en a fait le choix, contre l'Iran, depuis le 13 juin". Pour Le Monde, l'objectif du premier ministre israélien dépasse désormais largement la question nucléaire : "Il ne fait plus de doute désormais que son objectif n'est plus seulement de stopper le programme nucléaire menaçant développé par Téhéran, mais de provoquer la chute du régime lui-même, considéré comme indissociable de ce projet."
Cette analyse révèle une escalade stratégique majeure, où la guerre préventive se transforme en entreprise de changement de régime, deux pratiques que Le Monde considère comme contraires au droit international.
L'éditorial du Monde réserve ses critiques les plus acerbes à Donald Trump, décrit comme étant devenu "le jouet du bellicisme de Benyamin Netanyahu, comme il l'est de celui de Vladimir Poutine dans le conflit ukrainien". Cette formulation particulièrement dure suggère que le président américain a perdu toute initiative stratégique.
Le quotidien rappelle avec ironie les promesses initiales de Trump : "Lors de son discours d'investiture, le 20 janvier, Donald Trump avait assuré que son succès serait mesuré 'par les guerres qu'[ils] empêcheron[t] et, peut-être plus important encore, par les guerres qu'[ils] ne commenceron[t] pas'."
Cette contradiction flagrante entre les déclarations et les actes inquiète Le Monde, qui y voit le risque d'un "nouvel enlisement mortifère des États-Unis au Moyen-Orient". Le journal souligne que Trump, malgré "son aversion longtemps claironnée pour les aventures militaires, sur laquelle il a bâti en grande partie sa singularité au sein du Parti républicain", semble avoir abandonné cette ligne directrice.
Les leçons ignorées de l'histoire récente
Le Monde établit un parallèle historique édifiant en rappelant que "les États-Unis ont été les premiers à le piétiner, en 2003, en envahissant l'Irak au nom de l'existence d'armes de destruction massive, qui relevait du mensonge d'État". Cette référence à l'invasion de l'Irak sert de point de départ à une réflexion plus large sur l'effondrement des normes internationales.
L'éditorialiste souligne que "c'est dans cette brèche que s'est engouffré par la suite Vladimir Poutine en Géorgie, puis en Ukraine", établissant une filiation directe entre les violations américaines du droit international et les agressions russes ultérieures.
Le journal tire des enseignements précis de l'histoire récente : "L'histoire récente enseigne en effet que les changements de régime imposés de l'extérieur engendrent le chaos. Parce que les attentes des puissances étrangères à la manœuvre correspondent rarement à celles des peuples concernés."
Malgré ses critiques du régime iranien - Le Monde précise qu'il n'est "pas question ici de défendre le pouvoir iranien, qui ne repose plus que sur la répression de son peuple" -, l'éditorial insiste sur l'importance cruciale du respect du droit international.
Le quotidien rappelle fermement que "ce droit malmené de toutes parts dispose que la guerre préventive n'a pas plus de légalité que le changement de régime imposé unilatéralement par une puissance extérieure".
Cette position de principe vise à éviter "le retour à un monde éclaté en sphères d'influence, à l'intérieur desquelles les peuples sont asservis à une puissance hégémonique, sans que cela puisse empêcher par ailleurs que les périphéries soient l'objet d'affrontements entre grandes puissances".
Le Monde étaye son argumentation en citant des exemples concrets. L'éditorial oppose les échecs des interventions extérieures aux succès des transitions internes : "L'Irak et la Libye l'ont démontré, à l'inverse de la Syrie, où le changement de régime a été le fait des Syriens eux-mêmes et où la transition en cours est parvenue à déjouer, jusqu'à présent, les prédictions les plus sombres."
Cette comparaison renforce l'argument central du journal selon lequel "la désintégration des appareils de sécurité des régimes ainsi brisés nourrit régulièrement des insurrections, voire des guerres civiles" quand le changement est imposé de l'extérieur.
par Abdoul Aziz Diop
L’ÉTAT D’ISRAËL ET LA CAUSE COMMUNE DE DIEU AU MOYEN-ORIENT
EXCLUSIF SENEPLUS - L'attaque iranienne détourne l'attention de la levée de boucliers des extrémistes du gouvernement décidés de se séparer de Netanyahou. L'héritage d'Abraham peut-il encore apaiser ses descendants ?
L’ultra-orthodoxie des partis religieux israéliens, capables de faire et de défaire les majorités radicales à la Knesset - le parlement israélien -, et opposés à tout programme de décolonisation et de désengagement militaire en Palestine, pousse paradoxalement lesdits partis à menacer le premier ministre va-t-en-guerre Benjamin Netanyahou d’une censure pouvant le renverser. Raison invoquée : la sécularisation des cohortes d’étudiants des établissements religieux en cas d’enrôlement dans l’armée d’un État abonné à la guerre.
Il ne fait aucun doute que la dissolution de la Knesset voulue par les alliés radicaux de la coalition au pouvoir et la tenue d'élections législatives anticipées entrent en ligne de compte dans l’agression de la République islamique d’Iran par l’État hébreu. Cette attaque détourne l'attention de l’opinion israélienne de la levée de boucliers des extrémistes du gouvernement décidés de se séparer de M. Netanyahou, sans cesse hanté par une perte imminente du pouvoir, pour le faire sauter.
Le programme nucléaire iranien n’expliquant pas tout - loin s’en faut -, les partis religieux de l’échiquier politique doivent expliquer aux citoyens israéliens en général et à leurs électeurs en particulier le bien-fondé de leur alibi religieux. Ce débat s’impose sérieusement quand on sait que la paix au Moyen-Orient, par le truchement des accords dits d’Abraham, déjà fructueusement expérimentés mais ciblés, peut toujours l’emporter sur le repli identitaire en Israël et les guerres qu’il provoque.
De la circonscription
Formé à la suite des élections législatives du 1er novembre 2022, le 37e gouvernement israélien - le sixième dirigé par l’actuel premier ministre Benjamin Netanyahou -, est un cabinet de coalition composé initialement de six partis de droite et d'extrême droite : Likoud de Netanyahou, Judaïsme unifié de la Torah, Shas, le Parti sioniste religieux, Force juive et Noam. Depuis le 25 mars 2025, seules les cinq premières formations répondent à l’appel. L’accent mis par le Parti sioniste religieux sur une vision nationaliste religieuse et une incitation à l’expansion des colonies sans possibilité de retrait des territoires occupés donne une indication importante sur l’influence de la religion au sein des forces armées israéliennes marquées par une présence croissante de soldats sionistes et radicaux. Mais au sein de la coalition, les partis ultra-orthodoxes Shas et Judaïsme unifié de la Torah menacent, juin courant, de quitter la coalition si le gouvernement n’adopte pas un projet de loi garantissant aux étudiants des écoles religieuses une exemption de longue durée des obligations militaires pouvant s’accompagner d’une sécularisation massive d’éléments ultra-orthodoxes appartenant au groupe des Haredim connu pour l’« observance stricte des lois et traditions juives ». Il n’est alors pas surprenant au moment où la circonscription fait débat à la Knesset que des voix qui font autorité s’élèvent en Israël même pour trouver une autre explication à l’agression massive de l’Iran par Israël au prétexte d’empêcher - les deux expressions sont du premier ministre Netanyahou -, une « shoa nucléaire » qui rappelle tristement la « shoa nazie » ayant entraîné l’extermination de 6 millions de Juifs par l’État nazi de 1933 à 1945.
« Iranophobia »
Il y a 16 ans maintenant, l’historien israélien Haggai Ram publiait l’ouvrage intitulé « Iranophobie » et sous-titré : « La logique d'une obsession israélienne ». Pour l’universitaire Ram, professeur associé au département des études moyen-orientales de l'université Ben-Gourion, l’objectif du texte de 2009 est « de questionner la pathologie de l'obsession israélienne pour la menace iranienne » après la révolution islamique de 1979.
Pour en avoir le cœur net, il faut ajouter à la liste des partis religieux israéliens les plus influents Agoudat Israël, une formation ultra-orthodoxe ashkénaze dont la recette longtemps gagnante est la flexibilité dans les alliances qui font florès. Pour Haggai Ram, le regard inquisiteur d’Israël sur l’Iran post-révolutionnaire coïncide avec la fin de l’hégémonie, sur l’échiquier politique, des Juifs Ashkénazes considérés comme les pionniers d’Israël originaires d’Europe et d’Amérique (35 %) de la population et l'arrivée au pouvoir du Likoud soutenu par les Juifs mizrahim religieux (environ 40 à 45 % de la population totale). La montée en puissance des forces mizrahim en Israël s’accompagne d’un discours intérieur dans lequel l’Iran est considéré comme « le reflet de l'avenir sombre d'Israël ». En campagne en 1992, le parti sioniste de gauche Meretz s’en prend ouvertement à l’Iran qui n’est plus ce qu’il aurait dû rester, le régime iranien des mollahs pouvant même inspirer une « théocratie juive » en Israël.
De l’avis de Ram, l’intégration au Moyen-Orient tourne alors au cauchemar pour n’être qu’une histoire de persécution et d’hégémonie culturelle n’épargnant nullement, dans le « paradigme sioniste », tout ce qui est considéré comme une présupposée existence juive hors d’Israël et surtout pas en terre musulmane comme l’Iran.
« Cela fait trente ans que l'Iran est dépeint comme une menace existentielle, mais ce n'est absolument pas vrai. L'Iran est assurément un ennemi d'Israël, mais Israël a beaucoup d'ennemis, et l'Iran ne menace pas et n'a jamais menacé l'existence d'Israël. Ce n'est pas l'Allemagne nazie », assure Haggai Ram sur Médiapart (13 juin, 2025). En tout et pour tout, explique-t-il, « Netanyahou a compris qu'une guerre extérieure peut, d'une part, galvaniser votre base et, d'autre part, exploiter la panique et l'épuisement de l'opinion publique israélienne, afin d'accélérer les mesures nécessaires qui lui permettront de se maintenir au pouvoir et de créer un État autoritaire et dictatorial ».
La cause de Dieu
Au début du XXe siècle au Moyen-Orient et ailleurs dans le monde arabe, l’accent mis par de grandes personnalités politiques comme l’Egyptien Gamal Abdel Nasser sur un nationalisme arabe, détaché de la sphère d’influence occidentale, part de l’idée que la langue, la culture et l’histoire communes aux Arabes suffisent à l’union politique ou panarabisme. C’est également en précurseur du panafricanisme avec tant d’autres comme l’auteur de « L’Afrique doit s’unir » (Présence Africaine, 1963), le Ghanéen Kwamé Krumah, que Nasser publia, en 1954, une « philosophie de la révolution ». Mais même si l’idée d’unité arabe et africaine persiste dans la rhétorique politique profane d’aujourd’hui, le panarabisme et le panafricanisme ont tous les deux perdu de leur superbe. S’agissant du panarabisme, les dynamiques de pouvoir au Moyen-Orient ont fait que la recomposition observée à ses débuts - Israël, la Turquie et l’Iran non arabes coopérant étroitement, sans tabou nucléaire, d’un côté, les autres États-Nations de l’autre -, bascula dans l’innommable qui frappe aujourd’hui Téhéran, affame à mort Gaza et épuise la société israélienne enfantililisée au nom de laquelle Netanyahou ne se fixe pas de limites à ne pas franchir pour la conservation du pouvoir sous le contrôle quasi immuable de l’aile extrémiste politico-religieuse d’une coalition moribonde.
Et si tous - agresseur unique comme agressés au sein de sociétés bariolées -, implorant et comptant sur le Dieu unique du messager en commun, le patriarche Abraham, s’adossaient au moins une fois encore à l’idée qu’il n’y a de cause commune que celle de Dieu d’où nous est parvenue une réalité essentielle en trois temps ? Cette dernière ressemblerait à celle déclinée en trois versets pleines de sagesses tirées du Saint-Coran :
Certes, vous avez eu un bel exemple [à suivre] en Abraham et en ceux qui étaient avec lui (60:4)
Et tu trouveras certes que les plus disposés à aimer les croyants sont ceux qui disent : «Nous sommes chrétiens.» (5:82)
En effet, vous avez dans le Messager d'Allah [Muhammad] un excellent modèle [à suivre] (33:21).
Symbolisant la paix et la compréhension interreligieuse, le nom d’Abraham avait été cité dans l’effort de normalisation des relations entre Israël et certains pays arabes ayant conduit aux « accords d’Abraham », intervenus en 2020 entre Israël, les Émirats arabes unis, le Bahreïn et le Maroc. Abraham sans les Palestiniens selon une opinion constitutive d’une identité égale à toutes les autres et à laquelle rallient les Nations Unies. C’est ainsi qu’après qu’un veto américain a empêché le Conseil de sécurité d’exiger un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent à Gaza le 4 juin dernier, une nouvelle résolution, hélas non contraignante, est adoptée par une large majorité de membres (149 voix pour, 12 contre, 19 abstentions) de l’Assemblée générale des Nations Nations Unies le 15 juin 2025. Ladite résolution appelle à la « cessation des hostilités, l’accès humanitaire [et] le respect du droit international » dont dépendent le statut final du conflit israélo-palestinien et la solution à deux États. Il en faut au moins autant pour que la cause de Dieu redevienne alors et pour de bon celle de tous les hommes qui, enfin, « se consultent entre eux à propos de leurs affaires » (42:38).
LE COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES DU MERCREDI 18 JUIN 2025
Le chef de l’Etat a indiqué l’impératif d’une combinaison optimale entre l’agriculture familiale (de subsistance) et l’agrobusiness en vue de l’ancrage d’une 2 gouvernance foncière, économique et sociale équitable du secteur agricole
Le Chef de l’Etat, Son Excellence, Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye a présidé, ce mercredi 18 juin 2025, la réunion hebdomadaire du Conseil des Ministres, au Palais de la République.
A l’entame de sa communication, le Président de la République a adressé ses chaleureuses félicitations et ses sincères remerciements aux populations de Saint-Louis, Dagana et Podor pour leur mobilisation et accueil à l’occasion de sa tournée économique les 12 et 13 juin 2025. Il a remercié et félicité les autorités administratives, les services de l’Etat, les élus locaux, les producteurs et acteurs des secteurs agricole et industriel pour le travail remarquable accompli et le bon déroulement des déplacements sur les sites programmés. Il a félicité le Gouvernement, notamment le Ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage, le Ministre de l’Industrie et du Commerce, le Ministre en charge des Collectivités territoriales et le Secrétaire d’Etat aux Coopératives et à l’Encadrement paysan pour les efforts consentis afin d’asseoir le développement territorial et la promotion de la souveraineté alimentaire.
Dans cette dynamique, il a souligné la nécessité de mieux accompagner et soutenir les acteurs des différentes filières des secteurs agricole et industriel de la région naturelle du fleuve Sénégal. Cette zone éco-géographique, au potentiel exceptionnel, doit s’ériger en « Pôle agricole national prioritaire » en termes de maitrise de l’eau, de mécanisation ainsi que de développement des aménagements et des surfaces emblavées, de l’agro-industrie et des industries de transformation des produits agricoles. Sous ce rapport, il est essentiel de renforcer significativement les filières riz, tomates, oignons, pommes de terre, biocarburants (éthanol) et sucre qui doit rester un atout phare de notre souveraineté alimentaire.
Le Chef de l’Etat a, par ailleurs, indiqué l’impératif d’une combinaison optimale entre l’agriculture familiale (de subsistance) et l’agrobusiness en vue de l’ancrage d’une 2 gouvernance foncière, économique et sociale équitable du secteur agricole. Il a demandé au Gouvernement de poursuivre et d’intensifier l’accompagnement des producteurs de la région Nord, en accentuant l’amélioration des rendements des périmètres agricoles (rizicoles notamment), mais également l’établissement d’un système rénové et efficace de financement et de maitrise des charges d’exploitation (électricité en particulier) des agriculteurs et industriels. Il s’agit aussi de travailler, avec les Coopératives agricoles communautaires, à la labellisation des productions nationales et leur meilleure introduction dans les réseaux de distribution et les circuits de commercialisation du pays.
Cette tournée économique a montré que la territorialisation soutenue de l’Agenda national de Transformation doit rester un principe directeur de l’efficacité des politiques publiques et des performances de l’action gouvernementale. D’où, l’impératif de promouvoir un dialogue territorial permanent avec les acteurs économiques et sociaux à la base. A ce titre, le Président de la République a souligné l’urgence de réhabiliter et d’actualiser, en les adaptant aux évolutions technologiques, les outils et instruments de vulgarisation agricole et d’animation rurale, afin d’accélérer, dans la concertation avec les acteurs et la participation des populations, la mise en place des Pôles régionaux de développement. Ces derniers demeurent les véritables réceptacles des projets et programmes pour un Sénégal souverain, juste et prospère, ancré dans les valeurs fortes de la Nation.
La modernisation de notre système agricole et la réalisation de la souveraineté alimentaire, passent fondamentalement par la sécurité foncière des exploitations agricoles, le financement adéquat des agriculteurs et la promotion de l’investissement privé dans l’agriculture. A cet effet, le Chef de l’Etat a demandé au Gouvernement, sous la supervision du Premier Ministre, d’engager les concertations appropriées et d’accomplir les diligences requises, en vue d’accélérer la mise en œuvre d’une réforme foncière consensuelle en capitalisant les diagnostics, études, rapports, propositions, conclusions et recommandations élaborés sur la problématique, notamment les travaux de la Commission nationale de Réforme foncière (CNRF). Cette réforme majeure de l’Agenda national de Transformation est impérative pour accompagner, avec l’implication des collectivités territoriales et de toutes les parties prenantes, l’option d’une agriculture moderne et durable favorisant le développement 3 des petites exploitations agricoles familiales, mais également de l’agrobusiness. Elle doit contribuer aussi à une meilleure maîtrise de l’espace national et à l’aménagement concerté, inclusif et durable du territoire, notamment en milieu rural, en cohérence avec les processus convergents d’approfondissement de la décentralisation et d’actualisation de la loi d’orientation agrosylvopastorale en cours de finalisation.
Le Président de la République a indiqué au Gouvernement, l’importance d’orienter les réflexions sur la réforme foncière vers l’objectif d’attribution effective de titres de propriété en bonne et due forme aux détenteurs légaux des terres et des parcelles à usage d’habitation, partout au Sénégal. Dans cet esprit, l’accès à la propriété foncière et immobilière, sera facilité par la valorisation de l’utilisation de la terre comme garantie pour l’obtention d’un crédit.
Au demeurant, le Chef de l’Etat a invité le Gouvernement à veiller à la gestion optimale du domaine de l’Etat et du domaine national par, d’une part, l’amélioration des outils de cartographie et de pilotage du potentiel foncier et, d’autre part, la prévention systématique et la résolution des conflits fonciers. Pour clore ce chapitre, il a invité le Gouvernement à préparer un plan de communication sur la réforme foncière projetée, en vue de son appropriation collective par les populations à la base, les collectivités territoriales, les agriculteurs, les éleveurs, les investisseurs et autres opérateurs économiques.
Le Président de la République est revenu sur la première édition de la Conférence des Administrateurs et Managers publics (CAMP) tenue le 20 janvier 2025. Lors de cette rencontre il avait partagé avec l’ensemble des administrations sa vision de la gouvernance des secteurs public et parapublic. A cet effet, il a rappelé au Gouvernement l’urgence de prendre toutes les mesures et dispositions requises en vue d’actualiser le statut général des fonctionnaires et la réglementation relative aux agents non fonctionnaires, de finaliser le Code de déontologie des agents publics ainsi que le Plan de développement de la formation permanente des agents publics, de réviser les cadres académique, juridique, administratif et financier d’évolution des écoles nationales de formation, notamment l’Ecole nationale d’Administration (ENA). En outre, il a souligné l’importance de mener à bien le processus d’évaluation annuelle des performances des agents publics, mais aussi d’accentuer, avec la montée en puissance du 4 « New Deal technologique », la digitalisation intégrale des administrations pour une meilleure qualité des services délivrés aux usagers et aux citoyens.
Par ailleurs, le Chef de l’Etat a rappelé au Gouvernement, l’impératif d’un suivi de proximité de la gouvernance et des performances financières des entités du secteur parapublic, sous tutelles administrative, technique et financière. Il a demandé au Ministre de la Fonction publique et de la Réforme du Service public de faire une communication trimestrielle en Conseil des Ministres sur l’état de mise en œuvre des réformes de la fonction publique et de modernisation des services publics. Dans le même temps, il a invité le Ministre des Finances et du Budget à faire une communication trimestrielle sur la gestion du portefeuille de l’Etat.
Au titre de son agenda diplomatique, le Président de la République a informé le Conseil qu’il participera, le 22 juin 2025, à Abuja, au Nigéria, au Sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Dans sa communication, Monsieur le Premier ministre Ousmane Sonko est revenu sur les réformes de l’Etat et la qualité de la représentation des administrations publiques dans les organes délibérants des entités du secteur parapublic.
S’agissant des réformes de l’Etat, il a indiqué que celles-ci constituent un point essentiel pour la réussite de la mise en œuvre des politiques publiques. Pour la coordination, l’orientation et le suivi de ces réformes, le Premier ministre a annoncé la mise en place d’une Cellule à la Primature. Les changements attendus couvrent plusieurs domaines d’une importance capitale pour l’environnement des affaires, la modernisation de l’administration publique, incluant le droit d’accès du citoyen à l’information et un large recours à la transformation digitale, la valorisation du capital humain à travers une formation visant à doter les citoyens de fortes valeurs civiques et patriotiques et de compétences nécessaires à la réalisation de performances attendues, du « rebasing social ». Cela, pour plus d’équité et de transparence dans le système de rémunération des secteurs publics et parapublics, et la construction d’un système de protection sociale inclusif et durable. Enfin, le Premier Ministre a souligné avec force la détermination du Gouvernement, à mener à bien cette importante entreprise et a engagé le Ministre, Secrétaire général du Gouvernement à mettre en place une 5 feuille de route permettant la mise en œuvre optimale des réformes, en veillant à la prise en charge des difficultés éventuelles à travers un dispositif de conduite du changement.
Abordant le second point relatif à la qualité de la représentation des administrations publiques dans les organes délibérants des entités du secteur parapublic, le Premier Ministre, a mis l’accent sur l’importance des fonctions essentielles dans l’offre de services publics de qualité, l’exécution de missions d’intérêt général, la création d’emplois et la régulation dans des domaines prioritaires. Il a ensuite déploré des manquements graves, récurrents et contraires aux règles de transparence et de bonne gouvernance préjudiciables à la qualité du service public, dans la gestion de ces structures : la non tenue des pré-conseils sur des questions stratégiques, l’absence de compte rendu systématique, l’archivage défaillant de la documentation, le non-respect de la durée de validité des mandats des administrateurs et la mauvaise qualité de la représentation due notamment au profil inadéquat de certains administrateurs. Fort de ce constat, le Premier Ministre a demandé aux Ministres de procéder, sans délai, à la régularisation de la composition des organes délibérants, surtout dans le contexte actuel marqué par plusieurs changements institutionnels. Il a également demandé d’apporter un soin particulier au choix de ces représentants dans les organes délibérants, dans le respect des dispositions pertinentes du décret n°2025-670 du 29 avril 2025, fixant les règles de fonctionnement de l’organe délibérant des entités du secteur parapublic.
AU TITRE DES COMMUNICATIONS DES MINISTRES :
– le Ministre auprès du Président de la République chargé du Suivi du Pilotage et de l’évaluation de l’Agenda national de Transformation Sénégal 2050 a fait une communication sur le Pilotage stratégique de l’Agenda national de Transformation Sénégal 2050 ;
– le Ministre de l’Industrie et du Commerce a fait une communication sur la Politique industrielle et commerciale Sénégal 2050.
AU TITRE DES TEXTES LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES,
le Conseil a examiné et adopté :
– le Projet de loi autorisant le Président de la République à ratifier la Convention en matière d’extradition entre le Gouvernement de la République du Sénégal et le Gouvernement de l’Etat des Emirats arabes unis signée à Abou Dhabi le 14 octobre 2021 ;
– le Projet de loi relatif au transfèrement des personnes condamnées entre le Gouvernement de la République du Sénégal et le Gouvernement de l’Etat des Emirats arabes unis signée à Abou Dhabi le 14 octobre 2021 ;
– le Projet de loi d’entraide judiciaire en matière pénale entre le Gouvernement de la République du Sénégal et le Gouvernement de l’Etat des Emirats arabes unis signée à Abou Dhabi le 14 octobre 2021 ;
– le Projet de décret portant création et fixant les règles d’organisation et de fonctionnement du Centre national de Coordination du Mécanisme d’Alerte précoce et de Réponse aux risques sécuritaires ;
– le Projet de loi de Finances rectificative pour l’année 2025 ;
– le Document de Programmation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP) 2026- 2028.
Le Ministre de la Formation professionnelle et technique, Porte-parole du Gouvernement
Amadou Moustapha Njekk Sarré
FAUT-IL LIQUIDER AIR SÉNÉGAL ?
Saisie de ses avions par des bailleurs, suspension des flux par l'IATA, perspectives sombres... La compagnie nationale replonge dans des zones de forte turbulence et relance le débat autour de sa viabilité
Cela ressemble à un trou sans fond. Plus l'État injecte de l'argent, plus la compagnie nationale Air Sénégal s'enfonce dans une montagne de difficultés. Il y a quelques semaines, lors d'une réunion interministérielle, le gouvernement décrivait ce qui ressemblait déjà à une maladie difficilement curable, avec des dettes estimées à 118 milliards F CFA, faisant suite à des pertes cumulées de plus d'une centaine de milliards de francs CFA. Les chiffres du gouvernement faisaient, en effet, état de trous de l'ordre de 89 milliards pour l'exercice 2022 et 57 milliards pour 2023.
Dans un entretien avec l'Agence de presse sénégalaise (APS), le directeur général de la société évaluait les pertes mensuelles à plus de trois milliards de francs CFA, au moment où il prenait les rênes de l'entreprise. “La compagnie perdait 3,6 milliards à cause d'un réseau disproportionné. Ce qui faisait 40 milliards l'année avec l'ouverture de New York, de l'Europe du Sud, de l'Afrique central”, accusait Tidiane Ndiaye.
L'une des premières décisions a donc été de recentrer le réseau, de supprimer plusieurs lignes et de se concentrer sur l'Afrique de l'Ouest.
Même s'il se réjouissait d'une réduction importante des déficits, force est de constater que le problème reste presque entier. La compagnie nationale est loin de sortir du gouffre dans lequel il est plongé depuis des années, malgré les perfusions permanentes de l'État, seul actionnaire à bord.
En avril déjà, le gouvernement annonçait avoir injecté dans la compagnie plus de 181 milliards F CFA depuis sa naissance. Alors jusqu'à quand l'État va-t-il continuer de “jeter de l'argent par la fenêtre”, comme le constatent beaucoup d'observateurs ? La question se pose de plus en plus avec acuité.
Une perfusion continue et très couteuse pour l'État
Lors de son face-à-face avec nos confrères de l'APS, le directeur général de la compagnie revenait sur les limites du modèle. Transporter des passagers tout court, selon lui, ne peut pas faire gagner de l'argent. Surtout pour une compagnie comme Air Sénégal qui a une mission de service public. “Pour gagner de l'argent, disait-il, nous réfléchissons sur la mise en place de ce qu'on appelle un groupe d'aviation diversifié. Ce qui veut dire qu'il va falloir que tout ce qui gravite autour de l'aviation que la compagnie nationale puisse avoir son mot dessus”, avait-il clamé.
En langage plus direct, la compagnie nationale veut avoir son mot à dire sur tout ce qui gravite autour de la plateforme aéroportuaire. On peut penser à l'exploitation de l'infrastructure aéroportuaire, au secteur juteux du handling qui a souvent fait l'objet de convoitise.
En attendant la mise en place de ce projet de groupe d'aviation diversifié, la nouvelle équipe dirigeante visait l'équilibre financier dès fin 2025. À l'évidence, ce projet est difficilement réalisable, au vu de la tournure actuelle des choses, avec les problèmes en cascade que traverse l'entreprise. Le dernier en date, c'est le différend avec l'Association du transport aérien international (IATA), qui se trouve être le gendarme mondial de l'aviation civile. Un bras de fer risqué qui pourrait envenimer davantage la situation.
Le business modèle et le mode de gouvernance en question
Avant cette affaire, des sociétés irlandaises avaient entamé des procédures de saisie sur quatre de ses avions, suite à une décision de justice favorable du tribunal de commerce de Dakar. Les compagnies réclament à Air Sénégal 5,041 millions de dollars. Sur la page ‘’Les passionnés de l'aviation’’, certains experts n'ont pas manqué de lancer l'alerte. Alioune Ndiaye parle de “séquence critique” pour la compagnie nationale, en listant les maux : “Saisie conservatoire, désengagement de Carlyle Aviation Partners, restitution d’appareils loués, suspension potentielle des flux via l’IATA BSP.”
Ces événements, selon lui, traduisent une perte de crédibilité opérationnelle sur la scène internationale. Monsieur Ndiaye de montrer son étonnement : “Face à cette situation, je m'interroge sur l’appareil de gouvernance et de communication d’Air Sénégal. A-t-il réellement conscience de la nature du secteur aérien dans lequel il opère ? Ce n’est pas une entreprise classique. Ce n’est ni une marque lifestyle ni un projet événementiel. C’est une compagnie certifiée, encadrée, exposée à des règles strictes de sécurité, de conformité, de cash-flow et de transparence contractuelle.”
Alioune Ndiaye (expert) s'interroge sur la “solvabilité” de la compagnie
Revenant sur la mesure prise par l'IATA qui a provoqué l'ire des dirigeants, le spécialiste essaie de tempérer. “Lorsque l’IATA suspend ou bloque les revenus BSP d’une compagnie, ce n’est jamais sans raison. Ce mécanisme est préventif. Il sert à protéger l’écosystème des agences de voyages, des fournisseurs GDS et des compagnies partenaires contre le risque de défaut de paiement. Cela signifie que la solvabilité d’Air Sénégal est aujourd’hui jugée incertaine à l’échelle du système mondial”, prévient-il.
La compagnie peut-elle survivre à toutes ces difficultés ? Monsieur Ndiaye reste optimiste, mais à condition que la gouvernance soit revue. Il est important, relève-t-il, de revoir la stratégie flotte-réseau face aux réalités économiques de la compagnie ; rétablir un dialogue crédible avec les lessors, l'IATA et les partenaires GDS ; renforcer les équipes avec des profils issus de l’industrie ; passer d’une logique de communication défensive à une gouvernance proactive.
“La compagnie, renchérit-il, n’a pas encore crashé, mais à cette vitesse préoccupante, elle navigue dans la mauvaise piste et risque de perdre rapidement de l’altitude et de toute sa confiance”, avertit l'expert.
L'État doit-il sortir du capital et trouver des partenaires stratégiques ?
Selon cette source proche de la plateforme, il y a un vrai problème avec le modèle de gouvernance dû essentiellement à l'implication du public. “Je pense qu'il faut revoir l'actionnariat de la compagnie. L'État ne peut pas continuer à verser de l'argent à perte. Dans le domaine des transports aériens, le partenariat est presque un principe de base”, analyse-t-il. Les exemples, à son avis, ne manquent pas.
Sur le continent, il y a le cas d'Air Ivoire avec Air France qui y détiendrait 11 % ; Rwandair qui est en partenariat avec Qatar Airways qui y détient 49 %. Dans le même sillage, le Nigeria prépare le montage de sa compagnie avec Ethiopian qui détient les 49 %, les privés nationaux 46 % et le gouvernement 5 %. “Le Ghana aussi est dans la même dynamique, avec la création de sa compagnie”, ajoute notre source, qui cite également Asky avec comme partenaires des banques privées et Ethiopian Airlines.
Les mêmes dynamiques sont observées ailleurs, y compris dans les pays plus développés. “Dans l'actionnariat d'Air France, par exemple, tu trouves la France et les Pays-Bas, mais aussi la société CMA CGM, Delta Airlines et les salariés’’.
Cela dit, persiste-t-il, la privatisation n'est pas non plus une panacée. Notre source donne l'exemple d’Ethiopian contrôlée à 100 % par l'État. “Ce qui fait la différence, c'est la rigueur dans la gestion, la diversification des activités. Ethiopian, par exemple, a son école de formation, son hôtel, sa société de maintenance. Depuis des années, le Sénégal s'est engagé dans cette voie, dans le cadre de son programme de hub aérien, mais rien de concret. Le problème, c'est surtout au niveau de la gestion, avec l'implication permanente de l'État qui ne garantit pas la rigueur que requiert le secteur. Une gestion rigoureuse aurait commencé par un appel à candidatures pour avoir le meilleur profil au poste de directeur général et à tous les postes clés”, préconise notre interlocuteur.
Pour rappel, Air Sénégal a aujourd'hui comme actionnaire unique la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Elle dessert 14 destinations en Afrique et une seule en Europe (France). Ces dessertes sont réparties comme suit : 10 vols par semaine sur Abidjan ; un vol quotidien sur Ouagadougou ; un sur Bamako ; la Guinée. Pour la Gambie, c'est cinq vols par semaine ; quatre sur la Mauritanie, en sus des vols domestiques (10 sur Cap Skirring par semaine). La compagnie dessert aussi au quotidien la destination Paris, informait le DG lors de son interview avec l'Agence de presse sénégalaise.
CINQ LIONNES PRIVÉES DE VISA POUR LES ÉTATS-UNIS, BABACAR NDIAYE MINIMISE L’IMPACT
Cinq joueuses de l’équipe nationale féminine de basket n’ont pas obtenu de visa pour participer à un stage de préparation prévu aux États-Unis avant l’Afrobasket 2025. La FSBB annonce des ajustements pour préserver la préparation
L’Ambassade des États-Unis à Dakar a refusé le visa à des joueuses de l'équipe nationale de basket Sénégal, en partance pour la préparation de l'Afrobasket 2025 dont la 27ᵉ édition se déroulera à Abidjan en Côte d'Ivoire du 25 juillet au 3 août. Pour en savoir un peu plus sur cette information relayée par nos confrères de Record, IGFM a contacté Me Babacar Ndiaye, président de la Fédération sénégalaise de basket-ball (FSBB).
"Ce qu'il faut noter c'est que l'Ambassade n'a délivrer de visa que ceux qui avaient déjà des visas pour entrer aux États-Unis. Ce sont des demandes de renouvellement. Les nouvelles demandes ont été rejetées, parmi lesquelles, il y avait cinq joueuses qui sont actuellement à Dakar", a expliqué le patron du basket sénégalais lors d'un entretien téléphonique avec IGFM.
"La Fédération est en train de travailler avec l'entraîneur sur une solution définitive sur cette question-là dont les conséquences ne sont pas trop draconiennes dans la mesure où il s'agissait simplement de faire dix jours aux États-Unis. Il y a 12 joueuses qui sont libres, mais 11 ont toujours la possibilité de faire ce stage aux États-Unis, les cinq peuvent rester à Dakar pour travailler avec les deux entraîneurs adjoints qui sont là pendant ces dix jours-là. À partir du 3 juillet, tout le monde se retrouvera à Dakar pour travailler jusqu'au 24. Ça nous fera trois semaines de travail, c'est suffisant pour une préparation si on ajoute les dix jours partagés entre les États-Unis et le Sénégal."
"Deux possibilités, soit faire le stage intégral à Dakar soit aux États-Unis"
"Nous travaillons également sur une autre possibilité c'est-à-dire de venir directement faire le regroupement à Dakar. En tout état de cause, la Fédération validera la proposition technique qui sera faite par l'entraîneur. En principe, je parlerai à l'entraîneur ce soir et prendra une décision. Ce soit permettre aux 11 joueuses qui sont déjà aux États-Unis de faire leur stage sur place soit faire le regroupement intégral à Dakar", a-t-il conclu, mais selon plusieurs sources, le ministère des Sports et celui des Affaires Étrangères s’y impliquent également pour décanter la situation. Affaire à suivre...
L’OPPOSITION DRESSE UN BILAN MITIGÉ DU DIALOGUE ET APPELLE AU RESPECT DES CONSENSUS
Malgré des avancées dans certaines commissions, l'opposition ayant participé au dialogue dénonce des blocages, notamment sur les libertés publiques et la gestion électorale, et appelle à un suivi inclusif pour garantir le respect des accords obtenus
Ce mercredi 18 juin 2025, l’opposition a présenté un bilan de sa participation au Dialogue national lors d’un point de presse. Elle a tenu à souligner son attachement au principe de concertation, rappelant que « la démocratie ne fonctionne pas seulement sur la base des décisions de la majorité ; elle est aussi prise en considération des points de vue de l’opposition et de la société civile. La démocratie se nourrit en conséquence de l’écoute, des échanges, de l’inclusion. »
Malgré un contexte marqué par « l’acharnement répressif du pouvoir contre l’opposition, la presse et toute autre voix critique », notamment « les arrestations arbitraires, les emprisonnements intempestifs d’activistes, de députés et d’anciens ministres, les violations répétées du droit de manifestation », l’opposition a choisi de participer au Dialogue, « nonobstant le rejet de nos amendements aux termes de référence visant principalement à inscrire à l’ordre du jour les difficultés sociales, économiques et financières qui interpellent l’Etat et les populations ».
Sur le contenu des discussions, elle a estimé que « les commissions ‘Processus électoral’ et ‘Réformes institutionnelles et organes de gestion des élections’ ont enregistré d’importants accords de principe dont les modalités d’application ne sont toutefois pas encore précisées ». L’opposition a par ailleurs dénoncé plusieurs dysfonctionnements, notamment le fait que « 54% des voix aux élections législatives obtiennent plus de 80% des députés », ou encore que « un groupe parlementaire puisse s’octroyer des postes indus dans les bureaux et les commissions, alors que la loi est précise sur ce point ».
Concernant la commission « Démocratie, Libertés et Droits humains », le constat a été moins favorable, avec « un long relevé de divergences non surmontées ». L’opposition a regretté que le parti au pouvoir ait refusé « la suppression ou l’encadrement des articles liberticides du Code pénal, notamment les articles 80 et suivants, et l’encadrement de certains articles du Code pénal ou du Code de Procédure pénale ». Elle a également dénoncé « l’instauration d’un système de contrôle permettant de rendre effectif l’exercice des libertés publiques » qui n’a pas été accepté, de même que « l’application du droit de manifestation dans toutes les communes du pays, sans exception, a été refusée par le parti au pouvoir qui, dans ce domaine comme dans d’autres, s’est complètement renié ».
L’opposition a aussi pointé du doigt la judiciarisation des différends politiques, rappelant « l’emprisonnement arbitraire du Président Moustapha Diakhaté ».
Malgré ces tensions, elle a lancé un appel à l’apaisement en rappelant les propos du président de la République lors de l’ouverture du Dialogue : « Mon rôle, en tant que garant de l’unité nationale, est de tendre la main à toutes et à tous, pour rassurer, rassembler, apaiser et réconcilier afin de conforter la paix et la stabilité indispensables au développement économique de notre pays. » L’opposition s’interroge toutefois : « Que vaut ce discours confronté à la réalité des faits ? »
Face à l’état actuel des négociations, l’opposition réclame la mise en place d’« un Comité inclusif de suivi comprenant les principaux acteurs du Dialogue », chargé « d’une part de définir consensuellement les modalités de mise en œuvre des accords de principe obtenus et, d’autre part, de poursuivre les discussions sur les points de divergence ». Elle avertit que « toute prise de décision unilatérale serait contraire à l’esprit de nos récentes assises et équivaudrait, pour nous, à la caducité de toutes les conclusions du Dialogue national sur le système politique ».
HABIBOU DIA POUR UNE DÉPÉNALISATION DES DÉLITS DE PRESSE AVEC RESPONSABILITÉ
Le directeur de la communication a mis l’accent sur l’importance d’un équilibre entre liberté d’expression et exigence éthique, dans un contexte marqué par les mutations numériques et la circulation rapide de l’information.
Alors que le secteur de la communication sénégalais s’engage dans une réforme ambitieuse à l’occasion des Journées de concertation sur la communication, Habibou Dia, directeur de la communication et représentant du ministre en charge du secteur, a tenu à réaffirmer son soutien ferme à la dépénalisation des délits de presse, tout en insistant sur l’impératif de responsabilité professionnelle.
Intervenant devant un parterre d’acteurs des médias, d’universitaires, de partenaires techniques et financiers et de membres de la société civile, il a précisé sa position :
« Il serait contradictoire de dire que je ne suis pas favorable à la dépénalisation. Je suis un fervent avocat de la dépénalisation. Mais celle-ci doit aller de pair avec une responsabilité pleinement assumée. »
Habibou Dia a souligné que cette responsabilité commence au niveau individuel, dans les salles de rédaction, auprès des journalistes eux-mêmes, auteurs de l’information. Une exigence d’autant plus importante dans un contexte où la fiabilité des contenus est mise à rude épreuve par la prolifération des fausses nouvelles et la multiplication des plateformes d’expression.
Selon lui, l’enjeu est aussi institutionnel. Il s’agit désormais de renforcer les structures d’autorégulation pour qu’elles puissent remplir leur mission avec efficacité :
« Ces travaux doivent permettre de mieux cerner les exigences actuelles en matière de régulation, mais aussi de réfléchir aux ressources et moyens nécessaires pour que les structures autorégulatrices puissent jouer pleinement leurs rôles. »
Dans cette perspective, la protection des citoyens, exposés quotidiennement à des contenus non vérifiés ou malveillants, est au centre des préoccupations. Habibou Dia a insisté sur l’importance de bâtir un écosystème médiatique fondé à la fois sur la liberté, l’éthique et la responsabilité, à l’heure où les mutations technologiques redéfinissent les contours de l’espace public numérique.
Ces journées de concertation s’inscrivent dans une démarche de réforme globale du secteur de la communication, intégrant également la révision du cadre juridique, les missions du futur régulateur, et la régulation des contenus numériques et des WebTV.