Retour de parquet pour six suspects dans l’affaire des fonds Covid-19
Dans le cadre des enquêtes pour détournements présumés de fonds liés à la gestion de la pandémie de Covid-19, la Division des investigations criminelles (DIC) a déféré au parquet hier, six personnes mises en cause. Il s’agit, selon Le Soleil, de Léonce Nzally, membre de la Société de gestion collective des droits d’auteur et droits voisins (Sodav) ; Ibrahima Issa, entrepreneur dans le secteur du BTP, mis en cause dans la construction d’un bâtiment destiné à une unité de traitement gravimétrique, pour un montant estimé à 73,2 millions FCFA ; Mamadou Ngom Niang, ancien directeur de l’Administration générale et de l’Équipement (DAGE) au ministère des Sports ; Alimatou Sadiya Guèye, styliste poursuivie pour une somme de 50 millions FCFA ; Abdou Aziz Mbaye, communicateur traditionnel, cité pour un détournement présumé de 150 millions FCFA et Baba Amdy Diawara, artiste, visé pour 81,728 millions FCFA. Les six suspects ont bénéficié hier d'un retour de parquet. Ils seront à nouveau aujourd’hui devant le procureur qui va décider de leur sort. Des sources judiciaires contactées par Le Soleil Digital indiquent que certains mis en cause auraient proposé de consigner une partie des sommes incriminées pour éviter la détention préventive. Leurs avocats seraient activement engagés dans cette démarche.
Tange Tandian déféré au parquet
L'animateur et entrepreneur culturel Tange Tandian a été déféré hier, au parquet de Dakar, dans le cadre de l'enquête en cours sur la gestion des fonds alloués à la lutte contre la pandémie de Covid-19. On lui reproche des malversations portant sur une somme de 72 millions F CFA, d’après Seneweb. Après plusieurs minutes d’audition à la Division des investigations criminelles (Dic), il a été conduit à la cave du Tribunal de grande instance de Dakar à bord d'une fourgonnette de la police. Finalement, il a bénéficié d’un retour de parquet. Son audition entre dans le cadre de la vaste opération de reddition des comptes initiée par les autorités judiciaires, visant à faire la lumière sur de présumées malversations dans l’utilisation des fonds Covid. Pendant deux ans, il a occupé le poste de Directeur exécutif de l’Omart Sénégal (Observatoire de la Musique et des Arts du Sénégal), une organisation engagée dans la défense des droits des artistes et la promotion du patrimoine culturel.
Des DG, un DAGE et des comptables en garde à vue
La Division des investigations criminelles (DIC) poursuit ses enquêtes sur l’utilisation des fonds affectés à la lutte contre la pandémie de Covid-19. Selon les informations de Seneweb, des responsables ont été arrêtés sur instruction du procureur de la République pour détournement de deniers publics. Convoqués ce mardi, ils sont en garde à vue. Il s’agit de l’ex Dage du ministère de la Santé et de l'Action sociale, Ousseynou Ngom, de Mamadou Ndiaye, ex-DG de la Prévention, de Babacar Sène comptable à l'hôpital de Kaffrine, de Moussa Sam Daff, DG de l'hôpital Dalal Jamm, du comptable particulier Alioune Badara Diop et de Lamine Diallo, comptable de l'hôpital Youssou Mbargane. Ils seront tous déférés demain mercredi devant le procureur de la République.
Deux convoyeurs interpellés avec 37 migrants
La Division nationale de lutte contre le trafic de migrants et pratiques assimilées (DNLT) traque les candidats à l’émigration clandestine et leurs convoyeurs. Les éléments de l’antenne de Rosso ont interpellé deux individus à bord d’un bus en provenance de Richard-Toll. Ces derniers convoyaient 37 personnes de nationalité étrangère (hommes, femmes et enfants). Les investigations ont permis d’obtenir des informations selon lesquelles les mis en cause en provenance de la Mauritanie avec leurs clients ont réussi à faire accéder ces derniers sur le territoire national illégalement en les faisant passer par un point d’entrée non officiel située sur le long du fleuve à hauteur de Richard-Toll, moyennant une contrepartie financière de 50 000 FCFA par candidat. Interpellés pour trafic de migrants par voie maritime, les mis en cause ont reconnu sans ambages les faits qui leur sont reprochés avant de déclarer avoir été en collaboration, dans cette affaire, avec un piroguier dont ils ignorent l’identité. L’enquête se poursuit pour interpeller le piroguier.
La Gendarmerie saisit 80 kg de cocaïne
La Gendarmerie intensifie la surveillance et a mis la main sur 80 kilogrammes de cocaïne. La Section de Recherches de Dakar, les brigades de Fimela et de Sokone se sont respectivement distinguées avec des saisies de 300 et 11 kilogrammes de chanvre indien dans la journée du 14 avril 2025. Un individu de nationalité sénégalaise a été également interpellé par les pandores de Sokone quelques jours seulement après le démantèlement d'un réseau de trafiquants de drogue dure le vendredi 11 avril 2025.
Sonko à Yoff
Le Premier ministre Ousmane Sonko était à Yoff hier, pour présenter ses condoléances à la communauté Layène, suite au rappel à Dieu de Serigne Mouhamadou Makhtar Laye, Khalife Général des Layènes.
Grève de l’intersyndicale des spécialistes en formation
L'Intersyndicale des spécialistes en formation déterre la hache de guerre. Ces blouses blanches annoncent la suspension des services de garde à compter du mardi 15 avril 2025 dans les établissements concernés. Cette mesure restera en vigueur jusqu'à l'application effective des tarifs convenus et l'établissement d'un système de suivi approprié, renseigne un communiqué. À les en croire, on tarde encore à appliquer la décision ministérielle sur l'harmonisation des honoraires de garde. Ils constatent avec regret que plusieurs établissements de santé n'ont pas encore mis en œuvre cette directive, et que la communication avec les autorités compétentes reste insuffisante. L’intersyndicale indique que cette situation affecte directement les professionnels en formation qui garantissent la continuité des soins, souvent dans des conditions de travail difficiles. Ils rappellent avoir entrepris de nombreuses démarches constructives pour faciliter l'application de la directive du ministère de la Santé, qui fixe les honoraires à 15 000 FCFA les jours ouvrables et 20 000 FCFA les week-ends et jours fériés. Cependant, ces efforts n'ont pas encore abouti aux résultats escomptés, regrettent les blouses blanches.
Mouvement d’humeur à l’APS
Les travailleurs de l’APS et la Direction générale ne parlent pas le même langage. Après le port de brassard hier par les travailleurs qui réclament le paiement des fonds destinés à la couverture de la campagne électorale des élections législatives, la direction s’est fendue d’un communiqué pour préciser qu’elle ne leur doit rien. Elle déplore que ce mouvement d’humeur intervienne au moment où les actions initiées pour repositionner l’APS dans le paysage médiatique commencent à produire leurs effets. Ainsi Momar Ndiongue précise qu’un virement est intervenu le 29 novembre 2024, mais les fonds en question n’ont fait que transiter dans le compte de dépôt de l’APS. Car ayant coïncidé avec la clôture des opérations de fin de gestion sur les comptes de dépôt. Toutefois, il rappelle que dès son installation le 08 novembre 2024, les équipes ont été mobilisées sur fonds propres pour assurer la couverture du scrutin sur toute l’étendue du territoire. À cet effet, l’ensemble des 105 agents mobilisés ont reçu chacun un per diem de 25 000 FCFA. En plus de la prise en charge de la restauration pour l’ensemble des agents déployés à Dakar et sa banlieue. Par conséquent, M. Ndiongue indique que la Direction ne doit à ce jour aucun paiement à ses agents.
Les Universitaires Républicains expriment leurs inquiétudes
Le réseau des universitaires Républicains (RUR) exprime son inquiétude après un an de gouvernance du tandem Diomaye-Sonko marquée par des incohérences, des reniements retentissants et un vrai marasme économique. Pr Moussa Baldé et compagnie dénoncent aussi le licenciement abusif de travailleurs, les arrestations arbitraires de journalistes et d'opposants dont l'honorable député Farba Ngom et le ministre Lat Diop, ainsi que l'échec de la campagne de commercialisation de l'arachide qui affecte durement le monde rural. Ces universitaires républicains appellent le gouvernement à dresser un bilan clair de la campagne agricole 2024-2025 avant d'envisager la suivante. Le réseau lance un appel solennel à toutes les forces vives de la Nation politiques, sociales, les jeunes, les femmes, et les intellectuels de l'intérieur comme de la Diaspora à se mobiliser pour défendre la paix, la démocratie, l'État de droit et la République. Par ailleurs, Pr Moussa Baldé se félicite de la nomination de Macky Sall au Conseil de la Fondation Mo Ibrahim pour la bonne gouvernance suivie de sa participation remarquable au sommet de la fédération mondiale pour la paix universelle tenu à Séoul.
Les mises en garde du SUTELEC
Le syndicat unique des travailleurs de l'électricité (SUTELEC) s’indigne de l'attitude du Gouvernement qui veut remettre en cause leurs acquis et bloquer les accords d'établissement avec leur direction générale et les exclure du projet de refonte de la société. Une situation qui, aux yeux de Habib Aidara, risque de compromettre la stabilité dans leur secteur. M. Aïdara précise que leur syndicat est contre toute signature d'un pacte de stabilité sociale dans la démarche adoptée par le Gouvernement.
Insécurité à la cité des impôts et domaines
Les agresseurs reprennent service avec les séances de lutte. Car dimanche dernier, les habitants de la cité impôts et domaines de la Patte d'Oie ont eu une peur bleue. Un groupe de jeunes garçons armés de couteaux ont attaqué des gens en plein jour vers 13 h. D'ailleurs, nos radars nous signalent qu'une fille qui devait faire son examen a été prise en embuscade par les agresseurs qui l’ont obligée à remettre son sac sous peine de représailles. Une situation vivement décriée par les habitants de ladite cité qui demandent l'arrêt des combats de lutte.
Électricien voleur
L’électricien de profession L. Soly croupit à la citadelle du silence pour vol commis la nuit. Le susnommé a été accusé de s'être introduit dans une maison à la cité Mixta pour y dérober un téléphone portable avant d'être mis à la disposition de la police des Parcelles assainies. Toutefois, le mis en cause a nié les faits face aux limiers. Des dénégations qui ne vont guère convaincre les policiers qui vont le déférer au parquet pour vol commis la nuit.
Apprenti maçon indélicat
I. Bangoura âgé de 22 ans se repose actuellement à la prison de Rebeuss. Le mis en cause s'est introduit dans une boulangerie pour subtiliser le téléphone portable d'un ouvrier. Mais Bangoura sera appréhendé après une course-poursuite à la cité Mixta avant d'être remis aux limiers des Parcelles assainies qui étaient en patrouille dans le secteur. Devant les enquêteurs, Bangoura a reconnu les faits. Suffisant alors pour qu'il soit placé en garde à vue avant d'être déféré au parquet pour vol.
LA JUSTICE TRAQUE LES VARIANTS
La Division des investigations criminelles (Dic) a carburé, ces dernières 48h, à plus de 100 km/h pour démasquer les personnes supposées avoir détourné l’argent du Fonds de riposte contre le Covid-19.
Après la vague d’arrestations des dernières heures, la Haute cour de justice devrait suivre la marche avec la mise en accusation imminente, par l’Assemblée nationale, d’une dizaine de ministres qui auraient été épinglés par le rapport de la Cour des comptes sur le Fonds de riposte contre le Covid-19.
La Division des investigations criminelles (Dic) a carburé, ces dernières 48h, à plus de 100 km/h pour démasquer les personnes supposées avoir détourné l’argent du Fonds de riposte contre le Covid-19. Après la première vague du lundi, une autre brochette de gestionnaires a été placée en garde à vue sur ordre du Parquet judiciaire financier pour détournements présumés de fonds publics. Il s’agit du Dage du ministère de la Santé et de l’action sociale, Ousseynou Ngom, de Mamadou Ndiaye, directeur de la Prévention au Msas, qui était une figure marquante de la riposte contre la pandémie.
Dans ce lot, il y a d’autres responsables d’établissements financiers qui devraient aussi être déférés aujourd’hui au niveau du Pjf. On peut citer Moussa Sam Daff, directeur de l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye, Babacar Sène, directeur de l’Hôpital de Kaffrine, le comptable particulier de l’Hôpital de Pikine, Alioune Badara Diop, et Lamine Diallo, comptable de l’hôpital Youssou Mbargane. Artistes pris à contretemps ?
Dans ce dossier Covid-19, il y a une danse à contretemps des hommes culturels. L’animateur et entrepreneur culturel Tange Tandian, qui fait partie des cas suspects, a été aussi envoyé au Parquet pour des malversations présumées de 72 millions F Cfa. Ancien Directeur exécutif de l’Observatoire de la musique et des arts du Sénégal (Omart Sénégal), il a fait partie des gestionnaires des fonds destinés aux musiciens impactés par le Covid-19 à cause de la suspension de leurs activités due aux mesures restrictives comme l’interdiction des rassemblements. En présentant des décharges, il a tenté de se défendre, mais cela n’a pas convaincu les enquêteurs.
Connue pour ses talents créatifs, Alimatou Sadiya Guèye, présidente des stylistes, s’est retrouvée dans le viseur de la Justice à cause des mêmes soucis. Elle a été déférée au même titre que Bamba Hamdy (artiste-compositeur), Abdou Aziz Mbaye (communicateur traditionnel), Mamadou Ngom Niang, ancien directeur de l’Administration générale et de l’équipement au ministère des Sports, et d’autres responsables publics arrêtés lundi.
Leur face-à-face avec le Parquet a tiré en longueur hier à cause des propositions de médiation pénale soumises par certains suspects et des écheveaux à démêler pour tirer cette affaire au clair. Evidemment, lors de leurs auditions, ils ont apporté des pièces justificatives, mais cela n’a pas suffi pour se sortir de ce huis-clos avec les enquêteurs totalement libres.
Ministres en salle d’attente
Aux yeux de certains, ils ne sont que de simples lampistes qui ne doivent pas payer à la place des gros calibres. Et des poursuites vont être déclenchées dans les prochains jours devant la Haute cour de justice dont la composition est déjà connue, contre d’anciens ministres sous Macky Sall au moment de la survenue de la pandémie. Il s’agit d’une liste d’une dizaine d’ex-hauts responsables ministériels, qui devraient être visés par une procédure de mise en accusation au niveau de l’Assemblée nationale. Si certains restaient toujours fidèles à l’ancien président de la République, d’autres ont pris leurs distances avec lui en rejoignant d’autres partis ou en se mettant en retrait de la politique.
Les faits qui leur sont reprochés sont de natures diverses et vont, entre autres, de «défaut de justification des dépenses» ou «absence de pièces justificatives» relatives à des dépenses à «des paiements sans service fait», en passant par des «surfacturations» pour l’acquisition de certains produits. Sans oublier certains paiements en espèces pour des achats, ce qui est contraire à la règle dans l’Administration publique. Il faut savoir que sur les 1000 milliards du fonds Covid-19 dont il est question, 628 milliards de Cfa étaient tirés du Trésor public, tandis que pour 372 milliards, il s’agissait de mesures de renonciations fiscales visant à permettre à des entreprises privées nationales de pouvoir supporter le choc de la perte de leurs activités économiques et de ne pas mettre la clé sous le paillasson durant la période du Covid-19.
Le fonds Covid-19 devait permettre la mise en œuvre du Programme de résilience économique et sociale (Pres) en ses 4 axes, à savoir le soutien au secteur de la santé, le renforcement de la résilience de la population et de la cohésion sociale, la sauvegarde de la stabilité macroéconomique et financière, ainsi que la sécurisation de l’approvisionnement et de la distribution des denrées alimentaires, des médicaments et de l’énergie.
QUE DEVIENNENT LES PEPITES DE LA DERNIERE CAN U17
Deux ans après la CAN U17 2023 en Algérie, qui a vu le Sénégal soulever le trophée face au Maroc, plusieurs révélations de la compétition poursuivent leur progression, entre éclats précoces, blessures freinantes et intégrations discrètes dans le monde pro
En 2023, la CAN U17 a permis de révéler plusieurs talents. Certains ont franchi un cap en rejoignant des clubs prestigieux.
Deux ans après la CAN U17 2023 en Algérie, qui a vu le Sénégal soulever le trophée face au Maroc, plusieurs révélations de la compétition poursuivent leur progression, entre éclats précoces, blessures freinantes et intégrations discrètes dans le monde professionnel.
Koné à MU, Doumbia en A, Aït Boudlal en Ligue 2
Parmi les trajectoires les plus spectaculaires, celle de Mamadou Doumbia (Mali) retient l’attention. Auteur de 4 buts à la CAN U17, puis d’un triplé à la Coupe du monde U17, l’avant-centre de 1m92 s’est rapidement imposé comme une référence. Aujourd’hui à Watford, il alterne entre les pros (18 apparitions) et les U23, et a fêté sa première cape avec les Aigles du Mali en septembre 2024, ponctuée d’un but.
Autre ascension notable, celle d’Abdelhamid Aït Boudlal, ancien capitaine du Maroc finaliste du tournoi. Prêté par Rennes à Amiens, le défenseur central s’est imposé en Ligue 2 (8 matchs). Classé par The Guardian parmi les 60 plus grands talents nés en 2006, il poursuit son développement sereinement et Walid Regragui l'a déjà convoqué en A en octobre 2024.
Un certain Sekou Koné (Mali) a rejoint Manchester United cet été contre la modique somme d'1.20 million d'euros. Sur la feuille de match des Red Devils à trois reprises, il n'a cependant encore jamais évolué en Premier League et gratte du temps de jeu avec la réserve (8 matchs de championnat). Son coéquipier Ibrahim Diarra, qui s'est toutefois révélé plus au Mondial U17 qu'à la CAN U17, a signé de son côté au FC Barcelone.
Souleymane Alio, de la CAN à la Scandinavie
Élu meilleur joueur du tournoi, Souleymane Alio (Burkina Faso) a confirmé son statut. Après une CAN U17 étincelante, il a signé en Norvège, dans le club de Nordsjaell en provenance du New Stars FC. Il y poursuit sa progression avec les U17, loin des projecteurs, mais avec ambition. Le meneur burkinabè symbolise cette nouvelle génération qui s’exporte méthodiquement.
Lyon parie sur les pépites sénégalaises
L’Olympique Lyonnais a flairé le bon coup en recrutant fin 2024 deux vainqueurs sénégalais du tournoi : Fallou Fall et Pierre-Antoine Diatta Dorival. Le premier, milieu offensif formé au Dakar Sacré Cœur, séduit par sa vista et sa qualité de passe. Engagé jusqu’en 2028, il évolue avec les U19 et espère intégrer progressivement le groupe pro.
Le second, milieu défensif solide, a déjà foulé les pelouses en National 3 (13 rencontres) avec la réserve et a été convoqué pour un stage avec les pros en février 2025. Ces signatures confirment la stratégie lyonnaise de miser sur le talent africain.
Blessures : quand le destin s’en mêle
Tous n’ont pas eu la même chance. Amara Diouf, meilleur buteur du tournoi (5 buts), a connu un départ canon : plus jeune international sénégalais A à 15 ans, face au Rwanda, il devait rejoindre Metz en 2026. Mais une rupture des ligaments croisés en juillet 2024 a brutalement ralenti sa progression. Opéré et en rééducation, il vise un retour pour la CAN U20 2025 à la fin du mois. Malgré les tensions entre son entourage et Génération Foot, il reste l’un des grands espoirs du continent.
Côté algérien, Moslim Anatouf, capitaine charismatique des U17, a également été freiné. Touché au genou début 2024, il a repris avec la réserve du MC Alger en avril 2025, retrouvant le chemin des filets. Son retour tombe à point nommé avant les échéances africaines des U20.
Enfin, des profils comme Mohammed Hamony (Maroc), qui évolue aujourd’hui avec Gérone en Youth League après son transfert du Havre, illustrent une montée plus discrète mais continue. Il avait d'ailleurs était observé pour un potentiel transfert vers le Barça, avant de choisir l'autre club catalan.
De la lumière de la CAN U17 à la réalité parfois rugueuse du football professionnel, les parcours diffèrent, mais une chose est sûre : la génération CAN U17 2023 continue d’écrire sa propre histoire. Charge aux pépites de l'édition 2025 d'en faire de même
Par Texte Collectif
LA CONDAMNATION DE BOUALEM SANSAL OU L’OBSESSION DE MUSELER UN ECRIVAIN ICONOCLASTE
L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal a été condamné, le jeudi 27 mars 2025, à une peine de 5 ans de prison ferme et à une amende de 500 000 dinars (environ 3500 euros). C’est une forfaiture. C’est sa grande plume qui dérange
L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal a été condamné, le jeudi 27 mars 2025, à une peine de 5 ans de prison ferme et à une amende de 500 000 dinars (environ 3500 euros). On lui a reproché, entre autres, au bout d’un procès injuste, d’atteinte à l’unité et à l’économie nationales, d’outrages à un corps constitué (notamment l’Armée), de détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité. C’est une forfaiture. C’est sa grande plume qui dérange.
L’on savait que son sort était déjà scellé. Le procès n’était rien d’autre qu’une farce. L’Algérie, qui a un sérieux problème avec son passé colonial, a décidé d’emprisonner un écrivain pour ses idées. Il semble que, en Algérie, la colonisation et la guerre de décolonisation hantent et traumatisent, empêchant ainsi la fécondation des possibles et la naissance de nouvelles utopies. Cette affaire, faut-il le rappeler, a exacerbé les tensions diplomatiques entre l’Algérie et la France, car l’auteur de 2084 : la fin du monde (Gallimard, 2015) a récemment acquis la nationalité française. L’écrivain Kamel Daoud -un autre indésirable d’Alger- disait que, aujourd’hui, pour être un Algérien authentique, il faut détester l’ancienne puissance coloniale. Les autorités ont développé cet imaginaire de la haine. De la vengeance.
Opa sur la liberté d’expression
La condamnation de Boualem Sansal constitue une attaque inacceptable contre la liberté d’expression et le droit fondamental des intellectuels de penser librement. Ce procès pour ses écrits ou ses prises de position est non seulement une tentative éhontée de museler une voix dissidente, mais aussi une entrave au débat d’idées, fondement de toute démocratie. Hommes de plume et citoyens attachés aux principes de liberté, nous dénonçons fermement cette injustice et appelons à la mobilisation contre cette censure ignominieuse, qui vise à étouffer toute pensée critique.
A travers la condamnation de Boualem Sansal, c’est tout un principe fondamental qui est mis à mal : celui de la liberté d’expression, de la pensée libre, de la résistance par la parole. Mais à chaque tentative de museler l’écrivain, ce dernier se redresse, plus fort, plus déterminé. A chaque injustice, à chaque censure, il répond par l’écrit. Et ce faisant, il unit les voix de tous ceux qui, partout dans le monde, résistent à l’oppression, à la violence, à l’injustice.
Ecrire est un art de résister
Dans les interstices de l’histoire humaine, une force silencieuse et tenace, tissée d’encre, de mémoire et d’audace, traverse les âges : l’écriture. Non celle qui se contente de satisfaire les attentes d’un lectorat mondain ou qui se plie aux contraintes du système académique, mais celle qui, dans son essence la plus pure, s’oppose aux systèmes d’oppression, qu’ils soient visibles ou insidieux. Cette écriture-là n’est pas un ornement ; elle est un acte de résistance. Elle dérange, ébranle et trouble les certitudes qui rassurent. Elle s’élève contre l’injustice, contre l’oubli, contre la tyrannie du conformisme. Elle résiste.
L’écrivain véritable, celui qui incarne l’éthique du courage intellectuel, est sans cesse placé au cœur d’une contradiction essentielle : oser dire, c’est risquer l’anathème, mais se taire, c’est consentir à l’oppression. Dans des contextes historiques et politiques précis, l’écriture devient un acte de rébellion, une manière de préserver sa dignité, une quête de vérité et de liberté face à l’arbitraire. Boualem Sansal a fait ce choix. Dans une démarche consciente, il a pris la plume comme une arme, un cri de résistance contre une réalité défigurée par la peur et l’injustice. Son œuvre, nourrie d’une lucidité implacable, devient une forme de subversion permanente. Ce n’est pas un simple délit d’opinion qu’il a commis, mais un crime symbolique : celui de l’écriture, celui de la vérité, celui de la parole libre.
L’histoire des Lettres universelles est marquée par ces figures de plume qui, comme Sansal, ont défié les pouvoirs dominants, qu’ils soient politiques ou idéologiques, au nom d’une vérité supérieure. Victor Hugo, depuis son exil à Guernesey, n’a cessé de harceler de ses pamphlets incendiaires Napoléon III, dénonçant l’injustice et l’oppression sous toutes ses formes. George Orwell, dans 1984, a esquissé le portrait d’une société dystopique où la langue est instrumentalisée pour briser l’individu et manipuler la vérité. Anna Akhmatova, contrainte de réciter ses poèmes à voix basse, dans la clandestinité, savait que chaque mot écrit pouvait lui coûter la vie. Ces écrivains ont compris que l’écriture n’est pas un simple exercice littéraire : elle est un instrument de dénonciation, un cri de résistance contre le totalitarisme et l’aliénation.
L’écriture est résistance, car elle est mémoire. Face à l’effacement programmé des événements, à la manipulation de l’Histoire et au révisionnisme institutionnel, elle devient le dernier rempart contre l’amnésie collective. A travers ses mots, l’écrivain garde la trace des injustices, conserve la mémoire de ce que les pouvoirs cherchent à effacer. C’est ce que fit Aimé Césaire avec son Discours sur le colonialisme, où il n’exposa pas seulement une analyse froide, mais dénonça un crime contre l’humanité. De même, Assia Djebar, en donnant voix aux femmes algériennes dans L’Amour, la fantasia, n’a pas seulement écrit une œuvre littéraire : elle a inscrit dans l’Histoire ces voix étouffées, ces vécus invisibilisés. Ces écrivains ont fait de leur écriture un acte politique, un acte de justice
Boualem Sansal, tout au long de son parcours, n’a cessé de faire ce choix : celui de décrire l’Algérie postcoloniale avec une franchise parfois insupportable pour les élites, mais aussi pour les puissances internationales qui, souvent, ferment les yeux sur les dérives du pouvoir. Ses romans sont des accusations, ses essais des révélations. Et c’est cette parole libre qui dérange. Ce n’est pas simplement un écrivain que l’on veut réduire au silence, mais la parole même. Ce n’est pas un homme que l’on emprisonne, mais la possibilité même de la pensée libre.
L’écrivain, même incarcéré, ne se laisse pas confiner. L’écriture, une fois lancée, ne se résigne pas. Les livres circulent malgré les interdictions, les idées se transmettent à travers les frontières, défiant les lois et les censeurs. C’est là le pouvoir réel de la littérature : sa capacité à transcender les régimes, à survivre à la censure et à l’oubli. Le livre, une fois dans le monde, ne meurt jamais. Il devient une archive vivante, un témoignage pérenne qui défie les tentatives d’effacement.
Ce qui se joue avec Boualem Sansal aujourd’hui n’est pas un incident isolé, mais le symptôme d’un phénomène plus vaste. Partout dans le monde, les écrivains, redevenus des figures menaçantes, sont l’objet de surveillance et de répression. Leur danger n’est pas leur pouvoir matériel, mais leur liberté intellectuelle. L’écrivain ne dépend de personne ; il n’a de comptes à rendre qu’à sa conscience. C’est cela qui fait de lui un ennemi des régimes autoritaires : il n’est pas un instrument entre les mains de ceux qui détiennent le pouvoir, il est la voix qui échappe, qui dénonce, qui résiste.
Les régimes qui persécutent les écrivains révèlent leur propre fragilité. Car ce qu’ils redoutent, ce n’est pas tant l’individu, mais la pensée qu’il incarne. Le mot écrit est plus puissant que les murs de la prison, plus inaltérable que les forces répressives. Il s’étend, il traverse les continents, il s’infiltre dans les esprits. Et c’est là l’essence de la littérature : elle perdure au-delà des tyrans. Chaque texte, chaque parole libre devient un acte de défi contre l’oubli.
Une plume ne se juge pas
L’écrivain n’écrit pas pour flatter les pouvoirs en place. Il écrit pour la vérité, pour la liberté, pour la justice. Il ouvre des brèches là où d’autres se résignent. Et c’est en cela qu’il incarne la résistance. Chaque mot qu’il écrit, chaque phrase qu’il forge, devient une arme. L’écrivain porte en lui la flamme de la liberté, une flamme qui ne se laisse pas éteindre. Même dans les ténèbres, cette braise continue de briller.
Boualem Sansal, par son courage et sa plume, incarne cette flamme. Il est un porteur de braise. Et chaque mot qu’il écrit est un défi lancé à l’oppression. Il nous rappelle que la pensée libre ne s’éteint jamais, qu’elle résiste, même sous les cendres les plus épaisses.
Boualem Sansal, à travers son œuvre, incarne cette quête permanente de vérité, ce défi lancé à l’ordre établi. Son écriture est une insurrection pacifique, une dénonciation sans fard des injustices. Aujourd’hui, il est persécuté pour avoir osé dire ce qu’il fallait dire. Mais son courage, loin de l’abattre, ne fait que renforcer la portée de ses mots. Ses écrits, tout comme ceux de nombreux écrivains avant lui, traverseront le temps. Ils seront lus, relus, étudiés, et dans chaque lecture, dans chaque réflexion, sa pensée continuera de vivre, d’éclairer, de libérer.
L’écriture, plus que jamais, est notre bien le plus précieux. Elle est notre mémoire, notre combat, notre révolte. Elle est l’âme du peuple, la voix des opprimés, le miroir de l’Histoire. Elle ne craint pas les dictatures, elle ne se laisse pas écraser sous les talons des tyrans. Elle est la braise qui, une fois allumée, continue de brûler dans le cœur des hommes, éclairant le chemin de la liberté. Cette braise, même menacée par le vent de l’oppression, résiste. Elle perdure, elle éclaire, elle libère.
Nous écrivons, donc, non seulement pour Boualem Sansal, mais pour tous ceux qui, à travers le monde, se battent pour que la pensée demeure libre. Nous écrivons pour la mémoire, pour la vérité, pour la justice. Et à chaque ligne, à chaque mot, nous affirmons notre refus de la soumission. Nous affirmons que l’écriture ne peut être jugée, elle doit être lue, défendue et préservée. Car c’est dans l’écriture que réside la véritable force de la liberté humaine.
Le monde des Lettres doit se mobiliser davantage contre cette forfaiture, en écrivant, car c’est dans l’écriture que se forgent les imaginaires de liberté, de paix et de justice. Somme toute, chaque écrivain est porteur d’une flamme qu’aucun vent de censure de la part de dirigeants ignares ne peut éteindre.
SIGNATAIRES :
1- Baba DIENG, Chroniqueur, Sénégal ; 2- Mama Ndiaw GOUMBALE, Ecrivain, poète et romancier, Maître en Droit Public, Université Gaston Berger, Sénégal ; 3- Mamadou CISS, Journaliste, Sénégal ; 4- Mamadou DIOP, Etudiant en Droit public, Université Gaston Berger, Sénégal ; 5- Mackiyou DIOUF, Etudiant en Science politique, Université Gaston Berger, Sénégal ; 6- Moussa THIMBO, Etudiant en Droit public, Université Gaston Berger, Sénégal ; 7- Ousmane BALDE, Etudiant en Droit privé, Ecrivain, Université Gaston Berger, Sénégal ; 8- Djibril BA, Université Gaston Berger, Sénégal ; 9- Pathé NDIAYE, Etudiant en Droit public, Poète, Université Cheikh Anta Diop, Sénégal ; 10- Seydou Barham DIOUF, Etudiant en Science Politique, Université Cheikh Anta Diop, Sénégal.
L’ETAT RECOLTE UN MILLIARD
Depuis le 1er juillet 2024, les plateformes numériques et les fournisseurs en ligne étrangers sont obligés de payer, conformément aux dispositions de l’article 355 bis du Code général des impôts (Cgi), une Tva sur les prestations de services numériques.
La Tva sur les prestations de services numériques, en vigueur depuis juillet 2024, a permis à l’Etat sénégalais d’encaisser un milliard de francs Cfa, un montant en deçà de l’objectif de 4 milliards de francs Cfa, a indiqué, hier, le Directeur général des Impôts et domaines, Jean Koné, en marge de l’ouverture de la Conférence internationale sur la fiscalité de l’économie numérique organisée à Dakar par la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (Acbf), en partenariat avec le ministère sénégalais des Finances et du budget.
Depuis le 1er juillet 2024, les plateformes numériques et les fournisseurs en ligne étrangers sont obligés de payer, conformément aux dispositions de l’article 355 bis du Code général des impôts (Cgi), une Tva sur les prestations de services numériques. L’application de cette taxe a permis au Trésor public d’encaisser une somme d’un milliard de francs Cfa. L’objectif était de collecter trois ou quatre milliards de francs Cfa, a déclaré, hier, le Directeur général des Impôts et domaines, Jean Koné, en marge de la Conférence internationale sur la fiscalité de l’économie numérique organisée à Dakar par la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (Acbf), en partenariat avec le ministère sénégalais des Finances et du budget.
Cette rencontre vise à faire «un état des lieux des avancées réalisées par les pays africains en matière de fiscalité du numérique, à la lumière de l’évolution des politiques fiscales nationales, régionales et internationales».
Le ministre des Finances et du budget rappelle qu’en «2023, le Forum économique mondial a noté qu’au cours des dix dernières années, l’économie numérique a cru à un rythme 2, 5 fois supérieur à celui du Pib de l’économie traditionnelle ; alors que selon la Banque mondiale, elle constitue plus de 15% du Pib mondial». Ainsi, souligne Cheikh Diba, «en Afrique, l’économie numérique est un moteur de transformation. Avec 70% de la population âgée de moins de 30 ans, un taux de pénétration d’Internet en hausse de 27% en 2023 et une adoption massive de la «mobile money» entraînant une transaction de 1105 milliards de dollars sur le continent durant l’année écoulée, ce qui représente une augmentation de 15% par rapport à 2023».
Mais aux yeux du Secrétaire exécutif de l’Acbf, cette révolution digitale pose un défi fiscal crucial. En effet, précise Mamadou Bitèye, «seuls moins de 20% de pays africains ont mis en place des régimes fiscaux adaptés au service numérique. Ce qui entraîne des pertes fiscales estimées à 6, 5 milliards de dollars par an». Pour lui, «l’harmonisation fiscale permettrait non seulement de lutter contre l’évasion fiscale, mais aussi d’assurer une répartition plus juste des richesses générées par l’économie numérique».
Pour répondre à ces enjeux, recommande le Secrétaire exécutif, «nos administrations fiscales doivent elles-mêmes embrasser la transformation digitale. L’intégration des technologies numériques dans leurs processus fiscaux renforcera leur efficacité, leur transparence et la responsabilité, garantissant ainsi une fiscalité adaptée aux réalités économiques contemporaines et contextuelles.
La fiscalité de l’économie numérique et la transformation digitale de nos administrations fiscales sont des enjeux majeurs en Afrique».
Il invite les Etats à adopter des réformes adaptées, à renforcer leurs capacités et à promouvoir des stratégies fiscales modernes pour capter les opportunités du numérique, tout en assurant une justice fiscale équitable.
Cette conférence de deux jours a pour thème : «Fiscalité de l’économie numérique dans les pays africains : renforcer les capacités pour une fiscalité efficace de l’économie numérique en Afrique.»
Par Baba DIENG
POLITIQUES DE L’INIMITIE
Politiques de l’inimitié (La Découverte, 2016) est le premier opus d’une trilogie du Camerounais Achille Mbembe – grand penseur de notre époque.
Politiques de l’inimitié (La Découverte, 2016) est le premier opus d’une trilogie du Camerounais Achille Mbembe – grand penseur de notre époque. Dans cet essai magnifique, et brûlant d’actualité, le lauréat du prestigieux prix Holberg 2024, y «explore cette relation particulière qui s’étend sans cesse et se reconfigure à l’échelle planétaire : la relation d’inimitié.» Il semble que la constitution d’un «monde hors relation», et littéralement fragmenté, est irréversible. Les différences, qui devraient être célébrées, deviennent des problèmes insolubles. Le réflexe d’appartenance à une tribu, qui est de l’ordre instinctif, domine celui de la conscience d’une humanité partagée et riche de sa diversité. En Europe, par exemple, les partis d’extrême-droite pullulent. Le rejet de l’Autre est un sport national. On cherche, par tous les moyens, à imputer aux étrangers la responsabilité des déconfitures des pouvoirs publics.
La figure de l’étranger, c’est-à-dire le «non-semblable», remplit une «fonction défensive» dans notre monde. Elle est celle qui n’appartient pas à la tribu, à la communauté ; celle dont la présence est nuisible, dissimulée ; celle qui se caractérise par son ubiquité, sa dangerosité, la menace permanente qu’elle représente. L’ennemi, qui «devrait être entendu dans son acception concrète et existentielle et non point comme une métaphore ou comme une abstraction vide et sans vie», est partout. Il représente un réel danger puisqu’il avance masqué, «sans visage, sans nom et sans lieu.» La menace, selon cet imaginaire d’un ennemi omniprésent, devient diffuse et mortifère. Elle justifie de ce fait toutes les violences exercées sur ceux que l’on considère comme nuisibles à la communauté – le musulman, la femme voilée, le Nègre, l’immigré, l’intrus, le juif, le réfugié, l’Arabe, pour n’en citer que quelques-uns.
La guerre, qui «aura été la matrice du développement technologique au cours des siècles précédents», est devenue le «sacrement de notre époque». Au sortir de la Grande Guerre, qui a été extrêmement traumatisante pour la mémoire collective, l’on s’est donné l’illusion de conjurer à jamais la guerre sous toutes ses formes. L’invasion de l’Ukraine par la Russie – qui est, aujourd’hui, dit-on, une menace pour la sécurité du Vieux Continent – est venue ébranler toutes les certitudes. Le mythe de la souveraineté, qui a longtemps été érigé en balustrade pour empêcher à certains États de s’attaquer à d’autres, est en train de s’effondrer. Mais, pis encore, la guerre se fait au milieu des populations civiles, causant ainsi d’innombrables victimes, principalement les femmes et les enfants.
Parallèlement à ces guerres entre armées régulières, surgissent, au sein des États, d’autres forces clandestines qui cherchent à affaiblir, voire à supplanter, ceux-ci. Il faut dire que la «guerre n’oppose plus nécessairement des armées à d’autres ou à des États souverains à d’autres. Les acteurs de la guerre sont, pêle-mêle, des États proprement constitués, des formations armées agissant ou non derrière le masque de l’État, des armées sans État mais contrôlant des territoires bien distincts, des États sans armées, des corporations ou compagnies concessionnaires chargées de l’extraction de ressources naturelles mais qui, en outre, se sont arrogé le droit de guerre.»
En Afrique subsaharienne, particulièrement, les factions terroristes – qui pèsent sur les «marchés régionaux de la terreur» du fait de leur «capacité de se déplacer sur des distances, d’entretenir des alliances changeantes, de privilégier des flux au détriment des territoires, et de négocier l’incertitude» – deviennent de plus en plus invincibles. Les pays de l’Aes, où les militaires ont arraché le pouvoir pour restaurer la sécurité, font face à cette montée en puissance meurtrière de ces groupes terroristes. Les victimes ne se comptent plus. Ces États dont les armées, squelettiques, et incapables d’assurer la sécurité des personnes et des biens, ont décidé de faire appel à des mercenaires. Mais en vain. Cette impuissance devant les terroristes constitue, au fond, un anéantissement de l’idée de politique, gage de l’ordre et du progrès dans une communauté.
La «sortie de la démocratie» est aussi un des faits majeurs de notre époque. La crise de la démocratie est mondiale, profonde. La période de l’euphorie démocratique, après la chute de l’Union des républiques socialistes soviétiques (Urss), dans les années 1990, relève désormais de l’histoire ancienne. Les démocraties, dans leur fonctionnement, deviennent de plus en plus illibérales – c’est l’historien et sociologue français Pierre Rosanvallon qui parle, non sans oxymore, de «démocratie illibérale.» Le rétrécissement des libertés se manifeste, entre autres, par la manipulation des règles du jeu démocratique, la répression des voix dissidentes, les diverses mesures visant à torpiller la presse, l’interdiction systématique des manifestations, le non-respect du Droit, etc. L’utilisation excessive de la violence témoigne, en outre, de la tendance illibérale des démocraties contemporaines. Celles-ci, précise-t-il, «ont intégré dans leur culture des formes de brutalité portées par une gamme d’institutions privées agissant en surplomb de l’État, qu’il s’agisse des corps francs, des milices et autres formations paramilitaires ou corporatistes.»
L’essai se termine par un appel à habiter le monde ensemble, à «passer constamment d’un lieu à un autre», à tisser, avec les autres, un «rapport de solidarité et de détachement.» Pour ce faire, il faut développer une politique de l’en-commun, qui permet à tous les peuples du monde de s’insérer pleinement dans les «Circulations», avec «l’éthique du passant», sans être détestés, traqués et éconduits. En réalité, cette utopie révèle plus d’une obligation qu’un choix puisque le «monde n’ayant plus de pharmacie unique, il s’agit donc, véritablement, si l’on veut échapper à la relation sans désir et au péril de la société d’inimitié, d’habiter sous tous ses faisceaux.»
La lecture de ce texte, in fine, rappelle, et fort malheureusement, la manière dont, chez nous, le parti Pastef a fait de la haine un instrument politique. Le leader de cet avatar du populisme, conformément à sa vision manichéenne et étriquée du monde, a toujours présenté ses adversaires comme de la vermine. Il a vendu de la haine à ses inconditionnels. L’inimitié, avec ces gens là, est devenue une valeur ; elle est célébrée. L’ennemi est celui qui s’oppose à la moraline sociale dominante. Le lien social commence à devenir celui de l’inimitié. Notre pays devient, progressivement, pour reprendre Amin Maalouf de l’Académie française, une «jungle de haines où tout le monde se sent victime et voit autour de lui que des prédateurs.» Les nantis, accusés de tous les maux de Nubie, sont les prédateurs qui, avec la complicité de «l’élite corrompue», sucent le sang de la populace.
POST-SCRIPTUM : Notre pays a perdu le président du Conseil constitutionnel, le juge Mamadou Badio Camara. Les Sénégalais retiendront de lui celui qui a eu les coudées assez franches pour dire non à l’autorité politique. La tenue de la Présidentielle a été salvatrice pour notre démocratie. Le président de la République Bassirou Diomaye Faye, contrairement à son Premier ministre qui a récemment traité cet éminent magistrat de «corrompu», a rendu hommage à un «grand serviteur de l’État.» Je m’incline devant la mémoire de ce grand Sénégalais.
QUARANTE ANS DE CENSURE MÉDIATIQUE EN CASAMANCE
De l'expulsion de Sophie Malibeaux de RFI en 2003 à la fermeture temporaire du Groupe Sud Communication en 2005, les autorités sénégalaises ont systématiquement restreint la couverture médiatique de la crise
L’Etat du Sénégal a toujours été regardant et strict sur la couverture médiatique des activités et autres sujets relatifs à la crise en Casamance, un des plus vieux conflits sur le continent africain, enclenché en 1982. Quarante ans plus tard, malgré la longue période d’accalmie, des journalistes et acteurs des médias continent de faire face au contrôle des autorités, à leurs dépens.
Une équipe de la chaîne de télévision «Al Jazeera», accréditée au Sénégal, dépêchée en Casamance pour un reportage sur le retour des populations déplacées de guerre dans leurs villages d’origine, a été interpellée dimanche dernier, 13 avril 2025, à l’aéroport du Cap Skirring (dans la région de Ziguinchor) par la police et la gendarmerie, sur ordre des autorités locales, leurs passeports et matériel saisis, le temps d’être renvoyés à Dakar, le lendemain. L’Association de la presse étrangère au Sénégal (APES) a qualifié cette interpellation d’«une entrave sans précédent (…) à l’exercice du travail d’une équipe régulièrement accréditée auprès des autorités sénégalaises».
Contexte marqué par la signature d’un accord de paix entre l’etat et le MFDC, en Guinée Bissau
Cette interpellation intervient dans un contexte marqué, après plusieurs années d’accalmie notée dans la région naturelle, par la récente signature d’un accord de paix entre l’Etat sénégalais et le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) en Guinée-Bissau. En effet, le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a signé, le 23 février 2025, après trois jours de réunion, un protocole d’accord de paix avec l’une des factions du MFDC, notamment des responsables du Front Sud. Le nouvel accord conclu à Bissau, sous la médiation du président Umaro Sissoco Embalo, prévoit d’abord le dépôt des armes et la démobilisation des combattants du Front Sud, dirigé par César Atoute Badiate, ainsi que leur réinsertion dans la société. Il engage également les autorités à organiser le retour des populations déplacées, parfois depuis plus de vingt (20) ans, dans leurs villages d’origine. C’est dans le sillage d’un accord similaire qui avait déjà été signé, en 2022, sous l’ancien président sénégalais Macky Sall. Mais la situation n’avait que peu évolué.
D’ailleurs, dans le cadre de l’exécution du « Plan Diomaye pour la Casamance », un important programme d’accompagnement des populations déplacées de retour dans leurs villages d’origine a été officiellement lancé par la ministre de la Famille et des Solidarités, Maïmouna Dièye, le 11 janvier 2025, à Ziguinchor. Il s’agit de la phase pilote du Projet d’accompagnement des déplacés de retour en Casamance (PADC), exécuté par le Programme d’Urgence de Modernisation des Axes et territoires frontaliers (PUMA), pour accompagner le retour des personnes déplacées par le conflit armé dans leurs villages d’origine. Prévu sur la période 2024-2025, le PADC est financé à hauteur de 4 milliards 698 millions FCFA, pour le relogement des déplacés, la construction et l’équipement d’écoles, de postes de santé, de pistes de production, d’adduction en eau potable, d’installation d’antennes notamment pour le réseau téléphonique pour le désenclavement, etc.
Une interpellation qui en cache plusieurs autres
Ce fait en rappelle plusieurs autres mais surtout la position des autorités sénégalaise sur tout ce qui touche à la crise casamançaise notamment dans les média. En octobre 2003, Sophie Malibeaux, correspondante de Radio France Internationale (RFI) à Dakar, a été expulsée du Sénégal pour « nécessité d’ordre public». En cause, la diffusion d’une interview jugée « tendancieuse » d’Alexandre Djiba, figure radicale du MFDC, réalisée à Ziguinchor, en marge des Assises sur la paix en Casamance qui se tenaient du 6 au 7 octobre 2023, qu’elle couvrait. Sophie Malibeaux avait alors été interpellée le 7 octobre par des agents de la Brigade mobile de sûreté (BMS) qui l’ont reconduite par avion à Dakar. Un arrêté d’expulsion lui a été remis et motivé « par nécessité d’ordre public».
Le gouvernement d’alors, sous la présidence d’Abdoulaye Wade, avait qualifié cet entretien « d’ingérence grave et manifeste dans les affaires intérieures du Sénégal» et de «tentative de sabotage» du processus de paix. La journaliste, était dans le viseur des autorités pour avoir critiqué la gestion du naufrage du bateau «Ms Le Joola», l’intervention des responsables de la «radio mondiale» ne changera pas la décision prise parle gouvernement, le 7 octobre 2003, d’expulser Sophie Malibeaux, Après une suspension temporaire de la mesure, la correspondante de RFI sera renvoyée à Paris, la capitale française, où elle est arrivée, le 25 octobre, dans la matinée.
Cette mesure avait provoqué une vive réaction de la presse nationale et internationale. Des organisations comme la Fédération internationale des Journalistes (FIJ), le syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (SYNPICS) et de la société civile (la RADDHO) avaient alors dénoncé «une atteinte grave à la liberté d’informer et un climat croissant d’intimidation envers les journalistes en Afrique de l’Ouest».
Deux ans plus tard, les média du Groupe Sud Communication paieront les frais. Suite à la diffusion d'une interview du chef rebelle Salif Sadio, de la branche armée irrédentiste du MFDC que les rumeurs les plus folles d’alors donnaient pour mort, sur la radio privée Sud FM, et dans l’édition du jour de Sud Quotidien, la police avait procédé à la fermeture de l'ensemble des relais/support du groupe de presse dans le pays, le 17 octobre 2005. La totalité du personnel trouvé dans les locaux de la radio et du quotidien à Dakar, ainsi que le chef de la station locale de Ziguinchor, en Casamance, Ibrahima Gassama, auteur de l’entretien, avaient été placés en détention. Mais c’était sans compter avec la forte mobilisation de toute la presse et de la société civile, y compris des politiques, pour dénoncer «Le Monstre», en référence au titre de l’éditorial commun signé dans toute la presse.
Ils seront finalement relâchés le même jour, dans la soirée, la radio autorisée à reprendre ses émissions et le journal sa parution, suite à l’annonce de la levée de la mesure de suspension par le ministre de l'Information. Malgré la lourde charge d’«atteinte à la sûreté de l'Etat» retenue, les 19 membres du personnel dakarois de Sud FM et Madior Fall, alors coordonnateur de Sud Quotidien, pouvaient quitter le Commissariat central de Dakar où ils avaient été conduits. Le chef de la station régionale de Ziguinchor (Casamance, Sud) aussi. Même si aucune plainte n'a été déposée contre la radio et le journal, les autorités ont cependant saisi une caméra et une cassette vidéo de l'interview du chef rebelle lors d'une perquisition au domicile du journaliste de Ziguinchor.
Aussi, plusieurs journalistes ont été la cible d’attaques verbales directs des autorités sénégalaises, y compris parle chef de l’Etat, suite à des questions «dérangeantes» (comme sur l’autonomie de la Casamance) qu’ils auront osé poser sur la gestion du conflit en Casamance en conférence de presse ou d’autres occasions.
La sécurité, une motivation des interpellations ?
Néanmoins, certains justifient cette posture des autorités par un réflexe sécuritaire. En atteste, depuis le début de la mise œuvre de ce programme de retour des déplacés, tous les reportages réalisés dans les zones concernées (Djibidione dans le Nord Sindia, Boutoupa Camaracounda et environs dans le Niaguiss – dans la région de Ziguinchor -, et en zone de frontière dans le département de Goudomp, région de Sédhiou), ont été organisés et encadrés par l’Armée, à travers la Direction des relations publiques des Armées (DIRPA), et par les autorités étatiques, notamment l’Agence nationale de relance des activités socioéconomiques de la Casamance (ANRAC), sous la surveillance de l’Armée.
Surtout que la région a été également le théâtre de plusieurs cas d’enlèvements ou prises d’otage, c’est selon, cependant jamais revendiqués parle MFDC, sur lesquels un mystère plane jusqu’ici. Parmi eux, les plus médiatisés sont la disparition des couples de touristes français Martine et Jean Paul Gagnaire et Catherine et Claude Cave (04 touristes en vacances), disparus dans la cité balnéaire de Cap Skiring, le 06 avril 1995 , et celle de quatre jeunes coupeurs de bois, introuvables depuis aout 2018. Partis à la cueillette de fruits sauvages dans la forêt de Boussoloum, dans la commune de Boutoupa Camaracounda, (département de Ziguinchor), le 04 aout 2018, ces quatre personnes ne seront jamais revenues, du moins jusque-là.
Il y a aussi le cas du jeune étudiant de l’Université virtuelle du Sénégal (UVS) porté disparu dans la forêt de Goudomp, dans la région de Sédhiou, en 2019. Parti à la recherche des bœufs de son père, volés par des inconnus, il a suivi les traces de ces voleurs, mais il ne reviendra plus jamais. Et l’un des derniers cas est celui de l’agent de la sécurité de proximité (ASP), Barthélemy Diatta, kidnappé, le 22 janvier 2023, dans la forêt de Santhianba Manjack, par des individus supposés rebelles. Six (06) mois plus tard, l’ASP Barthelemy Diatta, a été retrouvé mort. C’est le 21 juin 2023, en début de soirée, que la nouvelle de sa mort avait fait le tour de Ziguinchor. Après qu’un membre de sa famille, alerté, a pu identifier le corps en état de décomposition avancé. Il avait été inhumé sur place.
Prises d’otages de militaires par le MFDC
Ce recours aux prises d’otages, par le MFDC, n’épargnera pas les forces de défense. En décembre 2011, cinq (05) soldats sénégalais avaient été pris en otage suite à une attaque, le 13 décembre, par le MFDC, du cantonnement militaire du village de Kabeum, dans la région de Sédhiou. L’Armée sénégalaise, qui avait nié avoir subi des pertes, avait précisé, dès le19 décembre, rechercher cinq (05) de ses éléments disparus à la suite de l’attaque. Elle confirmera, le mardi 28 décembre, que ces militaires, dont on était sans nouvelles depuis deux semaines, sont désormais aux mains des indépendantistes du MFDC. «L’Armée informe que cinq parmi les six (soldats) manquant à l’appel sont présentement entre les mains du MFDC», avait informé la DIRPA, sans préciser le sort du dernier soldat disparu.
Un mois plus tard, le MFDC revendiquera d’autres otages. Finalement, tous les huit militaires retenus en otages par les indépendantistes, seront libérés et convoyés par vol spécial à Dakar où ils ont été reçus par le chef de l’Etat, Macky Sall, le 10 décembre 2012, accompagnés de quelques ministres gambiens. Le président de la République de Gambie d’alors, Yahya Jammeh, aura joué le rôle de facilitateur dans la libération des otages et la Communauté Sant’Egidio qui a assuré le travail de médiation.
Près d’une décennie après, même scénario s’est déroulé. Sept (07) militaires sénégalais de l’ECOMIG, la Mission ouest-africaine (de la CEDEAO) en Gambie, avaient été retenus en otage par des éléments de Salif Sadio, suite à un accrochage, survenu le24janvier2022. Ils seront à leur tour tous libérés, le 14 février 2022, à la mi-journée, par des rebelles casamançais, lors d’une cérémonie qui s’est déroulée en l’absence de Salif Sadio, le chef du MFDC, des autorités de Dakar et de celles de Banjul qui n’ont pas envoyé de représentant. En bonne santé, sains et saufs, ils ont été remis à la CEDEAO, les mains libres, entourés de rebelles, en milieu rural, près de la frontière avec le Sénégal. En présence de quelques personnalités dontle représentant de la CEDEAO, deux membres du CICR, ainsi qu’un responsable de la communauté Sant’Egidio, qui a fait office de médiateur pourfavoriser cette libération. La suite, des semaines après, l’Armée investira cette zone Nord, qu’elle ratissera largement pour démanteler les bases rebelles, ce qui contribuera à maintenir le calme observé depuis, après le nettoyage du front Sud.
L'IMPRÉCISION JURIDIQUE N'EMPÊCHE PAS LA POURSUITE POUR HAUTE TRAHISON
Le constitutionnaliste Oumar Sow analyse les implications juridiques et politiques de la démarche initiée par Guy Marius Sagna contre Macky Sall, et explique pourquoi l'absence de définition précise de ce crime ne constitue pas un frein à la procédure
Que ceux qui soutiennent qu’il sera difficile voire impossible de poursuivre un ancien chef d’État du Sénégal pour haute trahison, parce qu’aucun texte de loi ne le définit se le tiennent pour dit ! Pour le professeur de droit constitutionnel à l’Ucad, Oumar Sow, cette absence de définition n’est pas un obstacle. Il s’est confié à Sud Quotidien.
Professeur, quelles sont les chances de voir cette démarche inédite au Sénégal aboutir quand on sait qu’aucun texte de droit ne définit ce qu’est la haute trahison ?
Sur les conséquences, évidemment, ce sera l'application d'une disposition constitutionnelle en sommeil. J'estime que lorsqu'une disposition constitutionnelle existe, on doit l'appliquer. C'est ce qu'on appelle la règle de la permanence. La règle de droit, elle est permanente. Donc, on a dans notre Constitution une disposition constitutionnelle. Et donc, ces dispositions constitutionnelles là, si on doit en faire usage, il faut juste veiller à ce qu'on respecte, justement, à ce que dit la Constitution et les lois. Donc, aujourd'hui, si la haute trahison venait à être appliquée à l’ancien Président de la République, on dira que, finalement, on est en face de l'application d'une disposition constitutionnelle. Ensuite, on veillera à ce que tout ce que prévoit la Constitution en termes de prescription, de règles, soient respectées.
Quelles en peuvent être les conséquences si jamais la Haute cour de justice venait à poursuivre l’ancien président de la République ?
Vous avez raison de parler de caractère inedit. C’est la première fois depuis l’indépendance qu’on pose un acte véritablement concret allant dans le sens de faire appliquer cette disposition qui était en veille. Mais l’absence de définition n’est pas un obstacle. Concrètement, ce que dit Guy Marius Sagna, c’est très simple : estce que le président Macky Sall durant l’exercice de ses fonctions a commis des actes pouvant etre qualifiés de haute trahison ? La Constitution dit que c’est l’Assemblée qui met en accusation. Ensuite, la Haute cour de justice juge. Quant à la procédure, elle est simple. On demande au député qui veut accuser le Chef de l’Etat, d’énumérer les faits qu’il considère qu’ils sont susceptibles de haute trahison. Une fois les faits énumérés et la résolution de mise en accusation votée, l’acte d’accusation aura pour conséquences de transférer le dossier à la commission d’instruction, composée de magistrats professionnels. La commission va vérifier sur les faits sont étayés par des preuves, sans même requalifier les faits. Parce que pour la haute trahison, les députés n’ont pas besoin de citer des infractions pénales (délit ou crime). On leur demande de citer des faits qu’ils considèrent constitutifs de Haute trahison. La commission d’instruction n’a pas de faculté de rendre une ordonnance de non-lieu. Elle doit rendre une ordonnance de renvoi (voir les articles 17 et 24 surla Haute cour de justice présidée par le premier président de la Cour suprême).
A Madagascar, on parle de crime contre l’État, contre les institutions. Au Gabon, dans le jugement de Ali Bongo, par rapport à son état civil, on a même estimé que la définition de la haute trahison peut être recherchée dans toutes les matières de droit. Donc, on est en face d’une incrimination qui est typiquement politique, qui n’a pas forcément besoin d’une qualification pénale pour aboutir.
Par ailleurs, il faut noter que la haute trahison ne concerne pas seulement un ancien président. Un président en exercice aussi peut être poursuivi. Le cas échéant, s’il est mis en accusation par l’Assemblée nationale, son sort n’est pas connu. Parce que la Constitution ne prévoit rien pour un président en exercice qui est mis en accusation. Pour moi, c’est un vide. On ne dit pas comment le pouvoir va etre géré ? Qui va exercer le pouvoir temporaire ? Voilà, autant de questions qui ne sont pas réglées.
Est-ce que l’ouverture d’une boîte de Pandore, comme l’estiment certains comme l’ancien président Abdoulaye Wade qui soutenait que le fait de vouloir poursuivre les anciens chefs d’Etat les contraint à rester au pouvoir ou bien, c’est une opportunité de montrer que personne n’est au-dessus de la loi ?
Au fond, il y a toujours des calculs dans des procédures comme ça. On peut penser que finalement, tant qu'on est au pouvoir et qu'on a sa majorité, eh bien, on ne sera jamais poursuivi pour autre raison. Un président qui arrive et qui poursuit son prédécesseur, on peut penser également qu'il devrait être regardant aussi par rapport à son avenir et que demain, quand il ne sera plus au pouvoir, il pourra certainement subir le même sort. Mais ça, ce sont des calculs, ce sont des projections. Moi, je voudrais être dans le présent. Je me dis quelque part qu’un chef d'État, il est comme tout le monde. Il a une responsabilité. D'ailleurs, on pense que la haute trahison est juste une responsabilité qui est dans la Constitution et qui incombe véritablement à un président qui n'est plus en fonction. Et qu'un président en fonction n'est pas concerné. Et c'est pourquoi, l’application de la haute trahison pour un président en exercice, au fond, traduit un état de crise exceptionnelle.
Donc, tant qu'on a sa majorité au Parlement, on n'est pas poursuivi. Mais quand on perd sa majorité, on peut être poursuivi. Et c'est ça, la bombe, d'ailleurs, que traduit la haute trahison dans la Constitution. C’est donc à la fois une boîte de pandore dans la justice.
L'essentiel, c'est que la procédure respecte les prescriptions constitutionnelles. Dans ce cas de figure, les appréciations connexes seront faites, forcément, par les spécialistes de la science politique. Toutefois, pour les juristes que nous sommes, on va se contenter de ce que dit la Constitution.
Pourquoi le législateur est resté muet sur la définition de la Haute Trahison ?
Le législateur n'a pas la prérogative de donner un contenu la haute trahison. C’est à la Constitution de le faire. Aujourd’hui, les tendances de la définition de la haute trahison justement, c'est la Constitution qui prévoit la haute trahison. La haute trahison n'existe pas dans le corpus pénal. En réalité, la haute trahison est une incrimination qui relève de la Constitution. Il appartient au constituant de lui donner un sens. En 2013, la CNRI avait proposé, dans le cadre de réformes proposées au président Macky Sall de définir la haute trahison. Mais attention, une définition parfaite, convenable de la haute trahison n’est pas du tout facile. Toutefois, dans tous les cas de figure, ce qu’il faut retenir, c’est que la haute trahison relèvera forcément d’une violation de la Constitution. On a prêté serment de respecter la Constitution, de respecter les lois de ce pays, de faire appliquer les lois mais également de veiller à leur respect. Donc, un président qui prête serment en tant que tel et qui commet des actes contraires, il commet la haute trahison. A partir de ce moment, il est clair que lorsqu'on viole la Constitution, il y a haute trahison mais en même temps aussi certaines infractions pénales peuvent être assimilées à la haute trahison. On le voit dans la Constitution du Tchad où on dit que la haute trahison renvoie à tel ou tel et ensuite on dit il y a d'autres faits qui sont assimilés à la haute trahison. Donc, pour dire simplement qu'on peut toujours tenter de chercher des définitions quelque part ailleurs mais encore une fois, il appartiendra à la Constitution de le faire. On attendra de voir les réformes à venir.
POUR MACKY SALL, UNE IMMUNITÉ PAS SI ABSOLUE
Bien qu'une loi protège les anciens présidents de la République, Serigne Thiam précise qu'elle n'interdit pas catégoriquement d'éventuelles poursuites judiciaires lorsque les conditions constitutionnelles sont réunies
Le député Guy Marius Sagna a officiellement déposé une proposition de mise en accusation de l’ex-président Macky Sall, qu’il soupçonne de faits pouvant relever de la haute trahison. Mais, selon Serigne Thiam, « pour que la procédure aboutisse, il faudra réunir la majorité qualifiée des 3/5 des 165 députés que compte l’Assemblée nationale. Si cette étape est franchie, la Haute cour de justice devra être activée, et l’ancien chef de l’État convoqué. Or, Macky Sall réside actuellement au Maroc, pays avec lequel le Sénégal ne dispose d’aucune convention d’extradition. Le seul levier juridique envisageable serait la délivrance d’un mandat d’arrêt international par un juge ».
Et de poursuivre : « Même si une loi protège les anciens présidents, elle n’interdit pas pour autant d’éventuelles poursuites, si les conditions posées à l’article 101 de la Constitution sont réunies. Cet article encadre la procédure devant la Haute cour de justice, mais n’offre aucune définition de l’infraction de haute trahison. D’où cette mise en garde : entre une mise en accusation et une inculpation, le fossé reste important »
LE DÉFI D'UN CONCEPT JURIDIQUE FLOU
Le flou juridique entourant la notion de "haute trahison" constitue l'un des obstacles à la mise en accusation de Macky Sall. Non définie dans les textes sénégalais, cette qualification laissera aux juges la responsabilité d'en déterminer les contours
Interpellé pour donner un avis purement technique sur le cas de figure que constitue la proposition de mise en accusation de l’ancien président Macky Sall devant la Haute cour de justice, un professeur agrégé de droit constitutionnel s’est prononcé sous le couvert de l'anonymat sur les tenants et aboutissants de la loi en question, sur la possibilité de voir une telle requête aboutir, et éventuellement sur ses éventuelles conséquences.
« Au Sénégal, un ancien président de la République ne peut être poursuivi que devant une seule juridiction : la Haute cour de justice. Aucune autre instance nationale ne peut se saisir d’éventuelles infractions commises durant son mandat. C’est ce que rappelle un spécialiste du droit, alors que la procédure enclenchée par Guy Marius Sagna à l’encontre de Macky Sall entre dans sa phase critique.
Installée il y a un mois, la Haute cour de justice pourrait donc être appelée à statuer. Encore faut-il, au préalable, qu’une proposition de résolution soit adoptée par les 3/5 des députés. Une majorité que détient l’actuelle coalition parlementaire, ce qui rend plausible le déclenchement de la procédure.
Une fois la résolution votée, le dossier sera transmis à la Haute cour de justice, composée de parlementaires mais présidée par un magistrat professionnel. Deux obstacles majeurs demeurent cependant. D’une part, la notion de "haute trahison" n’est définie par aucun texte juridique au Sénégal. En conséquence, il reviendra aux juges d’en donner une interprétation, selon la jurisprudence.
D’autre part, l’absence de définition précise soulève également la question de la peine. Ce sera au juge de déterminer à la fois si les actes reprochés à l’ex-chef de l’État relèvent de la haute trahison, et quelle sanction leur serait applicable. Dans cette optique, le principe de proportionnalité devra être scrupuleusement respecté, afin d’assurer que la peine prononcée corresponde à la gravité des faits établis »