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8 juin 2025
par Thierno Bocoum
LE PIÈGE DE L'ARROGANCE AU POUVOIR
Évoquer la pression populaire sur la justice comme une forme de régulation démocratique relève d’un populisme primaire inquiétant. Ce qui est inacceptable, c’est de brandir les limites de la liberté d’expression pour faire taire les critiques
Le Premier ministre entretient une confusion constante entre des concepts pourtant fondamentaux : le peuple et les partisans, la justice et la clameur populaire, la responsabilité gouvernementale et le militantisme politique. Ce brouillage délibéré le pousse à substituer le débat par la dispute, à préférer l’affrontement à la pédagogie. Le pugilat devient son langage favori, alors que les membres du gouvernement devraient s’attacher à éclairer les citoyens.
Il s’agace, même face à ceux qui ne font que le ramener à ses devoirs. Même le silence semble l’importuner, tant il devient hypersensible à toute forme de contradiction.
Privé d’actes tangibles pour accompagner ses discours enflammés, il s’enferme dans la diversion. Il allume des contrefeux pour fuir les vraies responsabilités, au lieu d’assumer les attentes légitimes de la population.
Ce Premier ministre semble d’ores et déjà mal engagé dans ce qui prend des allures de mandat présidentiel par procuration. Il donne l’impression de n’avoir ni la mesure des défis à relever, ni l’humilité nécessaire pour s’ouvrir à des cercles de réflexion, proches ou éloignés.
Évoquer la pression populaire sur la justice comme une forme de régulation démocratique relève d’un populisme primaire inquiétant. Il conviendrait de lui demander par quel mécanisme cette pression pourrait s’exercer sans compromettre l’indépendance de la justice, dont la réactivité dépend avant tout des moyens et des réformes que l’État est censé impulser.
Se glorifier de baisses de prix liées aux fluctuations du marché mondial, sans jamais en assumer les hausses quand elles surviendront, relève d’un opportunisme simpliste. Il serait plus responsable d’expliquer les choix économiques à travers une lecture structurelle — en évoquant les subventions, les mécanismes d’ajustement, ou des mesures durables — plutôt que de se contenter d’un discours conjoncturel et simplifié.
Ce qui est inacceptable, c’est de brandir les limites de la liberté d’expression pour faire taire les critiques, tout en orchestrant — par le biais de sa majorité parlementaire — l’amnistie d’auteurs de violences, d’incendies d’édifices publics, d’agressions verbales et d’actes de vandalisme. Cette posture incarne un double discours flagrant, entre le "Coumba am ndéyisme" et le "Coumba amoul ndéyisme".
Réduire toute forme d’opposition à de la haine personnelle est non seulement simpliste, mais hypocrite, surtout de la part de quelqu’un qui n’a jamais eu de scrupules à adresser des critiques virulentes à ses prédécesseurs sans jamais être taxé de haineux.
La multiplication de slogans, d’éléments de langage et de diversions ne suffira pas à masquer les carences manifestes en matière de gouvernance et de maîtrise des enjeux nationaux.
Thierno Bocoum est ancien parlementaire, président AGIR.
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FINANCER L'AFRIQUE AUTREMENT
L'économiste Abdou Cissé dessine les contours d'un système monétaire africain souverain, capable de financer le développement du continent sans les contraintes héritées de l'époque coloniale
Dans une interview accordée à l'émission "Décrypter l'Afrique" de la chaîne Le Média TV, l'actuaire et économiste Abdou Cissé dévoile les défis et les perspectives d'avenir du franc CFA, cette monnaie qui semble désormais "condamnée" à moyen terme.
Le débat autour de la souveraineté monétaire s'intensifie dans plusieurs pays africains. Au Sénégal, le président Bassirou Diomaye Faye a récemment affirmé que son pays "ne renoncera jamais à la quête de la souveraineté intégrale et à la recherche des voies et moyens pour disposer de sa propre monnaie", qu'il s'agisse d'une monnaie commune régionale ou d'une devise nationale.
En Côte d'Ivoire, Tidjane Thiam, président du PDCI et potentiel candidat à la présidentielle, partage cette vision : "La monnaie est un attribut essentiel de la souveraineté. Une nation qui n'a pas le contrôle de sa monnaie n'est pas vraiment souveraine."
Selon Abdou Cissé, la critique du franc CFA s'inscrit dans un contexte plus large d'inégalité entre les pratiques monétaires occidentales et africaines. "Comment les banques centrales occidentales peuvent-elles créer des centaines de milliards pour sauver leurs banques en période de crise, alors que nous, Africains, sommes contraints à des politiques monétaires restrictives qui freinent notre développement ?", s'interroge-t-il.
L'économiste cite plusieurs exemples frappants : la création de 250 milliards de francs suisses pour sauver le Crédit Suisse, l'injection massive de liquidités par la Réserve Fédérale américaine lors de la crise des banques régionales en 2023, ou encore la création par la France de la Société de Financement de l'Économie Française (SFEF) en 2008 pour emprunter 60 milliards d'euros hors dette publique.
L'analyse d'Abdou Cissé va plus loin en quantifiant les préjudices causés par les politiques économiques imposées aux pays africains. Les ajustements structurels des années 1980-1995, qui ont drastiquement réduit les dépenses publiques, auraient coûté au Sénégal environ 40 000 milliards de francs CFA en potentiel économique perdu.
Quant à la dévaluation du franc CFA de 1994, elle aurait représenté un coût supplémentaire de 38 000 milliards, portant le préjudice total à près de 78 000 milliards de francs CFA - bien plus que la dette actuelle du pays estimée à 18 000 milliards.
"On passe notre temps à compter notre passif, ce qu'on doit aux autres, mais il est grand temps qu'on compte ce que les autres nous doivent", affirme Cissé.
Malgré ce tableau sombre, des innovations prometteuses commencent à apparaître. La Côte d'Ivoire, par exemple, a lancé depuis 2017 des "CFA obligations", permettant d'emprunter en devises étrangères tout en libellant la dette en francs CFA. Ce mécanisme commence à faire du franc CFA une véritable devise internationale.
Abdou Cissé préconise également la création d'une holding financière dotée d'un capital d'un milliard de dollars pour financer les économies africaines, ainsi qu'une plus grande flexibilité monétaire pour les banques centrales régionales.
Pour l'économiste, l'avenir réside dans la création de marchés financiers interconnectés à l'échelle du continent et dans la cotation des matières premières africaines dans les monnaies locales.
"Comment expliquer que c'est nous qui produisons du coton, du cacao ou du cobalt, et que ces matières premières sont cotées à Londres ou aux États-Unis ?", s'indigne-t-il.
Cette "révolution de nature financière", fondée sur des innovations monétaires, constituerait selon lui l'étape décisive vers une véritable souveraineté économique africaine, au-delà de la simple question du franc CFA.
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LE TEMPS DE LA JUSTICE DOIT ÊTRE LE TEMPS DES HOMMES, SELON OUSMANE SONKO
Lors de sa présentation devant les députés ce lundi 14 avril, le Premier ministre a mis l’accent sur la nécessité de réformer le système judiciaire sénégalais. Il a affirmé que la justice doit être rendue rapidement et de manière accessible.
Face aux députés, ce lundi 14 avril, dans le cadre des « questions d’actualité », le Premier ministre a réaffirmé son engagement envers l’indépendance de la justice, tout en appelant à éviter toute dérive corporatiste ou politisée. Il a souligné l’importance cruciale de l’institution judiciaire pour la stabilité du pays, précisant que l’indépendance de la justice ne doit pas signifier une domination des juges. Selon lui, la justice sénégalaise a souffert d’un manque de crédibilité pendant longtemps.
Il a déclaré : « La justice doit être rendue. Elle a été discréditée pendant plusieurs années », appelant ainsi à une réforme profonde du système judiciaire. Ousmane Sonko a insisté sur l’importance de rendre la Justice rapidement et de manière accessible. Expliquant que « Le temps de la justice doit être le temps des hommes. Elle doit être rendue avec célérité ». Faisant référence aux nombreux dossiers en instruction dont les concernés attendent depuis des années sans être jugés. Il a plaidé pour des processus judiciaires plus efficaces, afin qu’ils soient véritablement au service des citoyens.
En réponse aux accusations d’ingérence dans les affaires judiciaires, le Premier ministre a tenu à préciser sa position : « Jamais, depuis notre accession au pouvoir, je n’ai usé de mon autorité pour faire arrêter qui que ce soit », réaffirmant ainsi son respect de l’indépendance du pouvoir judiciaire. Toutefois, il a prôné l’application de la « Tolérance Zéro » quant aux insulteurs sur le Web et les chroniqueurs dans les médias « qui sont payés porter atteinte à l’honorabilité des personnes ».
MANSOUR FAYE DEMANDE LA DÉCLASSIFICATION D'UN RAPPORT DE L'IGF SUR LA GESTION D'AMINATA TOURÉ
Dans une tribune publiée sur Facebook, le maire de Saint-Louis exige la déclassification de ce document portant sur la gestion de Mimi au Conseil Économique, Social et Environnemental.
Convoqué par la Division des Investigations Criminelles (DIC) pour affaire le concernant, Mansour Faye ne s’est pas empêché de tirer sur le régime actuel.
Dans une tribune qu’il a publiée sur sa page Facebook, il attaque l'ancienne ministre de la Justice et demande au chef de l’Etat de déclassifier un rapport de l’Inspection Générale d’Etat (IGF) sur le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) en rapport avec la gestion d’Aminata Touré.
Selon le maire de Saint-Louis, « cette mission a consisté à la vérification administrative et financière du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) sous la Présidence d’Aminata Touré, votre actuelle si ‘haute représentante’ qui vous précipitera à la trappe ».
Selon Mansour Faye, comme Mimi dit à qui veut l’entendre qu’elle n’a rien à se reprocher, « je demande solennellement à ma nièce , la mégère Dolores, de m’appuyer dans cette requête de déclassification de ce rapport concernant, en partie, sa gestion! ».
« Monsieur le président de la République, le Décret 2007-809 du 18 juin 2007, fixant les règles d’organisation et de fonctionnement de l’Inspection Générale d’Etat, en son article 6, alinéa 2, vous donne la prérogative exclusive de décider des suites à donner aux rapports produits par les Inspecteurs Généraux d’Etat. Ainsi, au nom de la Reddition des Comptes, la Transparence et l’Équité (sic!!!) que vous et votre parti, la Secte PASTEF, prônez, sauf si ce n’est faussement, je vous saurais gré de bien vouloir procéder à la déclassification du Rapport objet de l’ordre de mission numéro 000xx/CAB.PR.IGE de Décembre 2020. Pour plus d’objectivité vous pourriez demander à l’Inspection Générale d’État, elle-même, de procéder à sa présentation publique! », écrit-il, tout en décriant la déclaration du président le 4 avril « jetant en pâture la Justice sénégalaise dont vous êtes censé garantir le bon fonctionnement régulier, en demandant au ‘peuple de lui mettre la pression’ ».
Cela, indique-t-il, est révélateur « du non-respect de l’arrêt du juge des référés qui vous colle le tort de nous priver, en hors-la-loi, de notre liberté d’aller et de venir ! ».
LE POLICIER IMPLIQUÉ DANS LA MORT DE NGAGNE MBAYE AU BRÉSIL AFFECTÉ À UN POSTE ADMINISTRATIF
Contrairement aux rumeurs qui circulent, le policier brésilien n’a pas été incarcéré. Il a vu son arme de service et le bâton détenu par le commerçant sénégalais lors de la manifestation saisis par les enquêteurs
Contrairement aux rumeurs persistantes, le policier brésilien impliqué dans la mort de Ngagne Mbaye n’a pas été incarcéré. Il a été affecté à un poste administratif en attendant la fin de l’enquête. Son arme, ainsi que le bâton détenu par le commerçant sénégalais lors de la manifestation, ont été saisis à des fins d’investigation.
Les informations circulant sur les réseaux sociaux selon lesquelles le policier impliqué dans la mort du commerçant sénégalais Ngagne Mbaye aurait été incarcéré sont fausses. Selon des sources concordantes, l’agent en question a été retiré du terrain mais n’a pas été emprisonné. Il effectue actuellement des tâches administratives en attendant l’issue de l’enquête.
Dans le cadre de l’enquête en cours, l’arme de service du policier ainsi que le bâton que tenait Ngagne Mbaye lors de la manifestation ont été confisqués par les enquêteurs. Ces éléments sont essentiels pour déterminer les circonstances exactes du drame qui a coûté la vie au commerçant sénégalais.
L’affaire, très suivie par la communauté sénégalaise au Brésil et au Sénégal, continue de susciter de vives réactions. Les autorités locales assurent qu’une enquête impartiale est en cours pour faire toute la lumière sur cette tragédie.
MADIAMBAL DIAGNE INTERPELLE SONKO SUR SON AMNÉSIE POLITIQUE
Le journaliste a réagi aux déclarations du Premier ministre à l’Assemblée nationale ce lundi en l'interpellant sur ses prises de position passées et en rappelant les violences qui lui sont imputées.
Le journaliste Madiambal Diagne n’a pas tardé à réagir aux déclarations du Premier ministre Ousmane Sonko, ce lundi, à l’Assemblée nationale. Dans une sortie virulente, il interpelle le chef du gouvernement sur ses prises de position passées, tout en dénonçant une certaine forme d’amnésie politique.
« Arrive-t-il à Sonko de se souvenir de ce qu’il a pu dire dans ce pays ? », s’interroge-t-il, avant de rappeler que « les médias qu’il stigmatise n’ont jamais appelé à un coup d’État, à une insurrection, à dépecer un chef d’État, à tuer des juges, à incendier des maisons ou à saccager les domiciles de citoyens ». Une série de violences qu’il impute, sans détour, au leader de Pastef et à ses partisans : « Pourtant, lui et ses partisans l’ont fait », affirme Madiambal Diagne.
Cette déclaration s’inscrit dans un contexte tendu marqué par une volonté affichée par le gouvernement d’appliquer une politique de « zéro tolérance » envers les médias jugés partisans ou subversifs.
LA LOI INTERPRÉTATIVE N’EXISTE PAS, SELON DOUDOU NDOYE
Pour l'éminent juriste, la démarche d'interprétation législative récemment adoptée par l'Assemblée nationale sur initiative du député Amadou Ba constitue une invention sans fondement dans la tradition juridique
La loi interprétative de la loi d’amnistie n’existe pas dans le langage judiciaire, selon Me Doudou Ndoye. Ce dernier, qui ne voit pas sa raison d’être, affiche son espoir de voir aboutir le recours de l’opposition parlementaire introduit au niveau du Conseil constitutionnel pour attaquer cette loi.
La loi interprétative de la loi d’amnistie n’a pas sa raison d’être, selon Me Doudou Ndoye. Cela n’existe pas dans le langage judiciaire, a fait savoir l’avocat lorsqu’il s’est agi de donner son avis sur ce nouveau texte législatif, qui a été adopté au début du mois d’avril et portant l’initiative du député Amadou Bâ.
«Je souhaiterais qu’un professeur de Droit, un avocat, un magistrat français, ivoirien, congolais, béninois, sénégalais, me disent s’ils ont déjà vu une loi qui vient dire : «Je viens interpréter ma précédente loi.» Alors, nous sommes devant un nouveau déni juridique au Sénégal. Quelqu’un qui nous crée un système juridique nouveau, qui nous apporte ça et qui dit : «Je vais voter une loi interprétative.»», déclare Me Doudou Ndoye dans l’émission «Le Grand jury» qui passait hier sur la Rfm.
Me Ndoye affiche par ailleurs son espoir de voir aboutir le recours introduit par l’opposition parlementaire au niveau du Conseil constitutionnel.
«Je ne peux pas prétendre que le Conseil constitutionnel se dira incompétent. Celui qui le pense, il pense, il ne fait que penser. Le Conseil constitutionnel jugera et dira ce qu’il en sera», soutient l’avocat.
Me Doudou Ndoye a également manifesté son désaccord avec le Président Bassirou Diomaye Faye. Cela fait suite aux propos du chef de l’Etat qui estime que le Peuple a le droit de mettre la pression sur la Justice.
Me Ndoye juge «insensée» l’idée de remplacer le Conseil constitutionnel par une Cour constitutionnelle.
«Le mot «Cour constitutionnelle», l’appellation «Cour constitutionnelle» n’a aucun intérêt. Ce qu’il y a comme intérêt, c’est la mission, ce n’est pas le nom. Le nom n’a aucun intérêt. Ce que nous avons à faire, ce que les membres du Conseil constitutionnel ont à faire pour le bien du Sénégal, c’est ça qui est important», plaide Me Ndoye.
Ce dernier n’est pas pour que le président de la République continue de siéger au sein du Conseil supérieur de la Magistrature. «Si j’avais un choix à faire, je dirais que le chef de l’Etat ne serait pas membre du Conseil supérieur de la Magistrature.» Tel est l’avis tranché de Me Doudou Ndoye sur la question relative à l’organisation et la composition du Conseil supérieur de la Magistrature (Csm). Mais l’avocat tient tout de même à préciser que le chef de l’Etat aura son mot à dire par rapport aux décisions du Csm.
«Toute décision du Conseil supérieur de la magistrature lui sera soumise afin qu’il puisse contrôler et apporter son visa avant qu’elle ne soit appliquée», fait remarquer Me Ndoye. Ce dernier parle de cette nuance qui, selon lui, vise à préserver l’équilibre entre indépendance judiciaire et autorité institutionnelle, tout en posant les jalons d’une refonte plus ambitieuse de la fonction présidentielle. «Je veux à la tête du Sénégal un véritable chef d’Etat», a-t-il affirmé, insistant sur la nécessité de réformes structurelles fortes.
Me Ndoye a opposé un refus catégorique à la possibilité d’ouvrir le Conseil supérieur de la Magistrature à d’autres composantes de la société. «Non. Absolument pas !», répond-il, sec. Le Csm est une institution spécialisée qui doit rester entre les mains de ceux qui en connaissent les arcanes. «Le magistrat est le magistrat. Le magistrat est un corps ferme, un corps qu’on doit respecter», argue-t-il, avant de dire que le Csm est taillé exclusivement pour les magistrats.
«Le Conseil supérieur de la Magistrature, qui s’occupe de la carrière des magistrats, ne peut être constitué que par des magistrats, tout comme l’Assemblée nationale ne peut être composée que de députés», avance Me Ndoye.
Indépendance de la Justice
Le débat sur l’indépendance de la Justice et le rôle du président de la République dans la gouvernance judiciaire est relancé par l’avocat à un moment où les attentes citoyennes en matière de réforme institutionnelle sont de plus en plus pressantes.
Me Doudou Ndoye a par ailleurs une pensée pieuse à l’endroit de Me Koureychi Bâ et Mamadou Badio Camara, président du Conseil constitutionnel, qui viennent de quitter ce monde. Il leur a rendu un vibrant hommage pour le service qu’ils ont rendu à la Justice sénégalaise.
PAS DE BOL POUR J-P SENGHOR
Le Directeur exécutif du Conseil national à la sécurité alimentaire vient d'être limogé sans successeur désigné, laissant l'institution sous tutelle directe de la Primature. Une situation critique alors que près de 500 000 Sénégalais risquent la famine
Le Directeur exécutif du Conseil national à la sécurité alimentaire (Cnsa) vient d’être limogé sans avoir été remplacé, et la tutelle placée sous les ordres directs de la Primature. Le personnel, qui n’a pas perçu son salaire de mars, ni les moyens de travail, est inquiet de la menace de licenciements massifs. D’où une grosse vague d’inquiétude et de découragement.
Une structure créée par décret a été dissoute par un arrêté ministériel. Son responsable, nommé par arrêté du Premier ministre, limogé par une «note de service» du ministre-Secrétaire général du gouvernement. C’est la mise en pratique, par l’Etat-Pastef, de la politique de notre ancienne «Tata Mimi», d’accélérer la cadence politique. Cela permet d’éviter les lourdeurs administratives et les rigueurs de la loi, on peut présumer.
Pour faire passer la pilule, le Premier ministre a commencé par dissoudre le Secrétariat exécutif du Conseil national à la sécurité alimentaire. De ce fait, le Directeur exécutif se retrouve sans fonction, et la note de service le limogeant ne pourrait pas être dénoncé et attaqué. Entretemps, le personnel du Conseil national à la sécurité alimentaire (Cnsa) se trouve à se tourner les pouces, en attendant la nomination d’un nouveau responsable, appelé à remplacer M. Jean-Pierre Senghor, le directeur sorti. En plus de ne pas être payé, ce personnel n’a plus les moyens de réaliser les enquêtes de terrain sur la situation de la sécurité alimentaire dans le pays. Or, ces enquêtes sont vitales pour prévenir des cas de malnutrition, ou même pire.
Cette situation se produit au moment où, selon les derniers résultats provisoires recueillis par le Cadre harmonisé sur la situation alimentaire au Sénégal, environ 484 069 personnes, soit 2, 6% de la population nationale, encourent un risque de famine. Ce risque sera aggravé en période de soudure dans les départements de Goudiry et Salémata, dans la région de Kédougou. Les mois de juin, juillet et août seront également cruciaux pour d’autres départements, en plus des deux cités. Le Secnsa a d’ailleurs demandé de préparer au plus vite une assistance alimentaire à la population concernée. Il a aussi alerté sur le risque que la situation de détresse qui frappe ces populations ne s’étende sur d’autres parties du pays.
On peut, dans ces conditions, se demander l’urgence qu’il y a à remplacer le Directeur exécutif Jean-Pierre Senghor, sans lui avoir au préalable trouvé un remplaçant. A croire que les autorités politiques n’auraient pas la même perspective des urgences nationales.
Jean-Pierre Senghor a pris fonction au Conseil national à la sécurité alimentaire en 2017, en provenance du Prodac dont il venait d’être débarqué. Malgré des résultats mitigés, l’ingénieur agro-économiste a pu faire du Commissariat à la sécurité alimentaire un instrument fiable dont les travaux font référence auprès de partenaires tels que le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (Cilss), le Programme alimentaire mondial (Pam) ou la Fao. Selon des employés du Cnsa, le Cilss s’est même inspiré de leurs logiciels et de leurs méthodes de travail dans ses collectes de données. Et des pays comme le Bénin et d’autres ont envoyé des délégations au Sénégal pour copier les méthodes de travail du Commissariat dont «le leadership dans la lutte contre l’insécurité alimentaire est loué dans toute la sous-région».
Les employés, qui s’expriment ainsi, souhaitent être fixés rapidement sur leur sort, et surtout sur les coupes sombres qui vont s’opérer en leur sein. En effet, M. Senghor, en partant, aurait confié à des proches qu’il lui avait été demandé, par sa tutelle, de mettre fin à des contrats spéciaux de certains employés, ainsi qu’à certains Contrats à durée déterminée (Cdd). Est-ce sa lenteur à s’exécuter qui serait la cause du blocage des salaires, ainsi que du financement des enquêtes ? La conséquence en est un gros sentiment d’inquiétude face à l’insécurité alimentaire.
SONKO DÉVOILE DES RÉFORMES MAJEURES POUR RENFORCER LA TRANSPARENCE PUBLIQUE
En clôture de la séance de questions d’actualité à l’Assemblée nationale ce lundi 14 avril, le Premier ministre a présenté plusieurs réformes. Parmi les annonces : la réforme de l’OFNAC, la révision du système de déclaration de patrimoine des autorités...
En clôture de la séance de questions d’actualité à l’Assemblée nationale ce lundi 14 avril, le Premier ministre Ousmane Sonko a dévoilé plusieurs réformes majeures inscrites dans l’agenda du gouvernement pour renforcer la transparence et la redevabilité publique.
Il a annoncé une réforme de l’OFNAC, qui vise à redynamiser l’organe de lutte contre la corruption en le rendant plus indépendant et plus efficace. Une révision du système de déclaration de patrimoine des autorités publiques est également prévue, pour un meilleur contrôle et une plus grande exigence envers les gestionnaires de fonds publics.
Autre point fort : le chef du gouvernement a déclaré qu’une loi sur la protection des lanceurs d’alerte sera introduite, pour encourager la dénonciation d’actes de mauvaise gestion ou de corruption. Il a aussi confirmé qu’une loi sur l’accès à l’information sera proposée, afin de garantir aux citoyens un droit réel à l’information publique, condition essentielle d’une démocratie saine.
Avec ces annonces, Ousmane Sonko réaffirme l’engagement de son gouvernement à construire une gouvernance fondée sur l’éthique, la transparence et la participation citoyenne.
LE COMPTE À REBOURS EST LANCÉ POUR LE DIALOGUE NATIONAL
Le 7 avril 2025, le ministre de l’Intérieur a transmis aux acteurs politiques et de la société civile les termes de référence de cette concertation prévue le 28 mai prochain.
Le processus du dialogue national voulu par le président Bassirou Diomaye Faye est officiellement enclenché. Dans une lettre datée du 7 avril 2025, le ministre de l’Intérieur a transmis aux partis politiques et à la société civile le projet de termes de référence de cette concertation tant attendue. Les différentes parties prenantes ont jusqu’à la fin du mois pour formuler leurs observations et propositions.
Prévu pour se tenir le 28 mai prochain, ce dialogue se veut « inclusif et sincère », selon le gouvernement. Il s’articulera autour de trois axes majeurs : la démocratie et les droits humains, le processus électoral, les réformes institutionnelles.
Plusieurs sujets sensibles seront débattus, notamment le financement des partis politiques, le système de parrainage, l’introduction du bulletin unique, le droit de vote des détenus, ainsi que le rôle de la justice dans les processus électoraux.
Dans son discours à la Nation du 3 avril dernier, le président Faye avait réaffirmé son engagement envers la concertation nationale : « J’accorde une importance particulière au dialogue social et à la concertation permanente avec toutes les composantes de notre société », avait-il déclaré.
Le chef de l’État souhaite également associer les autorités religieuses et coutumières, la société civile, le secteur privé, ainsi que l’ensemble des forces vives de la Nation à cette dynamique de dialogue.