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8 juin 2025
UN PLAIDOYER POUR UN INTERNET MULTILINGUE AU SENEGAL
Rédigé par Ousmane Goudiaby dans le journal Sud Quotidien du lundi 14 avril 2025, cet article traite de la nécessité de promouvoir un Internet accessible dans toutes les langues locales du Sénégal, pour renforcer l’inclusion numérique
(SenePlus) Lors d'un atelier de formation tenu le samedi 12 avril 2025 à l’UCAD II, organisé par l’ONG Bokk Jang en partenariat avec l’ARTP (Agence de Régulation des Télécommunications et des Postes), ICANN (organisme international de gestion des noms de domaine) et d'autres partenaires tels que GAINDE 2000 et EXPRESSO, plusieurs experts se sont prononcés en faveur de l’Acceptation Universelle (UA). Ce concept vise à garantir que tous les noms de domaine — y compris ceux utilisant des caractères non latins, des extensions nouvelles ou locales — soient reconnus et utilisés de manière uniforme sur Internet.
Alex Corenthin, enseignant-chercheur retraité de l’École Supérieure Polytechnique (ESP) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, a souligné l'importance de développer Internet dans les langues locales (wolof, sérère, joola, peulh) ainsi que dans des scripts comme le wolofal (wolof écrit en caractères arabes). Selon lui, l'internet doit refléter la diversité linguistique et culturelle du Sénégal pour être véritablement inclusif et accessible au "citoyen lambda" et non réservé à une élite.
Il a insisté sur la responsabilité des ressources humaines locales pour trouver des solutions adaptées aux réalités du pays et sur l'impact que cela pourrait avoir sur un usage plus responsable et plus massif du numérique au Sénégal.
Quant à Coura Fall, vice-présidente de Bokk Jang, elle a rappelé les campagnes de sensibilisation menées depuis 2024 sur l’importance de l’Acceptation Universelle. Elle a mis en avant que cette initiative vise à intégrer les standards UA dans les infrastructures numériques locales, garantissant ainsi un internet plus équitable et ouvert.
Cet appel en faveur d'un internet multilingue est perçu comme un levier pour démocratiser l'accès au numérique, valoriser les langues nationales, et affirmer l'identité culturelle sénégalaise dans l'écosystème numérique mondial.
AL JAZEERA BLOQUÉE EN CASAMANCE
Les autorités sénégalaises auraient intercepté dimanche une équipe de la chaîne à Ziguinchor, confisquant équipements et documents. Nicolas Haque et sa collaboratrice Magali Rochat, pourtant dûment accrédités, auraient été sommés de quitter la région
(SenePlus) - Selon un communiqué de presse de l'Association de la Presse Étrangère au Sénégal (APES) daté du 13 avril 2025 parvenu à notre rédaction, une équipe de journalistes d'Al Jazeera a été détenue par les autorités sénégalaises lors d'une mission en Casamance.
L'équipe, dirigée par Nicolas Haque, chef du bureau d'Al Jazeera au Sénégal qui couvre l'Afrique de l'Ouest, et sa camerawoman Magali Rochat, a d'abord été interpellée par la police à son arrivée à l'aéroport de Cap Skirring à Ziguinchor dimanche. Après avoir été initialement libérés, ils ont été de nouveau interpellés à leur hôtel par des éléments de la gendarmerie nationale.
Les journalistes ont été conduits dans les locaux de la brigade de gendarmerie où ils ont subi des interrogatoires séparément, chacun pendant environ une heure, concernant leur déplacement prévu en Casamance. La mission de reportage portait sur le retour des déplacés de guerre dans leurs villages d'origine.
À l'issue de leur audition, les journalistes ont été libérés, mais leur matériel de reportage et leurs passeports ont été confisqués. Les autorités les ont informés qu'ils seraient renvoyés à Dakar dès le premier vol ce lundi 14 avril 2025.
L'APES dénonce fermement ce qu'elle qualifie "d'entrave sans précédent dans l'histoire du Sénégal" à l'exercice du travail journalistique d'une équipe régulièrement accréditée. L'association exige la restitution sans condition du matériel de travail des journalistes d'Al Jazeera et appelle les autorités sénégalaises à respecter la tradition d'ouverture et de tolérance du pays envers la presse.
Le communiqué souligne que le Sénégal accueille l'un des plus grands nombres de correspondants de presse en Afrique et a historiquement entretenu de bonnes relations avec les médias étrangers.
DIX INVENTEURS SENEGALAIS DISTINGUÉS
Dix (10) lauréats sénégalais ont été distingués, sur les douze (12) représentants du Sénégal au 50e Salon International des Inventions de Genève, en Suisse.
Dix (10) lauréats sénégalais ont été distingués, sur les douze (12) représentants du Sénégal au 50e Salon International des Inventions de Genève, en Suisse. C’est suite à un appel à candidatures que l’Etat du Sénégal, à travers le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI), a participé au cinquantième Salon des Inventions et des Innovations de Genève (Suisse) qui s’est tenu du 9 au 13 avril 2025.
«Douze (12) inventeurs sénégalais ont été sélectionnés et ont représenté notre pays. Au terme des évaluations, 10 parmi nos 12 inventeurs ont été primés». Le Sénégal revient ainsi de Genève avec «5 médailles d’or dont 4 avec les félicitations du Jury, 1 médaille d’argent et 4 médailles de bronze», précise un communiqué du MESRI. Parmi les médaillés d’or, Mme Nafissatou Diop a été récompensée pour «une machine automatisant le décorticage, l’extraction et le raffinage du ‘’ditax’’, un fruit riche en vitamine C». Son invention «remplace le procédé manuel long et inefficace, offrant une pulpe de qualité pour l’industrie agroalimentaire et facilitant la production à grande échelle», lit-on dans ce communiqué.
Aussi, M. Diouma Kobor a présenté «un Champ photovoltaïque curviligne et linéaire (CPCL) pour alimenter des sous-stations ferroviaires, des stations de recharge rapide et des zones agricoles». Cette innovation «utilise les voies ferrées, autoroutes et clôtures inutilisées, fournissant de l’énergie solaire tout en réduisant l’impact environnemental». M. Cheikhou Kane s’est distingué avec «un procédé de traitement des phosphates d’alumine pour produire des engrais granulés (NPK), de l’alumine pure et des rejets utilisables dans le BTP». Le procédé «permet de récupérer l’alumine et le phosphate par séparation chimique, avec un rendement élevé et compétitif». Autre invention, le moteur de M. Oumar Fall Haidara, quant à lui, «couple forces fondamentales magnétiques, gravitationnelles pour générer une propulsion», utilisant «des dispositifs oscillants et des interactions de champs de force». La cinquième médaille d’or est revenue à M. Adama Kane, inventeur de «Jokko Santé», «un système de paiement numérique sécurisé dédié à la santé», qui assure que «les dépenses de santé achats, dons, assurances sont traçables de bout en bout».
La médaille d’argent a été attribuée à M. Adama Faye pour «un appareil automatique pour mesurer la vitesse de sédimentation sanguine, destiné aux hôpitaux». Ce dispositif «améliore les méthodes manuelles et automatiques existantes, offrant des résultats plus précis pour le diagnostic de pathologies inflammatoires, infections et autres troubles médicaux»
Par ailleurs, quatre autres inventeurs sénégalais ont reçu des médailles de bronze. Il s’agit de : Thiouroupe Sène, qui a conçu «une batteuse qui facilite le battage et le vannage de l’arachide» ; Mouhamed Sy, auteur d’un «système de vaccination intelligent pour poussins» ; Cheikhouna Lo avec «une voiture solaire autonome» ; et Moustapha Ngom avec «une technologie transformant les déchets plastiques en nappes écologiques sans transformation chimique». Aussi, «nos deux inventeurs qui n’ont pas été expressément primés ont présenté des inventions originales et utiles qui méritent un suivi attentif», tient à souligner le MESRI. «La Fédération française des inventeurs et l’association des inventeurs Europe France (EFI) ont décerné un diplôme de félicitations accompagné d’un trophée à la délégation Sénégalaise pour sa participation très remarquée», ajoute la source.
Suffisant pour que le ministère exprime sa fierté. «Le MESRI félicite l’ensemble des participants pourleuringéniosité, leur audace, leur disponibilité et leur patriotisme. Toutes ces inventions primées à Genève montrent un réel besoin de résoudre des problèmes concrets rencontrés au niveau local. Cette approche endogène de l’invention et de l’innovation honore le Sénégal». Enfin, «ces performances sont rendues possibles grâce à la vision du Président de la République SEM Bassirou Diomaye Diakhar Faye et aux orientations du Premier ministre Ousmane Sonko», note la même source.
Le document conclut en soulignant le rôle des autres partenaires institutionnels : «Le ministère de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, à travers la Mission du Sénégal à Genève, a joué un rôle de premier plan dans ce projet, à toutes les étapes du processus. Le concours du ministère du Commerce et de l’Industrie a été aussi déterminant».
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SEYDI GASSAMA APPELLE AU BOYCOTT D’ISRAËL
Le directeur d'Amnesty International Sénégal a exhorté dimanche, ses compatriotes à boycotter tous les produits israéliens, qualifiant Netanyahu de « criminel » et dénonçant les bombardements à Gaza
Lors d'une importante manifestation de solidarité avec le peuple palestinien qui s'est tenue dimanche à Dakar, Seydi Gassama, directeur exécutif d'Amnesty International Sénégal, a lancé un vibrant appel au boycott des produits israéliens.
Face à une foule nombreuse rassemblée dans la capitale, le responsable de l'ONG de lutte pour les droits humains a haussé le ton contre Israël, dénonçant les bombardements à Gaza qu'il qualifie d'"inacceptables". "Ce qui se passe à Gaza nous interpelle tous, c'est notre humanité à chacun de nous qui est interpellée", a-t-il déclaré avec émotion.
Dans son discours, Seydi Gassama a particulièrement insisté sur la nécessité d'un boycott économique. "Il faut boycotter Israël", a-t-il martelé, ciblant spécifiquement certains produits distribués localement. "Il faut boycotter les dattes de l'ambassadeur d'Israël à Dakar. Aucun Sénégalais ne devrait prendre les moutons de Tabaski de l'ambassadeur d'Israël", a-t-il poursuivi avec fermeté.
Le directeur d'Amnesty a qualifié ces dons d'"argent taché de sang", accusant Israël de chercher à "acheter la conscience des Sénégalais" tout en poursuivant ses opérations militaires à Gaza. "Ce sont des criminels qui confisquent la terre des Palestiniens, qui détruisent les habitations des Palestiniens", a-t-il affirmé.
Cette manifestation a rassemblé un large spectre de la société sénégalaise, avec la présence notable de nombreux députés et de diverses personnalités politiques. Seydi Gassama a également appelé le gouvernement à "continuer à être proactif" et à se joindre à l'Afrique du Sud dans ses actions juridiques internationales contre Israël.
"Netanyahu est un criminel qui doit répondre de ses crimes devant la Cour pénale internationale", a conclu le responsable d'Amnesty International, sous les applaudissements de la foule qui scandait "Boycotte Israël" et "Vive la résistance".
UN SEUIL DE 10 MILLIONS FIXE
Le Gouverneur de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a établi à dix millions de francs CFA le seuil au-delà duquel toute somme transportée doit faire l’objet d’une déclaration aux points d’entrée ou de sortie du territoire.
Le Gouverneur de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a établi à dix millions de francs CFA le seuil au-delà duquel toute somme transportée doit faire l’objet d’une déclaration aux points d’entrée ou de sortie du territoire. Cette disposition s’inscrit dans le cadre des efforts continus de lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et la fraude transfrontalière au sein de l’Union.
Dans cette perspective, la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) rappelle que tout transfert physique de fonds dépassant ce seuil doit impérativement être déclaré auprès des services douaniers compétents, que ce soit à l’entrée ou à la sortie des États membres. En application des textes communautaires en vigueur, tout voyageur transportant une somme égale ou supérieure à 10 000 000 FCFA (environ 15 000 euros), ou l’équivalent en devises, est tenu de procéder à une déclaration formelle auprès des autorités douanières. Cette mesure vise à assurer une traçabilité rigoureuse des flux financiers physiques circulant au sein de l’espace communautaire.
Elle s’inscrit dans une stratégie de vigilance renforcée, destinée à contrer les pratiques financières illicites, tout en favorisant des échanges économiques transparents et sécurisés. Les services douaniers sont, à cet effet, autorisés à effectuer des contrôles inopinés. Tout manquement à cette obligation est passible de sanctions, parmi lesquelles la confiscation des sommes non déclarées, ainsi que des poursuites administratives ou judiciaires Au-delà des voyageurs individuels, cette réglementation s’applique également aux transporteurs de fonds, aux établissements de transfert d’argent, ainsi qu’aux opérateurs économiques intervenant dans le commerce transfrontalier, lesquels sont tenus de s’y conformer strictement.
La Commission de l’UEMOA exhorte l’ensemble des usagers à observer avec rigueur cette obligation, considérée comme un levier stratégique de préservation de la sécurité financière et de consolidation de la stabilité économique régionale. Cette mesure est entrée en vigueur le 18 mars dernier. Dans cette optique, des campagnes de sensibilisation sont actuellement en cours dans plusieurs États membres, afin de favoriser une meilleure appropriation de la réglementation par le grand public.
LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL À L'ÉPREUVE DES TEXTES
Les textes de la haute juridiction suffisent-ils à garantir son fonctionnement après le décès de son président? Yaya Niang analyse les carences juridiques qui pourraient forcer l'institution à "invoquer son statut de régulateur" pour combler les vides
Enseignant-chercheur en Droit public à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, Dr Yaya Niang donne son avis argumenté sur l’impact que pourrait avoir le rappel à Dieu du président du Conseil constitutionnel, Mamadou Badio Camara. Il partage son analyse sur le fonctionnement de cette institution saisie la semaine dernière, par un groupe de députés de l’opposition d’un recours contre la loi dite interprétative.
Spécialiste du droit constitutionnel, Dr Yaya Niang a également précisé au sujet de ce recours qu’il appartiendra au Conseil constitutionnel d’apprécier souverainementles moyens pour aboutir à une conclusion : la constitutionnalité ou l’inconstitutionnalité de la loi soumise à son examen.
Conseil constitutionnel : quelle gouvernance après la disparition de son président ?
« Les textes restent sommaires et évasifs sur cette question. Cependant, le Conseil constitutionnel pourrait invoquer son statut de régulateur ou adopter une interprétation large pour assurer la continuité, comme il l’a déjà fait dans le passé.
Du point de vue du caractère évasif des textes, on peut invoquer la loi organique numéro 2016- 23 du 14 juillet 2016 surle Conseil constitutionnel et le décret numéro 2021-300 du 25 février 2023 portant approbation du règlement intérieur de la juridiction constitutionnelle. En effet, la loi organique précitée dispose en son article 23 que « si l’un des membres du Conseil, temporairement empêché, est le Président, le vice-président assure l’intérim ». Il apparait ainsi que cette disposition évoque l’intérim du président du Conseil constitutionnel lorsque survient son empêchement temporaire. Or, nous sommes en présence d’un décès, soit un empêchement définitif. L’application de cette disposition pourrait donc être écartée sauf interprétation extensive
Cependant, le décret susmentionné, portant approbation du règlement intérieur du Conseil constitutionnel, se contente d’évoquerl’intérim, en cas d’absence et d’empêchement du président, sans en préciser le caractère temporaire. Plus précisément, l’article 3 du règlement intérieur édicte qu’« en cas d’absence ou d’empêchement, l’intérim est assuré par le vice-président, ou à défaut, parle membre le plus ancien ». Par interprétation, le décès peut entrer dans le champ d’application de cette disposition dès lors que l’empêchement n’a pas été qualifié. Dans ce cas précis : « temporaire ».
Il en résulte que l’empêchement évoqué dans cet article peut aussi bien être temporaire que définitif. S’il est admis que le décès est considéré comme un empêchement définitif, l’on pourrait en conclure, dans ce cas d’espèce, que l’intérim pourrait être assuré soit par le vice-président, soit parle doyen d’âge lorsque le vice-président est empêché ».
Du point de vue jurisprudentiel, il faut rappeler que, dans le passé, lorsque le Conseil constitutionnel s’était retrouvé dans une situation où sa composition n’était plus conforme aux textes pour pouvoir délibérer valablement, la juridiction constitutionnelle a invoqué son statut de régulateur pour se passer de la contrainte textuelle. C’est dire que l’œuvre jurisprudentielle pourrait combler la carence textuelle.
Recevabilité du recours déposé par l'opposition contre la loi interprétative
« La question de recevabilité ne devrait pas se poser. C’est l’examen des conditions de forme qui aboutit à la recevabilité. Un recours est recevable dès qu’il est introduit devant la juridiction compétente dans les conditions prescrites par les textes, plus précisément l’article 74 de la Constitution. Ce sont des conditions liées aux délais (six jours francs après l’adoption de la loi) et à la qualité des requérants (seize députés au moins). Lorsque ces conditions seront remplies, le Conseil constitutionnel jugera le recours recevable. Ensuite, se prononcera sur la question de fond, qui est celle de savoir si les moyens juridiques invoqués à l’appui du recours sont de nature à conclure á l’inconstitutionnalité de la loi dite interprétative. C’est la solidité et la pertinence des moyens soulevés qui en détermineront la portée. Ils peuvent se porter sur le principe d’égalité, la nature de la loi déférée, de son objet modificatif ou interprétatif et de son caractère intelligible ou inintelligible. Il appartiendra au Conseil constitutionnel d’apprécier souverainement les moyens pour aboutir à une conclusion : la constitutionnalité ou l’inconstitutionnalité de la loi soumise à son examen ».
Il est donc clair que la suite des événements sera largement conditionnée par la teneur des moyens avancés.
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IL FAUT ABSOLUMENT SE MÉFIER DU POPULISME
"La justice n'est pas un justicier", lance Maurice Soudieck Dione face aux pressions populaires sur le traitement des dossiers concernant l'ancien régime. "L'application excessive du droit conduit fatalement à l'injustice", rappelle-t-il
Selon le professeur agrégé de Science politique à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, Maurice Soudieck Dione la justice ne doit pas être rendue de manière populiste. Invité de l’émission Objection de la radio Sudfm (privée) hier, dimanche 13 avril, le professeur agrégé de Science politique se démarque des critiques de certains partisans du régime en place sur le fonctionnement de la justice qu’ils jugent lent dans le traitement des procédures impliquant des personnalités de l’ancien régime du Président Macky Sall.
Le professeur agrégé de Science politique à l’université Gaston Berger de Saint-Louis se démarque des critiques de certains partisans du régime en place sur le fonctionnement de la justice qu’ils jugent lent dans le traitement des procédures impliquant des personnalités de l’ancien régime du Président Macky Sall. Interpellé sur ce débat hier, dimanche 13 avril lors de son passage à l’émission Objection de la radio Sudfm (privée), Maurice Soudieck Dione a été clair. Quoique admettant que «la justice est rendue au nom du peuple sénégalais », il a précisé que « cela ne veut pas dire que la justice est rendue de manière populiste ». « La justice n'est pas un justicier. Il ne faut pas oublier que l'opinion n'est pas la science, et comme dit Gaston Bachelard, l'opinion a un droit d'avoir toujours tort. Ça veut dire que la justice ne va pas fonctionner sous le diktat de l'opinion, parce que l'opinion est par nature capricieuse et instable, fluctuante et mouvante », a-t-il souligné. Sous ce rapport, il a recommandé une méfiance absolue du populisme dans le traitement des dossiers judiciaire.
« Les procédures judiciaires doivent être respectueuses des droits et libertés des mises en cause, et de ce point de vue, il faut absolument se méfier du populisme, parce que comme disaient les anciens à travers cet aphorisme, « l'application excessive du droit conduit fatalement à l'injustice »
Poursuivant son analyse, l’enseignant agrégé en Science politique a également souligné qu’il ne faudrait pas oublier que l'opinion peut être facilement manipulée, comme l'ont exprimé avec beaucoup de pertinence tous les théoriciens de la psychologie sociale, comme Gustave Lebon, comme Gabriel Tarde, comme Serge Tchakhotine dans « Le viol des foules par la propagande politique » publié en 1939, où il parle de cette « théorie de la seringue hypodermique ».
« Donc il faut naturellement se méfier des pressions populaires et populistes sur la justice, et que la justice, certes, doit être une justice efficace, une justice diligente, mais aussi une justice respectueuse des droits et libertés des mis en cause, parce qu'autrement ce n'est plus une justice. Eh bien, on entre dans une optique où la justice devient un justicier, un bras vengeur etrevanchard. Et de ce point de vue-là, on n'est plus dans la justice, mais on est dans le règlement de comptes », a-t-il conclu.
De la "théorie de la seringue hypodermique"
La "théorie de la seringue hypodermique" postule que le message propagandiste est reçu passivement par les individus, sans résistance ni esprit critique, comme une injection directe dans le subconscient. Tchakhotine s’appuie sur les méthodes utilisées par les régimes totalitaires, notamment le nazisme, pour démontrer l’efficacité redoutable de ces techniques. Il s’insurge contre l’utilisation de la science au service de la manipulation idéologique. Pour lui, seule une éducation à l’esprit critique et une presse libre peuvent immuniser les sociétés contre ces dérives. Son œuvre reste d’une étonnante actualité à l’ère des réseaux.
LE SENEGAL, AVEC LA RDC, LA RCA ET LE GHANA
Les 13 équipes qualifiées pour la CAN U20 2025 sont désormais fixées sur leurs adversaires le tirage au sort de la Coupe d’Afrique des nations des moins de 20 ans du 27 avril au 18 mai en Egypte.
Après un changement opéré suite au repêchage de la Tunisie consécutif au retrait de la Côte d’Ivoire, la CAF a repris hier, dimanche, le tirage au sort de la CAN U20 qui se déroulera qui du 27 avril au 18 mai en Egypte. Le Sénégal, champion en titre, est logé dans le groupe C et hérite de la République Centrafricaine, la RD Congo et le Ghana.
Les 13 équipes qualifiées pour la CAN U20 2025 sont désormais fixées sur leurs adversaires le tirage au sort de la Coupe d’Afrique des nations des moins de 20 ans du 27 avril au 18 mai en Egypte. Le tournoi, qui devait initialement se tenir en Côte d’Ivoire, a connu un changement majeur de dernière minute avec la renonciation la Côte d’Ivoire à accueillir la compétition. Une situation qui a permis à la Tunisie d’être repêchée et de rejoindre les 12 autres qualifiées.
Champions en titre, les Lionceaux du Sénégal héritent d’un groupe C où ils retrouveront la République Centraficaine, la RD Congo et le Ghana. Dans le Groupe A, le pays hôte, l’Égypte, va croiser la Zambie, la Sierra Leone, l’Afrique du Sud et la Tanzanie. Le Groupe B aura des allures de groupe de la mort. Le Nigeria, nation la plus titrée dans cette catégorie junior affrontera la Tunisie, le Kenya et le Maroc.
LE JARAAF SURPREND L’AJEL ET CONSOLIDE SA PLACE DE LEADER
Après sa qualification dans le dernier carré de Coupe du Sénégal, le Jaraaf a enchaîné avec un précieux succès arraché hier, dimanche sur la pelouse de l’AJEL de Rufisque dans le cadre de la 19e journée de la Ligue 1.
Après sa qualification dans le dernier carré de Coupe du Sénégal, le Jaraaf a enchaîné avec un précieux succès arraché hier, dimanche sur la pelouse de l’AJEL de Rufisque dans le cadre de la 19e journée de la Ligue 1. Ce qui lui permet de consolider son fauteuil et s’écarter de son dauphin, l’Us Gorée et des promus Thiéssois de Walidaan.
Au sortir de quelques semaines de trêve, le Jaraaf de Dakar a réussi une bonne reprise en s’offrant un nouveau succès lors du déplacement qu’il a effectué au stade Ngalandou Diouf où il affrontait l'AJEL de Rufisque. Qualifiée mardi en demi-finale de la Coupe du Sénégal, les « Verts et Blanc », se sont imposés sur le score de 1- 0. Ben Makha Ba a scellé la victoire de son équipe en marquant, d’une tête plongeante, l’unique but de la rencontre (1-0; 11e).
Avec 38 points au compteur, les Médinois confortent leur place de leaders et s’écartent un peu plus de l’Us Gorée, (2e, 34 points). Le club insulaire qui avait encore une bonne occasion de reprendre le fauteuil a été accroché (0-0) à domicile par les Huiliers de la Sonacos de Diourbel (10e ; 22 points).
Les promus de Walidaan de Thiès complètent le podium après leur courte victoire (1-0) obtenue sur leur pelouse et qui enfonce davantage le Jamono de Fatick au fond du classement (16e ; 19 points).
Pour les autres rencontres, l’As Pikine a réussi le carton de cette journée de reprise en allant s’imposer (1-3) sur la pelouse des promus de Oslo Football Académie de Grand Yoff, (14e, 19 points). Une bonne opération qui permet aux Pikinois de relever un peu plus la tête et de se hisser à la 14e place (19 points). La Linguère de Saint Louis a également enregistré un résultat positif lors de la réception de Teungueth Fc au stade municipal de Kébémer. Les Saint Louisiens qui retrouvaient leur entraineur Amara Traoré de retour de suspension, se sont imposés sur le score de 1 à 0. Ce qui leur permet de remonter au milieu de tableau 69e, 23 points).
De son côté, le champion en titre rufisquois perd pied et se voit releguer à la 12e place à deux points de la zone de relégation.
En ouverture de la 19e journée, l’Us Ouakam a également repris avec le succès en dominant (1-0) vendredi au stade municipal de Ngor l’Asc HLM. Ce qui le place à la cinquième place avec 29 points. L’équipe des HLM, quant à elle, reste maintenue dans la position de première relégable (15e ; 18 points) et à deux points de la lanterne rouge. La pêche aux points n’a toutefois pas été fructueuse pour le Casa Sports (13e, 20 points). Les Ziguinchorois se sont inclinés (0-1) à domicile face à Dakar Sacré cœur (8e, 23 points).
La 19e journée sera bouclée ce lundi 14 avril, avec le duel qui opposera au stade Amadou Barry deux équipes au coude à coude dans le classement. Il s’agit de Guédiawaye FC (7e ; 25 points) et Génération foot (6e ; 26 points).
Par Ousmane Camara GUEYE
L'OPPORTUNITÉ STRATÉGIQUE QUE LE SÉNÉGAL NE DOIT PAS RATER
Le Sénégal peut, et doit, jouer un rôle central dans ce basculement. Il peut devenir, à la fois, une terre d’accueil pour les industries en quête de stabilité, et un débouché alternatif pour les produits chinois en butte aux restrictions occidentales
Depuis 2018, la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine fait trembler les fondations de la mondialisation telle que nous l’avons connue. Taxations douanières en cascade, restrictions technologiques, relocalisations industrielles à marche forcée : c’est un changement d’ère que peu de pays ont réellement anticipé. À mesure que les géants économiques mondiaux redessinent leurs chaînes de valeur, l’Afrique reste, une fois encore, en retrait. Pourtant, dans ce chaos géoéconomique, se cache une opportunité stratégique majeure pour le continent — et en particulier pour le Sénégal.
Car cette guerre n’est pas qu’un affrontement entre deux puissances. C’est une reconfiguration mondiale des flux industriels, une relecture brutale des équilibres commerciaux, et une chance historique pour les pays qui sauront se rendre utiles à cette nouvelle donne. Le Sénégal peut, et doit, jouer un rôle central dans ce basculement. Il peut devenir, à la fois, une terre d’accueil pour les industries en quête de stabilité, et un débouché alternatif pour les produits chinois en butte aux restrictions occidentales.
Un contexte mondial en recomposition
Le tournant a été amorcé sous l’administration Trump, avec l’imposition de droits de douane sur plus de 500 milliards de dollars de produits chinois. Sous Biden, la stratégie a évolué, mais l’objectif reste le même : freiner l’ascension industrielle de Pékin. L’interdiction faite aux entreprises américaines de collaborer avec des firmes comme Huawei ou SMIC dans le domaine des semi-conducteurs, l’embargo sur certains métaux rares, et les alliances industrielles avec le Japon, la Corée ou les pays européens pour sécuriser les approvisionnements montrent bien que la bataille ne fait que commencer.
Face à ces pressions, de nombreuses multinationales ont engagé un vaste mouvement de diversification. On parle désormais du « China +1 » : une stratégie qui consiste à conserver une base en Chine tout en développant des capacités industrielles dans d'autres pays. Le Vietnam, l’Inde, l’Indonésie, et même le Mexique, sont devenus les nouvelles destinations phares pour les industries à la recherche de résilience. Dans cette recomposition, l’Afrique, étonnamment, reste marginale.
Pourquoi le Sénégal — et pourquoi maintenant ?
Le continent ne manque pourtant pas d’atouts. Une jeunesse dynamique, un potentiel énergétique immense, une urbanisation galopante, et une vaste zone de libre-échange continentale (la ZLECAf) en cours d’opérationnalisation. Le Sénégal, en particulier, présente un profil prometteur : stabilité politique, ouverture sur l’Atlantique, proximité avec l’Europe, et volonté affichée de se positionner comme un hub logistique et industriel de l’Afrique de l’Ouest. Cette volonté s’incarne aujourd’hui dans la vision stratégique « Sénégal 2050 » récemment évoquée par le Président Bassirou Diomaye Faye, et appuyée par le Premier ministre Ousmane Sonko, qui ne cesse de rappeler l’urgence d’un « New Deal technologique africain » pour sortir du cycle de dépendance économique. Dans ses premiers discours, le président Faye a souligné l’importance de la souveraineté industrielle et technologique, ainsi que le rôle clé de l’État dans la structuration de chaînes de valeur locales.
Mais une vision, aussi claire soi-telle, ne suffit pas. Elle doit impérativement s'accompagner d'une mise en œuvre rigoureuse, cohérente et suivie dans le temps. C’est à cette condition que les ambitions formulées par le nouveau pouvoir prendront corps. Car pendant que certains pays africains avancent concrètement, d'autres tardent encore à formuler et traduire leur stratégie en actions concrètes. L’Égypte, par exemple, a su séduire de grands groupes chinois du textile qui, fuyant les sanctions américaines, ont installé des usines géantes dans la zone économique du Canal de Suez. Ces usines produisent pour l’Europe et les pays du Golfe, tout en bénéficiant d’un accès préférentiel aux marchés africains. En Algérie, le gouvernement a entamé des discussions avec des constructeurs automobiles chinois pour l’implantation d’usines d’assemblage de véhicules électriques. Le Nigeria, lui, a vu plusieurs groupes chinois tester des chaînes de production locales pour contourner les coûts logistiques et les barrières douanières croissantes. Ces exemples montrent que l’Afrique n’est pas condamnée à l’inaction. Mais ils soulignent aussi à quel point l’absence d’une stratégie concertée nous fait perdre du temps, et surtout, du terrain.
La chine a besoin de relais. Le Sénégal peut l’être
De son côté, la Chine est à la recherche de nouveaux alliés économiques. Avec la fermeture progressive de certaines portes occidentales, Pékin regarde vers le Sud. L’Afrique est au cœur de cette stratégie. Mais attention : il ne s’agit plus de l’Afrique extractive des années 2000, ni de l’Afrique "marché captif" qui consommait sans produire.
Aujourd’hui, la Chine veut investir dans des zones franches, transférer une partie de ses chaînes de production, et construire des partenariats à long terme avec les États capables d’offrir à la fois un cadre juridique stable, une main-d’œuvre formée, et un accès fluide aux marchés régionaux.
Nous pouvons être ce partenaire. Mais nous ne le serons que si nous agissons vite. Et si nous l’inscrivons dans une vision long terme, articulée autour du triptyque : formation – souveraineté – innovation.
L’industrialisation par les crises : une constante historique
Ce que beaucoup oublient, c’est que les grandes phases d’industrialisation de l’histoire contemporaine sont souvent nées des fractures géopolitiques. Le Japon a bénéficié de la guerre de Corée pour asseoir son industrie. La Corée du Sud a surfé sur la guerre froide pour se hisser au rang de puissance manufacturière. Même le Vietnam, longtemps sous embargo, est aujourd’hui l’un des pays les plus courtisés par les grandes marques occidentales. Pourquoi pas nous ? Le Sénégal ne doit pas attendre que les flux arrivent à lui. Il doit se positionner, attirer, convaincre. Cela suppose une vision, une diplomatie économique offensive, mais aussi une capacité à créer des écosystèmes industriels crédibles. Cela passe par des zones économiques spéciales sectorielles, des incitations fiscales ciblées, une politique de formation axée sur les métiers industriels, et une coordination publique-privée intelligente.
Il est également temps de penser à des instruments plus audacieux : un fonds souverain dédié à l’industrialisation, adossé à nos futures recettes pétrolières et gazières, permettrait de co-financer des partenariats industriels avec des acteurs asiatiques, européens ou africains.
C’est dans cette logique que le «NewDeal technologique » évoqué par Ousmane Sonko prend tout son sens : créer des pôles technologiques et industriels intégrés, appuyés sur le numérique, la transformation locale, et des alliances stratégiques nouvelles.
Une chance à saisir, une place à prendre
Nous vivons une période de bascule. Les cartes du commerce mondial sont redistribuées. Et pour une fois, l’Afrique ne part pas sans atouts. Il nous manque seulement la volonté de jouer la partie.
Il ne s’agit plus de quémander des investissements. Il s’agit de dire, avec clarté et ambition : « Vous cherchez une alternative à la Chine ? Le Sénégal est prêt. »
Sous la conduite du Président Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko, le Sénégal peut ouvrir une ère nouvelle : celle d’un leadership industriel africain, fondé sur la vision, la souveraineté, l’innovation — et surtout, sur une capacité à transformerles intentions en actions concrètes.