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7 juin 2025
Par Thierno Seydou NIANE
NECESSITE D’UN REDRESSEMENT BUDGETAIRE
Le bilan infrastructurel reste incontestable, avec des avancées notables en matière de développement des infrastructures. Le cadre macroéconomique demeure déséquilibré, marqué par un déficit budgétaire important qui fragilise les finances publiques
Dans une précédente analyse de l’économie sénégalaise entre 2012 et 2023, plusieurs éléments préoccupants ont été mis en évidence, soulignant l’urgence d’une action corrective pour redresser la trajectoire économique du pays.
Tout d’abord, le bilan infrastructurel reste incontestable, avec des avancées notables en matière de développement des infrastructures. Toutefois, le cadre macroéconomique demeure déséquilibré, marqué par un déficit budgétaire important qui fragilise les finances publiques. Par ailleurs, la masse salariale connaît une augmentation continue, rendant le poids des dépenses publiques de plus en plus difficile à soutenir. Enfin, l’endettement atteint un niveau préoccupant, avec un service de la dette qui pèse lourdement sur les recettes fiscales, réduisant ainsi considérablement la marge de manœuvre budgétaire de l’État.
Le rapport de la Cour des Comptes met en exergue une situation alarmante en indiquant un déficit budgétaire d’environ 12 %, bien supérieur aux 4,9 % initialement annoncés. Il révèle également que le ratio dette/PIB avoisine désormais 100 %, alors qu’il était auparavant estimé à 74 %. Face à cette détérioration, le Sénégal s’expose à un risque accru de surendettement. Non seulement la dette a considérablement augmenté, mais elle est devenue plus coûteuse et plus risquée. Cette dégradation s’accompagne d’une baisse de la notation souveraine du pays, ce qui entraîne une hausse des taux d’intérêt sur les nouveaux emprunts et limite les possibilités de financement à moindre coût.
UN AJUSTEMENT BUDGETAIRE URGENT ET INDISPENSABLE
La nécessité d’un ajustement budgétaire devient incontournable pour ramener la dette et le déficit à des niveaux soutenables, tout en reconstituant une marge de manœuvre budgétaire permettant de financer les projets de développement. L’analyse des finances publiques met en lumière plusieurs problématiques majeures, notamment la gestion du déficit budgétaire, le poids croissant de la dette, l’efficacité relative des dépenses publiques et la faible mobilisation des recettes fiscales.
L’aggravation du déficit budgétaire a contribué directement à l’augmentation de l’encours de la dette. En 2023, le déficit était estimé à 12,3 % du PIB, soit environ 2 291 milliards FCFA, et à 11,6 % du PIB en 2024, soit 2 362,2 milliards FCFA. Une réduction est toutefois projetée pour 2025, avec un déficit attendu de 7,08 %, soit environ 1 600,4 milliards FCFA. Cette détérioration s’explique par les orientations budgétaires contenues dans la loi de finances rectificative (LFR) et la loi de finances initiale (LFI), qui semblent en décalage avec l’urgence d’un redressement de l’économie et des finances publiques. En effet, paradoxalement, on observe en 2024 une hausse des dépenses de fonctionnement de plus de 680 milliards FCFA, malgré une baisse des recettes estimée à 840 milliards FCFA. Le budget 2025 s’inscrit dans une tendance similaire, avec une légère hausse des ressources de seulement 100 milliards FCFA, contre une augmentation des dépenses de l’ordre de 859 milliards FCFA. Dans un contexte de marge budgétaire quasi inexistante, il est donc impératif de mettre en place un plan de retour à l’équilibre budgétaire à court terme, fondé sur une gestion rigoureuse des dépenses tout en préservant les investissements stratégiques.
Le gouvernement s’est fixé pour objectif de ramener le déficit budgétaire à 3 % du PIB d’ici 2027, conformément au critère de convergence de l’UEMOA. Cependant, cette ambition suppose une réduction de plus de 8 points du ratio déficit/PIB par rapport à son niveau de 2024, et, bien que nécessaire, elle paraît difficilement atteignable sans une révision immédiate du budget 2025 à travers une loi de finances rectificative, qui devra acter une rationalisation substantielle des dépenses publiques. Une trajectoire plus réaliste consisterait à réduire progressivement le déficit, en le ramenant à 6,5 % en 2025, puis à 4,5 % en 2026, pour atteindre 3 % en 2027, tout en veillant à concilier cet ajustement avec les impératifs de relance économique.
UNE DETTE ENCORE LOURDE, MAIS DES AJUSTEMENTS NECESSAIRES
La soutenabilité de la dette publique constitue un enjeu fondamental pour préserver une marge de manœuvre budgétaire et garantir le financement des priorités de développement. Aujourd’hui, la dette totale du Sénégal est estimée, selon la Cour des comptes, à près de 18 000 milliards FCFA, ce qui correspond à un ratio dette/PIB de 99,7%, bien au-delà de la norme fixée par l’UEMOA, établie à 70%. Pour l’année 2024, la dette devrait atteindre 4 500 milliards FCFA, aggravant encore davantage la situation. Le ratio dette/PIB a ainsi progressé de près de six points en une seule année, pour s’établir à 105,7%.
Les projections pour 2025 confirment cette tendance inquiétante, avec un montant de dette prévisionnel estimé à 4 573,9 milliards FCFA, incluant à la fois le service de la dette et le financement du déficit budgétaire. Ce montant représente l’équivalent de la totalité des ressources attendues, ce qui illustre l’importance des ajustements à opérer.
Le service de la dette connaît également une hausse spectaculaire. Il est passé de 343,2 milliards FCFA en 2012 à 1 693 milliards FCFA en 2023, représentant alors 48,7 % des recettes fiscales, contre seulement 24,7 % en 2012. En 2024 et 2025, cette charge devrait représenter respectivement 52% et 67,1% des recettes fiscales, absorbant ainsi plus de la moitié des ressources fiscales disponibles. Une telle situation est clairement insoutenable sur le long terme et met en péril la stabilité des finances publiques.
Face à cette dynamique préoccupante, il devient impératif d’engager la dette dans une trajectoire décroissante. Pour y parvenir, une des pistes à explorer consisterait à rééchelonner et à reprofiler une partie de la dette arrivant à échéance immédiate ou à très court terme. Il serait également judicieux de privilégier des financements intérieurs, notamment ceux du marché régional de l’UEMOA, ainsi que des emprunts internationaux à des taux d’intérêt plus favorables. Cette approche permettrait de réduire la dépendance aux financements à haut risque et de mieux maîtriser les effets des fluctuations monétaires sur la dette publique.
DEPENSES PUBLIQUES : REDUCTION ET OPTIMISATION
En 2023, les dépenses courantes ont représenté 17,8 % du PIB, contre 16,16% en 2022 et une moyenne de 15 % sur la période 2012-2021. Les prévisions pour 2024 et 2025 tablent sur des niveaux encore plus élevés, atteignant respectivement 20,3 % et 19,24%, soit une moyenne de 19,77 %, un seuil particulièrement préoccupant dans un contexte de grande fragilité budgétaire. Cette progression des dépenses courantes, hors service de la dette, s'explique principalement par l’augmentation de la masse salariale et des subventions.
L’accroissement de la masse salariale est largement dû à la hausse significative du nombre d’agents publics, passé de 165 000 à 183 693. Le ratio masse salariale/recettes fiscales a ainsi grimpé de 32,2 % en 2017 à 35,15 % en 2022, puis à 35,42 % en 2023, dépassant le seuil de soutenabilité fixé par l’UEMOA (inférieur ou égal à 35 %). En 2024, ce ratio atteindrait 39,8 %, un niveau qui interpelle sur la soutenabilité à moyen terme. Face à cette situation, il devient impératif de stabiliser la masse salariale : d’abord, il conviendrait d’exclure toute politique de baisse de salaire qui apparaît comme contreproductive dans la situation actuelle ; ensuite, il faut rationaliser le quantum de recrutement, qui pourrait être basé sur les nombres de sorties et les résultats d’un audit biométrique visant à identifier les agents fictifs ; enfin, la rationalisation pourrait être opérée par la mise en œuvre d’un programme de départs volontaires.
S’agissant des subventions, une suppression totale apparaît peu réaliste et ne devrait pas être envisagée. Toutefois, leur efficacité peut être renforcée par une politique de ciblage plus rigoureuse, visant à soutenir prioritairement les ménages les plus vulnérables, tout en assurant la soutenabilité des finances publiques. Une telle stabilisation suppose parallèlement une réduction des dépenses d’investissement non prioritaires et une rationalisation accrue des dépenses courantes.
Cette nécessaire restructuration budgétaire devra néanmoins s’opérer avec prudence, en respectant deux principes fondamentaux : d’une part, la protection des dépenses sociales essentielles, notamment celles consacrées à l’accès à l’eau, à l’électricité, à l’alimentation, à l’éducation et à la santé ; d’autre part, la préservation des investissements stratégiques, qui demeurent indispensables pour soutenir une croissance durable.
MOBILISATION DES RECETTES : UNE STRATEGIE PLUS AMBITIEUSE
Dans un contexte marqué par un déficit budgétaire persistant, il apparaît indispensable d’améliorer la mobilisation des ressources domestiques, tout en veillant à préserver la dynamique économique. En 2024, les recettes fiscales sont estimées à 3 620 milliards FCFA, avec une forte progression attendue en 2025, pour atteindre 4 359,6 milliards FCFA, soit une croissance de 20,4 %. Toutefois, cette hausse des recettes ne doit pas reposer uniquement sur un relèvement des impôts, au risque de freiner l’investissement privé et de peser sur la consommation des ménages. Trois principaux défis doivent être relevés : d’une part, une pression fiscale excessive pourrait décourager l’investissement et affaiblir la demande intérieure ; d’autre part, une part importante de l’économie reste informelle, ce qui limite considérablement la capacité de l’État à collecter les recettes fiscales de manière optimale ; enfin, les réformes fiscales envisagées peuvent prendre plus de temps pour une matérialisation effective Pour faire face à ces enjeux, plusieurs pistes de réforme peuvent être envisagées. En premier lieu, il est essentiel d’élargir l’assiette fiscale plutôt que d’augmenter les taux d’imposition. Cela implique une digitalisation renforcée de l’administration fiscale, une meilleure traçabilité des transactions économiques, ainsi qu’une lutte plus rigoureuse contre l’évasion et la fraude fiscales. En parallèle, la mise en place de dispositifs incitatifs pour les entreprises, à travers une fiscalité plus compétitive, permettrait de stimuler l’investissement productif. Enfin, une rationalisation de la structure des recettes fiscales, afin d’en améliorer la qualité et la prévisibilité, ainsi qu’une réduction significative des exonérations fiscales, contribueraient à renforcer la soutenabilité des finances publiques tout en soutenant la croissance économique.
CONCLUSION
Le contexte actuel est difficile. En dépit des efforts réalisés par le gouvernement, l’économie sénégalaise traverse une phase critique nécessitant une réorientation urgente des politiques budgétaires et financières. La mise en place d’un programme économique et financier (PREF), d’une durée de deux ans (2025- 2027), visant un ajustement budgétaire pragmatique, une meilleure gestion de la dette et une réforme fiscale ambitieuse, est indispensable pour rétablir une trajectoire économique plus saine et plus résiliente.
Monsieur Thierno Seydou NIANE
Docteur en Economie
Ancien Coordonnateur Unité de Coordination et de Suivi de la Politique Economique (Ministère de l’Economie et des Finances)
Ancien Directeur Général CDC
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LES UNES DE LA PRESSE DE CE JEUDI 10 AVRIL 2025
Sud Quotidien, Walf Quotidien, Yoor-Yoor Bi, L'Observateur, Libération, Le Quotidien, Enquête, Vox Populi, Le Verdict News, L'As, Record, Le Soleil, Le Témoin Quotidien, WiwSport
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LA FRANCE S'APPRÊTE À RECONNAÎTRE L'ÉTAT PALESTINIEN
Le président Emmanuel Macron a annoncé mercredi que la France pourrait reconnaître un État palestinien dès juin 2025, à l'occasion d'une conférence internationale coprésidée avec l'Arabie saoudite à New York
(SenePlus) - Selon l'AFP, le président français Emmanuel Macron a annoncé mercredi que la France pourrait franchir le pas de la reconnaissance d'un État palestinien "en juin", à l'occasion d'une conférence internationale qu'elle coprésidera avec l'Arabie saoudite à New York.
"On doit aller vers une reconnaissance et donc dans les prochains mois on ira", a déclaré le chef de l'État dans une interview à l'émission "C'est à vous" sur France 5, donnée à son retour d'Égypte et diffusée mercredi.
Cette initiative s'inscrit dans un cadre plus large visant une reconnaissance réciproque entre Israël et plusieurs pays. "Notre objectif c'est, quelque part en juin, avec l'Arabie saoudite de présider cette conférence où on pourrait finaliser le mouvement de reconnaissance réciproque par plusieurs", a précisé Emmanuel Macron.
Le président français a justifié cette démarche en soulignant qu'elle permettrait d'amener certains pays défendant la Palestine à reconnaître à leur tour l'État d'Israël. "Je le ferai [...] parce que je pense qu'à un moment donné ce sera juste et parce que je veux aussi participer à une dynamique collective, qui doit permettre aussi à tous ceux qui défendent la Palestine de reconnaître à leur tour Israël, ce que plusieurs d'entre eux ne font pas", a-t-il expliqué.
Dans une région marquée par des tensions croissantes, Emmanuel Macron a également souligné l'importance de cette initiative pour "être clair pour lutter contre ceux qui nient le droit d'Israël à exister, ce qui est le cas de l'Iran, et de nous engager sur une sécurité collective de la région".
LE GOUVERNEMENT CONFIRME LE SCANDALE À LA SÉCU
Selon le ministre du Travail Abassi Fall une instruction judiciaire est en cours concernant des détournements estimés à plus d'un milliard de francs CFA à la Caisse de Sécurité sociale. Plusieurs personnes inculpées sont déjà en détention
(SenePlus) - Dans une réponse officielle adressée au président de l'Assemblée nationale, le ministre du Travail, de l'Emploi et des Relations avec les Institutions (MTERI), Abassi Fall, a confirmé qu'une instruction judiciaire est en cours concernant les allégations de détournement à la Caisse de Sécurité sociale, estimé à plus d'un milliard de francs CFA.
Cette réponse fait suite à une question écrite posée par le député Guy Marius Sagna le 6 mars dernier, qui s'inquiétait non seulement de l'illégalité des conseils d'administration de la Caisse de Sécurité sociale et de l'IPRES, dont les mandats ont expiré depuis 2016, mais également des soupçons de malversations financières.
"Le dossier sur l'affaire du détournement à la Caisse de Sécurité sociale a d'abord été confié au juge d'instruction du 3ème cabinet qui a déjà procédé à l'audition au fond de toutes les parties concernées", précise le ministre dans sa lettre. Il ajoute que "les inculpés sont, pour la plupart, dans les liens de la détention."
Un développement juridique important est survenu le 14 mars 2025, avec l'ordonnance de dessaisissement rendue par le Procureur de la République au profit du Pôle Judiciaire Financier (PJF), désormais compétent en raison de l'importance du montant en jeu.
Concernant la gouvernance des institutions de prévoyance sociale, le ministre a assuré que le gouvernement est "préoccupé par la question du renouvellement des mandats" et qu'un processus a été enclenché depuis plusieurs mois. Ce processus a abouti à la désignation de nouveaux représentants au sein des Collèges des représentants et des Conseils d'administration des deux institutions. Le renouvellement des membres des instances dirigeantes de ces institutions devrait être finalisé avant le 1er mai 2025.
PAR Makhtar Diouf
CES AGENCES DE NOTATION FINANCIÈRE ET NOUS
EXCLUSIF SENEPLUS - Les investisseurs directs étrangers et les bailleurs de fonds ont d’autres références que ces notes. On peut présumer que le Sénégal de l’après 24 mars 2024 est devenu plus attractif
Moody’s et Standard & Poors sont des Agences de Notation Financière (Anf) devenues familières aux Sénégalais depuis leur note (pas bonne) attribuée au nouveau régime. Est-ce la sanction d’une gestion catastrophique de ‘’ces incompétents’’ au pouvoir depuis près d’un an ? Des éclairages sont nécessaires.
J’avais écrit un article sur ces Anf (‘’ Euros, dollars, en veux-tu en voilà’’, 6/09/2021) dans ‘’Sud Quotidien’’. Il m’a paru opportun d’y revenir avec de nouvelles données.
Présentation des Anf
Les Anf (Credit Rating Agencies) sont créées aux Etats-Unis au début du 20èmesiècle avec la clientèle de grandes entreprises. Après la grande crise de 1929 leurs services sont orientés en direction des Etats. Les trois plus grandes Anf sont américaines : la pionnière Moody’s (de John Moody), Standard & Poors (de Henry Poors) qui interviennent en Afrique, et Fichte (de John Fichte). Elles contrôlent 95 pour cent du marché financier. Des Anf de moindre envergure sont présentes en Chine, en Inde, en Afrique du Sud, dont les clients sont des entreprises. Bloomfield opère à Abidjan avec représentation à Douala au Cameroun.
L’Anf intervient sur l’endettement sur les marchés financiers internationaux, surtout sur le marché des obligations. Elle se place entre l’emprunteur (une firme ou un Etat) et un prêteur potentiel appelé investisseur. Lorsqu’un Etat désireux de financer des projets émet une obligation sur les marchés financiers, l’Anf se base sur une évaluation de son degré de solvabilité : situation économique, financière, remboursement de dettes antérieures, stabilité politique. Elle donne une note censée indiquer son aptitude à rembourser le prêt sollicité, et à décider les investisseurs directs.
L’Anf est payée par l’émetteur d’obligation lorsque c’est une entreprise, parfois par l’investisseur qui cherche à placer ses liquidités dans un lieu sûr. Elle vend ses notes à la presse financière et à des institutions comme Bloomberg (agence d’informations financières et économiques) qui les publient.
Les notes des Anf sont données en lettres selon le système de notation en vigueur dans le système américain d’enseignement. Elles se présentent dans l’ordre décroissant, de ‘’excellent’’ à ‘’médiocre’’(en équivalent numérique à peu près de 20 à 1).
Bien des déboires ont jalonné le parcours de ces Anf dans leurs notations de grandes entreprises et de gouvernements.
En 2001, la firme américaine d’énergie Enron, après avoir reçu une bonne note tombe en faillite 4 jours après. En 2003, la banqueroute de World Com est précédée d’une bonne note. En 2003, Parmalat (société laitière italienne du groupe français Lactalis) est déclarée en faillite après une bonne note 18 jours avant. En septembre 2008, la banque américaine Lehman Brothers est en faillite après la bonne note A- de Standard&Poors. La même note est attribuée à la compagnie d’Assurance AIG qui n’est sauvée de la faillite que par un renflouement financier.
Certains financiers prêteurs sont actionnaires dans le capital des Anf, ce qui donne lieu à des conflits d’intérêts. Lorsqu’une firme paie les services d’une Anf, ce n’est pas pour recevoir une mauvaise note. Ce qui pose des doutes sur l’objectivité de ces notations.
Les Anf ont été accusées de grande responsabilité dans la crise financière des années 1990 ayant affecté des pays asiatiques (Corée Sud, Indonésie, Thailande). Les Anf sont aussi culpabilisées dans la crise financière de 2008-2009, en donnant de bonnes notes à des établissements financiers fautifs de la crise des ‘’subprimes’’ (crédits hypothécaires consentis à des personnes sans garantie).
Les Anf n’ont pas bonne presse en Europe, accusées d’avoir arbitrairement dégradé certains pays. La Commission économique de l’Union européenne envisage de créer sa propre Agence de notation financière.
Pourquoi alors le maintien de ces Anf ? Pour certains Européens, c’est parce qu’elles sont américaines. Elles font preuve d’un part pris flagrant en faveur des gouvernements américains. Leurs erreurs ne sont pas sanctionnées, car elles prétendent n’exprimer que des opinions, passibles de la liberté d’expression, comme le leur garantit le premier amendement de la Constitution.
S’y ajoute que bon nombre d’institutions financières (compagnies d’assurance, fonds de pensions, banques commerciales …) pour intervenir sur le marché des dettes sont tenues d’exiger de leurs clients d’être notés par les Anf.
En juin 2010, Obama, décide d’introduire un peu de discipline dans le comportement spéculatif des institutions financières, dont les Anf. Son projet de loi introduit au Sénat par le député Barney Frank et le sénateur Chris Dodd, est adopté comme ‘’Frank- Dodd Act’ qui s’attaque aux conflits d’intérêt. Mais cette pratique ne concerne que les entreprises et non les gouvernements. Le Frank-Dodd Act reconnaît que les notations des Anf sont de nature commerciale sans rapport avec la liberté d’expression et que le chaos financier créé devrait relever de la responsabilité civile. Mais aucune mesure n’est prise à cet effet.
Une méthode de notation inadéquate
La méthode de notation utilisée par les Anf consiste à ne tenir compte que des seules caractéristiques économiques les plus stables, les plus permanentes du pays emprunteur. Ce qui néglige les changements les plus récents survenus dans le paysage économique et politique. C’est la méthode dite ‘’Notation étalée sur le cycle’’ (through the cycle rating)
La méthode différente est dite ‘’Evaluation ponctuelle’’ (Point-in time-rating) qui intègre les caractéristiques permanentes et les changements. Elle permet une notation basée sur une évaluation stable et exacte. C’est la méthode utilisée par les banques pour apprécier le degré de solvabilité de leurs emprunteurs. On comprend ainsi que le dernier eurobond du Sénégal en 2025 ait été souscrit entièrement par la banque américaine J P Morgan.
Il est reproché aux Anf de continuer à utiliser la première méthode, avec retard à l’allumage, ne tenant compte que des informations qui leur viennent des pays via le Fmi, la Bm et d’autres sources.
L’Afrique et les Anf
C’est à partir de 2000 que les gouvernements africains sont poussés vers les Anf. L’argument est que l’aide au développement et les prêts concessionnels (avec faible taux d’intérêt) ont fortement baissé, et dans la nouvelle situation de mondialisation, l’alternative pour le financement des projets est le recours aux marchés financiers des titres obligataires. Les prêteurs ne peuvent plus être seulement les banques, mais aussi d’autres intervenants, avec intermédiation des Anf.
es pays africains commencent à s’endetter en termes de euro-obligation, ou euro-bond mais en fait en dollars. L’euro-obligation est une dette remboursable avec une certaine maturité à un certain taux d’intérêt. Ce type de dette est plus flexible, moins contraignant que la dette des bailleurs traditionnels comme le Fmi et la Bm avec leur lenteur et leurs conditionnalités. Surtout qu’avec les réductions et annulations de dettes qui ont suivi la crise de la dette des années 1980, le niveau d’endettement ayant baissé, pour financer des infrastructures, les pays africains ont opté pour les euro-bonds jusqu’à 20 pour cent de leur endettement total.
L’Etat du Sénégal se lance sur le marché des euro-bonds en 2009 avec 7 opérations à ce jour : 2 sous Wade, avec un taux d’intérêt de 9,25 pour cent ; 4 sous Macky dont 1 avec un taux d’intérêt record de 5, 375 pour cent ; 1 sous Diomaye, au taux de 7,75 pour cent.
Les notes des deux Anf qui interviennent sur le Sénégal se présentent ainsi :
Avec Moody’s :
Sous Wade, une seule note B1 en 2011.
Sous Macky, les notes sont : B1 en 2014 ; Ba3 en 2017, 2020 et 2022.
Sous Diomaye, la note est B1 en octobre 2024, et B3 en février 2025.
Avec Standard & Poors :
Sous Wade (2000,2006,2009,2010) la note est B+
Sous Macky (2013,2018,2019) la note est B+
Sous Diomaye, la note est B+ en octobre 2024, et B en février 2025.
Le niveau d’endettement le plus élevé en eurobond est réalisé sous Macky, avec aussi le taux d’intérêt le plus bas en 2021. C‘est avec lui que les notes des Anf sont ‘’meilleures’’ (en fait moins mauvaises). Cela tient à la confiance due à deux raisons : le Sénégal est perçu comme un prochain exportateur de pétrole et de gaz ; les clignotants économiques conjoncturels présentés sont au vert, rassurants.
Le rapport de la Cour des Comptes en février 2025 révèle que les statistiques présentées sous Macky étaient faussées. Ce qui explique la dégradation de la note du Sénégal par les Anf sous le régime Diomaye qui a hérité de cette situation financière désastreuse.
Les pays africains sont mal notés par les Anf, abonnés à la tranche des B. Les notes du Sénégal se situent en moyenne entre 8 et 9 sur 20.
L’exception est constituée par le Botswana qui flirte avec la note A2, grâce à ses exportations d’or et de diamant.
Le Nigeria et le Kenya ont rejeté les notes qui leur ont été attribuées par Moody’s, estimant que ces agences n’ont pas une claire compréhension de leur situation économique qui n’est pas aussi alarmante.
La Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (Addis Abeba) reproche aux Anf de décourager les investissements étrangers en Afrique et recommande de mettre en place une Anf africaine.
La Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (Cnuced, Genève) est aussi très critique à l’égard des Anf suspectées de discrimination à l’encontre des pays en développement.
Les institutions de Bretton-Woods ne figurent pas parmi les critiques des Anf. La Banque mondiale crée en 2002 le mécanisme ‘’Doing Business’’ avec l’objectif de comprendre et améliorer l’environnement réglementaire des affaires. Il s’agit d’attribuer des notes aux Etats et d’établir un classement annuel sur lequel se baseront des investisseurs. Comme le font les Anf. En 2021 la Banque mondiale met fin au projet ‘’Doing Business’’ qui faisait doublon et concurrence avec les Anf. La Banque mondiale est cliente de Moody’s pour ses levées de fonds. Le FMI suggère seulement aux Anf d’améliorer leurs procédures.
Moody’s comporte plusieurs divisions dont une collabore avec le Bureau d’Etudes Mc Kinsey qui a confectionné d’inutiles et coûteux Plans Emergents à 37 pays africains. Le Plan Sénégal Emergent avait permis à Mc Kinsey d’encaisser du Sénégal 2,5 milliards F cfa. Pour quels résultats ?
Et maintenant
Les Anf avec leurs notes ne doivent ni faire peur, ni alimenter la politique politicienne. Elles ne sont pas aussi importantes et décisives. Les investisseurs directs étrangers et les bailleurs de fonds ont d’autres références que ces notes. On peut présumer que le Sénégal de l’après 24 mars 2024 est devenu plus attractif.
La dette est inséparable de la vie des gouvernements et des entreprises. Les dettes souveraines des pays les plus développés sont de l’ampleur de leur produit intérieur brut, mais ils sont considérés solvables. Les plus grandes entreprises du monde affichent au Passif du Bilan des postes ‘’Dettes à long, moyen et court terme’’ qui financent des investissements dont la rentabilité figure au Compte d’Exploitation.
Les pays africains aussi sont solvables. Walter Wriston, un influent directeur de Citibank l’avait laissé entendre : Countries don’t go out of business (‘’Les pays ne tombent pas en faillite’’). Parce que les infrastructures, la productivité de la population, les ressources naturelles ne quittent pas le pays. Ainsi l’Actif excède le Passif. Les bailleurs de fonds ne perdent pas de vue les ressources naturelles des pays pour s’y engager.
La dette ne devrait financer que des opérations rentables, en rapport direct avec le développement. Ce qui doit aller de pair avec la rationalisation des dépenses publiques, la chasse aux ‘’faux frais’’ et la mobilisation autant que possible des ressources internes.
Dans leurs rapports avec l’extérieur, la sagesse africaine doit être en sentinelle de vigilance :
Lorsqu’on est tiré à la traîne pour marcher on ne choisit pas son chemin et sa destination.
Ou encore :
Lorsque quelqu’un te prête des yeux, tu ne peux regarder que dans la direction qu’il t’indique.
par Aminata Touré
MACKY SALL COOPTÉ PAR MO IBRAHIM, UN POISSON D'AVRIL ?
Soit la Fondation ignore la réalité de la gouvernance sous Macky, révélant une grave défaillance dans ses vérifications préalables ; soit il s'agit d'un arrangement entre élites qui compromet sérieusement la crédibilité de l'indice Ibrahim
Lorsque j’ai appris que Macky Sall siégerait au Conseil d’Administration de la Fondation Ibrahim qui a bâti sa renommée sur la promotion de la bonne gouvernance sur le continent, j’ai d’abord cru à un poisson d’Avril.
Pour rappel, la fondation Ibrahim créée par le milliardaire anglo-soudanais Mohamed Ibrahim (qui a fait fortune dans les télécommunications) a lancé avec succès l’indice Ibrahim de la Gouvernance en Afrique. Communément appelé IAG, il s’agit d’un outil théorique de mesure de la performance des 54 pays africains en matière de Gouvernance.
Alors que nous sommes en plein scandale de la dette cachée de 4000 milliards sans compter les nombreux scandales à milliards dont celui des fonds Covid que je ne me lasserai jamais de rappeler, le principal responsable de ces pratiques de mal-gouvernance maximales dans son propre pays, Macky Sall himself va attribuer bonus et des malus en matière de bonne gouvernance.
Nous sommes ici face à deux hypothèses :
1/ ou la Fondation Ibrahim ne connait absolument rien de la situation de la gouvernance sous Macky Sall, ce qui serait une faute grave dans son processus de “due diligence” et de vérification préalable.
2/ ou alors, tristement, il s’agit du fameux service-camarade entre riches qui porte sérieusement atteinte à la crédibilité de l’indice de bonne gouvernance Ibrahim.
En état de cause, shoking ! comme on dit au pays d’adoption de Sir Mo Ibrahim.
SONKO ANNONCE LE REPORT DE LA SÉANCE DE QUESTIONS D’ACTUALITÉ À L’ASSEMBLÉE
Initialement prévue ce jeudi 10 avril, la séance a été reportée au lundi 14 avril, en raison du décès de Serigne Mouhamadou Makhtar Thiaw Laye, Khalife général des Layènes.
La séance de questions d’actualité à l’Assemblée nationale, initialement prévue ce jeudi 10 avril, a été officiellement reportée au lundi 14 avril à 10h. L’annonce a été faite par le Premier ministre, M. Ousmane Sonko, qui a précisé que cette décision a été prise en concertation avec les autorités parlementaires.
Ce report intervient dans un contexte de deuil national, marqué par le rappel à Dieu de Serigne Mouhamadou Makhtar Thiaw Laye, Khalife général des Layènes, survenu dans la nuit du mardi au mercredi. Une figure emblématique de l’islam au Sénégal, le défunt guide religieux était unanimement respecté pour son engagement en faveur de la paix, du dialogue et de l’unité nationale.
Dans une publication sur sa page Facebook, le Premier ministre a rendu un hommage appuyé au Khalife, saluant la mémoire d’un homme de foi profondément attaché aux valeurs spirituelles et républicaines. Il a également exprimé ses condoléances émues à la communauté layène ainsi qu’à l’ensemble du peuple sénégalais.
Ce report témoigne de la volonté des autorités de marquer leur respect envers une haute autorité religieuse dont l’influence dépasse largement le cadre confessionnel, incarnant des idéaux de cohésion et de fraternité nationale.
LE SÉNÉGAL EN NÉGOCIATIONS POUR INTÉGRER LES BRICS
La ministre des Affaires étrangères, Yassine Fall, souligne que la stabilité, les ressources et les ambitions industrielles du pays constituent des atouts majeurs pour son intégration.
Le Sénégal a entamé des discussions avec les pays membres des BRICS+, dans le but d’intégrer ce groupe de 10 pays se positionnant comme les rivaux des sept pays les plus industrialisés du monde, a-t-on appris mercredi de sa ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, Yassine Fall.
‘’Le Sénégal fait partie des pays qui ont apprécié la création des BRICS et sont en pourparlers avec [ce groupe] pour, certainement, en faire partie’’, a dit Mme Fall dans une interview accordée récemment à la télévision Russia Today et publiée mercredi sur son compte X.
‘’Le Sénégal a quelque chose à apporter aux BRICS en raison de sa stabilité, de ses ressources et de cet élan de développement industriel que nous voulons mettre en place’’, a-t-elle affirmé.
Yassine Fall estime que ‘’le Sénégal a un rôle à jouer’’ au sein de ce groupe de pays.
Le Sénégal a des arguments à faire valoir pour son intégration dans ce groupe de 10 pays, a insisté Mme Fall.
Elle considère les BRICS comme ‘’une alternative pour les pays du Sud’’, auxquels ce regroupement d’États donne ‘’plus d’espace d’échange, d’expression et d’accès à des ressources monétaires ou commerciales’’.
L’appellation BRICS désigne initialement le rapprochement en 2009 de quatre pays, le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, auxquels s’est ajoutée l’Afrique du Sud en 2011.
L’Arabie saoudite, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie et l’Iran sont les derniers pays membres du groupe des BRICS à partir du sommet de 2024, qui a eu lieu à Kazan, en Russie.
Ce groupe envisage la création d’une monnaie commune comme alternative au dollar américain. Il se positionne comme le rival d’un groupe similaire, le G7, qui est constitué de l’Allemagne, du Canada, des États-Unis d’Amérique, de la France, de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni.
LE COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES DU MERCREDI 9 AVRIL 2025
Le chef de l'Etat a demandé au Premier ministre d’intensifier, dans l’esprit d’un Sénégal souverain, juste et prospère, la mise en œuvre du Programme national de Promotion de la Citoyenneté.
Le Chef de l’Etat, Son Excellence, Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye a présidé, ce mercredi 09 avril 2025, la réunion hebdomadaire du Conseil des Ministres, au Palais de la République.
A l’entame de sa communication, le Président de la République a présenté les condoléances de la Nation à la communauté Layène et à la Oummah islamique suite au rappel à Dieu de Serigne Mouhamadou Makhtar Laye, Khalife général des Layènes.
Un an, jour pour jour, le Chef de l’Etat présidait le premier Conseil des Ministres, après la mise en place du Gouvernement, le 05 avril 2024, sous la direction du Premier Ministre Ousmane Sonko. Au terme d’une année pleine de labeur, le Président de la République a rendu grâce à Dieu. Il a magnifié l’engagement résolu du Gouvernement à réaliser méthodiquement et sans tarder le projet patriotique pour un Sénégal souverain, juste et prospère, dans la paix, la stabilité et la solidarité.
Le Chef de l’Etat est revenu sur la célébration du 65ème anniversaire de la fête de l’indépendance qui a connu cette année un succès exceptionnel, dans la communion et la ferveur patriotique faisant la fierté de la Nation entière. Le Président de la République magnifie la présence des Chefs d’Etat de la Gambie, de la Mauritanie et de la Guinée Bissau et du Vice-président de la République fédérale du Nigéria. Il a adressé ses chaleureuses félicitations au Ministre des Forces armées, au Chef d’Etat-major Général des Armées et au Haut Commandant de la Gendarmerie nationale et Directeur de la Justice militaire pour l’excellente préparation et le déroulement remarquable des cérémonies de prise d’armes et des défilés sur l’ensemble du territoire national. Il a félicité l’ensemble des forces de défense et de sécurité pour leur engagement permanent au service de la Nation et a aussi remercié et félicité les élèves, les mouvements de jeunesse, les acteurs culturels et toutes les forces vives de la Nation qui ont brillamment contribué au succès des manifestations et des défilés. Dans ce contexte de réappropriation de notre histoire et de nos valeurs fortes, il a salué l’exemplarité de nos forces de défense et de sécurité dans la préservation et le renforcement d’une citoyenneté active et constructive pour le Sénégal.
La promotion de la culture du civisme et de la citoyenneté dans tous les secteurs de la vie nationale est au centre des préoccupations du président de la République. Il a, à cet égard, rappelé au gouvernement que la mobilisation et l’encadrement de la jeunesse dans des activités de développement, ainsi que la consolidation soutenue du lien Armée-Nation, s’érigent en priorité. Il a demandé au Premier ministre d’intensifier, dans l’esprit d’un Sénégal souverain, juste et prospère, la mise en œuvre du Programme national de Promotion de la Citoyenneté, mais également le développement d’une nouvelle politique de jeunesse, innovante, ambitieuse et conforme, d’une part, à nos valeurs historiques et culturelles et, d’autre part, aux évolutions technologiques, économiques et sociales du monde contemporain.
Le Chef de l’Etat a souligné l’urgence de repositionner l’instruction civique dans les curricula de formation et d’investir dans les infrastructures sociales, sportives et culturelles destinées à l’encadrement et à la valorisation du potentiel multisectoriel des jeunes du Sénégal. Dès lors, il convient de renforcer la vie associative à l’école, dans les daara et les différents quartiers et villages du Sénégal. A ce titre, il a demandé au Ministre en charge de la Jeunesse de veiller à la réorganisation consensuelle, avant le 1er juillet 2025, du Conseil national de la Jeunesse qui doit évoluer vers un organe consultatif qui fédérera toutes les propositions et aspirations des jeunes du Sénégal dans le cadre du développement national. Il a salué l’organisation les 5 et 6 avril 2025 des Journées mondiales de la Jeunesse (JMJ) à Pout Diack (dans la région de Thiès) et félicité l’ensemble des participants.
Le Président de la République a saisi l’occasion de la célébration de la journée mondiale de la santé, le 07 avril 2025, pour rappeler au Gouvernement, au Ministre de la Santé et de l’Action sociale notamment, l’urgence d’accentuer la mise en œuvre de mesures hardies de modernisation du système de santé dans tous ses compartiments. Il a indiqué, à cet égard, l’impérieuse nécessité de consacrer la prévention des maladies comme principe directeur de la politique nationale de santé. Il convient de placer la gestion des patients au cœur des performances du système sanitaire. Dans cette perspective, il a appelé au déploiement de la nouvelle carte sanitaire du Sénégal dans une logique de cohérence, de complémentarité et d’optimisation des infrastructures et établissements sanitaires, de même que des services et offres de soins. Il a souligné, en outre, l’importance de finaliser la réforme hospitalière, d’améliorer en permanence la qualité des équipements et du plateau médical ainsi que la fonctionnalité des services d’accueil et de prise en charge des urgences.
Le Chef de l’Etat a insisté sur la nécessité d’améliorer la prise en charge des pathologies chroniques (insuffisance rénale, cancer, etc.), de relancer le programme élargi de vaccination et de présenter un plan quinquennal prévisionnel de recrutement des personnels dans le système de santé publique en perspective de l’ouverture progressive et la mise à niveau d’établissements et de structures de santé dans toutes les régions du Sénégal. Au demeurant, il a demandé au Ministre de la Santé et de l’Action sociale, en relation avec le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, de prendre toutes les mesures et dispositions idoines, afin de lutter efficacement contre la vente illicite de médicaments et l’exercice illégal d’activités médicales et chirurgicales sur l’étendue du territoire national. Dans le même ordre d’idées, il a demandé au Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et au Ministre de la Santé et de l’Action sociale, de travailler à un meilleur contrôle des établissements d’enseignement et de formation en médecine, pharmacie et en développement sanitaire et social.
Le Président de la République a engagé le Gouvernement à accorder une attention particulière aux Facultés et Unités de Formation et de Recherche en médecine, aux établissements publics et privés de formation en médecine, pharmacie et génie sanitaire. Il a demandé au Gouvernement de veiller à l’amélioration du fonctionnement des Centres hospitalo-universitaires (cas des CHU Fann et Dantec), au renforcement des recrutements et au repositionnement de l’Ecole militaire de Santé et du Service de santé des Armées dans l’architecture sanitaire. Par ailleurs, il a demandé au Ministre de la Santé et de l’Action sociale de poursuivre les efforts de restructuration et de développement de l’industrie pharmaceutique afin de faire du Sénégal un pôle pharmaceutique de premier plan en Afrique.
A cet effet, il a rappelé au Gouvernement l’impératif d’assurer le suivi adéquat des activités de l’Agence sénégalaise de Réglementation pharmaceutique (ARP), de la Pharmacie nationale d’Approvisionnement (PNA), ainsi que des projets pilotés par l’Institut Pasteur de Dakar, dans le cadre du renforcement de la souveraineté vaccinale et pharmaceutique du Sénégal. Pour clore ce chapitre, il a invité le Ministre de la Santé et de l’Action sociale à réfléchir avec les acteurs impliqués sur des stratégies consensuelles de maitrise des dépenses de santé et de financement durable du système sanitaire. Il s’agit, surtout, d’accélérer la digitalisation des services de santé, dans le cadre du New Deal technologique.
Le Chef de l’Etat a présidé le lancement de la 2ème édition de la caravane nationale de l’espace, dénommée « SPACEBUS 2025 », pilotée par l’Agence sénégalaise d’Etudes
spatiales (ASES). Il a félicité la direction générale de l’ASES, et les parties prenantes pour le déploiement de cette initiative majeure de promotion du spatial au Sénégal. Après le lancement historique réussi par le Sénégal de son premier satellite (microsatellite Gainde Sat 1A), le 16 août 2024, aux Etats-Unis, il a demandé au Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation de réunir tous les acteurs institutionnels et privés nationaux ainsi que les partenaires, afin de finaliser le document de référence de la politique nationale et les plans d’action coordonnés de développement du spatial adossés à la Vision Sénégal 2050.
Dans sa communication, le Premier ministre a porté l’attention du Conseil, au regard des évènements tragiques récents, sur l’acuité de la problématique de la prise en charge de la santé mentale, notamment le caractère obsolète de la loi n°75-80 du 9 juillet 1975 relative au traitement des maladies mentales et au régime d’internement de certaines catégories d’aliénés.
Le Premier Ministre a rappelé les défis majeurs autour de la santé mentale, en particulier l’absence d’un cadre de politique publique structurant de dialogue intersectoriel et interdisciplinaire ainsi que la non-effectivité du programme national de santé mentale décliné pour la période 2024-2028. Il a également cité, parmi les défis, la persistance de l’errance des malades mentaux, l’intégration insuffisante des soins psychiatriques dans les services de santé primaires et l’absence d’une politique structurée de mobilisation de financements au profit de la santé mentale.
Concernant le cas préoccupant des malades mentaux errants qui relève d’un problème de santé publique, le Premier Ministre a souligné la dimension sociale de cette pathologie qui nécessite une meilleure prise en charge par les familles et les communautés, aux côtés de l’Etat.
Face à cette situation, le Premier Ministre a demandé au Ministre de la Santé et de l’Action sociale, en collaboration avec les Ministres en charge de la Justice, de l’Intérieur et de la Famille de mettre en place un Comité ad hoc devant œuvrer, avec tous les acteurs concernés, au plus tard à fin août 2025, d’une part, à la finalisation du processus de révision de la loi relative au traitement des maladies mentales et au régime d’internement de certaines catégories d’aliénés datant d’un demi–siècle et, d’autre part, à la mise en œuvre effective du plan stratégique d’amélioration de la qualité des soins en santé mentale 2024-2028.
Dans ce cadre, les réformes attendues devront prendre en charge, entre autres, le renforcement des capacités des unités spécialisées de soins et d’internement, la résorption du déficit de médecins psychiatriques, la procédure de retrait des malades mentaux errants de l’espace public et l’effectivité des visites réglementaires des établissements d’internement par les autorités habilitées. Ces actions devront être complétées par un programme de sensibilisation à déployer par le Ministère de la Santé et de l’Action sociale, en relation avec le Ministère de la Famille et des Solidarités.
AU TITRE DES COMMUNICATIONS DES MINISTRES :
le Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération a fait une communication sur la performance économique du Sénégal sur la période 2014-2024 ;
le Ministre des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens a fait une communication sur les réseaux autoroutiers ;
le Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement a fait une communication sur la préparation de l’hivernage 2025 en matière de prévention et de gestion des inondations ;
le Ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture a fait une communication sur le programme de préparation des athlètes nationaux en vue des Jeux olympiques de la Jeunesse (JOJ) Dakar 2026.
AU TITRE DES TEXTES LEGISLATIFS
Le Conseil a examiné et adopté :
le Projet de décret fixant les statuts-types applicables aux sociétés nationales ;
le Projet de décret fixant les règles de fonctionnement de l’organe délibérant des entités du secteur parapublic.
Le Ministre de la Formation professionnelle et technique, Porte-Parole du Gouvernement
Amadou Moustapha Njekk Sarré