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7 juin 2025
PAR IBRAHIMA GASSAMA
LA NÉCESSAIRE TRANSITION VERS UNE NOUVELLE SOUVERAINETÉ ÉCONOMIQUE
L’annonce par les États-Unis de nouveaux droits de douane sur les produits africains, couplés à la suppression progressive de l’aide publique au développement à travers l’USAID, marque un tournant silencieux, mais lourd de conséquences...
L’annonce par les États-Unis de nouveaux droits de douane sur les produits africains, couplés à la suppression progressive de l’aide publique au développement à travers l’USAID, marque un tournant silencieux, mais lourd de conséquences dans les relations économiques entre l’Afrique et les États-Unis. Si ces mesures semblent, à première vue, répondre à des impératifs de politique intérieure américaine, elles risquent d’aggraver considérablement les fragilités économiques de nombreux pays africains.Pour des pays comme le Sénégal — déjà confrontés à une conjoncture macroéconomique difficile et à une forte dépendance aux chaînes d’approvisionnement régionales — cette double peine représente un défi à surmonter pour ne pas compromettre des acquis sociaux majeurs.
L’Afrique subit de plein fouet un réalignement géoéconomique qui se fait sans elle, mais dont elle paiera le prix fort comme les autres pays du monde.Choc exogène aux effets multiplesL’imposition par les États-Unis de nouveaux droits de douane sur certains produits africains vient perturber profondément la dynamique commerciale entre le continent et la première puissance économique mondiale. Le Sénégal, bien que n’étant pas un partenaire commercial de premier plan pour Washington, pourrait néanmoins subir des effets collatéraux significatifs, notamment en raison de la tarification appliquée, estimée à 10 % sur plusieurs catégories d’importations.
En 2024, selon les statistiques du gouvernement américain, les échanges commerciaux entre les États-Unis et le Sénégal ont totalisé 586 millions de dollars, dont 350,9 millions de dollars d’exportations américaines et 235,1 millions de dollars d’importations sénégalaises. Il en résulte un excédent commercial américain de 115,7 millions de dollars. Mais avec les nouvelles taxes américaines, la compétitivité de ces exportations sera mise à mal, et on pourrait engendrer une baisse anticipée des volumes échangés.Près de la moitié des pays africains seront frappés par un tarif uniforme de 10 %, ce qui représente déjà un frein significatif à leurs exportations. Mais la situation est encore plus alarmante pour certaines économies clés : le Nigeria et l’Afrique du Sud voient leurs produits taxés à hauteur de 14 % et 30 %, compromettant leur compétitivité sur le marché américain.
Pour l’Afrique du Sud, l’impact est déjà tangible. L’African Citrus Growers Association a alerté que les taxes de 30 % imposées par les États-Unis sur les agrumes risquent de détruire 35 000 emplois, menaçant la survie économique de plusieurs localités rurales.Le cas le plus dramatique reste celui du Lesotho, dont les exportations seront désormais taxées à un taux punitif de 50 %, mettant en péril la survie de son industrie textile. Au Madagascar, c’est tout le secteur de l’habillement qui vacille sous le poids de droits de douane écrasants de 47 %, menaçant des milliers d’emplois et accentuant la vulnérabilité économique du pays. Effet sur les chaînes d’approvisionnement Le Sénégal, en tant que carrefour logistique stratégique au sein de la CEDEAO, repose sur des chaînes d’approvisionnement régionales profondément intégrées.
La baisse de la demande américaine, induite par les nouveaux tarifs douaniers, exerce une pression indirecte, mais réelle sur les revenus fiscaux, les recettes douanières et les entrées de devises étrangères. À court terme, cette situation a le pouvoir de compromettre la capacité de l’État à mobiliser les ressources nécessaires au financement de l’économie. Cette conjoncture défavorable vient s’ajouter aux déséquilibres structurels hérités du précédent gouvernement, aggravant les défis budgétaires et sociaux auxquels l’administration actuelle tente de faire face dans un contexte de transition politique et d’aspiration à une souveraineté économique renouvelée.Mais cette pression ne s’arrêtera pas aux frontières du Sénégal; elle affectera l’ensemble de l’espace ouest-africain, où les économies interdépendantes pourraient être confrontées à un ralentissement généralisé du commerce régional.
Retrait précipité de l’USAID L’USAID, bras principal de la diplomatie humanitaire et de développement des États-Unis, a été supprimée dans le cadre d’un recentrage budgétaire initié par l’administration américaine. En 2024, l’Afrique subsaharienne recevait environ 12 milliards USD d’aide via l’USAID. Des pays comme le Sénégal, le Nigéria, la RDC et l’Éthiopie bénéficiaient de programmes dans les domaines de l’électricité, de la santé, de l’agriculture, de la gouvernance, de l’eau et de l’éducation.La coupure brutale de ces aides affecte directement plus de 25 millions de bénéficiaires à travers le continent. Au Sénégal, les premiers secteurs touchés sont :Le programme d’accès à l’énergie propre et à l’électricitéLes programmes de lutte contre le paludisme et le VIH/SidaLes projets de résilience climatique et d’agriculture intelligenteLes appuis à l’entrepreneuriat fémininLes subventions aux organisations communautairesUn rapport du Center for Global Development estime que le retrait des financements américains provoquera une hausse de 18 % de la mortalité infantile dans les zones rurales du Sahel si aucune solution alternative n’est trouvée. Quelles perspectives pour l’Afrique ?
La fin de l’USAID et les tensions commerciales avec les États-Unis accélèrent un mouvement de réorientation géopolitique et commerciale. De plus en plus de pays africains, y compris le Sénégal, se tournent vers un partenariat plus diversifié avec d’autres pays comme la Chine, la Turquie, les Émirats arabes unis et l’Union européenne. Toutefois, l’activation de la Zone de libre-échange africaine (Zlecaf) devient un impératif de développement du continent dans un contexte où les alliances stratégiques se dessinent partout à travers le monde.Le gouvernement actuel du Sénégal ne cesse souligner sa volonté de bâtir une souveraineté économique réelle, fondée sur nos ressources, nos compétences et nos choix stratégiques. Cette situation reste une fenêtre d’opportunité pour mettre cette vision en pratique.
Il s’agit là d’une volonté claire de rééquilibrer les rapports de force internationaux et de renforcer l’indépendance économique du continent par la coopération Sud-Sud, l’industrialisation locale et l’autofinancement du développement.Besoin urgent d’un mécanisme panafricain de résilienceFace à la volatilité de l’aide internationale et à l’instabilité commerciale mondiale, il pourrait être pertinent de mettre en place un Fonds africain de résilience socio-économique, financé par les États membres de l’Union africaine, la BAD et les partenaires privés. Ce fonds pourrait financer les programmes sociaux en cas de retrait de bailleurs, stabiliser les économies vulnérables aux chocs extérieurs et soutenir la reconversion des travailleurs licenciés par les ONG. Un tel mécanisme pourrait atténuer les conséquences à court terme des décisions unilatérales des puissances étrangères sur le continent africain.
Alerte pour un réveil collectifLes nouvelles barrières commerciales imposées par les États-Unis, combinées à l’élimination soudaine de l’aide au développement via l’USAID, révèlent une dure réalité : la dépendance structurelle de nombreuses économies africaines aux choix politiques de puissances extérieures. Pour le Sénégal et ses voisins, ces décisions constituent un signal d’alarme, mais aussi une opportunité de repenser les modèles de développement, d’investissement et de coopération.Ce choc, bien que douloureux, pourrait devenir un tournant historique si les dirigeants africains s’unissent pour renforcer les chaînes de valeur locales, investir dans les compétences de la jeunesse, et forger des alliances équilibrées. L’heure est venue de placer la souveraineté économique et sociale au cœur des priorités. Comme nous l’enseigne le sage proverbe africain, « Quand les racines sont profondes, il n’y a aucune raison de craindre le vent. »
texte collectif
MACKY SALL, FOSSOYEUR DE LA DÉMOCRATIE SÉNÉGALAISE ET CAUTION MORALE DE LA FONDATION MO IBRAHIM ?
Il s’agit d’interroger la cohérence éthique et la crédibilité de la Fondation Mo Ibrahim. Peut-elle encore se revendiquer comme un baromètre impartial de la gouvernance africaine en promouvant des figures qui incarnent l’exact opposé de ses valeurs ?
Il arrive que l’histoire trébuche. Mais quand elle s’effondre volontairement dans l’amnésie, alors l’indignation devient un devoir. En intégrant Macky Sall à son conseil d’administration, la Fondation Mo Ibrahim tourne le dos à ses principes fondateurs et accorde un blanc-seing à l’un des dirigeants les plus critiqués de l’histoire politique sénégalaise pour sa dérive autoritaire, son mépris des institutions et sa politique économique fondée sur l’endettement débridé et la falsification comptable.
Pourtant, la fondation s’était donnée pour mission, depuis sa création, de « promouvoir une gouvernance exemplaire et un leadership responsable » sur le continent africain. À travers l’indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique (IIAG), elle évalue précisément la qualité des institutions, la démocratie, l’État de droit et les droits de la personne. Or, si l’on appliquait strictement ces critères à Macky Sall, son profil relèverait davantage du contre-exemple que du modèle. Faut-il rappeler que la Fondation elle-même a, dans ses rapports, exprimé ses préoccupations quant au recul démocratique et aux restrictions des libertés dans plusieurs pays, dont le Sénégal sous Macky Sall ?
Un passif démocratique accablant
L’héritage de Macky Sall n’est pas celui d’un bâtisseur, mais d’un fossoyeur obstiné de la démocratie sénégalaise. Sous sa présidence, l’État de droit a été méthodiquement vidé de sa substance : instrumentalisation de la justice à des fins politiques, musellement de la presse, emprisonnements massifs d’opposants politiques, coupures arbitraires d’Internet, dissolution de partis et de mouvements citoyens, manipulation des calendriers électoraux, tentatives de coup d’État institutionnel — la liste est longue, consternante, documentée.
Mais plus encore, son règne fut lourdement taché de sang. Entre 2021 et 2024, des dizaines de manifestants pacifiques ont été tués par les forces de sécurité. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : des étudiants, de jeunes militants, de simples passants ont péri dans les rues de Dakar, de Ziguinchor, de Bignona ou de Saint-Louis, pour avoir exercé un droit fondamental et constitutionnel : celui de résister. Ces morts ne sont pas de simples bavures. Ils sont les témoins silencieux d’un régime qui, au nom de l’ordre, a préféré gouverner par la terreur.
Le rapport Afrobarometer de 2023 confirme cette réalité : plus de la moitié des Sénégalais (53 %) considéraient que leur pays n’était plus une démocratie effective. Ce chiffre témoigne d’un effondrement de la confiance populaire dans les institutions, corollaire direct de la « méthode Macky Sall » faite de duplicité, de concentration autoritaire du pouvoir, et d’un usage cynique de la « raison d’État » pour justifier l’injustifiable.
La tentative avortée de troisième mandat n’était pas une erreur de jugement, mais l’aboutissement d’un projet mûri de longue date, soutenu par une caste de politiciens et de consultants internationaux rémunérés pour interpréter la Constitution. L’épisode du décret du 3 février 2024, par lequel il a suspendu le processus électoral à la veille de la campagne présidentielle, a été unanimement condamné comme un coup d’État institutionnel, y compris par le Conseil constitutionnel sénégalais.
Un gestionnaire sans scrupule et sans transparence
L’autre pan du « legs » de Macky Sall, que la Fondation Mo Ibrahim semble avoir passé sous silence, est le désastre économique et financier qu’il a légué au peuple sénégalais. Comme l’ont révélé les rapports de la Cour des comptes, il a systématiquement sous-estimé la dette publique, dissimulé les déficits budgétaires, contracté des emprunts hors budget et détourné l’éthique de la gouvernance publique.
Dans un contexte de croissance inégalitaire, où plus de 37 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, le faste des grands projets d’infrastructure a masqué une absence criante d’inclusivité et de durabilité. La jeunesse sénégalaise, abandonnée à un secteur informel précaire, a payé le prix fort de cette politique d’endettement au service d’intérêts privés et de clientélismes.
Le discours que Macky Sall tient désormais depuis son exil doré au Maroc, en se posant en « homme de paix », contraste violemment avec la réalité de son pouvoir. La paix dont il se réclame est celle des cimetières de la démocratie. On ne reconstruit pas une légitimité internationale sur les ruines d’un pays que l’on a contribué à diviser et affaiblir.
La Fondation Mo Ibrahim, une caution morale en question
L’enjeu ici dépasse le cas Macky Sall. Il s’agit d’interroger la cohérence éthique et la crédibilité de la Fondation Mo Ibrahim elle-même. Peut-elle encore se revendiquer comme un baromètre impartial de la gouvernance africaine en promouvant des figures qui incarnent l’exact opposé de ses valeurs ?
Certes, l’institution n’est pas exempte du droit à l’erreur. Mais une telle nomination ne peut être interprétée que comme une capitulation morale ou, pire, comme une instrumentalisation politique de son prestige au service de la respectabilité des anciens autocrates.
Dans un continent où la confiance entre les peuples et les élites est souvent rompue, où les nouvelles générations réclament des leaderships transparents, démocratiques et responsables, ce type de décision affaiblit le combat commun pour la souveraineté populaire, la justice et la redevabilité.
Accepter Macky Sall dans le cercle restreint des « sages » de la gouvernance africaine, c’est officialiser le double discours : le langage fleuri de la démocratie dans les rapports internationaux, et les pratiques autoritaires sur le terrain. C’est banaliser la violence institutionnelle, les détournements de procédure, la répression des libertés, au nom d’une prétendue stabilité.
La Fondation Mo Ibrahim, si elle veut rester fidèle à sa mission, doit reconsidérer cette nomination, ou à tout le moins, expliciter les critères éthiques sur lesquels elle fonde une telle décision. L’Afrique mérite mieux que la reconversion dorée de ses anciens autocrates. Elle mérite des leaders de rupture, pas des fossoyeurs recyclés.
Signataires :
Félix Atchadé, médecin, Paris
Seynabou Sougoufara, Biologiste, University of Warwick, Manchester
Youssou Mbargane Guissé, chercheur à la retraite, IFAN, UCAD
Mouhamed Abdallah Ly, Directeur de recherches assimilé, IFAN, UCAD
Abdourahmane Seck, Maître de conférences titulaire, UGB
Mamadou Diallo, Doctorant, Columbia University
Oumar Dia, Maître de conférences titulaire, FLSH, UCAD
Abdou Aziz Diouf, Professeur titulaire, FSJP, UCAD
Ibrahima Xalil Niang, Maître de conférences assimilé, FLSH, UCAD
Alioune Thiongane, FMPO, UCAD
Salif Baldé, Maître de conférences titulaire, ESEA, UCAD
Jean Domingo, Enseignant-vacataire à la FST, UCAD
Marie Olivia Guèye, Informaticienne, Ngaparou
Amadou Fall, Professeur assimilé à la retraite, FASTEF-UCAD
Diéry Ngom, Maître de conférences titulaire, UADB
El Hadji Malick Sy Camara, Maître de conférences assimilé, FLSH-UCAD
Ansoumana Diémé, Elève-Professeur, ENSETP, UCAD
Pierre Sané, Ancien secrétaire général d’Amnesty international
Yaya Diallo, responsable pédagogique, CUK-UASZ
Tidiane Sow, Coach en communication politique, Dakar
François Joseph Cabral, Professeur titulaire, FASEG, UCAD
Cheikh Thiam, Professeur titulaire, Amherst college
Benjamin Diouf, Professeur assimilé, FLSH, UCAD
El Hadji Farba Diop, Chef du service de l’éducation, Musée des Civilisations noires (MCN)
Raoul Manga, fonctionnaire, Ontario, Canada
LA JUSTICE IVOIRIENNE SUSPEND LA DÉLIVRANCE DU CERTIFICAT DE NATIONALITÉ DE TIDJANE THIAM
Une procédure est en cours pour déterminer s’il a perdu ou non sa nationalité ivoirienne, ce qui bloque, pour l’instant, toute reconnaissance officielle.
Le Tribunal de Première Instance d’Abidjan a décidé de suspendre la demande de certificat de nationalité déposée par Monsieur Cheick Tidjane Thiam.
Bien que ce dernier ait officiellement sollicité ce document attestant sa nationalité ivoirienne, le tribunal a estimé qu’il ne pouvait être délivré pour l’instant. En cause : une procédure judiciaire en cours visant à déterminer s’il a perdu ou non sa nationalité ivoirienne.
La présidente du tribunal, Mme Touré Aminata, a précisé qu’en présence d’un doute légal, le certificat ne peut être octroyé. Il faut donc attendre que la justice rende sa décision définitive sur cette affaire.
En clair, la demande de Monsieur Tidiane Thiam est mise en attente jusqu’à l’issue du procès relatif à sa nationalité.
LA RÉBELLION DES PLUMES
Alors que les figures traditionnelles peinent à exister, Madiambal Diagne, Yoro Dia et Hamidou Anne ont investi l'espace critique avec une efficacité remarquable, à coups d'articles cinglants, d'interventions télévisées et de publications virales
Dans un paysage politique en recomposition, alors que l’opposition classique peine à incarner une alternative crédible, trois figures médiatiques – Madiambal Diagne, Yoro Dia et Hamidou Anne – prennent le relais du combat politique… sans en avoir les attributs officiels. À coups de tribunes mordantes, de posts incendiaires et de chroniques virales, ces ‘’plumes d’opposition’’ captent l’attention, structurent le débat et éclipsent parfois les ténors supposés de la résistance.
Ils ne sont ni députés ni chefs de parti, encore moins membres d’une quelconque coalition d’opposition officielle. Et pourtant, Madiambal Diagne, Yoro Dia et Hamidou Anne occupent aujourd’hui le devant de la scène critique contre le pouvoir. Trois profils différents, trois styles distincts, mais une cible commune : le régime de Diomaye Faye et Ousmane Sonko. Dans un contexte où l’opposition institutionnelle peine à s’imposer, ce trio s’impose comme une task force médiatique, qui mène la charge à coups de chroniques, de tribunes, de lives et d’interventions tonitruantes.
Madiambal Diagne, le sniper médiatique
Le doyen du groupe, Madiambal Diagne, est loin d’être un nouveau venu sur le champ de bataille politique. Fondateur du groupe Avenir Communication, éditeur du quotidien ‘’Le Quotidien’’, il revendique une proximité assumée avec l’ancien président Macky Sall. En 2012 déjà, il avait clairement déclaré à ses journalistes qu’il soutenait Macky contre Abdoulaye Wade. Ce parti-pris revendiqué lui a valu la défiance d’une partie du public, mais aussi un accès privilégié aux coulisses du pouvoir.
Depuis l’ascension de Sonko, Madiambal Diagne est devenu l’un de ses adversaires les plus virulents. Ses chroniques dominicales, "Les lundis de Madiambal", sont devenues un terrain de combat. Il y décortique, attaque, accuse. De l’affaire du général Kandé à la supposée découverte d’un compte de 1 000 milliards, en passant par l’abrogation de la loi d’amnistie, il ne laisse aucun répit au régime. L’homme n’a pas seulement choisi la plume : candidat aux dernières législatives sur la liste Jammi ak Njariñ d’Amadou Ba, il a montré qu’il était prêt à conjuguer engagement éditorial et action politique directe.
Son activisme lui vaut aussi des démêlés judiciaires. Les avocats de Sonko ont porté plainte contre lui, ce qui a conduit à son audition par la Sûreté urbaine en décembre 2024. Loin de se rétracter, Madiambal en a fait une tribune supplémentaire pour dénoncer ce qu’il qualifie de "dérives autoritaires". Sa posture divise, mais elle lui confère un rôle central dans la contre-narration du pouvoir actuel.
Yoro Dia, de la neutralité à l’offensive
Yoro Dia, journaliste de formation et politologue reconnu, a longtemps cultivé une image d’analyste mesuré, adepte de la neutralité axiologique. Mais cette image s’est progressivement estompée. Ministre et porte-parole de la présidence de la République dans les dernières années de Macky Sall, il a changé de ton. Fini l’observateur prudent, place au polémiste déterminé.
Depuis la chute du régime qu’il servait, Yoro Dia est devenu l’un des critiques les plus acerbes du gouvernement de Diomaye et Sonko. Il n’a pas hésité à comparer leur projet politique au nazisme, affirmant sur RFM en juillet 2024 : "Je compare toujours le projet Pastef au projet nazi : populisme, coup d’État raté, prison, élection, pouvoir..." Des propos choquants, qui ont suscité une levée de boucliers, mais qui traduisent la volonté de frapper fort.
Sur les grands dossiers économiques, il multiplie les prises de position, comme lorsqu’il a accusé le Premier ministre de "sabotage économique" en confiant le Port autonome de Dakar à Waly Diouf Bodian, présenté comme un nervi. Sur les relations internationales, il met en garde contre une dérive "autoritaire" et appelle à "préserver l’écosystème démocratique du Sénégal".
Pour ce politologue et essayiste, le pays n’a pas de problème d’institutions, mais de vision économique et de gouvernance.
Il conserve une distance critique même vis-à-vis de certains excès du régime précédent, mais sa ligne est claire : défendre le legs de Macky Sall, dénoncer le populisme souverainiste de l’AES et contester la légitimité politique de Sonko.
Hamidou Anne, la nouvelle voix de l’opposition intellectuelle
Hamidou Anne, dernier membre du trio, est sans doute le plus jeune, mais non le moins incisif. Essayiste, ancien chroniqueur, ex-conseiller de Macky Sall, il assume d’avoir adhéré à l’APR après la perte du pouvoir. "Je ne suis pas venu en politique pour des portefeuilles ou pour une richesse matérielle", dit-il. Il se positionne comme un intellectuel engagé, s’exprimant surtout via ses publications sur Facebook et ses lives réguliers.
Il a ouvert récemment un cabinet de stratégie et de marketing politique, aux côtés de Racine Assane Demba, un autre communicant proche de Macky Sall. Son crédo : disséquer les failles du régime, alerter l’opinion, défendre ses pairs. Il s’illustre par une prise de position constante sur des sujets complexes, comme la dette publique et les relations avec le FMI, dénonçant par exemple une "dette cachée" et relayant les critiques adressées par le FMI aux nouvelles autorités.
Perçu comme arrogant par les militants de Pastef, il avait même jeté le discrédit sur les journalistes qui avaient osé mettre en garde le président contre un troisième mandat. Il est passé du langage diplomatique à la confrontation directe.
Comme ses deux compères, il multiplie les attaques contre le gouvernement. Il parle de "régime d’intérim", accuse Sonko d’être un "activiste déguisé en Premier ministre" et affirme que la posture des dirigeants actuels "ne rassure pas au niveau international". Sa verve est cinglante, ses posts très partagés et son ton volontiers provocateur : "Ce vacarme menaçant sans action concrète, au début risible, est devenu gênant", écrit-il à propos de la gouvernance actuelle.
Trois voix, un même écho : l’opposition extra-parlementaire
Le trio ne laisse personne indifférent. Pour certains, ils sont les derniers remparts d’une opposition qui se cherche, capables de poser les bonnes questions et de contrer l’hégémonie de Pastef. Pour d’autres, ils incarnent le retour déguisé d’un ancien régime défait, usant de leurs réseaux médiatiques pour défendre des intérêts personnels ou claniques.
Leur activisme, aussi bruyant soit-il, révèle une réalité : l’opposition parlementaire et politique formelle peine à se faire entendre. Face à un pouvoir centralisé et offensif, et à une majorité encore en construction, c’est dans les médias, les tribunes et les réseaux sociaux que se joue une partie du débat public. Madiambal, Yoro et Hamidou ont investi cet espace avec une efficacité qui force le constat : le contre-pouvoir est aussi une affaire de récit, de stratégie et d’omniprésence.
Le plus frappant est que ce trio médiatique semble aujourd’hui éclipser des figures politiques qui auraient logiquement dû incarner la première ligne de l’opposition. Amadou Ba, ancien Premier ministre et candidat malheureux à la présidentielle avec un score honorable, peine à faire entendre sa voix depuis sa défaite. Aucune structure visible, aucune ligne claire, aucun discours fort. Barthélemy Dias, autrefois très présent dans les médias, est en perte de vitesse depuis sa destitution à la mairie de Dakar en décembre 2024. Ses relations peu cordiales avec Khalifa Sall, son mentor d’hier, semblent encore brouiller son image.
Aujourd’hui, ce sont parfois des chroniqueurs de télés, de sites web ou des "liveurs" sur TikTok et Facebook qui captent davantage l’attention et la confiance d’une partie du public que ces opposants classiques. Le champ politique est devenu un champ médiatique, où la visibilité vaut plus que les mandats. Madiambal, Yoro et Hamidou l’ont compris avant les autres.
Ils agacent, provoquent, polarisent. Mais leur influence est réelle. Madiambal, Yoro et Hamidou sont devenus les têtes d’affiche d’une opposition qui ne dit pas son nom, mais qui impose sa voix.
Reste à savoir si cette opposition de plume, de post et de micro peut, un jour, se transformer en alternative politique crédible.
Leur défi ? Ne pas sombrer dans l’excès, éviter le discrédit, et surtout convaincre qu’ils portent une alternative crédible, au-delà de la seule nostalgie du passé. Car face à une jeunesse mobilisée, à une opinion publique en mutation et à un pouvoir qui s’impose avec autorité, critiquer ne suffit plus. Il faut proposer.
MANSOUR FAYE DE NOUVEAU INTERDIT DE VOYAGER
L’ancien ministre s’est vu refuser l’embarquement, jeudi, sur le vol HF 0701, en dépit d’une ordonnance de la Cour suprême lui garantissant la liberté de circuler. Sur Facebook, il dénonce une agression contre l’État de droit.
L’ancien ministre sénégalais Mansour Faye a de nouveau été empêché d’embarquer ce jeudi à bord du vol HF 0701, malgré une ordonnance de la Cour suprême lui reconnaissant pleinement ses droits.
Dans une publication sur sa page Facebook, Mansour Faye dénonce ce qu’il qualifie de « gravissime agression contre l’État de droit ».
Selon lui, cette interdiction constitue une violation manifeste d’une décision judiciaire, à savoir l’ordonnance n°12/2025 de la Cour suprême, qui lui permettait de voyager librement.
« Ils ont osé franchir le Rubicon ! », s’indigne-t-il, accusant les autorités de faire fi des principes de droit. « Dans quel État sommes-nous ?
Qui peut encore nier que la dictature s’est installée au Sénégal ? », interroge-t-il, tout en réaffirmant sa détermination à faire valoir ses droits de citoyen.
SÉNÉGAL, UN FUGITIF RECHERCHÉ PAR INTERPOL GAMBIE ARRÊTÉ
La gendarmerie de Diouloulou a mis la main sur un individu activement recherché pour meurtre et évasion de prison. Le suspect a été localisé avant d’être remis aux autorités gambiennes.
Les éléments de la brigade territoriale de gendarmerie de Diouloulou ont procédé, ce mardi 09 avril à 13h30, à l’arrestation d’un individu activement recherché par le Bureau Central National INTERPOL de Banjul (Gambie).
Le nommé B.D., en cavale depuis plusieurs années, faisait l’objet d’un mandat d’arrêt émis en 2021 par les autorités gambiennes. Il était poursuivi pour meurtre et s’était évadé de prison après son incarcération. C’est grâce à une étroite coopération entre les services de sécurité sénégalais et leurs homologues gambiens que son interpellation a pu être effectuée.
B.D. avait trouvé refuge au Sénégal, dans le village de Samboulandian, situé dans la commune de Kataba 1, au sein du secteur de Diouloulou. Informée par l’INTERPOL Gambie, la gendarmerie sénégalaise a rapidement mis en place un dispositif qui a permis de localiser et d’interpeller le fugitif sans incident.
Sur instruction du Parquet, l’individu a été remis aux autorités gambiennes le jour même à 19h00, marquant ainsi un nouvel exemple de collaboration sécuritaire efficace entre les deux pays voisins.
Cette opération illustre la vigilance constante des forces de sécurité sénégalaises dans la lutte contre la criminalité transfrontalière et la coopération judiciaire en matière d’extradition.
LA MIGRATION RÉGULIÈRE, SOURCE DE DÉVELOPPEMENT ET DE JUSTICE SOCIALE
En marge du Colloque international de Dakar sur la migration, la ministre espagnole Elsa Saiz Delgado a salué les avancées du partenariat avec le Sénégal, notamment à travers le programme de migration circulaire et l’accord sur la sécurité sociale.
La ministre espagnole de l’Inclusion, de la Sécurité sociale et des Migrations, Elsa Saiz Delgado, a défendu, jeudi, l’idée d’une politique migratoire régulière, prônée par son pays, une perspective qu’elle présente comme une source de ‘’développement’’ et de ‘’justice sociale’’.
‘’Depuis l’Espagne, nous défendons une vision de la migration en tant que réalité liée au développement, à la mobilité humaine, aux projets de vie et à la justice sociale’’, a-t-elle déclaré.
La ministre espagnole prenait part au Colloque international de Dakar sur la migration, une rencontre de deux jours organisée par Otra África, une organisation à but non lucratif créée par des jeunes Espagnols d’origine africaine pour aider les autorités administratives à faire face à l’afflux massif des immigrés irréguliers.
Ce forum est organisé en partenariat avec le Secrétariat d’État aux Sénégalais de l’extérieur et plusieurs acteurs du secteur migratoire.
Il réunit experts, analystes, diplomates et hauts fonctionnaires venus d’Europe, d’Afrique et d’autres régions du monde autour du thème : ‘’La migration internationale, pont et vecteur de développement entre l’Europe et l’Afrique’’.
Selon Elsa Saiz Delgado, l’Espagne s’est engagée pour ‘’une gestion des migrations régulière, ordonnée et sûre, basée sur le respect des droits humains et la corresponsabilité’’.
Devant le secrétaire d’État des Sénégalais de l’extérieur, Amadou Cherif Diouf, Elle a salué les “avancées majeures” notées dans le partenariat entre son pays et le Sénégal, faisant notamment référence au programme de migration circulaire qui permettra, à terme, à 655 travailleurs sénégalais de bénéficier d’emplois temporaires en Espagne dans des conditions décentes, avec la garantie d’un retour productif.
‘’Ce programme, innovant et cité en exemple, montre qu’il existe des alternatives légales à la migration irrégulière’’, a souligné la ministre espagnole.
Parmi les autres progrès notables, Mme Delgado a évoqué l’accord de sécurité sociale signé entre les deux pays, permettant ainsi à près de 500 Sénégalais de percevoir depuis le Sénégal leur pension versée par l’Espagne.
‘’Plus de 80 000 résidents sénégalais en Espagne’’
Elle a également salué l’intégration réussie de la communauté sénégalaise, forte de ‘’plus de 80 000 membres’’, qui contribue activement à la société et à l’économie espagnoles, soulignant le ‘’rôle central’’ des migrants, qu’elle a qualifiés de ‘’bâtisseurs de ponts entre les continents’’.
Insistant sur la nécessité d’une politique migratoire globale, la ministre espagnole a mis l’accent sur la complémentarité entre diplomatie, coopération décentralisée, inclusion sociale, formation professionnelle et dialogue interculturel.
Elle a, en outre, signalé que l’Afrique constitue une ‘’priorité stratégique’’ pour l’Espagne en matière migratoire, dans le cadre, notamment, de la Stratégie Espagne-Afrique 2025-2028, récemment présentée par le Premier ministre Pedro Sánchez.
‘’Cette feuille de route promeut une relation horizontale, fondée sur le développement durable, l’autonomisation des femmes et la bonne gouvernance migratoire’’, par ‘’des initiatives concrètes, durables et centrées sur les personnes’’, a fait savoir Mme Delgado.
Ce colloque international de Dakar sur la migration est le deuxième du genre après celui tenu à Las Palmas (Espagne) en 2024, et constitue ‘’une plateforme essentielle pour faire progresser les engagements en matière de migration et les traduire en actions tangibles’’, selon ses organisateurs.
MAMADOU BADIO CAMARA, UN MAGISTRAT FACE À L'HISTOIRE
Sous sa présidence, l'institution a posé des actes décisifs en déclarant inconstitutionnel le report de l'élection présidentielle, en rejetant un projet de modification de la Constitution, et en validant la candidature contestée de Bassirou Diomaye Faye
Le président du Conseil constitutionnel, Mamadou Badio Camara, décédé jeudi, à Dakar, à l’âge de 73 ans, a sans doute été l’un des acteurs-clés du dénouement apaisé du processus électoral ayant débouché sur l’investiture le 2 avril 2024, de Bassirou Diomaye Faye comme cinquième président du Sénégal.
La juridiction électorale s’est notamment illustrée sous son magistère par une posture équidistante et indépendante dans un contexte politique marqué par des pressions et polémiques provenant de la quasi-totalité des acteurs politiques et de la société civile.
Difficile de ne pas évoquer l’intense activité déployée aussi bien dans la validation des candidatures au scrutin que dans la garantie de la poursuite du processus dans le respect de la Constitution.
Le Conseil constitutionnel sous sa présidence avait tour à tour jugé inconstitutionnel le report de l’élection présidentielle qui avait été initialement prévue le 25 février, rejeté le projet de modification de la Constitution qui devait ouvrir la voie à la tenue du scrutin en décembre et publié d’autres arrêts et décisions ayant, en fin de compte, favorisé une bonne tenue de l’élection finalement organisée le 24 mars 2024.
Auparavant, le Conseil constitutionnel avait validé la candidature de Bassirou Diomaye Faye qui était emprisonné à la prison du Cap Manuel de Dakar, alors que beaucoup d’acteurs prédisaient son rejet en partant du principe que le parti politique auquel appartient M. Faye, Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF), avait été officiellement dissous.
Mamadou Badio Camara, membre du Conseil constitutionnel depuis 2021, avait été désigné par décret, le 5 septembre 2022, président de cette institution en remplacement de Papa Oumar Sakho, arrivé au terme de son mandat.
”Les politiques peuvent être féroces avec ceux qui peuvent contrecarrer leur projet”
Lors d’une récente sortie publique effectuée en France, l’ancien président de la Cour suprême du Sénégal affirmait que le Conseil constitutionnel avait signifié au président Macky Sall que la Constitution ne lui permettait pas de briguer un nouveau mandat après être resté 12 ans à la tête du pays.
”Il y a eu beaucoup de tensions, beaucoup de pression. C’est peut-être un peu normal. C’est une élection présidentielle et les enjeux sont importants. Les politiques peuvent être féroces avec tous ceux qui peuvent contredire ou contrecarrer leur projet. On a fait l’effort d’exercer notre métier de la manière la plus conforme à la Constitution Sénégal et à notre métier”, déclarait-il le 3 octobre dernier à Paris à l’édition 2024 de la Nuit du droit, un évènement organisé par le Conseil constitutionnel français. Une déclaration somme toute empreinte de sérénité, de lucidité et traduisant une capacité de résistance aux pressions.
Des vertus l’ayant sans doute motivé lors du discours prononcé le 2 avril 2024 à Diamniadio lors de l’investiture du président Bassirou Diomaye Faye. Le cinquième président de la République ‘’choix incontestable et éclatant du peuple sénégalais’’ lors de l’élection présidentielle du 24 mars, symbolise ‘’la volonté de notre peuple de changer de paradigme dans sa gouvernance et de génération dans son gouvernement’’.
Le président du Conseil constitutionnel avait également invité le chef de l’Etat à se souvenir, ‘’à l’heure où surgiront les inévitables tentations du pouvoir, l’ivresse de la puissance, les démons de la division,’’ de ‘’la main de Dieu, dont la volonté domine et détermine inéluctablement les moments que nous vivons’’.
‘’Prions que cette bénédiction divine ne cesse de tirer notre pays de tous les traquenards tendus par la main de l’homme, en particulier dans la perspective d’une exploitation prochaine, et porteuse d’espoir, du pétrole et du gaz’’, avait lancé Mamadou Badio Camara.
S’adressant au président de la République, il concluait : ‘’Vous êtes désormais le garant de la démocratie sénégalaise, du respect des institutions, des droits et libertés, gage de la stabilité de l’État et de l’unité du Peuple sénégalais, dans sa diversité. Prions que les espoirs de notre peuple, placés en vous, Monsieur le président de la République, fleurissent et portent fruits. Que Dieu Le Tout-Puissant vous assiste !’’.
Issu de la promotion de 1977 de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (actuelle ENA), Mamadou Badio Camara avait intégré le système judiciaire avant la trentaine.
Il avait occupé, de novembre 2008 à juillet 2013, les fonctions de Président de la chambre criminelle de la Cour suprême (cumulativement avec les fonctions de Secrétaire général de la Cour suprême du Sénégal). Il était aussi passé à la Cour de cassation où il avait occupé, de février 2004 à novembre 2008, le poste de Secrétaire général.
En 1993, il était le Procureur adjoint au tribunal régional hors classe de Dakar. Mais déjà en 1977, il avait été nommé Substitut du Procureur à Dakar. Mamadou Badio Camara avait également été Chargé de mission de l’Organisation internationale de la Francophonie (O.I.F) : mission d’audit organisationnel de la Cour de cassation d’Haïti (Port-au-Prince, juin 2007) et mission d’appui à la justice pénale (Port-au-Prince, juin 2008). Il avait aussi été élu membre du comité des Nations-Unies sur les disparitions forcées, le 31 mai 2011.
ADIEU AU SAGE DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Les réactions se multiplient dans tout le pays, des plus hautes instances de l'État à la société civile, saluant unanimement Mamadou Badio Camara, un magistrat d'exception qui a marqué l'histoire récente du Sénégal par son courage et son intégrité
Les réactions d’acteurs politiques et de la société civile ont afflué dans les médias et sur les réseaux sociaux à la suite du rappel à Dieu, ce jeudi à Dakar, du président du Conseil constitutionnel, Mamadou Badio Camara à l’âge de 73 ans.
Le président Bassirou Diomaye Faye n’a pas tardé à saluer la mémoire d’un grand serviteur de l’Etat.
Dans un message publié sur le réseau social X, quelques heures après l’annonce du décès, le chef de l’Etat a notamment exprimé sa tristesse tout en présentant ses condoléances à la famille du défunt, à ses proches et à l’ensemble de la magistrature.
Alioune Tine, président du think thank, Africa Jom Center, a, sur le même réseau social, salué le rôle joué par le défunt magistrat lors de la crise politique ayant secoué le Sénégal en 2024.
”Le Conseil constitutionnel sous la présidence du juge Mamadou Badio Camara, par des décisions courageuses, avisées, circonstanciées, documentées et solidement argumentées, a non seulement sauvé l’Etat de droit et la démocratie à un moment critique de l’histoire politique du Sénégal’’, a-t-il souligné.
Il a insisté sur le fait que, par cette posture, le Conseil constitutionnel avait redoré le blason de l’institution judiciaire.
”Nous avons vécu au Sénégal, en Afrique et dans le monde un grand moment de soulagement, de catharsis politique. Un moment de remontée démocratique, de l’Etat de droit, mais surtout une marque inédite d’indépendance de la justice face à un exécutif fort, que nous devons aussi au courage et au leadership du défunt président du Conseil constitutionnel dont le nom est désormais inscrit en lettres d’or dans les annales de l’histoire politique du Sénégal’’, a salué M. Tine.
C’est à peu près le même son de cloche qui a émané du responsable au Sénégal d’Amnesty International, Seydi Gassama. Il a notamment, sur X, estimé que les décisions courageuses rendues par le Conseil constitutionnel sous la présidence de Mamadou Badio Camara avaient ‘’sauvé la démocratie sénégalaise mise en péril par le président Macky Sall et son régime’’.
”Le Sénégal vient de perdre un éminent juriste avec la disparition de Monsieur Mamadou Badio Camara, président du Conseil constitutionnel. Le PUR (Parti de l’unité et du rassemblement) présente ses condoléances à toute la nation sénégalaise, à sa famille et prie pour le repos éternel de son âme’’, a, de son côté, réagi la formation politique dont le religieux, Moustapha Sy, est le président d’honneur.
Sur les ondes de la Radio futurs médias (RFM, privée), Me Malick Sall, ancien ministre de la Justice, a déclaré que M. Camara était ”un magistrat qui savait prendre ses responsabilités comme il le fallait”.
‘’Il était profondément loyal. J’ai rarement vu un magistrat aussi loyal que Mamadou Badio Camara. Il était un serviteur de l’Etat, un républicain au vrai sens du terme’’, a-t-il notamment dit.
Le député Babacar Ndiaye du parti les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef, au pouvoir) a exprimé ‘’sa profonde tristesse’’ tout en louant le parcours professionnel de l’ancien président de la Cour suprême.
L’AFP tient son Congrès samedi prochain
Le congrès tant attendu de l’Alliance des forces de progrès (AFP) se tiendra finalement samedi prochain selon Marcel Diana Ndiaye. A l’en croire, l'AFP connaîtra son nouveau secrétaire général et déclinera sa feuille de route. Seulement, les progressistes veulent une direction collégiale, un ensemble qui se concerte, décide et oriente. Interpellé sur les candidatures, M. Ndiaye indique que le parti ne veut pas organiser une compétition. Selon lui, une nouvelle direction rajeunie en phase avec les exigences politiques sera installée, Niasse qui est en retrait va contribuer à la vie du parti. La première tâche est de redynamiser le parti et faire revenir les démissionnaires pour faire de l’AFP un parti fort. 1 500 participants sont attendus au congrès. Moustapha Niasse pourrait être un président d’honneur.
Sécurité ferroviaire à Thiès
A la suite de l'accident ferroviaire qui a récemment emporté à Thiès un enfant de 8 ans, tué par un train des ICS, Dr Babacar Diop Maire de la ville a convié hier tous les acteurs à une réunion sur la sécurité ferroviaire. Il y avait les responsables des industries minières, le Directeur des chemins de fer, les maires, les délégués de quartiers, les notables, les représentants des familles religieuses, la société civile, etc. A cette occasion d'ailleurs, la GC a présenté son projet de sécurisation de la voie ferroviaire. Selon Dr Babacar Diop, il ressort du diagnostic que la ligne ferroviaire est non clôturée, avec des passages à niveau agréés non sécurisés et beaucoup de passages à niveau clandestins. Il est aussi constaté qu'il y a des lotissements jusqu'à près de 3 mètres de la ligne et des activités de commerce qui se développent à un seul mètre.
Sécurité ferroviaire à Thiès (bis)
Au terme de la réunion. Il a annoncé la décision de travailler à la libération des emprises, 15 mètres à gauche et 15 mètres à droite. Ce qui devrait passer par un plan de communication, de sensibilisation et selon Dr Babacar Diop, tous les maires se sont engagés à s'investir dans cette approche, en rapport avec les délégués de quartier, les bajenu gox, etc. Il s'y ajoute la mise en place d'un comité de pilotage, pour suivre la mise en œuvre des recommandations. Une visite de terrain avec la GCO, les ICS, est aussi au programme, pour mieux apprécier la situation sur le terrain. D'après le Directeur des chemins de fer, la situation qui a engendré cet accident, découle essentiellement de la longue crise du chemin de fer, qui dure depuis des années. C'est ainsi que les emprises sont complètement agressées par les populations, avec des comportements totalement à risques. Ce qui nécessite, à ses yeux, des mesures fortes pour arriver à un niveau acceptable de sécurité.
Développement du spatial
Le chef de l’Etat est déterminé pour conquérir l’espace en développant le spatial. Après avoir lancé la 2e édition de la caravane nationale de l’espace, dénommée « SPACEBUS 2025 », pilotée par l’Agence sénégalaise d’études spatiales (ASES), Diomaye a demandé au ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation de réunir tous les acteurs institutionnels et privés nationaux ainsi que les partenaires, afin de finaliser le document de référence de la politique nationale et les plans d’action coordonnés de développement du spatial adossés à la Vision Sénégal 2050.
Deux trafiquants interpellés avec 15 kg de drogue
Les limiers ne donnent pas de répit aux trafiquants de drogue. Les éléments de la Brigade régionale des stupéfiants de l’OCTRIS de Sédhiou ont interpellé deux individus, ce lundi à 10h, en possession de 15 kilogrammes de chanvre indien, de la variété dite verte. Les mis en cause sont placés en garde à vue au Commissariat central de Sédhiou. La Police nationale entend poursuivre les recherches en vue d’interpeller toute personne impliquée dans cette affaire.
Report de la plénière
L’Assemblée nationale a décidé hier de reporter la séance des questions d’actualité au gouvernement, prévu aujourd’hui. La plénière se tiendra lundi prochain en raison du rappel à Dieu de Serigne Mouhamadou Makhtar Thiaw Laye, Khalife Général des Layènes. L’Assemblée nationale présente ses sincères condoléances à sa famille, à la communauté layène, ainsi qu’à l’ensemble du peuple sénégalais.
34 candidats à l'émigration clandestine interpellés Ziguinchor
La gendarmerie a brisé le rêve d’une trentaine de migrants en partance pour l’Europe. En effet, les pandores ont démantelé hier un réseau d'émigration irrégulière en interpellant 34 personnes, dont 31 Sénégalais originaires de la région de Sédhiou et 3 Gambiens. Ces individus avaient pris la route à Ziguinchor le lundi avant d’être interceptés par les forces de l’ordre basées à Diouloulou, aux alentours de 18 heures le même jour. D’après les pandores, les candidats qui ont été placés sous la garde de la Section de Recherches de Ziguinchor ont été déférés hier au parquet Un convoyeur a également été appréhendé. La Section de Recherches poursuit les investigations pour identifier et appréhender les responsables et complices de cette tentative d’émigration illégale.
Le couple qui vendait les «pilules d'hymen artificiel» condamné
Le tribunal des flagrants délits de Dakar a jugé hier une affaire d’exercice illégal de pharmacie, importation de médicaments sans autorisation, détention et vente de produits de santé non homologués, mise en danger de la vie d'autrui, atteinte à la santé publique des citoyens, publicité mensongère et diffusion de fausses informations sur des supports non autorisés et provocation d’un délit. Les prévenus : les époux Pape Abdou Ndiaye et Oumou Khairy Dièye, rapporte seneweb. Ils ont été relaxés pour la provocation d’un délit et coupable des autres délits. L’épouse a été condamnée à six mois avec sursis ; le mari a six mois, dont deux mois ferme. Tous les deux doivent aussi payer une amende de 50 000 F CFA. Ils commercialisaient, à travers le compte tiktok «Secret femme», des produits qui simulent l’hymen.
Un incendie ravage cinq maisons et des vivres à Lonkane
Un incendie a ravagé cinq maisons et des réserves alimentaires hier, au village de Lonkane (commune de Mbeuleup). Aucune perte en vie humaine n'est signalée, mais les dégâts matériels sontimportants. Selon le chef du village Abdou Loum, les flammes ont consumé 21 chambres, 1,9 tonne de mil, 950 kg de maïs, 200 kg de riz, 500 kg d’arachide, ainsi que du mobilier, des charrettes, quatre réserves de foin et 205 000 FCFA en espèces. Les pompiers sont arrivés vers 16 heures, ont mis deux heures pour maîtriser le feu. Les habitants appellent à une aide urgente.
Un motocycliste meurt dans un accident de la route
Un conducteur de moto «Jakarta» âgé de 28 ans a trouvé la mort dans un accident de la route survenu mercredi dans la ville de Matam (nord), a appris l’Aps d’une source sécuritaire ayant requis l’anonymat. Le véhicule à deux roues qu’il conduisait a heurté une charrette à cheval, selon la même source. Le motocycliste est décédé au cours de son évacuation à l’hôpital régional de Matam. Le conducteur de la charrette à cheval, un résident du quartier matamois de Gourel Serigne, âgé de 39 ans, a été interpellé et conduit au commissariat de police de Matam, selon la même source. La victime est originaire de Diamel, un village situé dans la commune de Matam.
Situation carcérale et des tribunaux de Tambacounda
Le ministre de la Justice a répondu à la question écrite du député Mady Danfakha sur la situation judiciaire à Tambacounda. Ousmane Diagne a soutenu que le problème de déficit en personnel magistrat est perceptible dans toutes les juridictions car le Sénégal ne compte présentement que 522 magistrats. Sur la vétusté des immeubles abritant les tribunaux de Tambacounda, le ministre informe qu'un important programme de modernisation des infrastructures du ministère de la Justice (PROMIJ) est en cours d'exécution. Quant à la dématérialisation des procédures judiciaires, le Garde des Sceaux signale que pour la première fois, le ministère de la Justice est doté d'un programme de dématérialisation financé à hauteur de 10,705 milliards de francs CFA par le budget de l'État. Ce programme bénéficie d'une dotation de 750 millions de francs CFA pour l'exercice 2025 et doit être exécuté jusqu'en 2029. Sur les longues détentions, il précise que le tableau au niveau de la Maison d'arrêt et de correction de Tambacounda révèle un seul détenu dont le mandat de dépôt date du 17 juillet 2020, un autre détenu depuis le 13 avril 2022 et deux autres placés sous mandat de dépôt à la date du 02 novembre 2022. Des instructions fermes ont été émises pour hâter la clôture de ces procédures. Aussi à la date du 24 mars 2025, la Maison d'arrêt et de correction de Tambacounda compte 467 pensionnaires pour une capacité d'accueil de 270 places.
Le présumé cambrioleur au Trésor public tombe à Grand-Dakar
Après une longue filature, les éléments de la Sûreté Urbaine de Dakar ont interpellé, hier, aux environs de 16h l’auteur du cambriolage au Trésor public. Il s’agit de M. Sall âgé de 27 ans. Ce jeune domicilié au quartier Rebeuss a été interpellé à Grand-Dakar. Selon des informations de Seneweb le mis en cause qui a reconnu les faits a déclaré avoir agi avec une autre personne. D’ailleurs, les policiers-enquêteurs sont sur une piste très sérieuse pour procéder à son interpellation.
Le Sénégal a besoin de 13 milliards de dollars d'ici 2030...
La mise en œuvre de la contribution déterminée au niveau national (CDN), un ensemble des mesures d’adaptation au changement climatique prises par le Sénégal, nécessite un financement estimé à 13 milliards de dollars US d’ici à 2030, a indiqué, mercredi, le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba. Les engagements nécessitent d’importants financements, notamment pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pour le cas spécifique du Sénégal, la mise en œuvre de la contribution déterminée au niveau national (CDN) est estimée à 13 milliards de dollars US, a dit M. Diba, selon l'Aps. Il présidait l’ouverture de la 10e Assemblée Générale de l’Association Internationale des Institutions Supérieures de Contrôle des Finances Publiques (AISCCUF), qui se tient à Dakar jusqu’à vendredi. En matière de réalisation des engagements sur les changements climatiques, le Sénégal a soumis trois communications nationales (1997, 2010, 2015) auprès du Secrétariat de la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) de même qu’une contribution déterminée au niveau national (CDN) en 2020. Ces différents rapports traduisentles efforts du pays en termes d’adaptation au changement climatique. Cheikh Diba, a précisé que ce montant inclut 8,7 milliards pour les efforts d’atténuation et 4,3 milliards pour l’adaptation, auxquels s’ajoutent 5 millions de dollars destinés au renforcement des capacités sur la période 2020–2030.