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2 août 2025
Par Sarah BOUKRI
LE MIGRANT, BAROMETRE, VICTIME ET INSTRUMENT DES TENSIONS INTERNATIONALES
En 2023, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), le nombre de personnes déplacées de force dans le monde a atteint un niveau historique, soit plus de 117 millions
En 2023, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), le nombre de personnes déplacées de force dans le monde a atteint un niveau historique, soit plus de 117 millions. Ceci n’est pas seulement le reflet de guerres ou de catastrophes naturelles mais d’un contexte international profondément marqué par la rivalité croissante entre États et notamment entre grandes puissances, dont les manœuvres stratégiques influencent (parfois intentionnellement)les flux migratoires.
Alors que les médias se concentrent souvent sur les migrations irrégulières ou les naufrages en Méditerranée, les migrations forcées liées aux conflits géopolitiques sont rarement abordées comme un phénomène structurant de l’ordre mondial. Pourtant, la migration devient de plus en plus un symptôme visible d’une reconfiguration du pouvoir et les tensions entre États dessinent de nouvelles lignes de fractures humaines. Les migrants incarnent une triple réalité : ils sont victimes des conflits et des déséquilibres, mais aussi baromètres des tensions internationales, leur nombre et leurs trajectoires signalant l’intensité des crises. Ils sont parfois instruments, délibérément utilisés dans le cadre de luttes de pouvoir.
Conflits armés et stratégies d’influence
Selon Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022, un conflit qui est en réalité une confrontation indirecte entre la Russie et les puissances occidentales, près de 11 millions d'Ukrainiens ont été déplacés. En Syrie, et avant les récents mouvements de retour, plus de 7,4 millions de Syriens étaient des déplacés internes et 4,8 millions s’étaient réfugiés dans les pays voisins.
Le conflit au Soudan, ravivé en avril 2023, a entraîné environ 9,1 millions de déplacements internes et plus de 1,2 million de réfugiés ayant fui vers les pays voisins, notamment le Tchad, qui accueille désormais plus de 1,2 million de réfugiés soudanais. En Amérique latine, dans un contexte de tensions diplomatiques régionales, plus de 7,9 millions de Vénézuéliens ont fui leur pays, selon R4V (2024). Les flux se redirigent vers le Brésil, la Colombie, le Chili.
En Afrique de l’Ouest, le coup d’État de juillet 2023 au Niger a été un point de bascule. Le gouvernement militaire a annulé la loi de 2015 criminalisant la migration irrégulière, rouvrant les routes vers la Libye et l’Algérie. Un ancien agent de l’OIM à Agadez, interrogé par France 24, exprimait : «On ne peut pas demander à un peuple de garder les frontières de l’Europe alors qu’il n’a même pas de quoi garder ses écoles ouvertes».
Dans ces situations, les migrations ne sont plus seulement une conséquence humanitaire, mais s’inscrivent dans des logiques géopolitiques mondiales. À chaque nouvelle montée de violence, le déplacement massif de populations signale la gravité de la situation aux yeux du monde, faisant des migrants un véritable baromètre des tensions internationales.
Instrumentalisation des mobilités : la migration comme outil diplomatique
La migration, ces dernières années, s’est imposée comme un instrument de pression diplomatique, une pratique connue sous le terme de «migration weaponising».
Selon l’International Crisis Group, «l’instrumentalisation des réfugiés par les États belligérants ou autoritaires tend à se banaliser dans un monde fragmenté par les rivalités stratégiques» (Rapport annuel 2023). Les États-Unis ont conditionné leur aide à des pays comme le Mexique et le Guatemala à des engagements en matière de contrôle des flux, externalisant ainsi une partie de leur contrôle migratoire.
À Gaza, la guerre a ravivé les inquiétudes de déplacements forcés à grande échelle, des responsables israéliens et l’administration américaine ont ainsi publiquement évoqué le «transfert» de la population civile vers d’autres pays tels que l’Égypte et la Jordanie. Aussi, depuis octobre 2023, un blocus sévère et des restrictions systématiques à l’aide humanitaire ont provoqué des déplacements supplémentaires. Certains modèles de distribution militarisée sont perçus comme des tentatives de contrôler le récit humanitaire. En Biélorussie, le régime d’Alexandre Loukachenko a organisé en 2021 l’acheminement de migrants venus du MoyenOrient vers les frontières polonaise et lituanienne, en réponse aux sanctions européennes. Ces personnes ont été utilisées comme «armes humaines» dans un contexte de tension entre Minsk et l’Union Européenne. En Amérique latine, l’émigration vénézuélienne a aussi pris une dimension politique. L’accueil ou le rejet de ces flux a été utilisé comme outil de négociation, notamment avec Caracas ou leurs voisins. La Turquie a utilisé sa position de pays d’accueil de millions de réfugiés syriens pour négocier avec l’Union Européenne, notamment via l’accord UE-Turquie de 2016, elle a de ce fait plusieurs fois menacé d’ouvrir ses frontières pour permettre aux réfugiés syriens de traverser vers l’Europe.
Vers une reconfiguration durable de la gouvernance migratoire ?
Les tensions géopolitiques actuelles conduiront forcément à une reconfiguration de la gouvernance migratoire mondiale et par conséquent à une redéfinition des accords migratoires. D’un côté, certains pays renforcent leurs politiques de fermeture, comme les États-Unis et l’Italie, de l’autre, de nouvelles solidarités régionales émergent, notamment en Amérique latine pour faire face aux nouvelles restrictions américaines sur le régime d’asile.
Les actuels événements au Moyen-Orient illustrent une tendance à l’escalade militaire directe entre puissances régionales et globales, avec des conséquences immédiates sur les populations civiles. Cette dynamique pourrait accentuer la régionalisation des crises migratoires, où les pays voisins deviennent à la fois des zones de transit et des refuges précaires, souvent sans moyens suffisants pour gérer ces flux.
La multiplication des fronts (Israël-Iran, conflit israélo-palestinien, tensions au Liban) rend la gouvernance migratoire encore plus difficile à coordonner. On peut craindre une fragmentation accrue des réponses internationales, avec des politiques nationales de fermeture renforcées, une instrumentalisation croissante des migrations à des fins stratégiques, et une augmentation des atteintes aux droits de l’Homme.
Par ailleurs, le Liban, déjà confronté à une crise économique et politique majeure et à l’accueil de millions de réfugiés syriens et palestiniens, est sous forte pression. Les tensions régionales pourraient déstabiliser davantage ce pays, provoquant de nouveaux déplacements internes et transfrontaliers. La fragilité politique et sécuritaire du Liban fait de lui un point sensible dans la dynamique migratoire du Moyen-Orient. Ces situations illustrent la dimension géopolitique des migrations forcées.
La migration : un miroir du désordre mondial
Comprendre les migrations contemporaines implique de regarder au-delà des frontières physiques. Les routes migratoires, les camps et les politiques de visas sont les reflets des rapports de force mondiaux. Depuis longtemps, le pouvoir d’un État se manifeste aussi dans la liberté de circulation que confère son passeport, un indicateur discret mais révélateur de son influence internationale.
Réduire la migration à une simple crise humanitaire revient à ignorer sa fonction de baromètre des tensions globales. Les migrants, en tant que victimes, indicateurs et instruments des stratégies internationales, incarnent la complexité du désordre mondial actuel.
Les migrations ne doivent pas être réduites à un outil de négociation diplomatique. Elles sont avant tout l’expression de déséquilibres profonds (conflits, inégalités, dérèglements climatiques), auxquels il faudrait apporter des réponses structurelles. Il devient urgent d’adopter des politiques migratoires fondées sur une approche humaine et solidaire, ancrées dans le respect des droits fondamentaux et la lucidité géopolitique afin de construire des solutions justes et pérennes.
COMMENT LE DIGITAL FAIT IMPLOSER LES FAMILLES
Les conséquences de la pénétration du digital dans les familles ont été au cœur de la célébration des 50 ans de l’ONG Guy Séddëlé à Saint-Louis. Les initiateurs misent sur la jeunesse pour assurer la relève afin de consolider les acquis.
Les conséquences de la pénétration du digital dans les familles ont été au cœur de la célébration des 50 ans de l’ONG Guy Séddëlé à Saint-Louis. Les initiateurs misent sur la jeunesse pour assurer la relève afin de consolider les acquis.
Pour mieux comprendre les mutations sociales à l’ère du numérique, l’ONG Guy Séddëlé a élaboré un programme alléchant déroulé le week-end à travers l’impact des TIC sur l’éducation, les familles et les entreprises avec PME/PMI. «Le choix de ce thème se justifie par le fait que l’ONG Guy Séddëlé est toujours intéressée par ce qui éveille les populations». Tous les pays qui se sont développés, l’ont eu à partir au moins d’une ville. Aucun pays ne se développe ou n'émerge sans aucune de ces villes ne se développe. C’est pourquoi nous œuvrons pour rappeler que le développement d'une ville commence par les communes», a signalé Pr Madiagne Diallo.
Pour le président du Bureau de la Jeunesse de Guy Séddëlé, le développement de n'importe quelle commune commence par les quartiers. «C’est la raison pour laquelle nous sommes en train de repenser les quartiers, les communes, les villes pour arriver au développement du Sénégal. Les échanges fructueux ont permis de croiser les regards entre anciens et jeunes, pour mieux comprendre la pénétration digitale dans les familles. Aucun pays ne se développe sans l'éducation et la culture. Nous travaillons avec l'ensemble des écoles, primaires, collèges, lycées, écoles supérieures et universités pour apporter à l'éducation la modernité. Pour cela, nous avons choisi la thématique des technologies de l'information parce qu'aujourd'hui, c'est ce qui gouverne les populations, gouverne les pays et donc façonne les gens», a-t-il rappelé. «Il faut sensibiliser. Il y a des choses positives comme négatives. Nous sommes venus sensibiliser sur qu'est-ce qui est positif, qu'est-ce qui est négatif pour les familles, pour l'éducation et pour les entreprises», a précisé M. Diallo qui donne des gages. «Nous assurons à nos aînés de Guy Séddëlé la continuité, la pérennité et l’ancrage de l’association dans toute la ville de Saint-Louis, en partenariat avec le collectif des conseillers de quartiers», a-t-il promis.
Venu présider la cérémonie d’ouverture, le gouverneur de la région de Saint-Louis, Al Hassan Sall, s’est réjoui de l’initiative.
PLUS DE 3 200 MILLIARDS FCFA LEVES SUR LE MARCHE REGIONAL AU PREMIER TRIMESTRE 2025
Un niveau en hausse de 1 264,4 milliards par rapport à la même période de 2024. Cette performance s’inscrit dans un contexte marqué par une intensification des besoins de financement des États.
Les pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UeMOA) ont mobilisé 3 275,0 milliards de FCFA sur le marché régional de la dette publique au cours du premier trimestre 2025. Un niveau en hausse de 1 264,4 milliards par rapport à la même période de 2024. Cette performance s’inscrit dans un contexte marqué par une intensification des besoins de financement des États.
Selon le Rapport sur la Politique Monétaire dans l’UMOA rendu public le vendredi dernier, les pays membres de l’Union économique et monétaire ouestafricaine (UEMOA) ont mobilisé 3 275,0 milliards de FCFA sur le marché régional au premier trimestre 2025. Les bons du Trésor ont représenté 56% du total des émissions, avec un montant global de 1 833,5 milliards de FCFA, contre 1 121,4 milliards un an plus tôt. Les maturités de 12 mois ont été les plus prisées, captant plus de 70% des émissions. Elles sont suivies par celles de 3 mois (15,7%) et 6 mois (13,8%).
Côté obligations, les Trésors publics de l’Union ont levé 1 441,5 milliards, dont 1 136,6 milliards par adjudication (78,8%) et 304,9 milliards par syndication (21,2%). Les émissions ont principalement concerné des titres de 3 ans (47%), 5 ans (33,1%), 7 ans (18,7%) et, dans une moindre mesure, 10 ans (1,2%). Cependant, malgré une détente sur le marché interbancaire, les conditions de financement sur le marché de la dette publique se sont durcies. Les taux de sortie des bons ont atteint 7,41%, soit une hausse de 93 points de base par rapport au trimestre précédent. Cette progression est attribuée à l’augmentation de la prime de risque souveraine, dans un contexte de tensions sécuritaires et d’exposition persistante des banques aux dettes publiques. Du côté des obligations, les rendements ont légèrement augmenté à 7,47%, soit un point de base de plus.
UNE DETTE PUBLIQUE SOUS CONTROLE MAIS EN HAUSSE
Par ailleurs, l’encours de la dette publique totale de l’UEMOA s’établit à 86 004,5 milliards FCFA à fin mars 2025, en progression de 2,4% par rapport à décembre 2024. Rapportée au PIB, la dette reste en deçà du seuil communautaire de 70% et se maintenant à 59,0% contre 58,7% un an plus tôt. Au-delà du marché régional, les pays de l’Union ont mobilisé d’importants appuis extérieurs. La Banque mondiale a apporté 296,2 milliards FCFA, la BADEA 162,1 milliards, et l’AFD 84 milliards. Le Niger, pour sa part, a bénéficié de 31,8 milliards de décaissements du FMI, à la suite de deux revues de programmes d’appui budgétaire. Enfin, le Bénin et la Côte d’Ivoire ont levé un total de 1 604,0 milliards FCFA sur les marchés internationaux via des euro-obligations. Le Bénin a mobilisé 318 milliards en janvier, et la Côte d’Ivoire 1 286 milliards en mars 2025.
ÉVOLUTION DU COMMERCE EXTÉRIEUR DE L’UNION
Toujours au premier trimestre de l’année en cours, le solde des échanges extérieurs de biens de l'Union s’est amélioré de 2 000,6 milliards par rapport à la même période de l'année précédente, pour ressortir excédentaire de 1 656,0 milliards, en raison d'une hausse des exportations (+24,6%) combinée à une baisse des importations (- 1,2%). Cette hausse des exportations résulte de la progression des ventes des produits pétroliers (+65,8%), du cacao (+52,0%), d’or et métaux précieux (+29,5%), du café (+17,6%), du coton (+10,6%) et de la noix de cajou (+1,3%), en lien principalement avec l'orientation favorable des cours de ces produits sur les marchés internationaux à l’exception du coton dont la hausse est imputable aux volumes expédiés.
Par Robert BOURGI
J’AI PEUR POUR LE SENEGAL
Robert Bourgi adresse une lettre au président de la république et a son premier ministre
Monsieur le Président de la République, Monsieur le Premier Ministre, Mes chers compatriotes,
Je vous parle aujourd’hui avec le cœur lourd… et l’esprit libre. Libre, parce que je suis jaloux de ma liberté. Tous ceux qui ont eu à diriger le Sénégal le savent. Mes amis le savent aussi : je suis loyal, mais ma liberté n’a pas de prix. Et quand il faut dire la vérité, je la dis, sans trembler.
J’ai choisi de m’adresser au Chef de l’État, Monsieur Bassirou Diomaye FAYE, et à son Premier ministre, Monsieur Ousmane SONKO. Sans détour, sans langue de bois. En toute franchise.
J’ai volontairement attendu la fin du dialogue national du 28 mai 2025 pour vous livrer cette parole. Ma parole. Je parle ici en homme libre. Je n’attends rien des nouvelles autorités. Je n’ai rien à négocier. Mais j’ai le devoir de vous parler, car j’ai soutenu Pastef et ses leaders, quand beaucoup se taisaient, ou regardaient ailleurs.
Oui, j’étais à leurs côtés, même quand ils étaient en prison. Mais j’ai aussi su dire à Ousmane Sonko qu’on ne menace pas un président, fût-il Macky Sall, d’un "sort à la Samuel Doe". Ce n’est pas digne. Et cela aurait pu, ailleurs, lui coûter sa carrière politique.
Je suis fier d’avoir joué un rôle dans le rétablissement des liens entre Macky Sall et Pierre Atepa, en janvier 2024. Je suis aussi fier d’avoir défendu mes principes, même quand cela mettait en danger mes amitiés les plus anciennes. Car oui, j’ai failli perdre l’amitié de Macky Sall quand ses services lui ont rapporté que j’invitais au Lagon des membres de Pastef. Mais je n’ai jamais vu en eux des ennemis. C’était, et c’est toujours, une question de principe. De justice. De paix.
Le Sénégal, en 2021, traversait une crise grave. J’ai interpellé Macky Sall, pour l’apaisement. Aujourd’hui, en 2025, je vous interpelle, vous, Président Diomaye Faye, et vous, Premier ministre Ousmane Sonko. Pourquoi ? Parce que j’ai peur. J’ai peur pour mon pays. J’ai peur pour le Sénégal.
Les Sénégalais ont beaucoup souffert. Des crises politiques à répétition, une économie fragilisée, une jeunesse désorientée. Le 24 mars 2024, le peuple a voté dans l’espoir. Cet espoir, aujourd’hui, s’effrite. Le paysan, le conducteur de Jakarta, la vendeuse au marché, l’enseignant, le commerçant, l’éleveur, la mère de famille… tous commencent à douter. À douter de vous.
La gouvernance patine. L’économie chancelle. Les partenaires se méfient. Les institutions financières reculent. Et pendant ce temps, le pays s’endette à un rythme effréné, parfois même sans vérifier l’origine de ces fonds. Qui peut garantir que ces emprunts ne sont pas liés à des circuits obscurs, à la drogue, au terrorisme ou au blanchiment d’argent ? Personne. Je vous le dis : le Sénégal ne mérite pas cela. Mais il y a pire, encore. Pire qu’un marasme économique, c’est une justice instrumentalisée. Une justice à sens unique. Une justice au service d’un homme ou d’un parti. Nous avons connu plus de 80 morts dont les responsables doivent être sanctionnés dés le lendemain de l’abrogation de la Loi d’amnistie de Mars 2024. Osons le faire ! Pour le faire, nous saurons compter sur une justice vraiment indépendante car il faut reconnaitre que certaines décisions de justice déraillées font douter.
En plus, nous avons soif des positions jadis véridiques de l’Union des magistrats contre les dérives de l’Exécutif. Et dans cette atmosphère pesante, des figures politiques sont jetées en prison : Sophie Gladima, Mansour Faye, Lat Diop, Farba Ngom, et bien d'autres. Des femmes ministres, enfermées. Pour quelles raisons ? Sur quelles bases ? La justice ne doit pas devenir un outil de vengeance. Elle doit rester un pilier de la République. Et que dire de ce qui se passe au Port de Dakar ?
Des licenciements par milliers, des entreprises étranglées par le fisc, des investisseurs refroidis. Même notre diplomatie, autrefois brillante, s’effondre. Le Sénégal, jadis modèle en Afrique, perd son éclat. Même les défaites, comme celle de mon ami et frère Amadou Hott, nous humilient au niveau international. Monsieur le Président de la République, Monsieur le Premier Ministre,
L’histoire de notre pays a été bâtie par de grandes figures. Elle vous regarde aujourd’hui. Ne laissez pas le Sénégal se fracturer. Ne laissez pas les extrêmes vous dicter la loi. N’écoutez pas les faucons. Ne cédez pas à la tentation de la revanche.
Vous êtes au pouvoir. Vous avez donc la responsabilité d’unifier. De pacifier. D’élever. L’heure viendra où vous serez jugés. Pas par vos partisans. Mais par l’Histoire. Et par ce peuple sénégalais qui attend, regarde, espère… et commence à douter. Je vous le redis, avec gravité : J’ai peur pour le Sénégal. Mais il n’est pas trop tard. Agissez.
Pour la justice. Pour l’unité. Pour la paix. Car un pays qui se divise… est un pays qui meurt. Monsieur le président de la République, Monsieur le Premier Ministre Je voudrais vous rappeler ceci : depuis que le commerce existe entre les hommes, un pauvre n’a jamais fait vivre un pauvre, un pauvre n’a jamais créé d’emplois. Par contre, un riche fait vivre les pauvres et un riche crée des emplois. A vous, respectueusement. Merci.
Robert BOURGI
L’APPEL DU MINISTRE YASSINE FALL AUX SENEGALAIS
Dans un communiqué daté du samedi, le ministère sénégalais des Affaires étrangères a confirmé les mesures prises par l'administration Trump contre la migration clandestine.
Dans un communiqué daté du samedi, le ministère sénégalais des Affaires étrangères a confirmé les mesures prises par l'administration Trump contre la migration clandestine. Dans ce sens, Dakar informe ses ressortissants de la mise en place par les autorités américaines d’un mécanisme de départ volontaire pour éviter les poursuites judiciaires.
Suite à la mise en œuvre d'un nouveau dispositif migratoire par l'administration Trump, le Sénégal a réagi. «Dans le cadre de l'assistance consulaire et de l'accès à l'information, le ministère de l'Intégration africaine et des Affaires étrangères (MIAAE) informe l'opinion publique que les autorités américaines ont récemment réactualisé le dispositif en matière de Sécurité aux frontières pour lutter contre l'Immigration irrégulière», font savoir les services de Yassine Fall non sans informer: «Les nouvelles mesures comprennent notamment : des sanctions pénales et administratives à l'encontre de toute personne reconnue coupable de tentative ou d'acte d'immigration irrégulière et une interdiction d'entrée sur le territoire américain pour les individus concernés, y compris en cas d'infractions passées ou ayant des antécédents judiciaires».
À la suite de cette nouvelle politique, rapportent les services diplomatiques sénégalais, les autorités américaines ont mis en place un mécanisme de départ volontaire pour des étrangers en situation irrégulière. Cette démarche permet de bénéficier d'un appui financier au retour et peut contribuer à éviter des poursuites judiciaires, at-on ajouté.
Le ministère rappelle, à ce titre, l'importance pour les compatriotes souhaitant voyager ou séjourner aux États-Unis d'Amérique (USA) de vérifier la validité de leurs visas avant le départ, de respecter strictement les durées de séjour autorisées et de prendre contact avec le réseau diplomatique et consulaire pour toutes informations utiles complémentaires sur les conditions et règles en vigueur. Enfin, les missions diplomatiques et consulaires du Sénégal disent poursuivre les actions de sensibilisation nécessaires pour protéger les intérêts des Sénégalais résidant aux USA et travailler en étroite collaboration avec l'Administration américaine dans l'esprit des excellentes relations de coopération entre les deux pays.
S'ACHEMINE-T-ON VERS UNE GUERRE MONDIALE ?
Le monde est-il en train de s'enliser dans une crise sans précédent avec le conflit entre l'Iran et Israël? Dans tous les cas, un nouveau monde est en train de se dessiner avec cette crise aux lendemains peu reluisants.
Le monde est-il en train de s'enliser dans une crise sans précédent avec le conflit entre l'Iran et Israël? Dans tous les cas, un nouveau monde est en train de se dessiner avec cette crise aux lendemains peu reluisants.
''Israël a ciblé l’Iran, le Yémen et la Palestine. Si les pays musulmans ne s’unissent pas maintenant, chacun subira le même sort'', a alerté avec véhémence le ministre de la défense du Pakistan, samedi devant les députés de son pays. Tout en demandant en outre aux pays arabes de rompre diplomatiquement avec Israël, il ajoute : ''Nous soutenons l’Iran et le défendrons dans toutes les enceintes internationales pour protéger ses intérêts''. Des propos qui laissent entrevoir que certains pays arabes sont prêts à soutenir l’Iran.
Le groupe yéménite Houthi a annoncé aussi qu'il avait ciblé la zone de Jaffa avec plusieurs missiles balistiques, dans une attaque coordonnée avec Téhéran, selon les déclarations officielles du groupe. Ainsi, l'entrée en lice des Houthis, alliés de l'Iran au Yémen, ouvre une nouvelle phase d'escalade régionale et renforce l'hypothèse d'un "front multilatéral" contre Israël.
Ainsi Avec l'entrée officielle des Houthis dans le cercle de l'escalade, la confrontation dépasse le cadre traditionnel entre Téhéran et Tel Aviv pour se transformer en un conflit régional à plusieurs fronts. En l'absence de signes d'apaisement, la région semble se diriger vers une escalade ouverte qui pourrait modifier les contours du Moyen-Orient pour les décennies à venir. À la suite de l’attaque lancée par Israël vendredi, la possibilité que ce soit l’élément déclencheur d’une Troisième Guerre mondiale a été évoquée aussi par plusieurs analystes. Dans tous les cas, Benyamin Netanyahou promet que l'Iran paiera "un prix très lourd pour le meurtre prémédité de civils". "L'Iran paiera un prix très lourd pour le meurtre prémédité de civils, femmes et enfants", a déclaré le chef de gouvernement israélien lors d'une visite à Bat Yam, ville au sud de Tel-Aviv touchée la veille par les tirs de missiles, dans un message vidéo diffusé par son bureau. Israël a mené de nouvelles frappes visant le programme nucléaire de l'Iran, qui a riposté. Au total, 13 personnes ont été tuées dans les frappes iraniennes sur Israël depuis vendredi, a annoncé le bureau du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou.
Dans un communiqué, il a fait état de 13 morts, dont trois enfants, "neuf blessés graves, 30 blessés modérés et 341 blessés légers". En Iran, les frappes ont fait au moins 128 morts vendredi et samedi, selon des médias du pays. Concernant les autres pays, la France se dit prête à soutenir Israël. ''Nous nous tenons prêts à contribuer à la protection d'Israël», a déclaré hier Jean-Noël Barrot. Le ministre des Affaires étrangères estime que l'Iran représente une menace non seulement pour Israël, mais aussi «possiblement» pour le territoire national. Même son de cloche pour Donald Trump qui affirme qu'il est possible que les États-Unis s'impliquent dans la guerre. Ainsi, si on sait que plusieurs de ces pays ont le nucléaire, un enlisement de ce conflit pourrait avoir un retentissement mondial.
Birahime Seck interpelle Diomaye sur la gouvernance
La gouvernance économique du pays manque de lisibilité aux yeux du coordonnateur national du Forum Civil. A cet effet, Birahime Seck interpelle le chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye. A l’en croire, la gouvernance du pays manque de lisibilité, de prévisibilité et de redevabilité (emprunts, dépenses fiscales, marchés publics, rapports d'exécution budgétaire) dans la mise en œuvre des politiques publiques au niveau général comme sectoriel. Sur X, M. Seck réitère sa volonté d’œuvrer pour que la transparence ne puisse être un vain mot dans le pays.
91 personnes interpellées
Pendant que les Sénégalais sont en train de digérer la viande de Tabaski, les forces de l’ordre font tout leur possible pour assurer la sécurité des populations et de leurs biens, surtout dans la capitale sénégalaise. C’est ainsi que la brigade de la gendarmerie de Diamniadio a mené une opération de sécurisation nocturne, la nuit du 12 au 13 Juin 2025, dans les quartiers de Dougar, Darou Salam, Cités Port 1 Port 2 et Port 3, la Station OLA et les abords du bar Colombia. Et il faut dire que les gendarmes ne sont pas rentrés bredouille. Ils ont interpellé 91 personnes dont 27 étrangers pour diverses infractions.
Un élève de 15 ans se noie dans un marigot à Kouthia Krouma
Le village de Kouthia Krouma, dans la commune de Kothiary (région de Tambacounda) est endeuillé ce samedi. Un élève coranique de 15 ans a perdu la vie par noyade dans un marigot, selon seneweb. L’adolescent, venu célébrer une fête à Diyabougou Sakho, était parti chasser dans la brousse avec des amis. C’est près du marigot que le tragique accident s’est produit, dans des circonstances encore floues. Alertés, les sapeurs-pompiers sont intervenus rapidement pour récupérer le corps sans vie du jeune garçon, qui a été transporté à la morgue de l’hôpital régional de Tambacounda. La gendarmerie, présente sur place, a effectué les constatations d’usage et ouvert une enquête pour élucider les causes exactes de ce drame, qui plonge la communauté locale dans la consternation.
Première édition de l’UniverSalon
Dédiée à l’orientation, à l’apprentissage et à la formation, la première édition de l’UniverSalon a pris fin hier. Piloté par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI), cet événement a rassemblé plus de 400 stands, plus de 20 mille visiteurs et des experts de renom autour d’une ambition commune : outiller la jeunesse sénégalaise pour un avenir prospère. Selon un communiqué, durant trois jours, élèves, étudiants, jeunes diplômés et professionnels ont pu découvrir les offres de formation du Sénégal et de l’international, échanger avec des établissements prestigieux et participer à des panels de haut niveau. Le ministre Abdourahmane Diouf a expliqué que l’UniverSalon 2025 s’inscrit dans la vision Sénégal 2050, visant à moderniser l’enseignement supérieur et à renforcer l’employabilité. Pour lui, ce salon est bien plus qu’une exposition, car c’est également un levier pour construire l’université de demain, inclusive et innovante.
Défection chez Bougane
Boubacar Samb, devenu président du mouvement JOTNA, n’est plus membre de Gueum Sa Bopp. Dans un communiqué, il explique avoir décidé avec certains responsables et conseillers municipaux du département de Pikine de mettre fin à leur compagnonnage avec la formation politique dirigée par Bougane Guèye Dany. Le désormais ex coordonnateur de Gueum Sa Bopp dans le département de Pikine précise qu’il a ainsi démissionné de tous les postes de responsabilité qu’il occupait au sein de cette formation politique. Selon Boubacar Samb, ses amis et lui ont décidé de mettre en place le mouvement JOTNA avec plusieurs responsables et qu’ils lancent un appel à toutes les populations, plus particulièrement celle de Pikine, à venir travailler avec nous main dans la main pour un lendemain meilleur.
Polémique sur le nom «JOTNA»
Boubacar Samb, qui vient de quitter Gueum Sa Bopp dirigé par Bougane Guèye Dany, crée déjà la polémique à cause de sa décision de dénommer le mouvement qu’il vient de lancer « JOTNA ». En effet, Gaoussou Koma, le président de la grande coalition JOTNA, s’est fendu d’un communiqué pour le rappeler à l’ordre. Selon lui, l'utilisation de ce nom par d'autres acteurs politiques, sans concertation ni lien avec son mouvement, constitue un acte regrettable qui nuit à la lisibilité de leur engagement auprès des Sénégalais. Gaoussou Koma rappelle que le nom JOTNA, signifiant «C'est le moment» en wolof, a été porté avec conviction et clarté par la grande coalition dirigée par lui-même Gaoussou Koma, bien avant toute nouvelle initiative politique se réclamant du même nom.
Un car Ndiaga Ndiaye se renverse et fait 24 blessés
Un grave accident s’est produit ce dimanche, vers 10 heures, sur l’axe Kébémer-Dakar, à hauteur du village de Mbaka Lo. Un car de transport en commun, communément appelé « Ndiaga Ndiaye », a dérapé avant de se renverser. Le bilan fait état de 24 blessés, dont trois dans un état grave. Toutes les victimes ont été évacuées par les sapeurs-pompiers vers le district sanitaire de Kébémer pour une prise en charge médicale, renseigne seneweb. La gendarmerie a ouvert une enquête pour déterminer les causes exactes de cet accident.
Cour constitutionnelle
L’expert électoral Ndiaga Sylla s’est prononcé sur la création éventuelle d'une Cour constitutionnelle. Selon lui, celle-ci est une garantie pour le respect des droits de l'Homme tout comme la constitutionnalisation de la commission électorale renforce son autonomie. Et cela constitue des avancées significatives. Toutefois, ajoute-t-il, la déchéance électorale automatique dont ont été victimes des acteurs politiques (Karim M. Wade, Khalifa A. Sall, Ousmane Sonko et probablement Barthélémy Dias) devrait être supprimée en application des standards internationaux, etc. La rupture, estime Ndiaga Sylla, c'est aussi l'approfondissement de la démocratie et le respect des droits humains en dehors de tout calcul politique.
Choc entre deux véhicules à Keur Mor Diop
Un terrible choc a eu lieu hier aux environs de 16h30 à Keur Mor Diop, un village situé à quelque 15 kilomètres de Louga sur la route de Saint-Louis. Un véhicule de transport en commun communément appelé « Cheikhou Cherifou » est entré en collision avec un véhicule particulier. Des témoins parlent d'un excès de vitesse dans une zone réputée dangereuse et accidentogène, en raison de l'exiguïté de la route et d'une petite déviation. L'ensemble des occupants des deux véhicules s'en sont sortis avec des blessures. Les 5 victimes graves ont été acheminées vers une structure hospitalière à Louga pour des soins d'urgence.
Marche de protestation des habitants du Dandé Mayo
Des habitants issus des 42 villages du Dandé Mayo sud partagés entre les départements de Matam et de Kanel ont effectué, dimanche, une marche pour, disent-ils, inviter les pouvoirs publics à doter leur localité de services sociaux de base pour ainsi désenclaver la zone et favoriser son développement économique. S’exprimant au terme de la procession partant du village de Nawel au Centre départemental d’éducation sportive populaire (CDEPS) de Matam, Yaya Ndiaye qui a porté la parole des marcheurs a soutenu que les habitants du Dandé Mayo sud réclament le raccordement des bretelles Wouro Sidy-SoringhoBow, Belly Thiowy-Sinthiou Garba, Dembancané-Thianiaf et Lobaly-Sémé. Il estime que la réalisation de ces infrastructures devrait faciliter le déplacement des populations vers la RN42, dontles travaux sont à l’arrêt depuis plusieurs mois, rapporte l’Aps. Les populations ont aussi plaidé pour que cette partie dans le nord du pays soit dotée d’un programme spécial de développement socio-économique portant sur l’agriculture, l’élevage, la pêche et l’aquaculture, a fait savoir leur porte-parole du jour. Il s’agira, selon lui, de créer des emplois pour les jeunes et limiter les tentatives d’émigration clandestine. Yaya Ndiaye a aussi souhaité l’installation dans la zone de brigades de gendarmerie, de postes de police et des casernes de Sapeurs-pompiers. La création d’un lycée technique et des blocs scientifiques et techniques, la construction de centres de santé et des structures sportives ont également préoccupé les habitants du Dandé Mayo sud. Ils ont aussi réclamé le raccordement à l’électricité de certains villages.
PAR Fatou Warkha Sambe
TON CORPS N'EST PAS UN PROJET
Quand l’idéal féminin est inatteignable, minceur extrême, teint clair, traits européanisés, comment s’aimer telle qu’on est ? Ce n’est pas le corps qui est à changer, c’est la société qui nous fait croire qu’il faut le changer
Depuis quelques semaines, les réseaux sociaux sont secoués par de nouveaux drames, à la fois intimes et collectifs, qui révèlent les failles de notre époque. Ces tragédies ne doivent pas seulement nous émouvoir. Elles doivent nous alerter sur les violences structurelles qu’une société patriarcale exerce sur les corps des femmes, même lorsqu’elles pensent faire des choix. Des jeunes femmes, souvent très suivies, influentes ou en quête de reconnaissance, perdent la vie à la suite de procédures esthétiques à haut risque. Une ancienne miss au Sénégal a récemment succombé à la suite d’une opération chirurgicale en Turquie.
Depuis, tout le monde se prononce et se dédouane. Ce n’est plus la faute de personne : c’est uniquement de celle qui a disparu. Elle aurait eu tort de faire un BBL, elle aurait pris le mauvais risque. Mais très peu s’interrogent sur le système qui l’a poussée à ce choix. Car dans chaque mort évitable, se cache une violence collective : celle de nos commentaires, de nos regards, de nos jugements. Celle de cette société où les femmes apprennent dès l’adolescence que leur corps est un projet à corriger, à discipliner, à rendre désirable -pour les autres, rarement pour elles-mêmes.
Ces dernières semaines, j’ai écouté, lu et recueilli des témoignages glaçants. Des femmes disent avoir perdu toute sensibilité dans les zones opérées. D’autres ne peuvent plus boire une simple gorgée d’eau ou manger sans douleur. Certaines vivent sous médication à vie. Beaucoup se battent avec le sentiment d’avoir été trompées : par les promesses de beauté facile, par les influenceuses qui ne montrent que le «résultat», jamais la douleur. Il faut interroger le rôle de ces influenceuses qui, elles aussi piégées par les logiques marchandes de la visibilité, participent parfois inconsciemment à la diffusion de normes mortelles. Ce n’est pas elles qu’il faut juger, mais le système qui les pousse à monnayer leur image en masquant les risques. Et puis, il y a cette vérité qui revient : l’addiction. Une fois une partie du corps modifiée, une autre devient un «défaut» à corriger. Le miroir devient une prison.
Derrière ces décisions, se cache une pression invisible mais constante : celle d’un idéal corporel façonné par le regard des hommes, entretenu par les algorithmes et validé par une société patriarcale qui exige des femmes qu’elles soient désirables avant d’être vivantes.
Ici, je choisis de vous parler de l’estime de soi, non pas comme un concept abstrait, mais comme une boussole intime et vitale, une condition de survie face aux injonctions sociales mortifères. Car aujourd’hui, dans un monde saturé d’images, de normes inaccessibles, de commentaires violents, il devient urgent de rappeler que se regarder avec bienveillance est un acte politique. Contrairement à toutes celles qui ont fini par succomber aux tentations et qui, aujourd’hui, mettent tout sur le dos des critiques et moqueries de la société -oh que je vous comprends-, je voudrais aussi rendre visibles toutes celles qui résistent, qui refusent de se laisser avaler par ces diktats et qui s’imposent telles qu’elles sont. Loin de moi l’idée de me présenter comme un modèle. Mais je sais, d’expérience, que chaque fois que les détracteurs m’attaquent, la première chose qu’ils commentent, c’est que je suis «vilaine» : mon nez, ma peau noire foncée. Et pourtant, je tiens bon. Alors qu’est-ce qui me permet de faire face et de ne pas être atteinte par ces commentaires ? C’est l’amour de soi. Un amour lucide, résistant, politique. Car c’est à partir de cette estime de soi que peuvent naître l’autonomie émotionnelle et le refus de se livrer à une quête infinie de validation extérieure. Aujourd’hui, quand je vois comment la société oppresse nos corps, je suis convaincue que parmi les choses qui peuvent véritablement nous sauver de cette pression permanente, l’estime de soi occupe une place centrale.
Philosophes et psychologues s’accordent à dire qu’elle se construit dans le regard de l’autre. Jean-Paul Sartre disait que «l’enfer, c’est les autres» ; une formule qui, dans sa pensée existentialiste, souligne à quel point le regard des autres peut nous emprisonner, façonner notre identité à notre insu et devenir un enfer lorsqu’il dicte notre valeur. Pour les femmes, ce regard est trop souvent un miroir de contrôle, de jugement ou de désir, qui les éloigne de leur propre regard sur elles-mêmes. Carl Rogers, de son côté, explique que «l’estime de soi dépend de l’écart entre ce que nous sommes et ce que nous pensons devoir être». Quand l’idéal féminin est inatteignable, minceur extrême, teint clair, traits européanisés, comment s’aimer telle qu’on est ? Entre celles qui veulent grossir et celles qui veulent maigrir, celles qui rêvent d’un teint plus clair et celles qui cherchent à retrouver leur carnation, c’est comme si le corps féminin était pris dans un effet yoyo permanent, un cycle sans fin où aucune femme ne semble jamais «à la bonne place». Ce tourment esthétique révèle une aliénation profonde : on ne choisit pas pour soi, on s’ajuste sans cesse au regard dominant, souvent masculin, qui décrète ce qui est désirable ou non.
Les femmes sont socialisées très tôt à faire de leur apparence un capital. Comme le disait Pierre Bourdieu, le corps devient un «capital symbolique» à travers lequel les femmes gagnent en reconnaissance sociale. Et dans ce système, plus elles se conforment aux normes, plus elles sont récompensées. On parle trop peu de cette fatigue que vivent les femmes, cette angoisse sourde de «ne pas être assez» : pas assez fine, pas assez claire, pas assez sexy, pas assez lisse, pas assez jeune. C’est une fatigue imposée par une société où la valeur d’une femme semble toujours liée à sa capacité à plaire et surtout, à plaire aux hommes. Pourtant, aucune injection, aucun lifting, aucun filtre Snapchat ne comblera ce vide que crée l’absence d’estime de soi.
La confiance en soi, l’amour de soi et le refus du regard validateur des hommes ne sont pas de simples slogans féministes : ils sont devenus, dans ce contexte, des gestes de survie.
Ce n’est pas le corps qui est à changer, c’est la société qui nous fait croire qu’il faut le changer.
Il est temps de dire stop à cette course infernale à la perfection. Il est temps de remettre en question ces injonctions. Et il est surtout temps d’apprendre aux jeunes filles, dès l’école, dans nos maisons, dans nos séries, sur nos plateformes, à s’aimer pour elles-mêmes, à comprendre que leur vie vaut plus qu’un regard approbateur ou un commentaire sur Instagram.
Et quand on dit «aimer son corps», ce n’est pas simplement le tolérer. C’est l’habiter pleinement, le respecter, l’écouter, et refuser qu’on le maltraite pour entrer dans des cases qui n’ont jamais été faites pour nous. C’est comprendre que l’amour de soi n’est pas un luxe, mais un acte de résistance dans un monde qui nous pousse à nous haïr.
Alors non, ce n’est pas à ces femmes disparues qu’on demandera des comptes. C’est à la société, aux industries, aux médias, aux discours violents qui ont rendu possible et parfois glamour le fait de risquer sa vie pour avoir une taille plus fine ou des fesses plus rebondies.
Aux jeunes filles qui me lisent aujourd’hui : vous n’avez rien à prouver. Vous êtes déjà assez. Vous n’avez pas à souffrir pour être aimées. Et surtout, votre corps n’est pas un projet à corriger : c’est un espace à honorer.
LES MINICARS « CHEIKHOU CHARIFOU », LES NOUVELLES CAISSES DE LA MORT
Apparues récemment dans le milieu du transport interurbain, des minicars communément appelées « Cheikhou Charifou », sont devenues l’un des moyens de transport les plus prisés par les usagers.
Apparues récemment dans le milieu du transport interurbain, des minicars communément appelées « Cheikhou Charifou », sont devenues l’un des moyens de transport les plus prisés par les usagers. Néanmoins, ces derniers dénoncent le comportement de certains chauffeurs jugé irresponsable. Surcharge, excès de vitesse, modifications pour augmenter le nombre de places, manque de professionnalisme sont à l’origine de l’implication de ces véhicules dans de nombreux accidents.
Gare des Baux Maraîchers. On est à l’approche de la Tabaski. Un monde fou a investi les lieux. Chacun veut rentrer dans sa localité pour y célébrer la fête. Parmi la panoplie de véhicules de transport en commun, les minicars surnommés « Cheikhou Charifou » sont très visibles. Ils sont de plus en plus prisés par les usagers notamment pour leur confort relatif et leur rapidité. Pourtant, ces derniers temps, ils sont régulièrement impliqués dans des accidents. Un phénomène qui inquiète. Selon certains usagers, c’est l’attitude de certains chauffeurs qui pose problème. Mbaye Senghor, chauffeur depuis trois ans, explique que ces minicars comptent normalement 15 places, mais certains conducteurs n’hésitent pas à modifier la configuration pour en ajouter, atteignant parfois 18 ou 19 sièges. Pa Lamine Diatta, un passager gambien, témoigne : « Ces voitures sont très rapides, et les chauffeurs semblent inconscients du danger. J’ai récemment dû demander à un chauffeur de ralentir, tant la vitesse était excessive. On n’a pas besoin de rouler à vive allure. Beaucoup d’accidents ont été causés par l’excès de vitesse. Aux chauffeurs de faire doucement et de conduire dans la plus grande sérénité », lance-t-il.
Modifier pour plus de place
À Bountou Pikine, non loin de la gare, les «Cheikhou Charifou » sont visibles à chaque coin de rue, notamment les modèles blancs qui se distinguent facilement. Le système de rotation est bien rodé : dès qu’un véhicule est plein, un autre prend sa place. Comme une chaîne bien huilée ou chaque maillon attend son tour pour la continuité du service. Le système de rotation fonctionne ainsi.
Mbaye Senghor, carrure imposante, conducteur d’un minicar depuis trois ans, reconnaît que des modifications sont apportées à certains véhicules, même si cela est formellement interdit. « Ce n’est pas propre aux minicars. Dans tout le secteur du transport, cela se pratique. Les autorités doivent essayer de nous comprendre », défend-il. Il insiste néanmoins sur le professionnalisme de la majorité des conducteurs. « C’est vrai que ces véhicules peuvent facilement atteindre 140 km/h. C’est dangereux, et je le dénonce. Mais les responsabilités sont partagées : les chauffeurs, comme l’État ».
Une effervescence post-Tabaski
En ce lendemain de fête, l’effervescence est toujours palpable à la gare : minibus, bus, véhicules « sept places » remplissent le décor. Des plaques de différentes régions sont visibles sur les pare-brises. Les passagers de retour à Dakar sont plus nombreux que ceux qui en partent. Familles, valises et enfants se pressent sous le grand hangar métallique. Les apprentis courent dans tous les sens, tentant d’attirer les derniers voyageurs, tandis que les vendeurs ambulants proposent eau fraîche, beignets ou fruits en sachets. Klaxons, cris et moteurs se mêlent dans une cacophonie étourdissante.
Les apprentis, souvent des jeunes, slaloment entre les véhicules avec une énergie débordante, à l’affût du moindre client hésitant. Tout autour, des femmes installées à même le sol vendent de l’eau fraîche, des beignets et des tranches de fruits dans de petits sachets. Les vrombissements des voitures en synchronie au bourdonnement des passagers, marchands ambulants et autres, rendent l’ambiance bruyante. Un vacarme assourdissant règne dans le garage comme si chacun son voulait dominer l’autre. Les Klaxons retentissent sans relâche dans un concert mécanique qui agresse les tympans. Le garage vibre littéralement sous l’effet de cette cacophonie.
Les véhicules préférés des voyageurs En pleine négociation tarifaire, Ya Seyda Bousso, de teint clair et accompagnée de son fils, a fait des « Cheikhou Charifou » son moyen de transport préféré. Elle finit par accepter de payer 5.000 FCfa pour se rendre à Ndiédiène. « Je préfère ces voitures. Elles sont confortables et bien entretenues, surtout comparées aux « sept places » », affirme-t-elle. Elle reconnaît que certains chauffeurs respectent les normes, mais critique l’indiscipline d’autres, trop enclins à rouler à vive allure. Même son de cloche chez Adama Cissé, en route pour Sokone. Elle soutient que le plus grand défaut des chauffeurs de véhicules « Cheikhou Charifou », c’est l’excès de vitesse « J’ai souvent constaté cet excès de vitesse. Ce n’est pas rassurant. J’appelle les chauffeurs à plus de prudence et de professionnalisme pour éviter les drames », dit-elle.
DES SÉNÉGALAIS CONFINÉS EN ISRAËL EN PLEINE GUERRE AVEC L’IRAN
Pris au piège du conflit entre l’Iran et Israël, une vingtaine de Sénégalais vivent reclus dans les bunkers israéliens. Sous les bombardements incessants, ils témoignent d’une peur quotidienne et appellent à la solidarité nationale.
La guerre éclatée entre l’Iran et Israël a pris de court la communauté internationale, laissant peu de marge aux pays étrangers pour organiser l’évacuation de leurs ressortissants. Parmi les personnes concernées, une vingtaine de Sénégalais se retrouvent actuellement confinés en Israël, suivant les consignes strictes des autorités locales.
Selon les informations recueillies par Emedia auprès de l’un d’eux, qui a requis l’anonymat pour des raisons de sécurité, la situation sur place est extrêmement tendue. « Nous sommes retranchés dans les bunkers, comme tous les Israéliens. Il pleut des missiles toute la nuit, et nous ne dormons presque plus », confie-t-il dans un témoignage poignant recueilli par Modou Mbacké Niang du groupe Emedia.
Notre compatriote, établi en Israël depuis plus de 30 ans, décrit un climat de peur et d’incertitude inédit :
« Je n’ai jamais vu ça. C’est la première fois qu’une telle situation se produit ici. La guerre a changé avec la technologie, les armes sont devenues plus destructrices. On ne sait jamais où les missiles vont tomber. Nous prions Dieu chaque jour pour qu’il nous épargne. »
Il ajoute qu’en dépit de la gravité de la situation, aucun Sénégalais n’a été blessé à ce jour. Toutefois, l’inquiétude demeure :
« Tous les Sénégalais ici vont bien pour le moment, mais nous vivons dans la peur. La peur de ne pas savoir quand ni comment cette guerre va se terminer. »
Malgré les restrictions en vigueur en temps de guerre, notre interlocuteur appelle les autorités sénégalaises à rester attentives à la situation, tout en lançant un appel à la solidarité nationale :
« Nous demandons aux Sénégalais de prier pour nous. Nous voulons que la paix revienne, pour que nous puissions reprendre notre vie et notre travail. »