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7 juin 2025
LA TRAQUE AUX DÉTOURNEMENTS S'ACCÉLÈRE
Mamadou Faye, président de la Cour des comptes, a annoncé ce mercredi que les dossiers liés aux irrégularités financières identifiées dans le dernier rapport ont été transmis au Procureur général, ouvrant la voie à de possibles poursuites judiciaires
En marge de la cérémonie d’ouverture de la 10ᵉ Assemblée générale de l’Association des institutions supérieures de contrôle ayant en commun l’usage du français, tenue ce mercredi 9 avril 2025 à Dakar, le Premier président de la Cour des comptes, Mamadou Faye, s’est exprimé sur le dernier rapport de son institution portant sur les finances publiques. Il a révélé que les dossiers concernés ont déjà été transmis au Procureur général de la Cour, qui pourrait, à son tour, saisir le ministre de la Justice pour d’éventuelles poursuites.
Le dernier rapport de la Cour des comptes a mis en lumière plusieurs cas présumés de malversations. Selon Mamadou Faye, les instances habilitées donneront les suites appropriées.
« La Cour instruit à charge et à décharge. Lorsqu’un rapport est produit, il peut faire ressortir des faits relevant de la Chambre de discipline financière — en cas de fautes de gestion — mais également des faits susceptibles de constituer des infractions pénales. Dans ce cas, la chambre compétente se réunit et établit un référé à l’attention de la Chambre de discipline financière, ainsi qu’un autre référé destiné aux autorités judiciaires », a expliqué Mamadou Faye à l’issue de la cérémonie d’ouverture.
Précisant que « le financier ne conditionne pas le pénal, tout comme le pénal ne conditionne pas le financier », il a ajouté : « L’exploitation judiciaire qui est faite ne nous préoccupe pas outre mesure, car la justice mènera ses enquêtes selon ses propres procédures et son propre calendrier. »
Toujours selon Mamadou Faye, les procédures disciplinaires au niveau de la Chambre de discipline financière suivent leur cours et des décisions seront prises en temps opportun. Toutefois, il a tenu à préciser que, pour les procédures aussi bien financières que pénales, les dossiers ont déjà été transmis au Procureur général de la Cour des comptes.
Ce dernier, a-t-il conclu, « ne manquera pas de saisir, d’une part, la Chambre de discipline financière et, d’autre part, le ministre de la Justice pour les faits susceptibles de relever du pénal. »
Par Oumar FÉDIOR
PLACE AU REDRESSEMENT BUDGETAIRE
En quoi consiste-t-il ? Le redressement budgétaire consiste à faire l’état de la situation (dettes par rapport aux actifs) et à dresser un plan pour remettre à flot les finances des gens endettés.
Ouf. Le Fonds monétaire international (Fmi) desserre l’étau. Après une rencontre avec les autorités sénégalaises, l’institution de Bretton Woods a confié être « disposée à accompagner le redressement budgétaire sénégalais en cours ».
En quoi consiste-t-il ? Le redressement budgétaire consiste à faire l’état de la situation (dettes par rapport aux actifs) et à dresser un plan pour remettre à flot les finances des gens endettés. Dans le cas du Sénégal, le processus est d’autant plus important que d’après le rapport de la Cour des comptes, les chiffres publiés par l’ancien régime n’étaient pas conformes avec la réalité. Une situation qui a poussé les partenaires techniques et financiers à la prudence. Pour continuer à accompagner le Sénégal, l’une des premières exigences est, sans nul doute, une stratégie de redressement financier claire.
D’ailleurs, le Fmi, d’après son directeur du Bureau Afrique, est disposé à accompagner le processus de redressement en cours au Sénégal. D’un point de vue global, la démarche du Fmi en matière d’ajustement budgétaire est centrée sur le rôle qu’une position saine et viable des finances publiques joue dans la recherche de la stabilité macroéconomique et de la croissance. Pour obtenir et préserver cette position, il faut souvent ajuster la politique et renforcer les institutions budgétaires. Selon les circonstances du pays, l’ajustement peut impliquer soit un resserrement, soit un assouplissement de l’orientation budgétaire. Le redressement budgétaire peut concerner tous les pays. Mais en fonction des réserves dont dispose le pays ont moins de soucis. En effet, ils peuvent compter sur leurs propres ressources pour se redresser.
En revanche, les pays qui ne disposent pas de ce genre de marges sont souvent contraints à des mesures budgétaires d’urgence. Il est aussi important de rappeler que le redressement budgétaire intervient le plus souvent quand l’endettement public n’est plus viable ou très mal structuré. Une configuration qui fait penser, à bien des égards, à la situation du Sénégal. Entre le dernier rapport de la Cour des comptes, le diagnostic des différentes autorités et les conclusions récentes du Fmi, le Sénégal semble avoir coché toutes les cases d’une économie qui a besoin d’un redressement. Combien de temps prend le redressement ? Quels sont ses critères ? Les réponses dépendent de l’ampleur de la situation. Dans le cas du Sénégal, la priorité est sans doute de s’accorder sur les vrais chiffres, pour enfin partir du réel pour entrevoir la relance.
SEYDINA MOUHAMADOU LAMINE LAYE, PRESSENTI NOUVEAU KHALIFE GENERAL DES LAYENES
La communauté layène devrait officialiser bientôt un nouveau guide spirituel. Seydina Mouhamadou Lamine Laye est pressenti pour devenir Khalife général des Layènes, à la suite du rappel à Dieu de son prédécesseur, Seydina Mouhamadou Makhtar Thiaw Laye.
La communauté layène devrait officialiser bientôt un nouveau guide spirituel. Seydina Mouhamadou Lamine Laye est pressenti pour devenir Khalife général des Layènes, à la suite du rappel à Dieu de son prédécesseur, Seydina Mouhamadou Makhtar Thiaw Laye.
L’annonce devrait bientôt tomber à Cambérène, berceau historique de cette confrérie soufie, profondément enracinée dans le tissu religieux sénégalais. Fils de l’ancien Khalife Seydina Ababacar Laye et ancien porte-parole du défunt guide, Seydina Mouhamadou Lamine Laye accéderait ainsi à la plus haute responsabilité spirituelle de la confrérie. Il deviendrait le 7e Khalife général des Layènes, une communauté fondée en 1884 par Seydina Limamou Laye, qui s’était proclamé Mahdi.
Discret mais respecté, le futur Khalife est reconnu pour son influence et sa sagesse dans les affaires religieuses. Son éventuelle accession est déjà saluée par un large éventail de voix — chefs religieux, responsables politiques, figures de la société civile — qui rendent hommage à l’importance de la communauté layène dans la préservation de la paix et de l’unité religieuse au Sénégal.
À la tête d’une communauté forte de plusieurs millions de fidèles, tant au Sénégal que dans la diaspora, Seydina Mouhamadou Lamine Laye hériterait d’un legs aussi lourd que prestigieux. Il lui reviendrait alors la mission de poursuivre l’œuvre de ses illustres prédécesseurs, en guidant les croyants à travers les défis spirituels, sociaux et éthiques du monde contemporain.
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REBAPTISER POUR DÉCOLONISER
Entre "colonial, décolonial et incolonisé", Michel Ben Arrous décortique la stratégie du Sénégal qui redessine sa cartographie urbaine, révélant comment la toponymie devient un "instrument politique international" dans les relations avec l'ancien colon
(SenePlus) - Le Sénégal s'engage dans un processus de renomination de ses rues portant des noms français, rejoignant ainsi le Mali, le Niger et le Burkina Faso dans cette démarche de réappropriation mémorielle. À Dakar, le boulevard Général-de-Gaulle devient boulevard Mamadou-Dia, un changement hautement symbolique. Michel Ben Arrous, géographe et chercheur associé aux universités de Genève et de Saint-Louis du Sénégal, analyse ce phénomène et ses implications pour RFI.
"C'est un symbole et c'est une boucle qui se referme," explique Ben Arrous. Mamadou Dia, opposé au général de Gaulle lors du référendum de 1958, représentait la rupture avec la France tandis que Senghor soutenait la participation à la communauté française.
Ce changement s'inscrit dans une tendance régionale. "Au Niger, le nouveau régime a rebaptisé le boulevard Charles de Gaulle, boulevard Djibo Bakary," rappelle le chercheur. La place de la Francophonie à Niamey est devenue "place de l'AES" (Alliance des États du Sahel).
Ces renominations constituent-elles une véritable décolonisation symbolique? "Oui, certains vont même jusqu'à parler de décolonisation symbolique," reconnaît Ben Arrous. "L'histoire des sociétés colonisées qui avait été occultée par cette toponymie coloniale... revient au-devant de la scène."
Paradoxalement, le principe même de nommer des rues est "une importation totalement coloniale" qui rompt avec les pratiques traditionnelles. "Ce qu'on peut décoloniser maintenant, c'est seulement ce qui était colonisé autrefois," souligne-t-il, rappelant que seul le plateau de Dakar (3% de l'agglomération) possédait véritablement des noms de rues à l'époque coloniale.
Lorsqu'il était maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko avait débaptisé cinq avenues aux noms français, déclarant qu'"en France, vous ne verrez jamais une rue Hitler." Pour Ben Arrous, cette comparaison révèle deux aspects: "Il utilise la toponymie comme un instrument politique international" et cette démarche s'inscrit dans une évolution administrative complexe.
Le projet actuel prévoit une commission nationale associant pouvoir central et collectivités locales. "Ces questions sont trop sensibles... pour être confiées soit simplement aux collectivités locales, soit simplement aux pouvoirs centraux," explique le chercheur.
Cette entreprise mémorielle se heurte parfois à des résistances, comme à Saint-Louis où la statue de Faidherbe demeure, mais révèle surtout la persistance d'une mémoire incolonisée: "Il y a le colonial, il y a le décolonial, mais il y a l'incolonisé aussi sur lequel on n'insiste pas toujours assez."
LA MENDICITE ET LA PROSTITUTION FONT DU SENEGAL UN PAYS CONVOITE
Souvent dissimulée sous le couvert de la religion, des individus acheminent des centaines d’enfants pour les exploiter à des fins commerciales, notamment par la mendicité, et envoient des jeunes filles dans les zones minières.
La traite des enfants et la prostitution sont des phénomènes devenus courants et presque banalisés dans la sous-région. Souvent dissimulée sous le couvert de la religion, des individus acheminent des centaines d’enfants pour les exploiter à des fins commerciales, notamment par la mendicité, et envoient des jeunes filles dans les zones minières. Pour lutter contre ce fléau régional, les acteurs de la justice de Guinée-Bissau, de GuinéeConakry, de Gambie et du Sénégal se sont réunis du 8 au 10 avril afin d’élaborer un plan commun de lutte.
La traite des êtres humains atteint une ampleur inquiétante avec des estimations mondiales du nombre de victimes variant entre 700 et 900 millions de personnes. Il s’agit d’une activité particulièrement lucrative, classée par certaines études comme la troisième source de revenus illicites après le trafic d’armes et de stupéfiants.
En Afrique de l’Ouest, quatre pays membres de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) partagent cette même réalité : la traite à travers la mendicité et la prostitution. Il s’agit du Sénégal, de la Gambie, de la Guinée et de la Guinée-Bissau. Malgré de nombreuses initiatives de prévention, ce phénomène reste un véritable défi pour les autorités. Une partie de la population perçoit encore cette pratique comme une étape essentielle dans l’éducation religieuse et l’acquisition de connaissances théologiques, notamment pour les jeunes talibés des écoles coraniques appelées communément «daara». Des enfants talibés sont ainsi convoyés depuis l’intérieur du Sénégal, mais aussi depuis des pays voisins comme la Gambie, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Mali ou encore la Mauritanie, pour être exploités dans les rues de Dakar, principalement à travers la mendicité. Dénonçant cette pratique dissimulée sous un manteau religieux, Mody Ndiaye, secrétaire permanent de la Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes, estime que l’ampleur du phénomène, notamment chez les mineurs, révèle la faiblesse des mécanismes de détection et d’identification des victimes.
Poursuivant son discours, il déplore le fait que ces lacunes empêchent de lutter efficacement contre les réseaux et de briser la chaîne des re-victimisations qui alimentent ces trafics. «La couverture religieuse crée un sentiment d’impunité chez les trafiquants, qui ont bien compris que la traite des enfants offre un rendement financier élevé pour un risque pénal faible. La faiblesse des moyens alloués à la lutte contre la traite dans les budgets étatiques nous oblige à mutualiser nos forces pour mieux faire face à ce fléau transfrontalier. C’est pourquoi nous avons besoin d’une collaboration étroite entre tous les acteurs de la chaîne pénale de la sous-région», a souligné Mody Ndiaye qui appelle également à la vigilance des parents pour éviter de confier leurs enfants à des marchands d’illusions.
DES CENTAINES DE JEUNES FEMMES ORIGINAIRES DE LA SOUS-REGION SE PROSTITUENT
Outre la mendicité, la prostitution est également devenue un moyen d’exploitation des victimes de traite. Depuis plusieurs années, une recrudescence de la prostitution forcée est observée dans le sud-est du Sénégal, notamment dans la région aurifère de Kédougou avant de gagner les autres villes. Des centaines de jeunes femmes originaires de plusieurs pays de la sous-région y sont victimes de traite. Les servitudes domestiques concernent principalement les jeunes filles.
Pour sa part, Benjamin Ntoung, représentant régional du bureau du Conseil des Nations unies, fait savoir que les gouvernements de la sous-région ont multiplié les initiatives au cours des deux dernières décennies. A l’en croire, ils ont commencé par ratifier les conventions internationales, notamment la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée dite Convention de Palerme et son protocole relatif à la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants. Ensuite, poursuit M. Ntong, ces pays ont adopté des législations nationales et mis en place des mécanismes de coordination pour la prévention et la lutte contre la traite. «Ces mécanismes nationaux de coordination interagissent dans le cadre du dispositif régional mis en place par la Commission de la CEDEAO en 2007, visant à renforcer la lutte contre la traite des personnes et à assurer un meilleur référencement des victimes dans la sous-région. Cette dynamique contribue à renforcer les liens entre acteurs dans la mise en œuvre des politiques, programmes et projets de lutte contre la traite», a affirmé le représentant de l’ONU
LE MINISTRE ABASS FALL APPORTE DES EXPLICATIONS
Le ministère du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les institutions n’a pas tardé à répondre en rassurant le député Guy Marius Sagna et les Sénégalais sur le renouvellement du mandat des dirigeants de la Css et de l'Ipres et détournements
Guy Marius Sagna avait adressé une question écrite au gouvernement pour demander des explications sur l'illégalité et les détournements à l'institution de Prévoyance Retraite du Sénégal (IPRES) et à la Caisse de sécurité sociale (CSS). Le ministère du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les institutions n’a pas tardé à répondre en rassurant le député Guy Marius Sagna et les Sénégalais.
Très actif dans le Parlement et en dehors, le député Guy Marius Sagna continue de marquer l’histoire de l’Assemblée nationale sénégalaise. Il ne se passe pratiquement pas une semaine sans qu’il n’adresse une question écrite au gouvernement. Dernièrement, il s’est penché sur l'institution de Prévoyance Retraite du Sénégal (IPRES) et la Caisse de sécurité sociale (CSS) en demandant des éclaircissements sur deux questions majeurs.
De prime abord, il s’est interrogé sur la situation des conseils d’administration de la Caisse de Sécurité sociale et de l'IPRES. Il souligne qu’ils sont dans l’illégalité totale depuis plus de 8 ans parce que tout simplement leur mandat a expiré depuis le 31 décembre 2016, conformément aux articles 14 et 20 des statuts de la Caisse de Sécurité sociale. En retour, le gouvernement a soutenu hier être particulièrement préoccupé par la question du renouvellement des mandats dans les instances dirigeantes des institutions de prévoyance sociale.
Selon Abass Fall, le processus de renouvellement a d'ailleurs été enclenché depuis plusieurs mois et a abouti à la désignation des nouveaux représentants de l'Etat, des organisations d’employeurs et de travailleurs au sein des Collèges des représentants et des Conseils d’administrations des deux institutions. Ce faisant, dit-il, le renouvellement des membres des instances dirigeantes de ces institutions se fera avant la date du 1er mai 2025.
Guy Marius Sagna s’était ensuite interrogé sur la possibilité du gouvernement de faire auditer ou faire vérifier les comptes de la Caisse de Sécurité sociale vu qu’on parle de détournements estimés à plus d'un milliard. Non sans dire qu’il n’y a pas encore eu un audit indépendant pour situer toutes les responsabilités sur cette affaire.
Répondant à cette question, le ministre Abass Fall a soutenu que le dossier sur l’affaire du détournement à la Caisse de Sécurité sociale a d'abord été confié au juge d’instruction du 3e cabinet qui a déjà procédé à l’audition au fond de toutes les parties concernées. Les inculpés sont, pour la plupart, dans les liens de la détention, ajoutet-il.
En outre, toujours, selon le ministre, le 14 mars 2025, le Procureur de la République a rendu l'ordonnance de dessaisissement du juge d’instruction du 3e Cabinet au profit du Pool Judiciaire Financier (PIF), cette juridiction étant désormais compétente en raison du montant du litige en jeu. “C’est dire que cette affaire a été très tôt prise en charge par les autorités compétentes. La procédure suit son cours”, a conclu le ministre du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les institution
TAKKU-WALLU BANDE DES MUSCLES
Le Premier ministre Ousmane Sonko se présente demain à l'Assemblée nationale pour la séance des Questions d'actualité au gouvernement, mais devra composer avec l'absence annoncée des députés du parlementaire de l'opposition
Attendu demain à l’Assemblée nationale dans le cadre de la séance des Questions d’actualité au gouvernement, le Premier ministre sera boycotté par des députés de l’opposition, notamment du Groupe Takku Wallu.
Le Premier ministre Ousmane Sonko est attendu demain à l’Assemblée nationale, dans le cadre de la séance des Questions d’actualité au gouvernement. Ce deuxième exercice du genre, inscrit dans le cadre du contrôle parlementaire, permet aux députés d’interpeller l’Exécutif sur les grandes orientations politiques et les préoccupations des citoyens. Mais, il risque de faire face à ses 131 députés et quelques non-inscrits sans doute aussi.
Demain, les députés du Groupe parlementaire Takku Wallu Senegaal vont boycotter le Premier ministre pour protester contre le fonctionnement de l’Assemblée nationale. Il y a un tas de frustrations exacerbées lors du vote de la proposition de loi portant interprétation de la loi d’amnistie de mars 2024. La présence d’un public jubilatoire et surtout chahuteur, sans «aucune sanction», a fini aussi de jeter le froid dans les rapports entre les deux groupes majoritaires à l’Assemblée nationale. La dernière fois, Abdou Mbow a tenté de protester, mais il s’est contenté d’un recadrage trop «mou» du président de l’Assemblée nationale. S’il n’y a pas de conciliabules entretemps pour sauver les apparences ?
En apparence, les deux groupes semblent entretenir des relations glaciales dans un contexte d’interprétation de la loi d’amnistie contre laquelle Takku Wallu a déposé un recours en annulation au niveau du Conseil constitutionnel hier.
En tout cas, les questions d’actualité nationale sont nombreuses comme l’état des finances publiques, la relance de l’économie, le fonctionnement de la Justice et les réformes attendues après 1 an à la tête de l’Etat du tandem Diomaye-Sonko.
14 questions à Sonko ce jeudi
Le chef du Gouvernement est attendu à l’Hémicycle ce jeudi à 10 heures. Ousmane Sonko s’y rend pour répondre aux questions d’actualités adressées au Gouvernement. Selon nos informations, l’Assemblée nationale a décidé de maintenir le format adopté lors du précédent exercice de ce genre qui s’était tenu le 21 février dernier. Ainsi, le Premier ministre va-t-il être interpellé sur 14 questions dont 4 pour l’opposition en raison de 2 questions pour le groupe Takku Wallu Sénégal et 2 pour les noninscrits. Pour cette séance plénière, les questions vont porter sur l’actualité datant de moins de deux mois. Ce sera l’occasion pour le chef du Gouvernement de revenir sur la situation des Sénégalais à l’étranger, la sortie du Fmi et les mesures contre la vie chère. Certainement, le Premier ministre reviendra sur la loi interprétative de l’amnistie qui vient d’être adoptée dans un climat tendu avec un recours annoncé de l’opposition devant le Conseil constitutionnel.
Libération de 312 éléments du GMI
Les autorités n’ont pas jugé utile de renouveler le contrat d'une durée de quatre années de 312 éléments du GMI qui constituaient la première cohorte des policiers adjoints volontaires de la 7e génération. Le Chef de laDivision Communication de la police, le Commissaire Mamadou Diouf renseigne que l'Etat du Sénégal avait décidé de recruter des jeunes comme personnel de soutien à la Police nationale, notamment dans le domaine du maintien de l'ordre public. A l’en croire, conformément au décret 2021-1197 du 20 septembre 2021 portant création et conditions générales de sélection et d'emploi des policiers adjoints volontaires (PAV). Selon le communiqué, les contrats de la première cohorte des PAV de la septième génération ayant expiré, 312 de ces éléments ont été libérés par le ministre de l'Intérieur et de la Sécurité publique le 28 mars 2025.
Trois individus interpellés à Ouakam avec de la drogue
Les éléments de l’Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants (OCTRIS) ont mis hors d’état de nuire une bande de trafiquants de drogue. Les limiers ont interpellé à Ouakam trois individus en possession d’une importante quantité de drogues dont 100g de haschisch, 14 képas d’un gramme de Mdma, 15g en vrac du même produit ainsi que 91 pilules d’ecstasy. Les policiers ont réussi cet exploit après l’exploitation d’un renseignement faisant état d’un trafic intense de drogues dans les secteurs de Ouakam, des Mamelles et des Almadies. Outre ces drogues, les mis en cause ont été trouvés en possession de quatre téléphones, d’un véhicule, d’une moto Jakarta et d’une somme d’argent s’élevant à 536.000FCFA
Arrestation de 2 trafiquants de chanvre indien à Baba garage
Restons avec les forces de défense et de sécurité qui sont très engagées dans la lutte contre le trafic de drogue. Les gendarmes de la brigade de Baba Garage, en patrouille nocturne la nuit du 7 avril 2025, ont arrêté deux individus en possession de chanvre indien. Ces derniers, à bord d’un véhicule actuellement immobilisé, renseigne la division communication, transportaient deux sacs contenant le produit prohibé d'un poids total de 51 kilogrammes. Les trafiquants sont actuellement gardés en vue pour les besoins de l’enquête.
La Gendarmerie démantèle un site d'orpaillage clandestin
Les pandores de la brigade de Saraya ont démantelé hier un site d'orpaillage clandestin situé en brousse entre les villages de Médina Moussala et Kolia dans la commune de Bembou, département de Saraya. Les gendarmes ont aussi saisi un lot important de matériels composé de 38 groupes électrogènes ; 14 marteaux piqueurs ; 11 panneaux solaires et une pompe à eau.
Le calvaire des géomètres experts du Sénégal
Les géomètres experts attirent l’attention des autorités sur les difficultés auxquelles ils sont confrontés. Lors de leur rencontre (72 heures), ils ont pointé du doigt les maux qui gangrènent la pratique de la fonction de géomètre. Le président dudit ordre, Mamadou Lamine Fall dénonce la pratique illégale par des intrus qui plombe la survie des cabinets et des sociétés de géomètre expert. « Il est honnête de reconnaître la responsabilité de certains membres de l’ordre, tout comme celle de l’administration et des mairies», fustige M. Fall. Il regrette également le retard du Sénégal dans l’élargissement de la délégation de service public par rapport aux autres pays africains. A l’en croire, le ministère avait instruit la Direction générale des impôts et domaine (DGID) d’initier un projet dans ce sens, mais il est toujours inachevé. A cet effet, dira-t-il, l’Etat devra aider à non seulement élargir la délégation de service public, mais aussi, aider à éradiquer ou minimiser l’agression de la pratique du métier. Pour l'expert, il est nécessaire pour un développement de la profession de privilégier les cabinets et sociétés de géomètres experts nationaux pour l’exécution des marchés de l’État. Le président de l’ordre des géomètres plaide surtout la révision du dispositif législatif et réglementaire pour une bonne répartition spatiale des cabinets de géomètres experts et un égal accès des populations aux services délégués. Il reste convaincu que cette révision permettra d’anticiper sur la prochaine directive de l’union économique et monétaire ouest africaine sur la libre circulation et le libre établissement.
La paix entre le Sénégal et la Mauritanie
C'est sous le signe de la paix entre le Sénégal et la Mauritanie, que des milliers de musulmans ont convergé à Nimzatt, capitale de la Qadriya en Mauritanie, pour les besoins de la prière de l'Aïd El Fitr. La prière de l'Aïd a été dirigée par le Khalife général des Qadr de l'Afrique de l'ouest, Cheikh Abdoul Aziz ould Cheikh Aya ould Cheikh Talibouya ould Cheikhna Cheikh Saadbou en présence des autorités administratives locales et religieuses. Dans son message, le Khalife a réitéré aux fidèles son appel à l’unité et au retour aux enseignements de Cheikh Saadou Aby ; à la consolidation de son œuvre et à une bonne cohésion entre peuples « frères » du Sénégal et de la Mauritanie. Il a salué la forte implication du président Bassirou Diomaye Faye et de son homologue mauritanien Mohamed ould Ghazouani dans la recherche de la paix et la cohésion entre les populations. Le saint-homme de Nimzatt a également appelé les fidèles à constamment renouveler leur foi et à préserver les valeurs de l’islam.
La paix entre le Sénégal et la Mauritanie (bis)
Lors de ce pèlerinage annuel, le ministre chargé des affaires religieuses de la Mauritanie a inauguré la nouvelle école coranique Zawiya Cheikhna Cheikh Saadou Aby deNimzatt, pouvant accueillir plus de 1 000 apprenants. L'infrastructure dispose d’une bibliothèque, parmi les plus riches que compte la Mauritanie. Et comme à l'accoutumée, la fondation Cheikh Aya s'estillustrée, en assurant aux pèlerins de bonnes conditions de séjour par un hébergement, une fourniture en abondance d’eau ; une assistance médicale renforcée avec un hôpital où les patients sont soignés gratuitement et une aide consistante du khalife destinée aux pèlerins et aux familles hôtes. La Fondation Cheikh Aya a également renforcé l’accompagnement technique des véhicules automobiles par le déploiement de matériels techniques, de camions citernes appuyés d’équipes de mécaniciens spécialement déployés sur le tronçon Tiguint-Nimzatt. Les mausolées de Cheikhna Cheikh Saadbou et autres figures emblématiques de la Qadriya ont été l'attraction de ce pèlerinage, qui rassemble chaque année plusieurs milliers de fidèles et disciples de la Qadriya.
Ousmane Abdoulaye Barro chef de cabinet
Le chef de l’Etat a trouvé un remplaçant à Pape Mada Ndour. Le Président Bassirou Diomaye Faye a nommé hier Ousmane Abdoulaye Barro Chef de cabinet. Le responsable de Pastef à Mbour a le rang de ministre - Conseiller.
Litige foncier à Jaxaay
Les 200 victimes du litige foncier à Jaxaay ayant acquis leurs terrains à la Société nationale des habitations à loyer modéré (Snhlm) ont déterré la hache de guerre contre les spéculateurs fonciers qui continuent à brader leur espace. Ce, à cause, selon ces victimes, du mutisme de la Direction de la surveillance de la construction et de l'occupation du sol(Dscoss). Ils ont d'ailleurs organisé un rassemblement pour inviter le Président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko à arbitrer ce litige sur le Tf 1451 R pendant en justice depuis plusieurs années.
Colère des délégués de quartiers contre le maire de Mbao
La révocation de délégués de quartiers de la commune de Mbao a installé une colère noire de leurs collègues de la région de Dakar contre le député maire de Mbao, Abdou Karim Sall. Ces auxiliaires de l'Etat reprochent au maire d'avoir effectué cette révocation pour des motivations purement politiques. Ils promettent de se battre jusqu'au bout. Dans ce sillage, les délégués de la région de Dakar par la voix de Hamidou Diallo réclament la destitution du maire Abdou Karim Sall et l'installation d'une délégation spéciale à la commune de Mbao. Toutefois, pour l’édile de Mbao, cette procédure de révocation des délégués de quartiers a été effectuée conformément à la loi avec des réunions au préalable et sur la base d'informations fournies par l'agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd).
Cri du cœur des populations de Tivaouane Diacksao
Les populations de Tivaouane Diacksao continuent leur combat pour l'érection d'un lycée dans la commune. Les responsables de l'association africaine pour un avenir meilleur (03 Am) et les parents d'élèves multiplient les initiatives pour sensibiliser les autorités étatiques sur la question au regard de l'enclavement de cette commune du Département de Pikine traversée par l'autoroute à péage. Ce qui n'est pas sans conséquence. Car les élèves sont obligés de se rendre dans les communes comme Thiaroye gare, Mbao voire même Rufisque pour accéder à l'enseignement secondaire.
Lac de Guiers 2 risque un an de prison ferme
Lac de Guiers 2 comparaissait devant le tribunal de grande instance de Pikine pour une affaire de trafic de visa dont le préjudice est estimé à plus d’une cinquantaine de millions de francs CFA. Poursuivi pour association de malfaiteurs et escroquerie, son co-prévenu Abdou Salam Diagne qui a fait défaut car détenu pour autre cause, n’a pas été extrait. Face aux juges, le lutteur a reconnu avoir encaissé 53 millions de FCFA de la part de candidats. Toutefois, il a plaidé non coupable. Il a allégué qu’il voulait juste aider les victimes à profiter de son combat en France pour voyager. Il a continué à se défausser sur son coprévenu qui était l’un de ses préparateurs mystiques, rapporte Le Soleil digital. Les 18 parties civiles qui se sont présentées à la barre ont réclamé le remboursement de leur dû. Leur avocat Me Oumar Kassé a demandé le montant global de 53 600 000 FCFA au titre de dommages et intérêts. Il a rappelé que Lac de Guiers 2 a consigné un montant de 54 millions F CFA à la caisse de dépôts et consignation. Le maître des poursuites a requis un an ferme. Délibéré le 22 avril prochain.
Par Baba DIENG
LE PARTI PASTEF, LE RASSEMBLEMENT NATIONAL ET LEURS JUGES
Pastef au pouvoir, comme dans l’opposition, ne cesse d’attaquer et d’affaiblir la Justice. Les roquets et leurs maîtres clament à tue-tête qu’elle est le talon d’Achille du «Projet»
La cheffe de file du Rassemblement national, Marine Le Pen, a été condamnée, ce 31 mars 2025, dans l’affaire des assistants parlementaires européens, à une peine de cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire. En effet, on reproche à la grandissime favorite de la présidentielle de 2027 d’avoir organisé un système de détournement de fonds publics (le préjudice est évalué à 4, 1 millions d’euros par les juges) entre 2004 et 2016. Pendant douze ans, elle a fait supporter au Parlement européen, les salaires de ses propres collaborateurs. Avec cette condamnation, sa marche vers l’Elysée semble s’éterniser davantage. Somme toute, c’est l’avenir politique de cette théoricienne assumée du racisme, de la xénophobie, du grand remplacement… qui est en train d’être chamboulé.
Elle dénonce une «décision politique» prise par des «adversaires politiques», c’est-à-dire les juges et leurs alliés, pour l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle. Cette affaire, qui est juste un «désaccord administratif avec le Parlement européen», est instrumentalisée par des magistrats sans aucune légitimité populaire, qui «s’ingèrent dans le choix des Français». «Aucun juge, argue-t-elle, ne peut décider d’interférer dans une élection aussi importante que la Présidentielle.» Une vaste campagne de dénigrement de la Justice a été entreprise par ses collaborateurs, qui martèlent qu’elle a été broyée par un système judiciaire au service de l’élite corrompue et contre le Peuple pur. Le Rassemblement national s’indigne contre ce qu’il considère comme la «tyrannie des juges».
Avec les populistes, c’est toujours la même rhétorique victimaire devant une décision judiciaire qui leur est défavorable : ils ne sont jamais responsables des faits qui leur sont reprochés. Le sociologue allemand Max Weber écrit, dans Le savant et le politique (La Découverte, 2003), qu’un bon homme politique doit avoir le sens de la responsabilité. Les populistes n’ont pas cette qualité. C’est toujours une machination dirigée contre eux, fomentée par des institutions scélérates et surtout non élues. Celles-ci, illégitimes, dans l’imaginaire populiste, ne doivent nullement remettre en cause la volonté populaire. Il faut donc procéder à un travail de délégitimation des corps intermédiaires -la Société civile, les magistrats, les syndicats, les journalistes…- pour établir un contact direct entre le Peuple -entendu comme un bloc monolithique et épuré- et ses représentants.
Au Sénégal, l’hydre populiste n’a fait que torpiller la Justice des années durant. Pastef s’est principalement opposé par bravades envers les institutions judiciaires. Celles-ci étaient aux ordres et contre leur projet politique. Les magistrats, stipendiés, et dénués de tout sens du patriotisme, n’étaient là que pour faciliter les forfaitures de l’ancien satrape. L’actuel Premier ministre, qui s’opposait comme un hors-la-loi, a toujours refusé de se présenter dignement devant les magistrats pour être jugé comme tous les citoyens. Après avoir consommé une passade avec une jeune femme et diffamé un ministre de la République, il a refusé, sous prétexte que son sort était déjà scellé, de se livrer à la Justice. Ses procès qu’il a transformés en «mortal kombat» ont coûté la vie à plusieurs de nos concitoyens. L’antienne sacrificielle a tout de même assuré à sa chair à canon la certitude et l’honneur de mourir comme des martyrs. Pastef au pouvoir, comme dans l’opposition, ne cesse d’attaquer et d’affaiblir la Justice. Les roquets et leurs maîtres clament à tue-tête qu’elle est le talon d’Achille du «Projet», qu’elle freine les grandes ambitions de transformation systémique du pays en laissant les hétérodoxes vaquer librement à leurs occupations. Le Premier ministre, après avoir traité certains juges de «lâches» et de «corrompus», s’est ouvertement rebellé contre une décision de Justice concernant un de ses pourfendeurs, car, dit-il, la clémence du juge a été excessive. Le chef du gouvernement, comme tous les populistes, estime qu’il doit incarner l’institution judiciaire du fait de sa légitimité populaire. A cela s’ajoute le manichéisme entre les bons juges, ceux du «Projet», et les mauvais juges, qui sont les produits abjects du «système». Epurer la Justice de fond en comble est donc une nécessité pour respecter la vox populi -sacrement du populisme.
Les dangers de la méthode populiste (le populisme est plus une méthode qu’une idéologie) rappellent à ceux qui ont une certaine idée de la République, la nécessité de protéger les institutions républicaines. Dans ce pays, même l’institution militaire, qui a toujours bénéficié de la sollicitude de nos hommes politiques, n’a pas été épargnée par les ravages de Pastef. Mais l’histoire est facétieuse : les tenants du pouvoir, et toujours opposants, à l’occasion de la célébration grandiose de la fête de l’indépendance, ont célébré cette armée dont le Pmos a récemment accusé un Général de fomenter un coup de force…
lettre d'amérique, par rama yade
POUR L’AFRIQUE, COMPTER SUR SOI-MEME
Pressentant la guerre commerciale qui se préparait, c’est le message du secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, dans la foulée de l’annonce, par le Président américain Donald Trump, d’une série de nouveaux tarifs douaniers le 2 avril
«Tout le monde s’assoit, respire profondément, ne riposte pas immédiatement, voyons où cela nous mène.» Pressentant la guerre commerciale qui se préparait, c’est le message du secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, dans la foulée de l’annonce, par le Président américain Donald Trump, d’une série de nouveaux tarifs douaniers le 2 avril.
La fin de 50 ans de mondialisation
Par cette annonce, le Président Donald Trump a mis fin à 80 ans de mondialisation. Ce «jour de libération» pour les Etats-Unis a été un choc pour les pays concernés. Mais alors que la Maison Blanche s’apprête à imposer des droits de douane de 10% à tous les partenaires commerciaux des Etats-Unis, et jusqu’à 50% à une soixantaine de pays, cette annonce n’aurait pourtant dû surprendre personne. On se souvient qu’à Davos, en janvier dernier, il avait clairement annoncé la couleur, devant les participants du Forum économique mondial : «Si vous ne fabriquez pas votre produit en Amérique, ce qui est votre droit, alors, très simplement, vous devrez payer un tarif -des montants différents, mais un tarif- qui dirigera des centaines de milliards de dollars et même des milliards de milliards de dollars vers notre Trésor pour renforcer notre économie et rembourser la dette.»
Les alliés, premiers touchés
Désormais, personne n’est épargné, surtout pas les alliés européens et Israël qui, se voyant respectivement appliquer des taux de 20 et 17%, ont protesté. Des pays comme la Suisse, qui avaient renoncé à taxer les produits américains, ont subi un sort encore plus terrible (31%). Toujours à l’offensive depuis que les Etats-Unis ont promis d’en faire le 51e Etat américain, le Canada, par la voix de son Premier ministre Mark Carney, a tonné : «L’économie mondiale est fondamentalement différente aujourd’hui de ce qu’elle était hier… Le système de commerce mondial ancré sur les Etats-Unis... est terminé. Notre ancienne relation d’intégration de plus en plus profonde avec les Etats-Unis est terminée. La période de 80 ans où les Etats-Unis ont adopté le manteau du leadership économique mondial, où ils ont forgé des alliances fondées sur la confiance et le respect mutuel... est terminé.»
America first
Insensible aux protestations et aux critiques de la plupart des économistes qui voient en ces droits de douane une source d’inflation et de récession, Donald Trump a livré les raisons de cette révolution commerciale dont il a reconnu qu’elle sera douloureuse à court terme pour les consommateurs américains. Il parie qu’à terme, ces derniers y gagneront. Il voit dans ces tarifs douaniers, un moyen de corriger les déséquilibres du système commercial mondial -en 2024, les Etats-Unis ont enregistré un déficit commercial de 918 milliards de dollars, en hausse de 17% par rapport à l’année précédente- et d’obliger les multinationales à rapatrier leurs activités aux Etats-Unis où ils créeront des emplois nécessaires à la réindustrialisation du pays. Pour lui, c’est une question d’«urgence nationale qui menace notre sécurité et notre mode de vie». N’oublions pas que ces nouvelles annonces tarifaires ont ravi les syndicats de travailleurs américains où se recrutent beaucoup d’électeurs trumpistes. Selon les estimations de Peter Navarro, principal conseiller commercial de la Maison Blanche, ces mesures pourraient générer des revenus annuels allant jusqu’à 600 milliards de dollars, un pactole qui permettra de baisser les impôts des citoyens américains.
Dans le monde, les réactions, diverses, ne se sont pas fait attendre, entre la France qui demandé à ses entreprises de suspendre tout investissement aux Etats-Unis et la Chine qui a décidé d’appliquer 34% de tarifs douaniers aux importations américaines.
La fin de l’Agoa
De nombreux pays africains ont bien sûr été touchés. Le Kenya, le Ghana, la Tanzanie et le Sénégal se verront ainsi appliquer des droits de douane de référence de 10% pour les importations. Certains souffriront néanmoins plus que d’autres, comme le Lesotho, petit pays enclavé, avec 50%, le taux le plus élevé parmi les pays ciblés, ainsi que Madagascar et Maurice, pays exportateurs de textile vers les EtatsUnis. Trois pays africains ont été épargnés : la Somalie, les Seychelles et le Burkina Faso. En conséquence, beaucoup considèrent que l’Agoa (African Growth and Opportunity Act) est mort. Il devrait expirer en septembre, si le Congrès ne le renouvelle pas. L’Agoa est le programme commercial préférentiel américain qui a permis, depuis 25 ans, à 32 pays d’Afrique subsaharienne d’exporter en franchise de droits de douane vers les Etats-Unis sur environ 7000 produits. En 2024, les pays africains ont exporté pour environ 8 milliards de dollars de marchandises vers les Etats-Unis dans ce cadre. L’Afrique du Sud, le Nigeria et Madagascar en ont été les premiers bénéficiaires.
Pas nécessairement une mauvaise nouvelle
Pourtant, comme pour l’Usaid, la fin de l’Agoa n’est pas nécessairement la catastrophe annoncée pour l’Afrique. D’abord, il n’est pas malsain de ne plus dépendre de tous ces dispositifs, soumis au bon vouloir des agendas électoraux extérieurs. Si les Africains veulent reprendre leur destin en main comme la demande de souverainisme des nouvelles générations l’exprime, il est indispensable de s’en libérer et de trouver en Afrique même les ressources de leur prospérité. Ensuite, l’impact de ces mesures tarifaires sera certainement limité en Afrique, en raison des nombreuses exemptions sur les ressources naturelles telles que le pétrole et l’or, qui constituent une grande partie des exportations africaines vers les Etats-Unis et, pour le reste, en raison de la relative faiblesse des relations commerciales entre les Etats-Unis et les pays africains : selon les données du Bureau du Trade Representative des EtatsUnis, les exportations africaines totales -y compris Agoa- de biens américains vers les Etats-Unis s’élevaient à moins de 40 milliards de dollars, soit trois fois moins que les exportations vers la Chine. Il n’empêche, comme le reste du monde, les Africains se trouvent confrontés à la nécessité de réévaluer leur relation commerciale avec les Etats-Unis. Deux options s’offrent à eux.
Deux options
A l’image de la cinquantaine de pays dans le monde qui, selon le conseiller Navarro, ont déjà pris contact avec la Maison Blanche, la première option consisterait à se précipiter à Washington pour négocier pour chaque pays, chaque produit. Sous l’effet de la panique que ne justifie même pas le niveau relativement faible de ses échanges avec les Etats-Unis, l’Afrique présenterait un visage de désunion avec une vision court-termiste. Puisque la diversification de leurs partenariats économiques est déjà actée depuis vingt ans, la seconde option supposerait de revoir collectivement leur stratégie commerciale en accélérant leur intégration économique avec leur propre Zone de libre-échange africaine, comme le relève Dr Frannie Leautier, senior fellow à Atlantic Council. Dans un cas, ils s’appuieraient sur les Etats-Unis. Dans l’autre cas, ils ne compteraient que sur eux-mêmes ! Alors que dans deux semaines, s’ouvrent, à Washington, les Assemblées de printemps de la Banque mondiale et du Fmi, on espère pour l’Afrique qu’elle fera, cette fois, le bon choix.