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2 août 2025
Les belles feuilles de notre littérature par Amadou Elimane Kane
LÉOPOLD SÉDAR SENGHOR OU LA SONORITÉ PLURIELLE DU CHANT AFRICAIN
EXCLUSIF SENEPLUS - Chantre de la Négritude, voix des sans-voix, passeur de mémoire : l'ancien président a fait de la poésie son "activité majeure". Son œuvre colossale puise aux sources de la tradition africaine pour réinventer l'art du verbe
Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un art qui trouve sa place dans une époque, un contexte historique, un espace culturel, tout en révélant des vérités cachées de la réalité. La littérature est une alchimie entre esthétique et idées. C’est par la littérature que nous construisons notre récit qui s’inscrit dans la mémoire. Ainsi, la littérature africaine existe par sa singularité, son histoire et sa narration particulière. Les belles feuilles de notre littérature ont pour vocation de nous donner rendez-vous avec les créateurs du verbe et de leurs œuvres qui entrent en fusion avec nos talents et nos intelligences.
Choisir d’écrire sur l'œuvre poétique de Léopold Sédar Senghor est une gageure à relever tant la production est colossale et tant le poète a écrit sur l’art poétique.
Et la poésie c’est, selon le dictionnaire, un genre littéraire associé à la versification et soumis à des règles prosodiques particulières, variables selon les cultures et les époques, mais tendant toujours à mettre en valeur le rythme, l'harmonie et les images.[1]
C’est aussi un art du langage en vers, de ses rythmes et figures, par opposition à la prose. Et si l’on remonte à l’antiquité, et particulièrement chez les Grecs, la poésie, du grec ancien poíêsis, c’est la création, c’est l'action de faire. La poésie est souvent considérée comme le premier des genres.Pour les Grecs, la poésie était d’inspiration divine et le poète enfant des Muses.Horace a défini la poésie comme une « peinture parlante ».[2]
Ainsi, depuis des millénaires, la poésie demeure comme un art fondamental de la parole et d’une certaine vision du monde qui se fabrique à travers le langage, la sonorité, le mouvement des mots et leur puissante émotion à traduire des sensations qui vibrent par leur propre re-création.
Mais laissons parler Léopold Sédar Senghor qui donne sa définition de la poésie. La poésie est, dans notre vie, non pas le métier, mais l’activité majeure : la vie de notre vie, sans quoi celle-ci ne serait pas vie.[3]
Et Léopold Sédar Senghor invoque aussi l’appartenance cosmogonique de la poésie négro-africaine, faite de symbolisme et de rythmes, une alliance créatrice qui a tant inspiré les poètes de tout bord. La culture négro-africaine est faite d’une force naturelle de l’inspiration. La première naissance au monde est poétique, l’initiation est poétique, les images ailées et esthétiques transcendent le réel pour toucher au sublime. Ainsi, la poésie négro-africaine, comme chez les Grecs, est la genèse du vivant, sans être toutefois un art de l’imitation car elle investit le verbe pour recomposer encore et toujours une représentation augmentée du monde.
Et si l’on s’attarde un instant sur la création de Léopold Sédar Senghor, car devant l'opulence poétique on est bien obligé de choisir, on voit bien cette invention rythmique accordée aux symboles africains :
Les Masques sont ici en majuscule tout comme les Ancêtres qui sont les gardiens de la mémoire, de l’histoire et du logos. Et l’Esprit continue de respirer car la prière aux morts est le gage de l’éternité poétique, donc la continuité humaine.
Le poète se saisit ici du singularisme du chant africain pour le rendre plus vivant à nul autre pareil. La magie du verbe est immortelle et renaissante, semble dire Léopold Sédar Senghor.
L’inspiration cosmogonique est une force tellurique qui ne cesse de renaître, comme les trésors terrestres qui s’accompagnent de la symbolique féconde et nourricière.
Élé-yâye ! De nouveau je chante un noble sujet ; que m’accompagnent kôras et balafong !
Princesse, pour toi ce chant d’or, plus haut que les abois des pédants !
Tu n’es pas plante parasite sur l’abondance rameuse de ton peuple.[5]
Seule la terre porte les hommes vers les lignées qui se succèdent, en scandant les chants harmonieux des récoltes africaines qui abreuvent la faim et éduquent l’esprit par leur incroyable intelligence :
L’aigle blanc des mers, l’aigle du temps me ravit au-delà du continent.
Je me réveille je m’interroge, comme l'enfant dans les bras de Kouss que tu nommes Pan.
C'est le cri sauvage du soleil levant qui fait tressaillir la terre
Ta tête noblesse nue de la pierre, ta tête au-dessus des monts le Lion au-dessus des animaux de l’étable
Et c’est à ce sol, à l’origine de la fondation, que le poète rend hommage, sans oublier les créations initiales. Ainsi, il foule le temple de l’histoire pour s’assurer qu’il n’est plus en errance, sur ce petit angle occidental, lavé de ses contagions de civilisé.
Je marcherai par la terre nord-orientale, par l’Égypte des temples et des pyramides
Mais je vous laisse Pharaon qui m’a assis à sa droite et mon arrière-grand-père aux oreilles rouges.
Vos savants sauront prouver qu’ils étaient hyperboréens ainsi que toutes mes grandeurs ensevelies.[7]
Car le poète est aussi un passeur de vérité, celui qui sait nommer la souffrance qui coule dans les cratères de la terre assiégée par des cavaliers barbares, sans foi, sans loi, sans mémoire.
Mais toutes les ruines pendant la traite européenne des nègres
Mais toutes les larmes par les trois continents, toutes les sueurs noires qui engraissèrent les champs de canne et de coton
Mais tous les hymnes chantés, toutes les mélopées déchirées par la trompette bouchée
Toutes les joies dansées oh ! toute l’exultation criée.[8]
Chantre de la Négritude avec Aimé Césaire et Léon Gontran Damas, Léopold Sédar Senghor est encore la voix de ceux qui n’ont point de bouche, les frères d’Afrique, les frères d’Amérique, les frères des Antilles, ceux qui se sont tus à force d’être massacrés, mais toujours tête haute, comme sept mille nègres nouveaux, sept mille soldats sept mille paysans humbles et fiers.
Vous Tirailleurs Sénégalais, mes frères noirs à la main chaude sous la glace et la mort
Qui pourra vous chanter si ce n’est votre frère d’armes, votre frère de sang ?
Je ne laisserai pas la parole aux ministres, et pas aux généraux
Je ne laisserai pas - non ! - les louanges de mépris vous enterrer furtivement.
Vous n’êtes pas de pauvres aux poches vides sans honneur
Mais je déchirerai les rires banania sur tous les murs de France.[9]
Des luttes anti-coloniales, en passant par la seconde guerre mondiale, à la libération des États africains, le poète inscrit ses mots sur les murs pour les générations à venir, pour la postérité de l’histoire qui parfois s’écrit en marge des vérités trop crasses à dire, pour laisser parler les hommes tombés sur le terrain d’un combat devenu le leur, comme en avril 1940 :
Entre la fraîcheur extrême du Printemps et la torpeur promise de l'Été, laisse-nous savourer la douceur éphémère de vivre
Entre la fleur qui s’effeuille qui décline et les blés en bruissements ardents, respirer le regret de vivre aigre-doucement.
Avant oui avant l’odeur future des blés et les vendanges dans l’ivresse, que nous ne foulerons pas
Que nous goûtions la douceur de la terre de France[10]
Et pour échapper à ces terres noyées de sang, de part et d'autre des continents, le poète reprend le chemin avec sa canne de sagesse pour rejoindre les sonorités éthiopiques, car seul le verbe délivre du soufre du volcan. Le poème devient l’unique source du langage pour parfaire le royaume africain resté innocent de la sauvagerie et des guerres. Même si la terre originelle se souvient de tout, elle continue sa ronde de merveilles inassouvies et de beauté séculaire.
Princesse, ma Princesse ! Me reviennent déjà sous les griffes de l’Harmattan
Les nuits brèves de l'Été, fleuries d’étoiles bleues comme de libellules
Et les chemins au bord du lac de lune
Troublé à peine par les jeux des poissons, idéogrammes du silence.[11]
Et les chants peuvent reprendre, ils deviennent Chaka, un poème dramatique à plusieurs voix pour mieux entendre la mélopée plurielle de la terre africaine :
Tam-tam au loin, rythme sans voix qui fait la nuit et tous les villages au loin
Par-delà forêts et collines, par-delà le sommeil des marigots…
Et moi je suis celui-qui-accompagne, je suis le genou au flanc du tam-tam, je suis la baguette sculptée
La pirogue qui fend le fleuve, la main qui sème dans le ciel, le pied dans le ventre de la terre
Le pilon qui épouse la courbe mélodieuse. Je suis la baguette qui bat laboure le tam-tam.[12]
Alors de cette poésie musicale aux résonnances durables, aux courbes grammaticales enjambant les vers, les rimes, les allitérations plurielles, par-delà le classicisme, trouvant un rythme génésiaque, le chant africain de Léopold Sédar Senghor se déploie dans le temps, avec une prosodie inventive qui allie la parole aux paysages, aux aurores, à la fertilité de la terre et au timbre des femmes et des hommes pour toujours chanter la Négritude debout.
Comme les lamantins vont boire à la source, Léopold Sédar Senghor se repaît de la terre africaine, comme un mythe ou comme une histoire naturelle, comme l’émergence du continent de la pleine lune qui, s’il est meurtri est toujours renaissant, est celui qui musicalise l’harmonie de l’univers.
Et si l’on écoute encore un instant la promesse - prophétique on l’espère - de Léopold Sédar Senghor, il est maintenant temps de rendre la parole à tous les hommes de tous les continents, de toutes les races, de toutes les civilisations pour redonner au poíêsis sa pleine lumière pour continuer de construire nos idéaux, de créer, de faire flamboyer cette vision poétique pan-humaine qui tient compte de toutes les trajectoires.
Amadou Elimane Kane est écrivain, poète.
Oeuvre poétique, Léopold Sédar Senghor, Poésie, éditions du Seuil-Points, 1964, 1973, 1979, 1984 et 1990
LE FOOTBALL M’A DONNÉ DES FRÈRES ET DES SOEURS AUX QUATRE COINS DU MONDE
EXCLUSIF SENEPLUS - J’ai eu la chance de parcourir presque tous les grands stades d’Europe. Et partout, j’ai vécu ce miracle de la rencontre. Le football n’efface pas les conflits, mais il montre une autre voie
Du coiffeur de Salah au professeur d’anglais , de Luis Díaz, des tribunes de Munich aux rues de Paris, chaque rencontre m’a appris une chose : le football ne juge pas, il relie.
Il y a des émotions que les mots ne suffisent pas à traduire. Celles que l’on ressent dans un stade de football, au cœur d’une foule en liesse, en sont l’exemple parfait. Le football n’est pas qu’un sport. C’est un langage universel, une culture, parfois même une religion — mais surtout, c’est un lien. Un lien puissant entre les peuples, les générations, les cultures.
Ce que j’aime dans le football, ce n’est pas seulement la beauté d’un geste technique ou la rigueur tactique. C’est ce moment où des inconnus chantent ensemble, se prennent dans les bras, vibrent à l’unisson. C’est cette fraternité spontanée, sincère, qui naît dans les tribunes ou dans un bar à l’autre bout du monde. Peu importe la couleur de peau, la religion ou la langue : quand le ballon roule, tout le reste s’efface.
J’ai eu la chance de parcourir presque tous les grands stades d’Europe. Et partout, j’ai vécu ce miracle de la rencontre. Des Américains, des Chinois, des Australiens… devenus de véritables amis. Des amitiés nées dans une tribune, dans un hall d’hôtel, sur une place animée un soir de match. Avec eux, j’ai partagé des émotions, des rires, des débats passionnés. Et parfois, des histoires incroyables.
Par exemple, c’est dans une loge VIP que j’ai rencontré le coiffeur de Mohamed Salah, un homme simple et chaleureux. J’ai aussi échangé avec le chef cuisinier du gardien Alisson Becker, passionné de nutrition et de tactique. À Londres, j’ai dîné avec le professeur d’anglais de Luis Díaz, qui m’a raconté la soif d’apprentissage du joueur colombien. Et lors d’un événement, j’ai discuté longuement avec le conseiller en communication de Roberto Firmino, un homme visionnaire, convaincu que le football est un vecteur de paix et de culture.
Mais l’un des moments les plus forts que j’ai vécu récemment, c’est à Munich, lors de la finale de la Ligue des Champions. L’ambiance y était électrique, mais aussi incroyablement fraternelle. Des supporters de tous horizons, de toutes nationalités, chantant ensemble dans les rues, partageant un repas, une bière, un souvenir. Ce soir-là, dans cette ville en liesse, j’ai une nouvelle fois ressenti la puissance du football. Non pas celle du trophée ou de la compétition, mais celle de l’union humaine, de l’émotion collective.
Je me souviens aussi de cette soirée magique à Paris après une victoire du PSG. Les rues vibraient. Des chants en arabe, en français, en anglais s’élevaient dans le ciel. Des enfants, des grands-parents, des fans venus d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine… tous réunis. Il n’y avait plus de différences, seulement une joie pure, partagée.
Dans un monde où tout semble divisé, le football reste un des rares espaces où l’on se retrouve. Il n’efface pas les conflits, mais il montre une autre voie. Il rappelle que ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous oppose.
Ce sport m’a tout donné : des souvenirs inoubliables, des rencontres improbables, et cette certitude que l’humain, au fond, cherche toujours à se connecter à l’autre. Tant qu’il y aura des stades, des chants, des regards croisés entre deux supporters de continents différents, le football restera ce qu’il a toujours été pour moi : une célébration vivante, vibrante, universelle de l’humanité.
Bassirou Sakho est Conseiller Sportif.
QUI A TUÉ YAMBO OUOLOGUEM ?
L'écrivain malien, Prix Renaudot 1968, a-t-il été victime d'un lynchage médiatique raciste ou d'une justice littéraire légitime ? Cinquante ans après l'affaire qui a brisé l'auteur du "Devoir de violence", un documentaire rouvre le dossier
(SenePlus) - L'histoire de Yambo Ouologuem ressemble à un roman tragique. Celle d'un jeune Malien brillant qui conquiert Paris et New York par son talent, avant de sombrer dans l'opprobre et de finir ses jours reclus dans son village natal. Le journaliste Kalidou Sy consacre un documentaire saisissant, "La Blessure", à ce parcours fulgurant suivi d'une chute vertigineuse, révélant les mécanismes d'exclusion qui continuent de marquer les rapports entre l'Afrique et l'Occident dans le domaine culturel.
À l'automne 1968, le prix Renaudot couronne pour la première fois de son histoire un roman africain : "Le Devoir de violence" de Yambo Ouologuem. L'événement fait sensation. Fils unique d'une famille dogon du centre du Mali, formé dans l'élite française (classes préparatoires, École normale supérieure), Ouologuem incarne alors la réussite d'un parcours d'exception.
Le succès dépasse le cadre littéraire. Comme le rapporte Afrique XXI, "Ouologuem est alors un dandy qui, bientôt, conquerra New York et les milieux lettrés nord-américains. L'homme porte beau et parle brillamment tant en français qu'en anglais." Les archives montrent un homme élégant, "une cigarette au bout des doigts, maniant l'argutie et la provocation comme un escrimeur le fleuret moucheté."
En 1972, tout bascule. Un article d'un étudiant australien, repris par un chercheur américain puis publié dans le prestigieux Times Literary Supplement, accuse Ouologuem d'avoir "copié" des passages du roman "It's a Battlefield" de Graham Greene. L'accusation fait tache d'huile : la presse française dénonce alors des "démarcages" à l'égard de Greene mais aussi de Schwarz-Bart, Maupassant, Lautréamont.
Pour celui qui avait conquis les salons parisiens et new-yorkais, c'est le début d'une chute aussi brutale que son ascension avait été fulgurante. Selon le témoignage de Fanta Tembely, sa cousine, cité par Afrique XXI, "honteux, il ne sort plus qu'à la nuit tombée, habillé de noir." L'homme se brise : plusieurs témoignages rapportent une hospitalisation en milieu psychiatrique.
Mais le documentaire de Kalidou Sy va plus loin que le simple récit biographique. Il interroge la dimension politique et postcoloniale de cette affaire. Julie Levasseur, doctorante à l'Université de Montréal, livre dans le film une analyse incisive : "L'emploi du plagiat ou de la réécriture est une réplique à la domination coloniale [...] marquée par le fait d'extraire des ressources, de les exploiter, les exploiter et en tirer profit sans redistribuer ni reconnaître même leur provenance."
Cette lecture subversive transforme l'accusation de plagiat en acte de résistance : "Ce que l'auteur fait dans Le Devoir de violence, c'est vraiment, à son tour, puiser dans les œuvres européennes et aller glaner des extraits par-ci par-là, les reformuler, les hachurer, les transformer, les reprendre à sa manière pour raconter son histoire."
Le documentaire n'élude pas la dimension raciste des attaques subies par Ouologuem. Comme le souligne Afrique XXI, "ce racisme, mis en sourdine lors de l'attribution du prix Renaudot, se libère quatre ans plus tard lorsque l'occasion est donnée de charger l'auteur malien du plus dégradant – mais logique aux yeux des critiques français – comportement littéraire : avoir 'emprunté aux riches', c'est-à-dire aux Blancs."
Bernard Pivot, futur "pape des médias littéraires", figure parmi "les plus offensifs dans cette mise au pilori", selon l'analyse du site d'information africain.
De retour au Mali dans un "état physique et psychique déplorable", Ouologuem opère une transformation radicale. Lui qui n'était pas musulman se convertit à un islam rigoureux, renie ses œuvres de jeunesse, notamment "Les Mille et Une Bibles du sexe", et refuse désormais "tout apport occidental, y compris médical."
Son fils Ambibé raconte comment leur grand-mère les envoyait secrètement à l'école française, en cachette de leur père. Jusqu'à sa mort le 17 octobre 2017, l'ancien conquérant des capitales occidentales restera cloîtré dans son village de Sévaré.
Plus de cinquante ans après l'affaire, les blessures ne sont pas refermées. Le documentaire de Kalidou Sy, acclamé au Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou, n'a été programmé en Europe que par TV5 Monde Afrique. "Pour une partie du monde culturel français, l'affaire Ouologuem semble continuer à appartenir seule à l'histoire africaine", constate amèrement Afrique XXI.
Même en Afrique, "Le Devoir de violence continue à faire l'objet de réserves, de silences et de malaises", notamment pour sa dénonciation des élites africaines dans la traite négrière.
Le parcours de Yambo Ouologuem interroge ainsi les limites de l'universalisme culturel proclamé par la France et révèle les mécanismes d'exclusion qui continuent d'opérer dans les rapports culturels entre l'Afrique et l'Occident. Comme le conclut Jean-Pierre Orban dans Afrique XXI : "La blessure est loin d'être refermée."
PAR CHEIKH TIDIANE MBAYE
QUAND LA RÉPUBLIQUE DEVIENT UNE RUE, ANATOMIE D’UN DÉSORDRE INSTITUTIONNEL
Le régime actuel, dans sa manière de fonctionner, donne parfois l’impression d’avoir confondu l’État avec une rue publique — un espace où tout se dit, tout se fait, sans règles claires ni boussole institutionnelle.
La République, dans son essence, repose sur un ensemble de principes structurants : la séparation des pouvoirs, la légalité, l’égalité devant la loi, la protection des libertés et la responsabilité des institutions. Or, ce que nous observons aujourd’hui au Sénégal semble bien éloigné de cette vision. Le régime actuel, dans sa manière de fonctionner, donne parfois l’impression d’avoir confondu l’État avec une rue publique — un espace où tout se dit, tout se fait, sans règles claires ni boussole institutionnelle. Loin d’un simple dysfonctionnement passager, cette situation révèle une crise plus profonde : celle de la banalisation de l’autorité, de la fragilisation des institutions et de la montée d’un désordre normalisé.
1. L’État devenu scène de spectacle
L’espace public est aujourd’hui dominé par les vidéos de coulisses politiques, les révélations de complots présumés, les enregistrements fuités, les confrontations en direct sur les plateaux, et les discours impulsifs de responsables étatiques. La République est descendue dans l’arène, au point d’adopter les codes de la rue : rapidité, émotion, invective, improvisation. Les décisions institutionnelles sont parfois annoncées via les réseaux sociaux avant d’être formalisées, tandis que les lois semblent être adaptées au gré des rapports de force du moment.
Ce théâtre permanent détourne l’attention des citoyens des vrais enjeux : la santé, l’éducation, l’emploi, la justice sociale. Quand le pouvoir donne l’image d’un espace sans rigueur, cela contamine tout le corps social.
2. La verticalité de l’autorité affaissée
Dans une République solide, l’autorité est régulée, mesurée, mais ferme. Elle n’est ni autoritarisme ni laxisme. Or, ce que l’on constate, c’est une verticalité molle ou, parfois, capricieuse. Les ministres s’expriment comme des militants ; les hauts fonctionnaires se contredisent ; des groupes proches du pouvoir semblent au-dessus des lois, tandis que des opposants ou simples citoyens font l’objet de poursuites sélectives.
La rue publique, par définition, est un lieu sans autorité structurée. Tout le monde y parle fort, chacun y impose sa loi. C’est cette image que renvoie un régime où la hiérarchie administrative est brouillée, où les contre-pouvoirs sont neutralisés, et où les décisions manquent de cohérence et de lisibilité.
3. Les institutions otages des émotions collectives
Un des traits caractéristiques du régime actuel est sa sensibilité aux émotions populaires. La pression des réseaux sociaux, les buzz médiatiques, les réactions de la vox populi semblent parfois dicter la conduite des autorités. Cela donne l’impression que le pouvoir gouverne à vue, au lieu de gouverner par principe et par vision.
C’est ici que la rue remplace la République : quand l’État cherche à plaire à l’instant au lieu de construire dans la durée, il devient vulnérable à l’humeur du jour. Or, la République, c’est justement la capacité de résister à l’émotion pour faire triompher la raison, le droit et la justice.
4. La société en mode désordre légitimé
Ce régime de confusion en haut engendre des comportements de défiance en bas. Le citoyen perd confiance en l’État et développe des stratégies de contournement : défiance, clientélisme, corruption, incivilité, recours à la violence ou à l’illégalité. Le modèle d’un État devenu “rue” contamine l’école, la famille, l’entreprise, les médias. Le désordre n’est plus l’exception, il devient la norme. C’est le règne de ce que j’appelle la disharmonie sociale, où les valeurs, les institutions et les pratiques sont désalignées.
Pour une reconquête de la République
Il est urgent de rebâtir la République, non comme un slogan, mais comme un projet politique et social. Cela implique un retour à la rigueur institutionnelle, à la transparence, à la séparation des pouvoirs, à l’exemplarité morale et à la pédagogie politique. La République, ce n’est pas la perfection, mais c’est l’ordre dans la liberté, la loi au-dessus des humeurs, et la responsabilité au-dessus des intérêts. À défaut, le Sénégal risque de devenir non pas une Ré-publique, mais une rue publique permanente, où chacun fait sa loi au détriment du vivre-ensemble.
PAR JULES SOULEYMANE SÈNE
À QUAND LES GRANDES ENSEIGNES À LA SÉNÉGALAISE ?
Il est temps de réinventer la grande distribution, par et pour les Sénégalais. Il ne s’agit plus seulement d’accueillir des enseignes internationales, mais de bâtir nos propres champions de la distribution moderne.
Dans un contexte où le contrôle des circuits de distribution devient un enjeu stratégique mondial, le Sénégal doit faire le choix audacieux et visionnaire de créer ses propres enseignes de grande distribution, portées par des sénégalais, pensées pour le marché sénégalais, au service des producteurs sénégalais.
Il est temps de réinventer la grande distribution, par et pour les Sénégalais. Il ne s’agit plus seulement d’accueillir des enseignes internationales, mais de bâtir nos propres champions de la distribution moderne. Ces enseignes à la sénégalaise peuvent prendre la forme de supermarchés, d’hypermarchés ou de marketplaces hybrides, enracinés dans les réalités économiques, sociales et culturelles du pays.
Elles porteront une vision nationale ; une stratégie de sourcing local prioritaire ; une gouvernance sénégalaise, avec des capitaux nationaux et/ou issus de la diaspora.
Ces grandes enseignes deviendront forcément un catalyseur pour la production nationale. Les grandes surfaces sénégalaises peuvent devenir des piliers de la souveraineté alimentaire et industrielle, en structurant la demande autour des produits agricoles locaux (riz, mil, légumes, fruits, etc.) ; des produits transformés "Made in Sénégal" (jus, épices, conserves, produits laitiers, etc.) ; des produits artisanaux et industriels issus de PME sénégalaises.
Ces enseignes deviendront ainsi des débouchés fiables pour les producteurs, avec des engagements de volume, des contrats pluriannuels, et une montée en qualité progressive. Un excellent moyen de contrôle des prix.
Ces grandes enseignes avec un modèle adapté à notre sociologie car elles seules peuvent mieux comprendre les besoins des consommateurs. Tarification sociale, accessibilité des produits de première nécessité ; valorisation des produits culturels (ex : thiéré, nététou, feuilles locales) ; intégration des logiques de commerce de proximité dans les quartiers populaires et ruraux.
Elles peuvent aussi créer des formats innovants, comme des superettes mobiles, des points de vente mixtes (marché + digital), ou des plateformes de livraison locales.
Le fait de penser à créer des champions économiques nationaux, de développer ces grandes enseignes à la sénégalaise, c’est créer des milliers d’emplois qualifiés (achats, logistique, informatique, gestion, marketing) ; mais aussi former une nouvelle génération de professionnels du retail ; stimuler l’entrepreneuriat et les partenariats public-privé ; contribuer à la montée en puissance des investisseurs nationaux et de la diaspora.
L’État peut jouer un rôle clé à travers des incitations fiscales et foncières ; des facilités d’accès au financement via le FONSIS, la BNDE ou les banques islamiques ; un appui technique à la formalisation et à la digitalisation.
Une ambition pour l’Afrique francophone car une grande enseigne née au Sénégal peut demain s’étendre dans toute la sous-région : Guinée, Mali, Côte d’Ivoire, Bénin. C’est l’opportunité de bâtir un champion africain du commerce moderne, inspiré du modèle sénégalais, fondé sur la fierté nationale, l’excellence opérationnelle et l’inclusion économique.
L’avenir de notre économie ne se joue pas uniquement dans les ministères ou sur les marchés financiers, mais aussi dans nos étals, nos supermarchés, nos circuits de distribution. Il est temps de penser une grande distribution made in Sénégal, ambitieuse, moderne, inclusive et souveraine.
Créer nos propres grandes enseignes, c’est reprendre la main sur nos flux économiques, valoriser notre production nationale et bâtir un avenir économique entre nos propres mains.
Beaucoup diront que Senchan existe et la question dont certains posent est "Pourquoi le modèle Senchan tarde à décoller"
Dans un contexte où le consommer local est sur toutes les lèvres, une question dérange mais mérite d’être posée : pourquoi le Sénégal peine-t-il à faire émerger ses propres enseignes de grande distribution ? Pourquoi n’a-t-on pas encore vu naître un "Senchan" solide et populaire, capable de rivaliser avec les géants internationaux installés sur notre sol ?
Ce n’est pourtant pas faute d’idées. Ce n’est pas non plus faute de talents.
Mais la réalité est là : le modèle économique local de grande distribution peine à décoller. Et les raisons sont à la fois techniques, économiques et culturelles.
Il arrive souvent que nos modèles soient mal calqués .Beaucoup d’initiatives locales se sont contentées d’imiter ce qu’elles voyaient ailleurs et ceci donne comme résultat des formats de supermarchés pensés pour d’autres marchés, avec des charges élevées, une gestion rigide, et une clientèle ciblée trop étroite. Le tout, sans les marges de manœuvre financières dont disposent les multinationales comme Auchan. A dire qu'on ne bâtit pas une souveraineté économique sur la copie.
Il faut inventer un modèle à la sénégalaise, hybride, souple, enraciné dans nos habitudes de consommation, et connecté à notre tissu productif réel.
L'autre difficulté c'est des fournisseurs mal organisés donc laissés à eux même.
La chaîne de valeur commence à la base : champs, ateliers, PME, artisans. Or, ce maillon est aujourd’hui trop fragile. Les producteurs locaux ne sont pas assez accompagnés pour livrer en temps, en qualité, en volumes. Le packaging est souvent rudimentaire, les délais mal respectés, les normes absentes. Cela pénalise toute la chaîne et rend difficile l’approvisionnement régulier des points de vente et tout ceci donne comme résultat les rayons de nos supermarchés dits locaux sont encore trop remplis de produits importés, quand le made in Sénégal attend dehors, sans accès structuré au marché.
Le manque d’investissement patient
Créer une grande enseigne, ce n’est pas ouvrir une boutique. C’est créer un écosystème. Cela demande des entrepôts, des plateformes logistiques, des logiciels de gestion, du personnel formé, de la publicité, et surtout… du capital patient.
Aujourd’hui, nos entrepreneurs ne trouvent ni les financements adaptés, ni l’accompagnement stratégique pour structurer leur projet à l’échelle nationale. Pendant ce temps, d’autres acteurs, mieux armés, prennent le marché, quartier par quartier.
Le Senchan devait être plus qu’un magasin mais un projet de société. Créer une grande enseigne sénégalaise, ce n’est pas seulement vendre du lait, du riz ou des produits frais.
C’est affirmer notre capacité à organiser notre propre économie.
C’est créer des emplois, renforcer nos filières agricoles, réduire notre dépendance aux importations, et donner un débouché réel à nos producteurs.
Mais cela demande une chose, du courage collectif.
Le courage de changer de paradigme.
Le courage de soutenir ceux qui osent.
Le courage, pour l’État, d’investir dans l’économie réelle.
Et pour les consommateurs, d’accepter parfois de payer un peu plus, pour soutenir beaucoup mieux.
La bataille du marché est une bataille politique
L’enjeu est simple ,voulons-nous rester des clients éternels dans notre propre pays ?
Ou voulons-nous, enfin, devenir maîtres de notre distribution, de notre chaîne de valeur, de notre destin économique ?
Il est temps de faire du "Senchan" et d'autres enseignes un symbole de souveraineté.
MULTIPLE PHOTOS
NICOLE MBALLA MAGNIFIÉE À DAKAR
La famille littéraire s'est mobilisée pour honorer la romancière et journaliste camerounaise. Réunie à la librairie Plumes du Monde, l'intelligentsia dakaroise a célébré "Le silence des infortunes", un roman qui redonne voix aux oubliés de l'Histoire
Sous les lambris feutrés de la librairie Plumes du Monde, la famille littéraire sénégalaise s’est donné rendez-vous pour un moment de grâce autour de l’œuvre poignante Le silence des infortunes de Nicole Mballa, romancière et journaliste camerounaise installée au Congo. Ce fut une soirée empreinte d’intelligence, d’émotion et d’élégance, à l’image de l’auteure célébrée.
Animée avec finesse par Michel Mendy, la rencontre a réuni des figures tutélaires et des voix montantes de la scène littéraire sénégalaise. Parmi les invités, l’on pouvait reconnaître Pape Samba Kane, André Marie Diagne, Mariama Ndoye, Annie Coly, Raby Seydou Diallo, Anna Ly Ngaye, Abdourahmane Sall Ba, et bien d’autres plumes éminentes qui ont honoré ce moment de partage.
Le mot de bienvenue a été prononcé par Souleymane Gueye, directeur de la librairie hôte, qui a salué l’importance de ces rencontres pour la vitalité de la scène littéraire nationale et panafricaine. Il a souligné avec justesse le rôle fédérateur du livre dans un monde en perte de repères.
Puis, Fatimata Diallo Ba s’est livrée à une présentation lumineuse de Nicole Mballa, retraçant son parcours cosmopolite — de l’Allemagne au Japon, du Cameroun au Congo — et évoquant avec émotion les attaches sincères qu’elle entretient avec le Sénégal, pays qu’elle considère comme une seconde patrie. Dans un ton à la fois tendre et admiratif, elle a dressé le portrait d’une femme de lettres et de convictions, dont la plume porte la mémoire des silences et la parole des oubliés.
Vint ensuite le moment de la recension du roman Le silence des infortunes, brillamment assurée par le Dr Ndongo Mbaye, préfacier de l’un des recueils poétiques de l’auteure. Son analyse rigoureuse et sensible a révélé les strates narratives de ce texte bouleversant, où les destinées contrariées, les douleurs muettes et les espoirs enfouis tissent une trame d’une rare densité. Il a salué la capacité de Nicole Mballa à rendre visibles les invisibles, à écrire les marges et à redonner voix à celles et ceux que l’histoire oublie.
La rencontre s’est poursuivie par un échange vif et chaleureux entre le public et l’auteure, qui s’est montrée généreuse, attentive et profondément humaine. Ses réponses, empreintes d’une belle humilité et d’une vive intelligence, ont ému l’assistance, marquant les esprits par leur sincérité et leur justesse.
Organisée par la librairie Plumes du Monde en partenariat avec le Magazine Sénégal Njaay, cette soirée restera dans les annales comme un moment rare de communion autour de la littérature, où la parole s’est faite mémoire, résistance et beauté.
Nicole Mballa, par sa présence lumineuse et son écriture habitée, a rappelé à tous que les mots, lorsqu’ils sont portés par la vérité de l’âme, ont le pouvoir de panser les blessures de l’Histoire et de réenchanter le monde.
LES ÉVÊQUES PRESSENT L'ÉTAT SUR LE COÛT DE LA VIE
Malgré leur satisfaction du Dialogue national, ils exhortent le gouvernement à prendre des mesures concrètes pour soulager les populations en difficulté
Les Evêques du Sénégal demandent davantage d’efforts aux autorités pour réduire le coût de la vie, de prendre les bonnes mesures pour réussir la campagne agricole.
Davantage d’efforts pour atténuer le coût de la vie, une mise à profit des consensus obtenus à l’issue du Dialogue national, des mesures idoines en perspective de la campagne agricole… Tels sont, entre autres, les vœux formulés par les Evêques du Sénégal à l’issue de la 2ème session ordinaire de l’année pastorale 2024-2025, du 9 au 13 juin, au Foyer de charité du Cap des biches à Mbao, dans la commune de Pikine. «Attentifs à l’actualité sociopolitique et économique du pays, les évêques se félicitent du Dialogue national sur le système politique convoqué par le chef de l’Etat du 28 mai au 4 juin 2025 à Diamniadio. Ils réitèrent l’engagement de l’Eglise à œuvrer aux côtés des pouvoirs publics pour bâtir un Sénégal uni et prospère, un Sénégal de justice et de paix», a noté Monseigneur Jean-Baptiste Valter Manga, procédant à la lecture de la déclaration. «Ils encouragent vivement tous les acteurs à privilégier, par-dessus tout, le dialogue vrai et sincère. Ils s’attendent à ce que les consensus issus de ces assises contribuent à renforcer notre démocratie, pour le bien-être des populations», a-t-il poursuivi.
Faisant le survol de l’actualité, la Conférence épiscopale a exprimé sa vive préoccupation par rapport au coût de la vie et exhorté les autorités à plus d’efforts pour soulager les populations. «Les évêques restent très sensibles à la question de la cherté de la vie. Malgré la conjoncture économique, ils souhaitent que le gouvernement continue ses efforts pour alléger la souffrance et réduire la précarité de beaucoup de familles», ont-ils insisté.
Ils ont prié pour un bon hivernage et ainsi appelé «les autorités étatiques» à une bonne préparation de la campagne agricole, en vue d’une réelle souveraineté alimentaire. «Beaucoup de de populations vivent déjà la hantise d’éventuelles inondations», a noté Mgr Manga, tout en demandant à l’Etat et aux collectivités territoriales de prendre des mesures pour mieux faire face au fléau. La 2ème session ordinaire se tient une semaine après le Pèlerinage de Popenguine. L’édition de cette année, la 137ème, a porté sur le thème : «Marie, mère de l’espérance, marche avec nous.»
LIGUE 1, GORÉE EN POLE POSITION, MAIS LA COURSE AU TITRE RESTE OUVERTE
À quatre journées de la fin, le suspense reste entier. Si les insulaires occupent la tête du classement avec 47 points, ses poursuivants directs, le Jaraaf de Dakar (44 pts) et l’US Ouakam (43 pts), gardent toutes leurs chances.
À quatre journées de la fin, le suspense reste entier en Ligue 1 sénégalaise. Si l’US Gorée occupe actuellement la tête du classement avec 47 points, ses poursuivants directs, le Jaraaf de Dakar (44 pts) et l’US Ouakam (43 pts), gardent toutes leurs chances de décrocher la couronne nationale. Rien n’est encore joué dans ce sprint final qui s’annonce palpitant.
Gorée en tête, mais sous pression
Leader du championnat, l’US Gorée a profité de la défaite du Jaraaf face au Casa Sports (1-0) lors de la précédente journée pour s’installer en tête. Les Insulaires, qui reçoivent la Linguère pour le compte de la 27e journée, savent qu’ils doivent engranger des points à domicile pour ne pas se faire rattraper. Mais les Samba Linguère, 8e au classement (36 pts), ne seront pas une proie facile. Avec une seule défaite sur leurs neuf derniers matchs, les Saint-Louisiens arrivent en confiance avec 4 victoires et 4 nuls sur cette série.
Le Jaraaf contraint de réagir
À trois longueurs du leader, le Jaraaf de Dakar n’a plus le droit à l’erreur. Après avoir chuté face à l’US Gorée (0-1) et au Casa Sports (0-1), les hommes de Malick Daf doivent impérativement s’imposer contre Guédiawaye FC (9e, 33 pts), une équipe réputée difficile à manœuvrer. Invaincus depuis le 26 avril, les « Crabes » ont concédé quatre nuls sur leurs cinq dernières sorties. Un nouveau faux pas du Jaraaf pourrait définitivement enterrer ses espoirs de titre.
L’US Ouakam en embuscade
En embuscade, l’US Ouakam ne cache plus ses ambitions. Avec trois victoires consécutives, les « Requins » totalisent 43 points, à une unité seulement du Jaraaf. Face à l’AS Pikine (6e, 37 pts), les Ouakamois peuvent continuer à rêver du sacre, surtout si les deux favoris trébuchent.
Teungueth FC sous la menace de la relégation
Dans le bas du tableau, le champion en titre Teungueth FC vit une saison cauchemardesque. Actuellement 13e avec 28 points, le TFC reste sur trois revers consécutifs et voit la zone rouge se rapprocher dangereusement. Opposé au Casa Sports (11e, 30 pts), le club de Rufisque doit impérativement réagir pour éviter une fin de saison dramatique.
Le sprint final est lancé, et chaque point comptera. Entre lutte pour le titre et course au maintien, les prochaines journées de Ligue 1 s’annoncent décisives et haletantes.
ZIGUINCHOR ÉTRENNE SON CENTRE DE DIABÉTO-ENDOCRINOLOGIE
L'infrastructure financée par un médecin de la diaspora, desservira les régions du Sud et les pays voisins, évitant aux patients les coûteux déplacements vers la capitale
Le Centre de diabéto-endocrinologie de l’Hôpital régional de Ziguinchor a été officiellement inauguré, jeudi, par le ministre de la Communication, des télécommunications et du numérique, Alioune Sall. L’infrastructure est offerte par le docteur Martin Carvalho, chef du Service endocrinologie de l’Hôpital européen de Marseille entre 2015 à 2020. Elle aura pour mission d’assurer une prise en charge intégrée et spécialisée des patients atteints de diabète et autres facteurs de risques cardiovasculaires. «Ce don, au-delà de sa nature hautement symbolique, constitue un acte de patriotisme remarquable qui rappelle à tous nos concitoyens l’esprit de solidarité et de responsabilité fortement ancré par la diaspora sénégalaise», a salué le ministre Alioune Sall.
«Ce centre va servir de cadre de formation continue pour les acteurs de santé et les étudiants de l’université Assane Seck de Ziguinchor», a-t-il ajouté. La construction de ce centre, financée à hauteur de 150 millions de francs Cfa, a été prise en charge par le donateur.
Après une première initiative à Thiès, le Dr Martin Carvalho et son cabinet en sont à leur deuxième centre. Jusqu’ici, il n’existait qu’un seul centre de diabétologie, notamment le Centre Marc Sankalé à Dakar, logé à l’hôpital Abass Ndao. Le directeur de l’Hôpital régional de Ziguinchor, Gabriel Massène Senghor, s’est réjoui du fait que son établissement abrite le deuxième centre de référence de traitement du diabète. «Je pensais qu’il fallait décentraliser la prise en charge et que cela permettrait aux patients d’avoir accès aux soins dans leur région ou département, évitant ainsi un déplacement coûteux vers la capitale», a expliqué Dr Martin Carvalho.
Ce centre de référence de diabétologie, érigé dans l’enceinte de l’Hôpital régional de Ziguinchor, va accueillir les malades des autres régions et des pays voisins pour les traitements, de même que les hospitalisations, et des séances de sensibilisation, selon Babacar Wade, président de l’Association des diabétiques de Ziguinchor.
LE FMI ATTEND LES CHIFFRES DE SONKO
L'institution refuse tout nouveau programme de financement tant que l'audit final sur le trou budgétaire de 7 milliards de dollars découvert sous Macky Sall ne sera pas bouclé, laissant le Sénégal face à des besoins urgents de 2 milliards de dollars
(SenePlus) - Le Fonds monétaire international (FMI) maintient sa position ferme concernant le Sénégal : aucun nouveau programme de financement ne sera discuté tant que la lumière ne sera pas faite sur le trou budgétaire de 7 milliards de dollars découvert sous l'ancienne administration. Cette révélation, rapportée par Bloomberg, confirme l'impasse dans laquelle se trouve le pays dirigé par Bassirou Diomaye Faye.
« Nous attendons les résultats de l'audit final » suite à un examen antérieur qui a révélé que l'administration de l'ancien président Macky Sall avait mal déclaré les données sur la dette et le déficit budgétaire, a déclaré jeudi la porte-parole du FMI, Julie Kozack. « En ce qui concerne le nouveau programme, nous n'avons actuellement pas de calendrier fixe pour un nouveau programme », a-t-elle précisé selon Bloomberg.
Le FMI a suspendu le programme de 1,8 milliard de dollars du pays en octobre après les découvertes faites par le président Bassirou Diomaye Faye. Le ministre des Finances Cheikh Diba espérait pourtant entamer les négociations sur un nouveau package avec le prêteur dès avril et obtenir un financement d'ici la fin juin, rapporte Bloomberg.
Cette suspension intervient après que la Cour des comptes a révélé en janvier l'ampleur des falsifications budgétaires. Le fardeau de la dette du Sénégal s'élevait à près de 100% du produit intérieur brut en 2023, et non aux 74% du PIB déclarés sous Sall. Le déficit budgétaire atteignait 12,3% du PIB cette année-là, soit plus du double des 4,9% rapportés officiellement.
Le pays fait face à des besoins de financement exceptionnels d'environ 2 milliards de dollars, selon le projet de loi de finances 2025 cité par Bloomberg. La suspension a également limité son accès aux marchés internationaux de capitaux, compliquant davantage la situation financière.
Malgré cette situation critique, le Premier ministre Ousmane Sonko a adopté une posture de défi, affirmant que le Sénégal pourrait ne pas avoir besoin de nouveaux financements du FMI. « Le programme avec certains donateurs multilatéraux, en particulier le FMI, a été suspendu pendant un an. Aucun décaissement n'a été fait au Sénégal mais le Sénégal tient toujours debout », a-t-il déclaré aux investisseurs le mois dernier selon Bloomberg.
Les conséquences de cette crise de confiance se font déjà sentir sur les marchés. Moody's Ratings et S&P Global Ratings ont abaissé l'évaluation du crédit du Sénégal plus profondément en territoire spéculatif plus tôt cette année suite aux révélations sur les falsifications budgétaires.
Il reste à voir si le Conseil d'administration du FMI demandera au Sénégal de rembourser les 700 millions de dollars déjà déboursés dans le cadre de l'arrangement qui a été interrompu, ou s'il accordera au pays une dérogation et lui permettra de rembourser le prêt dans le temps, comme convenu initialement, note Bloomberg.
Julie Kozack a souligné que le FMI continue de travailler avec le gouvernement pour traiter les fausses déclarations, ce qui nécessite « un processus rigoureux ». Cette approche méthodique illustre la gravité de la situation et la détermination de l'institution financière internationale à rétablir la confiance avant toute reprise de la coopération.
L'affaire sénégalaise constitue un cas d'école sur les conséquences des manipulations budgétaires dans les relations avec les institutions financières internationales. Elle souligne également les défis auxquels font face les nouveaux dirigeants africains pour restaurer la crédibilité de leurs pays après des années de gestion opaque.