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2 août 2025
CONSTRUIRE NOTRE AGRICULTURE À PARTIR DE NOS RÉALITÉS
Président d’honneur du Cncr et du Réseau des organisations paysannes et des producteurs de l’Afrique de l’Ouest (Roppa), Mamadou Cissokho a consacré plus de 40 ans à la défense des agricultures familiales africaines.
Président d’honneur du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr) et du Réseau des organisations paysannes et des producteurs de l’Afrique de l’Ouest (Roppa), Mamadou Cissokho a consacré plus de 40 ans à la défense des agricultures familiales africaines. À Lomé, où il participe aux Boad Development Days, il a accordé cette interview au Soleil. Un entretien dans lequel il commente l’actualité agricole sénégalaise et africaine avec ce franc-parler qui le caractérise.
M. Cissokho, vous prenez part aux Boad Development Days, dont le thème porte sur la transition énergétique et l’agriculture durable. Qu’est-ce que cela vous inspire comme commentaire ?
C’est une thématique assez globale. Maintenant, les thèmes sont moins importants que le contenu. Donc, si on est d’accord sur le contenu, ça peut être important. Parce que les solutions fondées sur les opportunités concernant le sujet, c’est important.
Depuis une quarantaine d’années, vous vous battez pour l’agriculture et la reconnaissance des agriculteurs. Avez-vous le sentiment, aujourd’hui, que les choses ont évolué ?
Le combat qu’on mène depuis 40 ans, c’était d’abord la reconnaissance de l’identité des paysans. Avant l’indépendance et même après, les paysans n’étaient pas reconnus. On les prenait juste pour des cultivateurs, des gens qui grattent le sol, qui ne connaissaient rien, à qui il fallait tout apprendre, et dont il fallait parler à la place. Notre combat, en tant que mouvement paysan sénégalais autonome, c’était d’abord la reconnaissance et la défense de notre dignité. Parce qu’avant l’arrivée des Blancs, les gens cultivaient. Ils avaient des exploitations, ils faisaient de la pêche, de l’élevage. Et tout cela se faisait dans les familles, qui étaient des entreprises multifonctionnelles et multidimensionnelles : elles géraient les risques, formaient les jeunes, qui reprenaient les fermes. Mais tout cela a été ignoré. C’était le sens de notre combat. Par la grâce de Dieu tout n’est pas réglé, mais des avancées notoires ont été obtenues. C’est pourquoi, aujourd’hui, nous sommes parties prenantes de nombreux processus, jusque dans l’élaboration des politiques agricoles.
Il n’empêche, certains pensent toujours que l’agriculture reste un secteur par défaut, et non par choix, surtout chez les jeunes. Avez-vous cette impression ?
Oui, effectivement. Il y a trois éléments qui expliquent cette situation. Le premier, c’est qu’à l’école, certains enseignants disent aux élèves : « Si tu ne réussis pas, tu iras cultiver ». Cela veut dire que ce sont ceux qui échouent qui doivent devenir paysans. Deuxièmement, les parents d’élèves ruraux, quand leurs enfants deviennent ingénieurs, vétérinaires ou forestiers, et qu’ils leur demandent des terres pour investir, répondent : « On ne t’a pas envoyé à l’école pour que tu reviennes cultiver ». C’est donc devenu un problème culturel, lié au fait que le paysan n’était pas reconnu à sa juste valeur. Mais il y a quand même quelques jeunes qui se sont battus et qui sont aujourd’hui installés.
Le troisième élément qui n’encourageait pas les jeunes à cultiver, c’est la pénibilité du travail. Tout se faisait à la main avant l’arrivée de la traction animale, etc. Nous avons toujours demandé qu’on fasse des études approfondies sur la répartition des gains sur la chaîne de valeur. Qui gagne sur l’arachide ? On dit qu’on l’achète à 325 ou 400 francs le kilo. Mais si on suit tout le processus, combien ce kilo d’arachide a-t-il généré en revenus, et combien le paysan a-t-il gagné ? Nous continuons de dire : faisons des études pour savoir, pour chaque produit, de la production à la consommation, combien cela génère, et qui gagne quoi. Parce que les gens travaillent pour gagner.
Vous avez parlé de la pénibilité du travail. D’aucuns résument la modernisation de l’agriculture à l’acquisition de machines. Est-ce forcément lié ?
Non, du tout. Il y a deux choses. La mécanisation devait suivre un système de formation. Aujourd’hui, quand vous vous promenez dans les zones agricoles du Sénégal, vous constaterez un nombre incalculable de tracteurs, de moissonneuses, de batteuses en panne, parce qu’il n’y a pas eu de package. C’est-à-dire : des gens formés pour réparer, des pièces de rechange disponibles partout, et également une éducation à la machine. Alors, la modernisation devient un mot avec des points de suspension. Qu’est-ce que c’est, « moderne » ? Il n’y a pas de règle unique de la modernisation. C’est comme le bien-être, être heureux. Chacun a sa propre définition. Certains disent qu’être heureux, c’est avoir trois ou quatre femmes, une voiture, une belle maison. C’est leur droit. Moi, je préfère une transformation maîtrisée à une modernisation imposée.
En milieu rural, la cohabitation entre exploitations familiales et agrobusiness n’est pas évidente. Comment trouver le juste équilibre entre les deux systèmes agricoles ?
L’agriculture familiale est une réalité. Avant l’arrivée des Blancs, les gens étaient là. Les sociétés étaient organisées autour de l’agrosystème pastoral. Je ne connais pas un être humain qui veuille rester petit. Tout le monde aspire à évoluer. Mais cela doit être structuré. L’agrobusiness, comme on l’a vu, repose souvent sur l’accaparement de vastes terres. Cela veut dire quoi ? Quand on donne à quelqu’un 200 hectares à cultiver, forcément il enlèvera tous les arbres. Or, au Sénégal, notre problème numéro un, c’est la désertification. Et quand on donne des terres arborées à des gens qui les déboisent, il y a un problème. Beaucoup disent que des terres ne sont pas exploitées. Mais ils oublient que nos 15 millions de bovins et de brebis ne sont pas enfermés : ils se déplacent. Donc il faut arrêter de dire que ce sont des terres non exploitées. Nous pensons, au contraire, qu’il n’y a pas assez de terres. L’agrobusiness devrait investir dans la transformation et les infrastructures de stockage.
Justement, on a observé cette année une surproduction d’oignons et de pommes de terre bradée à vil prix faute de conservation. Cette production couvre pourtant nos besoins. Que pensez-vous de ce paradoxe ?
À l’époque, quand on discutait avec l’État pour promouvoir la consommation d’oignons sénégalais, le gouvernement a réuni toutes les parties : la recherche, les producteurs, les banques, et même les femmes du commerce de détail. Ces femmes ont dit que notre oignon contenait trop d’eau. On a demandé à l’Isra de travailler là-dessus. Les banques ont indiqué qu’il était difficile de financer une filière non structurée. Les paysans ont évoqué les taux de crédit. On a convenu qu’il fallait s’occuper de toute la chaîne : production, qualité, stockage, transformation. Ce fameux secteur privé qu’on invoque jour et nuit, il était là. C’était à lui de faire les magasins de stockage, les chambres froides. Nous, paysans, ne pouvons pas le faire, même avec de l’argent, car gérer une chambre froide est un métier. Cela ne nous dérange pas qu’un privé exploite 50 hectares, mais cela nous inquiète quand on parle de 200 ou 300 hectares. On n’est pas contre le fait qu’un Sénégalais ou même un étranger exploite des terres, mais il faut qu’il investisse aussi dans les maillons que nous, paysans, ne pouvons pas assumer. Le privé n’a qu’à installer deux ou trois chambres froides, des magasins de stockage, produire un peu. Nous serons alors complémentaires.
Comment appréciez-vous, de manière globale, la politique agricole au Sénégal et son évolution à travers le temps et les différents régimes politiques ?
J’ai appris que le chef de l’État Bassirou Diomaye Faye va présider, au mois de juillet prochain, le Conseil supérieur de l’agro-sylvo-pastoral. Quand Abdoulaye Wade est arrivé au pouvoir en 2000, il avait lancé cette formidable idée de loi d’orientation agro-sylvo-pastorale et halieutique. Nous étions autour de la table. Et là, nous félicitons le gouvernement de Wade, qui avait accepté de nous donner des ressources pour aller dans les zones agro-écologiques, parler avec tout le monde. Et je peux dire que 70 % du contenu de cette loi provient de ce que nous avons proposé. Alors, la difficulté – et je crois que l’ancien Premier ministre béninois, Lionel Zinsou, l’a dit dans son intervention lors du panel d’ouverture – c’est qu’il faut financer autrement, et financer autre chose. C’est ce que nous avons toujours répété. Les établissements de microfinance finançaient à un taux de 24 % par an, soit 2 % par mois.
La Bceao trouvait cela normal. Nous leur avons signifié que ce système allait paupériser le monde rural. Car rembourser un crédit suppose que l’activité ait généré un bénéfice. Nous avons négocié et réussi à faire baisser le taux de 12,5 % à 7,5 %. Mais la faiblesse chez nous, c’est que, jusqu’à présent, les paysans ne sont pas assez structurés en coopératives ou en Gie pour constituer un collège de producteurs. Parce que quand on parle d’interprofession de l’oignon, cela commence par produire l’oignon. Après, tout le reste vient. Si nous voulons, nous les paysans, avancer, nous devons faire confiance aux interprofessions. Ce sont des lieux de débat sur les filières. Cela n’empêche pas les différents collèges de producteurs de se retrouver dans le Cncr pour peser davantage. Car les industriels sont ensemble, les entreprises sont ensemble.
Les coopératives agricoles ont joué un rôle important par le passé, mais se sont effondrées au fil du temps. Aujourd’hui, une politique de relance des coopératives communautaires est évoquée. Que faut-il faire pour éviter les erreurs du passé ?
Les premières coopératives ont été créées à l’indépendance, à partir de l’arachide, car ce sont les Libanais et les Syriens qui organisaient l’achat et l’évacuation de ce produit. Mamadou Dia a trouvé que cela n’était pas normal. L’idée des coopératives agricoles est née de ce constat. Mais il y a eu un grand manquement. Les gens faisaient des assemblées générales, payaient leurs parts sociales. Mais une coopérative est une association volontaire : des gens se regroupent entre eux. Et de A à Z, ce sont eux qui doivent tout gérer. Malheureusement, ces coopératives étaient dirigées par des agents de base logés à l’Oncad, donc sous tutelle de l’État. Cette gestion verticale par l’administration a brisé un facteur essentiel : la gestion à la base, par les acteurs eux-mêmes, qui se réunissent, échangent, décident ensemble.
Aujourd’hui, le ministre veut lancer des coopératives communautaires. C’est bien. Cependant, quand on est dans un pays où la coopérative a une histoire, il faut analyser cela. Et nous attendons toujours des explications sur la faisabilité. Car les coopératives d’avant n’avaient pas de champs en commun. Elles intervenaient dans la commercialisation, l’équipement, le crédit. Les champs restaient familiaux, individuels. Le ministre a signé un accord avec le Cncr, qui lui a demandé d’aller d’abord voir ces coopératives. Car le Cncr accompagne des coopératives totalement autonomes, qui ne demandent rien, et qui gèrent leurs affaires à leur manière. Le Cncr est en train d’en identifier quelques-unes pour les montrer au ministre. Donc nous pensons qu’on va se retrouver.
Vous avez toujours défendu l’idée de s’affranchir des modèles occidentaux en agriculture. Que proposez-vous en retour ?
Notre conviction, c’est de fonctionner comme les familles. Chaque famille évolue à partir de ses propres ressources. Même avant que Trump ne bloque certains financements liés à l’agriculture, nous avons toujours dit à nos États, à l’Uemoa, à la Cedeao de faire des plans en fonction de nos ressources, de ce qui nous appartient, et des possibilités d’évolution de ces ressources. Ainsi, nous serions sur quelque chose de sûr. Et comme certains partenaires veulent des choses chez nous – par exemple le gaz ou le pétrole – nous devons être en mesure de leur proposer de financer des programmes bien définis. Mais si on prend un grand programme, même le meilleur au monde, et qu’il est exécuté à 80 % ou 100 % par d’autres personnes, il ne faut pas s’étonner si ça ne marche pas.
Il y a trois éléments sur lesquels nous voulons insister. D’abord, la subsidiarité : ce que la commune peut faire, qu’elle le fasse ; idem pour la famille, le département, le pays, la région. Deuxième élément : la mutualisation. L’Uemoa a été créée pour cela. Il n’est pas normal que, pour les mêmes types de financement (climat, par exemple), chacun reste dans son coin. Tout cela doit être coordonné, et c’est le rôle fondamental du gouvernement.
LE SÉNÉGAL MOBILISE 77 MILLIARDS DE FCFA SUR LE MARCHÉ DES TITRES PUBLICS
Cette opération, initialement prévue pour 70 milliards, a enregistré une forte demande des investisseurs, confirmant l’intérêt soutenu pour les titres souverains sénégalais.
Le 13 juin 2025, le Sénégal a mené une opération de levée de fonds initialement prévue à 70 milliards FCFA. Cependant, la demande des investisseurs a été si forte qu’ils ont soumis un total de 79,228 milliards FCFA, atteignant ainsi un taux de couverture de 113,18 %.
L’absorption a atteint 97,19%, reflétant l’attrait des marchés pour la signature sénégalaise. L’émission proposait deux catégories de titres : des bons du Trésor assimilables (BAT) d’une durée de 364 jours, arrivant à échéance le 14 juin 2026, et des obligations assimilables du Trésor (OAT) d’une durée de 3 ans, qui arrivent à maturité le 2 juin 2028.
Pour les BAT d’une durée d’un an, 42,471 milliards FCFA ont été sélectionnés sur les 44,7 milliards suggérés, avec un taux marginal de 6,98 % et une rentabilité moyenne pondérée de 7,25 %. Les obligations assimilables du Trésor de 3 ans ont été entièrement fournies à hauteur de 34,528 milliards FCFA, affichant un coût marginal de 95,30% et un taux de rendement de 7,44%.
L’émission a attiré 21 participants de l’espace UEMOA, avec une répartition géographique diversifiée. La Côte d’Ivoire s’est positionnée comme le principal souscripteur avec 40,18 milliards FCFA retenus, suivie du Sénégal lui-même (28,286 milliards) et du Bénin (6,365 milliards). Le Burkina Faso et le Togo ont également participé à l’opération.
Ce tour de financement fait partie de la stratégie du gouvernement sénégalais pour couvrir ses besoins budgétaires et reflète la confiance persistante des investisseurs régionaux en ce qui concerne les titres souverains du pays.
LES ÉVÊQUES DU SÉNÉGAL APPELLENT À UNE CAMPAGNE AGRICOLE RIGOUREUSE
Réunis en session ordinaire au Cap des Biches, les évêques ont également alerté sur les risques d’inondations, la cherté de la vie, et plaidé pour un dialogue national sincère en faveur d’un Sénégal uni et pacifié.
Les évêques du Sénégal ont lancé un appel pressant aux autorités étatiques pour une préparation rigoureuse de la campagne agricole, visant à assurer une réelle souveraineté alimentaire pour le pays.
Cette déclaration a été faite vendredi, en clôture de leur deuxième session ordinaire, tenue au Cap des Biches, près de Dakar.
Monseigneur Jean Baptiste Valter Manga, évêque de Ziguinchor et porte-parole du jour, a souligné l’importance de ce travail de la terre.
« Les évêques exhortent au travail de la terre et invitent les autorités étatiques à une bonne préparation de la campagne agricole, en vue d’une réelle souveraineté alimentaire », a-t-il déclaré lors de la conférence de presse.
Prévention des inondations et cherté de la vie
Au-delà de l’agriculture, les évêques ont également exprimé leurs préoccupations concernant les inondations qui menacent de nombreuses populations.
Ils ont encouragé toutes les mesures que l’État et les collectivités locales prendront pour y faire face, tout en invitant les citoyens « à respecter les règles civiques de base, en prenant soin de leur environnement et en observant toutes les normes de sécurité« .
Concernant la cherté de la vie, les évêques ont souhaité que le gouvernement « continue ses efforts pour alléger la souffrance et réduire la précarité de beaucoup de familles, malgré la conjoncture économique difficile ».
Appel au Dialogue et à la Paix
Un point central de leurs échanges a été le dialogue national. Les évêques se sont félicités de l’initiative du chef de l’État de convoquer un dialogue national sur le système politique, prévu du 28 mai au 4 juin 2025 à Diamniadio.
Ils ont réitéré l’engagement de l’Église à « œuvrer à côté des pouvoirs publics pour bâtir un Sénégal uni et prospère, un Sénégal de justice et de paix », encourageant tous les acteurs à « privilégier par-dessus tout le dialogue vrai et sincère ».
Ils attendent que le consensus issu de ces assises contribue à renforcer la démocratie pour le bien-être des populations.
KÉDOUGOU, UN SITE D’ORPAILLAGE CLANDESTIN DÉMANTELÉ
Cette opération s’inscrit dans le cadre de l’offensive « Nawetane » lancée pour sécuriser la région et faire respecter le décret interdisant l’exploitation minière à proximité du fleuve.
Un site d’orpaillage clandestin a été démantelé et un important lot de matériel saisi à Alinguél-Goundafa, sur la Falémé, a indiqué vendredi une source sécuritaire à l’APS, signalant que des soldats de la zone militaire n⁰4 ont démantelé, en début de semaine, un autre site d’orpaillage à Bokodi, dans la même zone.
‘’Les unités de la zone militaire n⁰4 ont démantelé un autre site d’orpaillage clandestin, précisément à Alinguel-Goundafa dans le secteur de la Falémé, une zone polluée par les orpailleurs clandestins et les autres trafiquants”, a-t-elle indiqué.
Selon elle, ces opérations de démantèlement et de sécurisation des frontières, qui se poursuivent toujours, ont permis aux forces de défense et de sécurité d’interpeller six individus et de saisir une dizaine de motopompes, plusieurs groupes électrogènes et divers équipements.
Plusieurs opérations de démantèlement de sites d’orpaillage clandestins sont menées dans la région de Kédougou (sud-est) depuis l’entrée en vigueur, en 2024, du décret interdisant, pour une période de trois ans, les activités minières dans les zones tampons situées à 500 mètres des berges de la Falémé.
C’est ainsi que l’armée a lancé, depuis le 13 septembre 2024, conjointement avec la gendarmerie nationale et la direction des parcs nationaux, l’opération ‘’Nawetane’’ dans cette partie du sud-est sénégalais.
Cette opération de sécurisation, pilotée par la zone militaire numéro 4, entre dans le cadre des activités permanentes de prévention par les forces de défense et de sécurité d’éventuelles infiltrations de bandes sévissant sur cette zone frontalière avec le Mali.
UEMOA, UNE CROISSANCE FREINÉE PAR LA DETTE ET LES DÉFICITS STRUCTURELS
Réunie lors des BOAD Development Days, la Banque ouest-africaine de développement dresse un bilan en demi-teinte de l’Union économique et monétaire ouest-africaine.
Inflation maîtrisée, investissements en hausse, mais endettement croissant et faiblesse des infrastructures freinent le développement de la région.
À l’occasion des BOAD Development Days, la Banque ouest-africaine de développement a livré un état des lieux contrasté de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Malgré les secousses économiques mondiales, la région affiche une relative stabilité. Selon Ambroise Kafando, Directeur de la Stratégie et des Études de la BOAD, le cadre macroéconomique reste solide. L’inflation, bien qu’en hausse après les chocs liés à la pandémie et à la guerre en Ukraine, est en net recul : elle est estimée à 3,5 % en 2024, contre un objectif communautaire fixé à 3 %. « Grâce aux politiques économiques et aux efforts de nos États, cette tendance reste maîtrisée », a souligné M. Kafando.
Endettement : des signes de tension
Si la stabilité globale est saluée, l’endettement devient un point de vigilance. Plusieurs pays membres dépassent désormais le seuil des 70 % du PIB, limite fixée par la norme communautaire. « Pour la plupart des États, on observe une accélération du recours à la dette. Des mesures devront être prises pour contenir cette trajectoire », alerte l’économiste.
Les investissements étrangers en forte croissance
Autre point positif : les investissements directs étrangers (IDE) sont en nette augmentation, dopés notamment par les projets pétroliers et gaziers au Sénégal. Entre 2018 et 2022, ces flux ont tout simplement doublé. Cette croissance témoigne d’un intérêt international croissant pour les ressources et les marchés de la région.
Une Union riche… mais entravée Malgré ce dynamisme, de nombreux défis structurels freinent l’élan de l’UEMOA. Le faible accès au numérique (35 % de la population), la cherté de l’énergie, la dégradation des infrastructures routières ou encore la persistance de la crise sécuritaire sont autant d’obstacles majeurs.
L’insuffisance de la formation professionnelle, un taux d’alphabétisation de 42 % et un chômage touchant 12 % de la population active viennent compléter un tableau préoccupant. « Ces facteurs expliquent le classement peu favorable de nos pays dans l’Indice de développement humain », déplore Ambroise Kafando.
Un potentiel humain et naturel à valoriser
L’Union, qui regroupe huit pays (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo), reste pourtant riche de nombreuses ressources : or, pétrole, gaz, phosphate, terres agricoles… Et surtout, un capital humain immense : 60 % de la population a moins de 25 ans.
« C’est un marché de 133 millions de personnes, avec une classe moyenne en expansion. Cela représente un levier majeur pour stimuler la demande intérieure », insiste le représentant de la BOAD.
Institution clé dans cette dynamique, la BOAD entend consolider son rôle de catalyseur. Elle annonce avoir dépassé ses objectifs pour la période 2019–2024.
« D’ici à la fin de l’année, nous atteindrons un taux de réalisation compris entre 106 et 110 %, avec un taux de décaissement de 74 %, soit 1 821 milliards de FCFA sur les 2 480 prévus », conclut M. Kafando.
par Birane Diop
LE SILENCE ÉLOQUENT DES UNIVERSITAIRES PÉTITIONNAIRES
EXCLUSIF SENEPLUS - Depuis que le Pastef est aux affaires, nos papes de la pensée ont perdu leur capacité d’indignation devant l’autel des privilèges. Leur attitude révèle ceci : la défaite de la société sénégalaise est d’abord d’ordre intellectuel
Dans son livre de transmission Les Souvenirs viennent à ma rencontre, paru chez Pluriel en 2019, le sociologue français Edgar Morin, militant antifasciste et homme de gauche fidèle à ses valeurs, nous offre des lignes bouleversantes sur sa quête de vérité et sur les questions philosophiques et existentielles qui l’ont longtemps habité. Il relate à cœur ouvert sa vie pendant l’Occupation allemande, où le thème du courage était au centre des débats.
À la sortie de ses mémoires, le journaliste Stéphane Loignon l’a interviewé dans les colonnes du Parisien pour mieux saisir les contours du livre et les souvenirs qui peuplent ses journées, à l’aune de ses 98 ans. Quand le journaliste lui a posé la bouleversante question — « Qu’est-ce qu’être courageux aujourd’hui ?», la réponse de cette grande conscience morale et intellectuelle du siècle a embué mes yeux, tant elle était juste, magnifique et politique : « C’est maintenir l’intégrité de son esprit et la fidélité à ce que l’on croit, à ce que les gens appellent leurs valeurs. C’est résister à tout ce qui va trahir nos aspirations, nos idées. »
En lisant ces mots du vieux savant, à la fois par sa pensée fertile, malgré le poids de l’âge, et par son éthique, j’ai pensé aux universitaires sénégalais qui, naguère, rivalisaient de tribunes pour défendre l’Etat de droit « malmené » par Macky Sall.
À cette époque, nos vigies des libertés, de la démocratie substantielle, avaient le courage chevillé au corps. Leur hardiesse était chantée, même par les journalistes sans talent, par le peuple en quête de messie, et par les charlatans du « projet ». Les gens taxés de neutralité, qui lisaient parfois leur flopée de mots sur ce qui mérite d’être sacralisé, à savoir la République, croyaient naïvement que les pétitionnaires garderaient leur courage inconditionnel.
Mais depuis que le Pastef est aux affaires, et face aux arrestations arbitraires ainsi qu’aux menaces contre la liberté de la presse, les écuyers de l’Etat de droit se sont calfeutrés dans un silence éloquent, qui arrache un sourire. Ils ne signent plus de tribunes. Je comprends leur mutisme : certains d’entre eux, qui avaient le verbe et la plume acérés, sont désormais conviés à la fiesta. En un mot : ils évoluent dans les dorures du pouvoir. L’esprit de rente a pris le dessus sur eux. Ils ne prononcent plus une parole qui fâche, ni une idée qui s’écarte de ce que veut l’instigateur de l’insurrection. C’est dans cette course à la courtisanerie que j’enregistre les propos de Khadim Bamba Diagne, enseignant à l’Université de Dakar et secrétaire permanent du Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz, parlant d’un collègue sud-africain qui lui a dit : « Vous avez un leader qui dépasse Nelson Mandela. » Comment un homme qui ne s’empêche jamais, dont le vocabulaire, quoique pauvre, est riche de mots déshumanisants, peut-il supplanter Madiba, qui incarne une grande conscience universelle ?
À l’aune des dérives autoritaires et des propos fascisants qui sévissent depuis plusieurs années, je me dis que ces gens nourrissaient, au fond, une aversion primaire pour Macky Sall, une aversion qu’ils drapaient dans le manteau de la démocratie, des libertés, de la République.
Qui, parmi ces grandes consciences de la dignité, a écrit, ne serait-ce qu’une phrase, pour dénoncer l’arrestation arbitraire dont est victime le chroniqueur Abdou Nguer, garçon issu des faubourgs, et pourtant parvenu à s’imposer dans l’espace médiatique grâce à son esprit fécond, sa poigne, son humour piquant et ses vérités qui fâchent, bien qu’il n’ait pas fréquenté l’école de la République ?
À l’heure où j’écris ces mots dérisoires, face à ce qui se déroule sous nos yeux, à savoir l’embastillement de citoyens dont le seul tort est de ne pas avoir approuvé la vision du maître des horloges boétien, ces recruteurs de pétitionnaires, si prompts, dans un passé récent, à internationaliser leur combat, n’ont pas élevé la voix ni couché deux lignes sur l’arrestation de Moustapha Diakhaté.
Nos phares de la réflexion, nos intellectuels organiques, qui ont pour boussole la liberté, la démocratie, la République et le sens de l’histoire — eux qui signaient des tribunes toutes les dix minutes pour dire, sans réserve, que l’offense au chef de l’Etat est une disposition désuète qu’il faut supprimer de notre arsenal juridique, même lorsque des individus sans mystique républicaine tenaient des propos orduriers en appelant à déloger le président, à le traîner dans la rue et à le torturer jusqu’à sa mise à mort, à l’image de Samuel Doe, ancien président du Liberia, se taisent aujourd’hui. Silence radio.
D’ailleurs, Moustapha Diakhaté n’a insulté personne. Il a juste dit « bon à rien », en rappelant les rituels de la République, qu’ignorent les personnes censées incarner la République jusqu’au bout des ongles. Personne ne doit être envoyé en prison pour avoir prononcé ces propos. Ni Moustapha Diakhaté, ni aucun autre.
Nos papes de la pensée ont perdu leur capacité d’indignation devant l’autel des postes et des privilèges. Leur attitude révèle ceci : la défaite de la société sénégalaise est d’abord d’ordre intellectuel. Car une élite universitaire incapable de nommer la menace fasciste est le signe d’un pays malade. La fonction sociale de l’universitaire est de produire des idées, du sens, de répondre aux questions qui émanent de la société dans ses différentes composantes. Mais peut-on attendre grand-chose d’une élite universitaire qui se love dans les bras de la jouissance et des biens matériels ?
Post-scriptum : J’apporte mon soutien à Moustapha Diakhaté et Abdou Nguer, car je crois fondamentalement à la liberté et à la dignité.
par Mamadou Abdoulaye Sow
POUR L’ADOPTION D’UNE LOI SPÉCIFIQUE RELATIVE À LA DÉCLARATION DE PATRIMOINE DU PRÉSIDENT
EXCLUSIF SENEPLUS - Faute d'obligation de déclarer son patrimoine en fin de mandat, l'ancien président échappe à tout contrôle sur douze années de pouvoir. Cette lacune constitutionnelle rend impossible la détection d'un éventuel enrichissement illicite
« Le problème qui se pose actuellement avec le plus d’acuité aux États africains est d’abord un problème d’hommes de valeur, réellement dévoués à la cause publique, qui remplissent les caisses de l’État au lieu de s’empresser de s’enrichir à son détriment et aux dépens du petit peuple dès qu’ils occupent un poste de responsabilité [1]».
L'article 37 alinéa 3 de l’actuelle Constitution dispose très clairement que “le président de la République nouvellement élu fait une déclaration écrite de patrimoine …”. Cette disposition constitutionnelle, considérée comme un moyen de lutter contre tout enrichissement illicite du chef de l’État, est de prime abord sans effet si l’obligation de déclaration de patrimoine n’est pas prévue par la Constitution à la fin du mandat du Président de la République.
Le patrimoine du président de la République doit être déclaré au début et à la fin de son mandat
En 2019, le président de la République sortant n’avait pas déclaré son patrimoine après avoir été élu pour un second mandat de cinq ans alors que le troisième alinéa de l’article 37 de la Constitution en fait une obligation pour le Président de la République nouvellement élu.
Cette déclaration aurait permis de savoir s’il s’est enrichi illicitement ou non pendant la durée de son premier mandat, notamment par l’augmentation de ses avoirs bancaires, la hausse de la valeur de ses biens mobiliers et immobiliers et/ou l’apurement de ses dettes. Autrement dit, cette nouvelle déclaration de patrimoine aurait permis de s’assurer que le Président de la République réélu n’a pas profité de ses fonctions pour s’enrichir indûment.
En conformité avec l’esprit de l’article 37 de la Constitution, c’est un devoir moral et civique pour l’ancien président de la République de déclarer son patrimoine à la fin de son second mandat.
Même si l’article 37 de la Constitution ne le prévoit pas expressément, le chef de l’Etat sorti de fonction en 2024 avait l’obligation morale de déclarer son patrimoine afin de prouver qu’il ne s’est pas enrichi au détriment et aux dépens du peuple sénégalais durant ses douze ans de fonction. L’exigence d’avoir sa déclaration de patrimoine de 2024 permet de comparer le patrimoine déclaré par le président de la République en 2012 au début de son premier mandat avec son patrimoine à la fin de son second mandat. Cette comparaison, qui devrait intéresser les journalistes d’investigation, pourrait permettre de suivre l’évolution voire les fluctuations de son patrimoine et d’identifier un éventuel enrichissement personnel.
Cette exigence est légitime quand on sait qu’on est dans un Etat où le président de la République peut faire usage, de manière exorbitante, d’un pouvoir règlementaire en matière budgétaire lui permettant de dépenser l’argent public, sans aucun contrôle comptable et politique, pour des montants deux fois voire cinq fois supérieurs à l’autorisation budgétaire donnée par l’Assemblée nationale. En clair, il peut utiliser l’argent public comme bon lui semble sans qu’aucune loi ne l’y autorise.
Un des exemples de cet excès de pouvoir manifeste, c’est le décret « secret » n° 2017-74 du 12 janvier 2017 créant « le Programme de défense des intérêts économiques et sécuritaires du Sénégal (PDIES) (voir page 17 du rapport d’audit de la Cour des comptes sur les finances publiques) pris en violation de la loi organique relative aux lois de finances. En effet, dans cette espèce, il a fait usage, de manière illégale, de son pouvoir règlementaire pour créer un programme alimenté par des ressources non autorisées par la loi de finances et, de surcroit, dont l’emploi n’est pas justifié ce qui est une violation des règles de la comptabilité publique.
Pour rappel, selon le rapport d’audit de la Cour des comptes (page 18), sur la période 2019 à 2023, les montants décaissés au titre du PDIES se sont élevés à 303, 031 milliards FCFA. Il est impératif qu’une commission d’enquête parlementaire soit constituée pour éclairer les citoyens sur la destination de ces fonds publics.
Tenant compte de tout ce qui précède, nous proposons de réviser l’article 37 de la Constitution pour y introduire l’obligation pour le Président de la République de déclarer son patrimoine à la fin de son mandat. Nous proposons également l’adoption d’une loi organique relative à la déclaration de patrimoine du Président de la République. Cette loi aura comme objet l’organisation de la déclaration de patrimoine du chef de l’Etat et le contrôle de cette déclaration. De plus, elle devra prévoir les sanctions en cas de non-respect de l’obligation de déclaration à l’entrée en fonctions et à la fin de celles-ci.
De la nécessité d’adopter une loi organique relative à la déclaration de patrimoine du président de la République
La loi en question devrait être très précise sur les points suivants :
La définition de la notion de patrimoine à déclarer
La notion de patrimoine à déclarer ne concerne pas seulement les biens du Président de la République. Elle s’étend aux biens des membres de sa famille. A ce titre, il conviendrait de préciser qu’il s’agit du « patrimoine familial » (l’épouse/l’époux et les enfants). En ajoutant le qualificatif « familial », il s’agit d’éviter une dissimulation du patrimoine du chef de l’Etat au niveau de sa famille (l’épouse/l’époux ou les enfants). Ainsi, le patrimoine familial inclurait « les biens du conjoint selon le régime matrimonial, des enfants mineurs et des enfants même majeurs, à charge du couple. » [2].
En définitive, le contenu de la déclaration comprendrait les immeubles bâtis et non bâtis, les valeurs mobilières, les comptes bancaires et d’épargne, les contrats d’assurance-vie, les véhicules à moteur terrestre, les bateaux, les avions, les meubles meublants et le passif.
La définition du délai de production de la déclaration initiale de patrimoine et de la déclaration de patrimoine de fin de fonctions
Le dernier alinéa de l’article 37 de la Constitution se limite à dire que le Conseil constitutionnel rend publique la déclaration écrite de patrimoine du Président de la République nouvellement élu, sans pour autant préciser selon quels délais. Il conviendrait de fixer la date limite de dépôt de la déclaration initiale de patrimoine à savoir, par exemple, le jour de la prestation de serment.
A l'expiration du mandat ou en cas de démission, un délai devrait également être fixé pour le dépôt de la déclaration de patrimoine, par exemple, dans les trente jours suivant la fin des fonctions.
Les sanctions en cas de non-respect de l’obligation de déclaration à l’entrée et à la fin des fonctions
Des sanctions devront être prévues par le législateur organique lorsque le Président de la République ne respecte pas l’obligation de déclarer son patrimoine ou le délai imposé pour le dépôt de la déclaration à l’entrée et à la fin de ses fonctions [3].
La mise à jour annuelle de la déclaration de patrimoine
La déclaration de patrimoine doit faire l’objet d’une mise à jour annuelle comme c’est le cas au Niger (article 51 de la Constitution de la 7ème République). Comme pour la déclaration initiale, les mises à jour éventuelles devraient également être publiées au Journal officiel et par voie de presse.
La communication de la déclaration de patrimoine à l’administration fiscale
Bien que le Président de la République soit soumis aux mêmes règles que tout autre citoyen en matière de déclaration d’impôts, il serait indiqué de préciser que sa déclaration de patrimoine est communiquée à l’administration fiscale.
[1] Djibo Bakary, « Silence ! On décolonise. Itinéraire politique & syndical d’un Militant Africain » ? Collection « Mémoires Africaines », L’Harmattan, page 284.
[2] C’est la définition adoptée par l’article 99 alinéa 2 de la République Démocratique du Congo (RDC). La déclaration de patrimoine familial énumère les « biens meubles, y compris actions, parts sociales, obligations, autres valeurs, comptes en banque, leurs biens immeubles, y compris terrains non bâtis, forêts plantations et terres agricoles, mines et tous autres immeubles, avec indication des titres pertinents ».
[3] En Côte d’Ivoire, l’article 10 de la loi du 15 août 2004 relative à la déclaration de patrimoine du Président de la République prévoit : « Si …à l'expiration de son mandat ou en cas de démission, le Président de la République ne fait pas la déclaration prévue aux articles 4 et 5 de la présente loi dans le délai imparti, la Cour des Comptes lui fait injonction d'avoir à s'y conformer. S'il n'obtempère pas, il est d'office déchu des avantages et privilèges attachés au statut d'ancien Président de la République ».
PAR HABIB DEMBA FALL
ET SI ON DÉPOLLUAIT LE DISCOURS POLITIQUE ?
Diamniadio, après l’Élysée, c’est non après un oui à la suppression de l’article 80 du Code pénal sénégalais ! D’abord le « oui ». Vingt-et-un ans plus tard, l’engagement formulé par le Président Wade sur le perron de l’Élysée n’a pas été… réalisé...
Diamniadio, après l’Élysée, c’est non après un oui à la suppression de l’article 80 du Code pénal sénégalais ! D’abord le « oui ». Vingt-et-un ans plus tard, l’engagement formulé par le Président Wade sur le perron de l’Élysée n’a pas été… réalisé par les plénipotentiaires de Pastef au dialogue national sur le système politique.
Vous me direz simplement que l’engagement n’engage que celui qui l’a exprimé, comme les promesses en politique, du reste. Ce qui est juste. Vous me direz également que le très nuancé Me Wade a certainement eu, dans son speech sur les libertés délivré en chœur avec Chirac, un mot ou une expression qui n’a pas été considérée par les interprètes des grands moments d’histoire. Et comme l’interprète est dépeint comme un traitre… M’enfin ! Toujours est-il que deux contextes produisent le même effet. Le contexte de 2004 était marqué par l’arrestation du journaliste Madiambal Diagne pour « diffusion de correspondances et de rapports secrets, diffusion de fausses nouvelles et diffusion de nouvelles tendant à causer des troubles politiques graves ».
Des perles si noires qu’elles poussent à ne pas avoir foi en la rédemption du prisonnier ! En fait, un chapelet de griefs pour qualifier des articles publiés dans Le Quotidien et parmi lesquels le limogeage du Directeur général des Douanes de l’époque et une réunion du Conseil supérieur de la Magistrature. Le Saint des saints profané par l’encre irrévérencieuse d’un investigateur à la plume rebelle. Quand le « pays de dialogue » voyage, les émotions prennent le toboggan sans jamais être loin de la raison… politique. Par un matin de juillet 2004, porté par de grands thèmes de la coopération lors de sa visite auprès d’un Président Chirac lui-même emphatique sur la liberté d’expression, le Président Wade a entrouvert la porte d’une suppression de l’Article 80 du Code pénal sénégalais.
Pour ses pourfendeurs, cet article a une étiquette : « liberticide ». Hélas, les partisans du dynamitage de ce verrou ont fait illusion le temps d’un printemps des libertés au cœur de l’été parisien. Puis, ils se sont rendus à l’évidence : l’Article 80 fait de la résistance comme un monstre à plusieurs têtes. Tant d’attentes déçues sur la suppression d’un « bourreau » de la liberté d’expression dont le trajet si controversé était lié à quarante années de régime socialiste. Il a survécu aux alternances. Changement de locataire du Palais de la République. Macky Sall s’installe et ses anciens frères libéraux regrettent de n’avoir pas supprimé l’Article 80 qui leur est opposé. Ils regrettent également de n’avoir pas dit l’oraison funèbre de la Cour de Répression de l’Enrichissement illicite (Crei) qui a envoyé Karim Wade en prison. Autre changement de locataire au Palais.
Diamniadio, juin 2025. Le dialogue national, agora politique et institutionnelle en fête, remet l’Article 80 sur la table. Niet de Pastef face à la proposition de suppression. L’histoire se répète avec le même refus et sans les mêmes acteurs. La majorité prend la liberté de ne pas enterrer cet épouvantail déclaré de la liberté d’expression. Elle le garde dans l’arsenal de répression ou de protection (c’contre les dérapages verbaux). L’histoire se répète. L’opposition rue toujours dans les brancards, déçue de ne pas voir la porte blindée s’ouvrir. Il y a bien comme une raison d’État qui s’oppose à la suppression de l’Article 80 et de son cousin, l’Article 254 du Code pénal sénégalais qui concerne « l’offense au président de la République » et « à la personne qui exerce tout ou en partie des prérogatives du président de la République ».
Chaque pouvoir sent la nécessité de se mettre à l’abri des dérapages verbaux de l’opposition ou des nouveaux invités de l’espace démocratique présentés en « influenceurs » ou « chroniqueurs ». Chaque opposition sent également le besoin de desserrer l’étau en radiant les articles dits liberticides de l’arsenal juridique. C’est une sorte de jeu des positionnements situationnels, dans la relation très cynique entre le projectile et le bouclier. L’objectif change de la même manière que le projectile et le bouclier changent de main ! Pour cette raison, il n’y a pas un consensus franc sur la nécessité de fermer le long cycle de l’attaque-défense en politique. Les mots sur-vitaminés cognent et blessent. L’espace politique porte plus que jamais son surnom d’arène politique. Les gladiateurs ont jeté par la fenêtre les esprits trop accommodants parce que soucieux d’une certaine élégance tant dans la mise que dans le parler et dans l’attitude.
Ne serions-nous plus capables de bien ? La bienséance est un principe trop lisse pour prospérer dans une ambiance de plomb et de soufre. L’air devient irrespirable par la volonté des antagonistes déterminés à cultiver un bout d’enfer plutôt qu’à multiplier les oasis de courtoisie et de fraternité dans l’adversité toute républicaine. Peine perdue ? L’élégance est un des paris facilement perdus dans une atmosphère de très forte hostilité.
Elle est même une valeur suspecte dans un contexte où la bonté est assimilée à une ruse pour mieux frapper dans le mille, dans le style du baiser de Judas. Et si une certaine classe politique avait pris l’animation de l’espace public du mauvais côté ? Je veux dire du côté des colères fort toxiques. Les interpellations se multiplient, essentiellement pour injures publiques, diffusion de fausses nouvelles, diffamation, offense au chef de l’État ou atteinte aux bonnes mœurs. Soit la parole bienveillante s’est perdue dans le désert des médisants et autres malveillants, soit la parole libératrice est sous coupe réglée. Dans tous les cas, la constante, dans cette affaire, est la rage qui sous-tend les discours. Plutôt que d’être posés et convaincants, les locuteurs, dans notre espace public, se comportent en vociférateurs excités. Le cri est le baromètre de l’agressivité. Pas la pensée positive !
TENSIONS IRAN-ISRAËL, L’UNION AFRICAINE APPELLE À LA DÉSÉSCALADE
Par la voix de Mahmoud Ali Youssouf, président de sa Commission, l'UA appelle les deux parties à la retenue et exhorte la communauté internationale à intensifier les efforts diplomatiques pour éviter une escalade régionale.
Face à la montée des tensions entre l’Iran et Israël, l’Union africaine a exprimé sa vive inquiétude. Dans une déclaration rendue publique ce vendredi, le président de la Commission de l’organisation continentale, Mahmoud Ali Youssouf, a réagi à la suite des informations faisant état de frappes israéliennes sur le territoire iranien.
Il a lancé un appel à la désescalade, exhortant les deux parties à faire preuve de retenue afin d’éviter une extension du conflit.
L’Union africaine a réaffirmé son attachement à la paix, au dialogue et à la résolution pacifique des différends. Elle appelle également la communauté internationale à intensifier les efforts diplomatiques pour prévenir un embrasement régional aux conséquences potentiellement graves.
Depuis le vendredi 13 juin 2025, Israël a lancé une série de frappes aériennes ciblées (opération baptisée « Operation Rising Lion ») contre des installations nucléaires et militaires iraniennes, incluant des sites stratégiques comme Natanz, des résidences de responsables de l’IRGC, et des scientifiques nucléaires de haut rang.
Parmi les victimes figurent de hauts commandants militaires, dont Hossein Salami, Mohammad Bagheri, Gholam Ali Rashid, ainsi que plusieurs chercheurs en physique nucléaire. L’Iran a riposté en lançant des drones vers l’espace aérien israélien, repoussés en majorité par ses défenses anti‑drone
ACCIDENT MORTEL SUR L’AUTOROUTE ILA TOUBA
Le drame implique un véhicule de type Toyota Hiace qui aurait violemment quitté la chaussée après une collision avec un 4×4. Le minibus a ensuite effectué plusieurs tonneaux avant de s’immobiliser en bordure de route.
Un grave accident de la route s’est produit ce vendredi matin sur l’autoroute Ila Touba, à hauteur de Bambey, faisant un mort et quinze blessés, dont sept dans un état grave, selon un bilan provisoire communiqué par les sapeurs-pompiers.
Le drame implique un véhicule de type Toyota Hiace, communément surnommé “Cheikhou Chérifou”, qui aurait violemment quitté la chaussée après une collision avec un 4×4. Le minibus a ensuite effectué plusieurs tonneaux avant de s’immobiliser en bordure de route.
La victime décédée est une femme âgée d’environ 50 ans, présentée comme une mère de famille. Les blessés ont été évacués d’urgence vers les structures sanitaires les plus proches par les secours mobilisés sur place.
Une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances exactes de l’accident.