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2 août 2025
par Abdourahmane Ba
AU-DELÀ DES TOURNÉES, LA STRATÉGIE
Il ne suffit plus de promettre, il faut prouver. Il ne suffit plus de descendre sur le terrain, il faut savoir en revenir avec des décisions fondées. Chaque visite doit devenir un moment d’évaluation, chaque déclaration une hypothèse vérifiable
Les tournées présidentielles demeurent une pratique familière dans les routines politiques africaines. Elles donnent à voir un pouvoir en mouvement, une proximité revendiquée, un contact renouvelé avec les territoires. Mais à mesure que les exigences de gouvernance se raffinent et que les sociétés deviennent plus informées, ces mises en scène de la présence ne suffisent plus. L’heure est venue d’interroger leur sens, leur portée et leur efficacité réelle dans la conduite des politiques publiques.
Gouverner aujourd’hui ne consiste plus à incarner, mais à orienter. Il ne s’agit plus seulement d’être là, mais de savoir pourquoi, pour quoi, et avec quels résultats. L’action publique n’a de valeur que si elle produit des transformations mesurables. Or, sans système structuré de suivi et d’évaluation, la visite devient une fin en soi. Sans indicateurs ni boucles d’apprentissage, la proximité reste un signal politique, jamais une preuve d’impact.
Ce qui est en jeu, c’est la capacité de l’État à produire des résultats, à piloter les transformations avec rigueur, et à répondre aux aspirations collectives avec méthode. Le passage d’une gouvernance d’affirmation à une gouvernance d’analyse est devenu inévitable. Il ne suffit plus de constater, il faut corriger. Il ne suffit plus de promettre, il faut prouver. Il ne suffit plus de descendre sur le terrain, il faut savoir en revenir avec des décisions fondées.
Le cœur de la stratégie publique repose désormais sur l’évaluation. Non pas en fin de chaîne, mais dès la conception des politiques. Il s’agit de fixer des objectifs clairs, de mesurer ce qui compte, de publier ce qui est trouvé, et de réviser ce qui ne fonctionne pas. Cette dynamique exige des systèmes d’information robustes, des équipes compétentes, une culture administrative fondée sur les faits. L’évaluation devient ainsi une responsabilité partagée, non une procédure marginale.
Dans cette perspective, la visite présidentielle ne disparaît pas : elle change de nature. Elle ne représente plus une mise en scène de pouvoir, mais un moment de régulation stratégique. Elle s’insère dans un cycle continu de pilotage, où les données précèdent les décisions et les constats nourrissent les ajustements. Ce qui compte n’est pas le déplacement, mais l’intelligence qu’on en tire. Ce n’est pas l’image, mais le diagnostic. Ce n’est pas l’effet, mais la preuve.
Le leadership du XXIe siècle ne se joue plus dans l’exposition, mais dans la capacité à rendre compte. Il repose sur la transparence, la redevabilité, et l’humilité méthodique. L’État n’est plus jugé à ses intentions, mais à sa capacité à apprendre, à corriger, à améliorer. Et dans ce contexte, la présidence se doit d’être à la fois lucide, structurée et exemplaire. Moins d’annonces, plus d’évaluations. Moins de terrain vu, plus de trajectoires suivies.
Cette évolution appelle une réforme profonde des pratiques de gouvernance. Elle nécessite des dispositifs pérennes de collecte et d’analyse de données, des circuits de validation technique, des protocoles de publication régulière des résultats. Elle appelle aussi à une participation accrue des citoyens et des territoires dans les processus d’évaluation, pour que la décision publique ne soit plus seulement verticale, mais nourrie par l’expérience vécue.
Le tournant stratégique ne repose donc pas sur l’abandon des tournées, mais sur leur intégration dans un dispositif cohérent de performance publique. Chaque visite doit devenir un moment d’évaluation, chaque déclaration une hypothèse vérifiable, chaque contact une donnée à interpréter. L’autorité ne réside plus dans la parole donnée, mais dans la capacité à démontrer que cette parole a été tenue.
C’est à cette condition que l’État pourra sortir des logiques de communication pour entrer dans celles de la transformation. C’est dans cette mutation, du geste à la stratégie, de la présence à la preuve, que se joue la crédibilité durable de l’action publique. Et c’est dans ce passage d’un président visiteur à un président régulateur que se dessine, enfin, un leadership fondé sur l’efficacité.
BACARY CISSÉ BRIGUE LA PRÉSIDENCE DE LA LIGUE DE ZIGUINCHOR
Le président de Niaguiss FC et conseiller de Sadio Mané dévoile un programme en dix points centré sur la formation des jeunes et la construction d'infrastructures durables. "Le football ziguinchorois a besoin d'un nouveau cycle", estime-t-il
Le journaliste sportif, non moins conseiller de Sadio Mané, Bacary Cissé a déclaré sa candidature à la présidence de la Ligue régionale de football de Ziguinchor. Le président de Niaguiss Football club a affiché cette ambition à travers un ambitieux programme intitulé « Le Sursaut ». Pour la réussite du projet, Bacary Cissé, Président Directeur Général de D-Sports, compte s'appuyer sur une « méthode rigoureuse » et la mise en place d'une feuille de route opérationnelle.
« Ce programme est un contrat moral. Il ne s'agit pas de promesses illusoires mais un engagement pragmatique fondé sur des méthodes, une direction et une mobilisation collective ». « Le football ziguinchorois a besoin d'un nouveau cycle », a déclaré Monsieur Cissé, membre du Comité exécutif de l'ANPS en charge de la formation. Dans sa profession de foi, le journaliste a mis en avant les valeurs et l'engagement quotidien des éducateurs, des dirigeants, des supporters et surtout de la jeunesse. Ce qui, selon lui, seront utiles pour construire l'avenir et irriguer une nouvelle ambition collective pour la région.
Pour que cette ambition devienne réalité, Bacary Cissé a défini dans sa feuille de route dix points. Ils s'articulent principalement autour d'une vision d'avenir portée par le terrain. Autrement dit un projet de club « Horizon 2029 » qui vise la transformation en profondeur pour accompagner chaque club, à bâtir des clubs « forts, autonomes et solidaires » tout en plaçant la formation des jeunes au cœur de cette transformation. Le tout adossé sur la construction d'infrastructures adaptées, la réhabilitation et la sécurisation de terrains prioritaires pour une pratique durable à l'échelle régionale. Un chantier qui, suivant le programme, sera conduit en concertation et avec une attention particulière aux zones les moins équipées.
APPEL À UNE CULTURE DU DON DE SANG
Malgré une hausse de 4% en 2024, les 136 347 dons de sang collectés au Sénégal restent insuffisants face aux besoins annuels. Saliou Diop, le directeur du CNTS, plaide pour lever les freins socioculturels qui limitent la générosité des Sénégalais
À la veille de la Journée mondiale du donneur de sang, célébrée ce samedi 14 juin, le directeur du Centre national de transfusion sanguine (CNTS), Pr Saliou Diop, a lancé un appel pressant à la population. Lors d'un point de presse tenu hier, vendredi 13 juin, il a insisté sur la nécessité d'« instaurer une véritable culture du don de sang », un geste qu'il qualifie de « vital pour les malades en détresse ».
Cette journée, organisée chaque année à travers le monde, rend hommage aux donneurs volontaires et bénévoles, tout en sensibilisant le grand public à l'importance d'un approvisionnement régulier et sécurisé en sang. Cette date permet de rappeler le rôle essentiel des donneurs anonymes, dont l'engagement contribue à sauver de nombreuses vies humaines a rappelé le Pr Diop, directeur du Centre de Transfusion Sanguine (CNTS). L'Organisation mondiale de la santé, de son côté, qui a publié un communiqué souligne que l'événement vise « à sensibiliser le grand public à l'importance d'un approvisionnement régulier en sang, essentiel pour garantir la qualité, l'innocuité et la disponibilité du sang et des produits sanguins pour les personnes qui en ont besoin ».
Pour l'édition 2025, le Sénégal prévoit de mobiliser fortement les associations de donneurs, avec un objectif ambitieux de 600 à 700 poches collectées lors de cette journée symbolique. « Le sang utilisé pour les traitements médicaux ne peut être fabriqué artificiellement. Il doit obligatoirement provenir de dons effectués par des personnes en bonne santé », a insisté le Pr Diop. Et de préciser : « Ce liquide vital est constamment renouvelé dans l'organisme grâce à un mécanisme physiologique régulé ». Ce sang est régulièrement utilisé chez les patients qui ont des saignements importants, au cours des opérations chirurgicales, au cours de l'accouchement, et dans plusieurs autres situations.
Le Pr Saliou Diop a renseigné hier que le Sénégal dispose actuellement de 38 structures de transfusion dont 26 banques de sang régionales et 3 banques de sang à Dakar, 4 dépôts de sang et 5 postes de transfusion. Les transfusions sanguines sont réalisées dans tous les établissements de soins publics et privés où sont présents des médecins. L'activité transfusionnelle est coordonnée par le Centre national de Transfusion sanguine à travers l'harmonisation des pratiques, la formation des personnels, la supervision et l'organisation de missions de contrôle de qualité des banques de sang régionales.
« Le nombre de dons au Sénégal a été de 136 347 en 2024 avec une légère hausse de 4% par rapport à 2023. Malgré cette augmentation, le nombre de dons de sang ne suffit pas pour satisfaire tous les besoins au Sénégal qui sont estimés à au moins 180 000 dons, soit un gap de 25% » a-t-il fait savoir. Et d'ajouter : « L'insuffisance du nombre de dons de sang au Sénégal s'explique par l'existence de freins socio culturels et économiques mais aussi l'insuffisance des ressources nécessaires aux structures de transfusion sanguine pour assurer une bonne promotion du don de sang (sensibilisation, recrutement, fidélisation) ».
Malgré les obstacles des avancées sont notées. « Sénégal peut se satisfaire d'un bon niveau de la sécurité transfusionnelle puisque les tests de dépistage des agents infectieux sont systématiquement réalisés avant transfusion sanguine, sur tous les dons de sang sur l'ensemble du territoire national » a-t-il déclaré. Et d'attester : « Il y a eu également la construction des Centres régionaux de transfusion sanguine à Kaolack, Louga et Matam, ainsi que celle de postes de transfusion sanguine à Rufisque, Linguère et Richard Toll ». Ces différentes structures viennent renforcer celles déjà existantes dans les hôpitaux des différentes régions du pays.
Les transfusions sanguines sont vitales pour de nombreuses personnes, en particulier les femmes souffrant d'hémorragies liées à la grossesse ou à l'accouchement, ainsi que les enfants atteints d'anémie sévère due au paludisme ou à la malnutrition. Seulement dans l'exécution de cet acte médical, des professionnels de santé se heurtent à un problème de disponibilité de sang servant à le pratiquer. Pour le Pr Diop, la transfusion sanguine est particulièrement vitale pour les personnes qui nécessitent un traitement régulier ou à vie, comme celles atteintes de drépanocytose, de thalassémie, d'hémophilie ou d'immunodéficience. « Elles jouent également un rôle clé en situation d'urgence, en permettant de soigner les victimes de catastrophes naturelles, d'accidents graves ou de conflits armés ».
Le slogan de l'édition 2025 est « Donnez votre sang, donnez de l'espoir : ensemble, nous sauvons des vies ». Selon le Pr Diop, il met l'accent sur l'impact qu'ont les donneurs de sang sur la vie des personnes qui ont besoin de transfusion sanguine. Il célèbre le pouvoir de la solidarité et de l'engagement communautaire à sauver des vies par le simple geste du don de sang.
LA SOCIÉTÉ NATIONALE DE RECOUVREMENT SE RÉINVENTE
Avec plus de 800 milliards de FCFA de créances impayées dans le secteur bancaire en 2023, la SNR joue un rôle crucial mais méconnu dans l'économie sénégalaise. L'institution se modernise pour devenir un véritable levier de souveraineté financière
Alors que la confiance dans les institutions est fragilisée par une désinformation croissante, la Société Nationale de Recouvrement (SNR) s'impose, avec rigueur et discrétion, comme un levier stratégique dans l'assainissement du paysage financier sénégalais. Entre héritage complexe et ambition de transformation, l'institution engage une mutation décisive.
Créée en 1991 dans un contexte de faillite généralisée du secteur bancaire public, la Société Nationale de Recouvrement est née de l'urgence d'un assainissement financier en profondeur. Sa mission première : reprendre les créances gelées des banques liquidées et sécuriser le remboursement des dépôts, alors menacés par l'effondrement du système bancaire national. Loin d'un simple organe technique, la SNR s'est peu à peu imposée comme un instrument de régulation financière et de restauration de la confiance économique. Plus de trois décennies plus tard, l'institution évolue.
Consciente des nouveaux enjeux structurels, elle amorce une réforme ambitieuse : élargissement de son périmètre d'action au secteur parapublic, dans son sens étendu, ouverture au secteur privé, et prise en charge de créances complexes provenant de partenaires bancaires ou institutionnels.
La SNR inscrit aujourd'hui ses projets dans l'Agenda national de transformation 2025-2050, qui promeut une modernisation de l'État stratège. Dans ce cadre, l'institution ambitionne de jouer un rôle plus large : médiation commerciale, affacturage, titrisation, conseil aux entreprises et gestion active du passif public figurent désormais dans sa feuille de route. Pour accompagner cette montée en puissance, elle dispose d'outils juridiques étendus : hypothèques légales, privilèges sur les biens meubles et immeubles, pouvoir de contrainte similaire à celui du Trésor public, et exonérations fiscales lui assurant une efficacité renforcée. Elle agit aussi, dans certaines circonstances, avec l'autorité d'un organe d'enquête, notamment face aux tentatives de dissimulation de patrimoine de la part de débiteurs publics ou privés.
Dans une démarche de transparence, le directeur général, Babacar Ndiaye, est revenu sur les conditions particulières de création de la SNR. Absence de bilan d'ouverture, capital non libéré à l'origine : l'institution a dû s'appuyer sur des données incomplètes fournies par la BCEAO. Ce contexte a laissé un passif historique important, dont le report à nouveau débiteur a culminé à plus de 90 milliards de FCFA en 1992, réduit à 86,7 milliards à la fin de l'année 2024 grâce à une gestion rigoureuse.
Un comité ad hoc, actuellement en cours de constitution, devra formaliser une convention de règlement des dettes croisées entre l'État et la SNR, marquant une nouvelle étape dans la consolidation financière de l'établissement. En parallèle, la révision de la loi fondatrice de 1991 vise à doter l'institution d'un cadre juridique adapté aux exigences du présent.
Chaque franc recouvré est reversé au Trésor public. En 2023, le montant global des créances impayées dans le secteur bancaire sénégalais dépassait les 800 milliards de FCFA. Ce chiffre révèle l'ampleur de la mission portée par la SNR, qui intervient à la jonction du financement public et de la préservation des équilibres économiques. « Il ne s'agit plus seulement de recouvrer des dettes, mais de contribuer activement à la bonne santé de l'économie nationale », insiste M. Ndiaye, qui aspire à faire de la SNR un acteur incontournable de la transformation publique, capable d'allier performance financière, innovation juridique et stabilité institutionnelle.
Discrète mais stratégique, la SNR incarne une nouvelle génération d'organismes publics : agiles, responsables et tournés vers des objectifs de long terme. Dans un environnement régional encore fragile, son modèle pourrait bien inspirer d'autres pays de l'UEMOA à repenser la gestion de la dette et du risque bancaire. Le Sénégal, à travers la SNR, affirme ainsi une volonté de souveraineté budgétaire et de discipline financière, dans un monde où le pilotage rigoureux des créances est devenu un enjeu central de développement.
FARBA NGOM ET TAHIROU SARR PERDENT LEUR RECOURS
Le député-maire et co-accusé perdent leur bataille juridique contre les saisies de leurs biens, dans l'affaire de blanchiment de capitaux qui secoue l'ancien régime
Les choses se compliquent un peu plus pour le député-maire des Agnam, Mouhamadou Ngom dit Farba, et l'homme d'affaires Tahirou Sarr, inculpés respectivement les 27 et 28 février derniers pour association de malfaiteurs en vue de commettre des actes de blanchiment de capitaux, escroquerie portant sur 31 885 944 444 FCFA de deniers publics et sur 25 388 944 444 FCFA
La Chambre d'accusation financière du Parquet financier, qui statuait ce vendredi 13 juin sur leur recours contre les ordonnances de saisie de leurs comptes et biens rendues le 11 mars dernier par le président du Collège des juges d'instruction du pool judiciaire financier a tranché en leur défaveur, en confirmant lesdites ordonnances.
Le député-maire des Agnam, Mouhamadou Ngom alias Farba, et l'homme d'affaires Tahirou Sarr sont désormais empêtrés dans une affaire judiciaire aux contours de plus en plus épineux. Inculpés les 27 et 28 février derniers, ils sont poursuivis pour association de malfaiteurs en vue de blanchiment de capitaux, escroquerie portant sur 31 885 944 444 FCFA de fonds publics, complicité d'abus de biens sociaux, et pour les mêmes faits, Tahirou Sarr est aussi visé pour escroquerie portant sur 25 388 944 444 FCFA ainsi qu'abus de biens sociaux. Des charges qui découlent d'un rapport transmis par la Centif.
Les deux proches de l'ancien régime du président Macky Sall ont essuyé hier, vendredi 13 juin un revers devant la Chambre d'accusation financière du Parquet financier qu'ils avaient saisie d'un recours contre les ordonnances de saisie de leurs comptes et biens rendues le 11 mars dernier par le président du Collège des juges d'instruction du Pool judiciaire financier.
En effet, selon les informations de nos confrères du site d'information en ligne « Seneweb », la Chambre d'accusation financière du Parquet financier qui statuait sur leur requête contre cette décision du juge d'instruction financière a rejeté leur recours. Suite à cette décision, l'État a désormais le feu vert pour confisquer provisoirement tous les biens logés dans les banques et ceux fonciers du maire des Agnams et de l'homme d'affaires après leur incarcération.
Pour rappel, le président du Collège des juges d'instruction du Pool judiciaire financier avait justifié sa demande de saisine en se basant sur des articles 41-1 à 41-4 du Code pénal, des articles 677-40 à 677-42 du Code de procédure pénale et de l'article 202 de la loi n°2024-08 du 14 février 2024 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive.
DIOMAYE LANCE LA RÉVOLUTION AGROALIMENTAIRE
Le président a inauguré vendredi l'usine SAF Ingrédients, un projet de 22 milliards FCFA qui transformera 37 000 tonnes d'oignons par an grâce à une technologie unique utilisant la biomasse
Le président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye a inauguré dans la matinée d'hier, vendredi 13 juin, l'usine SAF Ingrédients spécialisée dans la transformation agroalimentaire. C'est une usine de déshydratation d'oignons d'une capacité de 37 000 tonnes par an et le coût du projet est estimé à 22 milliards FCFA financés par des investisseurs étrangers et locaux.
« Les promoteurs de ce projet sont à féliciter », a dit le chef de l'État Bassirou Diomaye Diakhar Faye qui s'est dit heureux de voir qu'un tel projet ait été conduit à partir de rien, très loin des zones industrielles habituelles au plus près des producteurs et dans une logique écologique et environnementale qui nous satisfait particulièrement dans la conception du projet. Le chef de l'Exécutif s'est aussi réjoui de la synergie notée entre des investisseurs étrangers et le secteur privé national dans la mise sur pieds de projet auquel il accorde une grande importance.
C'est ainsi qu'il a félicité les promoteurs de ce projet qui, selon lui, « introduit un schéma qui manquait entre les producteurs et l'industrie agroalimentaire par la transformation des produits issus de l'agriculture dans une logique de contractualisation qui assure aux producteurs des revenus stables pour être en confort auprès des banques ». Ce projet, a-t-il ajouté, est arrivé à point nommé. « Au delà des emplois qu'il crée, ce projet nous conforte dans cette idée que l'industrialisation reste la clé pour davantage développer l'Agriculture qui doit être le fer de lance de notre économie, mais la clé de la relance d'un dynamisme du secteur privé à travers une transformation ajoutant de la valeur à tous nos produits et à nos matières premières », a-t-il déclaré.
En présence des ministres Mabouba Diagne de l'Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l'Élevage, de Serigne Guèye Diop du Commerce et de l'Industrie et d'autres membres du gouvernement, le président de la République a rappelé, qu'à travers ce projet, « rien ne se perd, tout se récupère a une utilité dans le process qui va à l'aboutissement du produit que l'usine SAF Ingrédients est appelée à commercialiser ».
Pour sa part, l'opérateur économique saint-louisien Assane Seck, l'un des promoteurs du projet, s'est dit satisfait de la visite du Président de la République. « Dans tous les pays, nous avons un seul représentant c'est le président de la République. Nous sommes des hommes d'affaires, et nous avons pensé réaliser ce bijou et aujourd'hui nous avons l'approbation de la première personnalité de l'État et nous devons doubler l'effort qui nous avait animé pour arriver à mettre en place ce projet », a indiqué M. Seck avant de rappeler que c'est la seule usine au monde qui utilise la biomasse.
Pour rappel, le chef de l'État Bassirou Diomaye Faye s'est rendu par la suite à Diama précisément dans le village de Savoigne où il a visité un nouveau casier agricole financé à plus de 22 milliards FCFA par la BADEA (Banque Arabe de Développement Économique en Afrique).
LE FOOTBALL MONDIAL DANS LE PIÈGE DE TRUMP
Le président américain veut faire des grands événements sportifs un outil de propagande politique. Mais sa rhétorique xénophobe et ses mesures migratoires risquent de compromettre le succès du Mondial des clubs, répétition générale avant le Mondial 2026
(SenePlus) - Donald Trump voit grand. De retour à la Maison Blanche depuis janvier, le président américain dispose d'un atout majeur pour les prochaines années : l'organisation des deux plus grands événements sportifs planétaires sur le sol américain. La Coupe du monde de football 2026, co-organisée avec le Mexique et le Canada, puis les Jeux olympiques de Los Angeles en 2028. « Regardez ce que j'ai… J'ai tout ! », s'était-il réjoui le 26 mai lors d'une visite au cimetière militaire national d'Arlington, selon Le Monde.
Pour la Maison Blanche, ces événements sont le symbole que les États-Unis sont redevenus une « destination mondiale de premier plan », dans la droite ligne du slogan trumpien « Make America great again ». C'est dans cette optique que la Coupe du monde des clubs, qui s'ouvre samedi 14 juin à Miami avec 32 équipes internationales, doit servir de répétition générale. Donald Trump a largement promu ce tournoi et annoncé qu'il remettrait personnellement le trophée au vainqueur le 13 juillet au MetLife Stadium, près de New York.
Pourtant, à l'aube du coup d'envoi, rien ne garantit le succès de l'événement. Selon The Athletic, le site sportif du New York Times cité par Le Monde, à peine 20 000 des 65 000 places du Hard Rock Stadium avaient trouvé preneur pour le match inaugural entre l'Inter Miami de Lionel Messi et l'équipe égyptienne d'Al Ahly.
La politique migratoire de l'administration Trump explique en partie cette frilosité. Los Angeles, où se déroulent plusieurs rencontres du tournoi, est depuis plusieurs jours le théâtre de tensions entre manifestants dénonçant les interpellations massives de sans-papiers et l'armée déployée sur ordre présidentiel. La chaîne NBC Floride a également révélé le 11 juin que des agents de l'Immigration and Customs Enforcement (ICE) et du service des douanes seraient présents aux abords des stades, précisant que « les fans non américains assistant aux rencontres devraient disposer d'un document attestant de la légalité de leur présence sur le territoire », rapporte Le Monde.
Cette atmosphère hostile aux étrangers inquiète déjà les professionnels du tourisme. Selon un rapport de Tourism Economics cité par le quotidien français, les entrées sur le sol américain devraient reculer de 5,1 % en 2025, contre une hausse anticipée de 8,8 % avant l'élection de Trump, en raison de la « polarisation engendrée par la politique et la rhétorique du gouvernement Trump ».
La situation s'est encore durcie avec l'entrée en vigueur le 9 juin d'un nouveau « travel ban » interdisant l'entrée aux ressortissants de 12 nations, dont l'Afghanistan, Haïti et l'Iran, avec des restrictions partielles pour sept autres pays comme le Venezuela. Si des exceptions sont prévues pour les footballeurs et athlètes, elles ne concernent pas le public, compromettant notamment la venue des supporters iraniens pour le Mondial 2026.
Un "travel ban" qui complique l'accueil des supporters
« L'arrivée en masse d'étrangers va être un défi pour l'administration Trump, qui tient un discours très xénophobe », analyse Paul Dietschy, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Besançon, interrogé par Le Monde. « Beaucoup de supporteurs, en particulier les Sud-Américains, sont issus de zones géographiques qui ne sont pas les bienvenues aujourd'hui aux États-Unis. Il y a des rencontres où il pourrait ne pas y avoir grand monde. Avec le risque, au final, que la Coupe du monde des clubs, comme celle de sélection en 2026, soit un flop. »
Car pour Donald Trump, ces événements sportifs ne sont pas qu'une question de divertissement. « Donald Trump utilise le sport comme un vrai outil politique. Son idée, c'est de s'associer à des rendez-vous sportifs très suivis pour en faire un levier d'influence et de soft power », explique au Monde Kévin Veyssière, expert en géopolitique du sport. « Concernant la Coupe du monde, ce n'est pas le football en lui-même qui l'intéresse, mais le fait d'accueillir un événement planétaire qui réunit le plus de téléspectateurs au niveau mondial. »
L'équipe de Trump n'hésite d'ailleurs pas à présenter le Mondial 2026 comme « le plus grand événement sportif de l'histoire », précisant que le président compte saisir cette occasion pour « célébrer l'excellence américaine » et la « fierté nationale ». L'enjeu est d'autant plus important que le Mondial aura lieu quatre mois avant les élections de mi-mandat, souvent déterminantes pour le scrutin présidentiel suivant.
« Pour lui, c'est une occasion de montrer la puissance américaine, en donnant l'image que les États-Unis vont très bien sous sa présidence », poursuit Kévin Veyssière. Une stratégie que confirme Jean-Baptiste Guégan, spécialiste en géopolitique du sport à Sciences Po Paris : « Le sport a toujours été un moyen d'avoir une vitrine d'exposition personnelle » pour Donald Trump.
L'organisation conjointe du Mondial 2026 avec le Canada et le Mexique pourrait également poser problème. Trump a créé en mars une « task force » pour superviser les préparatifs, mais celle-ci ne comprend aucun représentant des deux pays co-organisateurs. Les relations entre Washington et ses voisins sont particulièrement houleuses depuis le retour de Trump, entre les droits de douane qu'il veut imposer, sa volonté proclamée d'« annexer » le Canada ou son initiative de renommer le golfe du Mexique « golfe d'Amérique ».
Ces frictions suscitent des craintes légitimes sur la capacité des trois pays à coopérer efficacement. Pourtant, l'organisation représente un défi colossal. Pour Gianni Infantino, président de la FIFA, cela revient à gérer « trois Super Bowl par jour pendant un mois ». Une complexité qui ne semble pas inquiéter Trump, qui balayait le 6 mai : « Je pense que cela rendra la compétition plus excitante. La tension est une bonne chose. »
Reste à savoir si cette approche conflictuelle permettra aux États-Unis de réussir le pari de ces grands rendez-vous sportifs, ou si la politique trumpienne finira par gâcher la fête qu'elle prétend orchestrer.
CONSTRUIRE NOTRE AGRICULTURE À PARTIR DE NOS RÉALITÉS
Président d’honneur du Cncr et du Réseau des organisations paysannes et des producteurs de l’Afrique de l’Ouest (Roppa), Mamadou Cissokho a consacré plus de 40 ans à la défense des agricultures familiales africaines.
Président d’honneur du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr) et du Réseau des organisations paysannes et des producteurs de l’Afrique de l’Ouest (Roppa), Mamadou Cissokho a consacré plus de 40 ans à la défense des agricultures familiales africaines. À Lomé, où il participe aux Boad Development Days, il a accordé cette interview au Soleil. Un entretien dans lequel il commente l’actualité agricole sénégalaise et africaine avec ce franc-parler qui le caractérise.
M. Cissokho, vous prenez part aux Boad Development Days, dont le thème porte sur la transition énergétique et l’agriculture durable. Qu’est-ce que cela vous inspire comme commentaire ?
C’est une thématique assez globale. Maintenant, les thèmes sont moins importants que le contenu. Donc, si on est d’accord sur le contenu, ça peut être important. Parce que les solutions fondées sur les opportunités concernant le sujet, c’est important.
Depuis une quarantaine d’années, vous vous battez pour l’agriculture et la reconnaissance des agriculteurs. Avez-vous le sentiment, aujourd’hui, que les choses ont évolué ?
Le combat qu’on mène depuis 40 ans, c’était d’abord la reconnaissance de l’identité des paysans. Avant l’indépendance et même après, les paysans n’étaient pas reconnus. On les prenait juste pour des cultivateurs, des gens qui grattent le sol, qui ne connaissaient rien, à qui il fallait tout apprendre, et dont il fallait parler à la place. Notre combat, en tant que mouvement paysan sénégalais autonome, c’était d’abord la reconnaissance et la défense de notre dignité. Parce qu’avant l’arrivée des Blancs, les gens cultivaient. Ils avaient des exploitations, ils faisaient de la pêche, de l’élevage. Et tout cela se faisait dans les familles, qui étaient des entreprises multifonctionnelles et multidimensionnelles : elles géraient les risques, formaient les jeunes, qui reprenaient les fermes. Mais tout cela a été ignoré. C’était le sens de notre combat. Par la grâce de Dieu tout n’est pas réglé, mais des avancées notoires ont été obtenues. C’est pourquoi, aujourd’hui, nous sommes parties prenantes de nombreux processus, jusque dans l’élaboration des politiques agricoles.
Il n’empêche, certains pensent toujours que l’agriculture reste un secteur par défaut, et non par choix, surtout chez les jeunes. Avez-vous cette impression ?
Oui, effectivement. Il y a trois éléments qui expliquent cette situation. Le premier, c’est qu’à l’école, certains enseignants disent aux élèves : « Si tu ne réussis pas, tu iras cultiver ». Cela veut dire que ce sont ceux qui échouent qui doivent devenir paysans. Deuxièmement, les parents d’élèves ruraux, quand leurs enfants deviennent ingénieurs, vétérinaires ou forestiers, et qu’ils leur demandent des terres pour investir, répondent : « On ne t’a pas envoyé à l’école pour que tu reviennes cultiver ». C’est donc devenu un problème culturel, lié au fait que le paysan n’était pas reconnu à sa juste valeur. Mais il y a quand même quelques jeunes qui se sont battus et qui sont aujourd’hui installés.
Le troisième élément qui n’encourageait pas les jeunes à cultiver, c’est la pénibilité du travail. Tout se faisait à la main avant l’arrivée de la traction animale, etc. Nous avons toujours demandé qu’on fasse des études approfondies sur la répartition des gains sur la chaîne de valeur. Qui gagne sur l’arachide ? On dit qu’on l’achète à 325 ou 400 francs le kilo. Mais si on suit tout le processus, combien ce kilo d’arachide a-t-il généré en revenus, et combien le paysan a-t-il gagné ? Nous continuons de dire : faisons des études pour savoir, pour chaque produit, de la production à la consommation, combien cela génère, et qui gagne quoi. Parce que les gens travaillent pour gagner.
Vous avez parlé de la pénibilité du travail. D’aucuns résument la modernisation de l’agriculture à l’acquisition de machines. Est-ce forcément lié ?
Non, du tout. Il y a deux choses. La mécanisation devait suivre un système de formation. Aujourd’hui, quand vous vous promenez dans les zones agricoles du Sénégal, vous constaterez un nombre incalculable de tracteurs, de moissonneuses, de batteuses en panne, parce qu’il n’y a pas eu de package. C’est-à-dire : des gens formés pour réparer, des pièces de rechange disponibles partout, et également une éducation à la machine. Alors, la modernisation devient un mot avec des points de suspension. Qu’est-ce que c’est, « moderne » ? Il n’y a pas de règle unique de la modernisation. C’est comme le bien-être, être heureux. Chacun a sa propre définition. Certains disent qu’être heureux, c’est avoir trois ou quatre femmes, une voiture, une belle maison. C’est leur droit. Moi, je préfère une transformation maîtrisée à une modernisation imposée.
En milieu rural, la cohabitation entre exploitations familiales et agrobusiness n’est pas évidente. Comment trouver le juste équilibre entre les deux systèmes agricoles ?
L’agriculture familiale est une réalité. Avant l’arrivée des Blancs, les gens étaient là. Les sociétés étaient organisées autour de l’agrosystème pastoral. Je ne connais pas un être humain qui veuille rester petit. Tout le monde aspire à évoluer. Mais cela doit être structuré. L’agrobusiness, comme on l’a vu, repose souvent sur l’accaparement de vastes terres. Cela veut dire quoi ? Quand on donne à quelqu’un 200 hectares à cultiver, forcément il enlèvera tous les arbres. Or, au Sénégal, notre problème numéro un, c’est la désertification. Et quand on donne des terres arborées à des gens qui les déboisent, il y a un problème. Beaucoup disent que des terres ne sont pas exploitées. Mais ils oublient que nos 15 millions de bovins et de brebis ne sont pas enfermés : ils se déplacent. Donc il faut arrêter de dire que ce sont des terres non exploitées. Nous pensons, au contraire, qu’il n’y a pas assez de terres. L’agrobusiness devrait investir dans la transformation et les infrastructures de stockage.
Justement, on a observé cette année une surproduction d’oignons et de pommes de terre bradée à vil prix faute de conservation. Cette production couvre pourtant nos besoins. Que pensez-vous de ce paradoxe ?
À l’époque, quand on discutait avec l’État pour promouvoir la consommation d’oignons sénégalais, le gouvernement a réuni toutes les parties : la recherche, les producteurs, les banques, et même les femmes du commerce de détail. Ces femmes ont dit que notre oignon contenait trop d’eau. On a demandé à l’Isra de travailler là-dessus. Les banques ont indiqué qu’il était difficile de financer une filière non structurée. Les paysans ont évoqué les taux de crédit. On a convenu qu’il fallait s’occuper de toute la chaîne : production, qualité, stockage, transformation. Ce fameux secteur privé qu’on invoque jour et nuit, il était là. C’était à lui de faire les magasins de stockage, les chambres froides. Nous, paysans, ne pouvons pas le faire, même avec de l’argent, car gérer une chambre froide est un métier. Cela ne nous dérange pas qu’un privé exploite 50 hectares, mais cela nous inquiète quand on parle de 200 ou 300 hectares. On n’est pas contre le fait qu’un Sénégalais ou même un étranger exploite des terres, mais il faut qu’il investisse aussi dans les maillons que nous, paysans, ne pouvons pas assumer. Le privé n’a qu’à installer deux ou trois chambres froides, des magasins de stockage, produire un peu. Nous serons alors complémentaires.
Comment appréciez-vous, de manière globale, la politique agricole au Sénégal et son évolution à travers le temps et les différents régimes politiques ?
J’ai appris que le chef de l’État Bassirou Diomaye Faye va présider, au mois de juillet prochain, le Conseil supérieur de l’agro-sylvo-pastoral. Quand Abdoulaye Wade est arrivé au pouvoir en 2000, il avait lancé cette formidable idée de loi d’orientation agro-sylvo-pastorale et halieutique. Nous étions autour de la table. Et là, nous félicitons le gouvernement de Wade, qui avait accepté de nous donner des ressources pour aller dans les zones agro-écologiques, parler avec tout le monde. Et je peux dire que 70 % du contenu de cette loi provient de ce que nous avons proposé. Alors, la difficulté – et je crois que l’ancien Premier ministre béninois, Lionel Zinsou, l’a dit dans son intervention lors du panel d’ouverture – c’est qu’il faut financer autrement, et financer autre chose. C’est ce que nous avons toujours répété. Les établissements de microfinance finançaient à un taux de 24 % par an, soit 2 % par mois.
La Bceao trouvait cela normal. Nous leur avons signifié que ce système allait paupériser le monde rural. Car rembourser un crédit suppose que l’activité ait généré un bénéfice. Nous avons négocié et réussi à faire baisser le taux de 12,5 % à 7,5 %. Mais la faiblesse chez nous, c’est que, jusqu’à présent, les paysans ne sont pas assez structurés en coopératives ou en Gie pour constituer un collège de producteurs. Parce que quand on parle d’interprofession de l’oignon, cela commence par produire l’oignon. Après, tout le reste vient. Si nous voulons, nous les paysans, avancer, nous devons faire confiance aux interprofessions. Ce sont des lieux de débat sur les filières. Cela n’empêche pas les différents collèges de producteurs de se retrouver dans le Cncr pour peser davantage. Car les industriels sont ensemble, les entreprises sont ensemble.
Les coopératives agricoles ont joué un rôle important par le passé, mais se sont effondrées au fil du temps. Aujourd’hui, une politique de relance des coopératives communautaires est évoquée. Que faut-il faire pour éviter les erreurs du passé ?
Les premières coopératives ont été créées à l’indépendance, à partir de l’arachide, car ce sont les Libanais et les Syriens qui organisaient l’achat et l’évacuation de ce produit. Mamadou Dia a trouvé que cela n’était pas normal. L’idée des coopératives agricoles est née de ce constat. Mais il y a eu un grand manquement. Les gens faisaient des assemblées générales, payaient leurs parts sociales. Mais une coopérative est une association volontaire : des gens se regroupent entre eux. Et de A à Z, ce sont eux qui doivent tout gérer. Malheureusement, ces coopératives étaient dirigées par des agents de base logés à l’Oncad, donc sous tutelle de l’État. Cette gestion verticale par l’administration a brisé un facteur essentiel : la gestion à la base, par les acteurs eux-mêmes, qui se réunissent, échangent, décident ensemble.
Aujourd’hui, le ministre veut lancer des coopératives communautaires. C’est bien. Cependant, quand on est dans un pays où la coopérative a une histoire, il faut analyser cela. Et nous attendons toujours des explications sur la faisabilité. Car les coopératives d’avant n’avaient pas de champs en commun. Elles intervenaient dans la commercialisation, l’équipement, le crédit. Les champs restaient familiaux, individuels. Le ministre a signé un accord avec le Cncr, qui lui a demandé d’aller d’abord voir ces coopératives. Car le Cncr accompagne des coopératives totalement autonomes, qui ne demandent rien, et qui gèrent leurs affaires à leur manière. Le Cncr est en train d’en identifier quelques-unes pour les montrer au ministre. Donc nous pensons qu’on va se retrouver.
Vous avez toujours défendu l’idée de s’affranchir des modèles occidentaux en agriculture. Que proposez-vous en retour ?
Notre conviction, c’est de fonctionner comme les familles. Chaque famille évolue à partir de ses propres ressources. Même avant que Trump ne bloque certains financements liés à l’agriculture, nous avons toujours dit à nos États, à l’Uemoa, à la Cedeao de faire des plans en fonction de nos ressources, de ce qui nous appartient, et des possibilités d’évolution de ces ressources. Ainsi, nous serions sur quelque chose de sûr. Et comme certains partenaires veulent des choses chez nous – par exemple le gaz ou le pétrole – nous devons être en mesure de leur proposer de financer des programmes bien définis. Mais si on prend un grand programme, même le meilleur au monde, et qu’il est exécuté à 80 % ou 100 % par d’autres personnes, il ne faut pas s’étonner si ça ne marche pas.
Il y a trois éléments sur lesquels nous voulons insister. D’abord, la subsidiarité : ce que la commune peut faire, qu’elle le fasse ; idem pour la famille, le département, le pays, la région. Deuxième élément : la mutualisation. L’Uemoa a été créée pour cela. Il n’est pas normal que, pour les mêmes types de financement (climat, par exemple), chacun reste dans son coin. Tout cela doit être coordonné, et c’est le rôle fondamental du gouvernement.
LE SÉNÉGAL MOBILISE 77 MILLIARDS DE FCFA SUR LE MARCHÉ DES TITRES PUBLICS
Cette opération, initialement prévue pour 70 milliards, a enregistré une forte demande des investisseurs, confirmant l’intérêt soutenu pour les titres souverains sénégalais.
Le 13 juin 2025, le Sénégal a mené une opération de levée de fonds initialement prévue à 70 milliards FCFA. Cependant, la demande des investisseurs a été si forte qu’ils ont soumis un total de 79,228 milliards FCFA, atteignant ainsi un taux de couverture de 113,18 %.
L’absorption a atteint 97,19%, reflétant l’attrait des marchés pour la signature sénégalaise. L’émission proposait deux catégories de titres : des bons du Trésor assimilables (BAT) d’une durée de 364 jours, arrivant à échéance le 14 juin 2026, et des obligations assimilables du Trésor (OAT) d’une durée de 3 ans, qui arrivent à maturité le 2 juin 2028.
Pour les BAT d’une durée d’un an, 42,471 milliards FCFA ont été sélectionnés sur les 44,7 milliards suggérés, avec un taux marginal de 6,98 % et une rentabilité moyenne pondérée de 7,25 %. Les obligations assimilables du Trésor de 3 ans ont été entièrement fournies à hauteur de 34,528 milliards FCFA, affichant un coût marginal de 95,30% et un taux de rendement de 7,44%.
L’émission a attiré 21 participants de l’espace UEMOA, avec une répartition géographique diversifiée. La Côte d’Ivoire s’est positionnée comme le principal souscripteur avec 40,18 milliards FCFA retenus, suivie du Sénégal lui-même (28,286 milliards) et du Bénin (6,365 milliards). Le Burkina Faso et le Togo ont également participé à l’opération.
Ce tour de financement fait partie de la stratégie du gouvernement sénégalais pour couvrir ses besoins budgétaires et reflète la confiance persistante des investisseurs régionaux en ce qui concerne les titres souverains du pays.
LES ÉVÊQUES DU SÉNÉGAL APPELLENT À UNE CAMPAGNE AGRICOLE RIGOUREUSE
Réunis en session ordinaire au Cap des Biches, les évêques ont également alerté sur les risques d’inondations, la cherté de la vie, et plaidé pour un dialogue national sincère en faveur d’un Sénégal uni et pacifié.
Les évêques du Sénégal ont lancé un appel pressant aux autorités étatiques pour une préparation rigoureuse de la campagne agricole, visant à assurer une réelle souveraineté alimentaire pour le pays.
Cette déclaration a été faite vendredi, en clôture de leur deuxième session ordinaire, tenue au Cap des Biches, près de Dakar.
Monseigneur Jean Baptiste Valter Manga, évêque de Ziguinchor et porte-parole du jour, a souligné l’importance de ce travail de la terre.
« Les évêques exhortent au travail de la terre et invitent les autorités étatiques à une bonne préparation de la campagne agricole, en vue d’une réelle souveraineté alimentaire », a-t-il déclaré lors de la conférence de presse.
Prévention des inondations et cherté de la vie
Au-delà de l’agriculture, les évêques ont également exprimé leurs préoccupations concernant les inondations qui menacent de nombreuses populations.
Ils ont encouragé toutes les mesures que l’État et les collectivités locales prendront pour y faire face, tout en invitant les citoyens « à respecter les règles civiques de base, en prenant soin de leur environnement et en observant toutes les normes de sécurité« .
Concernant la cherté de la vie, les évêques ont souhaité que le gouvernement « continue ses efforts pour alléger la souffrance et réduire la précarité de beaucoup de familles, malgré la conjoncture économique difficile ».
Appel au Dialogue et à la Paix
Un point central de leurs échanges a été le dialogue national. Les évêques se sont félicités de l’initiative du chef de l’État de convoquer un dialogue national sur le système politique, prévu du 28 mai au 4 juin 2025 à Diamniadio.
Ils ont réitéré l’engagement de l’Église à « œuvrer à côté des pouvoirs publics pour bâtir un Sénégal uni et prospère, un Sénégal de justice et de paix », encourageant tous les acteurs à « privilégier par-dessus tout le dialogue vrai et sincère ».
Ils attendent que le consensus issu de ces assises contribue à renforcer la démocratie pour le bien-être des populations.