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7 juin 2025
ARSENAL DOMINE LE REAL, L’INTER PREND UNE OPTION À MUNICH
La Ligue des champions a offert un spectacle de haut niveau pour les quarts de finale aller. Les Gunners ont brillamment disposé des Merengue grâce à une prestation aboutie, tandis que l’Inter Milan s’est imposé sur la pelouse du Bayern.
La Ligue des champions était de retour ce mardi avec les quarts de finale aller. Arsenal en a profité pour frapper un grand coup en atomisant le Real Madrid 3-0. L’Inter a de son coté obtenu un précieux succès sur la pelouse du Bayern.
En quête de grandeur, Arsenal avait devant lui le plus grand club de l’histoire de la Ligue des champions. Et pourtant, ce soir, on aurait dit que les Gunners étaient les gros, et les Madrilènes des petits poucets qui découvraient un 1/4 de la Ligue des champions, tant la différence de niveau entre les deux équipes était flagrante. Au-delà du score de 3-0, c’est l’intensité et tous les ingrédients mis par Arsenal pour réaliser cette prouesse, l’un des plus grands de son histoire, qui a impressionné.
Comme dans chaque exploit, il faut un homme pour écrire l’histoire. Et aujourd’hui pour les Gunners, le canonnier en chef se nommait Declan Rice. L’Anglais a d’abord trouvé la mire (58e) sur un magnifique coup franc au-dessus du mur, imparable pour Thibaut Courtois qui ne peut que constater les dégâts. … avant de récidiver, douze minutes plus tard, cette fois côté gardien. Deux angles, même résultat, le Real est groggy, Arsenal mène 2-0. Et ce n’était pas fini puisque Mikel Mérinos va porter l’estocade à la 75ème minute. Les Gunners l’emportent 3-0 et peuvent aborder paisiblement le quart retour mercredi prochain au Santiago Bernabeu.
L’Inter crucifie le Bayern
Dans l’autre quart de ce jour, le Bayern Munich recevait l’Inter pour un remake de la finale de 2010. Et comme ce soir-là, les Italiens l’ont emporté, cette fois sur le score de 2-1. Lautaro Martinez (38e), avait ouvert le score sur une magnifique inspiration de l’extérieur du pied droit après une formidable action collective de plus de deux minutes. Thomas Müller a égalisé pour les Bavarois (85e). Mais trois minutes plus tard, Frattesi a donné le succès aux Intéristes.
PAR AHMADOU ALY MBAYE
LE CHANGEMENT CLIMATIQUE MET À NU LES DÉFAILLANCES DE L’ÉTAT ET ATTISE LA VIOLENCE AU SAHEL
Il est également estimé que le changement climatique coûte à l’Afrique entre 17 et 28% de sa valeur ajoutée agricole, contre seulement un taux variant entre 3 et 16%, pour le reste du monde
La région sahélienne fait partie des régions du monde les plus touchées par la crise climatique. C’est donc sans surprise que dans son rapport de 2007, le GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’évolution du climat) la considère comme un « hotspot climatique », où les effets du changement climatique se font le plus sentir au monde, avec des niveaux de hausse de température et de variations des précipitations à nulle autre pareille. Dans le même temps, la crise sécuritaire atteint dans la sous-région un niveau de violence et de propagation d’une rare intensité. Si le changement climatique a des effets directs et indirects sur l’exacerbation des conflits dans le Sahel, les défaillances institutionnelles auxquelles les pays de la sous-région font face, en sont des causes profondes, qui devraient être prises en charge, en même que l’adaptation au climat pour mettre un terme au cycle de violence observé.
Le changement climatique induit des conflits autour de ressources qui se raréfient
Le changement climatique se manifeste à travers une hausse des températures et des variations erratiques des précipitations, avec de notables implications sur les ressources naturelles dont dépendent l’immense majorité des populations africaines. Selon les données de KNMI, tous les six pays du Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad) ont connu, dans le long terme (de 1944 à 2021), d’importantes variations de précipitations, accompagnées d’une tendance générale à la baisse de la pluviométrie moyenne. Par exemple, pour le Burkina Faso, elle est passée de 800mm en 1944 à 350mm en 2021. Dans le même temps, les hausses de température ont souvent dépassé le degré Celsius entre les années 1940 et 2000, selon les données de CMIP6 (Coupled Model Intercomparison Project).
Ces tendances climatiques ont eu sur l’agriculture et l’économie africaines des conséquences assez fâcheuses. Selon les estimations de la FAO, le continent africain a perdu plus de 60% de ses terres arables entre 1968 et 2018. Il est également estimé que le changement climatique coûte à l’Afrique entre 17 et 28% de sa valeur ajoutée agricole, contre seulement un taux variant entre 3 et 16%, pour le reste du monde. Dans les pays du Sahel, ses effets sont encore plus dévastateurs que pour le reste du continent. Par conséquent, l’insécurité alimentaire touche de plein fouet la sous-région. Sur les 113 pays du monde couverts par le classement du GFSI (Global Food Security Index), les pays du Sahel occupent la queue de peloton. Le Sénégal est 87e, le Burkina 97e, le Niger 104e, et le Tchad 108e.
La raréfaction des moyens de subsistance liée au changement climatique pour différentes catégories socio-économiques (agriculteurs, éleveurs, pêcheurs, chasseurs, etc.) a eu d’énormes implications sur les conflits dans le Sahel. Selon les projections du CEGA (Center for Effective Global Action – Université Californie-Berkeley), les hausses de températures prévues pour le continent à l’horizon 2030, entraineront une augmentation de l’incidence des conflits de l’ordre de 54%, avec un nombre de morts liés à ces conflits estimé à 393000. De plus, toutes les fois que la température augmentera de 1°C, l’incidence de guerre civile dans le Sahel augmentera de 4,5% dans la même année et de 0,9% l’année suivante.
Les conflits entre éleveurs et agriculteurs en cours dans la plupart des pays du Sahel illustrent bien ce cas de figure. Avec l’assèchement de terres jadis humides, les agriculteurs se déplacent vers des zones antérieurement occupées par les éleveurs. De même, des zones de pâturage antérieurement empruntées par les éleveurs, qui s’assèchent avec le changement climatique, détournent ces derniers vers des terrains occupés par les agriculteurs y provoquant des conflits dévastateurs. Il se dessine ainsi une claire ligne de démarcation entre les éleveurs (Peulhs et Touaregs, souvent musulmans) et les agriculteurs (Sonrai, Bambara, souvent animistes ou chrétiens), faisant de ces conflits autour des ressources naturelles, des conflits à tendance communautaire (interethnique ou interreligieux), notamment au Mali et au Niger. Dans les zones urbaines, on note une très forte corrélation entre les variations de prix (résultant en partie du changement climatique) et la prévalence des émeutes et manifestations violentes.
Le rôle crucial que jouent l’État et ses institutions.
Si le rôle du changement climatique dans le déclenchement et l’exacerbation des conflits est indéniable, la défaillance de l’État dans la gestion et la prévention de ces conflits, constitue une cause profonde de telles crises.
Les échecs de l’État se manifestent d’abord à travers sa faible emprise sur le territoire national. La faiblesse des infrastructures de désenclavement fait que beaucoup de zones éloignées des centres urbains sont, de fait, inaccessibles aux services de l’Etat, en particulier, les services de sécurité. C’est ainsi que des pans entiers du territoire national, principalement ceux situés dans les zones arides et semi-arides, apparaissent à peine dans les registres cadastraux. La représentation politique des populations vivant dans les zones marginalisées est beaucoup plus faible en Afrique que la moyenne mondiale. Selon les données du Global Minorities at Risk Project, les groupes marginalisés, jusqu’à 65% des minorités ethniques et politiques en Afrique, sont exclues des hautes positions politiques, de la fonction publique et de l’armée. Et le niveau de ségrégation atteint par ces minorités est 70% plus sévère que ce qui est observé dans les autres régions hors d’Afrique. Du fait de la nature clientéliste des régimes africains, l’État favorise souvent les groupes ethniques et les régions géographiques qui sont favorables au régime en place, et mettent de côté ceux qui sont moins connectés au pouvoir. Avec l’important niveau de présidentialisme et la concentration des pouvoirs qui en découle, l’État accorde beaucoup de récompenses politiques sous formes d’emplois publics, d’allocations budgétaires orientées vers les régions concernées, des licences d’importation et marchés publics octroyés sur une base clientéliste, etc.
La politique de répartition des ressources et des risques qui favorise certains au détriment des autres est ainsi un important facteur de déclenchement des conflits. La recrudescence de la prolifération des armes dans la zone, depuis la crise libyenne, a également joué un rôle amplificateur. Avec les nouvelles formes de rareté induites par le changement climatique, la situation de fragilité dans laquelle nos pays vivent se dégénère ainsi facilement en conflits ouverts.
Concilier adaptation au climat et mise à niveau institutionnelle
Si le Sénégal est relativement épargné des turbulences armées qui prévalent dans le Sahel, il partage avec ses voisins une exposition similaire aux effets du changement climatique, et fait toujours face à d’importants défis institutionnels. Pour contenir les menaces à sa stabilité nationale, liées aux deux facteurs, il aura besoin d’apporter des réformes significatives à son système politique et de gouvernance, et en même temps développer un plan réaliste de résilience aux effets du climat.
Au niveau de la gouvernance et du développement institutionnel, il ne fait aucun doute que le Sénégal fait beaucoup mieux que ses voisins. Mais la fréquence et l’intensité des violences civiles observées sur le champ politique, ces dernières années, constituent des signaux d’alarme à prendre au sérieux. Le pays aura besoin de stabiliser les règles du jeu électoral, à travers un processus de concertation participatif et inclusif garantissant des élections transparentes et apaisées. Mais le besoin d’approfondissement du système politique sénégalais aura certainement besoin d’aller au-delà du processus électoral. La consolidation de l’État de droit, une meilleure définition des rapports entre le citoyen et l’État, une meilleure protection des droits de propriété et des libertés économiques sont des dimensions importantes des réformes à entreprendre.
En revanche, les actions à entreprendre pour développer une résilience au climat auront besoin de moyens qui vont au-delà des ressources budgétaires disponibles dans nos pays. Certains modèles de prévision des effets du changement climatique sur seulement les zones côtières africaines (modèle DIVA) font état de besoins d’investissements qui atteignent 300 milliards de dollars, compte non tenu des charges récurrentes annuelles requises pour la maintenance de ces investissements. Si le Sénégal devait prendre seul en charge ces investissements liés à l’adaptation, il lui faudrait considérer en plus les investissements nécessaires pour seulement couvrir ses besoins de développement usuels. En effet, le but de l’adaptation est de simplement prendre en charge les défis additionnels au développement résultant du changement climatique, compte non tenu des autres défis ne résultant pas des effets du climat. De plus, au nom de la justice climatique, les pays développés et émergents qui ont davantage contribué que les autres au changement climatique doivent moralement et juridiquement contribuer leur juste part dans l’effort d’adaptation, au niveau international.
MACKY SALL REJOINT LE CONSEIL DE LA FONDATION MO IBRAHIM
L’ancien président sénégalais est rejoint par Lord Mark Malloch-Brown et Josep Borrell, tandis que Moussa Faki Mahamat intègre le Comité du Prix Ibrahim.
La Fondation Mo Ibrahim a annoncé l’arrivée de nouveaux membres au sein de son Conseil et de son Comité du Prix Ibrahim, avec une attention particulière portée à l’arrivée de S.E. Macky Sall, ancien président du Sénégal (2012-2024). Un acteur majeur de la scène politique africaine, Macky Sall a également présidé la CEDEAO et l’Union africaine, affirmant ainsi son rôle de leader continental. Sa vision et son expérience enrichiront sans doute les initiatives de la Fondation, qui œuvre pour promouvoir un leadership d’excellence en Afrique.
Outre Macky Sall, deux autres personnalités de renom rejoignent le Conseil : Lord Mark Malloch-Brown, ancien président des Open Society Foundations et ex-ministre pour l’Afrique du Royaume-Uni, et S.E. Josep Borrell, ancien Haut Représentant de l’Union Européenne pour les affaires étrangères. Le Comité du Prix Ibrahim accueille également S.E. Moussa Faki Mahamat, ancien président de la Commission de l’Union africaine et ancien ministre des Affaires étrangères du Tchad.
Mo Ibrahim, fondateur de la Fondation, a exprimé sa satisfaction quant à l’arrivée de ces figures prestigieuses : « Nous sommes ravis d’accueillir ces personnalités de talent. Leur expertise nous permettra d’aborder certains des défis les plus pressants auxquels l’Afrique et le monde sont confrontés aujourd’hui. »
Le Conseil de la Fondation, qui guide les stratégies de l’organisation, et le Comité du Prix Ibrahim, responsable de la sélection des lauréats du Prix Ibrahim, poursuivent leur mission de soutenir un leadership africain éclairé et responsable.
LES FEMMES DU BOIS SACRÉ, GARDIENNES DE LA TRADITION ET DE LA PAIX EN CASAMANCE
Héritières de savoirs séculaires, elles veillent dans l’ombre à la paix, soignent avec les plantes, et jouent un rôle discret mais crucial dans la résolution des conflits.
Dialan Bantang, situé à Soucoupapaye, un quartier de Ziguinchor (sud), est un lieu mythique devenu au fil des années le sanctuaire des femmes du bois sacré. Dans ce site sacré entouré d’un forte végétation, elles parlent aux esprits pour résoudre des problèmes graves qui peuvent perturber la quiétude de la société.
Il y a des rites pour l’âme des morts, pour bénir les mariages, d’autres pour invoquer la paix. Le bois sacré est un pilier de la société casamançaise traditionnelle. On y trouve nombre d’objets chargés de sens : têtes d’animaux plantées dans le sol, canaris à moitié ensevelis, bâtons et piquets fichés sur des monticules de terre entourés d’arbres appelés ‘’Bakin’’. Les femmes qui peuvent y pénétrer sont héritières de connaissances ancestrales. En cas d’épidémie, de sécheresse et d’autres calamités, elles y séjournent pour conjurer le mauvais sort.
En Casamance, chaque ethnie possède son bois sacré : les Diolas, les Baïnounks, les Balantes, les Mancagnes et les Manjacks. Parmi les femmes du bois sacré, on compte aussi des chrétiennes et des musulmanes. ‘’Chaque village a un bois sacré où se retrouvent les femmes pour échanger, parler des faits divers, régler des conflits et mener toutes les activités liées au village”, explique Marie Rosalie Coly, présidente des femmes du bois sacré du quartier Djibélor, visiblement satisfaite de recevoir ses visiteurs dans son domicile situé à la cité Biagui, un quartier de la commune de Ziguinchor.
Prenant le soin de parler aux esprits avant de répondre aux questions de l’APS, Marie Rosalie Coly renseigne que les femmes du bois sacré sont les détentrices de la tradition et qu’elles perpétuent l’œuvre des ancêtres. L’activité phare des femmes du bois sacré est constituée de rituels, de prières, de méditation et de pratiques phytothérapeutes.
”Nous soignons avec les plantes et procédons à des rituels, des sacrifices, des libations entre autres’’, énumére-t-elle, rappelant que son bois sacré est l’un des plus grands bois sacrés de la Casamance et comprend des femmes de confréries et d’ethnies différentes.
Pour Louis Tendeng, ancien combattant du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), chez les diolas, les femmes du bois sacré jouent un rôle important. ‘’Quand il y a des problèmes au niveau du village, ce sont elles qui interviennent sur le plan mystique. Quand il y a des conflits entre villages ou quartiers, elles interviennent et essayent de les résoudre. Et quand elles s’interposent, les belligérants mettent fin à leurs hostilités”, explique-t-il.
Un rôle de veille
‘’Nous n’intervenons pas dans la politique, mais jouons un rôle de veille dans notre région. Si ça ne va pas, nous appelons les politiques à de meilleurs sentiments afin qu’ils se retrouvent autour de l’essentiel. Ce qui prime pour nous, femmes du bois sacré, c’est la paix’’, affirme la présidente des femmes du bois sacré de Djibélor et reine mère ‘’Apoye Etam’’ (celle qui est sur la terre, en diola) des bois sacrés de la Casamance. Elle soutient que ‘’les femmes du bois sacré ne doivent pas se ranger derrière un homme politique’’.
‘’Nous sommes les mamans de tout le monde, des combattants, des militaires et des politiques. Nous ne devons pas nous mettre derrière une personnalité politique’’, confie-t-elle, exhortant la population à faire la part des choses, car elles jouent un ‘’rôle de veille et de protectrices de la population’’.
‘’Nous nous retrouvons pour prier, mais pas pour nous promener dans les rues. Les femmes du bois sacré sortent parce qu’il y a un évènement, des problèmes sociaux, une maladie ou un fléau. En général, nous sortons la nuit et nous nous habillons en noir’’, renseigne Rosalie Coly.
Un avis partagé par Louis Tendeng qui fut le bras droit de Léopold Sagna, un des fondateurs du MFDC, selon qui, ‘’les femmes du bois sacré n’interviennent pas dans la politique’’.
‘’Il y a, de nos jours, certaines femmes qui se revendiquent du bois sacré. On les voit partout. À l’époque, les femmes du bois sacré ne géraient que les problèmes de la société. Le rôle des femmes du bois sacré n’est pas d’intervenir en politique. Elles sont apolitiques’’, précise-t-il, faisant allusion au déplacement l’année dernière d’un groupe de femmes à Dakar venues au secours du leader du parti PASTEF et actuel Premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko.
‘’Les femmes du bois sacré doivent seulement travailler sur les questions mystiques et sur les préoccupations des populations. On n’a jamais connu des femmes du bois sacré dans la politique’’, insiste Louis Tendeng.
Des femmes se sont activées après l’éclatement de l’affaire de viol dont Ousmane Sonko était accusé. Ces dernières, vêtues de noir, avaient organisé une longue procession à travers les rues de Ziguinchor, tapant sur des calebasses et entonnant des chansons. Elles s’étaient même déplacées jusqu’à Dakar pour apporter leur soutien à celui qu’elles ont appelé leur ‘’fils’’.
Beaucoup de personnes, interrogées sur cette démarche de ces femmes se réclamant du bois sacré, ont exprimé leur désaccord. Selon elles, la femme du bois sacré ne doit pas se mêler de la politique.
‘’N’est pas femme du bois sacré, qui veut’’
‘’Les femmes du bois sacré ne sortent que quand l’heure est grave. En général, si elles se mobilisent, c’est pour résoudre des problèmes graves qui peuvent perturber la quiétude de la société’’, dit Tendeng. ‘’C’est souvent le cas quand il y a des fléaux graves, comme les maladies infectieuses comme le coronavirus, la tuberculose, les cycles de sécheresse ou les malentendus au sein de la communauté ou des conflits intercommunautaires’’, précise-t-il.
Alors, une procession, composée de femmes d’âge avancé, est organisée. Et ‘’il faut avoir beaucoup de sang-froid pour les approcher tellement leur air est grave’’, indique une source sous le couvert de l’anonymat. Si ces femmes sortent la nuit, poursuit-elle, ‘’on ne peut qu’observer la procession, car ces gardiennes du temple ne parlent jamais, même pas à leurs proches et particulièrement aux hommes’’.
D’ailleurs, les hommes ne les approchent pas en de pareilles circonstances. A leur passage, tout le monde s’empresse de s’écarter pour éviter tout contact physique avec elles, indique un sage de Ziguinchor. Il explique que seuls quelques rares initiés et notamment des gardiens de bois sacrés peuvent décrypter les messages qu’elles lancent à travers leurs chansons et autres rites. ‘’N’est pas femme du bois sacré, qui veut’’, clame la présidente des femmes du bois sacré de Djibélor.
‘’C’est le bois qui t’appelle. C’est mystique. Une personne peut tomber en transe et dire que telle autre doit adhérer, c’est-à-dire qu’elle doit venir nous rejoindre. Et à ce moment, on vient consulter cette dernière et l’aider à joindre le groupe’’, dit-elle, précisant que le pouvoir d’une femme du bois sacré ne se transmet pas de génération en génération.
‘’Nous ne sommes pas des magiciennes. Nous ne faisons pas de la magie. Nous parlons aux ancêtres. Nous communiquons avec eux’’, soutient Marie Rosalie Coly. ‘’Une femme du bois sacré peut tomber en transe et lire l’avenir’’, ajoute-t-elle.
‘’Les femmes du bois sacré consultent leurs fétiches’’, selon Louis Tendeng, indiquant qu’en Casamance, il y a des femmes à qui Dieu a donné un don de voyance. En général, si elles se mobilisent, c’est pour résoudre des problèmes graves qui peuvent perturber la quiétude de la société’’, renseigne un sage de Ziguinchor.
Il rappelle, par exemple, le rôle joué par ces femmes pour juguler le problème lié à l’invasion des criquets pèlerins qui avaient causé des ravages dans presque tout le Sahel au début des années 2000. ‘’À l’époque, elles s’étaient fortement mobilisées pour faire des prières et autres sacrifices dans tous les sanctuaires traditionnels de la région afin de sauver les récoltes. À l’arrivée, nous n’avions vu aucun criquet’’, rappelle-t-il, avant d’ajouter que beaucoup de problèmes graves ont été réglés dans la discrétion par ces femmes.
Selon lui, ‘’dans le conflit casamançais, ces femmes ont été en première ligne pour une solution de paix définitive’’. Il souligne que leur position a été déterminant. ‘’Par le passé, plusieurs villages ont été sauvés par l’intervention des femmes du bois sacré lors de conflits communautaires’’, ont indiqué plusieurs personnes interrogées, qui préfèrent garder l’anonymat.
En première ligne dans la résolution du conflit casamançais
Toutefois, rappellent certains habitants de Casamance, en décembre 1982, au début de la crise casamançaise, les femmes du bois sacré ont aidé à la préparation mystique des combattants du MFDC. Des serments ont été scellés dans le bois sacré avant que les guerriers n’aient pris le maquis. Aujourd’hui, si l’on note une paix en Casamance, c’est en grande partie grâce à ces femmes qui agissent sans tambour ni trompette, dans les forêts, nuit et jour, pour que la paix revienne dans la partie méridionale du Sénégal.
‘’Dans le confit en Casamance, les femmes du bois sacré ont joué un rôle très important. À l’époque, elles se regroupaient à Mangocouro [siège symbolique du mouvement irrédentiste, à Colobane]. Et les hommes étaient à Diabir, [à la périphérie sud de Ziguinchor]. Ces femmes et ces hommes communiquaient jusqu’au moment où la crise a éclaté, puis ont essayé d’intervenir à leur niveau pour sa résolution’’, se souvient Louis Tendeng, ancien combattant du mouvement irrédentiste.
‘’Pendant le conflit, les femmes ont essayé d’apaiser la situation. Elles ne prenaient pas d’armes. Elles étaient avec leurs calebasses qui deviendront des symboles d’apaisement de la situation’’, déclare M. Tendeng. Ce bras droit de Léopold Sagna, un des fondateurs du maquis en Casamance, se souvient de l’action des femmes du bois sacré lors de la marche sanglante de décembre 1982. ‘’Les femmes du bois sacré étaient derrière nous et lorsque les échauffourées ont fait rage avec l’armée, elles couraient dans tous les sens pour nous apporter de l’eau’’, se souvient-il.
En Casamance, les bois sacrés les plus anciens sont ceux de Djibélor (Ziguinchor) et d’Essolel, dans la zone des palmiers, dans le département de Bignona. ‘’Ce sont les deux bois sacrés authentiques du MFDC, où on a préparé les combattants avant de rejoindre le maquis’’, relève Marie Rosalie Coly.
‘’Je me rappelle lorsqu’il y avait des problèmes au niveau des hôpitaux, les femmes se sont levées, elles ont travaillé mystiquement et apaisé toutes les difficultés des hôpitaux”, se rappelle encore Louis Tendeng, décrivant ainsi un aspect du pouvoir des femmes du bois sacré en Casamance.
A présent, elles disent agir pour la paix en Casamance et au Sénégal en général. ‘’Nous voulons la paix et rien que la paix’’, clame la présidente des femmes du bois sacré de Djibélor, Marie Rosalie Coly.
UNE COALITION SÉNÉGALAISE APPELLE À LA SOLIDARITÉ EN FAVEUR DU PEUPLE PALESTINIEN
Elle exhorte l’État du Sénégal à rompre ses liens diplomatiques avec Tel-Aviv et à expulser l’ambassadeur israélien en poste à Dakar.
La Coalition sénégalaise pour la cause palestinienne a appelé mardi à une “mobilisation générale” en soutien à la lutte du peuple palestinien, confronté à “un piétinement sans limite” de la part de l’Etat d’Israël.
”Se taire ou croiser les bras devant (ces massacres), c’est consciemment ou non, se rendre complice [des] ignominies” commises contre le peuple palestinien, ont soutenu les membres de ladite coalition dans une déclaration produite en quatre langues, rendue publique lors d’un point de presse, à Dakar, le même jour.
Ils estiment que ”l’occupation coloniale, l’Apartheid, l’épuration ethnique et religieuse, les expulsions forcées et l’entreprise de génocide perpétré par Israël contre les palestiniens avec l’appui des Etats-Unis, constituent un piétinement sans limite des droits et libertés de tout un peuple, en même temps qu’une injure envers l’humanité entière”.
Sur cette base, les membres de la Coalition sénégalaise pour la cause palestinienne appellent l’Etat du Sénégal à rompre ses relations diplomatiques avec Israël et ont demandé l’expulsion sans délai de son ambassadeur accrédité à Dakar.
Les membres de cette coalition dénoncent, par la même occasion, les distributions de moutons organisées par l’ambassade d’Israël au Sénégal et dont bénéficient des sénégalais à l’occasion de l’Aid-el-Kébir, la grande fête musulmane.
Ils ont préconisé l’application de la Charte africaine des droits de l’homme, l’ouverture d’enquêtes exhaustives et des sanctions contre d’éventuels crimes de guerre et crimes contre l’humanité à l’encontre du peuple palestinien.
Ils militent par ailleurs pour “un embargo total, militaire et sécuritaire” contre l’Etat hébreux.
Les membres de la Coalition sénégalaise pour la cause palestinienne ont en outre appelé les citoyens, les responsables publics mais aussi les partis politiques et syndicats à se joindre à la grande marche de solidarité avec le peuple palestinien, prévue le dimanche 13 avril.
Selon l’itinéraire arrêté par les organisateurs, les marcheurs vont partir de l’Ecole normale supérieure (actuelle FASTEF), sur l’avenue Bourguiba, pour déboucher sur le rond-point Liberté 5, à Dakar.
SANTÉ MENTALE, LE PR ABOU SY DÉNONCE UNE PRISE EN CHARGE DÉFAILLANTE
Le psychiatre dresse un constat alarmant, marqué par une faible accessibilité aux soins, des ruptures fréquentes de médicaments et l’absence d’une véritable politique publique adaptée.
Dakar, 8 avr (APS) – Le Professeur Abou Sy, psychiatre, juge très médiocre la prise en charge des malades mentaux au Sénégal, déplorant des problèmes d’accessibilité, de disponibilité des médicaments ainsi que d’approches.
‘’La prise en charge des malades mentaux au Sénégal est globalement très médiocre. Si nous voyons les différentes approches sur le modèle biopsychosocial, biologique, il y a énormément de gaps’’, a dit le professeur en psychiatrie dans un entretien avec l’APS.
Selon lui, ”il y a des problèmes de rupture, des problèmes de disponibilité, d’accessibilité des médicaments, autant au niveau financier qu’au niveau géographique. Les médicaments ne sont pas disponibles, la plupart du temps, il y a des ruptures’’.
Le psychiatre déclare que lorsque les médicaments sont disponibles, ils peuvent coûter ‘’chers’’.
Il a souligné que les pathologies mentales sont invalidantes et vont évoluer vers la désocialisation ou bien la perte du travail du fait de la stigmatisation.
Un trouble mental est défini par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme un ensemble de cognitions ou comportements qui présentent des anomalies et causent une souffrance et un dysfonctionnement dans la vie quotidienne. Les maladies mentales affectent la manière dont une personne pense, se comporte, ressent et perçoit son environnement.
Selon Abou Sy, ”le patient devient un fardeau pour la société et, à partir du moment où les médicaments coûtent chers, cela peut être un obstacle pour la prise en charge’’.
Sur le plan psychologique, il a relevé que ”l’Université de Dakar a souffert de la fermeture, de l’absence d’une faculté de psychologie capable de former des gens pendant des années”.
Cette faculté a été réouverte récemment, a-t-il salué, notant que ”des jeunes s’engagent dans cette filière’’.
Pour le psychiatre, il reste encore beaucoup de choses à faire en termes d’acquisition de connaissances et de compétences.
Dans son analyse, le praticien estime que l’accompagnement sur le plan social est ‘’catastrophique’’. ‘’Nous avons l’impression que les autorités ne font pas de la santé mentale une priorité, alors qu’on ne peut pas se développer en l’absence d’une santé mentale, d’une santé globalement. Le moteur du développement, c’est l’être humain. Donc, il faudrait pouvoir être en bonne santé pour pouvoir développer sa société’’, a-t-il soutenu.
Plusieurs facteurs entraînent la survenue de la maladie mentale
Selon le psychiatre, plusieurs facteurs entrent en jeu pour entraîner ou bien causer la maladie mentale.
‘’Chaque maladie va être expliquée de façon différente selon les approches. Il y a plusieurs approches et il y a plusieurs modèles d’explication de la maladie’’, a-t-il précisé.
‘’On a des approches qui vont en même temps avoir une explication de la maladie et proposer une thérapie. On peut avoir une approche analytique. C’est classiquement à l’écart de la psychanalyse. On peut avoir des approches systémiques, ce qu’on appelle les approches sur le plan thérapeutique. La définition sera les thérapies de famille, les thérapies de couple’’, a-t-il expliqué.
Le spécialiste rappelle qu’il peut y avoir des approches cognitives ou comportementales pouvant déterminer la Thérapie comportementale et cognitive (Tcc). On peut avoir aussi l’approche d’hypnose éjectionnelle, dit-il.
‘’Ce qui est important aujourd’hui dans toutes ces approches-là, c’est qu’on a tendance à considérer deux éléments. La première, c’est la notion de vulnérabilité qui va intégrer des facteurs biologiques et des facteurs génétiques qui vont constituer un terrain sur lequel va venir se greffer la deuxième que sont les facteurs environnementaux qui déterminent l’apparition d’une maladie psychiatrique’’, a expliqué le Pr Sy.
Selon le psychiatre, il y a toujours un moyen de prévenir une maladie mentale.
”En matière de prévention, il y a le niveau primaire, secondaire et tertiaire. Il y a d’autres modèles de prévention : la prévention ciblée et la prévention générale. Dans tous les cas, on peut agir sur les facteurs de vulnérabilité, les facteurs précis et à partir de ce moment, prévenir la survenue de la maladie’’, a-t-il affirmé.
‘’Dès que la maladie est installée, on peut intervenir sur certains facteurs pour faire de la prévention secondaire ou tertiaire. C’est notamment les deux premières préventions, il faut avoir l’hygiène de vie, ne pas consommer de substances psychoactives pouvant entraîner des pathologies avec des degrés de vulnérabilité’’, a conseillé le médecin.
La modernisation complique la prise en charge des malades mentaux
Evoquant l’errance des malades mentaux, le psychiatre estime que le problème se pose de plus en plus avec ‘’acuité’’.
Pour le spécialiste, ‘’il y a une modernisation qui fait que le noyau familial est en train de s’effriter. Nous allons vers des familles monoparentales ou nucléaires et à partir de ce moment, la prise en charge de personnes souffrant de troubles mentaux peut être beaucoup plus difficile’’, a-t-il défendu.
‘’Dans les familles traditionnelles, le malade mental était géré par la société, ce qui pouvait faciliter grandement la prise en charge’’, a-t-il ajouté en guise de comparaison de la prise en charge du phénomène au fil des ans.
‘’Aujourd’hui, ce problème des malades mentaux suscite des réflexions et plusieurs angles d’approche comme l’approche sociale qui peut régler pas mal de problèmes. A cela, s’ajoutent la disponibilité des médicaments, la réinsertion, la réhabilitation. Ce sont autant d’éléments sur lesquels il faudra intervenir pour pouvoir les prendre en charge’’, a-t-il soutenu.
A l’en croire, cela doit s’appuyer sur la présence familiale et une bonne réinsertion sociale afin de pouvoir gérer ce fléau qui est en train de gangréner la société.
Il a signalé qu’un malade mental errant ”constitue un double fardeau pour la société’’.
”Un malade mental ne guérit pas”, une théorie non vérifiée
Interpellé sur la possibilité de guérir d’une maladie mentale, le spécialiste en psychiatrie informe que cette pathologie peut évoluer favorablement et disparaître.
‘’Traditionnellement, culturellement, on a l’habitude de dire que le malade mental ne guérit pas, ce qui n’est tout à fait pas vérifié’’, a-t-il dit.
Selon lui, ”il n’y a pas une seule maladie mentale, il y a plusieurs maladies mentales. Et parmi elles, il y en a qui peuvent évoluer favorablement et disparaître’’.
A titre d’exemple, il a cité les bouffées délirantes aiguës qui peuvent évoluer sans lendemain, c’est-à-dire guérir complètement de même que la dépression.
‘’Il y a autant de pathologies qu’on peut citer qui peuvent guérir, en tout cas du point de vue évolutif, qui vont aller vers la guérison’’, a insisté le psychiatre en précisant qu’’’il y a des pathologies chroniques qui vont évoluer, et la plupart du temps, quand elles sont bien installées, elles ne vont pas évoluer vers la guérison, d’où l’intérêt de traiter très tôt, de faire de la prévention primaire pour ne pas arriver au stade de maladie’’.
‘’Si on vise la guérison, cela peut être assez compliqué pour citer une pathologie chronique mais, il y a un concept très nouveau qui va être axé non pas sur la guérison, mais sur la qualité de vie’’, a fait savoir le spécialiste. Cela veut dire qu’‘’une personne qui présente une pathologie mentale lourde peut aller vers une qualité de vie, vivre avec sa maladie et être un élément de la société, avoir un travail, pouvoir participer au développement de la société. C’est très possible’’.
Pour ce faire, le psychiatre souligne l’impératif d’avoir une bonne politique de santé mentale qui permettra d’avoir des professions fléchées pour des gens qui souffrent de certaines pathologies mentales et d’éviter la stigmatisation. ‘’En partie, je pense qu’on peut avoir un bon profil évolutif’’, a soutenu le médecin.
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LA LEÇON DE DIPLOMATIE DE WADE À SONKO
"Quand on a le destin d'un pays pauvre entre ses mains, on ne doit pas dire que son pays est pauvre." Cette confiance de l'ancien président interroge la stratégie du gouvernement actuel qui a choisi de dévoiler l'état préoccupant des finances nationales
Dans son nouveau livre "Wade, mille et une vies", Madiambal Diagne révèle une position surprenante d'Abdoulaye Wade sur la communication gouvernementale concernant l'état économique du pays.
S'adressant à Mamadou Massali, jeune militant du PDS, Wade aurait déclaré : « Quand on est à la tête d'un pays, on doit se montrer conciliant, surtout si c'est un pays pauvre. Si je disais la situation véritable dans laquelle j'ai trouvé le pays, personne ne financerait le Sénégal. Abdou Diouf et les socialistes, en 40 ans, n'avaient rien foutu et avaient fait n'importe quoi, mais je ne peux pas le dire. Je présente les choses de la manière la plus belle."
L'ancien président justifiait cette approche par une logique pragmatique : "Si je me mettais à dire que la situation est mauvaise, peu reluisante, qui mettrait son argent dans ce pays ? Or, j'ai besoin d'argent pour lancer mes projets. Quand on a le destin d'un pays pauvre entre ses mains, on ne doit pas dire que son pays est pauvre, sans ressources, etc."
Cette position tranche radicalement avec celle adoptée par l'actuel Premier ministre Ousmane Sonko, qui a fait de la dénonciation de l'état des finances publiques héritées du régime de Macky Sall un élément central de sa communication. Madiambal Diagne indique avoir souri en entendant les déclarations de Sonko, allant jusqu'à appeler Massali pour lui dire que "notre livre aurait dû sortir avant ses propos".
Dans l'ouvrage, l'auteur souligne qu'Abdoulaye Wade "a su avoir de l'élévation, de la hauteur pour pouvoir mettre en avant les intérêts du Sénégal plutôt que de régler des personnels", ce qui lui aurait permis "d'impulser des politiques soutenues par la communauté internationale".
À l'inverse, Diagne estime que la réaction actuelle de la communauté internationale face aux révélations du gouvernement Sonko-Diomaye est "sans équivoque", suggérant que cette stratégie de communication serait préjudiciable aux intérêts du Sénégal.
AU NIGER, LE FRANÇAIS DÉCLASSÉ AU PROFIT DU HAOUSSA
La charte de la refondation signée le 26 mars dernier par le président Abdourahamane Tiani relègue le français au rang de simple "langue de travail" tandis que le haoussa devient langue nationale principale
Le paysage linguistique du Niger connaît un bouleversement majeur. Le français a perdu son statut de langue officielle au profit du haoussa, qui devient désormais langue nationale du pays.
D'après RFI, "le décret de promulgation de la charte de la refondation a été publié, la semaine dernière, au Journal officiel." Ce document, qui remplace désormais la Constitution suspendue après le coup d'État du 26 juillet 2023, redéfinit entièrement le statut des langues dans le pays.
L'article 12 de cette nouvelle charte établit une distinction entre les onze langues parlées au Niger, accordant une place prépondérante au haoussa. Cette langue, majoritaire sur le territoire national, est désormais élevée au rang de "langue nationale", comme l'indique RFI.
Un linguiste consulté par le média français confirme que "le haoussa est la langue la plus parlée sur l'ensemble du territoire" et qu'elle "est comprise par une grande majorité de la population". Le zarma-songhaï arrive en deuxième position, étant parlé par "à peu près, un quart des Nigériens", toujours selon ce spécialiste cité par RFI.
Cette nouvelle classification marque une rupture avec le système précédent. En effet, dans la Constitution antérieure, les langues de toutes les communautés nigériennes bénéficiaient, "en toute égalité", du statut de langues nationales, tandis que le français, bien que parlé par seulement "13% de la population", occupait la position de langue officielle.
Cette décision s'inscrit dans un climat de tensions diplomatiques avec la France. Les nouvelles autorités, en froid avec Paris, ont quitté l'Organisation internationale de la Francophonie le mois dernier. Les autorités nigériennes ont "rebaptisé récemment plusieurs rues de Niamey qui portaient des noms de Français".
La charte de la refondation, qui déclasse le français au rang de simple "langue de travail", a été entérinée par le président Abdourahamane Tiani lors d'une cérémonie à Niamey le 26 mars dernier.
Cette réorganisation linguistique ne fait pas l'unanimité dans le pays. RFI rapporte que "sur les réseaux sociaux, certains internautes nigériens s'inquiètent d'une hiérarchisation des langues du pays et d'un risque de communautarisme".
Le texte, qui se fonde sur "les recommandations des assises nationales de février" d'après RFI, laisse ainsi planer des questions sur les conséquences concrètes qu'aura cette refonte linguistique sur le fonctionnement des institutions et sur la cohésion nationale du Niger.
DAKAR ENTRE MODERNITÉ ET CHAOS
La presqu'île dakaroise, devenue mégapole par l'histoire coloniale, voit ses artères s'obstruer davantage chaque jour. Malgré les tentatives de trois présidents successifs, la capitale reste prisonnière de sa géographie et d'une planification défaillante
(SenePlus) - Étouffée dans son étroit losange atlantique, Dakar concentre le quart des Sénégalais sur 0,28% du territoire national. Entre modernisation et chaos persistant, la capitale cherche désespérément son second souffle.
Selon une analyse de Mehdi Ba pour Jeune Afrique, Dakar incarne le paradoxe d'une métropole africaine en mutation : "Les transports sont à l'agglomération ce que les artères sont au cœur et au corps humain: des connexions vitales qui permettent de maintenir en vie le reste du pays."
Cette métaphore organique illustre l'importance cruciale d'un système circulatoire efficace dans une région hypertrophiée qui abrite "près du quart des quelque 18 millions de Sénégalais" sur une superficie représentant à peine "0,28% du territoire". Résultat: une densité de population atteignant "7.277 habitants au km²", bien supérieure à celle de l'Île-de-France (1.025 hab/km²).
Plusieurs tentatives de décentralisation ont échoué. Jeune Afrique rappelle qu'"Abdoulaye Wade avait un temps prétendu faire de Lompoul la nouvelle capitale administrative du pays, et de Thiès, sa 'capitale industrielle'". Dans la même logique, "Macky Sall entendait hisser la ville nouvelle de Diamniadio au rang d'annexe de cette capitale asphyxiée par la conjonction de l'exode rural et d'un taux de natalité galopant."
Mais ces ambitions se sont heurtées à la réalité: "Dakar a tenu bon."
Si "la modernité, en particulier en matière de transports urbains, y a supplanté peu à peu l'héritage désuet d'une Afrique de carte postale", les contrastes demeurent saisissants. D'un côté, "depuis 2016, une autoroute spacieuse (mais à péage) permet de rallier l'Aéroport international Blaise-Diagne", de l'autre, on y croise toujours "les fantômes du Sénégal des profondeurs: camions préhistoriques ou taxis 7 places antédiluviens [...] sans oublier les minibus surchargés, qui penchent dangereusement d'un côté et sont autant de bombes routières à retardement..."
Même la régulation du trafic illustre ce dualisme : dans cette "capitale sénégalaise où les feux tricolores font office de vestiges ornementaux", "des policiers restent chargés de cette tâche, à l'ancienne, sifflet à la bouche."
Deux innovations majeures tentent d'apporter "un nouveau souffle à des transports urbains qui n'ont jamais été en mesure de suivre la cadence de l'explosion démographique". D'abord, la ligne de Bus Rapid Transit (BRT), "en service depuis mai 2024" entre "Guédiawaye, ville-champignon de la banlieue, et Petersen, dans le centre-ville historique".
Ensuite, le Train express régional (TER), qualifié de "frère de lait du BRT", qui constitue "une avancée notable vers un réseau de transports urbains digne du pays". Encore limité à Diamniadio, son extension vers l'aéroport est "annoncée pour le second semestre de 2025".
Malgré ces progrès, JA souligne que le TER, "aussi rutilant soit-il, peine à masquer l'absence d'un réseau ferroviaire digne de ce nom". Face à ce constat, le président Bassirou Diomaye Faye a "demandé à son Premier ministre, Ousmane Sonko, de 'présider un comité stratégique du ferroviaire'" en juillet 2024.
Un mois plus tard, "les ministres sénégalais et marocain concernés signaient deux conventions censées sceller leur 'volonté commune de renforcer les liens de coopération bilatérale' en la matière".
La conclusion de Mehdi Ba résume parfaitement l'enjeu générationnel de ce défi : "Si Abdoulaye Wade a lancé la construction de l'AIBD, que Macky Sall a inauguré après lui tout en donnant naissance au TER et au BRT, faut-il espérer que, sous le règne de Bassirou Diomaye Faye, le Sénégal accouchera d'un TGV?"
PAR HAMET DAF
PROPOSITION POUR UNE SANTÉ MENTALE DE PROXIMITÉ
"Pour certains malades, l'errance est due à l'absence de solutions d'hébergement adaptées. C’est pourquoi il est nécessaire de développer des maisons d’accueil de socialisation, de protection et de réinsertion."
La question de la santé mentale et de la prise en charge des personnes vivant avec des troubles psychiatriques et des déficiences intellectuelles est un enjeu de société majeur. En effet, beaucoup de personnes souffrant de troubles mentaux errent dans les rues, sans prise en charge appropriée, ce qui les expose à des dangers et dégrade leur qualité de vie. Pour remédier à cette situation, une proposition ambitieuse et pragmatique est d’instaurer un système de santé mentale de proximité, accessible à tous, partout . Cette démarche viserait à lutter contre l’errance des malades mentaux et à offrir des solutions adaptées à leurs besoins, en créant des structures d’accueil, de soins et d’inclusion au niveau local.
_ Créer des hôpitaux psychiatriques de proximité dans chaque département et commune
Il est impératif de décentraliser les soins psychiatriques et de créer des structures€ adaptées dans chaque département, voire chaque commune, en fonction de la densité de la population. Ces hôpitaux psychiatriques locaux seraient composés d'une équipe multidisciplinaire comprenant au minimum un psychiatre, un pédopsychiatre, un psychomotricien, un psychologue et d'autres professionnels spécialisés. Cette approche garantirait un suivi personnalisé pour chaque patient, tout en permettant une réactivité et une proximité avec les malades.
_ Des structures inclusives et adaptées pour la formation
Une attention particulière doit être accordée à l'inclusion des personnes souffrant de troubles mentaux dans la société. En plus des hôpitaux psychiatriques, il est crucial de créer des structures inclusives qui permettent la formation et l'éducation des individus vivant avec des déficiences intellectuelles et mentales. Ces centres de formation seraient destinés à offrir aux patients les compétences nécessaires à leur autonomie et à leur intégration dans le monde du travail, tout en respectant leurs capacités et en créant un environnement adapté à leurs besoins.
_ Maisons d'accueil, de socialisation, de protection et de réinsertion
Pour certains malades, l'errance est due à l'absence de solutions d'hébergement adaptées. C’est pourquoi il est nécessaire de développer des maisons d’accueil de socialisation, de protection et de réinsertion. Ces maisons seraient des lieux de vie provisoires pour les personnes en situation de crise et des solutions de logement définitif pour les orphelins vivant avec des troubles mentaux. Ces structures offriraient non seulement un abri et des soins, mais aussi un accompagnement social et psychologique, permettant à chaque personne de retrouver un minimum de stabilité.
_ Subventionner davantage les tickets de consultation et les médicaments coûteux
La question de l’accessibilité financière aux soins est un point crucial. Pour favoriser l’accès aux consultations et aux traitements, il est essentiel de subventionner davantage les tickets de consultation psychiatriques. En outre, les médicaments coûteux, tels que la rispéridone, doivent être pris en charge de manière plus systématique par les assurances maladie. Cela permettrait de rendre les soins psychiatriques accessibles à tous, quels que soient leurs moyens financiers.
_ Prendre en charge les personnes errantes et leur rendre leur dignité
Les personnes errant dans les rues, souvent en raison de troubles mentaux non traités, doivent être prises en charge immédiatement. Il est inacceptable que des individus vulnérables soient laissés à eux-mêmes dans la rue, mettant en danger leur propre sécurité ainsi que celle des autres. L'errance doit être combattue en accueillant ces personnes dans des maisons d’accueil, en leur offrant un suivi médical, psychologique et social adapté, jusqu'à ce qu'elles soient stabilisées. Cette prise en charge doit être globale et holistique, prenant en compte non seulement les soins médicaux, mais aussi l’aspect humain, permettant à ces personnes de retrouver leur dignité.
_ Adopter de nouvelles lois pour protéger les malades mentaux et garantir leur dignité
Il est indispensable d’adopter des lois spécifiques pour protéger les personnes souffrant de troubles mentaux et intellectuels. Ces lois doivent garantir leur droit à la dignité, à la protection et à des soins appropriés. Elles devraient aussi inclure des mesures pour empêcher l'abandon des malades dans des situations de grande précarité, en assurant leur protection contre les abus et leur accès à des soins dignes et adaptés.
_ La prise en charge des malades mentaux et l'exemple de l'incident à Louga
Le cas tragique de l’homme à Louga, qui a tué deux personnes, dont une travailleuse de l'Université Gaston Berger (UGB), nous interpelle tous. Comment un individu souffrant de troubles mentaux graves a-t-il pu être laissé sans suivi après son premier meurtre ? Quelle a été la prise en charge de cet homme après sa première agression ? Il est fondamental de se poser ces questions pour éviter de telles tragédies. Il est impératif que les personnes souffrant de troubles mentaux soient suivies de manière continue et qu’elles bénéficient d’une prise en charge rigoureuse, y compris en milieu carcéral ou en établissement psychiatrique, pour éviter qu’elles ne soient une menace pour elles-mêmes et pour la société.
_L’importance d’une prise en charge continue et d'un suivi de réinsertion
La solution n'est pas de reléguer ces individus dans des prisons, mais plutôt de leur offrir une prise en charge continue et adaptée. Les malades mentaux ne devraient pas être condamnés à vivre dans des conditions de dénuement et d’abandon. Il est essentiel de leur offrir un suivi médical et psychologique pour les aider à se réinsérer dans la société de manière digne. Pour ceux qui ont commis des crimes, il est nécessaire d’établir des mesures de suivi post-incarcération pour garantir leur stabilité et éviter les récidives. Le but n'est pas seulement de les punir, mais de leur offrir les moyens de mener une vie stable et épanouie, tout en protégeant la population.