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2 août 2025
LES RAPPORTS D’EXÉCUTION BUDGÉTAIRE EN ATTENTE DE MISE AU POINT
Le ministère des Finances a annoncé le report de la publication des rapports pour les 4e trimestre 2024 et 1er trimestre 2025. Ce décalage vise à corriger et fiabiliser les données, dans le cadre d’une réforme pour plus de transparence.
Le Ministère des Finances et du Budget a annoncé, dans un communiqué parvenu à la rédaction du Soleil digital, un retard dans la publication des rapports trimestriels d’exécution budgétaire pour le quatrième trimestre 2024 et le premier trimestre 2025.
Cette décision fait suite à un travail nécessaire pour garantir la précision et la fiabilité des données budgétaires, après que la Cour des Comptes ait relevé des manquements dans la gestion des finances publiques passées.
La publication des Rapports Trimestriels d’Exécution Budgétaire (RTEB) sera désormais reportée au lundi 23 juin 2025. Ce délai supplémentaire est justifié par un processus de recensement, de reclassification et de fiabilisation des données financières, dans le cadre d’une réforme visant à renforcer la transparence et l’orthodoxie budgétaire.
Le Ministère a également annoncé que, dans le futur, les dépenses extrabudgétaires ne seront plus reportées sur le budget des années suivantes, mais seront intégrées dans le budget de l’année où elles ont été réellement exécutées. Cette réforme témoigne de l’engagement du gouvernement à maintenir une gestion rigoureuse des finances publiques, assurant ainsi aux citoyens, parlementaires et partenaires techniques une information fiable et transparente.
AMETH BABOU MEILLEUR ÉLÈVE DU CONCOURS GÉNÉRAL 2025
Âgé de 17 ans et élève en Première S1 au Prytanée militaire de Saint-Louis, il s’est illustré en décrochant quatre distinctions. Il représentera le Sénégal aux Olympiades panafricaines de mathématiques au Botswana.
Ameth Babou du Prytanée militaire de Saint-Louis a été sacré meilleur élève de l’édition 2025 du Concours général, a appris l’APS du directeur de l’Enseignement moyen secondaire général (DEMSG), lundi.
“L’élève de 17 ans, en classe de 1ère S 1, a remporté quatre distinctions : 1er prix de français, 1er prix espagnol, 3e prix mathématiques et 3e prix Citoyenneté et droits de l’Homme”, a révélé Pape Demba Kandji, lors d’une conférence de presse, en présence du ministre de l’Education nationale, Moustapha Guirassy.
La délibération, qui a eu lieu le 11 juin dernier à la salle du conseil de la Faculté des sciences et techniques de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), a désigné 113 lauréats au total, dont 55 filles.
Cent vingt distinctions, dont 69 prix et 51 accessits, ont été décernées.
Les filles ont obtenu 157 distinctions, dont 26 accessits, contre 63, dont 25 accessits, pour les garçons.
Au total, 3568 élèves, dont 2138 filles (59,92%), était inscrits cette année au concours général, qui a enregistré 365 candidats de plus que l’année dernière.
Ameth Babou, natif de Dakar, représentera le Sénégal aux Olympiades panafricaines de mathématiques au Bostwana.
La cérémonie de remise des prix aux lauréats, dont la date n’a pas encore été communiquée, se tiendra au Grand Théâtre national Doudou Ndiaye Coumba Rose.
L’édition de cette année porte sur le thème “Transformation humaniste de l’éducation à l’heure du numérique et de l’intelligence artificielle, défis, enjeux et perspectives”.
UEMOA, UNE FACTURE DE 3 000 MILLIARDS FCFA PAR AN POUR COMBLER LE DÉFICIT ALIMENTAIRE
Entre obstacles structurels et opportunités climatiques, experts et acteurs du secteur appellent à repenser les politiques agricoles, en mettant les petits producteurs au centre des priorités.
Depuis la pandémie de Covid-19, les pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) ont placé la souveraineté alimentaire au cœur de leurs priorités. Pourtant, l’objectif reste hors de portée : 3 000 milliards de Fcfa sont encore dépensés chaque année pour importer des denrées de base comme le riz, le lait, la viande ou le blé. Une dépendance structurelle persistante. Selon Amadou Mbodj, directeur de l’Agriculture à la Commission de l’Uemoa, la région continue d’importer 50 % de son riz et 90 % de son blé. Seuls le Bénin et le Niger semblent infléchir cette tendance.
Le Pr Oscar Teka cite des freins majeurs : difficulté d’accès au foncier, financement inadapté, faible mécanisation, mauvaise qualité des intrants et calendrier agricole mal structuré. Ces défis mettent en péril la capacité de la région à nourrir une population estimée à 800 millions de personnes d’ici 2050.
Le changement climatique, perçu comme une menace, peut devenir une opportunité. Selon le Dr Issoufou Baoua, les prochaines années devraient connaître des pluies abondantes : une aubaine si les États investissent dans des politiques agricoles résilientes.
Des voix comme celle de Mamadou Cissokho, président d’honneur du ROPPA, dénoncent des politiques « élitistes » et déconnectées des réalités paysannes. Il appelle à plus de concertation locale, à un crédit agricole à taux réduit, et à une décentralisation des innovations agricoles.
Vers un changement de paradigme ?
L’introduction de l’assurance paramétrique, basée sur des indices climatiques, pourrait protéger les petits exploitants face aux aléas naturels. Mais au-delà des solutions techniques, c’est un changement de regard sur l’agriculture locale et ses acteurs qui semble indispensable.
La souveraineté alimentaire dans l’espace Uemoa ne peut être atteinte sans un engagement concret en faveur des petits producteurs, des investissements ciblés, et une meilleure valorisation des ressources locales. Comme le dit le proverbe cité dans le panel : « On ne coiffe pas quelqu’un en son absence ».
HANGAR PÈLERIN, LES DÉTENTEURS DE TITRES INTERPELLENT LE PRÉSIDENT FAYE
Face à l’annulation de l’affectation de leur site, les bénéficiaires du lotissement concerné réclament une issue respectueuse de leurs droits. Ils appellent les plus hautes autorités à favoriser une démarche concertée, basée sur l’équité.
Le collectif des détenteurs de titres du lotissement dit Hangar Pèlerin a adressé une lettre ouverte au président de la République et au Premier ministre dans laquelle il leur demande de trouver une “solution équitable et juste” à leur situation, après l’annulation de l’affectation de ce site jugé irrégulier.
“Nous vous prions, son excellence monsieur le président de la République et monsieur le Premier ministre, de bien vouloir examiner une solution équitable, juste à notre situation”, ont-ils écrit dans leur missive.
Ils précisent que cette lettre ouverte est un “rappel de la date limite du 30 juin pour le dossier Hangar Pèlerin”, laquelle date avait été retenue lors du Conseil des ministres du 12 mars 2025 pour “la fin probable du processus de vérification” du site, au plus tard en fin juin 2025.
“Idéalement, une régularisation de nos titres sur le site du Hangar Pèlerin constituerait l’issue la plus juste. Si toutefois l’annulation de notre lotissement devait être maintenue comme irrévocable, nous demandons à être pleinement associés au processus de réaffectation ou de relogement qui en découlera. Ou, en d’autres termes, un recasement dans la même zone comme prévu par certaines dispositions”, propose le collectif.
Comme solution qui “ne lèse pas davantage” ses membres, les détenteurs de titres du lotissement Hangar Pèlerin réclament une “valeur du site de relogement égale au site de départ”, des “superficies équivalentes” et le “respect de la position et de l’orientation des lots”.
Ils prient le chef de l’Etat et le Premier ministre de leur garantir un “traitement juste” de leur dossier, et de favoriser une “approche participative dans sa résolution”, leur assurant de leur disponibilité à participer à toute initiative relative à une issue dans ce dossier.
Le collectif des détenteurs de titres du lotissement dit Hangar Pèlerin souligne avoir pourtant fait de “nombreuses démarches auprès des autorités compétentes”, depuis l’annonce du 12 mars, pour rechercher une “issue concertée”.
Il se désole que les correspondances envoyées et les audiences sollicitées auprès des ministères et administrations concernés n’aient eu qu'”une seule réponse formelle”. Ils déplorent “ce silence quasi-total” et “incompréhensible”.
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LES VÉRITÉS D'IBOU FALL
Dans l'émission "BL" de Pape Alioune Sarr, le journaliste chronique sans détour la société sénégalaise. Il affirme notamment que Macky Sall est un "traître", que Pastef est en sursis et que la loi d'amnistie est "inadmissible"
Ibou Fall, chroniqueur redouté surnommé "le sniper", n'a pas fait dans la dentelle lors de son passage dans l'émission "BL" animée par Pape Alioune Sarr, dimanche 15 juin 2025. Venu présenter son 8e ouvrage "Sénégaliserie épisode 8 - Chronique des années 2024-2025", l'auteur a livré une analyse sans concession de la situation politique sénégalaise.
Selon lui, les années 2024-2025 marquent "le summum" d'une décennie chaotique. Le point de bascule ? La tentative de Macky Sall de reporter l'élection présidentielle de 2024. "C'est quand le président de la République Macky Sall a comme disjoncté, voulu reporter des élections, qu'il a complètement renversé les choses", explique-t-il.
Le chroniqueur s'insurge particulièrement contre la loi d'amnistie qui efface selon lui des "crimes de sang". Il évoque notamment la mort tragique de deux jeunes filles brûlées dans un bus à Yarakh : "Je trouve inadmissible qu'on puisse penser que ce qui s'est passé doit être effacé." Pour lui, "amnistie égale amnésie" et le respect de la mémoire des victimes exige que la justice fasse son travail.
Dans une charge particulièrement virulente, Ibou Fall accuse directement l'ancien président de "trahison" envers son pays. Il affirme que Macky Sall aurait voté pour Bassirou Diomaye Faye contre son propre candidat Amadou Ba : "Il a trahi son pays, c'est tout. Qu'il trahisse ses militants, c'est son problème, mais qu'il trahisse son pays, c'est très grave."
Interrogé sur l'avenir politique, Fall prédit des turbulences au sein de Pastef pour 2029. Selon lui, un choix devra s'opérer entre le président Diomaye et Ousmane Sonko : "Il ne peut y avoir qu'un candidat de Pastef. Soit il y en a un qui va s'aligner derrière l'autre." Il souligne les différences de tempérament entre les deux hommes, citant la discrétion de Diomaye pendant son incarcération face à la communication plus offensive de Sonko.
Fervent défenseur de la francophonie, Ibou Fall s'attaque aux mouvements souverainistes prônant le "France dégage". Pour lui, le français reste "un outil de travail" essentiel : "Le Sénégal est un grand pays francophone et d'ailleurs, je me plais à dire que moi, je n'écris pas en français, j'écris en sénégalais." Il rappelle le rôle de Senghor dans la création de la francophonie internationale.
L'auteur désapprouve la visite du Premier ministre Ousmane Sonko au Burkina Faso, estimant que le Sénégal ne devrait pas "cautionner les putschistes". Il rappelle que la diplomatie relève constitutionnellement du président de la République, non du Premier ministre.
Fall critique ce qu'il appelle le "misérabilisme" du nouveau régime, qui s'intéresse selon lui aux "gens trop riches pour être honnêtes" au lieu de se concentrer sur ceux qui sont "trop pauvres pour être heureux". Il dénonce l'encouragement à la délation par les "lanceurs d'alerte".
Malgré ses critiques acerbes, le chroniqueur garde espoir en un "sursaut des élites" et l'émergence d'un vrai leader pour l'avenir du Sénégal. "Notre pays a quand même des enfants valeureux, brillants, qui se distinguent partout", conclut-il avec optimisme.
L'ouvrage "Sénégaliserie épisode 8" est disponible aux éditions Forte Impression, accompagné d'illustrations d'Ien Glaise.
LA SECTION SYNPICS DE SUD QUOTIDIEN ANNONCE UNE PLAINTE ET UN PRÉAVIS DE GRÈVE
Le syndicat tire la sonnette d’alarme face à une situation qu’elle juge intenable. Dans un communiqué publié ce lundi, il proteste contre quatre mois d’impayés de salaires et une gestion qu’il qualifie de défaillante.
La section SYNPICS SUD COMMUNICATION a publié ce lundi un communiqué annonçant le dépôt imminent d’une plainte et d’un préavis de grève au sein du groupe de presse « SUD QUOTIDIEN ».
Le syndicat dénonce quatre (4) mois d’impayés de salaires, une situation jugée « inacceptable » et plongeant le personnel dans des « difficultés financières insupportables ».
Selon le communiqué du SYNPICS, les alertes répétées du personnel n’auraient pas été suivies d’effets.
Le syndicat pointe du doigt l’administrateur, Vieux SAVANE, et la directrice de publication, Henriette Niang KANDE, qu’il qualifie de « nommée sans l’aval d’un conseil d’administration ».
Le SYNPICS affirme par ailleurs que ces deux dirigeants, pourtant « appelés depuis des années à faire valoir leur droit à une pension de retraite », continueraient à percevoir des salaires, tout en refusant d’assumer leurs « obligations légales et sociales« .
Le syndicat attribue à cette gestion une « crise catastrophique » qui, selon lui, « aggrave quotidiennement la situation de Sud Quotidien », autrefois un « journal de référence » au Sénégal et en Afrique francophone.
Face à cette situation, la section SYNPICS du groupe Sud Communication et le collège des délégués du personnel exigent le paiement immédiat des quatre mois d’arriérés de salaire, assortis de pénalités pour retard ; le départ sans délai de Vieux SAVANE et Henriette KANDE NIANG, tenus pour responsables de la crise et la nomination de nouveaux responsables par le biais d’une promotion interne, afin de garantir une gestion transparente et respectueuse des droits des salariés.
« Une plainte suivie d’un préavis de grève sera déposée incessamment afin d’obtenir satisfaction. Et si aucune réponse concrète n’est apportée d’ici la fin de notre préavis, la grève sera déclenchée sans autre avertissement« , conclut le communiqué.
Le SYNPICS prévient que « la responsabilité du conflit social incombera entièrement à la direction ».
PAR SEYDOU KA
ISLAM, PÉTROLE ET DÉMOCRATIE
L’analyse des données disponibles montre que les pays musulmans représentent entre deux tiers et trois quarts (20 sur 28) de tous les États rentiers dans le monde, alors qu’ils ne constituent qu’un peu plus d’un quart (48 sur 170)...
Islam, pétrole et démocratie font-ils bon ménage ? Il faut croire que la réponse est non. En tout cas, c’est la thèse avancée par l’universitaire turc Ahmet Kuru, professeur de sciences politiques et directeur du Centre d’études islamiques et arabes à l’Université d’État de San Diego aux États-Unis. Dans son ouvrage intitulé « Islam, autoritarisme et sous-développement » (traduit en 2024 aux Editions Fenêtres), il soutient que le contrôle de l’État sur les revenus de la rente encourage les dirigeants à rester au pouvoir, et à rejeter la participation du peuple à la gouvernance.
L’analyse des données disponibles montre que les pays musulmans représentent entre deux tiers et trois quarts (20 sur 28) de tous les États rentiers dans le monde, alors qu’ils ne constituent qu’un peu plus d’un quart (48 sur 170) de tous les pays pris en compte dans l’indice mondial des taux de rente et d’imposition en pourcentages des recettes publiques. Alors que les pays musulmans possèdent les deux tiers des réserves mondiales de pétrole – ceux situés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord possèdent environ les trois cinquièmes des réserves mondiales – et les trois cinquièmes des réserves mondiales de gaz, ils affichent proportionnellement un faible niveau de démocratisation comparé à d’autres pays rentiers non musulmans.
Par ailleurs, si le lien entre développement économique et démocratie reste discuté, en ce qui concerne le monde musulman, certains auteurs associent directement sous-développement économique, l’identité arabe d’un pays et l’autoritarisme. Sur la base de données datant de 2004 comparant les performances de pays musulmans arabes et non arabes, Alfred Stepan et Graeme Robertson ont montré que ces derniers ont dépassé le niveau de démocratisation attendu sur la base de leur niveau de Revenu national brut (Rnb) par habitant, tandis que les pays musulmans arabes n’ont pas réussi à atteindre le niveau escompté. En conclusion, Stepan et Robertson soutiennent que s’il « n’y a pas de carence démocratique musulman, il existe une carence démocratique arabe ». En utilisant des données de 2010 et 2013, Ahmet Kuru a abouti aux mêmes conclusions. Ces nouvelles données ont révélé qu’il n’y avait toujours pas de pays arabes surperformant, alors que cinq pays musulmans non arabes (Sénégal, Bangladesh, Comores, Sierra Leone et Niger) pouvaient revendiquer cette qualité.
Là où le pétrole a eu un effet pro-démocratique en Amérique latine à l’exception du Venezuela, il a eu un effet pro-autoritaire dans les pays arabes du Golfe. L’une des explications avancées réside dans la proportion de rentes pétrolières par rapport au Pib dans ces deux régions. Ainsi, en Amérique latine, où la proportion est plus faible, les gouvernements élus peuvent allouer les rentes pétrolières à la population et minimiser les inquiétudes des élites quant à la redistribution démocratique de leurs richesses autres que pétrolières par le biais de la fiscalité. Dans les pays du Golfe par contre, la proportion de rentes pétrolières par rapport au Pib étant beaucoup plus élevée, les élites ne souhaitent pas partager ces ressources et s’opposent à la démocratisation.
L’autre phénomène lié à la prédominance de l’économie rentière dans les pays musulmans, c’est que les pays riches en pétrole sont plus susceptibles d’être confrontés à des conflits militaires intra-étatiques et inter-étatiques en grande partie, parce que les rentes potentielles incitent les groupes à se battre pour s’approprier les ressources. Les rentes pétrolières ont également contribué à la domination de l’alliance entre oulémas et l’État et à la marginalisation de la bourgeoisie. Or, « pas de bourgeoisie, pas de démocratie » (Barrington Moore).
Cependant, il faut se méfier des explications essentialistes mettant en cause l’incompatibilité de l’Islam avec la démocratie. Un préjugé démenti par le fait que les États laïcs et islamiques soient pour la plupart autoritaires. Même s’il n’est pas encore un pays rentier – il faut au moins 40 % des revenus issus des hydrocarbures -, le Sénégal, qui vient de démarrer l’exploitation de son pétrole, doit tirer les leçons de ce cercle vicieux entre Islam, pétrole et démocratie. Et éviter cette autre forme de malédiction « islamique » du pétrole.
LE PIÈGE DE LA RÉPRESSION
Arrivé au pouvoir en promettant une rupture démocratique, le régime Diomaye-Sonko se retrouve accusé de reproduire les dérives autoritaires qu'il dénonçait. Les arrestations se multiplient, les critiques s'organisent
Alors que l’arrivée du régime de Diomaye-Sonko avait nourri de nombreux espoirs de renouveau dans la gouvernance judiciaire, les premiers mois de leur magistère sont marqués par une série d’arrestations qui interrogent. Ces mesures, bien que légalement fondées, suscitent un débat vif dans l’opinion publique et les milieux politiques. S’agit-il d’un changement de méthode ou d’une continuité sous d’autres oripeaux ?
Ils sont nombreux à s’insurger contre la récente arrestation de Moustapha Diakhaté. Membres de la société civile, acteurs politiques ou simples citoyens, beaucoup voient dans cette décision une atteinte à la liberté d’expression. L’ancien président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar, devenu critique acerbe du nouveau pouvoir, a passé sa première nuit en détention provisoire. Selon son avocat, Maitre El Hadj Diouf, il est poursuivi pour ‘’offense au chef de l’État’’ et pour ‘’offense à une personne exerçant tout ou partie des prérogatives du président de la République’’, en vertu de l’article 254 du Code pénal. Sa comparution est prévue en flagrant délit, le mercredi 18 juin.
Cette arrestation, qui intervient quelques mois seulement après une première condamnation à deux mois de prison pour des propos jugés injurieux à l’endroit de certains citoyens sénégalais favorables à Pastef, est vécue par ses partisans comme un acharnement politique. Diakhaté avait qualifié ces partisans de ‘’peuple maudit’’, provoquant une vive indignation à l’époque. Aujourd’hui, il se retrouve à nouveau dans le collimateur de la justice, cette fois pour des critiques visant le protocole républicain et des remarques acerbes sur le positionnement du président, du Premier ministre et du président de l’Assemblée nationale lors d’événements officiels. Le terme ‘’gougnafier’’ qu’il aurait utilisé dans ce contexte n’a pas contribué à apaiser les tensions.
Mais l’affaire de l'ancien président du groupe parlementaire BBY n’est pas isolée. Plusieurs autres figures publiques ont récemment connu un sort similaire, alimentant la controverse sur les pratiques du nouveau pouvoir en matière de gestion des libertés publiques. L’activiste Assane Diouf, connu pour ses sorties virulentes, a été incarcéré depuis mars dernier, accusé de diffusion de fausses nouvelles et d’offense à une autorité assimilée au président de la République. Ses déclarations cinglantes contre le Premier ministre Ousmane Sonko lui ont valu une arrestation jugée disproportionnée par ses soutiens.
En novembre, le journaliste d’investigation Adama Gaye avait également été placé en garde à vue par la Division des investigations criminelles (Dic) après des propos tenus au sujet du décès de l’ex-ministre des Finances, Mamadou Moustapha Ba. Il lui est reproché d’avoir diffusé de fausses nouvelles, une infraction de plus en plus brandie contre des personnalités critiques du régime.
Adama Gaye, figure récurrente de la dissidence, avait déjà été inquiété sous l’ancien pouvoir. Sa ré-arrestation alimente l’idée d’un usage extensif, voire abusif, de l’appareil judiciaire pour contenir les voix discordantes.
Même sort pour les chroniqueurs Arona Niang et Abou Nguer, arrêtés dans le cadre d’une enquête sur la diffusion de fausses informations. Après une audition à la Division spéciale de cybersécurité, ils ont été interpellés, à la surprise générale. Dans un contexte de numérisation crescendo de la parole publique, les accusations de propagation de fausses nouvelles sont devenues un outil de contrôle controversé. Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur les critères appliqués et les motivations réelles de ces poursuites.
La multiplication de ces arrestations soulève une question de fond : le nouveau pouvoir, qui s’était érigé en défenseur des libertés et des droits civiques durant l’ère Sall, est-il en train de reproduire les mêmes logiques qu’il dénonçait hier ?
Pour Birahime Seck, coordonnateur du Forum civil, ‘’la justice devrait davantage s’expliquer sur l’affaire Cheikh Guèye, accusateur de l'ancien ministre de la Justice, que de priver de liberté Moustapha Diakhaté’’. Cette déclaration illustre le malaise ambiant où le sentiment d’un deux poids deux mesures s’installe peu à peu.
Si certains observateurs estiment que ces arrestations relèvent d’une suite logique du renforcement de l’autorité de l’État face aux dérives langagières, d’autres y voient une dérive autoritaire incompatible avec les principes de l’État de droit. Le contraste entre les attentes populaires — une justice impartiale, indépendante et non-instrumentalisée — et la réalité des faits judiciaires récents laisse transparaître une tension politique et symbolique de plus en plus perceptible.
Ces dossiers sont le signe d’une justice de plus en plus sollicitée pour trancher des affaires éminemment politiques, au risque de se voir instrumentalisée. Les prochaines audiences, notamment celle de Diakhaté, seront scrutées à la loupe. Elles vont confirmer si le nouveau régime veut marquer sa différence ou s’il s’installe dans une forme de continuité judiciaire aux accents plus punitifs que républicains.
Entre principe de liberté et rigueur de la loi, le débat enfle
Au regard de ces nombreuses arrestations d’acteurs politiques et de figures de la société civile, un front de critiques s’organise. Pour Seydi Gassama, directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, il est urgent d’en finir avec ce qu’il considère comme une atteinte structurelle à la liberté d’expression. ‘’Le délit d’offense au chef de l’État doit être supprimé’’, soutient-il, en appelant à une réforme de l’article 254 du Code pénal sénégalais.
Selon lui, le président de la République, comme tout citoyen, devrait pouvoir saisir la justice pour diffamation ou injure via les voies civiles, sans recours à des sanctions pénales disproportionnées.
Le défenseur des droits humains plaide ainsi pour une évolution vers un droit plus respectueux des libertés individuelles où les amendes ou compensations financières remplaceraient l’emprisonnement. ‘’Restreindre la liberté d’expression au nom de la protection de la fonction présidentielle, revient à fragiliser les fondements démocratiques du pays’’, martèle-t-il.
Sur la même longueur d’onde, Birahime Seck du Forum Civil appelle à une justice impartiale, qui ne donne pas l’impression de s’acharner sur certaines voix dissidentes.
Dans le champ politique, la défense de Moustapha Diakhaté est également assurée par Mbaye Dione, qui dénonce une justice à deux vitesses. À ses yeux, ‘’on a assisté à une parodie judiciaire, dans l’affaire Azoura Fall, militant de Pastef’’, accusé d’injures envers les présidents Macky Sall et Diomaye Faye, mais qui aurait été ‘’couvert’’ par un certificat médical complaisant. Dione questionne le déséquilibre perçu dans la sévérité des sanctions selon la couleur politique des mis en cause : ‘’Depuis quand une épithète est-elle plus condamnable qu’un torrent d’insanités ?’’
Mais tous ne partagent pas cette vision. Ousseynou Ly, ministre conseiller à la présidence, renvoie chacun à ses responsabilités : ‘’Quand on a le courage d’aller au-delà des limites de la liberté d’expression, on doit également avoir le courage d’assumer la rigueur de la loi.’’ Pour lui, la justice sénégalaise ne fait pas de distinction entre opposants et partisans du pouvoir : ‘’La justice qui a sanctionné un militant de Pastef pour avoir insulté un ancien président est la même qui agit contre un homme politique injuriant un président en exercice. Mêmes faits, même justice, même loi.’’
Il appelle à cesser les amalgames entre critique légitime et injure publique, et insiste sur l’impérieuse nécessité de maintenir le respect dans le débat démocratique. ‘’Il ne s’agit pas de museler l’opposition’’, conclut-il, ‘’mais de rappeler que toute liberté implique une responsabilité’’.
Entre appels à la réforme juridique, dénonciation d’une justice sélective et défense de l’autorité de l’État, les arrestations des dernières semaines agitent le champ public. Le régime de Diomaye Faye, arrivé au pouvoir avec une promesse de rupture, semble désormais confronté au difficile équilibre entre protection des institutions et respect des libertés.
LE TER CIBLÉ PAR DES ACTES DE SABOTAGE
Dans un communiqué conjoint, la SENTER et la SETER condamnent fermement ces actes et appellent à la préservation de ce patrimoine national essentiel à la mobilité urbaine.
La Société nationale de Gestion du Patrimoine du TER (SENTER) et la Société d’Exploitation du TER (SETER) ont dénoncé ce lundi, à travers un communiqué conjoint, des actes de sabotage perpétrés sur les emprises du Train Express Régional (TER). Deux incidents distincts survenus les 13 et 14 juin 2025 ont endommagé des équipements stratégiques essentiels à la bonne gestion de la circulation ferroviaire.
Ces actes malveillants ont provoqué d’importants ralentissements et perturbations du trafic sur l’ensemble de la ligne, impactant directement les usagers. Le préjudice ne se limite pas aux retards enregistrés : les destructions causent aussi d’importants surcoûts liés à la réparation et au remplacement des installations endommagées.
Dans leur communiqué, la SENTER et la SETER rappellent que le TER est un patrimoine national, au service de la population sénégalaise. En facilitant la mobilité urbaine, notamment dans l’agglomération dakaroise, il constitue un levier crucial pour l’activité économique et sociale. « Il ne doit en aucun cas être une cible de sabotage, mais au contraire un bien commun à protéger », soulignent les deux entités.
Des enquêtes judiciaires ont été ouvertes en lien avec la Légion de Gendarmerie du Transport Ferroviaire (LGTF), afin d’identifier les auteurs de ces actes. Toutefois, les autorités indiquent qu’aucune information supplémentaire sur ces investigations ne peut être révélée à ce stade.
La SENTER et la SETER réaffirment que la sécurité reste leur priorité absolue. Elles assurent continuer à veiller, au quotidien, à la préservation du TER pour garantir un service fiable et sécurisé à tous les voyageurs.
Ce rappel à l’ordre intervient dans un contexte où le respect des biens publics et de l’intérêt collectif est plus que jamais essentiel pour accompagner le développement du Sénégal.
62,5 % DES ENFANTS EN MOBILITÉ EXPOSÉS À L’EXPLOITATION
Une étude menée par ChildFund révèle que plus de six de ces enfants et jeunes au Sénégal sont exposés à des risques d’exploitation économique et sexuelle. Le rapport dénonce l’absence de dispositifs de protection adaptés.
Une récente étude menée par l’organisation ChildFund dresse un constat alarmant sur la situation des enfants et des jeunes en situation de mobilité au Sénégal. Selon ce rapport, 62,5 % d’entre eux sont exposés à des risques d’exploitation économique et sexuelle. L’étude met en lumière les nombreux défis auxquels ces jeunes, âgés majoritairement de 15 à 23 ans, sont confrontés : absence d’accès aux soins de santé, à l’éducation, et exposition à des dangers souvent mortels liés à des déplacements non encadrés.
Cette étude, fondée sur des données recueillies auprès de 1 004 enfants et jeunes, de 170 acteurs communautaires et de 35 institutions à travers le pays, offre un aperçu détaillé des motivations et parcours de ces jeunes, qui quittent souvent leurs foyers à la recherche de meilleures opportunités ou pour fuir des situations critiques comme les conflits, les violences basées sur le genre ou les catastrophes naturelles.
Parmi les principaux facteurs de départ, 39 % des jeunes évoquent la volonté d’échapper à la pauvreté, tandis que 16,6 % sont influencés par les attentes liées à la dot. D’autres cherchent simplement à gagner leur autonomie ou vivre une aventure.
Les filles en mobilité sont les plus exposées aux risques de violences sexuelles et d’exploitation. Dans des zones urbaines comme Dakar, 30 % d’entre elles travaillent dans le secteur domestique, et 15 % dans les services commerciaux. Chez les garçons, 18 % occupent également des emplois domestiques, 17 % dans le commerce, et 15 % sont contraints à la mendicité, une situation les rendant particulièrement vulnérables à l’exploitation et aux abus.
La majorité des enfants en situation de mobilité sont de nationalité sénégalaise (67,6 %), mais l’étude révèle également une présence significative de jeunes venus de pays voisins : Nigéria (9,5 %), Guinée-Conakry et Mali (6,9 % chacun), Guinée-Bissau (3,4 %), Burkina Faso (2,7 %), Gambie, Niger, Ghana et Mauritanie.
À leur arrivée à Dakar, seuls 2,3 % des jeunes migrants reçoivent une forme d’assistance, le plus souvent alimentaire. ChildFund alerte sur l’absence de dispositifs efficaces de protection et recommande des mesures urgentes : renforcement de la coopération entre les acteurs, mise en place de centres d’accueil, accès équitable à l’éducation, adaptation des réponses aux contextes locaux, et surtout, une sensibilisation accrue aux droits de l’enfant.
Malgré les difficultés, l’étude souligne aussi une forte résilience : 80,1 % des jeunes témoignent de comportements positifs comme la poursuite des études ou l’entraide. Toutefois, 19,9 % d’entre eux vivent un stress intense, signalant l’urgence d’un appui psychosocial renforcé.
« C’est un signal d’alarme. Nous ne pouvons pas détourner le regard alors que des milliers d’enfants franchissent des frontières et des communautés à la recherche d’une vie meilleure, pour se retrouver confrontés au danger, à l’exploitation et à la négligence », alerte le Dr Allassane Drabo, Directeur Pays de ChildFund Sénégal et Guinée. Il appelle à une action collective pour bâtir un système de protection coordonné, adapté et inclusif.