Baadoolo - «Beugg nguen ngalakh ? Tann len ma»
Diomaye est attendu pour servir du ngalakh. Ngalla waay na gaaw. Parce que tout le monde ressent (l’im)pâques sur les ménages. Té bouy bi ce n’est pas que du pain de singe. Tigadégué bi moom, il faut mettre la main à la... pâte. Sans compter banane ak coco. J’ai oublié le sucre. Je vois des «Samba mooy Jean» et «Demba mooy Paul». Y’en a parmi les musulmans qui ont fait le rang devant le président attendant Diomaye. Yaaniou newoon : «Beugg nguen ngalakh ? Tann len ma». C’est fait.
Le premier entretien téléphonie entre les 2 présidents Macron appelle Diomaye pour la poursuite du partenariat
Il l’avait félicité, il y a deux jours, en français et wolof sur son compte X. Macron a fait un autre pas vers le successeur de Macky Sall. Selon Rfi qui cite l’Elysée, le président français a eu un entretien téléphonique, ce vendredi, avec le Président Bassirou Diomaye Faye, ce vendredi 29 mars 2024, à qui il a exprimé sa «volonté de poursuivre et d’intensifier le partenariat entre le Sénégal et la France». Macron lui a également «réitéré ses chaleureuses félicitations» et «a salué le bon déroulement de ces élections et le choix souverain du peuple sénégalais».
Audience avec le Président de la Commission de l’Uemoa Amadou Mame Diop plaide pour la préservation de l’intégration régionale
Le président de l’Assemblée nationale a reçu, hier, le président de la Commission de l’Union économique et monétaire Ouest-africaine (Uemoa), Abdoulaye Diop. Au cours de cet entretien, Amadou Mame Diop a exprimé ses «chaleureuses félicitations» à son hôte et magnifié les «mesures salutaires» prises par les plus hautes autorités en vue de maintenir la solidarité entre les Etats membres, rapporte un communiqué de l’Assemblée. Il a notamment souligné la nécessité de «préserver et de renforcer l’ancrage de nos Etats dans le processus d’intégration régionale bénéfique aux populations». Pour sa part, le président de la Commission de l’Uemoa a présenté la situation globale de l’Union et les conclusions de la dernière Session de son Comité interparlementaire. «Abdoulaye Diop a notamment évoqué les enjeux et défis de l’espace communautaire et s’est réjoui des belles perspectives au regard des bonnes performances économiques attendues pour l’année 2024 et les années suivantes. Il a mentionné les avancées importantes du Sénégal dans la mise en œuvre des réformes, politiques, programmes et projets de l’Uemoa», indique le communiqué.
Altercation avec Ousmane Yara au Palais - Oumar Sow arrêté, puis libéré
Son interpellation était attribuée à ses sorties au vitriol contre le Président sortant. Mais les choses commencent à se préciser. Le conseiller spécial du chef de l’Etat, Oumar Sow a été arrêté, hier, pour une altercation au cœur du Palais de la République. «Je suis en train d’être conduit à la brigade de Thiong. J’assume tous mes propos et je reste plus que déterminé à me battre», avait-il informé sur sa page Facebook. Cependant, il ressort de plusieurs sources que le responsable Apr à Yeumbeul, proche de Amadou Ba, a eu une altercation avec Ousmane Yara qui avait une audience avec le chef de l’Etat. Une bagarre a ensuite éclaté entre les deux hommes. Il aurait proféré des insultes contre Yara, impliqué dans les négociations pour la libération de Ousmane Sonko. Mais d’autres sources confient qu’il l’a simplement traité dans la salle d’attente de «comploteur» contre Amadou Ba. Oumar Sow a été libéré dans la soirée, selon Buur News.
Organisation du scrutin et élection de Diomaye Faye La Cds magnifie la «maturité» du peuple sénégalais
La Confédération pour la démocratie et le socialisme (Cds) exprime son satisfécit après le scrutin du 24 mars 2024. Ce regroupement des partis de gauche affiliés à Benno bokk yaakaar loue la «bonne organisation» de l’élection présidentielle qui a consacré la victoire de Bassirou Diomaye Faye dès le premier tour. La Ld, And Jëf authentique, le Pit, l’Udf/Mboolo mi et autres saluent la «maturité des acteurs politique en compétition qui ont accepté les résultats des urnes». Une démarche qui atteste «la crédibilité» et la «fiabilité de notre système électoral», liton dans un communiqué. La Cds salue, en outre, la «posture républicaine» du président sortant, Macky Sall, mais surtout «le calme et la sérénité dont les Sénégalais ont fait preuve» et la démocratie sénégalaise qui en sort grandie.
Emigration irrégulière - Cinq membres d’une même famille portés disparus
Le Président de l’Ong Horizon sans frontières (Hsf) alerte. A travers un communiqué de presse, Boubacar Sèye informe de la disparition en mer de membres d’une même famille. Le chercheur et consultant en migrations d’ajouter : «C’est encore un appel de détresse d’une mère de famille en larmes qui m’a réveillé ce matin (hier). Elle a perdu 5 membres de sa famille dont deux jeunes filles en classe de terminale et une femme enceinte de 7 mois. Ils sont sans nouvelles depuis le mois d’octobre, embarqués dans une pirogue à destination des îles Canaries. Hsf alerte sur la féminisation des flux migratoires clandestins au Sénégal.»
Bonne gouvernance démocratique - Sursaut citoyen montre la voie à suivre
Sursaut citoyen a présenté, hier, à Dakar, la charte de bonne gouvernance démocratique des Assises nationales réactualisée. Cette charte est composée au total de dix chapitres abordant plusieurs questions et domaines bien distincts. Elle découle d’un besoin urgent de sortie de crise suite à des problèmes d’ordre social ayant pour objectif de valoriser les projets de société par le moyen du dialogue et le consensus dans la prise de pouvoir. La charte de bonne gouvernance est censée être respectée par toutes les parties prenantes, notamment plusieurs candidats de la Présidentielle du 24 mars. Dans ce document, de nombreux points ont été abordés parmi lesquels l’hyper présidentialisme, le rapprochement noté entre le pouvoir exécutif et législatif ces dernières années ou encore quand la justice ne joue plus son rôle de dernier rempart. Ainsi la charte apparait comme un antidote pour apporter des solutions à ces problèmes. D’ailleurs, des recommandations basées sur des valeurs telles que la sacralité des deniers publics, le pouvoir équilibré, le renforcement des institutions ou encore l’accès du peuple à la Constitution par la traduction de cette dernière dans les langues autochtones. A cela s’ajoute la création d’un organe indépendant chargé de la gestion du processus électoral du début jusqu’à la fin, y compris le financement des partis politiques et les campagnes électorales.
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DIOMAYE FAYE A COMMENCÉ SES CONSULTATIONS
Le nouveau président est à l'oeuvre pour la formation de son gouvernement annoncé pour le 5 avril. Le mot d'ordre sera la compétence, avec la nomination notamment de technocrates et de membres de la diaspora
Le nouveau président Bassirou Diomaye est à l'oeuvre pour la formation de son gouvernement annoncé pour le 5 avril. Le mot d'ordre sera la compétence, avec la nomination de technocrates et de membres de la diaspora, selon des indiscrétions de TV5 Monde.
par Saliou Ngom
LES ENSEIGNEMENTS D’UN SCRUTIN
Entre justice manipulée, restrictions des libertés et répression des opposants, Macky Sall aura finalement payé le prix de sa dérive autoritaire. Majorité absolue dès le premier tour, le message de sanctions des urnes est sans appel
Après plusieurs rebondissements et incertitudes dans le processus électoral, le Sénégal a tenu ce 24 mars 2024 l’élection présidentielle. En passant par l’Assemblée nationale puis par un « dialogue national », le président de la République avait tenté d’annuler la convocation du corps électoral, avant d’être contredit par le Conseil constitutionnel.
À l’issue de cette élection, les résultats confirment la victoire dès le premier tour du candidat de l’ex-Pastef, Bassirou Diomaye Faye, membre de l’opposition (54,28%). Cette victoire est inédite à plusieurs titres. D’abord au sens arithmétique avec la majorité absolue dès le premier tour ; ce qui n’était jamais arrivé dans l’histoire politique sénégalaise pour un parti d’opposition.[1] Ensuite parce que le candidat est sorti de 11 mois de détention (avril 2023-mars 2024) après le démarrage de la courte campagne présidentielle, suite à une accusation d’ « outrage à magistrat ». Enfin, parce que le parti qui arrive au pouvoir, le Pastef, créé en 2014, a subi pendant ces trois dernières années diverses formes d’injustice et accusations (arrestation de ses militants, intimidations, accusation de terrorisme ou de séparatisme etc.) ayant justifié, selon les autorités, sa dissolution par le ministre de l’intérieur en juillet 2023.
Au-delà de Bassirou Diomaye Faye et du Pastef, la sociologie de cette élection permet de tirer plusieurs enseignements sur la nouvelle configuration politique sénégalaise ayant permis cette consécration. Des élections législatives aux locales de 2022, le parti/coalition au pouvoir (APR-BBY) était confronté à une sérieuse tendance d’affaiblissement électoral, d’essoufflement politique et de querelles de leadership. Cette dynamique était déjà bien marquée dans les zones urbaines en 2022 (législatives et locales) et se sont confortées dans les zones rurales, qui ont majoritairement voté pour le candidat Bassirou Diomaye Faye en 2024.
Dès l’ouverture de la courte campagne présidentielle, l’importante implication des jeunes, malgré le ramadan et le carême, a attiré l’attention des observateurs. Leur forte participation, ainsi que la perspicacité de la communication du Pastef[2], n’ont laissé aucune marge aux autres candidats dans la campagne. Cette configuration a contribué à étouffer la visibilité du discours et les propositions des autres candidats, tout en renforçant la bipolarisation de l’électorat. De fait, l’élection présidentielle est devenue un referendum pour ou contre la continuité (le système contre l’antisystème). L’opposition significative (Coalition Diomaye Président) s’est attelé à accentuer cette bipolarité entre le système (Macky mooy Amadou[3]) et l’antisystème (Sonko mooy Diomaye[4]). La libération d’Ousmane Sonko et de Bassirou Diomaye Faye, suite à la loi d’amnistie, a renforcé cette dynamique, rendant presque invisible l’action des autres candidats.
Cette configuration électorale bipolarisée a fortement tourné à l’avantage du nouvel élu, au détriment des candidatures de troisièmes voies (Khalifa Sall, Thierno Alassane Sall, Anta Babacar etc.), qui comptaient sur l’invalidation des candidats du Pastef pour s’affirmer. Cette configuration bipolarisée, en plus de la courte durée de la campagne, a davantage étouffé les discussions/débats thématiques ou programmatiques entre les candidats. Les rares propositions discutées, à propos de la politique monétaire, tournaient à l’avantage du Pastef et de sa position souverainiste. Pour accentuer cette bipolarisation, comme lors des élections législatives, les jeunes et leaders du Pastef n’ont pas hésité à insinuer que certaines candidatures faisaient le jeu de la majorité présidentielle. Ainsi les petites attaques de ces candidats (Anta Babacar, Khalifa Sall etc.) contre Diomaye Faye n’ont fait que les isoler davantage : les résultats montre qu’après ce dernier (54,28%) et Amadou Ba (35,79%), les 17 autres candidats se sont partagés les 10% de l’électorat, avec des scores très faibles. Sur ces 17 candidats dont une femme (Anta Babacar Ngom), seuls deux ont pu dépasser la barre symbolique de 1% (Aliou Mamadou Dia avec 2,80% et Khalifa Sall avec 1,56%). Ces faibles scores ne traduisent pas forcément le niveau réel de leur (im)popularité, mais surtout la forte bipolarisation de l’électorat et la force du vote utile dans un contexte politique inédit.
Bien conscientisés par les nouveaux mouvements sociaux[5], nombre d’électeurs issus des grandes villes ont considéré que le candidat Amadou Bâ, peu soutenu par celui qui l’avait désigné (le président de la République), n’était rien de moins que le candidat d’une France soucieuse de renforcer sa mainmise politique et économique. L’exploitation prochaine du gaz et du pétrole par le Sénégal a contribué à renforcer cette idée auprès des jeunes électeurs. Face à cette continuité supposée d’Amadou Bâ, la proposition de « renégocier les contrats pétroliers , gaziers » et de pêche, a particulièrement séduit ces jeunes électeurs. Bref, la question postcoloniale, particulièrement celle de la présence des multinationales (Aucun, Eiffage, Total etc.) a été au centre de cette campagne présentielle.
Le résultat de l’élection montre aussi que la page du mécontentement populaire, dont les manifestions depuis février 2021 ont été l’expression, n’est visiblement pas tournée. Les électeurs ont ainsi sanctionné un système de répression et de restriction des libertés qui n’a fait que renforcer le mécontentement populaire. La libération de plus de 400 détenus politiques avant la campagne, avec la loi d’amnistie, a permis à ces jeunes de dénoncer tout au long de la campagne « les tortures » qu’ils auraient subies. Ainsi, au-delà de la personne d’Amadou Bâ, ce vote traduit surtout une sanction contre le régime et la gouvernance de Macky Sall, qui a remis en cause nombre d’acquis démocratiques (liberté d’expression et d’association, ouverture politique etc.).
La place des diasporas a été plus que déterminante dans l’affaiblissement politique du régime de Macky Sall et la défaite d’Amadou Bâ. Ce furent surtout les contributions qualitatives (lives des activistes, soutien aux familles de victimes, diffusion de vidéos de tortures, etc.) et financières des Sénégalais de l’étranger qui ont permis à l’opposition de faire face à la restriction des libertés des activistes et des acteurs politiques, ces trois dernières années.
Enfin, l’un des enseignements de ce processus, menant à la victoire de l’opposition, est le danger de l’hyper-présidentialisme et l’importance d’une justice libre pour consolider la démocratie : du tribunal de Ziguinchor au Conseil constitutionnel, en passant par la Cour suprême et avec les différents recours des candidats, la justice n’a jamais été aussi sollicitée dans l’arbitrage et la régulation du processus électoral afin d’aboutir à la tenue d’une élection libre et transparente. Tous ces enjeux montrent les défis du nouveau président élu, Bassirou Diomaye Faye, pour le rétablissement de la confiance dans les institutions politiques (Assemblées, justice, Gouvernement, etc.), mais surtout pour une sérieuse réforme des institutions que la société civile appelle de ses vœux.
[1] Abdoulaye Wade (2000) comme Macky Sall (2012) étaient passés au second tour.
[2] Qui a permis de mettre Ousmane Sonko au centre de l’élection (avec le Slogan Diomaye mooy Sonko), alors qu’il n’était pas candidat.
La cérémonie prévue au Centre international de conférences Abdou-Diouf (CICAD) de Diamniadio sera suivie de la passation de pouvoir avec le président sortant, Macky Sall, au Palais de la République
Le président élu Bassirou Diomaye Faye prête serment, mardi à partir de 11 heures, au Centre international de conférences Abdou-Diouf (CICAD) de Diamniadio, lors d’une cérémonie suivie d’une passation de pouvoir avec le président sortant, Macky Sall, au Palais de la République; a appris l’APS de source officielle.
Bassirou Diomaye Diakhar Faye a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle avec 54, 28 %, selon les résultats officiels provisoires proclamés mercredi.
Le président élu a été reçu jeudi en audience par Macky Sall. Les deux hommes ont discuté des grands dossiers de l’Etat et de la cérémonie de prestation de serment et de passation de pouvoir, a fait savoir la présidence. Ousmane Sonko, leader des Patriotes africains du Sénégal pour l’éthique et la fraternité (PASTEF), dont est membre le président élu, a pris part à l’audience.
LE FILS PRODIGE DE NDIAGANIAO À LA TÊTE DU PAYS
Fils obéissant et travailleur, Bassirou Diomaye Faye s'est toujours distingué par sa droiture et son excellence. Portée par les valeurs qu'il a reçues, sa victoire résonne avec fierté dans son village
L’accession de Bassirou Diomaye Faye à la magistrature suprême est tout sauf une surprise pour les habitants de Ndiaye-Ndiaye, qui avaient déjà tracé un destin prodigieux à ‘’l’honorable’’ fils prodige.
Pour beaucoup, l’élection de Bassirou Diomaye Faye comme cinquième président de la République du Sénégal, dès le premier tour, tient du miracle en raison notamment des vents contraires qui soufflaient pour freiner l’accomplissement de cette ambition, le 24 mars.
Dix jours plus tôt, il dormait encore en prison. Alors, lorsque les premières tendances le créditent d’une victoire dès le premier tour, ses partisans peinent à y croire, estimant sans doute qu’une telle perspective s’avérait trop beau pour être vrai.
Sauf pour les habitants de Ndiaye-Ndiaye, un village de la commune rurale de Ndiaganiao, située à 105 kilomètres de Dakar, qui ont vu naître Bassirou Diomaye Faye.
Pour la petite histoire, le tout nouveau chef de l’État du Sénégal a soufflé sa 44e bougie le lendemain du scrutin.
Un miracle, ce succès ? Que non, pour les Ndiaganiaois. Pour eux, l’explication est toute simple : à enfant prodige, destin prodigieux. Diomaye ne signifie-t-il pas ‘’L’Honorable’’ en langue sereer ?
Garçon bien né
A l’école comme dans la vie de tous les jours, Bassirou Domaye Diakhar Faye, son nom complet, a toujours fait preuve d’honorabilité. Ce qui lui a valu tableaux d’honneur et éloges fervents de tous les habitants du village tant le jeune garçon est d’un comportement irréprochable.
De l’élémentaire à l’école du village au CEM, à Mbour, à 32 kilomètres de là, Diomaye a toujours été parmi les premiers de sa classe. A part une admission au Bac dès le premier tour, sans la mention qu’il convoitait, il a toujours fait la course en tête jusqu’à l’obtention de sa Maîtrise en Droit et son admission à l’ENA, l’Ecole nationale d’administration. Il en sort inspecteur principal des Impôts.
Mor Sarr, son camarade de classe en 6e se souvient : ‘’Diomaye était un élève brillant et calme, qui donnait les bonnes réponses aux questions des professeurs. Il était très fort en français. J’étais plus attiré par les mathématiques, la seule matière où je parvenais dès fois à le dépasser’’.
Nous sommes en 1992-1993, les deux collégiens viennent du même village et naturellement une certaine proximité se crée entre eux. Elle sera renforcée par le sain désir du petit Diomaye d’exceller dans toutes les matières. ‘’J’étais bon dans les matières dites scientifiques et lui dans celles littéraires’’, rappelle Mor Sarr.
Diomaye se rapproche davantage de Mor, qui l’aide, après les heures de cours, à déchiffrer les équations mathématiques que leur posait leur professeur. ‘’Cela nous a rapproché’’.
De cette soif de savoir naîtra une amitié qui résiste au temps, la conscience politique s’y étant greffée. Mor est d’ailleurs le responsable local de PASTEF, la formation de Diomaye.
Village le plus célèbre du Sénégal
Dans leur quartier général, un grand local en dur au toit en tôle ondulée, au cœur de Ndiaganiao, les vestiges de la campagne électorale sont toujours visibles : des chaises utilisées lors des meetings, des affiches à l’effigie du président élu et à celle d’Ousmane Sonko, son mentor politique.
Quelques militants, bracelets aux couleurs du parti au poignet, jettent des yeux distraits sur un téléviseur qui diffuse le journal de 12 heures. Dans le siège local de PASTEF, des journalistes, étrangers et sénégalais, d’ailleurs plus nombreux que les militants, ce jour-là, s’impatientent.
Comme le président Léopold Senghor pour Joal et Djilor, Diomaye Faye, plus jeune président du Sénégal, a réussi à mettre Ndiaganiao et Ndiaye Ndiaye sur la mappe. Il est devenu le village le plus célèbre du pays. De partout, Mor Sarr reçoit des sollicitations des médias qui pour une interview qui pour être accompagnés à la maison familiale du nouveau président sénégalais.
Pour arriver sur les lieux, il faut passer par des ruelles sablonneuses jonchées pour certaines d’excréments d’ânes et de chevaux.
Ndiaye Ndiaye, la bourgade natale
Installés sur des chaises en plastique, disposés en demi-cercle, sur une vaste véranda, ils sont parés de leurs plus beaux caftans.
Tous ont vu grandir Diomaye, avoir d’excellents résultats à l’école et montrer une ardeur et une ingéniosité dans les travaux champêtres pendant les vacances scolaires.
Solane Diouf, fait partie des notables du village. Il dit : ‘’Je suis un voisin mais je fais partie de la famille depuis très longtemps, des gens dignes, et Diomaye est quelqu’un de bien éduqué, à qui ses parents ont inculqué des valeurs fortes, qui ont développé en lui un leadership précoce’’.
Un grand poster à son effigie trône sur un mur, derrière son père assis sur sa chaise, élégant, le châle assorti à son fez. Samba Ndiagne Faye, malgré l’âge avancé et les nombreuses interviews sans prise de rendez-vous se prête gentiment au jeu. Son épouse, elle, à la santé fragile, préfère se reposer dans sa chambre.
‘’Diomaye a toujours été un enfant calme, poli et obéissant à ses parents et à ses aînés tant qu’il s’agisse d’agir en droite ligne des valeurs de droiture, de justice, d’équité que je lui ai inculquées’’, témoigne-t-il d’une voix posée. ‘’C’est pour cela que je n’ai jamais levé la main sur lui’’, dit-il.
‘’Thiapathioly’’
Une chose de rare sous nos cieux, que lui envieraient nombre d’enfants. Car, à une certaine époque, la chicotte, les gifles ou les fessées faisaient partie intégrante de l’éducation. Qui aime bien, châtie bien, dit-on. Mais Diomaye est un jeune premier qui ne se permet aucun écart de conduite, un ‘’thiapathioly’’ comme on dit en wolof.
‘’Du temps où il était écolier, après ses cours, c’est lui qui partait chercher des fagots de bois pour sa mère, lavait la vaisselle, pilait pour elle le mil et les graines ; bref, il s’adonnait à toutes les tâches dévolues aux filles dans nos contrées’’, se souvient Abdoulaye Diouf, ce sexagénaire, tirant de grosses bouffées de sa pipe.
‘’Dieu l’a gratifié pour services rendus à sa mère ’’, dit-il fièrement, avant d’ajouter : ‘’Autre chose que je peux dire de ce garçon : personne – ni même son père, ni sa mère- ne peut le dévier de la droiture’’.
Son père, justement, avoue qu’il ne l’a jamais ‘’vu être mêlé à une bagarre, ce qui est courant entre enfants à bas-âge.’’
‘’Vous pouvez demander au hasard aux habitants du village. Ils te diront la même chose’’, soutient-il. Djodie Diéry Faye, qui a joué avec Diomaye enfant, confirme. ‘’On attelait ensemble les chevaux de nos parents pour aller aux champs, en compagnie de ses frères Abdou Aziz et Mansour. On devait avoir 13-14 ans, mais jamais, il n’a eu le moindre accrochage avec quiconque’’.
Plus âgé que lui de deux ans, Djodie Diery est aux anges lorsqu’il se représente son camarade de jeu devenu président de la République du Sénégal.
Témoin privilégié d’un évènement historique
Il se considère comme un privilégié pour être témoin de cet évènement historique. Quand il évoque ce soir du 24 mars 2024, il a des étoiles dans les yeux, comme s’il n’était pas toujours revenu de son euphorie.
Djodie Diery espère vivre assez longtemps pour voir Diomaye réaliser de grands desseins pour le pays. ‘’Avec lui, le Sénégal vivra une période faste, connaîtra un réel développement, et la CEDEAO se réconciliera avec ses habitants’’, pense savoir cet ancien globe-trotter, passé par plusieurs pays de la région ouest-africaine.
Fortes attentes
Sur les questions internationales comme sur les priorités nationales, les attentes des habitants de Ndiaganiao sont nombreuses envers leur président.
Tenning Ndour, la cinquantaine, est femme au foyer. Sous le chaud soleil de midi, elle discute avec son fils adolescent, attendant que leur charrette, principal moyen de transport ici, soit attelée.
Il était revenu voter, mais s’apprête à retourner à Kayar où il exerce de petits boulots. Elle espère que le nouveau chef de l’Etat trouvera une solution afin que ‘’nos enfants ne quittent plus nos terroirs et prennent le chemin de la migration irrégulière’’.
A voir le nombre de groupes de jeunes et de moins jeunes massés à l’ombre des arbres, devisant et buvant du thé, l’oisiveté fille d’un chômage endémique, semble être leur lot quotidien.
Dans cette commune rurale défavorisée, mais avec un réel potentiel agricole, seuls six des trente-sept villages qui la composent sont électrifiés, renseigne Mor Sarr de PASTEF. L’eau courante est toujours un luxe. Il en était ainsi lorsque Diomaye Faye était encore élève. Ndiaganiao ne dispose toujours pas d’hôpital, juste un dispensaire. Heureusement que Diomaye est là. L’énarque y organise souvent des journées de consultation médicale gratuite. Il a offert une ambulance au village. ‘’Ses actions caritatives sont nombreuses’’, soutient-on ici, rappelant que leurs doléances sont connues de leur président.
L’une des attentes de Fatou Sène, la quarantaine, réside dans la construction d’une route praticable. Elle qui effectue de fréquents aller-retours entre Gossas, où elle est originaire, et Ndiganiao où elle mène sa vie d’épouse, sait de quoi elle parle. La piste allant du croisement de Sandiara à Ndiaganio n’est sans doute pas meilleure.
Des travaux sont en train d’y être effectués. Ils seront sûrement accélérés, maintenant qu’un fils de Ndiaganiao est à la tête de l’Etat. Rien que pour l’image du Sénégal, il ne serait pas bien vu que la route menant au domicile familial du président soit truffée de nids de poule et de crevasses.
‘’Diomaye relèvera le défi’’
Malgré ‘’la vie chère, le manque d’eau et toutes les difficultés’’ qui affectent leur contrée et au-delà, le pays entier, Anta Dione, paysanne, et tous les Niaganiaois, n’ont pas de doute que le fils du terroir relèvera ces défis et bien d’autres. ‘’C’est une personne bien, de grand cœur et qui sait d’où il vient’’, soutiennent-ils en chœur.
Diomaye Diakhar Faye est l’homonyme du président, frère cadet de son papa. Il n’est pas adepte d’un optimisme béat.
Avec la distance axiologique caractéristique du monde académique, il sait que la fonction présidentielle n’est pas une sinécure.
Diomaye sait d’où il vient
‘’En tant que politologue, je saisis la pleine mesure de cette noble et lourde charge, parce que je connais la réalité du Sénégal. Pendant ces 24 dernières années, le comportement de certaines personnes qui représentent les institutions a bien terni l’image du pays. La corruption s’est presque sclérosée. Et si dans un pays, les mauvaises pratiques politiques se perpétuent pendant des années, presque pendant une génération, elles deviennent comme normales et finissent par faire partie plus ou moins des mœurs’’, analyse-t-il.
Aussi, ‘’voir (son) fils se retrouver dans cette situation compliquée et pour laquelle le peuple lui fait confiance afin d’apporter les corrections idoines’’ lui procure à la fois ‘’fierté’’ et ‘‘prudence’’.
Toutefois, dit-il, ‘’il sait plus que quiconque qu’il ne peut y avoir de développement industriel et économique sans passer par le secteur primaire. Sa culture de fils de paysan est certainement l’une des raisons pour lesquelles la question de l’agriculture est aussi importante pour lui. De plus, il est allergique à l’injustice et est très généreux avec les personnes démunies. C’est une personne avec beaucoup de qualités’’.
‘’Tout ça peut être compliqué, mais je sais que Diomaye peut relever le défi’’, ajoute-il.
En attendant, son élection a créé une réelle émulation auprès des écoliers et collégiens qui reviennent de l’école primaire où le chef de l’Etat élu a étudié. Enfants d’ouvriers, de paysans, qui n’ont pas les bras assez longs pour bénéficier de pistons et autres passe-droits, ils savent désormais que ‘’tout est possible à force d’y croire, poussés par une forte abnégation’’, comme le dit avec détermination Astou Dione, élève en Seconde L.
Mansour, lui est un neveu du président. Il est le fils du grand frère de ce dernier. A la question de savoir ce qu’il aimerait faire plus tard, quand il sera grand, la réponse est toute trouvée : ‘’président de la République’’.
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RUPTURE ET RENAISSANCE AU SÉNÉGAL
À contre-courant des élites déconnectées, Faye et Sonko ont su réveiller les aspirations de changement de la jeunesse. Sauveront-ils le Sénégal de l'emprise néocoloniale ? Analyse et commentaires avec René Lake, Niakala Goké et Kalvin Dark sur VOA Afrique
À 44 ans, Bassirou Diomaye Faye vient de réaliser l'impensable. Cet inspecteur des impôts devenu figure de la contestation a été propulsé à la présidence du Sénégal dès le premier tour. Porté par une vague de jeunesse en quête de changement radical, son élection marque une rupture historique avec le vieux système politique.
Diomaye Faye, avec son mentor Ousmane Sonko, incarne une nouvelle génération panafricaniste déterminée à briser les vieilles chaînes néocoloniales. Leur discours à contre-courant, prônant l'indépendance vis-à-vis des puissances étrangères et la renégociation des contrats léonins, a renforcé les masses.
Mais ce vent de rupture soulève de nombreux défis. Comment concrétiser les promesses de moralisation sans provoquer de crises ? Réformera-t-on vraiment le système éducatif pour « dé-coloniser » les esprits ? Sonko conservera-t-il son influence au risque d'éclipser le président ?
Analyse et commentaires avec René Lake, Niakala Goké et Kalvin Dark dans l'émission hebdomaire Washington Forum sur VOA Afrique.
UEMOA, LE CONSEIL DES MINISTRES ASSURE AVOIR MIS EN ŒUVRE DE NOMBREUSES ORIENTATIONS
Le Conseil des ministres statutaire de l’UEMOA a assuré au terme de ses travaux de sa première session ordinaire pour l’année 2024 avoir mis en œuvre des orientations générales définies par la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement.
‘’Je me réjouis de l’adoption du rapport sur la situation économique et monétaire de l’UEMOA au 31 décembre 2023’’, a dit le ministre ivoirien des Finances, Adama Coulibaly, dont le pays assure actuellement la Présidence tournante. Il s’exprimait au cours d’une cérémonie marquant la fin des travaux.
Selon lui, ‘’ce document fournit des éléments sur l’activité économique qui est restée dynamique avec un ralentissement généralisé de l’inflation et des perspectives favorable en matière de croissance d’inflation et de stabilité extérieure’’. ‘’A cet égard, a-t-il ajouté, l’approbation des comptes de la BCEAO pour l’exercice 2023 et l’affectation des résultats financiers répondent à l’exercice de nos prérogatives au regard des missions qui nous sont dévolues par le traité de l’UEMOA et les statuts de l’institut d’émission’’.
M. Coulibaly a dit ‘’noter avec satisfaction l’adoption de la décision fixant les montants seuils complémentaires pour la mise en œuvre de la loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et de la prolifération des armes de destruction massive dans les États membres de l’UEMOA’’.
Il indique que ‘’cette décision vient compléter le dispositif de mise en œuvre de la loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et de la prolifération des armes de destruction massive dans les États membres de l’UEMOA ’après le seuil adopté par l’organe en décembre 2023’’.
Le Conseil des ministres a appliqué ‘’les articles 5 et 8 de l’annexe à la convention régissant la commission bancaire de l’UEMOA permettant le renouvellement du mandat des membres du collège de résolution’’. Selon M. Coulibaly, il a également adopté ‘’l’approbation des comptes annuels de la Banque ouest africaine de développement et de son rapport annuel au titre de l’année 2023’’.
Par ailleurs, le conseil a annoncé la nomination du représentant de la Guinée Bissau au sein du comité de politique monétaire en application des statuts de la BCEAO. ‘’Elle permet, selon M. Coulibaly, d’assurer la représentation de l’ensemble des états membres de l’Union au sein de cet organe important de la banque centrale’’.
Il a fait savoir que les échanges, sur la modification de certaines dispositions de la loi uniforme relative à la ‘’répression du faux monnayage et des autres atteintes au signe monétaire dans les États membres de l’UEMOA, seront poursuivis’’. Cette demande de modification a été introduite par le Bénin et le Burkina Faso.
NOMINATIONS TOUS AZIMUTS, GUY MARIUS AVERTIT MACKY SALL
La nomination d'Abdoulaye Ndiaye au poste de premier président de la Cour suprême, fait déjà parler. Et c’est Guy Marius Sagna qui ouvre déjà le feu sur Macky Sall et le magistrat.
«Macky Sall, président sortant, vient de nommer Abdoulaye Ndiaye, le magistrat qui a invalidé le dossier de candidature de Sonko, premier président de la Cour suprême. C’est une nomination anti constitutionnelle d’un président sortant à quelques 72h de la fin de son mandat pour le récompenser des services politiques qu’il lui a rendus», a martelé Guy Marius Sagna.
Dans un post via Facebook, le membre de la coalition victorieuse lors de la dernière présidentielle, déclare qu'il s'agit là, d'une illégalité manifeste qui viole l’esprit de la constitution durant une période où le Président de la République ne doit qu’expédier les affaires courantes. Et cette nomination, à ses yeux, relevait de la compétence exclusive du nouveau Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. «C’est une inélégance républicaine inouïe et sans nom que de caser des magistrats ‘‘amis’’ qui seront des faire-valoir de l’ancien régime», estime-t-il.
Selon Guy Marius Sagna, il s’agit là d’un «sabotage» et une «politique de la terre brûlée consistant à signer des contrats, à faire des recrutements pléthoriques injustifiés...dans les différents ministères et directions».
Mais, Guy Marius Sagna prévient : «Nous ferons face ! Si vous pensez que parce que nous avons dit que nous ne ferons pas de chasse aux sorcières, que parce que nous avons dit que la réconciliation nationale est un de nos principaux chantiers - et nous le pensons fortement - vous pouvez vous permettre d'ici le 02 avril pareils forfaitures sans aucune conséquence, vous vous fourrez le doigt dans l'œil jusqu'au coude.»