SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
27 mai 2025
VIDEO
LATIF COULIBALY, LE CHOIX DE L'HONNEUR ?
Des Sénégalais saluent la décision courageuse d’Abdou Coulibaly suite à sa démission du gouvernement de Macky Sall aussitôt après que ce dernier a annoncé le report de la présidentielle du 25 février. Ils attendent d’autres démissions très prochainement
« Un ministre, ça démissionne ou sa ferme sa gueule ». Ainsi déclarait l’ancien ministre français Jean Pierre Chevènement en 1983 lorsqu’il quittait le gouvernement sur fond de désaccord avec l’Execuitif. Une phrase devenue célèbre et dont on ne manque pas de faire usage ironiquement en France quand un membre du gouvernement quitte le gouvernement de son propre chef.
Sous nos tropiques l’acte de démissionner d’un gouvernement n’est pas fréquent mais ça existe. Abdou Latif Coulibaly en a donné l’exemple récemment en rendant le tablier suite à l’annonce par le président du report de la présidentielle prévue initialement le 25 février conformément à la Constitution.
M. Coulibaly est la première personnalité à claquer la porte du gouvernement du régime de Macky Sall pour marquer son désaccord. Il a d’ailleurs précisé qu’il veut retrouver sa liberté de parole.
Cette démission sera suivie dans la foulée de celle du Pr Ewa Marie Coll Seck, ministre d’Etat et patronne de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE).
Dans la rue, les citoyens saluent un acte de courage et attendent vivement que d’autres membres du gouvernements suivent ces exemples.
Certainement dans les jours à venir, l’on pourrait assister à d’autres démissions face à cette décision inattendue du président Sall dont les raisons ne convainquent pas grand monde. La décision est vu comme insensée.
Reste à savoir si la plupart préfèrera sauver leur bifteck au gouvernement plutôt que leur honneur et leur dignité.
Revenons pour rappeler que Jean Pierre Chevènement n’a pas démissionné une seule fois sur la base de désaccord avec le gouvernement. Après avoir joint l’acte a la parole 1983, il va démissionner en 1991 en signe de protestation contre l’intervention militaire française en Irak.
Puise une nouvelle fois, en 2000 quand en sa qualité de ministre de l’Intérieur quitte le gouvernement Jospin rejetant la politique menée par le Premier ministre en Corse. La, lui a battu les records.
VIDEO
SCRUTIN REPORTE PAR RUSE OU PAR SAGESSE ?
Le décision du report du scrutin du 25 février au 15 décembre ouvre la voie à d’innombrables interprétations et analyses. Décision de sagesse pour les uns, ruse pour assouvir une soif de pouvoir pour les autres.- Opinions sur rue AfricaGlobe Tv
Alors que les Sénégalais, en dépit du processus catastrophique de validation des parrainages, étaient prêts à aller aux urnes le 25 février prochain, le président Sall a pris tout le monde de court en annonçant le report de l’élection. Une décision qu’il fait valider par sa majorité mécanique à l'Assemblée nationale avec les députés de son ancien parti politique (PDS), à l’insu des députés de l’opposition, expulsés manu militari de l’hémicycle.
Toujours est-il que ce report ouvre la voie a de multitude d'interpertions, d'analyses differentes les unes des autres. Chacun y va de son commentaire.
Questions : Quelles sont les réelles intentions du président en prenant cette décision unilatérale de report ? Est-ce une volonté inavouée de s’accrocher au pouvoir comme le pensent beaucoup?
Les citoyens sénégalais ont chacun leurs petites idéees sur les agissements du président Sall. Nous vous proposons leurs opinions captees dans les environs de Colobane, Fass, Medina de la capitale senegalaise.
VIDEO
LA CANDIDATURE LA PLUS ILLEGITIME DE TOUTES
De toutes les candidatures invalidées par le Conseil constitutionnel, la seule et unique dont l’invalidation est la plus normale parce qu’illégitime est, de toute évidence, c’est celle de Karim Wade du Pds
De toutes les candidatures invalidées par le Conseil constitutionnel, la seule et unique dont l’invalidation est la plus normale parce qu’illégitime est, de toute évidence, c’est celle de Karim Wade Pds). Paradoxalement, c’est sur la base des revendications du même candidat que le président Sall s’est fondé pour arrêter l’histoire, en reportant la Présidentielle. C’est en tout cas, l’analyse de Mamadou Ndoye, le Coordonnateur de « Sursaut citoyen » dans une interview exclusive accordée à AfricaGlobe Tv.
Karim Wade, le candidat du Parti démocratique sénégalais recalé pour la Présidentielle 2024, devrait s’en prendre à lui-même. En effet, selon Mamadou Ndoye, c’est Karim même qui a fourni la preuve de son inéligibilité. Une pièce délivrée récemment par les autorités françaises.
Très clairement, Karim Wade a menti puisque dans son dossier de candidat transmis au Conseil constitutionnel, il a laissé croire qu’ il était exclusivement de nationalité sénégalaise comme l’exige la loi pour tous. Ce qui n’est pas le cas puisque la renonciation à sa nationalité française n’est intervenue que bien plus tard, le 16 janvier 2024 lorsque certains citoyens ont dénoncé une sorte de mansuétude à son endroit de la part des juges constitutionnels.
Alors que cela aurait dû être fait bien plus longtemps. Il a fallu qu’on le prenne la main dans le sac avant qu’il ne prenne contact avec les autorités françaises pour se faire déchoir de sa nationalité.
L’ex-ministre du Ciel et de la Terre sous le magistère de son propre père veut revenir aux affaires, mais seulement, il s’y est pris de fort mauvaise manière en dissimulant sa seconde nationalité tout en sachant que cela est illégal.
Pris dans l’étau, c’est précipitamment qu’ il a essayé de renoncer. Alors qu’ il fallait le faire bien plus tôt avant le dépôt de sa candidature au Conseil constitutionnel. Question : comment se fait-il que cela échappe au Conseil constitutionnel dans son premier examen de candidatures ?
Aujourd’hui Karim Wade tente de se poser en victime alors qui si l’on se fie à la loi, le Conseil constitutionnel est absolument irréprochable pour le cas très précis de Karim. Mais ses souteneurs ne semblent pas tenir rigueur a leur leader pour son imprudence ignoré la loi. In fine si rien ne change pour Karim, il est doublement perdant : il a d'une part renonce sa citoyenneté française pour accéder aux fonctions de président et malheureusement, sa candidature est rejetée.
Pour mémoire, outre Karim Wade, la double nationalité de la candidate Rose Wardini a aussi été révélée dans la foulée. Elle a été cueillie et déférée pour ce délit. Fin de parcours pour elle. Diantre ! Comment vont-on diriger et on ne veut pas se soumettre aux prescriptions de la Constitution dont on sera le gardien.
En vertu de la Constitution, le Sénégal devrait être en campagne en ce moment en vue de la Présidentielle fixée au 25 février 2024. Mais le Président, le 28 janvier dernier a fait une sortie pour annoncer le report de ce rendez-vous démocratique au 15 décembre, plongeant de facto le pays dans l’incertitude.
En revanche Karin et son parti eux se réjouissent de ce report car ils l’ont ardemment demandé. Le 02 avril fin officiel du mandat de Macky Sall personne ne sait ce qui va se passer.
CAN 2023, RONWEN WILLIAMS OFFRE LE BRONZE À L’AFRIQUE DU SUD
L’Afrique du Sud s’est adjugé de la troisième place de cette 34ème édition de la Can battant au bout du bout la République Démocratique du Congo (0-0, 6 tab 5).
Un dénouement aux tirs au but qui a été le seul véritable gros de suspense dans cette petite finale qui ne restera pas dans les annales car les deux formations ont rivalisé de maladresses et imprécisions techniques durant les 90 minutes. Passé à côté lors de la demi-finale contre le Nigeria, Ronwen Williams a retrouvé de sa verve et permis aux Bafana-Bafana de décrocher la médaille de bronze en arrêtant les penaltys de Chancel Mbemba et Meschack Elia lors de l’épreuve des tirs au but.
Après l’édition de 2000, l’Afrique du Sud termine pour la deuxième fois sur le podium d’une Can. De son côté, la Rd Congo s’en voudra d’avoir loupé des occasions en seconde période et manque l’opportunité d’accrocher une troisième médaille de bronze à son palmarès après 1998 et 2015. Un fin de tournoi sur une note négative pour des Léopards qui voulaient gagner afin de rendre hommage aux victimes des tueries dans l’Est du pays.
MORT DE MODOU GUEYE, CE QUE RÉVÈLE LE CERTIFICAT DE GENRE DE MORT
Selon le certificat de genre de mort, le décès est dû à un traumatisme thoraco abdominal, par arme à feu, avec éclatement du foie.
iGFM - (Dakar) Le certificat de genre de mort du jeune Modou Gueye, qui a pris une balle lors des manifestations d’hier à Pikine contre le report de la présidentielle, est disponible.
Âgé de seulement 23 ans, Modou Gueye est décédé. Il a pris une balle lors des manifestations d’hier. Selon le certificat de genre de mort, le décès est dû à un traumatisme thoraco abdominal, par arme à feu, avec éclatement du foie ayant entrainé un choc hémorragique réfractaire». Malheureusement, renseigne le spécialiste, malgré «les moyens chirurgicaux et anabolisants», il a succombé.
Hier aussi, un étudiant du nom de Alpha Yéro Tounkara est décédé à l’Université Gaston berger de Saint louis. Lui aussi a perdu la vie lors des manifestations. Dans un communiqué de presse publié ce samedi, le ministre de l’Intérieur a voulu dédouaner ses hommes, en déclarant que «les Forces de défense et de sécurité ne sont pas intervenues dans le Campus universitaire où le décès est survenu pour y maintenir l’ordre».
POUR L’EX-CAPITAINE TOURÉ, MACKY SALL MENACE L’OPPOSITION AVEC UN APPEL VOILÉ À L’ARMÉE
L’interview exclusive que le président Sall a accordée à l’agence de presse américaine « The Associated Press » ravive la contestation de son pouvoir.
L’interview exclusive que le président Sall a accordée à l’agence de presse américaine « The Associated Press » ravive la contestation de son pouvoir. Dans des menaces à peine voilées, Macky Sall demande aux acteurs politiques de faire attention parce qu’ils ne sont pas seuls sur la scène. Pour l’ex capitaine de la Gendarmerie, c’est n’est ni plus ni moins qu’un appel du pied à l’armée. A en croire, Seydina Oumar Touré, Macky Sall est prêt à leur céder le pouvoir.
L’intégralité de son texte :
"Ses actes ont toujours témoigné d’un certain mépris à l’égard du peuple sénégalais, mais ce discours démontre encore une fois de plus que le Président Macky Sall n’a jamais aimé le Sénégal, pour lui tout est politique et privilège. Après avoir divisé les sénégalais durant 12 ans, fragilisant nos institutions, ruinant notre réputation de pays démocratique et stable, il menace désormais ouvertement l’opposition, avec un appel voilé à l’armée, qu’il veut céder gratuitement le pouvoir. Monsieur le Président, vous avez franchi toutes les limites mais de grâce, pas celle-là. Vous devez organiser l’élection présidentielle le 25 février 2024, c’est votre seule issue. Ce pays est plus grand que vous et chacun d’entre nous. Le temps est un juge infaillible."
PAR Souleymane Ndour Ater
SUR LA LÉGITIMITÉ DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL À CONTRÔLER LES LOIS DU CONSTITUANT DÉRIVÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - L’argument de la limite de la compétence ne tient pas. La Constitution est une notion en survivance, sa préservation ne se négocie pas. Le juge constitutionnel peut changer le cours de l’histoire
On s’interroge sur la légitimité du Conseil constitutionnel à contrôler les lois de révision de la Constitution. Il est constant en dehors des positions défendues par une certaine doctrine que le juge constitutionnel sénégalais se déclare incompétent pour contrôler la validité constitutionnelle des lois dites constitutionnelles. Elles sont appelées ainsi parce qu’elles découlent du pouvoir constituant dérivé ou originaire. Pour notre analyse l’accent est foncièrement mis sur le premier. C’est-à-dire celui créé par le pouvoir constituant originaire pour réviser la Constitution. Il ne faudrait pas compte tenu de son étendue et sa souveraineté, perdre de vue qu’il est limité. La question qui se pose en droit surtout en droit comparé est de savoir si le Conseil constitutionnel est compétent pour examiner la constitutionnalité des lois qui révisent la Constitution (II). Au-delà de la réponse à laquelle une question appelle, c’est une lapalissade, il importe de reconnaitre qu’elle peut parfois en cacher une autre. Le gros arbre juridique qui cache la forêt lorsqu’on parle du Conseil constitutionnel est de savoir, si le contrôle de constitutionnalité des lois est légitime dans une démocratie (I).
La légitimité du contrôle de constitutionnalité dans une démocratie
Le Conseil constitutionnel pour rappel est une juridiction indépendante composant le pouvoir judiciaire à côté des Cour suprême, Cour des comptes ainsi que les cours et les tribunaux conformément à l’article 88 de la Constitution sénégalaise. Il est chargé de veiller à la conformité des dispositions législatives avec la Constitution avant et après leur entrée en vigueur d’une part par ce que l’on appelle le contrôle de constitutionnalité a priori, d’autre part par le biais d’un contrôle a posteriori ou encore la question préjudicielle. Ses décisions à la lumière de l’article 92 de la Constitution sont insusceptibles de recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles. On pourrait le formuler autrement et dire lorsqu’il rend une décision, celle-ci ne peut plus être contestée devant une autre juridiction sénégalaise. Elle vaut erga omnes car revêtue de l’autorité de chose jugée. Cette précision n’est pas anodine, car on entend à tort certaines personnes se demander d’où est ce que le juge constitutionnel tire son fondement pour être, celui dont on ne peut défaire ses décisions. D’autant que les membres qui le composent sont nommés par des autorités politiques plus précisément le chef de l’État et le président de l’Assemblée nationale. Le fondement est très simple. Il le tire de la Loi fondamentale : la Constitution. Cette dernière lui donne la légitimité d’être le garant de la Constitution en effectuant notamment un contrôle juridictionnel de la loi. Nier la légitimité du Conseil relève plus d’une opinion de profane de droit, de vaine subtilité du langage, ou de saboteur, car le droit positif reconnait l’autorité de la chose jugée au Conseil constitutionnel. Plus encore, en appliquant un raisonnement syllogistique aux décisions du Conseil, l’on se convainc aisément de sa légitimité : A) généralement, les juridictions peuvent prendre des décisions revêtues de l’autorité de chose jugée ; B) le Conseil peut prendre des décisions qui sont recouvertes de l’autorité de chose jugée C) le Conseil est une juridiction légitime. Ce raisonnement contribue ainsi à balayer d’un revers de la main, les arguments de ceux qui continuent de battre en brèche le Conseil comme une juridiction légitime. Son institutionnalisation ne biaise pas la démocratie. Le contrôle de constitutionnalité des lois qui constitue, selon les chiffres disponibles sur le site du Conseil, la compétence la plus importante, demeure un métabolisme démocratique. Le Conseil est le garant par excellence de la légalité constitutionnelle à laquelle tout pouvoir est assujetti. Ce faisant, le contrôle de constitutionnalité est bien légitime dans une démocratie. Pour autant, cela pourrait-il concerner les lois issues d’une révision de la Constitution ? C’est ce qu’il convient de voir dans les lignes qui suivent.
La légitimité du Conseil constitutionnel d’examiner les lois de révision constitutionnelle
Les compétences d’attribution du Conseil constitutionnel sont multiples. Il peut être saisi à titre consultatif comme à propos de la conformité des traités, les lois (ordinaires, organiques), des règlements avec la Constitution. Il est, en outre, chargé de protéger les droits et les libertés constitutionnels contre les dispositions législatives que les citoyens estiment inconstitutionnelles. La liste de ses pouvoirs est exhaustive pour être citée dans cette réflexion. En bon élève, qui plus est docile, le conseil se borne à ne pas sortir des limites qui lui sont tracées par la Constitution. Autrement dit, il refuse de procéder au contrôle de constitutionnalité des normes qui ne figurent pas dans les compétences que lui attribue la charte fondamentale. Il se déclare toujours incompétent pour examiner les lois issues du pouvoir constituant fut-il originaire ou dérivé. En tout cas, c’est une jurisprudence constante. Il dit vouloir rester fidèle à ces pouvoirs nominatifs mais surtout limitatifs. Une telle lecture de son rôle laisse penser qu’il se limite à une interprétation minimaliste de la Constitution. Bien qu’il prétende que celle-ci ne lui donne pas le pouvoir d’examiner les lois constitutionnelles, il n’y a rien qui l’interdit de le faire si toutefois, le pouvoir constituant s’écarte d’une manière flagrante de la légalité constitutionnelle, de surcroit s’agissant de celui dérivé puisque limité.
Sans rentrer dans les détails de la violation constitutionnelle à laquelle, on assiste au Sénégal, c’est devant les caméras du monde entier qu’une loi du pouvoir constituant dérivé, de l’Assemblée nationale pour ne pas la nommer, a été adoptée sans débat mais surtout, et c’est là où le bât blesse, en l’absence des députés de l’opposition. Ce qui est synonyme d’une entorse aux principes sacro-saints de la procédure parlementaire notamment la sincérité du débat, le droit d’amendement. Le tout, pour satisfaire les désirs d’un Prince qui foulent aux pieds les principes démocratiques et constitutionnels en excipant fallacieusement l’article 52 de la Constitution pour reporter sine die l’élection présidentielle initialement prévue le 25 février 2024.
Dans la foulée, une saisine a priori a été effectuée par les parlementaires de l’opposition pour contester la constitutionnalité de la loi constitutionnelle. La balle est maintenant dans l’aréopage du Conseil constitutionnel qui peut, comme le juge turc, béninois, allemand connaitre les lois de révision de la Constitution surtout quand on sait les péripéties qui ont ponctué cette loi. L’argument de la limite de la compétence ne tient pas en l’espèce pour deux bonnes raisons.
D’abord, il va sans dire qu’aucune disposition constitutionnelle ne lui interdit de connaitre les lois de révision de la Constitution malgré sa jurisprudence constante. Au risque de l’aiguiller, il peut faire un revirement qui aurait pour fondement le respect de la suprématie normative de la Constitution. En alléguant les violations manifestes des articles 27, 31, 41, et surtout 103 de la Constitution.
Ensuite, pour paraphraser Georges Burdeau, la Constitution est une notion en survivance, sa préservation ne se négocie pas. On ne peut pas se cacher derrière l’idée qu’il s’agit d’une loi constitutionnelle tout en sachant à l’avance la jurisprudence constante du Conseil, pour anticiper la décision du juge constitutionnel. Le Conseil peut prendre en compte les circonstances ainsi que le contexte d’adoption de la loi pour montrer que ce qui le poussait à décliner sa compétence lorsqu’il s’agissait de loi constitutionnelle n’est pas réuni en l’occurrence. D’ailleurs, dans sa décision n° 3/C/2005 du 18 janvier 2006, il décline sa compétence eu égard au pouvoir du constituant dérivé et estime qu’il aurait pu en être autrement « sous réserve » de certaines violations de droit notamment l’alinéa 7 de l’article 103 de la Constitution. Sur cette seule base, le Conseil constitutionnel pourrait changer de fusil d’épaule et se déclarer compétent pour contrôler la constitutionnalité de la loi n° 4/2024 portant dérogation aux dispositions de l’article 31 de la Constitution.
Ainsi que le notent les auteurs Dominique Rousseau, Pierre-Yves Gahdoun et Julien Bonnet « il ne faut jamais désespérer d’une jurisprudence ». Le Conseil constitutionnel peut à travers cette saisine faire preuve d’audace en s’inspirant de son homologue béninois chantre en Afrique d’une telle posture. Le juge constitutionnel peut, à l’instar du chef justice Marshall, Aron Barak ou ceux du Conseil constitutionnel français en 1971, changer le cours de l’histoire non pas en œuvrant en tant qu’activiste mais en disant le droit car les arguments juridiques existent pour qu’il le fasse et sortir le Sénégal dans le chaos que veulent le mettre les pourfendeurs de la République. Ce faisant, il ne sera pas besoin de dire comme William Shakespeare « la première des choses que nous ferons sera de tuer tous les avocats ».
Souleymane Ndour Ater est doctorant en droit public à l’Université de Reims/France.
PAR Ibra Pouye
CRÉPUSCULE D’UN TYRAN
Quand il veut quelque chose, il l’obtient de gré ou de force. Il se fout des règles de bienséance de la société. Il tue enfants et vieux. Il viole la Constitution. La police et la gendarmerie sont à ses pieds
Il se susurre dans les lambris dorés du palais de Roume que le tyran veut prolonger son règne. Il se dit qu’il a déjà commencé à déménager valises et cartons dans ce doux royaume chérifien où il a ses habitudes. Il se dit qu’il est un talibé cheikh et qu’il aimerait aller souvent prier à Fès, ville calme et où vivre fait revivre.
Avec cet homme, le peindre nécessite des précautions. Avec cet homme, parler de lui nécessite des pincettes. Parce que simplement il est un cas clinique. Un cas rare dans sa spécialité. Il est clivant et il désarçonne. Il a cet art de dévisser son auditoire. Un art de réveiller un mort parce que le mensonge est son fonds de commerce.
En plein chaos, il s’est permis de se faire interviewer par une chaîne de télévision étrangère. Etrange tout de même. Ceci est du théâtre et qu’il sait bien jouer d’abord. Le tyran n’est pas un cabotin. Le tyran n’est pas un guignol. Il sait jouer de la tragi-comédie. Il maîtrise son personnage et le personnage est lui-même. Il l’épouse et le joue pleinement devant le peuple sonné tel un rat de campagne.
En effet, pour lui, le pouvoir est ce qu’il incarne. Depuis qu’il a mis son gros derrière sur le trône, tout sujet du royaume doit manger dans sa main. Il use et use encore, se moquant des qu’en-dira-t-on. Il se moque du peuple. « Plutôt crever que de donner mon pouvoir aux civils », dit-il en substance. Ceci serait sa dernière chanson qu’il nous sert. Il est dans la menace permanente. Il déteste la paix et la paix le hait. Il se nourrit de conflits permanents et le peuple le lui rend assez bien.
Etrange personnage de théâtre. Il aime l’enfer et ses Cerbères. Il déteste le paradis. Mais il aimerait s’y retrouver seul avec sa famille qu’il chérit le plus au monde. Et surtout sa douce moitié. Femme dévouée et mère de ses trois gros moutards.
Etrange crépuscule d’un tyran à l’aune de ses forfaits et de ses forfaitures immaculés du sang des martyrs de la révolution. Quand il veut quelque chose, il l’obtient de gré ou de force. Il se fout des règles de bienséance de la société. Il tue enfants et vieux. Il viole la Constitution. La police et la gendarmerie sont à ses pieds dodus.
Son jeu favori au crépuscule de son règne, servir aux forces de défense et de sécurité (Fds) le peuple comme de la chair à canon. « Tirez sur ces gens agaçants, il ne vous arrivera que nenni ».
Pour lui, le verbe mentir fait et refait ce monde où nous vivons. Et il en fait un usage très excessif. En effet, il nous a toujours menti. Un sacerdoce. L’art de tromper son peuple ayant bon dos et qui plie sans jamais rompre. Il est un artiste dans son monde mais a une peur bleue de terminer sa vie en prison. Il n’a pas encore fini avec nous.
Il essaiera davantage de nous mener dans l’inconnu. Un plongeon dans le vide, poings et pieds liés. Il est un artiste des mauvaises surprises. Parce que pour lui, purement et simplement, il est la Constitution, l’assurance-vie de nos vies dans un pays qui se réveille comme un malentendu. En tous les cas, l’issue de cette bataille à mort ne dépend que du peuple.
Les jours qui viennent et où le droit sera dit par le Conseil constitutionnel, seront très décisifs. Le tyran a pour compagnon d’infortune le temps mais faisons-le lui comprendre autrement et avec subterfuges. Du fond de sa bulle, faisons cet adage le nôtre ; à force de bassines d’eau de lessive, le rat finira toujours par sortir de son trou. Notre prière à lui, vu sa jeunesse et une santé chancelante, il peut encore endurer d’une belle souffrance les rigueurs carcérales. De Charybde en Scylla, tel est le destin de l’homme qui se voyait empereur à vie dans ce Sénégal-là.
LES JURISTES DÉNONCENT LE REPORT DE L’ÉLECTION
Selon l'AJS, cette décision "constitue un précédent dangereux pour l'état de droit et la bonne gouvernance". Elle "met à mal la Charte fondamentale de même que les lois et règlements du Sénégal"
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 10/02/2024
L'Association des Juristes Sénégalaises (AJS) a publié un communiqué le 10 février 2024 dénonçant fermement le report de l'élection présidentielle initialement prévue le 25 février au mois de décembre 2024.
Selon l'AJS, cette décision "constitue un précédent dangereux pour l'état de droit et la bonne gouvernance". Elle "met à mal la Charte fondamentale de même que les lois et règlements du Sénégal". Cette décision "empêche les populations d'exercer leur citoyenneté en choisissant souverainement, et conformément à l'agenda républicain, la personne qui doit conduire les destinées du pays", a déploré l'association dans son communiqué.
L'AJS a également condamné "la répression, non pas légitime et encadrée, mais violente et aveugle exercée sur les populations dans leur liberté d'expression et leur droit à manifester ainsi qu'à l'égard des journalistes, notamment des femmes, dans l'exercice de leur métier". Pour l'association, cette décision est "à l'origine du climat délétère et de violence qui règne sur le pays depuis son annonce".
"Forte de 50 ans de défense des droits humains, en particulier ceux des femmes et des enfants, l'AJS condamne vivement cette violence et réaffirme son attachement indéfectible pour la préservation de la dignité humaine", a déclaré l'organisation dans son communiqué.
Devant "la gravité de l'heure, qui marque un tournant majeur et critique dans la vie de notre pays", l'AJS a appelé "les autorités et institutions compétentes à veiller au respect de la constitution dans sa lettre et son esprit, ainsi que du calendrier électoral, pour des élections inclusives, transparentes, régulières et crédibles". Elle a également invité "les acteurs de la vie politique à sauvegarder les valeurs traditionnelles d'éthique, de démocratie et de dialogue".
DAKAR, 144E ÉDITION DE L’APPEL DE SEYDINA LIMAMOULAHI, CE SAMEDI
Le thème de cette année est : « L’unité de la Ummah, socle de la stabilité sociale et politique ».
La cité religieuse de Cambérène vit au rythme des préparatifs de la 144e édition de l’Appel de Seydina Limamoulahi prévu les samedi 10 et dimanche 11 février 2024. Toute une organisation est à l’œuvre dans un esprit de paix et de partage pour rendre belle l’édition de cette année placée sur le thème : « L’unité de la Ummah, socle de la stabilité sociale et politique ».
À 48 heures de la célébration de la 144e édition de l’Appel de Seydina Limamoulahi, l’ambiance est bien grouillante à Cambérène. Cette circonscription « Lébou », siège d’une grande partie de la communauté layenne qui à l’instar des quartiers de Yoff, Ngor, Ouakam, Malika, etc. est nichée dans la banlieue dakaroise. Dans les rues, la ferveur des préparatifs, l’ambiance de la fête qui arrive, se reflètent sur les visages. Une ambiance qui déride, fait remonter l’adrénaline et assure le mbëgte (bonheur) aux gens bercés par la brise de la mer. Cette mer, toute proche est le symbole du miracle de Mame Limamoulahi que l’on s’apprête à célébrer. Les femmes, commerçantes ou ménagères, elles aussi, très actives, préparent la fête, avec tout l’entrain de la gent féminine sous nos cieux pour ces rendez-vous festifs. Leur affluence devant les commerces de toutes sortes en témoigne.
Il est déjà 12h, le mercredi 7 février 2024. Dans toutes les artères de Cambérène, un monde fou fait des va-et-vient, créant par moment des télescopages avec les charrettes et les voitures. S’ajoutent à ce tableau, les cris, les éclats de rires des gens, les chants religieux joués devant les commerces ou à l’intérieur des maisons à l’aide de magnétophones qui donnent un son indescriptible. Et les « Lahi Lahi » des passants qui se saluent entre eux. Cet autre miracle de Mame Limamou pour réaliser le bon voisinage chez la communauté layenne.
Cambérène prêt à accueillir les fidèles
Dans la rue, on remarque la propreté de la chaussée, dégagée de son sable. À l’intérieur des maisons, c’est le grand ménage. De jeunes gens s’activent à mettre une couche blanche sur les murs, et les femmes à balayer et tamiser le sol des concessions. Fatou Mbaye Diagne, trouvée dans la cour de la concession de Mbayenne 2 dévoile tout son bonheur et se dit prête pour l’Appel. « Adjibo daya lahi » ! Baye Laye moo woté. On attend les pèlerins pour servir les repas. Comme nourriture, rien ne sera laissé en rade. Après avoir donné nos cotisations au Groupement central, on a réuni le nécessaire dans la concession pour bien recevoir les fidèles », explique-t-elle.
C’est le cas des membres du Dahira Salam sous la houlette de Oustaz Seydina Omar Laye en train d’effectuer des travaux de réfection. Oustaz Seydina, membre de la cellule communication du Dahira, parle des préparatifs. « On est fin prêt pour accueillir nos invités. Ils viennent de partout et dans le quartier aussi nous recevons des personnes. C’est pourquoi on a commencé la cuisine. Nous cuisinons toutes sortes d’aliments, des beignets, du poulet et préparons les boissons aussi », explique-t-il.
Trouvés devant la Résidence du Khalife, Libasse Samb, du Mouvement « Cambérène Moo Ñu Gnor » revient sur les préparatifs. Selon lui, armés de pinceaux et de seaux de peintures durant des semaines, ils ont travaillé à embellir les murs et les devantures de maisons. « Nous avons démarré avec un budget de 200.000 FCfa qui nous a permis d’acheter des tamis et les autres biens. À Diamalaye, nous avons tamisé tout le sol pour le rendre fin ainsi qu’au niveau du Houroum, là où l’ouverture de l’Appel se tiendra. Et le ‘’set setal’’ général, dimanche dernier, a permis de rendre tout Cambérène propre », renseigne Libasse Samb. Le Coordonnateur de « Cambérène Moo Nu Gnoor » d’ajouter : « Les jeunes se sont également acquittés de leur cotisation auprès du Groupement central. Tout est en place pour un bon déroulement de l’Appel ».
Pour l’organisation, chaque habitant de Cambérène doit cotiser 1000 FCfa par mois. L’argent collecté par une cellule du comité d’organisation appelé Groupement central va servir au financement de la cérémonie. Chaque chef de concession doit rassembler les cotisations de chez lui et le remettre au chef du village ou au trésorier du comité d’organisation.
La dame Adji Laye également, rencontrée à la Mairie de Cambérène, témoigne que leur concession s’est acquittée de la participation. « J’ai déjà donné ma propre cotisation depuis longtemps. Et chez nous aussi la maison dans sa globalité s’est acquittée de la participation », précise-t-elle. Selon elle, la participation est volontaire et se fait de gaieté de cœur par tous les habitants de Cambérène afin de mieux assister les pèlerins et assurer un bon Appel.
Le défilé des officiels
La municipalité n’est pas en reste. Pape Mbengue, le chef de Cabinet du Maire de Cambérène, assure que la mairie se mobilise pour assister les habitants. « Chaque année, on s’organise pour accompagner l’organisation de l’Appel. D’ailleurs, lundi dernier, à l’issue d’un Conseil national pour l’Appel en présence du Ministre de l’Intérieur et du Maire, les services de l’État sont déjà présents pour apporter leur soutien dans les domaines de la santé, de l’hygiène, de l’énergie et de l’eau pour un bon déroulement de l’évènement », renseigne-t-il. Selon lui, tout est en ordre pour un bon déroulement de l’Appel.
À la Résidence du Khalife, l’endroit a déjà fait peau neuve. Le Chef de Cabinet du Khalife, Dial Thiaw Lahi et ses collaborateurs accueillent les quelques délégations des services et institutions du pays. Entre 12h et 14h, deux délégations de banques de la place sont venues rendre visite à la famille. « Depuis vendredi dernier, chaque jour, nous recevons trois à sept délégations qui viennent apporter leur contribution et saluer le Khalife. Le président de la République même est attendu jeudi (aujourd’hui) ou vendredi », a assuré le fils du défunt Khalife, Mame Alassane Thiaw Lahi. Revenant sur la célébration, il précise que tout se fait dans la simplicité. « On veille à ce qu’il n’y ait pas de folklore parce que l’Appel est une journée de prière », insiste-t-il.
Pour le Chef de Cabinet du Khalife, « tout est fin prêt bien qu’on ne soit jamais prêt pour ce type d’événement ». « Quand on reçoit des milliers de personnes, il peut y avoir toujours des manquements parce qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite, mais on se prépare au mieux et le reste on le laisse entre les mains de Dieu », ajoute le guide religieux.