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3 juin 2025
NATIONALISATION DE 591 741 METRES-CARRES A NIAKHAR
L'Etat du Sénégal procède à la désaffectation d’un patrimoine foncier à Fatick «indûment acquis» en 2024 par Macky Sall et son entourage «avant leur départ du pouvoir».
Le gouvernement a récupéré, à travers un décret de désaffection, près de 192 000 mètres-carrés (m2) de terrain qui a été restitué à l’Etat, à Niakhar, dans le département de Fatick. Ce foncier est «indûment acquis» en 2024 par Macky Sall et son entourage «avant leur départ du pouvoir».
Par un décret en date du 13 décembre 2024, publié au Journal officiel, le 1er février 2025, le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a procédé à la «désaffectation et restitution à l’Etat de près de 192 000 m2 de terrain à Niakhar, dans le département de Fatick, indûment acquis en 2024 par Macky Sall et son entourage avant leur départ du pouvoir. L’Etat a récupéré l’ensemble de ce foncier», informe une note de la Présidence. Ce terrain, appartenant au domaine national, avait été attribué par voie de bail sous le régime de Macky Sall. Avant que l’ régime actuel ne casse cette décision.
Le décret en question dispose, en son article premier : «Est prescrite l’immatriculation, au nom de l’Etat du Sénégal, dans les formes et les conditions prévues au titre II du décret n°64- 573 du 30 juillet 1964, notamment en ses articles 29, 36 et suivants fixant les conditions d’application de la loi n°64-46 du 17 juin 1964 relative au domaine national, d’une parcelle de terrain d’une superficie de 591 741 m2 environ, située à Kandiou, commune de Niakhar, dans le département de Fatick, dépendant du domaine national, objet du NICAD : 0912030200100002, en vue de son attribution par voie de bail.», lit-on dans le texte qui, en son article 2, décrète : «Est prononcée la désaffectation dudit terrain».
Et de préciser que «Le ministre des Finances et du Budget est chargé de l’exécution du présent décret qui sera publié au Journal officiel (article 3)». Selon le décret signé par le président de la République et contresigné par le Premier ministre Ousmane Sonko, cette mesure entre dans le cadre de la dynamique de rationalisation de l’utilisation du foncier national. Et l’immatriculation du terrain au nom de l’État se fera selon les dispositions en vigueur, garantissant ainsi sa protection contre toute attribution non conforme. Cette décision épouse une série d’autres précédentes notamment la suspension de travaux et de lotissements suivie d’annulations de décrets d’attribution foncière pris en fin de mandat par l’ancien régime notamment à Dakar ‘Hangar des Pèlerins…), à Mbour 4, dans la Nouvelle Ville de Thiès…
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LES UNES DE LA PRESSE DE CE MERCREDI 2 AVRIL 2025
Sud Quotidien, Walf Quotidien, Yoor-Yoor Bi, L'Observateur, Libération, Le Quotidien, Enquête, Vox Populi, Le Verdict News, L'As, Record, Le Soleil, Le Témoin Quotidien, WiwSport
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Selon un sondage réalisé par la revue Nature, plus de 1 200 scientifiques sur les 1 650 interrogés envisagent de quitter les USA en raison des perturbations massives causées par l'administration Trump
(SenePlus) - Selon un sondage réalisé par la revue Nature, plus de 1 200 scientifiques sur les 1 650 interrogés envisagent de quitter les États-Unis en raison des perturbations massives causées par l'administration Trump dans le domaine de la recherche.
Cette tendance est particulièrement marquée chez les chercheurs en début de carrière : 548 des 690 chercheurs postdoctoraux et 255 des 340 doctorants interrogés considèrent un départ vers l'étranger, avec l'Europe et le Canada comme destinations privilégiées.
L'administration Trump a drastiquement réduit les financements de la recherche et interrompu de nombreux projets scientifiques financés par le gouvernement fédéral, dans le cadre d'une initiative de réduction des coûts dirigée par le milliardaire Elon Musk. "Des dizaines de milliers d'employés fédéraux, dont de nombreux scientifiques, ont été licenciés puis réembauchés suite à une décision de justice, avec des menaces de nouveaux licenciements massifs à venir", rapporte Nature.
Un étudiant en génomique végétale et agriculture dans une grande université américaine témoigne : "C'est mon pays, je l'aime vraiment. Mais beaucoup de mes mentors me disent de partir, maintenant." Cet étudiant a perdu son financement de recherche et sa bourse lorsque l'administration Trump a supprimé le financement de l'Agence américaine pour le développement international.
"Voir tout ce travail s'arrêter est déchirant", confie-t-il. "J'ai cherché très activement des opportunités en Europe, en Australie et au Mexique."
Les institutions hors des États-Unis profitent de cette situation. Un médecin-chercheur américain explique : "D'après ce que j'entends des endroits avec lesquels nous discutons, beaucoup d'universités dans ces pays considèrent cela comme une opportunité unique dans une génération. Je pense qu'on est passé de 'Pouvons-nous recruter quelques personnes?' à 'Combien de personnes pouvons-nous réellement accueillir?' - parce que la demande est là."
Si certains répondants restent déterminés à rester aux États-Unis, beaucoup soulignent les défis à venir. "Je suis professeur et je veux rester aussi longtemps que possible pour soutenir mon laboratoire et mes étudiants, mais si les NIH sont drastiquement réduits, nous n'aurons peut-être pas d'autre choix que de quitter les États-Unis", a écrit un participant.
Un chercheur postdoctoral en biomédecine résume le sentiment général : "Je ne veux pas partir, mais quelle est l'alternative?"
par Amy Niang
AMADOU-MAHTAR M’BOW, HUMANISTE
À une époque où l’Afrique semble avoir perdu son initiative souveraine et sa vision géopolitique, où tous les acteurs majeurs, à l’exception de l’Afrique elle-même, semblent avoir un projet pour le continent, que sa mémoire nous guide
Amadou-Mahtar M’Bow est décédé à l’âge de 103 ans, laissant derrière lui un héritage défini par son désir d’un monde juste et équitable. On se souviendra de lui pour son engagement en faveur du savoir et du multilatéralisme et pour la diplomatie, à la fois condition de liberté et instrument nécessaire pour un avenir meilleur. D’abord ministre de l’Éducation du Sénégal, puis directeur général de l’Unesco, M’Bow a défendu des causes et créé des programmes pour le XXe siècle. Parmi ces causes figurent la nécessité de créer des liens humains par l’accès aux moyens d’information et aux technologies connexes, la corrélation entre l’universel et le patrimoine humain collectif, ainsi que la restitution à l’Afrique de son histoire et sa reconnaissance comme composante essentielle de la trajectoire humaine. Au-delà de tout cela, M’Bow avait un attachement indéfectible à une éthique humaniste de sollicitude, d’engagement, d’inclusion et de respect de l’autre.
Aujourd’hui, le terme « leadership visionnaire » est galvaudé. Pourtant, peu de personnalités du XXe siècle l’incarnent aussi pleinement qu’A.-M. M’Bow. Sa vie a suivi une trajectoire extraordinaire, portée par la prise de conscience précoce qu’il faisait partie de quelque chose de bien plus grand que lui-même. Il a grandi à une époque où l’idéalisme n’était pas cet objet de mépris qu’il est aujourd’hui.
Le monde sortait alors de deux guerres mondiales successives, déclenchées par ceux qui prétendaient détenir les clefs du salut de l’humanité. Dans le même temps, ces prétendus sauveurs asservissaient d’immenses populations coloniales, tout en se proclamant hérauts de la liberté. Les deux guerres mondiales ont révélé l’ironie de la prétention selon laquelle le monde abriterait des maîtres savants et des sujets ignorants. Afin de se défaire des dilemmes qui en découlaient, des individus, des peuples et des États, tant établis qu’émergents—en particulier ceux qui avaient longtemps exercé le pouvoir—se sont engagés en faveur d’un nouvel ordre mondial aspirant à l’universalité, à la justice et à l’équité.
Chez certains anciens « maîtres du monde », cet engagement affiché relevait souvent du cynisme, visant à préserver, sous de nouvelles formes, leur domination sur les autres. Mais pour des figures telles que M’Bow, ce nouveau monde offrait de nouvelles perspectives à défendre, protéger et faire prospérer. Sa mission de toute une vie fut de veiller à la reconnaissance, la préservation et l’épanouissement, sur la scène mondiale, des voix, des savoirs et des contributions des nations marginalisées et en développement. Cette quête reposait sur la conviction que le potentiel humain et la créativité sont universellement partagés, et qu’aucune nation ou groupe ne détient le monopole du savoir. Son éthique était profondément humaniste.
Une carrière prolifique
Beaucoup se demandent comment une personnalité comme M’Bow a émergé dans le contexte de l’Afrique coloniale et postcoloniale. D’où lui viennent son savoir encyclopédique, sa connaissance du monde et sa compréhension incisive des enjeux historiques ? M’Bow n’était pas seulement un érudit et un enseignant ; il était également un fonctionnaire, un ancien combattant et un pilote stagiaire. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il a combattu en France et en Afrique du Nord et a servi dans l’Armée de l’air française, avec les Forces françaises libres.
M’Bow fut un acteur politique de premier plan, engagé dans les mouvements anticoloniaux et dans l’histoire postcoloniale du Sénégal. Il occupa plusieurs hautes fonctions au sein de l’État, dont à deux reprises le ministère de l’Éducation. De 1967 à 1971, il présida l’Association panafricaine d’archéologie, poursuivant ainsi son combat pour la valorisation du patrimoine et des savoirs africains. Fondateur de la prestigieuse Fédération des étudiants africains en France, fer de lance de la lutte contre le colonialisme, il incarna un engagement indéfectible en faveur de l’émancipation des peuples. Dernier pilier du triumvirat fondateur du Parti du Regroupement Africain (PRA), aux côtés de ses compagnons de toujours, Abdoulaye Ly et Assane Seck, il demeura inébranlable face aux tentatives d’instrumentalisation politique et à l’attrait du pouvoir.
Le dernier engagement public de M’Bow fut la présidence des Assises nationales du Sénégal ainsi que celle de la Commission de réforme des institutions sénégalaises. En 2008, à l’âge de 87 ans, il accepta de présider l’initiative du Front Siggil Sénégal. Pendant près d’un an, cette démarche rassembla les principaux partis d’opposition au gouvernement du président Abdoulaye Wade, ainsi que des dizaines d’organisations, de responsables politiques, de membres de la société civile et d’acteurs de bonne volonté venus de tous horizons à travers le pays. M’Bow disposait de l’autorité morale et de la sagesse indispensables pour mener à bien un processus délicat, destiné à formuler des propositions en vue d’un modèle de gouvernance alternatif et inclusif. Hélas, il ne vécut pas pour voir la réalisation de la Charte de consensus.
Les années Unesco (1953-1987) : remise en question de l’ordre mondial
Le mandat de M’Bow en tant que directeur général de l’Unesco (1974-1987) demeure l’un des plus transformateurs de l’histoire de l’organisation. Premier noir et africain à diriger une agence des Nations unies, il bouleversa l’ordre établi en contestant, au nom du Sud global, l’hégémonie eurocentrée dans les domaines du savoir et des échanges culturels. Son plaidoyer en faveur du Nouvel ordre mondial de l’information et de la communication (NWICO) visait à contrer la domination des médias et des systèmes de communication occidentaux, œuvrant pour un flux d’informations plus équilibré à l’échelle mondiale. Cette initiative s’inscrivait dans un projet plus vaste de refonte des dynamiques de production des connaissances, affirmant la nécessité d’une diversité culturelle et d’une inclusion véritables.[1]
M’Bow a plaidé pour une réforme des systèmes éducatifs du monde entier, afin que les programmes reflètent la diversité de l’expérience humaine. Il fut un acteur majeur de la reconstruction et de la systématisation des histoires et des contributions culturelles africaines, œuvrant à leur affranchissement de la bibliothèque coloniale, du prisme anthropologique et des représentations racistes. Le projet Histoire générale de l’Afrique (HGA) illustre cette ambition : ses huit volumes restituent la richesse et la complexité du passé africain, rompant avec des siècles d’occultation et de distorsion. Dans les années 1960, 90 % de l’histoire enseignée dans les universités occidentales était, de manière disproportionnée, centrée sur cinq nations : la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, l’Italie et les États-Unis tandis que l’histoire africaine était réduite à une annexe de récits des activites européennes en Afrique, exaltant les explorateurs, missionnaires et administrateurs coloniaux dans leur prétendue « mission civilisatrice ». Grâce au projet Histoire générale de l’Afrique, des trésors méconnus du génie créatif africain ont été mis en lumière : chefs-d’œuvre et artefacts témoignant de millénaires d’histoire florissante au sein d’États majeurs tels que Kush, Aksum, le Mali, Songhaï, le Grand Zimbabwe, le Royaume du Kongo, ainsi que dans d’autres formations politiques moins connues. M’Bow reconnaissait une vérité fondamentale : la connaissance est un levier d’émancipation.
Parmi les dernières volontés de M’Bow figurait la création d’une Fondation des savoirs endogènes. Tout au long de sa vie, il n’a cessé de plaider pour que les Africains et les peuples du Sud global se réapproprient leur histoire et s’appuient sur leurs propres récits pour façonner leur avenir. Ses idées et sa vision demeurent des principes fondamentaux qui guident le travail d’institutions telles que le CODESRIA, nourrissant leur engagement à la fois comme méthodologie et comme guide éthique.
La lutte pour l’équité
La vision d’Amadou-Mahtar M’Bow s’étend au-delà de la représentation culturelle pour s’inscrire dans une lutte plus large pour un accès équitable à la technologie et au savoir. Sa position sur le transfert de technologies était claire : il ne s’agissait pas d’aide ou d’assistance, mais d’accès équitable aux outils qui façonnent et transforment les sociétés. Il a très tôt reconnu que quiconque contrôlait la technologie contrôlait l’avenir et il a veillé à ce que les pays du Sud ne soient pas laissés pour compte dans cette course :
La technologie n’est ni le privilège de quelques nations ni un outil de domination. Elle doit être partagée équitablement, afin que tous les peuples puissent participer à la construction de leur avenir[2].
Il est important de noter que dans les années 1970, Henry Kissinger était occupé à commander des rapports visant à réduire la population africaine et à contrôler les ressources du continent. M’Bow a identifié les risques profonds d’une expansion technologique incontrôlée, son potentiel à saper les valeurs spirituelles et culturelles qui constituent le fondement des sociétés. Il se méfiait du monopole occidental sur la technologie et de son utilisation comme outil de renforcement des structures de pouvoir existantes. Son plaidoyer ne portait pas uniquement sur les connaissances techniques, mais également sur la garantie que la technologie servirait à améliorer la dignité humaine, plutôt qu’à l’éroder.
M’Bow estimait que l’histoire et les contributions des nations non occidentales, en particulier celles de l’Afrique, avaient été systématiquement reléguées à l’arrière-plan. Son plaidoyer en faveur du rapatriement des objets culturels spoliés durant la colonisation revêtait une portée révolutionnaire. Dans un discours historique prononcé en 1978, il affirmait que ces objets n’étaient pas uniquement des œuvres d’art ; mais constituaient des éléments essentiels de l’identité et de la conscience historique des nations auxquelles ils avaient été arrachés :
La restitution de biens culturels aux pays auxquels ils ont été confisqués ne se résume pas à la restitution d’objets matériels ; il s’agit de rendre l’histoire et l’identité à des peuples qui ont été privés de leur passé[3].
La pensée politique de M’Bow
Comment M’Bow appréhendait-il les défis auxquels l’Afrique fut confrontée à l’issue de la colonisation ? À l’instar de figures éminentes telles que Cheikh Anta Diop et Kwame Nkrumah, il nourrissait la conviction qu’au-delà de sa diversité, un lien essentiel unissait le continent, ancré dans une histoire et des aspirations communes.
Les traditions intellectuelles de l’Afrique sont riches et diverses, profondément enracinées dans les philosophies de l’interdépendance, de l’humanisme et de l’équilibre. Il ne s’agit pas simplement d’idées du passé, mais de cadres puissants pour relever les défis actuels du développement, de la gouvernance et de la paix[4].
Ces intellectuels ont compris que l’ère postcoloniale exigeait une redéfinition de l’identité africaine, fondée sur la valorisation de son histoire et de son patrimoine culturel, tout en déconstruisant les stéréotypes persistants hérités des récits coloniaux. Leur vision de l’Afrique reposait sur l’idée d’une unité dans la diversité, prônant une identité collective qui célèbre la richesse de ses cultures et traditions. M’Bow et Diop ont dénoncé les structures néocoloniales perpétuant l’asservissement du continent, insistant sur l’impératif d’autonomie, d’autosuffisance économique et d’émancipation éducative. Ils aspiraient à une Afrique souveraine, capable de réaffirmer sa place sur la scène mondiale, tout en cultivant un esprit de solidarité et de coopération entre ses nations dans la construction d’un avenir prospère affranchi de toute domination extérieure.
M’Bow a brisé un tabou majeur à une époque où les Africains, bien que formellement intégrés aux institutions et aux mécanismes de gouvernance multilatérale après les indépendances, évoluaient encore dans une temporalité décentrée. Dans l’espace impérial, la parole d’un Africain ne pouvait être perçue que comme subversive, toute idée de réciprocité étant d’emblée écartée. Sa critique, d’une grande acuité, a mis en lumière la persistance de la spoliation des ressources culturelles et matérielles de l’Afrique et du Sud global. Il a démontré que le colonialisme n’a pas seulement facilité l’extraction de la main-d’œuvre, mais aussi l’appropriation des richesses culturelles et immatérielles, consolidant ainsi les récits de supériorité civilisationnelle européenne et occidentale. Cette spoliation se manifeste encore aujourd’hui à travers les archives, les artefacts et le patrimoine culturel conservés dans les institutions culturelles et académiques européennes.
Peu de gens auront vécu une vie aussi longue, aussi exaltante et aussi marquante que celle de M’Bow, une existence jalonnée d’événements historiques majeurs. Il nourrissait une soif insatiable de savoir, alimentée par son immersion précoce dans les traditions intellectuelles soufies et par sa conviction que l’histoire africaine était un trésor à dévoiler. L’engagement de M’Bow à découvrir et à partager cette richesse de connaissances a profondément marqué ses contributions au monde, faisant de lui une figure emblématique dans le débat sur le patrimoine multidimensionnel africain.
Selon son gendre, Amadou Kane, l’un des derniers souhaits de M’Bow était que sa prière mortuaire ait lieu à la mosquée omarienne de Dakar, où il avait été baptisé en 1921. Si cela n’était pas possible, il voulait, au moins, que son corps passe par ce lieu. Le lien de M’Bow avec les traditions soufies était profond, enraciné dans son histoire familiale. Il était l’héritier intellectuel d’une riche tapisserie de pensée, tissée à travers les siècles et les continents, reliant l’Afrique au monde arabe, à l’Europe, à l’Asie et aux Amériques, nourrie par des influences allant de Cheikh Ahmed Tidjani à Omar Tal, d’Ibn Rushd à Montesquieu. Son éducation lui avait inculqué des valeurs profondément ancrées, façonnées par l’éducation et la culture.
La position de M’Bow était sans équivoque : la culture n’est ni un luxe ni un divertissement, et les Africains n’ont jamais existé en dehors du monde, ou dans un « monde extérieur » (Außenwelt, au sens schmittien du terme). Sa critique du cadre déséquilibré de l’accès à l’information et à la technologie et donc au savoir soulevait des questions plus profondes sur un universalisme fondé sur une hiérarchie des cultures et des civilisations. Il estimait que la capacité humaine à créer et à penser était répartie de manière égale, inistant sur l’importance d’un accès équitable pour tous. Pour M’Bow, la réalisation de l’idéal universel exigeait des échanges culturels, qui ne pouvaient être réalisés qu’en rééquilibrant l’accès au savoir et à l’information. Cependant, l’Afrique se voyait systématiquement privée de sa contribution légitime à cet effort collectif. Par conséquent, les acteurs africains saisissaient pleinement l’élan qui les incitait à remettre en question leurs conditions sociales et à repenser les bases de leur engagement avec l’Occident.
M’Bow a activement participé aux débats mondiaux sur la technologie, à l’Onu notamment sur le transfert de technologies. Il a plaidé pour le renforcement du travail et de la mission de la Cnuced, une organisation intergouvernementale dédiée à la défense des intérêts commerciaux du monde en développement. Il critiquait un système où le contrôle technologique était concentré entre les mains de quelques acteurs, leur permettant de concevoir et d'imposer une vision du monde commune à tous. Ses préoccupations, toujours d’actualité, touchaient des questions fondamentales: qui détient le pouvoir sur la technologie ? À quoi ressemblerait l’ordre mondial si l’Afrique en était exclue ?
L’idée selon laquelle la contribution d’intellectuels africains comme M’Bow a été marginalisée ou invisibilisée découle en grande partie de la manière dont nous avons souvent perçu la nature du savoir provenant d’Afrique. Le manque de reconnaissance de ces contributions témoigne d’un problème plus vaste de limitation des perspectives sur la pensée africaine. M’Bow a grandi et a été éduqué à la croisée de diverses cultures et traditions intellectuelles à l’aube d’un monde qui émergeait du contexte colonial. Son envergure intellectuelle démontre la créativité et l’adaptabilité avec lesquelles les Africains ont toujours répondu aux défis de leur temps. En somme, M’Bow incarne l'intellectuel dans sa forme la plus complète.
Avec le décès de M’Bow, nous perdons l’un des penseurs et acteurs politiques les plus influents du XXe siècle. Son immense curiosité intellectuelle, son esprit ambitieux et son profond humanisme se reflètent dans son œuvre prolifique.[5]
En intervenant dans les débats mondiaux à une époque où les voix africaines en étaient souvent exclues, des penseurs comme M’Bow ont affirmé un principe de parité intellectuelle. En effet, la simple présence de la pensée africaine dans le domaine public était considérée comme intrinsèquement subversive. L’engagement et l’intégrité inébranlables de M’Bow lui ont permis de remettre en question et de renverser des structures d’oppression bien ancrées, révélant des possibilités qui avaient longtemps été occultées.
En résumé, les contributions intellectuelles de M’Bow ont été profondément imprégnées par son identité à multiples facettes — sénégalais, africain, musulman et citoyen du monde. Son insatiable curiosité et sa résilience morale ont guidé son engagement dans la gouvernance mondiale et la politique africaine. Il est resté ferme dans ses principes, inflexible face aux défis. M’Bow était, en effet, l’arc qui demeura toujours droit.
A.-M. M’Bow était une légende vivante. Nous avons perdu une figure rassurante, une passerelle entre le XXe et le XXIe siècle. Cependant, alors qu’il rejoint le monde des ancêtres, nous sommes enrichis par son héritage de sagesse, de courage et de force morale. À une époque où l’Afrique semble avoir perdu son initiative souveraine et sa vision géopolitique, où tous les acteurs majeurs, à l’exception de l’Afrique elle-même, semblent avoir un projet pour le continent, que sa mémoire nous guide vers l’autodétermination, l’unité et un sens renouvelé de notre mission.
Notes
[1] Voir le rapport MacBride, connu sous le nom de « Plusieurs voix, un seul monde : vers un nouvel ordre mondial de l’information et de la communication plus juste et plus efficace », commandé par l’Unesco. https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000372754
[2] Discours sur la technologie et le développement global, 1982.
[3] A.-M. M’Bow, 1978, “A Plea For The Return Of An Irreplaceable Cultural Heritage To Those Who Created It: An Appeal par Mr. Amadou-Mahtar M'Bow, irector General of UNESCO”, The UNESCO Courier: a window open on the world, XXXI, 7, p. 4-5, illus.
– 1974, ‘Enquête préliminaire sur le village de Gaya, et les villages de Sénoudébou et Dembakané, 1955– 1956’, L’UNESCO et l’avenir. Paris : UNESCO.
– 1976, Le monde en devenir (réflexions sur le nouvel ordre économique international), Paris : UNESCO.
– 1977, L’UNESCO et la solidarité des nations—L’esprit de Nairobi. Paris :UNESCO.
– 1979, L’UNESCO et la solidarité des nations—De la concertation au consensus. Paris : UNESCO.
– 1981, L’UNESCO et la solidarité des nations—Entreprendre l’avenir. Paris : UNESCO.
– 1982, Le Temps des Peuples, Paris : Editions Laffont Paris.
– 1982, Aux Sources du Futur. Paris : UNESCO.
– 1984, Choisir L’Espoir, Paris : UNESCO.
– 1986, L’UNESCO: universalité et coopération internationale. Paris : UNESCO.
Amadou-Mahtar M’Bow passed away at the age of 103, leaving behind a legacy defined by his desire for a just and equitable world. He will be remembered for his commitments to knowledge and multilateralism, and to diplomacy as both a condition of freedom and a necessary instrument of a better future. First as Minister of Education in Senegal and then as Director-General of UNESCO, M’Bow championed causes and laid agendas for the twentieth century. These included the necessity for human connection through access to the means of information and related technologies; the relatability of the universal to the collective human heritage; and the restitution to Africa of its history and its recognition as an essential component of the human trajectory. Underneath it all, M’Bow had an unwavering attachment to a humanistic ethos of solicitousness, engagement, inclusion and respect for the other.
Today, the term ‘visionary leadership’ is often overused. However, few twentieth-century figures embody it as fully as A-M M’Bow. His life followed an extraordinary trajectory, shaped by an early understanding that he was part of something far greater than himself. He came of age in an era when idealism was not the object of scorn it often is today. The world had emerged from two successive world wars, instigated by those who professed to possess the means for human salvation. These so-called saviors were subjugating vast colonial populations, all while proclaiming themselves champions of freedom. The two world wars revealed the irony of the pretence that the world contained knowing masters and unknowing subjects. To extricate themselves from the associated dilemmas, individuals, peoples, and both established and emerging states—especially those who had long wielded power pledged themselves to a new world order: one that aspired to universality, justice, and equity.
For some former ‘masters of the world’, this professed commitment was often an exercise in cynicism, designed to maintain their ascendency over others in new guises. But for the likes of M’Bow, the new world offered new possibilities to be defended, protected and nurtured. His lifelong mission became to ensure that the voices, knowledge and contributions of marginalised and developing nations were recognised, preserved and allowed to flourish on the global stage. This was grounded in the belief that human potential and creativity are universally distributed and no single nation or group holds a monopoly on knowledge. His ethos was deeply humanistic.
A Prolific Career
Many wonder how a figure like M’Bow could emerge in the context of colonial and postcolonial Africa. What informed his encyclopedic knowledge, his worldliness and his incisive understanding of historical stakes? M’Bow was not only a scholar and teacher but also a civil servant, a war veteran and a trainee pilot. He fought in World War II in France and North Africa and served in the French air force, where he was involved with the Free French Forces.
M’Bow was a political actor who was active in anticolonial movements and in the postcolonial history of Senegal. He held several positions in Senegal, including serving twice as minister of education. He also served as President of the Pan-African Archaeological Association from 1967 to 1971. M’bow was the founder of the famous Federation of African Students in France, which was very active in the anticolonial struggle. M’Bow was the last standing pillar of the triumvirate that co-founded the PRA (Parti du regroupement africain), which included his lifelong companions Abdoulaye Ly and Assane Seck. He resisted political intoxication and cooptation and he did not succumb to the allure of power.
M’Bow’s last public engagement was to chair the Assises nationales du Senegal—Senegal’s national dialogue—as well as the Commission on the reform of Senegal’s institutions. In 2008, at the age of eighty-seven, he agreed to preside over the initiative led by the Siggil Senegal Front, which for nearly a year brought together the main parties in opposition to President Abdoulaye Wade’s government and dozens of various organisations across the whole country. M’Bow commanded the moral authority and the wisdom to mediate a strained process that was meant to generate propositions for an alternative and inclusive model of governance. He did not live to see the fulfillment of the Consensus Charter he managed to spearhead by bringing together politicians, civil society and people of good will from all walks of life.
The UNESCO Years (1953–1987): Challenging the Global Order
M’Bow’s tenure as Director-General of UNESCO (1974–1987) stands out as one of the most transformative in the organisation’s history. He was the first Black and African person to lead a United Nations agency, and during his time M’Bow shook the established order by challenging Eurocentric dominance in knowledge and cultural exchange on behalf of the Global South. His advocacy for the New World Information and Communication Order (NWICO) aimed to counter the dominance of Western media and communication systems and ensure a more equitable global flow of information. This initiative exemplified his broader effort to redefine global knowledge production, emphasising cultural diversity and inclusivity.[2]
M’Bow advocated for reform in educational systems worldwide, ensuring that curricula reflected the global diversity of human experience. He spearheaded efforts to reconstruct and systematise African histories and cultural contributions and to free them from the colonial library, the anthropological account and racist gaze. The General History of Africa (GHA) project is a testament to this mission—comprising eight volumes that reflect Africa’s rich and complex history. In the 1960s, 90 per cent of the history that was taught in Western universities was disproportionately centred on five countries—Britain, France, Germany, Italy and the United States. African history was reduced to accounts about European activities in Africa, the trials and triumphs of explorers, missionaries and colonial administrators in the ‘civilising mission’. The General History of Africa project helped uncover masterpieces and artifacts of creative genius that reflect millennia of rich history across significant polities such as Kush, Aksum, Mali, Songhai, Great Zimbabwe and the Kingdom of Kongo, as well as lesser-known political formations. M’Bow recognised a fundamental truth: knowledge is a means to emancipation.
His last will included the establishment of a Foundation of Endogenous Knowledges. Throughout his life, he tirelessly advocated for Africans and people of the Global South to reclaim and rely on their history and their own narratives. M’Bow’s insights and vision remain foundational principles guiding the work of institutions like CODESRIA, shaping both their methodology and ethical framework.
The Fight for Equity
Amadou-Mahtar M’Bow’s vision extended beyond cultural representation to a broader fight for equitable access to technology and knowledge. His stance on the transfer of technology was clear: it was not about aid or assistance but about equitable access to the tools that shape and transform societies. He recognised early on that whoever controlled technology controlled the future and he sought to ensure that the Global South was not left behind in this race:
Technology is not the privilege of a few nations, nor should it be a tool of domination. It must be shared equitably, so that all peoples can partake in the shaping of their futures.[3]
It is important to note that the 1970s was a time when Henry Kissinger was busy commissioning reports aimed at reducing African populations and controlling the continent’s resources. M’Bow identified the deeper risks posed by unchecked technological expansion—its potential to undermine the spiritual and cultural values that form the bedrock of societies. He was wary of Western monopoly over technology and its use as a tool to reinforce existing power structures. His advocacy was about not just technical knowledge but ensuring that technology could be used to enhance human dignity, rather than erode it.
M’Bow believed that the histories and contributions of non-Western nations, particularly Africa, had been systematically suppressed. His call for the repatriation of cultural artifacts looted during colonialism was groundbreaking. In a historic speech in 1978,[4] he argued that these objects were not just art but essential elements of identity and historical consciousness for the nations from which they were taken:
The restitution of cultural property to the countries from which it was taken is not simply a matter of restoring material objects; it is about returning history and identity to peoples who have been deprived of their past.
M’Bow’s Political Thought
How did M’Bow perceive the challenges that Africa faced in the wake of colonisation? What he shared in common with other prominent figures of the time, such as Cheikh Anta Diop and Kwame Nkrumah, was the belief that there was something fundamental that connected all of us in our diversity.
The intellectual traditions of Africa are rich and diverse, deeply rooted in the philosophies of interconnectedness, humanism and balance. These are not simply ideas from the past but powerful frameworks for addressing today’s challenges of development, governance and peace.[5]
These intellectuals understood that the postcolonial era necessitated a re-evaluation of African identity, that they emphasised the continent’s rich history and cultural heritage while rejecting the lingering stereotypes imposed by colonial narratives. Their vision for Africa encompassed the idea of unity amidst diversity, advocating for a collective identity that celebrated the myriad cultures and traditions of the continent. Both M’Bow and Diop critiqued the neocolonial structures that continued to impede Africa’s progress; they insisted on the need for autonomy, economic self-sufficiency and educational empowerment. They envisioned an Africa that could reclaim its agency, fostering a sense of solidarity and collaboration among its nations to build a prosperous future free from external domination.
M’Bow broke a significant taboo at a time when Africans still operated within a configuration of time that was devolved, despite having been ‘admitted’ into institutions and spaces of multilateral governance following independence. Across the imperial space, the utterance of an African could only be seen as subversive, as the very assumption of reciprocity itself was suspended. M’Bow’s critique was profound; he illuminated the ongoing continuities in the extraction of cultural and physical resources from Africa and the Global South. He argued that colonialism not only facilitated the extraction of labour but also enabled the appropriation of cultural and immaterial resources, thereby perpetuating narratives of European and Western civilisational superiority. This extraction is evident in the archives, artifacts and cultural heritage that remain withheld in European knowledge and cultural institutions.
Few have lived a life as long, as exhilarating and as impactful as M’bow’s, encompassing significant historical events. He possessed an insatiable thirst for knowledge, heightened by his early exposure to Sufi intellectual traditions and the belief that African history was a treasure trove waiting to be explored. M’Bow’s commitment to uncovering and sharing this wealth of knowledge shaped his profound contributions to the world, making him a pivotal figure in the discourse surrounding African multidimensional heritage.
According to his son-in-law, Amadou Kane, one of M’Bow’s last wishes was for his mortuary prayer to be held at the Umarian Mosque in Dakar, where he was baptised in 1921. If this was not possible, he wanted his body at least to be taken past it. M’Bow’s connection to Sufi traditions ran deep, rooted in his family history. He was the intellectual heir to a rich tapestry of thought, spanning centuries and continents, linking Africa to the Arab world, Europe, Asia and the Americas, with influences ranging from Cheikh Ahmed Tidjani to Umar Tal, from Ibn Rushd to Montesquieu. His upbringing instilled in him deeply held values, shaped by education and culture.
M’Bow’s stance was unequivocal: culture was neither a luxury nor mere entertainment and Africans had never existed outside of the world or in a ‘world-outside’ (Außenwelt, in the Schmittian sense). His critique of the imbalanced framework of access to information and technology—and thus to knowledge—raised deeper questions about a universalism predicated on a hierarchy of cultures and civilisations. He believed that the human ability to create and think is evenly distributed, hence the importance of equitable access for all. For M’Bow, the realisation of the universal ideal required cultural exchange, which could be achieved only by rebalancing access to knowledge and information. Yet Africa was being denied its rightful contribution to this endeavour. Consequently, African actors keenly understood the nature of the impetus driving them to challenge their social conditions by reshaping the terms of engagement with the West.
M’Bow engaged with the global discourse on technology, notably in UN debates on technology transfer. He was in support of strengthening the work and mission of UN Trade and Development (UNCTAD), an intergovernmental organisation dedicated to defending the trade interests of the developing world. He was critical of a system that concentrated technological control in the hands of a few and allowed them to engineer life and shape meaning for everybody. His concerns centred on questions that remain relevant today: Who controls technology? What would the world order look like if Africa were excluded?
The idea that the contribution of African intellectuals like M’Bow have been margnalised or invisibilised stems largely from how we have often thought about the nature of knowledge coming out of Africa. The lack of engagement with such contributions speaks to a broader issue of limiting perspectives on African thought. M’Bow grew up and was educated at the intersection of diverse cultures and intellectual traditions at the dawn of the world that was coming out of the colonial script. His intellectual breadth demonstrates the creativity and adaptability with which Africans have always responded to the challenges of their time. In short, M’Bow was an intellectual in the fullest sense of the word.
With the passing of M’Bow, we have lost one of the most influential thinkers and political actors of the twentieth century. His immense intellectual curiosity, aspirational spirit and deep humanism are reflected in his prolific body of work.[6]
By intervening in global debates at a time when African voices were often excluded, thinkers like M’Bow asserted a principle of intellectual parity. For the very presence of African thought in the public domain was seen as inherently disruptive. M’Bow’s unwavering commitment and integrity allowed him to challenge and reverse entrenched structures of oppression, revealing possibilities that had long been obscured.
In summary, M’Bow’s intellectual contributions were profoundly shaped by his multilayered identity—as a Senegalese, an African, a Muslim and a global citizen. His insatiable curiosity and moral resilience guided his involvement in global governance and African politics. He stood firm in his principles, unyielding in the face of challenges. M’Bow was, indeed, the bow that was never bent.
A-M M’Bow was a living legend. We have lost a reassuring figure who bridged the twentieth and twenty-first centuries. Yet, as he transitions to the realm of ancestorhood, we are enriched by his legacy of wisdom, courage and moral fortitude. At a time when Africa seems to have lost sovereign initiative and geopolitical vision, when every major actor but Africa itself seems to have a vision for the continent, may his memory guide us back to self-determination, unity and a renewed sense of purpose.
Notes
[1] First published on March 24, 2025 in the CODESRIA Bulletin (CODESRIA Bulletin, Nos 5&6, 2024 , pp.27-30)
[2] See the MacBride Report, a popular name for ‘Many Voices, One World: Towards a New More Just and More Efficient World Information and Communication Order’,commissioned by UNESCO. https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000372754
[3] Speech on Technology and Global Development, 1982.
– 1974, ‘Enquête préliminaire sur le village de Gaya, et les villages de Sénoudébou et Dembakané, 1955– 1956’, L’UNESCO et l’avenir. Paris : UNESCO.
– 1976, Le monde en devenir (réflexions sur le nouvel ordre économique international), Paris : UNESCO.
– 1977, L’UNESCO et la solidarité des nations—L’esprit de Nairobi. Paris :UNESCO.
– 1979, L’UNESCO et la solidarité des nations—De la concertation au consensus. Paris : UNESCO.
– 1981, L’UNESCO et la solidarité des nations—Entreprendre l’avenir. Paris : UNESCO.
– 1982, Le Temps des Peuples, Paris : Editions Laffont Paris.
– 1982, Aux Sources du Futur. Paris : UNESCO.
– 1984, Choisir L’Espoir, Paris : UNESCO.
– 1986, L’UNESCO: universalité et coopération internationale. Paris : UNESCO.
PAR MATEL BOCOUM
CROISSANT… DE MARS
"Il peut rapprocher autour d’une théière et agrémenter des échanges, tout le contraire du croissant lunaire. Celui-ci est toujours au menu de discussions au début et à la fin de chaque ramadan."
Après la célébration de l’Eid communément appelé, sous nos cieux, fête de la Korité, les fidèles musulmans renouent, dans notre pays, avec les trois repas du jour. Nombreux sont ceux qui étaient pressés de déguster un bon croissant chaud au petit matin après un mois de jeûne.
Ils semblent respirer une bouffée d’air frais malgré les bienfaits thérapeutiques du mois sacré qui permet aussi, selon les exégètes, de se départir de certaines aspérités comme l’orgueil, la suffisance et de cultiver le sens du partage et du pardon. Dans un monde globalisé, le croissant est bien au menu au petit déjeuner même s’il n’arrive pas à supplanter des aliments traditionnels qui résistent à l’usure du temps. C’est le cas du bogobe, cette bouillie épaisse à base de farine, très prisée au Botswana, ou encore des ignames ou manioc très nutritifs en Guinée, pour ne citer que ceux-là. Toutefois, même s’il n’est pas riche en nutriments, le croissant est de plus en plus prisé dans plusieurs pays du monde à l’image du pain. Il est apprécié de partout et illumine les visages quand il est servi avec du bon café chaud. Il peut rapprocher autour d’une théière et agrémenter des échanges, tout le contraire du croissant lunaire.
Celui-ci est toujours au menu de discussions au début et à la fin de chaque ramadan. Il est parfois au cœur de sujet de dissensions. Chaque fois qu’il réapparaît, il intensifie son attraction, laissant souvent les musulmans sénégalais sur leur faim. L’observation du croissant lunaire, condition de la fixation du mois de ramadan, n’a pas permis d’harmoniser des positions dans certaines régions du monde islamique. À travers une analyse détaillée et profonde de la situation, des sociologues comme Moustapha Wone mettent en évidence cette nécessité de toujours relativiser. Il est question de faire en sorte que ce croissant lunaire, pas du tout savoureux, ne crée pas des germes de division. Pour lui, comme pour d’autres, tout est une question de croyances, d’habitude ou de conviction. Si dans notre pays, il n’est pas encore facile de célébrer la fête de Korité à la même date, chaque partie essaie d’avancer des raisons valables pour justifier la légitimité de son croissant lunaire. Certains s’appuient sur la tradition prophétique et essaient de la perpétuer en s’alignant sur La Mecque.
Une posture remise en question par ceux qui évoquent une différence du fuseau horaire et de l’espace géographique. Ils considèrent que pour obéir à cette logique, il faudrait commencer par s’acquitter des 5 prières quotidiennes au même moment que La Mecque. D’autres convoqueraient une tradition bien de chez nous et agiraient par solidarité locale ou parentale. Toujours est-il que pour des sociologiques, cette diversité de posture ne découle pas d’une absence de foi ou de volonté de s’unir autour de l’essentiel. Elle exige simplement une mise à niveau ou remise à niveau, quitte à engager des concertations avec toutes les parties concernées.
Tous reconnaissent qu’elle est bien lointaine l’époque où l’horizon ne dépassait pas les frontières du village ou du terroir. Même si tous ne semblent pas vibrer sur les mêmes fréquences, la position des fidèles musulmans n’est pas motivée par une désolidarité religieuse ou nationale selon les sociologies. Une différence de références est à l’origine de cette mésentente. Ce qui laisse croire que le croissant lunaire est apprécié à l’aune de la solidarité parentale ou territoriale. En tout cas, malgré des positions divergentes, le rêve est permis d’éliminer les influences négatives liées à l’apparition du croissant lunaire et de croire qu’une fête à l’unisson ne relève guère d’un poisson d’avril. Le recours à l’astronomie a permis d’enterrer des démons de la division… qui surgissent à l’ombre du mois lunaire
LA JUSTICE SOMME L’ÉTAT DE S’EXPLIQUER SUR LE CAS MANSOUR FAYE
Le président de la deuxième chambre administrative a enjoint le ministre de l’Intérieur de notifier officiellement à l'ancien ministre les motifs de l’interdiction de sortie du territoire national qui lui est imposée.
Le président de la deuxième chambre administrative a enjoint le ministre de l’Intérieur de notifier officiellement à Amadou Mansour Faye les motifs de l’interdiction de sortie du territoire national qui lui est imposée.
À défaut, le juge exige que cessent immédiatement les entraves posées par les agents de la police de l’air et des frontières à l’aéroport international Blaise-Diagne (AIBD), entraves jugées attentatoires à la liberté de déplacement du requérant.
Le tribunal rappelle que l’État, bien qu’ayant le monopole de la puissance légitime, ne peut restreindre la liberté de circulation d’un individu en l’absence de poursuites judiciaires ou d’une décision de justice explicite. Or, dans le cas présent, aucune mesure judiciaire ne semble justifier l’interdiction de voyage infligée à Amadou Mansour Faye.
Toutefois, la demande d’astreinte et d’octroi de dommages-intérêts formulée par le requérant a été rejetée, le juge estimant qu’il ne lui appartient pas d’accorder des compensations financières dans ce cadre.
PAR SIDY DIOP
LES AFFAIRES SONT LES AFFAIRES
Un logisticien de 25 ans qui donne 67 millions à un marabout pour booster sa réussite… Voilà un chef d’entreprise qui sait investir. La technique du marabout était simple : « Des forces occultes bloquent ta réussite, mais je peux t’aider. »
Un logisticien de 25 ans qui donne 67 millions à un marabout pour booster sa réussite… Voilà un chef d’entreprise qui sait investir. La technique du marabout était simple : « Des forces occultes bloquent ta réussite, mais je peux t’aider. »
Ce qui, il faut le reconnaître, est plus vendeur que « J’ai bien peur que tu sois mauvais en affaires. » Chaque rituel coûtait une fortune, chaque hésitation était balayée par une menace de ruine ou de malédiction. En quelques mois, l’entrepreneur, pris dans cette spirale mystique, a lessivé ses comptes, emprunté à sa famille et ponctionné l’entreprise.
C’est là que frère et sœur, les vrais sauveurs de cette histoire, sont intervenus. Un signalement, une enquête, et voilà le charlatan pris à son propre jeu : un faux dernier paiement, un rendez-vous, et la police au bout du chèque. Résultat, une peine d’un an ferme est requise, avec remboursement des 67 millions et 5 millions de dommages et intérêts. Autrement dit, une tentative de restitution des fonds à leur propriétaire légitime. À condition, bien sûr, que l’argent ne se soit pas déjà évaporé… dans des sphères tout aussi occultes.
LE SÉNÉGAL LANCE TABAX SÉNÉGAL, UNE PLATEFORME NUMÉRIQUE POUR L’EMPLOI
Cette initiative vise à faciliter la mise en relation entre chercheurs d’emploi, porteurs de projets et investisseurs, dans le cadre de la Stratégie nationale de développement 2025-2029.
Le Président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a officiellement lancé ce mardi Tabax Sénégal (www.tabaxsenegal.sn), une plateforme numérique dédiée à l’emploi, à l’entrepreneuriat et à l’investissement. Cet outil innovant vise à mettre en relation les chercheurs d’emploi, les porteurs de projets et les investisseurs afin de valoriser les compétences nationales et favoriser la réalisation de projets ambitieux.
En phase avec la Stratégie nationale de développement 2025-2029, cette initiative s’inscrit dans une volonté de transformation structurelle du marché du travail et de stimulation de l’économie locale. Selon le Président Faye, Tabax Sénégal ambitionne de faciliter l’accès à des opportunités concrètes, de restaurer l’équité dans le recrutement et de mobiliser les ressources financières nécessaires au développement des entreprises et initiatives nationales.
Ce projet traduit l’engagement du gouvernement à faire de l’emploi une priorité nationale. Dès son premier Conseil des ministres en avril 2024, le Chef de l’État avait insisté sur l’urgence d’une réforme profonde du secteur de l’emploi et de l’entrepreneuriat, notamment pour les jeunes et les femmes. La mise en place de cette plateforme s’accompagne ainsi d’une Nouvelle Politique nationale de l’Emploi, dont la finalisation est prévue avant la fin du mois d’avril 2025, afin d’optimiser les interventions des structures publiques concernées.
Tabax Sénégal offre aux utilisateurs un espace numérique interactif permettant de déposer leur CV, de postuler à des offres, d’accéder à des programmes d’accompagnement et de suivre l’évolution de leurs candidatures. Cette initiative vise à créer une synergie efficace entre les acteurs du marché du travail et à renforcer la confiance des investisseurs dans le potentiel économique du pays.
Avec le lancement de Tabax Sénégal, l’État sénégalais franchit une étape majeure dans sa stratégie de digitalisation et de modernisation du marché du travail. Cet outil est conçu pour être un moteur du développement inclusif et durable, en garantissant un accès équitable aux opportunités professionnelles et en favorisant l’essor d’un entrepreneuriat local dynamique.
TROIS SÉNÉGALAIS PARMI LES 12 FINALISTES DU PRIX MARC-VIVIEN FOÉ
La liste a été dévoilée ce mardi par RFI et France 24. Le lauréat succédera au Gabonais Pierre-Emerick Aubameyang le 12 mai prochain.
Dakar, 1-er avr (APS) – Trois footballeurs sénégalais, Lamine Camara (Monaco), Habib Diarra( Strasbourg ) et Moussa Niakhate ( Lyon), figurent parmi les 12 finalistes de l’édition 2025 du Prix Marc-Vivien Foé du meilleur joueur africain du Championnat de France de football (Ligue 1).
Les deux médias français, initiateurs de ce prix, RFI et France 24, ont dévoilé, mardi, la liste des 12 finalistes en lice pour le titre de meilleur joueur africain du Championnat de France de football (Ligue 1).
Le nom du vainqueur sera connu le lundi 12 mai. Il succédera au Gabonais Pierre-Emerick Aubameyang.
Le prix Marc-Vivien Foé qui récompense, depuis 2009, le meilleur joueur africain évoluant en Ligue 1, est institué en hommage à l’international camerounais, mort en France d’un malaise cardiaque en plein match en 2003.
Voici la liste des 12 finalistes :
Himad Abdelli, milieu (Algérie, Angers), Eliesse Ben Seghir, attaquant (Maroc, Monaco),Lamine Camara, milieu (Sénégal, Monaco),Habib Diarra, milieu (Sénégal, RC Strasbourg),Yahia Fofana, gardien (Côte d’Ivoire, Angers), Amine Gouiri, attaquant (Algérie, Rennes-Olympique de Marseille), Evann Guessand, attaquant (Côte d’Ivoire, l’OGC Nice), Achraf Hakimi, défenseur (Maroc, PSG),Moussa Niakhaté, défenseur (Sénégal, Olympique lyonnais),Moses Simon, attaquant (Nigeria, FC Nantes), Abdoulaye Touré, milieu (Guinée, Le Havre),Hamed Junior Traoré, milieu offensif (Côte d’Ivoire, AJ Auxerre).