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3 août 2025
LES 10 NOMINATIONS DU CONSEIL DES MINISTRES DU 11 JUIN 2025 :
Dans le cadre des mesures individuelles, le président de la République a procédé à une série de nominations à la Primature et dans plusieurs ministères.
Au titre des mesures individuelles, le président de la République a pris les décisions suivantes :
Au titre de la Primature
– Monsieur Mbaye SENE, titulaire d’un diplôme d’état en médecine, est nommé Secrétaire exécutif du Conseil national de Développement de la Nutrition (CNDN) en remplacement
de Dr Aminata DIOP NDOYE.
Au titre du Ministère des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens
– Monsieur Laurent SINA, Consultant en système de management de la qualité, est
nommé Directeur du Laboratoire National de référence dans le domaine du Bâtiment et
des Travaux Publics (LNR-BTP), en remplacement de Monsieur Chérif BALDE.
Au titre du Ministère des Finances et du Budget
– Madame Souadou DRAME, Economiste, matricule de solde n°619 499/J est nommée Directeur de la Programmation budgétaire, poste vacant.
– Monsieur Serigne Cheikh MBEGUERE, Conseiller en Planification, matricule de
solde n°603 378/E, est nommé Directeur de l’Ordonnancement des Dépenses publiques en remplacement de Monsieur Samba FALL appelé à d’autres fonctions.
– Monsieur Boubacar CAMARA, Administrateur civil principal, matricule n°616 278/H est nommé Directeur de l’Administration et du Personnel de la Direction générale du Budget, en remplacement de Monsieur Abdourakhmane BA, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite.
Au titre du Ministère des Pêches, des Infrastructures maritimes et portuaires
– Monsieur Baba TALL, Expert en logistique, est nommé Directeur du Consortium sénégalais d’activités maritimes (COSAMA), en remplacement du Commandant Mactar
FALL.
Au titre du Ministère de l’Energie, du Pétrole et des Mines
– Monsieur Mbaye SENE, titulaire d’un master en comptabilité et finances, est nommé Président du Conseil d’Administration de la Société des Mines du Sénégal (SOMISEN),
en remplacement de Monsieur Mamadou Bamba NDIAYE.
Au titre du Ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique
– Monsieur Serigne Ahmadou Bamba SY, Ingénieur centralien, Expert en management des projets est nommé Secrétaire général du Ministère de la Communication, des
Télécommunications et du Numérique, en remplacement de Madame Fatou Bintou
NDIAYE.
Au titre du Ministère de l’Industrie et du Commerce
– Monsieur Abasse Boubou NDIAYE, titulaire d’une licence en gestion de projets, est nommé Président du Conseil de Surveillance de l’Agence sénégalaise pour la Propriété industrielle et l’Innovation technologique (ASPIT) en remplacement de Monsieur
Lakhbouss DIAKHATE.
Au titre du Ministère de l’Education nationale
– Monsieur Assane SOW, Professeur d’Enseignement secondaire, matricule de solde 644 051/J est nommé de Directeur l’Institut national d’Étude et d’Action pour le Développement (INEADE) en remplacement de Monsieur Alioune Badara Diop.
THIERNO SALL ÉPINGLE LA POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE DU PAYS
Le député, patron de la République des Valeurs, met le gouvernement face à ses contradictions : pourquoi les Sénégalais paient-ils leur essence deux fois plus cher que les Nigériens alors que leur pays produit désormais du pétrole ?
(SenePlus) - Le constat est pour le moins paradoxal : alors que le Sénégal est devenu producteur de pétrole et de gaz, ses citoyens continuent de payer l'essence plus cher que leurs voisins de la sous-région. C'est ce que révèle une question écrite adressée le 10 juin 2025 par le député Thierno Alassane Sall au ministre des Énergies, du Pétrole et des Mines, documents à l'appui.
Selon les données présentées par le président de la République des Valeurs, le prix du litre d'essence super au Sénégal s'élève à 990 FCFA en décembre 2024, plaçant le pays en tête du classement régional. Un tarif qui dépasse largement celui de la Côte d'Ivoire (875 FCFA), du Burkina Faso (850 FCFA), du Mali (811 FCFA), ou encore de la Guinée-Bissau (760 FCFA). Plus frappant encore, le Niger, pays enclavé sans ressources pétrolières, affiche un prix de 499 FCFA, soit près de la moitié du tarif sénégalais.
Cette situation interpelle d'autant plus que, théoriquement, la production locale devrait permettre une réduction des coûts. Le député souligne que "ces deux facteurs (la baisse du prix du baril et la dépréciation du dollar) devraient logiquement entraîner une diminution du coût des produits pétroliers importés."
Entre juin 2024 et juin 2025, le cours du Brent a effectivement chuté de 18,09%, passant de 81,96 à 67,13 dollars le baril. Parallèlement, le franc CFA s'est apprécié face au dollar, avec un taux de change évoluant de 607,396 à 574,435 FCFA pour un dollar sur la même période. Ces évolutions favorables des marchés internationaux auraient dû se traduire par une baisse des prix à la pompe dans la sous-région.
C'est d'ailleurs ce qui s'est produit dans plusieurs pays voisins, comme le montre le tableau comparatif de juin 2025 : la Côte d'Ivoire (-14% par rapport au Sénégal), le Mali (-22%), le Bénin (-31%), le Togo (-29%), et surtout le Niger (-45%). Seul le Sénégal maintient ses prix à 990 FCFA, sans variation depuis décembre 2024.
Cette politique tarifaire n'est pas sans conséquences sur l'économie sénégalaise. Comme le souligne le député dans sa question, "le maintien de ces prix élevés constitue, de fait, un prélèvement indirect sur les ménages et les entreprises sénégalaises avec un impact négatif sur la compétitivité économique."
L'effet se ressent particulièrement dans le secteur des transports, où les opérateurs sénégalais voient leur compétitivité s'éroder face à leurs homologues régionaux. "Les transporteurs sénégalais, confrontés à la concurrence sous-régionale, voient leur part de marché se réduire significativement, en raison de ce différentiel de prix défavorable", précise Thierno Alassane Sall.
Cette situation affecte l'ensemble du tissu productif : transporteurs, boulangers, maraîchers, agriculteurs, pêcheurs... Tous les secteurs qui dépendent étroitement du transport et de l'énergie subissent de plein fouet cette politique de prix élevés.
Face à ce paradoxe, le député pose trois questions cruciales au ministre :
D'abord, quels sont les éléments de politique interne qui justifient cet écart de prix avec les pays voisins ? Cette interrogation va au cœur du système de fixation des prix des carburants au Sénégal.
Ensuite, quelles mesures le gouvernement envisage-t-il pour alléger le coût du carburant tout en préservant la viabilité du secteur ? Une question d'équilibre entre protection du consommateur et pérennité économique.
Enfin, existe-t-il un mécanisme de révision automatique des prix en fonction des fluctuations internationales du pétrole ? Cette dernière question touche à la transparence et à la réactivité de la politique énergétique nationale.
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POUR SEYDI GASSAMA, SONKO ET DIOMAYE REPRODUISENT MACKY
Victimes hier, bourreaux aujourd'hui ? L'arrestation de Moustapha Diakhaté pour "offense au chef de l'État" fait bondir Amnesty International, qui rappelle au nouveau pouvoir ses propres déboires judiciaires sous Macky Sall
L'arrestation de l'ancien député Moustapha Diakhaté pour des propos jugés "offensants envers le chef de l'État" suscite une vive réaction de la société civile sénégalaise. Seydi Gassama, Secrétaire Général d'Amnesty International Sénégal, a pris position avec fermeté contre cette interpellation, y voyant une atteinte grave à la liberté d'expression démocratique.
Dans une déclaration publique, Seydi Gassama rappelle que "toutes les instances régionales africaines et internationales des droits de l'homme ont clairement demandé aux États de supprimer les peines de prison pour les infractions telles que l'offense au chef de l'État, la diffamation et l'outrage." Selon lui, ces infractions, intrinsèquement liées à la liberté d'expression, ne peuvent être réprimées par l'emprisonnement sans porter atteinte au débat public démocratique.
Le responsable d'Amnesty préconise une approche alternative conforme aux principes démocratiques : remplacer les peines de prison par des amendes ou des poursuites civiles avec paiement de dommages et intérêts. Cette position s'aligne sur les recommandations internationales en matière de liberté de la presse et d'expression.
Seydi Gassama ne manque pas de souligner l'ironie de la situation actuelle. Il rappelle que les dirigeants qui gouvernent aujourd'hui le Sénégal ont eux-mêmes été victimes de ces mêmes lois répressives sous l'ancien régime. "Ousmane Sonko n'a pas pu se présenter à la présidentielle à cause d'une condamnation pour diffamation", souligne-t-il, ajoutant que "le président Diomaye a failli aller en prison pour outrage à magistrat."
Cette situation met en lumière l'universalité du risque que représentent ces lois pour tous les acteurs politiques, indépendamment de leur position au pouvoir ou dans l'opposition.
Le Secrétaire Général d'Amnesty International adresse un message sans équivoque au président Bassirou Diomaye Faye et au Premier ministre Ousmane Sonko : "Il faut que Ousmane Sonko, le Premier ministre, et le président Diomaye comprennent qu'ils ont été élus pour faire changer ce pays."
Gassama met en garde contre l'influence de ce qu'il qualifie de "groupes d'extrémistes" qui entourent les nouveaux dirigeants et qui, selon lui, "sont en train de reproduire exactement ce que les Moustapha Diakhaté, les [autres] faisaient à côté de Macky Sall." Il appelle à une rupture nette avec les pratiques de l'ancien régime.
Au-delà du cas spécifique de Moustapha Diakhaté, dont il exige la libération immédiate, Seydi Gassama plaide pour une transformation profonde du système judiciaire sénégalais. Il insiste sur la nécessité d'aller "très rapidement vers le changement de la législation" et de procéder à la dépénalisation de ces infractions.
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IBOU FALL DÉNONCE UNE CULTURE DE L'EMPRISONNEMENT AU SÉNÉGAL
Le journaliste et chroniqueur replace l'arrestation de Moustapha Diakhaté dans un contexte historique, dénonçant une pratique devenue "culturelle" au Sénégal qui révèle, selon lui, un mépris de la valeur de la vie humaine
Le journaliste et chroniqueur Ibou Fall a vivement réagi à l'arrestation de l'ancien parlementaire Moustapha Diakhaté, arrêté depuis mardi 10 juin 2025 suite à des propos jugés offensants envers le président de la République Bassirou Diomaye Faye. L'ancien député avait déjà été condamné à deux mois de prison ferme le 28 novembre dernier pour "insulte commise par le biais d'un système informatique", "manœuvres et actes de nature à compromettre la sécurité publique" et "troubles politiques graves".
Dans sa réaction, Ibou Fall estime que le gouvernement devrait se concentrer sur les urgences économiques plutôt que de se laisser distraire par ce type de débats. "Gouverner, administrer un pays, ça demande de la concentration. Il faut pas se laisser distraire par des débats qui n'ont pas de sens", déclare-t-il, rappelant qu'en fin de mandat, c'est sur les résultats concrets que les dirigeants seront jugés.
Le chroniqueur replace cette arrestation dans un contexte historique plus large, soulignant que "de Senghor à Bassirou, il y a toujours eu des journalistes qu'on a jetés en prison, des leaders d'opinion qu'on a jetés en prison". Pour lui, cette pratique est devenue "une culture" au Sénégal, révélatrice d'un problème plus profond de gouvernance.
Au cœur de la critique d'Ibou Fall se trouve la question du respect de la dignité humaine et des libertés individuelles. "Tu ne peux pas penser que la valeur de la vie humaine... tu peux pas priver quelqu'un de liberté comme ça", s'indigne-t-il. Selon lui, cette approche répressive reflète un "sous-développement" dans la conception même du pouvoir et de la justice.
Le journaliste pointe du doigt le dysfonctionnement des institutions, particulièrement la justice, "même après les assises" nationales sur la réforme judiciaire. Il prône une approche plus constructive pour les infractions non violentes, privilégiant la réparation et le travail d'intérêt général plutôt que l'incarcération qui, selon lui, "déplace le problème" et crée "une charge supplémentaire" pour l'État.
Ibou Fall conclut en appelant à une transformation philosophique de la classe dirigeante : "La politique, c'est une question d'élite. Il faut avoir une haute idée de la vie humaine, des libertés, pour pouvoir au moins diriger un pays." Il oppose cette vision à celle d'autres pays du continent où "ce sont des soldats qui frappent à ta porte", plaidant pour un Sénégal qui se distingue par le respect des droits fondamentaux.
COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES DU MERCREDI 11 JUIN 2025
Face aux dérives constatées dans la gestion des marchés publics, le Premier ministre appelle à un renforcement urgent des capacités et à une vigilance accrue dans l'exécution des contrats et conventions de l'État.
Le Chef de l’Etat, Son Excellence, Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye a présidé, ce mercredi 11 juin 2025, la réunion hebdomadaire du Conseil des Ministres, au Palais de la République.
A l’entame de sa communication, le Président de la République a adressé ses chaleureuses félicitations aux communautés musulmane et chrétienne du Sénégal, suite au bon déroulement dans la communion et la solidarité de la fête de Tabaski et de la Pentecôte marquées par le succès de la 137ème édition du Pèlerinage marial de Popenguine.
Il a magnifié l’exemplarité du dialogue interreligieux au Sénégal et demandé au Gouvernement de mobiliser les moyens adéquats en vue d’accompagner au mieux la modernisation des sites religieux ainsi que l’exercice du culte sur l’étendue du territoire national. Il a informé le Conseil de sa décision d’instituer chaque année une rencontre nationale avec les Guides religieux et Chefs coutumiers.
La bonne préparation de la campagne agricole et l’intensification des efforts de promotion de la souveraineté alimentaire du Sénégal constituent une priorité de l’action gouvernementale. Le Chef de l’Etat a salué toutes les mesures hardies prises par le Gouvernement, depuis l’année dernière, pour améliorer les conditions de préparation, de déroulement et d’encadrement des campagnes de production agricole.
Au regard de l’intensification de la pluviométrie dans plusieurs zones éco-géographiques du pays, il a demandé au Gouvernement, notamment au Ministre en charge de l’Agriculture et au Ministre en charge des Finances, d’accélérer les modalités de mise à disposition des semences, engrais et matériels agricoles sur l’étendue du territoire national. Il a souligné la nécessité d’impliquer davantage et de renforcer le rôle des coopératives agricoles communautaires dans le processus de mise en place du dispositif relatif à la campagne de production agricole.
Le Président de la République a réitéré que la montée en puissance du programme national de reconstitution du capital semencier passe par une forte implication de l’Institut sénégalais de Recherches agricoles (ISRA), organisme scientifique de premier plan, dont les ressources financières et humaines, ainsi que les moyens techniques d’action doivent être significativement renforcés. L’évaluation de l’organisation et du fonctionnement des services techniques de conseil et d’encadrement agricole dudit institut s’impose également.
Le Président de la République a indiqué au Gouvernement la nécessité de développer les formations professionnelles liées aux métiers agricoles et d’envisager le renforcement des lycées agricoles ou des centres de formation aux métiers de l’agriculture à l’image de l’Ecole nationale supérieure d’Agriculture, socle de la formation d’ingénieurs agricoles.
Par ailleurs, il a rappelé au Ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage, l’urgence de développer un programme spécial de renforcement des aménagements agricoles et d’actualiser les lettres de mission de la Société nationale d’Aménagement et d’Exploitation des terres du Delta du fleuve Sénégal et des vallées du fleuve Sénégal et de la Falémé (SAED), de la Société de Développement agricole et industriel du Sénégal (SODAGRI) et de la Société de Développement et des Fibres textiles (SODEFITEX), en vue d’une meilleure planification des productions rizicoles, céréalières, cotonnières et des spéculations à haute valeur en termes de commercialisation et de consommation.
Il a invité le Gouvernement à accentuer les efforts de relance et d’extension des Domaines agricoles communautaires, mais aussi des Agropoles dont l’implémentation effective dans les sites dédiés doit faire l’objet d’un suivi dans le cadre du monitoring de l’Agenda national de Transformation.
Le Chef de l’Etat a, dans le même sillage, invité le Gouvernement à accentuer l’implication et la mobilisation des jeunes dans le développement de l’agriculture et la promotion de la souveraineté alimentaire.
A cet égard, il a indiqué au Gouvernement, notamment au Ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage, au Ministre en charge de la Jeunesse et au Secrétaire d’Etat aux Coopératives et de l’Encadrement paysan, la nécessité de prendre toutes les dispositions pour une bonne organisation, à Dakar, du 30 août au 05 septembre 2025, de la 19ème édition du Forum africain des systèmes alimentaires sous le thème « Jeunesse africaine : fer de lance de la collaboration, de l’innovation et de la transformation des systèmes alimentaires ».
Afin de soutenir la transformation durable du système agricole national, le Président de la République a informé le Conseil qu’il effectuera, les 12 et 13 juin 2025, une visite économique et de travail dans la région de Saint Louis, à la rencontre des producteurs et industriels du secteur. Dans la même lancée, il présidera, le 10 juillet 2025, le Conseil supérieur d’orientation agrosylvopastoral.
Le Sénégal est un pays doté de plus de 700 kilomètres de côtes ouvertes sur l’océan atlantique et d’un potentiel maritime exceptionnel. Le Chef de l’Etat a, à cet égard, rappelé au Gouvernement l’urgence de finaliser la nouvelle politique maritime du Sénégal en impliquant l’ensemble des acteurs publics, privés et des populations des zones concernées.
Il a indiqué au Premier Ministre, la nécessité d’accentuer le suivi de toutes les infrastructures maritimes et portuaires en service, en cours de réalisation ou en projet avec des partenaires bien identifiés. Il a également demandé au Premier Ministre de superviser la mise en oeuvre de la stratégie de promotion de l’attractivité et de la compétitivité des ports publics et privés du Sénégal et de définir un cadre renforcé d’évaluation des performances des infrastructures maritimes et portuaires nationales.
Par ailleurs, il a souligné l’impératif de renforcer le dispositif de coordination de l’action de l’Etat en mer avec la réalisation urgente d’infrastructures spécialisées sous le contrôle de la Haute Autorité chargée de la Coordination de la Sécurité maritime, de la Sûreté et de la Protection de l’Environnement marin (HASSMAR).
Le Président de la République a demandé au Gouvernement de poursuivre les concertations régulières avec les acteurs de la pêche artisanale et ceux de la pêche industrielle ainsi que les scientifiques et chercheurs, en vue d’une maitrise stratégique des zones de pêche, de nos ressources halieutiques et fonds marins, dans le respect des lois et règlements et des conventions internationales en la matière.
Au regard de l’acuité de la problématique de la pêche dans la vie nationale et de l’importance des sujets relatifs aux océans, dans l’agenda international, il a indiqué au Premier Ministre la nécessité d’assurer le suivi de l’ensemble des questions relatives à la mer et au développement de l’économie bleue au Sénégal.
Le tourisme demeure un secteur moteur de la relance économique et de la création d’emplois dans les sites et zones dédiés. Le Chef de l’Etat a demandé au Ministre du Tourisme et de l’Artisanat de finaliser, sous la supervision du Premier Ministre, avec la Société d’Aménagement et de Promotion des Côtes et zones touristiques du Sénégal (SAPCO), l’actualisation des programmes d’aménagement de nouvelles zones touristiques, en vue d’impulser la relance du secteur avec l’implication des professionnels, investisseurs et acteurs concernés.
Il a rappelé, l’urgence de la tenue d’une réunion interministérielle sur le tourisme, pour asseoir la mise en oeuvre maitrisée de l’agenda de développement du secteur touristique.
Au titre de son agenda diplomatique, le Président de la République a informé le Conseil qu’il participera, du 17 au 19 juin 2025 à New York, à la Conférence sur la Palestine et prendra part, le 22 juin 2025 à Abuja, au Sommet de la CEDEAO.
Evoquant la question du renforcement des capacités dans la gestion de la commande publique, Monsieur le Premier Ministre, après avoir souligné les constats alarmants relevés dans le cadre de la relecture des contrats et conventions, notamment les cas de surfacturation et de graves violations des règles de passation de marchés, a mis l’accent sur l’importance des marchés publics comme moyens d’exécution des missions de l’Etat.
C’est ainsi que le Premier Ministre a insisté sur la nécessité d’une formation complète des acteurs à toutes les étapes de la commande publique avec un dispositif de suivi-évaluation des connaissances dispensées. Le Premier Ministre a retenu que désormais l’exécution correcte des règles relatives à la commande publique, de façon efficace, dans la transparence et dans les délais requis, constitue un critère de performance pour toute entité publique et tout manager public.
Le Premier Ministre a demandé au Ministre, Secrétaire général du Gouvernement de proposer, en rapport avec la Direction centrale des Marchés publics (DCMP) et l’Autorité de Régulation de la Commande publique (ARCOP), des termes de référence pour une formation en matière de commande publique avec un programme pertinent tenant compte de la préoccupation des acteurs. Enfin, le Premier Ministre a demandé au Ministre des Finances et du Budget de prendre toutes les dispositions pour mobiliser les crédits nécessaires à la prise en charge de cette formation.
Abordant la gestion des urgences hospitalières, le Premier Ministre a rappelé que le gouvernement accorde une priorité élevée à l’accès des populations aux soins d’urgence de qualité dans toutes les structures de santé. Il a aussi insisté sur l’attention toute particulière à accorder à l’amélioration de la qualité des services d’accueil d’urgence afin de donner un visage plus humain à la prise en charge des personnes en détresse.
Aussi, a-t-il invité le Ministre de la Santé et de l’Action sociale à renforcer le dispositif du SAMU national et à travailler en parfaite synergie avec la Brigade nationale des Sapeurs-pompiers et les autres structures publiques et privées évoluant dans le secteur.
AU TITRE DES COMMUNICATIONS DES MINISTRES :
– Le Ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture a fait une communication sur le suivi de l’exécution des travaux engagés en perspective des Jeux olympiques de la Jeunesse (JoJ) Dakar 2026 ;
– Le Ministre de l’Agriculture, de la Sécurité alimentaire et de l’Elevage a fait une communication sur la situation de production de semences de prébase de céréales et de légumineuses pour la campagne agricole 2025-2026.
AU TITRES DES MESURES INDIVIDUELLES,
le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Au titre de la Primature
– Monsieur Mbaye Sène, titulaire d’un diplôme d’état en médecine, est nommé Secrétaire exécutif du Conseil national de Développement de la Nutrition (CNDN) en remplacement de Dr Aminata Diop Ndoye.
Au titre du Ministère des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens
– Monsieur Laurent Sina, Consultant en système de management de la qualité, est nommé Directeur du Laboratoire National de référence dans le domaine du Bâtiment et des Travaux Publics (LNR-BTP), en remplacement de Monsieur Chérif Baldé.
Au titre du Ministère des Finances et du Budget
– Madame Souadou Dramé, Economiste, matricule de solde n°619 499/J est nommée Directeur de la Programmation budgétaire, poste vacant.
– Monsieur Serigne Cheikh Mbéguéré, Conseiller en Planification, matricule de solde n°603 378/E, est nommé Directeur de l’Ordonnancement des Dépenses publiques en remplacement de Monsieur Samba Fall appelé à d’autres fonctions.
– Monsieur Boubacar Camara, Administrateur civil principal, matricule n°616 278/H est nommé Directeur de l’Administration et du Personnel de la Direction générale du Budget, en remplacement de Monsieur Abdourakhmane Bâ, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite.
Au titre du Ministère des Pêches, des Infrastructures maritimes et portuaires
– Monsieur Baba Tall, Expert en logistique, est nommé Directeur du Consortium sénégalais d’activités maritimes (COSAMA), en remplacement du Commandant Mactar Fall.
Au titre du Ministère de l’Energie, du Pétrole et des Mines
– Monsieur Mbaye Sène, titulaire d’un master en comptabilité et finances, est nommé Président du Conseil d’Administration de la Société des Mines du Sénégal (SOMISEN), en remplacement de Monsieur Mamadou Bamba Ndiaye.
Au titre du Ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique
– Monsieur Serigne Ahmadou Bamba Sy, Ingénieur centralien, Expert en management des projets est nommé Secrétaire général du Ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, en remplacement de Madame Fatou Bintou Ndiaye.
Au titre du Ministère de l’Industrie et du Commerce
– Monsieur Abasse Boubou Ndiaye, titulaire d’une licence en gestion de projets, est nommé Président du Conseil de Surveillance de l’Agence sénégalaise pour la Propriété industrielle et l’Innovation technologique (ASPIT) en remplacement de Monsieur Lakhbouss Diakhaté.
Au titre du Ministère de l’Education nationale
– Monsieur Assane Sow, Professeur d’Enseignement secondaire, matricule de solde 644 051/J est nommé de Directeur l’Institut national d’Étude et d’Action pour le Développement (INEADE) en remplacement de Monsieur Alioune Badara Diop.
Le Ministre de la Formation professionnelle et technique, Porte-parole du Gouvernement
Amadou Moustapha Njekk Sarré
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LE PRIX MORTEL DE LA BEAUTÉ
Embolie graisseuse, complications post-opératoires, décès... Le Brazilian Butt Lift, intervention esthétique en vogue au Sénégal, multiplie les drames. Après la présumée récente mort d'une influenceuse en Turquie, les professionnels de santé alertent
La chirurgie d'augmentation des fesses, communément appelée BBL, connaît un essor considérable au Sénégal. Portée par des animatrices télé et des influenceuses qui en font la promotion sur les réseaux sociaux, cette intervention est devenue la référence esthétique pour de nombreuses jeunes femmes en quête de transformation corporelle.
Derrière ces courbes généreuses exhibées avec fierté se cachent pourtant des réalités bien plus sombres que ne le laissent paraître les publications Instagram.
L'influenceuse Adji Mass a brisé le silence dans une vidéo amateur devenue virale. Son témoignage, sans filtre, révèle l'envers du décor : "Je ne conseille à personne de faire ça. Toute la souffrance que j'ai vécue, je ne la souhaite à personne."
Elle décrit un véritable calvaire post-opératoire : ouverture du ventre, extraction de graisse, injection dans les fesses, suivie de complications majeures. "Les antibiotiques me faisaient vomir. Chaque mouvement faisait sauter les points de suture. Je n'ai jamais connu une telle douleur", confie-t-elle, comparant cette expérience à ses accouchements et fausse couche précédents.
Le drame a pris une tournure tragique avec le présumé décès récent de Ngone Ndiaye, actrice et influenceuse très populaire au Sénégal. Elle aurait perdu la vie en Turquie, quelques jours seulement après avoir subi une opération BBL. Sa disparition a profondément bouleversé les réseaux sociaux sénégalais, révélant brutalement l'ampleur des risques liés à cette pratique.
Pour de nombreuses jeunes femmes, le recours à la chirurgie esthétique répond à un mal-être profond, alimenté par le body shaming et un manque cruel de confiance en soi. "Ces filles souffrent de complexes. Le corps de la femme est sacré. Il faut apprendre à s'adapter et s'accepter tel qu'on est", témoigne une proche du milieu.
Les conséquences dépassent souvent le cadre esthétique. Certaines patientes développent des complications durables affectant leur quotidien : difficultés alimentaires, problèmes digestifs chroniques, regrets profonds face aux séquelles.
Le Dr Amat, spécialiste en santé publique, alerte sur les dangers inhérents à cette intervention. "C'est une chirurgie générale où le patient est mis sous anesthésie générale. Il faut récupérer les graisses dans différentes parties du corps - ventre, cuisses, bras - les traiter, puis les injecter dans les fesses."
Les risques sont multiples et potentiellement mortels. L'embolie graisseuse représente la complication la plus redoutée : "Une boule de graisse peut se déplacer dans un vaisseau. L'embolie peut être très grave et même entraîner la mort", prévient le médecin.
Nombre de ces interventions sont réalisées dans des cliniques privées turques qui attirent des milliers de patientes venues du monde entier. Ces établissements séduisent par leurs tarifs attractifs et leurs promesses de transformation rapide, mais illustrent les dérives d'un modèle économique où l'esthétique prime parfois sur la sécurité des patients.
Le cas tragique de Ngone Ndiaye souligne cruellement les limites de ce "tourisme esthétique" et pose la question de l'encadrement de ces pratiques à l'étranger.
PAR MALICK CISS
SÉCURISER L’INVESTISSEMENT DES ÉMIGRÉS
L’escroquerie dont aurait été victime le footballeur Ismaïla Sarr vient s’ajouter à la longue liste de Sénégalais établis à l’extérieur qui se sont fait gruger de fortes sommes d’argent, croyant faire une bonne affaire.
L’escroquerie dont aurait été victime le footballeur Ismaïla Sarr vient s’ajouter à la longue liste de Sénégalais établis à l’extérieur qui se sont fait gruger de fortes sommes d’argent, croyant faire une bonne affaire. L’attaquant de Crystal Palace aurait perdu 64 millions de FCfa dans ce qu’il croyait être une bonne occasion d’acquérir deux appartements à la future ville de Diamniadio. Le gardien Alfred Gomis, son coéquipier en équipe nationale, lui aussi, n’y a vu que du feu lorsqu’on le roulait, il n’y a pas si longtemps, dans la farine, pour plus de 100 millions de FCfa dans une opération d’acquisition de camions et de maisons à Saly.
Loin d’être isolés, ces deux cas illustrent la perfidie de certains Sénégalais à l’endroit de leurs compatriotes qui gagnent leur vie à l’extérieur. De tels agissements envers notre vaillante diaspora sont devenus si banals que beaucoup d’expatriés réfléchissent à deux fois avant de mettre leurs billes dans une quelconque affaire au pays. Considéré comme un secteur moins risqué, l’immobilier est leur principal domaine d’investissement, étant presque sûrs de faire du profit ou de disposer d’un toit à la hauteur de leur standing. Mais combien sont-ils, ces expatriés « modou-modou » qui, après avoir fait des envois de fonds sur de plusieurs millions de nos francs pour un investissement, découvrent, une fois en vacances au pays, qu’ils ont été floués par leurs proches ? À leur déception, vient s’ajouter l’amertume de constater les dégâts pendant que la famille supplie, pour préserver sa cohésion, de renoncer à toute idée de traduire le frère ou l’ami escroc en justice.
La banalisation de ces pratiques a atteint un niveau tel que certains émigrés en sont arrivés à se méfier de leurs proches, s’ils ne leur tournent pas le dos simplement. Pourtant, notre pays a besoin de l’argent de sa diaspora mais doit l’orienter vers le financement du développement, c’est-à-dire dans des investissements générateurs de revenus et d’emplois. Ce qui n’est pas le cas. Selon la Bceao, sur les 1.842 milliards de FCfa transférés en 2023, soit 10,5 % du Pib, 79 % ont été absorbés par des dépenses de consommation. Cela atténue certes la pauvreté des ménages bénéficiaires mais ne profite pas beaucoup à l’économie. Le reste de ces flux financiers est orienté vers des secteurs refuges tels que l’immobilier ou le transport -qui créent peu d’emplois-, pour se préserver contre les mauvaises surprises. Pourtant, les émigrés disposent d’un large éventail de secteurs porteurs pour fructifier leur argent.
Mais existe-il un cadre pour sécuriser leur investissement ? Les initiatives ne manquent pas. Les régimes politiques qui se sont succédé à la tête du Sénégal, ces dernières années, ont mis en place des stratégies visant à apporter un accompagnement technique aux compatriotes expatriés dans leurs projets d’investissement. C’est le cas du Fonds d’appui à l’investissement des Sénégalais de l’extérieur, créé en 2008. Mais les résultats ne sont pas encore à la hauteur des attentes. Des ajustements s’imposent.
Le nouveau régime espère mobiliser davantage l’argent des émigrés sénégalais, par le biais des diasporas bonds, dans un contexte de déficit budgétaire de 10,4% du Pib. Si l’initiative prospère, ce serait une belle opportunité pour diversifier les sources de financement de notre économie, mais surtout d’être à l’abri des risques de change inhérents aux euro-bonds. Des pays africains comme le Nigeria et l’Éthiopie ont réussi à solliciter leur diaspora à bon escient. Pourquoi pas le Sénégal ? Aussi, le vieux projet de banque de la diaspora, remis sur la table par le nouveau régime, pourrait compléter cet environnement financier à construire pour les Sénégalais de l’extérieur.
PAR SALLA GUEYE
BEAUTÉ SOUS SCALPEL
La chirurgie esthétique, autrefois réservée aux stars hollywoodiennes, est devenue chez nous un raccourci vers une gloire éphémère… et parfois vers la morgue. Jadis, on allait chez la coiffeuse ; aujourd’hui, c’est chez le chirurgien...
La chirurgie esthétique, autrefois réservée aux stars hollywoodiennes, est devenue chez nous un raccourci vers une gloire éphémère… et parfois vers la morgue. Jadis, on allait chez la coiffeuse ; aujourd’hui, c’est chez le chirurgien qu’on veut « se refaire ».
Nez affûté, hanches rehaussées, lèvres XXL : bienvenue dans l’ère du « tu likes, donc j’existe ». Certaines célébrités ont troqué le naturel contre le bistouri, affirmant leur droit… à ressembler à une application retouchée. Hélas ! Pendant que maman prie pour que sa fille réussisse au bac, celle-ci économise pour un lipofilling. Le drame ? Ce n’est pas de vouloir plaire, c’est d’en mourir. Littéralement. Oui, le rêve d’un « corps parfait » finit parfois en cauchemar chirurgical.
À force de courir après des standards pixelisés, beaucoup perdent la vie pour une hanche plus ronde, un ventre plus plat. Le danger n’est plus dans le désir de beauté, mais dans la pression d’y parvenir à tout prix. Car derrière une silhouette « instagrammable » peut se cacher une septicémie bien réelle. Non, on ne joue pas avec sa santé comme on change de fond de teint.
LE SÉNÉGAL S’ENGAGE POUR LA PRÉSERVATION DES OCÉANS EN SIGNANT LE TRAITÉ BBNJ À NICE
Ce texte, adopté en 2023, vise à encadrer la protection et l’exploitation durable des ressources marines en haute mer.
En marge de la troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC3) qui se tient à Nice du 9 au 13 juin, le Sénégal a officiellement signé le traité BBNJ (Biodiversity Beyond National Jurisdiction), marquant son engagement envers la conservation de la biodiversité marine en haute mer.
Le ministre sénégalais de l’Environnement, le professeur Daouda Ngom, a annoncé que le Sénégal devient ainsi le 135e pays à signer cet accord historique, qui vise à protéger les zones marines situées au-delà des juridictions nationales.
Le traité BBNJ, adopté en mars 2023 après près de deux décennies de négociations, établit un cadre juridique contraignant pour la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine dans les zones situées au-delà des juridictions nationales. Il permet notamment la création d’aires marines protégées en haute mer, la régulation des activités potentiellement destructrices telles que l’exploitation minière des grands fonds marins, et favorise la coopération scientifique internationale.
La signature du Sénégal intervient alors que le traité a déjà été ratifié par 49 pays, sur les 60 nécessaires pour son entrée en vigueur. Une fois ce seuil atteint, un compte à rebours de 120 jours sera lancé avant que le traité ne devienne effectif, ouvrant la voie à la mise en place de mécanismes de gouvernance et de protection des océans.
La Conférence des Nations Unies sur l’Océan à Nice réunit plus de 30 000 délégués, dont une soixantaine de chefs d’État et de gouvernement, pour discuter des défis majeurs auxquels sont confrontés les océans, tels que la surpêche, la pollution plastique et le changement climatique. Le président français Emmanuel Macron a salué la mobilisation internationale en faveur de la protection des océans, soulignant l’importance d’une action collective pour préserver ces écosystèmes vitaux pour la planète.
Avec cette signature, le Sénégal réaffirme son engagement en faveur de la préservation de la biodiversité marine et de la gestion durable des ressources océaniques, contribuant ainsi aux efforts mondiaux pour atteindre l’objectif de protéger 30 % des océans d’ici 2030.
COMPRENDRE LE MODE DE DÉSIGNATION DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU
Alors qu’aucune candidature officielle n’a été annoncée, la perspective prêtée à Macky Sall de briguer la succession d’António Guterres au poste de Secrétaire général de l’ONU alimente les discussions en Afrique.
L’intention prêtée à Macky Sall de briguer le poste de secrétaire général des Nations Unies suscite un débat passionné sur les réseaux sociaux et les médias, quand bien même l’ancien chef de l’Etat sénégalais ne s’est pas encore officiellement prononcé.
Des internautes sénégalais et africains ont beaucoup commenté l’éventualité de la candidature de l’ancien président du Sénégal à la succession du Portugais, António Guterres, dont le second mandat à la tête de l’Organisation des Nations unies s’achève en décembre 2026.
Si le gouvernement sénégalais avait officiellement soutenu et fait campagne pour la candidature d’Amadou Hott au poste de président de la Banque africaine de développement (BAD), la dernière sortie du ministère de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères laisse envisager le contraire.
Yassine Fall, qui a longtemps travaillé dans le système des Nations Unies, a notamment dressé le profil et les exigences du poste de SG de l’ONU. Une sorte de portrait-robot du patron de l’organisation qui ne correspondrait pas, à ses yeux, au personnage de Macky Sall qui séjourne au Maroc depuis son départ du pouvoir, le 2 avril 2024.
La cheffe de la diplomatie sénégalaise n’a pas manqué d’évoquer le principe de la rotation géographique qui laisserait peu de chance à une candidature africaine lors des prochaines échéances en 2026. Un point de vue dans un débat encore présent dans l’espace public africain.
‘’Macky Sall SG de l’ONU : un mauvais signal pour l’institution ?’’, s’interroge par exemple le journal en ligne béninois la Nouvelle Tribune en faisant allusion à cette rumeur non confirmée. Le Courrier international signale également un ‘’discret lobbying’’ de l’ancien président sénégalais, Macky Sall, pour se positionner dans la course à la succession du secrétaire général d’António Guterres. Le site français parle notamment ‘’d’une activation de réseaux’’ aux États-Unis, en Chine, en France, en Arabie saoudite et en Afrique du Sud.
Comment se passe l’élection au poste de secrétaire général de l’ONU ?
L’article 97 de la Charte des Nations Unies dispose que “le Secrétaire général est nommé par l’Assemblée générale sur recommandation du Conseil de sécurité”.
Selon le site officiel de l’ONU, l’Assemblée générale a adopté en 2015 une résolution qualifiée “d’historique qui met en place une nouvelle procédure, plus transparente, ouverte et inclusive” pour sélectionner et nommer le Secrétaire général.
La même source renseigne que ce processus a été mis en œuvre avec succès en 2016 lors de la 70e session de l’Assemblée générale, ajoutant que, pour la première fois, l’ensemble du processus de nomination a été public.
Les candidat(e)s ont été invité(e)s à fournir une déclaration de vision stratégique et ont pu participer à des dialogues informels avec l’ensemble des États membres de l’Assemblée générale. C’est ainsi que l’Assemblée générale avait nommé António Guterres, du Portugal, au poste de Secrétaire général le 13 octobre 2016, suivant la recommandation du Conseil de sécurité et à l’issue de cette nouvelle procédure. Le second mandat de M. Guterres, qui a débuté le 31 décembre 2021, prendra fin en décembre 2026.
La Charte des Nations Unies mentionne six étapes dans le processus de sélection et de nomination du secrétaire général de l’ONU.
La procédure s’ouvre avec une lettre conjointe de la Présidence de l’Assemblée générale et celle du Conseil de sécurité. Cette note est publiée pour ainsi marquer officiellement le début du processus de sélection et de nomination au poste de Secrétaire général, informe le site internet de l’organisation.
Il s’en suivra une présentation des personnes candidates. La Présidence de l’Assemblée générale et celle du Conseil de sécurité communiquent conjointement à tous les États membres les noms des personnes qui ont été soumises à l’examen.
Les candidats retenus sont ensuite invités à soumettre une déclaration de vision stratégique et à participer à un dialogue informel avec les États membres à l’Assemblée générale.
Conformément à la Charte des Nations Unies, le Conseil de sécurité fait une recommandation à l’Assemblée générale. Les années où plusieurs candidats sont à l’étude, le Conseil a procédé à un scrutin avant d’adopter sa résolution.
Dans un article publié en 2006, le professeur de droit public à l’université de Reims, Albert Bourgi, faisait état de “l’unanimité qui s’était rapidement dégagée” en faveur du Secrétaire général, le sud-coréen Ban Ki Moon, qui a pris fonction le 1er janvier 2007.
Dans ce papier intitulé “l’élection du nouveau secrétaire général de l’Onu”, l’universitaire expliquait que “tant au Conseil de sécurité qu’à l’Assemblée générale – où les 192 Etats membres l’ont nommé par acclamation –, revêt sans nul doute une grande portée politique”. C’est après cette étape que l’Assemblée générale confirme la nomination du secrétaire général par l’adoption d’une résolution.
Qu’en est-il réellement de la rotation géographique ou régionale ?
Le principe de rotation géographique dans la nomination au poste de Secrétaire général de l’ONU est généralement évoqué à l’approche de chaque élection du secrétaire général de l’organisation internationale. Il n’est pas toutefois une règle officielle suivie à la lettre dans le mode de désignation. Ce principe est plutôt une pratique qui devrait permettre d’assurer une certaine “représentation équitable des différentes régions du monde”, en favorisant la diversité et l’inclusion à l’ONU et ainsi éviter une concentration des nominations au poste de SG dans un même continent ou groupe d’États.
Toutefois, en 80 ans d’existence, les cinq membres permanents de l’organisation disposant du droit de veto ne se sont jamais considérés comme tenus par les règles non écrites, y compris celles de la rotation régionale et du double mandat. Des considérations diplomatiques et politiques s’avèrent plus déterminantes dans le mode d’élection.
Dans son article cité plus haut, Albert Bourgi rappelle qu’au cours de discussions informelles qui ont eu lieu au Conseil de sécurité dès février 2006 sur le prochain Secrétaire général, “les Etats-Unis, suivis en cela par le Royaume-Uni, s’étaient déjà élevés contre le principe de la rotation régionale, à l’inverse de la Chine qui, soutenue par la Russie, affirmait que, avec deux milliards d’habitants, l’Asie pouvait fournir les candidats les plus qualifiés”.
En cela, indique-t-il, le candidat originaire d’Asie, Ban Ki-moon n’a pas été le “premier choix des Etats-Unis – qui lui auraient préféré un candidat originaire d’Europe centrale et orientale – ni d’ailleurs du Royaume-Uni et, dans une moindre mesure, de la France, il était, en tant qu’Asiatique, acceptable pour les cinq”.
Ainsi, de 1946 à 2026, le tableau des 9 SG élus ne reflète pas le respect de ce principe de rotation géographique ou régionale. L’Europe occupe le haut du pavé avec 4 secrétaire élus, en plus de l’intérim du britannique Sir Gladwyn Jebb (1945-1946). L’Asie et l’Afrique sont à égalité avec deux secrétaires généraux, l’Egyptien Boutros Boutros-Ghali (1992-1996) et le Ghanéen Koffi Annan (1997-2006). Un seul secrétaire général est pour le moment originaire d’Amérique du Sud, en la personne du péruvien Javier Pérez de Cuéllar (1982-1991).
Le tableau laisse apparaitre également des patrons successifs de l’organisation internationale qui viennent du même continent. C’est le cas des deux premiers secrétaires généraux, le Norvégien Trygve Lie (1946-1952) qui a précédé au Suédois Dag Hammarskjöld (1953-1961), décédé en fonction lors de son second mandat.
L’égyptien Boutros Boutros-Ghali (1992-1996) qui a fait un seul mandat a également été remplacé par le Ghanéen Koffi Annan (1997-2006).
L’élection à ces stations stratégiques internationales obéit par moments à des considérations non écrites. En 2002 par exemple, le diplomate et écrivain congolais Henri Lopès, était en pole position pour succéder à l’Egyptien Boutros Boutros-Ghali à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
Il avait le soutien de beaucoup de pays africains avant que l’apparition dans la course de l’ancien président sénégalais Abdou Diouf, qui a quitté le pouvoir deux ans plutôt, ne vienne limiter ses chances.
“J’ai été contraint de me retirer”, avait-il dit à l’époque sur les ondes de Radio France Internationale (RFI). Celui qui cherchait le poste depuis le sommet de Hanoi en 1997 avait fini par marteler qu’il n’avait “plus le cœur de se présenter à la tête d’une organisation dont l’élection du secrétaire général se fait dans l’opacité… Il avait été convenu que l’Afrique choisirait son candidat. Aujourd’hui, on a choisi pour l’Afrique’’.
En recevant en 2009 à l’Université d’Etat de Louisiane (USA) le Prix Louisiane 2009, Henri Lopès disait ceci : “J’ai ambitionné, il y a sept ans, de devenir le Secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie (l’OIF). Nous étions deux candidats. L’autre était M. Abdou Diouf, ancien Président de la République du Sénégal. Un homme compétent, avec une vaste expérience politique, une grande culture, et une remarquable élégance d’esprit. Un ami du temps de nos études à Paris. J’ai eu de la chance ; c’est lui qui fut choisi. Car si j’avais été le malheureux élu, il m’aurait fallu renoncer à l’écriture”.