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2 juin 2025
L'ÉPARGNE NATIONALE AU SERVICE DE L'ÉTAT
L'État sénégalais fait appel aux investisseurs locaux pour financer son budget 2025 avec une émission obligataire de 150 milliards FCFA, offrant des taux d'intérêt compris entre 6,40% et 6,95%
La société de gestion et d’intermédiation Invictus Capital & Finance déclare avoir été désignée par l’État du Sénégal pour effectuer une levée de fonds locale de 150 milliards de francs CFA en recourant à l’épargne nationale, pour financer des investissements prévus dans le budget de l’État en cours d’exécution.
‘’Cet emprunt obligataire, le premier de cette ampleur sous le mandat du président Bassirou Diomaye Faye’’, sera utilisé pour ‘’financer les investissements prévus dans le budget de l’État pour 2025’’, selon un communiqué d’Invictus Capital & Finance.
‘’Offrant des taux d’intérêt attractifs compris entre 6,40 % et 6,95 %, cette opération présente une opportunité intéressante pour les investisseurs, tout en assurant un financement stable et sécurisé pour l’État’’, affirme la société de gestion et d’intermédiation.
Selon elle, l’émission est orchestrée par la direction générale de la comptabilité publique et du Trésor, sous la supervision du ministère des Finances et du Budget.
‘’Invictus Capital & Finance joue un rôle central en tant qu’arrangeur principal et chef de file, aux côtés de Société générale Sénégal et de la Société générale Capital Securities West Africa, agissant en qualité de co-arrangeurs et co-chefs de file’’, ajoute le communiqué.
Les obligations seront cotées à la Bourse régionale des valeurs mobilières, ce qui, selon Invictus Capital & Finance, garantira leur liquidité et leur attractivité pour les investisseurs institutionnels et particuliers.
‘’Cette émission obligataire s’inscrit dans une stratégie de rationalisation des dépenses publiques et de mobilisation de financements internes. En cas de succès, elle contribuera à stabiliser le déficit budgétaire, à investir dans les infrastructures et à assurer une croissance durable’’, assure la société de gestion et d’intermédiation.
Elle affirme que ‘’la transparence dans la gestion de ces fonds, ainsi que l’efficacité des politiques fiscales et d’investissement seront déterminantes pour garantir la soutenabilité de la dette et restaurer la confiance des marchés’’.
La croissance économique du Sénégal devrait atteindre 9,3 % en 2025, selon le Fonds monétaire international. Il dit que cette croissance inhabituelle sera portée par la production de gaz du pays.
LA FIN DE L'USAID, UNE CRISE LIBÉRATRICE ?
L'arrêt de l'aide américaine par Trump pourrait paradoxalement libérer certains pays du Sud d'une relation d'assistance devenue, selon ses critiques, un instrument de contrôle géopolitique et de perpétuation des inégalités
(SenePlus) - La suspension de l'aide américaine au développement pourrait être l'occasion pour certains pays d'Afrique de réduire leur dépendance aux financements étrangers et de repenser leur modèle économique, selon plusieurs analystes.
Partout dans le monde, le gel brutal des financements de l'USAID (Agence des États-Unis pour le développement international) par l'administration Trump a provoqué stupeur et inquiétude. Pourtant, certaines voix s'élèvent pour voir dans cette crise une potentielle opportunité, notamment en Afrique.
Comme le rapporte Courrier international dans son édition du 27 mars au 2 avril 2025, cette décision américaine pourrait constituer "un déclic pour l'Afrique", selon l'expression du chroniqueur zimbabwéen Tafi Mhaka, cité sur le site d'Al-Jazeera.
"Pour certains Africains, cette suspension de l'aide américaine offre une occasion en or à nos pays qui en dépendent de repenser les politiques et stratégies nationales de réponse aux besoins essentiels des populations", confirme également le média malien Bamada.net, cité dans l'article.
L'écrivain haïtien Patrick Prézeau Stephenson, sur le média participatif Rezonodwes, reconnaît que pour Haïti, le gel des 400 millions de dollars d'aide américaine annuelle "représente une crise existentielle pour des millions de citoyens". Mais il ajoute que "cette coupure brutale oblige également Haïti à se confronter à une réalité souvent éludée : la nécessité de repenser son modèle de développement et de réduire sa dépendance à l'aide extérieure".
L'article évoque également les "effets pervers sur le long terme" de la dépendance à l'USAID, notamment le "sabotage de l'agriculture locale", "l'érosion de la souveraineté" et les "projets de développement ratés".
Si ces pays redoutent des conséquences catastrophiques à court terme, les critiques du modèle d'aide actuel sont nombreuses. L'anthropologue sud-africaine Kathryn Mathers, citée dans l'article, estime que "l'aide humanitaire s'est toujours inscrite au sein d'un projet néocolonial".
Le journaliste kényan Patrick Gathara va plus loin dans Al-Jazeera en affirmant que "le système d'aide internationale est un outil de contrôle géopolitique qui a servi à perpétuer les inégalités plutôt qu'à les effacer".
La question demeure néanmoins : ces pays parviendront-ils à "transformer cette crise en une occasion de renouveau, ou sombreront-ils encore plus profondément dans le chaos?" comme s'interroge Patrick Prézeau Stephenson.
SARKOZY FACE À 7 ANS DE PRISON
Après douze semaines d'audience dans l'affaire du financement libyen, des peines sévères ont été requises contre les prévenus. Le procureur dénonce "un tableau très sombre d'une partie de notre République", marqué par "une corruption de haute intensité"
(SenePlus) - Le Parquet national financier (PNF) a requis jeudi 27 mars des peines exemplaires contre Nicolas Sarkozy et ses coaccusés dans l'affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, au terme de douze semaines d'audience marquées par des révélations accablantes.
"C'est un tableau très sombre d'une partie de notre République qui s'est dessiné", a déclaré le procureur Sébastien de La Touanne, évoquant "une corruption de haute intensité, attisée par l'ambition, la soif de pouvoir, la cupidité et qui a tissé sa toile jusqu'aux plus hautes sphères de l'État", selon le compte-rendu d'audience publié par Le Monde.
Le ministère public a dressé un portrait sans concession de l'ancien président, décrivant un homme politique dont "l'énergie et le talent" auraient été mis au service d'une "quête effrénée" de financements pour satisfaire ses "ambitions politiques dévorantes". Cette quête l'aurait conduit à conclure ce que le parquet qualifie de "pacte de corruption faustien, avec un des dictateurs les plus infréquentables", en la personne de Mouammar Kadhafi.
Le procureur a rappelé que le dirigeant libyen était responsable de la mort de 170 personnes dans l'attentat du DC-10 d'UTA en 1989, et de 270 autres dans celui de Lockerbie. Un pacte qui, selon l'accusation, "signe la négation des devoirs de probité et d'exemplarité qu'attendent nos concitoyens, heurte la mémoire des victimes et méprise les règles du financement de la vie politique".
Des réquisitions historiques contre tous les prévenus
Pour Nicolas Sarkozy, poursuivi pour "corruption", "association de malfaiteurs", "recel de détournement de fonds publics" et "financement illégal de campagne", le parquet a requis sept ans de prison ferme, 300 000 euros d'amende, cinq ans d'inéligibilité et d'interdiction d'exercer une fonction juridictionnelle, notamment au Conseil constitutionnel.
L'ancien ministre de l'Intérieur Claude Guéant, décrit comme un "haut fonctionnaire à la carrière préfectorale en apparence exemplaire" mais qui aurait "réceptionné des valises de billets", risque six ans de prison, 100 000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité. Le parquet a également demandé la confiscation de son appartement dans le 16e arrondissement de Paris, acquis grâce à "un demi-million d'euros de la Libye".
Brice Hortefeux, proche de Nicolas Sarkozy, est visé par une peine de trois ans ferme, 150 000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité. Quant aux intermédiaires, Ziad Takieddine, qualifié d'"agent de corruption" et actuellement en fuite au Liban, encourt six ans de prison et trois millions d'euros d'amende, tandis qu'Alexandre Djouhri, "reçu à cinquante-neuf reprises à l'Élysée", risque cinq ans ferme et 4 millions d'euros.
D'autres accusés font l'objet de réquisitions sévères, notamment le Libyen Bechir Saleh (six ans ferme et 4 millions d'euros), le banquier suisse Wahib Nacer (quatre ans et un million d'euros) et les cousins milliardaires saoudiens Khaled et Ahmed Salem Bugshan, qui auraient "prêté leurs comptes bancaires pour noyer les flux de la corruption".
La défense dénonce "l'outrance" des accusations
Face à ces réquisitions, Nicolas Sarkozy a immédiatement réagi dans un communiqué publié sur le réseau social X, dénonçant "les constructions intellectuelles" du parquet qui "bafouent les principes fondamentaux du droit". L'ancien président français estime que "la fausseté et la violence des accusations et l'outrance de la peine réclamée" ne visent "qu'à masquer la faiblesse des charges alléguées", rapporte Le Monde.
Le procès, d'une ampleur inédite pour un ancien chef d'État français, doit se poursuivre lundi 31 mars avec les premières plaidoiries de la défense. Selon l'accusation, il est "parfaitement établi que Nicolas Sarkozy a agi en dehors de ses fonctions de ministre de l'intérieur pour conclure un pacte de corruption avec Mouammar Kadhafi" et qu'"une fois élu président de la République, il a poursuivi l'exécution du pacte de corruption en détournant les moyens de sa fonction pour favoriser les intérêts du régime libyen".
PAR SIDY DIOP
L’ÈRE DU CACHE-CACHE
Tout ce qui devrait être clair et limpide finit sous le tapis, derrière un rideau, dans un compte offshore. Le phénomène n’a pas de frontières. Un ministre jure qu’il ne possède rien, avant qu’un enquêteur trop curieux ne tombe sur un joli pactole oublié.
«On nous cache tout, on nous dit rien », chantait Dutronc. Il ignorait sans doute qu’il décrivait aussi bien son époque que la nôtre. La dette ? Cachée. L’épouse ? Cachée. La fortune ? Dissimulée.
Tout ce qui devrait être clair et limpide finit sous le tapis, derrière un rideau, dans un compte offshore. Le phénomène n’a pas de frontières. Un ministre jure qu’il ne possède rien, avant qu’un enquêteur trop curieux ne tombe sur un joli pactole oublié.
Un chef d’entreprise, en pleine faillite, pleure sur le sort de ses salariés, tout en préparant son exil fiscal sous les cocotiers. Même en amour, la mode est au mystère : certains cachent leurs doubles vies avec autant de soin qu’un banquier suisse protège ses clients. Mais ne soyons pas naïfs. Si l’on cache, c’est que l’on craint d’être vu.
L’ère de la cachotterie est aussi celle de la révélation. Tout finit par éclater, souvent trop tard, parfois trop tôt. Et pendant que certains s’ingénient à masquer, d’autres s’emploient à dévoiler.
Les temps modernes n’ont pas seulement inventé l’art de la dissimulation, ils ont aussi perfectionné celui de la fuite. À force de jouer à cache-cache avec la vérité, il arrive toujours un moment où quelqu’un soulève le voile.
PAR OUMAR NDIAYE
ÉVITER LA CONFRONTATION AU MAGHREB
"Les tensions semblent encore tenaces et vivaces au Maghreb avec toujours en toile de fond la confrontation entre l’Algérie et le Maroc. Depuis presque une dizaine d’années, le Maroc a réussi à prendre une avance et une revanche face à son rival..."
Les tensions semblent encore tenaces et vivaces au Maghreb avec toujours en toile de fond la confrontation entre l’Algérie et le Maroc.
Depuis presque une dizaine d’années, le Royaume du Maroc, de par une politique étrangère développée avec réalisme, pragmatisme et dynamisme économique a réussi à prendre une avance et une revanche face à son rival et voisin algérien, sur le dossier du Sahara occidental, point central et principal des frictions et contradictions entre ces deux pays de l’Afrique du nord.
Les récents soubresauts diplomatiques entre la France et l’Algérie ont ainsi suivi les courbes d’évolution de la position française sur la question sahraouie. En effet, le 30 juillet dernier, la diplomatie française avait opéré un grand tournant dans ses relations avec le Maroc. Jusque-là prudente sur le sujet, la France avait décidé ainsi de s’aligner sur le plan marocain d’autonomie du Sahara occidental de 2007 qui, selon une lettre d’Emmanuel Macron, « est la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies». Ainsi, en l’espace d’un mois, le Maroc a réussi la prouesse d’accueillir deux grands chefs d’État du monde.
Le Président français, Emmanuel Macron, y était du lundi 28 au mercredi 30 octobre 2024 pour une visite considérée comme celle de la « réconciliation » tant les points de frictions étaient nombreux entre la France et le Royaume chérifien. Ensuite, le chef d’État chinois, Xi Jinping, y a fait escale, de retour de sa participation au Sommet du G20 à Brasilia, au Brésil. Boosté par la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara lors du premier mandat de Donald Trump, le Maroc a multiplié les succès sur ce dossier. Une question qui, depuis plus de deux ans, est revenue au-devant de la scène marquée surtout par la résurgence et la fréquence des tensions avec le voisin algérien.
Dans cet épineux dossier qui est à la fois d’un intérêt vital et stratégique pour le Maroc, l’Algérie a été pendant longtemps à l’initiative en servant de mentor au Front Polisario. Cette avance du Maroc sur le dossier sahraoui n’est pas le seul où le Royaume tente de surclasser et même de dépasser son voisin.
Sur la question du Sahel où l’Algérie a longtemps été un des maillons essentiels de la médiation internationale, elle commence même à y perdre du terrain. Les Accords d’Alger de 2015 qui étaient censés apporter la réconciliation au Mali ont volé en éclats depuis que les autorités maliennes ont accusé leur voisin du nord « d’ingérence ».
Avec son Initiative Atlantique en faveur des pays du Sahel, le Maroc compte ainsi se positionner comme un appui et un allié économique des pays de l’Alliance du Sahel qui sont en rupture de ban avec leur organisation communautaire, la Cedeao. Ses relations, très poussées avec ces trois pays, ont même conduit le Maroc à jouer les bons offices et faire libérer, en décembre dernier, quatre fonctionnaires français accusés d’espionnage au Burkina Faso.
Cette dualité et rivalité entre l’Algérie et le Maroc s’est même vue au dernier Sommet de l’Union africaine qui a consacré le retour algérien dans le leadership continental avec la victoire de sa candidate Selma Malika Haddadi au poste de vice-présidente de l’Union africaine face à la… marocaine Latifa Akherbach.
C’est dire que les tensions toujours latentes dans cette zone entre le Maroc et l’Algérie risquent de se prolonger dans une spirale de confrontations dont elle n’a pas besoin au vu de tout ce qu’elle a traversé ces dernières années
D’ANCIENS EMPLOYÉS DES BASES FRANÇAISES VEULENT SE LANCER DANS L’ENTREPRENEURIAT
Lors d’un forum de l’emploi réunissant 70 entreprises, ces travailleurs ont bénéficié de conseils et d’un accompagnement en vue de leur insertion professionnelle. L’APIX s’engage à les assister dans leurs projets.
Plus d’une soixantaine d’anciens employés des Eléments français au Sénégal (EFS) ont manifesté le désir de créer leur propre entreprise, a annoncé, jeudi, le général de brigade Yves Aunis, commandant ces forces françaises sur le point de quitter le territoire sénégalais.
Parmi les anciens employés des EFS, “il y en a une soixantaine qui a manifesté le désir très concret de créer une entreprise”, a-t-il déclaré au cours d’une rencontre organisée au profit de ces anciens travailleurs des bases militaires françaises désireux de lancer dans l’entreprenariat.
Selon le général de brigade Aunis, la création d’entreprise, après les besoins de formation et d’appui, est le point qui est le plus au cours de forum de l’emploi auquel ont répondu “70 entreprises”.
“Après ce moment phare de présentation et d’explications, il y aura un accompagnement des projets qui vont être personnalisés dans les semaines et les mois à venir”, a-t-il fait savoir.
“Nous fédérons des acteurs autour de nous pour aider” ces anciens employés des Eléments français au Sénégal, a indiqué l’officier supérieur français.
L’Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux (APIX) a été mise à contribution dans l’accompagnement à la création d’emplois souhaitée par ces travailleurs, a-t-il ajouté.
“Ces travailleurs vont bénéficier d’une assistance, de conseils, d’orientations par rapport à leurs projets”, a promis le directeur du guichet unique et des plateformes des investissements de l’APIX, Pape Amar.
Il a précisé que dans cette optique, un dispositif d’accueil et d’assistance sera mis en place au sein de l’APIX, avec un personnel chargé de la réception des dossiers de ces travailleurs.
M. Amar s’est montré optimiste par rapport à l’avenir de ces travailleurs, soulignant que l’expérience acquise chez les EFS est “un atout majeur” dont ils peuvent se prévaloir.
“Aujourd’hui, capitaliser 20 à 30 ans d’expérience avec les EFS du Sénégal, avec les notions de mobilité, de rigueur, de ponctualité, est un atout qu’il faut mettre sur le marché du travail et de l’investissement au Sénégal”, a-t-il relevé.
Certains ex-employés désirent créer leur entreprise parce qu’ils n’ont pas forcément envie, après avoir passé 20 à 30 ans chez les EFS, de se mettre en quête d’un nouvel emploi.
Il peut s’agir d’une question d’âge, dans le cas de personnes ayant atteint la cinquantaine et qui n’ont “pas envie” de reculer, niveau salaire et hiérarchie, par rapport aux précédentes positions qu’ils occupaient, comme le confient quelques uns de ces ex-employés.
D’autres réfléchissaient depuis des années à la création de leur entreprise. Ces personnes trouvent dans leur nouvelle situation l’impulsion nécessaire pour se lancer dans l’entreprenariat.
Moro Koïta, par exemple, veut se lancer dans le maraîchage dans sa région natale de Kolda, dans le sud du Sénégal.
“Je voudrais retourner à la terre pour faire du maraîchage”, a confié cet ancien responsable de caisse au niveau du restaurant des EFS. Il assure avoir reçu la formation nécessaire pour atteindre l’objectif qu’il s’est fixé.
Comme Moro, 58 des 162 employés locaux des EFS travaillent dans la restauration.
“On a commencé une formation en création d’entreprise. On nous a formés en analyse financière, en fiscalité, en droit du travail”, a-t-il dit, en saluant le côté pratique de cette formation offerte par les EFS avec l’accompagnement de l’APIX.
Le secrétaire général de la section syndicale des personnels civils du recrutement local des Eléments français au Sénégal (EFS), Djibril Ndiaye, s’est réjoui de cette initiative de la partie française.
“Nous apprécions à sa juste valeur la démarche des EFS parce qu’elles auraient pu s’arrêter à ce licenciement légal”, a-t-il dit, notant que l’implication de l’APIX représente “une opportunité […] pour pouvoir s’insérer dans la vie professionnelle”.
Plusieurs centaines de civils devraient perdre leur emploi, après la fermeture desdites bases, sur demande du Sénégal.
Le général de brigade commandant les Eléments français au Sénégal (EFS) a saisi, il y a quelques semaines, l’inspection régionale du travail pour l’informer du licenciement collectif, à compter du 1er juillet 2025, de l’ensemble du personnel sénégalais, 162 au total, pour “fermeture définitive des bases militaires françaises au Sénégal”.
Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a déclaré, le 31 décembre dernier, que le Sénégal cherchait à instaurer une “nouvelle doctrine” de coopération militaire. Dans ce cadre, il a été décidé de mettre fin, cette année, à la présence des militaires étrangers sur le territoire sénégalais, selon M. Faye.
PAR OMAR DIOUF
PÔLE URBAIN DE DIAMNIADIO, UNE ERREUR ?
Dakar étouffe. Tout le monde le dit, mais personne n’a encore trouvé la meilleure solution pour désengorger et suppléer la capitale sénégalaise. Une agglomération qui représente 0,28 % de la superficie du pays, et concentre quatre millions d’habitants
Dakar étouffe. Tout le monde le dit, mais personne n’a encore trouvé la meilleure solution pour désengorger et suppléer la capitale sénégalaise. Une agglomération qui représente, selon l’ouvrage « Dakar, métamorphoses d’une capitale » des architectes Carole Diop et Xavier Ricou, 0,28 % de la superficie du pays, et concentre quatre millions d’habitants. Soit 22 % de la population nationale et 80 % de l’activité économique du pays. Et en 2030, l’agglomération dakaroise dont les activités économiques génèrent 60 % du Pib sénégalais, d’après des estimations, comptera près de 7 millions d’habitants. Comment ou qui pour arrêter cette hypercentralisation à Dakar ?
Du Président Léopold Sédar Senghor avec son projet jamais réalisé de ville industrielle « Keur Farah Pahlavi » dans les années 70, au Pôle urbain de Diamniadio entamé par le président Macky Sall, en passant par Me Abdoulaye Wade avec ses deux projets de capitale à Mékhé-Pékesse et de Pôle urbain au Lac Rose agités au début des années 2000, aucun gouvernement n’a encore résolu cet épineux problème de désengorger Dakar avec un projet d’envergure réussi. En 2003, sous le régime de Me Wade, le ministre de l’Urbanisme et de l’Aménagement du Territoire d’alors, Seydou Sy Sall, résumait si bien la situation : « Si nous voulons désengorger la capitale, le site à retenir ne doit pas être très loin de Dakar, pour éviter de créer d’autres dysfonctionnements. Le site de la future capitale du Sénégal doit aussi être proche du futur aéroport de Diass et dans une zone qui polarise le maximum de populations… ».
Une description qui sied bien pourtant à la ville de Thiès ! Oui, la capitale du Rail à qui en 2007, les différents candidats à l’élection présidentielle promettaient le rôle de capitale administrative et industrielle du Sénégal.
« En cas de victoire, je ferais de Thiès la capitale administrative du Sénégal », avait promis devant son auditoire Cheikh Bamba Dièye du Fsdb/J, évoquant la nécessité d’une « politique de décentralisation imminente avec des priorités accentuées sur l’emploi, l’éducation et la santé ». Le leader de l’Afp Moustapha Niasse également souhaitait faire de Thiès, « une ville industrielle, de tourisme culturelle ; une ville universitaire, une ville carrefour ». Devant une foule de militants et sympathisants, M. Niasse était certain que « c’est faisable. Parce que Thiès le mérite. Parce que Thiès doit l’avoir… ». Landing Savané alors candidat d’AJ/Pads, argumentait lui que la politique de redéploiement économique qu’il envisageait trouve en Thiès un modèle naturel : « Un modèle de soi pour relancer la région de Thiès ; lui donner la puissance qui fera d’elle une région pilote dans le développement de notre pays ».
Idrissa Seck alors maire de la Ville et Abdoulaye Wade président sortant, étaient les seuls à ne pas faire de grandes promesses aux Thièssois durant cette campagne électorale 2007. Deux ans auparavant, les deux hommes s’étaient brouillés à propos des « Chantiers de Thiès » exécutés dans le cadre des préparatifs de la Fête de l’Indépendance célébrée le 4 avril 2004. Bref, après douze ans de Wadisme donc, ce projet de nouvelle capitale s’est dégonflé et c’est… Macky Sall, héritier de la pensée libérale, qui a lancé le nouveau de Pôle urbain à Diamniadio en 2014.
Centre international de conférences, Stade national olympique, Arena multisports, sphères ministérielles, université publique, centre d’expositions sont, entre autres, les réalisations phares du projet de ce Pôle urbain, si cher à l’ancien président sénégalais parti après deux mandats à la tête du pays. Mais comme souvent, les grands projets d’envergure nationale déclinent avec leurs initiateurs, une fois ces derniers quittent le pouvoir, à défaut d’être portés et achevés par leurs successeurs. Pour le cas de Diamniadio, nous lisons dans une interview de l’architecte Carole Diop accordée la semaine dernière au magazine Jeune Afrique, que ce projet est une erreur.
« Diamniadio est une erreur. C’est une ville trop proche de Dakar, installée sur un terrain qui est plus propice à l’agriculture qu’à la construction », a martelé Carole Diop. L’architecte rappelle la nature du sol de Diamniadio qui comporte « beaucoup d’argiles gonflantes », et déplore le manque de « loisirs, commerces, écoles » pour en faire une ville. Avec le temps, l’histoire lui donnera peut-être raison. Peut-être non.
LA CNDH PLAIDE POUR UNE CONCERTATION NATIONALE AVANT L'INTERPRÉTATION DE LA LOI LOI D’AMNISTIE
Dirigée par Amsatou Sow Sidibé, l’institution préconise un dialogue national inclusif avant toute décision. Soutenue par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, la CNDH insiste sur la nécessité d’une transparence accrue.
La Commission nationale des droits humains (Cndh) a organisé, ce jeudi 27 mars 2025, un atelier de réflexion sur la loi d’amnistie. L’institution, dirigée par le professeur Amsatou Sow Sidibé, souhaite que l’Assemblée nationale suspende l’examen de la proposition de loi n°05/2025 portant interprétation de la loi d’amnistie n°2024-09 du 13 mars 2024, afin de privilégier des concertations nationales.
Le 2 avril prochain, les députés doivent examiner en plénière ce projet de loi, mais la CNDH appelle à reporter cette discussion pour permettre un dialogue national inclusif. « Nous voulons qu’il y ait une concertation, un dialogue, et qu’ensuite, nous voyions comment procéder au niveau de l’Assemblée nationale. (…) S’il n’est pas possible de repousser la question, il faudrait au moins que l’ensemble des Sénégalais s’asseyent autour d’une table avec toutes les autorités, y compris les autorités religieuses et coutumières, afin d’examiner ensemble cette loi d’amnistie », a déclaré la présidente de la CNDH, exprimant son inquiétude quant à la préservation de la cohésion sociale.
Le représentant régional pour l’Afrique de l’Ouest du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) partage cette préoccupation. Ayeda Robert Kotchani estime qu’une consultation préalable aurait dû précéder le vote de la loi d’amnistie. Il regrette également que le gouvernement sortant n’ait pas rendu publics les résultats des enquêtes.
« Dans un pays aussi organisé que le Sénégal, je ne peux pas croire que de tels événements aient pu se produire sans qu’il y ait eu d’enquêtes. Un livre blanc a été présenté à l’époque, mais aucune enquête n’a été rendue publique à notre connaissance », a-t-il déploré, insistant sur l’importance de la transparence dans un État de droit.
« Il est essentiel que la population sache comment ceux qui sont morts l’ont été. Publier ces informations, même sans divulguer les noms des auteurs, permettrait aux Nations Unies, à la CNDH et à la société civile d’identifier les efforts à fournir pour renforcer les capacités des forces de sécurité. Par exemple, devons-nous plaider pour que le gouvernement mette à leur disposition des armes non létales ? » s’interroge M. Kotchani. Il se félicite par ailleurs du fait que l’actuel gouvernement ait ouvertement évoqué une possible remise en cause de la loi d’amnistie.
LE SÉNÉGAL LANCE UN EMPRUNT OBLIGATAIRE DE 150 MILLIARDS DE FCFA
Cette initiative s’inscrit dans une stratégie de mobilisation des ressources internes pour financer les investissements prévus dans le budget national.
L’Etat du Sénégal, en partenariat avec Invictus Capital & Finance SA, a officiellement lancé ce jeudi son premier emprunt obligataire par appel public à l’épargne pour l’année 2025. Cette levée de fonds locale, d’un montant de 150 milliards de FCFA, s’inscrit dans une stratégie de mobilisation de ressources internes pour financer les investissements prévus dans le budget de l’Etat.
Un Engagement en Faveur du Patriotisme Économique
Cette opération historique, coordonnée par Invictus Capital & Finance, société de gestion et d’intermédiation financière locale, symbolise l’engagement du président Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko en faveur d’une économie plus autonome et inclusive. En mobilisant l’épargne nationale, l’Etat du Sénégal entend renforcer sa souveraineté financière tout en stimulant la croissance.
Proposant des taux d’intérêt attractifs compris entre 6,40 % et 6,95 %, cet emprunt obligataire offre une opportunité intéressante pour les investisseurs institutionnels et particuliers. La cotation des obligations à la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) garantira leur liquidité et leur attractivité sur le marché régional.
La Direction Générale de la Comptabilité Publique et du Trésor (DGCPT), sous la supervision du Ministère des Finances et du Budget, assure le pilotage de cette opération. Invictus Capital & Finance agit comme arrangeur principal et chef de file, confirmant ainsi son rôle clé dans le dynamisme du marché financier régional.
Avec une solide expérience en la matière, la SGI avait déjà mobilisé d’importants fonds pour l’Etat du Sénégal : 139 milliards de FCFA en juillet 2023, 137 milliards de FCFA en mars 2023, et 202 milliards de FCFA en janvier 2024. La société a également orchestré des opérations d’envergure pour des acteurs privés comme le Groupe EDK SA (10 milliards de FCFA), Sonatel (75 milliards de FCFA) et pour l’Etat ivoirien (90 milliards de FCFA en 2024).
Des Perspectives Économiques Prometteuses
Selon les projections du Fonds Monétaire International (FMI), la croissance économique du Sénégal devrait atteindre 9,3 % en 2025, portée par le démarrage de la production de gaz du projet Greater Tortue Ahmeyim. Toutefois, l’Etat fait face à des défis budgétaires avec un déficit prévu à 7 % du PIB, en baisse par rapport aux plus de 10 % observés antérieurement.
La dette publique, actuellement estimée à 99,67 % du PIB, demeure un sujet de préoccupation. Cependant, la stratégie de mobilisation des ressources internes et la rigueur budgétaire devraient contribuer à sa maîtrise.
En privilégiant une gestion transparente des fonds mobilisés et en maintenant une politique fiscale efficace, l’Etat du Sénégal entend restaurer la confiance des marchés et assurer une croissance durable. Cette opération traduit la volonté des autorités de renforcer l’indépendance économique du pays tout en offrant aux citoyens et aux investisseurs un instrument financier sûr et rentable.
BAKARY SAMBE ÉVOQUE LES MENACES SUR L’ARCHITECTURE RÉGIONALE DE SÉCURITÉ
Selon le directeur du Timbuktu Institute, un isolement accru des pays de l’Alliance des États du Sahel risque de compromettre la coopération sécuritaire et d’ouvrir la porte à d’autres influences diplomatiques et stratégiques dans la région.
L’enseignant-chercheur Bakary Sambe, directeur du Timbuktu Institute, met en garde contre les conséquences du retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la CEDEAO, estimant qu’un isolement davantage prononcé des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) pourrait entrainer une destruction de l’architecture régionale de sécurité et une accentuation de la crise socio-économique dans la région.
Le 29 janvier 2025, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont officiellement cessé à leur demande d’être des membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest, actant ainsi une décision qui avait été précédemment prise par les dirigeants de l’organisation lors d’un sommet qui s’était tenu à Abuja, la capitale fédérale du Nigeria.
‘’Les départs du Mali, du Burkina et du Niger de la CEDEAO peuvent entrainer la déstructuration de l’architecture régionale de sécurité”, a dit Bakary Sambe, directeur du Timbuktu Institute et professeur à l’université Gaston-Berger de Saint-Louis (UGB).
‘’La première conséquence de ces retraits, c’est que nous allons vers une déstructuration de l’architecture régionale de sécurité, mais aussi vers une menace socio-économique si ces pays décidaient d’aller vers un isolement beaucoup plus prononcé’’, a-t-il déclaré à l’APS lors d’un entretien téléphonique.
Eprouvés par de dures sanctions économiques imposées par la CEDEAO au lendemain de coups d’Etat militaires, le Burkina Faso, le Mali et le Niger font également face à des problèmes sécuritaires d’ampleur liés à la prégnance des groupes armés se réclamant de la mouvance djihadiste.
L’enseignant-chercheur souligne que l’éloignement de l’espace de la CEDEAO de ces trois pays regroupés autour de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) pourrait inciter d’autres forces diplomatiques à intervenir dans la sous-région de sorte à perturber la manière dont ces membres coopèrent ensemble sur le plan sécuritaire.
Il évoque, à cet effet, l’arrivée de la Russie et d’autres acteurs comme la Turquie dans cette partie du continent africain.
Le directeur de Timbuktu Institute, redoute par-dessus tout les conséquences dans le domaine de la coopération sécuritaire.
‘’Une coopération transfrontalière est devenue impossible au regard de la crise diplomatique entre le Bénin et le Niger. A cause de l’absence de coopération transfrontalière, on assiste aujourd’hui à la recrudescence des attentats dans le nord du Bénin, notamment dans le département de l’Alibori. On le voit aussi avec la difficulté de collaboration au niveau frontalier avec le Burkina Faso qui est devenu un des épicentres importants du terrorisme’’, a-t-il fait valoir.
Eviter une rupture totale avec l’AES
Selon l’enseignant à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, ces éléments, combinés à l’impossibilité d’échanges de renseignements et de coopération sur les patrouilles mixtes pourraient affecter fortement la sécurité régionale et aggraver la situation sur le plan de la lutte contre le terrorisme.
Il n’a pas ainsi manqué d’inviter les dirigeants de la CEDEAO à ne pas ‘’opérer une rupture totale avec les trois pays dissidents, quelle qu’en soit la situation, c’est-à-dire même si l’AES devrait continuer à exister.
‘’Il faudrait mettre en place des mécanismes et créer des ponts de coopération, à l’image de ce que fait l’Union européenne avec la confédération helvétique. Celle-ci est au cœur de l’Europe, mais ne fait pas partie de l’Union européenne. N’empêche, elle a développé, avec l’Union européenne, une coopération sur la gestion des frontières, sur des questions économiques et sur d’autres accords’’, a-t-il expliqué.
Ce modèle, s’il venait à être appliquée, pourrait sauver l’intégration sous régionale et garantir la continuité des échanges économiques entre la CEDEAO et les pays de l’AES, a-t-il martelé en citant l’exemple de la démarche du Sénégal et du Mali qui coopèrent dans le cadre de patrouilles mixtes permettant d’assurer la sécurité dans la zone frontalière commune.
Il a ainsi souligné la nécessité pour les autres pays de la sous-région de s’inspirer de ce modèle de coopération, partant de la forte volonté d’intégration des peuples de la région.
Cela a sans doute déterminé le choix des pays de l’AES de ne pas enfreindre la liberté de circulation des ressortissants de la CEDEAO, tout comme celui de l’organisation communautaire de ne pas imposer de restrictions de mouvements ou de mobilité aux Burkinabé, Maliens et Nigériens.
‘’Les pays sont assez conscients de leurs intérêts’’
‘’Je pense que la volonté de rester dans le cadre de l’intégration sous régionale même en dehors du cadre de la CEDEAO est une volonté partagée entre les deux entités’’, croit savoir l’universitaire.
Tout dépendra, a-t-il relevé, de l’intelligence d’esprit des responsables des différents Etats appelés à ériger des ponts et développer des alternatives pouvant permettre de maintenir la possibilité d’échanges économiques.
Bakary Sambe a par ailleurs salué la décision des pays de l’AES de se maintenir pour le moment dans l’espace de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), dont les cadres de coopération ont jusque-là permis de ne pas trop souffrir de ces départs.
Il n’a, cependant, pas manqué de prévenir contre d’éventuelles difficultés économiques si les Etats de l’AES décidaient de sortir du Franc CFA à l’image de ce qu’ils ont récemment déjà fait avec l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
‘’Mais je ne crois pas qu’ils iront jusque-là, car les pays sont assez conscients de leurs intérêts pour le moment. Ils ont quitté l’organisation sous régionale, mais sont conscients du rôle important de l’UEMOA”, a souligné Bakary Sambe.