SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
5 août 2025
LE BUDGET ENFANCE MULTIPLIÉ PAR 10 AU SÉNÉGAL
Malgré des progrès budgétaires spectaculaires, le pays reste marqué par de profondes disparités territoriales. Les enfants de Matam, Kédougou et Sédhiou n'ont toujours pas accès aux mêmes services que ceux de Dakar
Le Sénégal a réalisé depuis 2010 des progrès significatifs en matière de budgétisation des droits de l'enfant. L'affirmation est de Samba Kane, conseiller technique du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, qui présidait hier, mercredi 11 juin 2025, la cérémonie d'ouverture du symposium national organisé par la Direction générale de la protection judiciaire et sociale du ministère de la Justice, sur le thème : « La planification et budgétisation des droits de l'enfant : progrès depuis 2010 ».
Organisé en marge de la commémoration de la 35ème édition de la Journée de l'enfant africain, ce symposium servait de cadre pour les acteurs de non seulement dresser le bilan mais également d'identifier lucidement les défis qui subsistent en vue de définir des stratégies audacieuses pour garantir aux enfants du Sénégal un avenir digne de leurs aspirations.
Prenant la parole à cet égard, Samba Kane, conseiller technique du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, souligne que « depuis 2010, des progrès notables ont été accomplis tant sur le plan institutionnel et budgétaire ». Il en veut pour preuve, entre autres, la mise en œuvre de la Stratégie nationale de protection de l'enfance, les hausses progressives des allocations dans les ministères clés, ou encore le renforcement des programmes de justice juvénile qui, selon lui, « sont autant de signaux d'un engagement grandissant ».
À ce titre, révèle le conseiller technique du ministre de la Justice, « le budget alloué à la Direction générale de la protection judiciaire et sociale du ministère de la Justice est passé de 599 millions FCFA en 2011 à 6,3 milliards de FCFA en 2025 ; soit une multiplication par 10 en une décennie ».
Dans la même veine, « le ministère de la Famille et des Solidarités a vu ses crédits progresser de 9,9 milliards de FCFA en 2011, à 46 milliards de FCFA en 2024 », a-t-il ajouté.
Cependant, malgré ces avancées significatives, « nous devons rester lucides », prévient Samba Kane qui, en revanche, souligne que « les allocations actuelles restent en deçà du seuil minimal de 3% du budget national recommandé par l'UEMOA et nous notons des disparités territoriales ». Comme en atteste le retard criant en termes d'accès aux services sociaux de base, noté dans les régions comme Matam, Kédougou ou Sédhiou.
Saluant, au nom du représentant régional du Haut-commissariat des Nations-Unies pour les droits de l'homme, l'engagement du ministère de la Justice du Sénégal pour le progrès réalisé et la tenue de ce symposium, Aminata Kébé a appelé à garantir des ressources suffisantes et durables dans une approche holistique.
Elle rappelle que « déjà, en 2010, le rapporteur spécial sur les droits de l'éducation pointait la faiblesse du budget alloué à l'éducation au Sénégal ».
Plus récemment, en février 2024, « le Comité des droits de l'enfant des Nations-Unies a salué l'augmentation des ressources affectées au ministère de la famille, mais a exprimé ses préoccupations face à la baisse des dépenses publiques dans les secteurs sociaux et à l'insuffisance des ressources dédiées à la protection de l'enfance », a mentionné Mme Kébé.
Dans ce cadre, elle a rapporté que « le comité a recommandé au Sénégal d'allouer des ressources suffisantes aux droits de l'enfant, d'élever les budgets sociaux à des niveaux adéquats, de réduire les disparités à partir d'indicateurs relatifs aux droits de l'enfant ».
De son côté, considérant cette question comme étant un problème d'enjeux de développement, Mme Aissé Gassama Tall, directrice générale de la protection judiciaire et sociale, « appelle à investir dans l'éducation des enfants, leur santé et leur protection, pour avoir une société prospère et une société stable et sécurisée ». Elle a plaidé également pour que 3% du budget national soit réservé aux financements sensibles à l'enfance, conformément à la recommandation faite par l'UEMOA.
PLUS DE 500 CAS DE TUBERCULOSE EN BANLIEUE
La promiscuité et les conditions de vie précaires favorisent la propagation de cette maladie à Pikine et Guédiawaye. Les professionnels de santé pointent du doigt la densité urbaine et les retards de dépistage
La banlieue dakaroise, plus précisément dans les districts sanitaires de Pikine et Guédiawaye, continue d'enregistrer des cas de tuberculose. Ces établissements sanitaires considérés comme des centres de prise en charge de cette maladie comptent actuellement plus de 500 nouveaux cas confirmés. Une visite hier, mercredi 11 juin 2025, dans ces structures, a permis de mesurer l'ampleur de cette pathologie devenue inquiétante.
Les quartiers de Guédiawaye et Pikine sont réputés être des zones de fortes densités. La promiscuité y est très pesante, avec des îlots et baraques abritant plusieurs personnes. L'exiguïté des habitations rend difficile le passage de la lumière, devant permettre de tuer les bactéries et autres virus. Ce qui rend favorable la propagation de la tuberculose qui continue de faire des ravages et de s'attaquer à cette population.
Selon les responsables de la prise en charge de cette pathologie dans les districts de Guédiawaye et Pikine, la situation épidémiologique dans ces localités est alarmante. Le bilan à mi-parcours fait état de plus de 500 cas dont 320 au deuxième trimestre de 2025 à Guédiawaye pour 780 cas attendus au cours de l'année et 125 nouveaux cas en plus des 200 suivis dans la file active à Pikine.
Pour Hélène Diacko, responsable du Programme national de lutte contre la tuberculose au niveau du district sanitaire de Guédiawaye, les cas sont nombreux au niveau du district sanitaire de Wakhinane-Nimzatt. « Actuellement, de janvier 2025 jusqu'au 11 juin 2025, nous sommes à 320 cas de tuberculose. Et parmi ces cas, nous avons 45 cas qui sont extra-pulmonaires qui sont contagieux mais aussi 28 malades qui ont rechuté », a renseigné Mme Diacko.
Abdoulaye Diouf, superviseur communautaire du Programme de lutte contre la tuberculose dans le même district sanitaire de Guédiawaye, ajoute : « Nous sommes dans la recherche de cas qui se fait à travers les activités de sensibilisation. Les signes sont une toux de plus de 15 jours, la fièvre mais aussi l'amaigrissement. Une fois qu'on a ces signes, on passe au dépistage ».
Au niveau du district de Pikine, Ndèye Marie Diagne, infirmière au centre de santé Dominique, point focal chargé du traitement de la tuberculose, renseigne : « Le nombre de cas augmente parce qu'il y a de la promiscuité ».
Tuberculose de l'enfant, un problème
Parler de la tuberculose fait souvent penser à l'adulte. Toutefois, il est important de souligner que des enfants sont aussi touchés. Cependant, leur prise en charge et la détection des cas se heurtent à plusieurs obstacles dont le refus des parents d'exposer leurs enfants ou encore la disponibilité des médicaments.
Selon Abdoulaye Diouf, superviseur communautaire du Programme de lutte contre la tuberculose au niveau du district sanitaire de Guédiawaye, la tuberculose de l'enfant est un défi parce qu'ils ont vraiment du mal à les dépister. « Au vu de la spécificité de l'enfant et de la négligence de certains parents qui ont développé la maladie, ces enfants se heurtent souvent à un refus pour le dépistage. Souvent, les parents refusent d'admettre que leurs enfants malades peuvent souffrir de tuberculose, d'autres vont jusqu'à nier leur présence dans leur toit », a déclaré M. Diouf.
Il ajoute : « Je pense qu'il y a des efforts à faire dans ce sens. Mais, également et surtout sur le dépistage des cas de contact de malades tuberculeux car, à chaque fois qu'on leur pose la question de savoir si on peut venir chez vous pour dépister les contacts, souvent, ils vous disent qu'ils habitent seuls. Ou bien, ils ne veulent pas que leur statut sérologique soit connu par les autres ».
Hélène Diacko a aussi renseigné qu'au cours de cette année, 12 enfants ont été touchés dans le district de Guédiawaye. « Le taux de dépistage chez les enfants est très faible. Et les chiffres le montrent à suffisance. Nous devons booster davantage le dépistage chez cette cible ».
Recours tardif aux soins
Des cas de résistance au traitement de la tuberculose ne sont pas notés dans ces établissements de santé. Toutefois, il faut souligner le retard du dépistage qui joue en faveur de la propagation et de la contamination de la maladie. Selon le personnel de soin, il arrive qu'un malade soit dépisté à trois reprises, c'est-à-dire qu'il traîne la maladie pendant des mois avant même de venir aux structures de santé. « Sans l'apport de la communauté, souvent, ce sont des gens qui viennent tardivement », a fait savoir Mme Diacko.
Revenant sur l'appareil de diagnostic et de détection de la charge virale, elle a renseigné que, bien qu'existant, il faut renforcer le district dans ce sens du fait de la forte demande. Elle a aussi évoqué le problème des perdus de vue. « Des fois, nous en notons, mais nous les relançons par appel téléphonique ou par le biais des relais communautaires ».
Manifestation et prévention de la maladie
Selon le personnel de prise en charge, la tuberculose est une maladie ignorée complètement par beaucoup de malades. Face à cette situation, ils ont demandé d'accentuer la sensibilisation pour que les gens sachent comment se manifeste la maladie et les facteurs de contamination.
Rappelons que la tuberculose est une maladie grave qui affecte, dans la plupart des cas, les poumons, bien qu'elle puisse toucher d'autres systèmes corporels. La tuberculose se propage facilement dans les espaces confinés.
Les personnes séropositives au VIH et immunodéprimées ont un risque plus élevé de contracter la tuberculose que la population générale. Des antibiotiques peuvent traiter la maladie. Toutefois, certaines bactéries sont résistantes aux antibiotiques. Elle se manifeste par une fièvre traînante, avec souvent des sueurs nocturnes ; une toux chronique avec des crachats épais, comportant parfois quelques filets de sang ; un essoufflement ; des douleurs dans la poitrine ; un état de fatigue ; une perte d'appétit, un amaigrissement, entre autres.
SAINT-LOUIS VEUT DU CONCRET
Emploi pour les jeunes, reconnaissance juridique pour les femmes transformatrices : la ville affiche ses priorités avant la visite du président Diomaye Faye. La cité du fleuve espère des annonces fortes sur ses défis économiques
Les attentes sont nombreuses à Saint-Louis concernant la visite économique du président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, prévue ces jeudi et vendredi dans la région. Si du côté des jeunes, l'on attend du chef de l'État la résolution du problème du chômage et qu'on leur facilite surtout l'insertion, pour les femmes transformatrices de produits halieutiques, en revanche, le plaidoyer reste la révision de la loi d'orientation et surtout la reconnaissance du statut juridique des exploitations familiales.
Aujourd'hui, le souhait de ces femmes du GIE « Bokk Xol Jambaru Sine » basées à l'Hydrobase, sur la Langue de Barbarie, c'est que les autorités reconnaissent leur métier. Elles déplorent cependant le déficit de moyens de transformation de leurs produits et revendiquent un site adéquat pour exercer leur métier dans les meilleures conditions.
« La visite économique du président de la République à Saint-Louis constitue un moment important, porteur d'espoir et de dialogue », a laissé entendre Fara Ndiaye, président du Conseil régional de la jeunesse de Saint-Louis. Il s'est fait hier le porte-voix d'une génération qui, selon lui, aspire à être pleinement actrice du développement de sa région.
« Saint-Louis, riche de son histoire et de ses ressources, fait face à un défi majeur : l'insertion économique des jeunes. Malgré les initiatives engagées, le chômage reste une réalité pesante pour nombre de jeunes, qu'ils soient diplômés ou issus des secteurs informels. Nous saluons les efforts de l'État, notamment à travers les dispositifs tels que la DER, le 3FPT, mais pour répondre efficacement aux attentes, nous plaidons pour une approche territorialisée, intégrant les spécificités de nos départements Podor, Dagana et Saint-Louis », a-t-il signalé.
Il semble essentiel, d'après lui, de renforcer les centres de formation de proximité, de faciliter l'accès au financement pour les projets portés par les jeunes et de favoriser une meilleure synergie entre les acteurs publics, privés et communautaires.
Autres actrices qui attendent énormément de cette visite économique du président Diomaye Faye : les femmes transformatrices de produits halieutiques de la Langue de Barbarie. Regroupées au sein du GIE « Bokk Xol Jambaru Sine », ces femmes plaident pour la révision de la loi d'orientation.
« Le point qui nous importe le plus, c'est le statut juridique des exploitations familiales, la reconnaissance de notre métier. Moi je suis dans le secteur de la pêche, donc la reconnaissance des femmes transformatrices est primordiale. Nous avons fait des plaidoyers depuis plus de dix ans pour qu'on nous reconnaisse d'abord notre métier, parce qu'on ne peut pas travailler sans qu'on nous reconnaisse ce qu'on est en train de faire, mais ensuite pour régler et résoudre les problématiques qui gangrènent vraiment le secteur de la pêche et plus particulièrement le secteur de la transformation », ont-elles fait savoir.
Elles demandent une reconnaissance juridique et que les autorités reconnaissent leurs métiers d'abord. Cependant, elles ont fait part des problèmes du secteur. Il s'agit du déficit de moyens de transformation, de matériel de production, mais aussi d'un site adéquat pour faire une transformation, respecter les normes de traçabilité des produits, entre autres.
« Il nous faut des sites de transformation améliorés qui répondent aux normes de qualité et aux standards internationaux. Mais aussi que les autorités puissent accompagner les femmes à accéder aux financements pour renforcer leur capacité de production », ont-elles conclu.
EL MALICK NDIAYE VEND LE PROJET À PÉKIN
L'Assemblée nationale mise sur la Chine pour réussir la transformation du Sénégal. Son président a reçu l'ambassadeur Li Zhigang pour consolider un partenariat jugé "vital" pour les ambitions présidentielles
Le président de l'Assemblée nationale, El Malick Ndiaye, a reçu hier, mercredi 11 juin, en audience, l'ambassadeur de la République populaire de Chine au Sénégal, Li Zhigang.
Lors de cette rencontre, le président de l'Assemblée nationale a invité la Chine à accompagner activement les nouvelles autorités dans la mise en œuvre du programme de transformation « Sénégal 2050 », porté par le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, en vue de bâtir un Sénégal prospère, souverain et inclusif.
Le président El Malick Ndiaye a fait cette plaidoirie hier, mercredi 11 juin, alors qu'il recevait en audience le nouvel ambassadeur de la République populaire de Chine au Sénégal, son excellence monsieur Li Zhigang. Dans une note transmise à notre rédaction, l'Assemblée nationale a souligné que cette rencontre a constitué une occasion privilégiée d'échanger sur les perspectives de renforcement des relations bilatérales entre le Sénégal et la Chine, avec un accent particulier mis sur les volets parlementaire, économique et technologique.
« Le président El Malick Ndiaye a souhaité la bienvenue à monsieur l'ambassadeur et a souligné la vitalité et la solidité du partenariat sino-sénégalais, illustré par une coopération dynamique dans les domaines des infrastructures, de l'économie, des technologies et des échanges humains. Il a mis en lumière l'impact structurant des investissements chinois dans le développement économique du Sénégal, tout en saluant la qualité constante des relations diplomatiques et sociales entre les deux nations », renseigne cette source.
La note précise que son excellence monsieur Li Zhigang, en poste à Dakar depuis avril 2025, a salué l'excellence des liens d'amitié et de coopération qui unissent les deux pays. « Il a réaffirmé l'engagement indéfectible de la Chine à accompagner le Sénégal dans ses efforts de développement, à travers un partenariat fondé sur la confiance, la solidarité et le respect mutuel. »
L'ambassadeur Li Zhigang a également exprimé sa volonté d'initier, dans une perspective de renforcement des liens interparlementaires, un programme d'échanges et de concertation entre parlementaires et experts chinois, à travers l'organisation d'un cycle de séminaires dans les quatorze régions du pays. Cette initiative vise à favoriser un dialogue mutuellement enrichissant sur les grands enjeux globaux et les priorités de développement partagé.
LE SERPENT DE MER QUI MORD ENCORE
Cruel retournement de situation : l'article 258 du Code pénal, jadis dénoncé par Pastef comme un outil de répression, ressert aujourd'hui contre l'opposition. L'incarcération de Moustapha Diakhaté révèle l'amnésie soudaine du nouveau pouvoir
Le vieux serpent de mer qu'est l'article 258 du Code pénal, réprimant l'offense au chef de l'État, refait surface avec fracas, réveillé par l'incarcération de Moustapha Diakhaté. L'ancien patron du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar (2012-2017) a été placé sous mandat de dépôt hier, mercredi 11 juin, ravivant un débat juridique et politique que l'on croyait enterré. Jadis pilorié par l'opposition d'alors, en particulier par le Pastef, cet article controversé avait pourtant été sanctuarisé par le régime de Macky Sall lors de la réforme pénale de 2016. Ironie de l'histoire : ceux qui en dénonçaient l'existence à cor et à cri se retrouvent aujourd'hui à en faire l'ultime rempart. Le pouvoir actuel, autrefois intraitable contre toute forme de musellement de la parole citoyenne, semble aujourd'hui s'en accommoder.
L'affaire Moustapha Diakhaté, ancien président du groupe parlementaire de la majorité Benno Bokk Yakaar (BBY, 2012-2024), placé sous mandat de dépôt le mercredi 11 juin pour offense au chef de l'État, ravive le débat autour de cette infraction. Jugé par nombre de défenseurs des droits humains et figures proches de l'opposition comme un outil fourre-tout, contraire aux standards d'une démocratie moderne, ce délit suscite des appels de plus en plus pressants pour être purement et simplement abrogé du Code pénal sénégalais.
L'article 258 du Code pénal, qui stipule : « Toute allégation ou imputation d'un fait portant atteinte à l'honneur ou à la considération de la personne ou du corps auquel il est imputé est une diffamation », a conduit à la condamnation de nombreux Sénégalais ces dernières années. Des figures politiques, activistes, journalistes et artistes se sont retrouvés devant les tribunaux pour de simples propos ou publications diffusés sur les réseaux sociaux, visant certaines personnalités publiques.
Quand Pastef marche sur les pas de l'APR et Benno
Malgré les vives critiques, la suppression de l'article 258 du Code pénal, réprimant l'offense au chef de l'État, ne semble guère figurer à l'agenda politique. Depuis l'arrivée du nouveau régime, le 24 mars dernier, aucun signe tangible de rupture n'a été observé. Des Sénégalais continuent d'être traduits devant la justice pour des propos parfois sortis de leur contexte.
Une situation d'autant plus paradoxale que nombre de figures aujourd'hui au pouvoir dénonçaient hier, avec vigueur, les abus liés à cette disposition sous Macky Sall. Mais une fois aux affaires, les mêmes semblent soudainement frappés d'amnésie.
Lors du récent dialogue national sur la réforme politique, la question a bien été posée aux quelque 700 participants. Si acteurs politiques, société civile et professionnels des médias s'accordaient sur le caractère archaïque et instrumentalisé de cet article, l'actuelle majorité a opté pour la prudence. Elle admet la nécessité de clarifications, tout en soulignant les risques pour la stabilité de l'État. Un positionnement qui n'est pas sans rappeler celui défendu en 2016 par l'ex-coalition Benno Bokk Yakaar.
Interpellés à l'époque sur le maintien de cette disposition, plusieurs responsables politiques proches de l'ancien régime avaient défendu son maintien, au nom du respect dû à la fonction présidentielle. Parmi eux, l'actuel leader de l'Alliance des forces du progrès (AFP), Mbaye Dione, déclarait :
« Le maintien de l'article 80 (art. 258 du code pénal NDLR), peut se comprendre dans la mesure où le président de la République est une institution. On ne doit pas permettre à tout citoyen de s'attaquer à cette institution sous n'importe quel prétexte. Je pense que nous sommes tous d'accord pour dire que le président est le chef de tous les Sénégalais. Nous lui devons le même respect qu'à l'institution qu'il incarne ».
Dans le même esprit, Aliou Sow, leader du MPD/Liggey, était allé encore plus loin en déclarant :
« Si cet article est abrogé, je le rétablirai si je deviens président du Sénégal. Ma position n'a pas changé depuis bien avant l'alternance de 2012. Je milite fermement pour le maintien de cet article 80 (art 258 du code pénal), relatif à l'offense au chef de l'État. Aujourd'hui, au Sénégal, la calomnie, l'injure, la médisance et la violence verbale sont devenues banales. »
L'actuel ministre de l'Énergie, Birame Souleye Diop parmi les victimes
Pour rappel, sous le régime du président Macky Sall (2012-2024), plusieurs membres de l'opposition, notamment des responsables de l'actuel parti au pouvoir, Pastef, ainsi que certains du Parti démocratique sénégalais (PDS), ont été poursuivis sur la base de ce délit entre 2012 et 2023.
Parmi ces personnalités figure l'actuel ministre de l'Énergie, Birame Souleye Diop, inculpé le 11 juillet 2023 pour actes de nature à compromettre la paix publique et offense au président de la République, à la suite de mises en garde adressées aux responsables de l'APR après l'annonce de l'ancien chef de l'État, Macky Sall, de ne pas briguer un troisième mandat. Il avait alors déclaré :
« J'avertis les prochains candidats de l'APR : évitez de manger chez lui, évitez de boire son eau. Il est capable de vous empoisonner et de dire "comme nous n'avons plus de candidats, je reviens" et de le faire à la Ouattara. Prenez garde. »
Avant lui, plusieurs responsables libéraux avaient également été visés par cette disposition entre 2012 et 2017, notamment Me Amadou Sall, condamné en février 2016 par la Chambre spéciale de la Cour d'appel de Dakar à trois mois de prison avec sursis pour « offense au chef de l'État et appel à l'insurrection », en raison de propos tenus lors d'un rassemblement politique en mars 2015.
Autre figure de l'opposition d'alors ayant été visée par ce délit d'offense au chef de l'État sous le régime de Macky Sall, Samuel Amète Sarr, ancien ministre de l'Énergie. Il avait été placé sous mandat de dépôt le 20 août 2014, à la suite d'une publication sur son compte Facebook dans laquelle il appelait la justice sénégalaise à enquêter sur un compte bancaire supposément détenu par le président Macky Sall, crédité, selon lui, d'un montant de 7 milliards de francs CFA (environ 14 millions de dollars américains).
On peut aussi citer l'actuel maire de Yeumbeul Sud, Bara Gaye. À l'époque responsable de l'Union des jeunesses travaillistes libérales (UJTL), il avait été condamné à six mois de prison ferme en décembre 2013 pour offense au chef de l'État. Lors d'un rassemblement à Mbacké, il avait dénoncé le refus de délivrer des passeports diplomatiques à certains marabouts, alors que, selon lui, « le célèbre homosexuel Babacar Ndiaye, qui ne cache pas ses orientations sexuelles », en disposait.
Au-delà des responsables politiques, ce délit a également été invoqué à l'encontre d'activistes, de journalistes et même d'artistes critiques à l'égard de l'ancien régime, parmi lesquels la chanteuse Amy Collé Dieng et l'activiste Assane Diouf.
PLUIES ET ORAGES ATTENDUS SUR UNE GRANDE PARTIE DU SÉNÉGAL
L’ANACIM annonce des activités pluvio-orageuses sur plusieurs régions entre ce mercredi après-midi et dimanche matin. L’Est, le Sud et le Centre du pays seront les zones les plus concernées, avec des cumuls de pluie pouvant atteindre 50 mm.
Des activités pluvio-orageuses vont intéresser une bonne partie du territoire sénégalais entre mercredi après-midi et dimanche matin, annonce l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (ANACIM).
Elles devraient toucher les régions de l’Est (Kédougou, Tambacounda, Matam), du Sud (Kolda, Sédhiou, Ziguinchor), du Centre (Kaffrine, Kaolack, Fatick, Diourbel et éventuellement Thiès, Dakar et Louga), précise l’ANACIM.
Elle indique que la zone Nord (Saint-Louis, Podor) sera en revanche ‘’moins affectée par ces épisodes de pluie’’.
Les prévisionnistes informent que ‘’les pluies et orages débuteront par les parties Sud et Est du pays au courant de l’après-midi du mercredi 11 juin’’. Par la suite, ils ‘’évolueront progressivement [vers] les régions du Centre avec des débordements attendus sur le Centre-ouest et le Nord du pays au courant de la journée du jeudi 12 juin et du vendredi 13 juin’’.
Ils indiquent que ‘’de fortes pluies, atteignant 50 mm, sont assez probables (30 à 50%) dans la partie Est (Tambacounda, Kédougou) [dans] la nuit du mercredi au jeudi,’’. Leur probabilité est de 50 à 65% pour les localités de Kaffrine, Tambacounda, Kolda, Sédhiou et Ziguinchor au courant de la nuit du jeudi allant au vendredi matin.
Selon la météo, ‘’une vigilance est de mise dans ces régions’’.
HABIB BEYE PROLONGE AVEC LE STADE RENNAIS
Arrivé en pleine tempête, il a remis le Stade Rennais sur les rails en un temps record. Son bilan convaincant lui vaut une prolongation de contrat jusqu’en 2027, avec une possible extension en cas de qualification européenne.
Arrivé en cours de saison alors que le Stade Rennais était en grande difficulté, Habib Beye a su redonner vie à un club en perte de repères. En six mois seulement, il a redressé la barre avec autorité, faisant passer le club breton des bas-fonds du classement à une 12ᵉ place inespérée en fin de championnat.
Le jeu proposé s’est progressivement amélioré. Sans révolution, l’ancien capitaine de l’OM a su tirer le meilleur d’un effectif déséquilibré, insufflant rigueur, combativité et clarté tactique. Cette dynamique positive n’a pas échappé aux dirigeants rennais. Le nouveau directeur sportif Loïc Désiré a ainsi rapidement exprimé sa volonté de s’inscrire dans la durée avec l’actuel entraîneur, convaincu par la cohérence de son travail et sa capacité à fédérer.
Selon les informations de L’équipe, un accord a été trouvé pour prolonger le contrat de Beye jusqu’en juin 2027. Mieux encore, une clause prévoit une extension automatique jusqu’en 2028 en cas de qualification pour une coupe d’Europe la saison prochaine.
Cette prolongation marque une étape importante dans le parcours de Habib Beye, longtemps resté en marge du plus haut niveau malgré des débuts prometteurs au Red Star. Il s’impose désormais comme l’un des visages montants du coaching en Ligue 1, avec l’ambition et la solidité d’un projet construit dans la durée.
Rennes mise sur la stabilité, Beye sur la progression. Un tandem qui pourrait bien surprendre dès la saison prochaine.
LES 10 NOMINATIONS DU CONSEIL DES MINISTRES DU 11 JUIN 2025 :
Dans le cadre des mesures individuelles, le président de la République a procédé à une série de nominations à la Primature et dans plusieurs ministères.
Au titre des mesures individuelles, le président de la République a pris les décisions suivantes :
Au titre de la Primature
– Monsieur Mbaye SENE, titulaire d’un diplôme d’état en médecine, est nommé Secrétaire exécutif du Conseil national de Développement de la Nutrition (CNDN) en remplacement
de Dr Aminata DIOP NDOYE.
Au titre du Ministère des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens
– Monsieur Laurent SINA, Consultant en système de management de la qualité, est
nommé Directeur du Laboratoire National de référence dans le domaine du Bâtiment et
des Travaux Publics (LNR-BTP), en remplacement de Monsieur Chérif BALDE.
Au titre du Ministère des Finances et du Budget
– Madame Souadou DRAME, Economiste, matricule de solde n°619 499/J est nommée Directeur de la Programmation budgétaire, poste vacant.
– Monsieur Serigne Cheikh MBEGUERE, Conseiller en Planification, matricule de
solde n°603 378/E, est nommé Directeur de l’Ordonnancement des Dépenses publiques en remplacement de Monsieur Samba FALL appelé à d’autres fonctions.
– Monsieur Boubacar CAMARA, Administrateur civil principal, matricule n°616 278/H est nommé Directeur de l’Administration et du Personnel de la Direction générale du Budget, en remplacement de Monsieur Abdourakhmane BA, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite.
Au titre du Ministère des Pêches, des Infrastructures maritimes et portuaires
– Monsieur Baba TALL, Expert en logistique, est nommé Directeur du Consortium sénégalais d’activités maritimes (COSAMA), en remplacement du Commandant Mactar
FALL.
Au titre du Ministère de l’Energie, du Pétrole et des Mines
– Monsieur Mbaye SENE, titulaire d’un master en comptabilité et finances, est nommé Président du Conseil d’Administration de la Société des Mines du Sénégal (SOMISEN),
en remplacement de Monsieur Mamadou Bamba NDIAYE.
Au titre du Ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique
– Monsieur Serigne Ahmadou Bamba SY, Ingénieur centralien, Expert en management des projets est nommé Secrétaire général du Ministère de la Communication, des
Télécommunications et du Numérique, en remplacement de Madame Fatou Bintou
NDIAYE.
Au titre du Ministère de l’Industrie et du Commerce
– Monsieur Abasse Boubou NDIAYE, titulaire d’une licence en gestion de projets, est nommé Président du Conseil de Surveillance de l’Agence sénégalaise pour la Propriété industrielle et l’Innovation technologique (ASPIT) en remplacement de Monsieur
Lakhbouss DIAKHATE.
Au titre du Ministère de l’Education nationale
– Monsieur Assane SOW, Professeur d’Enseignement secondaire, matricule de solde 644 051/J est nommé de Directeur l’Institut national d’Étude et d’Action pour le Développement (INEADE) en remplacement de Monsieur Alioune Badara Diop.
THIERNO SALL ÉPINGLE LA POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE DU PAYS
Le député, patron de la République des Valeurs, met le gouvernement face à ses contradictions : pourquoi les Sénégalais paient-ils leur essence deux fois plus cher que les Nigériens alors que leur pays produit désormais du pétrole ?
(SenePlus) - Le constat est pour le moins paradoxal : alors que le Sénégal est devenu producteur de pétrole et de gaz, ses citoyens continuent de payer l'essence plus cher que leurs voisins de la sous-région. C'est ce que révèle une question écrite adressée le 10 juin 2025 par le député Thierno Alassane Sall au ministre des Énergies, du Pétrole et des Mines, documents à l'appui.
Selon les données présentées par le président de la République des Valeurs, le prix du litre d'essence super au Sénégal s'élève à 990 FCFA en décembre 2024, plaçant le pays en tête du classement régional. Un tarif qui dépasse largement celui de la Côte d'Ivoire (875 FCFA), du Burkina Faso (850 FCFA), du Mali (811 FCFA), ou encore de la Guinée-Bissau (760 FCFA). Plus frappant encore, le Niger, pays enclavé sans ressources pétrolières, affiche un prix de 499 FCFA, soit près de la moitié du tarif sénégalais.
Cette situation interpelle d'autant plus que, théoriquement, la production locale devrait permettre une réduction des coûts. Le député souligne que "ces deux facteurs (la baisse du prix du baril et la dépréciation du dollar) devraient logiquement entraîner une diminution du coût des produits pétroliers importés."
Entre juin 2024 et juin 2025, le cours du Brent a effectivement chuté de 18,09%, passant de 81,96 à 67,13 dollars le baril. Parallèlement, le franc CFA s'est apprécié face au dollar, avec un taux de change évoluant de 607,396 à 574,435 FCFA pour un dollar sur la même période. Ces évolutions favorables des marchés internationaux auraient dû se traduire par une baisse des prix à la pompe dans la sous-région.
C'est d'ailleurs ce qui s'est produit dans plusieurs pays voisins, comme le montre le tableau comparatif de juin 2025 : la Côte d'Ivoire (-14% par rapport au Sénégal), le Mali (-22%), le Bénin (-31%), le Togo (-29%), et surtout le Niger (-45%). Seul le Sénégal maintient ses prix à 990 FCFA, sans variation depuis décembre 2024.
Cette politique tarifaire n'est pas sans conséquences sur l'économie sénégalaise. Comme le souligne le député dans sa question, "le maintien de ces prix élevés constitue, de fait, un prélèvement indirect sur les ménages et les entreprises sénégalaises avec un impact négatif sur la compétitivité économique."
L'effet se ressent particulièrement dans le secteur des transports, où les opérateurs sénégalais voient leur compétitivité s'éroder face à leurs homologues régionaux. "Les transporteurs sénégalais, confrontés à la concurrence sous-régionale, voient leur part de marché se réduire significativement, en raison de ce différentiel de prix défavorable", précise Thierno Alassane Sall.
Cette situation affecte l'ensemble du tissu productif : transporteurs, boulangers, maraîchers, agriculteurs, pêcheurs... Tous les secteurs qui dépendent étroitement du transport et de l'énergie subissent de plein fouet cette politique de prix élevés.
Face à ce paradoxe, le député pose trois questions cruciales au ministre :
D'abord, quels sont les éléments de politique interne qui justifient cet écart de prix avec les pays voisins ? Cette interrogation va au cœur du système de fixation des prix des carburants au Sénégal.
Ensuite, quelles mesures le gouvernement envisage-t-il pour alléger le coût du carburant tout en préservant la viabilité du secteur ? Une question d'équilibre entre protection du consommateur et pérennité économique.
Enfin, existe-t-il un mécanisme de révision automatique des prix en fonction des fluctuations internationales du pétrole ? Cette dernière question touche à la transparence et à la réactivité de la politique énergétique nationale.
VIDEO
POUR SEYDI GASSAMA, SONKO ET DIOMAYE REPRODUISENT MACKY
Victimes hier, bourreaux aujourd'hui ? L'arrestation de Moustapha Diakhaté pour "offense au chef de l'État" fait bondir Amnesty International, qui rappelle au nouveau pouvoir ses propres déboires judiciaires sous Macky Sall
L'arrestation de l'ancien député Moustapha Diakhaté pour des propos jugés "offensants envers le chef de l'État" suscite une vive réaction de la société civile sénégalaise. Seydi Gassama, Secrétaire Général d'Amnesty International Sénégal, a pris position avec fermeté contre cette interpellation, y voyant une atteinte grave à la liberté d'expression démocratique.
Dans une déclaration publique, Seydi Gassama rappelle que "toutes les instances régionales africaines et internationales des droits de l'homme ont clairement demandé aux États de supprimer les peines de prison pour les infractions telles que l'offense au chef de l'État, la diffamation et l'outrage." Selon lui, ces infractions, intrinsèquement liées à la liberté d'expression, ne peuvent être réprimées par l'emprisonnement sans porter atteinte au débat public démocratique.
Le responsable d'Amnesty préconise une approche alternative conforme aux principes démocratiques : remplacer les peines de prison par des amendes ou des poursuites civiles avec paiement de dommages et intérêts. Cette position s'aligne sur les recommandations internationales en matière de liberté de la presse et d'expression.
Seydi Gassama ne manque pas de souligner l'ironie de la situation actuelle. Il rappelle que les dirigeants qui gouvernent aujourd'hui le Sénégal ont eux-mêmes été victimes de ces mêmes lois répressives sous l'ancien régime. "Ousmane Sonko n'a pas pu se présenter à la présidentielle à cause d'une condamnation pour diffamation", souligne-t-il, ajoutant que "le président Diomaye a failli aller en prison pour outrage à magistrat."
Cette situation met en lumière l'universalité du risque que représentent ces lois pour tous les acteurs politiques, indépendamment de leur position au pouvoir ou dans l'opposition.
Le Secrétaire Général d'Amnesty International adresse un message sans équivoque au président Bassirou Diomaye Faye et au Premier ministre Ousmane Sonko : "Il faut que Ousmane Sonko, le Premier ministre, et le président Diomaye comprennent qu'ils ont été élus pour faire changer ce pays."
Gassama met en garde contre l'influence de ce qu'il qualifie de "groupes d'extrémistes" qui entourent les nouveaux dirigeants et qui, selon lui, "sont en train de reproduire exactement ce que les Moustapha Diakhaté, les [autres] faisaient à côté de Macky Sall." Il appelle à une rupture nette avec les pratiques de l'ancien régime.
Au-delà du cas spécifique de Moustapha Diakhaté, dont il exige la libération immédiate, Seydi Gassama plaide pour une transformation profonde du système judiciaire sénégalais. Il insiste sur la nécessité d'aller "très rapidement vers le changement de la législation" et de procéder à la dépénalisation de ces infractions.