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7 août 2025
POPONGUINE SE PRÉPARE À SA 137ÈME ÉDITION
Pour la première fois, un évêque sénégalais en poste hors des frontières nationales, Mgr Victor Ndione de Mauritanie, présidera la messe du lundi de Pentecôte dans ce haut lieu de dévotion mariale
Dans l'effervescence des préparatifs qui précèdent chaque grand évènement religieux, le Pèlerinage Marial de Poponguine s'apprête à vivre sa 137ème édition sous un éclairage particulier. Du 7 au 9 juin 2025, plusieurs milliers de fidèles catholiques du Sénégal et de la sous-région ouest-africaine convergeront vers ce sanctuaire emblématique de Notre-Dame de la Délivrande, niché sur la Petite Côte à 70 kilomètres au sud de Dakar. Abbé Roger Gomis dans le site de l'Ucs revient sur cette démarche de foi.
L'événement revêt cette année une solennité exceptionnelle : pour la première fois, un évêque sénégalais en poste hors des frontières nationales présidera la messe du lundi de Pentecôte. Mgr Victor Ndione, évêque de Nouakchott en Mauritanie, dirigera cette célébration solennelle le 9 juin à 10 heures au nouveau Sanctuaire. À 52 ans, ce prélat ordonné évêque en avril 2024 incarne les liens fraternels qui unissent les Églises de la sous-région.
Au-delà de cette première historique, l'édition 2025 s'inscrit dans une dynamique spirituelle plus large. Le thème choisi, « Marie, Mère de l'Espérance, marche avec nous », épouse parfaitement l'Année Sainte du Jubilé de l'espérance proclamé par le pape François de vénérée mémoire. Dans un continent ouest-africain confronté à de multiples défis sécuritaires et socio-économiques, cette invitation à l'espérance mariale prend une tonalité particulière.
L'Église sénégalaise elle-même vit ce pèlerinage dans un contexte de renouveau. Outre Mgr Ndione, deux autres figures épiscopales y participeront pour la première fois dans leurs nouvelles fonctions : Mgr André Gueye, archevêque de Dakar, et Mgr Jean-Baptiste Valter Manga, évêque de Ziguinchor. Cette convergence de générations témoigne du renouvellement en cours dans l'épiscopat sénégalais.
Un programme liturgique riche
Cette dimension spirituelle se traduit concrètement par un programme liturgique d'une densité remarquable. Le Comité National du Pèlerinage de Poponguine (CNPP) propose aux pélerins une quinzaine de célébrations majeures, réparties sur trois jours intenses dans cinq lieux sacrés : la Basilique Notre-Dame de la Délivrande, le Nouveau Sanctuaire inauguré en décembre 2023, l'Ancien Sanctuaire, la Grotte et les Foyers de marches.
Dès le samedi 7 juin, le pèlerinage s'ouvre sur une double célébration qui symbolise la diversité des chemins vers Marie. À 18 heures, dans la Tente de la Rencontre, la messe anticipée de Pentecôte suivie de l'exposition du Saint-Sacrement accueille les premiers pèlerins. Une demi-heure plus tard, aux Foyers de marches, une seconde messe anticipée accueille spécifiquement les marcheurs, ces fidèles qui perpétuent depuis des décennies la tradition du pèlerinage à pied depuis Dakar. Cette journée sera clôturée un peu plus tard dans la soirée par la Veillée des Scouts et Guides, à 22 h à la Grotte.
La journée du dimanche 8 juin comporte également de nombreux autres temps forts avec la récitation du chapelet à 9h au niveau de l'ancien Sanctuaire, la messe de Pentecôte à 10h, la messe pour les membres du Comité d'organisation à 12h30 et un temps de prière du chapelet en langues à 13h, à la Grotte. Les marcheurs sont attendus à partir de 14h à l'ancien Sanctuaire, accueillis par Mgr Martin Boucar Tine, évêque du diocèse de Kaolack. La veillée de prière des pèlerins aura lieu à 21 heures au nouveau Sanctuaire suivie de la Messe du pèlerinage, présidée cette année par l'abbé Edmond Vaz, d'origine sénégalaise et incardiné dans le diocèse de Nouakchott.
Le lundi 9 juin, lundi de Pentecôte, constituera l'apogée spirituelle avec la messe solennelle présidée par Mgr Ndione à 10 heures au nouveau Sanctuaire. Cette journée sacrée débutera par une nuit d'adoration perpétuelle à partir d'une heure du matin en la Basilique, suivie d'une seconde messe du Pèlerinage à 6h à l'ancien Sanctuaire avec l'abbé Lurent Yafane Dioh, prêtre de l'archidiocèse de Dakar, en mission dans le diocèse de Nouakchott. L'ensemble seront invités à un moment de prière préparatoire à la messe Solennelle à 9h au nouveau Sanctuaire. A la fin de cette célébration eucharistiques deux autres moments de prières seront encore porposés aux pèlerins avant la fin de Poponguine 2025 : la récitation chapelet en langues locales à 13 heures à la Grotte et des vêpres avec salut au Saint-Sacrement à 15h30 toujours au niveau du nouveau Sanctuaire.
Enfin, une dernière célébration eucharistique est prévue pour les pèlerins venant les diocèses de Ziguinchor et Kolda ainsi que les délégations étrangères, contraints de passer la nuit sur place en raison des distances. Elle aura lieu le mardi 10 juin à 7 heures en la Basilique, avant leur départ qui marquera symboliquement la fin du pèlerinage.
Les racines d'une dévotion séculaire
La ferveur du pèlerinage marial de Poponguine puise ses sources dans une histoire riche de plus d'un siècle. En 1887, Mgr Picarda, évêque français frappé par la ressemblance saisissante entre ce littoral sénégalais et les paysages normands de Notre-Dame de la Délivrande de Douvres, fonde ce qui deviendra le principal sanctuaire marial du Sénégal. Dès le 22 mai 1888, le premier pèlerinage organisé pose les fondements d'une tradition qui n'a jamais faibli. Année après année, le lundi de Pentecôte transforme cette bourgade côtière en l'un des plus importants lieux de rassemblement religieux d'Afrique de l'Ouest.
L'inauguration en décembre 2023 du nouveau sanctuaire par le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Vatican, témoigne de la reconnaissance vaticane pour cette dévotion mariale africaine et de son rayonnement croissant. Mais Poponguine transcende les seules frontières confessionnelles catholiques. Cette localité incarne admirablement la coexistence harmonieuse entre chrétiens et musulmans au Sénégal. Chaque année, le pèlerinage accueille de nombreuses familles religieuses musulmanes, notamment de la confrérie omarienne, perpétuant ainsi l'héritage du dialogue islamo-chrétien cher au regretté cardinal Thiandoum.
Cette ouverture fait de Poponguine bien plus qu'un simple lieu de dévotion mariale : un véritable laboratoire du vivre-ensemble sénégalais, où la foi chrétienne dialogue naturellement avec l'islam environnant dans un respect mutuel devenu emblématique.
Mgr Ndione, symbole d'une Église sans frontières
Dans ce contexte, la figure de Mgr Victor Ndione revêt une portée symbolique particulière. Né le 1er avril 1973 à Thiès, ce fils du Sénégal incarne parfaitement les liens organiques qui unissent les Églises de la sous-région au sein de la Conférence épiscopale inter-territoriale regroupant le Sénégal, la Mauritanie, le Cap-Vert et la Guinée-Bissau.
Son parcours exceptionnel le mène d'abord à devenir le premier prêtre incardiné du diocèse de Nouakchott, créé en 1965, puis vicaire général, avant sa nomination historique par le pape François le 10 février 2024. Son ordination épiscopale du 14 avril suivant marque une étape décisive pour l'Église catholique en Mauritanie, république islamique où les chrétiens constituent une minorité infime mais respectée.
En succédant à Mgr Martin Happe, missionnaire d'Afrique allemand qui dirigeait l'Église mauritanienne depuis 1995, Mgr Ndione illustre l'africanisation progressive de l'épiscopat continental tout en maintenant les liens fraternels avec les Églises-sœurs du Nord.
Ainsi, cette 137ème édition du pèlerinage de Poponguine, placée sous la présidence spirituelle de ce jeune évêque sénégalais en terre mauritanienne, cristallise toutes les dimensions de l'Église ouest-africaine actuelle : l'enracinement local et l'ouverture universelle, la tradition séculaire et le renouveau générationnel, la spécificité catholique et le dialogue interreligieux. Sous le regard maternel de Marie, Mère de la Délivrande, plusieurs milliers de pèlerins marcheront ensemble vers l'espérance, incarnant cette fraternité qui transcende les frontières et unit les cœurs dans une même foi.
PARI SYMBOLIQUE DU DIALOGUE NATIONAL
Le rapporteur Cheikh Guèye a transformé son discours de clôture en véritable mise en récit d'un moment fondateur. Entre lyrisme républicain et pragmatisme des chiffres, l'orateur dessine les contours d'une démocratie participative réenchantée
Le discours du rapporteur du Dialogue national, tel qu'il a été prononcé, relève autant de la déclaration politique que de la mise en récit d'un moment fondateur. En invoquant les souvenirs glorieux de la démocratie sénégalaise, en magnifiant l'unité retrouvée, M. Cheikh Guèye a choisi le registre de l'élévation collective et du lyrisme républicain. Il a parlé au nom du « nous », ce pronom de la nation rassemblée, avec des accents volontiers historiques. Une manière d'inscrire l'initiative dans la filiation des grandes dates de notre vie démocratique.
Dès les premiers moments, le ton est donné : ce dialogue n'est pas un simple rendez-vous politique, mais un « chapitre de notre histoire », voire une nouvelle page du « Roman national ». L'intention est claire : il s'agit de graver cette séquence dans la mémoire collective, d'en faire une borne de la refondation. La République se regarde dans le miroir de ses vertus retrouvées : le respect, l'écoute, la dignité partagée. L'image est belle. Elle se veut rassembleuse, généreuse, presque rédemptrice.
Le cœur du discours repose sur une valorisation assumée de la diversité des participants et de la profondeur des échanges. Une pluralité saluée à travers des figures symboliques : les artistes, les marchands ambulants, les sages, la jeunesse. Une société tout entière convoquée dans un même souffle. À travers cette narration, l'orateur transforme une rencontre politique en fresque nationale. On touche ici à une volonté de réenchanter l'idée même de démocratie participative, en lui donnant des visages concrets, des voix multiples, une chaleur humaine.
Les chiffres viennent ensuite ancrer le propos dans le réel : plus de 700 participants, des milliers de jeunes connectés via la plateforme Jubbanti, et des taux de consensus différenciés entre commissions. Ces données, bien que brèves, rappellent que derrière la cérémonie, un travail de fond a été mené. Elles laissent aussi entrevoir les tensions : 100 % de consensus d'un côté, 26 % seulement dans une autre commission.
Le discours se fait plus audacieux dans son affirmation que « nous avons osé ». Là, c'est le courage de l'introspection qui est mis en avant : oser interroger le système, déconstruire les routines, revisiter l'Histoire. Il s'agit ici d'installer l'idée d'une démocratie qui ne se contente plus de fonctionner mais qui s'analyse, se remet en cause, se projette. Une « utopie réalisatrice » est même évoquée, preuve de la volonté de sortir des sentiers battus du technocratisme pour revendiquer une ambition nationale et collective.
Enfin, l'orateur rend un hommage appuyé aux acteurs du dialogue : politiques, guides religieux, société civile, jeunesse. Il insiste surtout sur le rôle du directoire mis en place par le président de la République, salué pour son calme, sa compétence et sa capacité à bâtir des ponts. Là encore, le message est clair : ce dialogue n'est pas un caprice institutionnel, mais une volonté politique réfléchie, pilotée avec méthode.
L'EXIGENCE D'UNE NOUVELLE CULTURE POLITIQUE
Cour constitutionnelle, CENI, rationalisation des partis : les recommandations du Dialogue national esquissent une rupture institutionnelle. Reste à convaincre des Sénégalais échaudés par trop de réformes avortées
En refermant les travaux du Dialogue national sur le système politique, ce mercredi 4 juin, le ministre de l'Intérieur, le Général Jean Baptiste Tine, a livré un discours aux allures d'acte fondateur pour la nouvelle gouvernance prônée par le régime Diomaye-Sonko. L'exercice mêle reconnaissance, solennité républicaine et promesse de transformation.
D'emblée, le ministre a posé le ton : ce Dialogue « fera date », a-t-il affirmé. Il l'inscrit dans le registre de « l'étape historique », soulignant l'ampleur des enjeux abordés et la qualité des contributions recueillies. La rhétorique est maîtrisée, l'orateur a déroulé les symboles — pluralité des voix, respect des différences, hauteur de vue — comme autant de balises d'un moment qu'il veut fondateur. L'intention est claire : il s'agit de démontrer que le changement est en marche, non seulement dans les discours, mais dans les pratiques institutionnelles.
Le discours a insisté sur la pluralité, la méthode participative et la « maturité politique » des participants. Il a valorisé le consensus, la rigueur du travail et l'engagement collectif. Sur le fond, les avancées citées (création d'une Cour constitutionnelle, d'une CENI, rationalisation des partis, inscription permanente sur le fichier, dématérialisation), apparaissent comme des promesses de rupture.
Le ministre se veut rassurant : l'État mettra en œuvre les recommandations, comme l'a affirmé le chef de l'État dès l'ouverture. Mais il sait aussi que les Sénégalais, pour beaucoup, ne croient plus sur parole. Trop de dialogues passés ont accouché de réformes avortées ou instrumentalisées. Trop de bonnes intentions ont sombré dans les sables mouvants du clientélisme, des lenteurs administratives ou des calculs politiques.
Le ministre en a alors appelé à un Dialogue « permanent », qui ne soit pas un événement isolé, mais un mécanisme ancré dans les réflexes institutionnels. La formule pose une exigence de suivi, d'ancrage juridique, de mécanismes d'évaluation indépendants. La démocratie « en mouvement » suppose bien plus qu'une série de discours et de photographies consensuelles. Elle demande de la volonté, des actes, des délais tenus.
Le ministre a parlé à tous, a cité les corps constitués, et salué l'ensemble des forces vives. Mais derrière cette scénographie républicaine, une tension reste palpable : comment faire advenir, dans un temps court, un changement de culture politique ? Comment passer d'un système marqué par l'hypertrophie présidentielle à un fonctionnement réellement équilibré des pouvoirs ?
En somme, ce discours de clôture illustre la nouvelle posture gouvernementale : ouverte, inclusive, respectueuse des formes. Mais il laisse aussi entrevoir l'immensité du chantier.
DIALOGUE NATIONAL, LE CHEF DE L’ÉTAT SALUE UNE SÉQUENCE DÉMOCRATIQUE MAJEURE
Le président Faye a rendu hommage aux forces vives ayant pris part aux discussions, estimant que ce moment républicain engage une responsabilité collective pour refonder un Sénégal plus juste et plus démocratique.
Le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a salué ce mercredi la clôture du Dialogue national sur le système politique, tenu du 28 mai au 4 juin à son initiative, le qualifiant de « séquence démocratique majeure » et « d’étape historique » dans la consolidation de la démocratie sénégalaise.
Durant une semaine, représentants des institutions, partis politiques, société civile, universitaires et citoyens engagés se sont réunis dans un esprit d’écoute, de dépassement et de responsabilité pour identifier les limites du cadre institutionnel actuel et proposer des réformes structurelles.
Selon une note de la présidence de la République, le Chef de l’État a exprimé sa « profonde gratitude » envers les participants pour leur engagement républicain et leur contribution à une gouvernance plus moderne, plus transparente et plus efficace. Il a également salué le travail des organisateurs, des experts et du facilitateur.
« Ce moment républicain, porté par la parole et la concertation, marque une volonté claire de refonder nos institutions autour des exigences de souveraineté, de justice et de participation citoyenne », a affirmé le président Faye, insistant sur le caractère évolutif du Dialogue national, appelé à se poursuivre dans le temps comme fondement d’une démocratie vivante.
LE CAPTOPRIL RETIRÉ DU TRAITEMENT DE L’HYPERTENSION ARTÉRIELLE
Le ministère de la Santé explique que ‘’ce retrait entre dans le cadre de l’harmonisation de la prise en charge de l’hypertension artérielle, du diabète, des urgences cardio-vasculaires et des accidents vasculaires cérébraux”.
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a informé, mardi, du retrait du traitement de l’hypertension du captopril, un médicament permettant de dilater les vaisseaux sanguins, en vue de faciliter la circulation sanguine et réduire la pression artérielle, soulignant qu’il est remplacé par des alternatives plus efficaces et plus sûres.
‘’Une mise à jour importante concerne le retrait du captopril dans le traitement de l’hypertension artérielle, au profit d’autres classes comme les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (autres que le captopril), les sartans et les inhibiteurs calciques, offrant un meilleur profil bénéfice/risque selon les études récentes’’, indique-t-il dans un communiqué reçu à l’APS.
Il explique que ‘’ce retrait entre dans le cadre de l’amélioration et de l’harmonisation de la prise en charge de l’hypertension artérielle (HTA), du diabète, des urgences cardio-vasculaires et des accidents vasculaires cérébraux”. Il signale que ”des documents de norme et protocoles ont été conçus en collaboration avec des experts nationaux’’.
‘’Ces documents intègrent les dernières avancées scientifiques et les meilleures pratiques adaptées aux réalités locales’’, souligne le communiqué.
Le ministère invite les autorités sanitaires à diffuser largement ces nouvelles directives pour une prise en compte de ces changements dans la pratique courante des prestataires de santé et d’en assurer le suivi.
L’hypertension artérielle (HTA) demeure l’une des principales préoccupations de santé au Sénégal et partout dans le monde, touchant une proportion significative de la population.
Cette pathologie, souvent qualifiée de ”tueur silencieux”, peut entraîner des complications graves si elle n’est pas traitée et gérée correctement. En effet, l’hypertension artérielle est un puissant et redoutable facteur de risque cardio-vasculaire. Elle multiplie par 7 à 9 le risque d’AVC, par 5 le risque d’insuffisance cardiaque, par 3 celui de crise cardiaque, selon plusieurs sources médicales.
SONKO DANS LE PIÈGE DU FALCON
Le Premier ministre sénégalais a utilisé jet privé de la compagnie Sam Airways pour ses déplacements en Afrique de l'Ouest, relançant le débat sur l'usage de ces appareils de luxe par les dirigeants politiques
Après Karim Wade dans les années 2000, Macky Sall plus récemment, c'est au tour du Premier ministre Ousmane Sonko de défrayer la chronique à cause du jet privé affrété pour son périple dans la sous-région. Au-delà des querelles partisanes, ‘’EnQuête’’ apporte quelques éclairages sur la propriété de la compagnie, son top management ainsi que sur les enjeux du secteur très porteur des voyages d'affaires à bord de jets privés.
Le jet privé du Premier ministre soulève, depuis quelques jours, des vagues. Chacun y allant de son commentaire, souvent selon le bord politique auquel il appartient. Au-delà de la polémique politicienne, des questions légitimes. À qui appartient, par exemple, la compagnie Sam Airways, transporteur du Premier ministre ? Selon nos informations, la compagnie appartiendrait à l'homme d'affaires sénégalo-libanais Layousse, propriétaire de la deuxième cimenterie du pays Les Ciments du Sahel.
C'est au mois de juin 2024 que l'Agence nationale de l'aviation civile et de la météorologie (Anacim) nous apprenait que la compagnie a obtenu son permis d'exploitation aérienne. “La délégation de Sam Airways, conduite par le directeur général adjoint Siza Madiba, s’est félicitée de la réactivité et de l’engagement des inspecteurs de l’Anacim durant le processus des différentes inspections qui ont mené à l’obtention de son PEA (permis d’exploitation aérienne)”, informait l'agence.
Propriété de la famille Layousse, la compagnie SAM AIRWAYS a eu son PEA en 2024 et s'est positionné dans les voyages haut de gamme
Il faut noter que dans le secteur, elles sont très peu nombreuses les compagnies spécialisées dans l'affrètement de jets privés. Selon Sokhna Sabara, spécialisée dans le tourisme et les transports aériens, dans ce secteur en plein essor, on note, outre la présence remarquée de Sam Airways, d'autres compagnies comme Arc-en-ciel Airlines, Aéroaffaires parmi les spécialistes. Elle cite aussi Transair qui, en tant qu'affréteur d'avions, fait aussi ce genre d'activités. L'avantage, souligne-t-elle, c'est effectivement le confort, la rapidité, mais surtout la flexibilité. “Il s'agit d'avoir à sa disposition un avion tout entier. Donc, pas de temps à perdre dans les terminaux de compagnies aériennes commerciales et vous êtes plus ou moins maitre de votre agenda”, insiste-t-elle, avant de préciser : “Bien entendu, ça coute bien plus cher et c'est compréhensible puisqu'on met un avion à ta disposition, avec toutes les commodités, toutes les places. Ce n'est vraiment pas comparable avec les vols commerciaux.”
Un autre spécialiste de relativiser, en mettant l'accent sur le fait que ce genre d'avions sont de petite taille et consomment moins que les vols commerciaux. “Les prix sont donc à relativiser”, souligne un de nos interlocuteurs sous le couvert de l'anonymat.
En ce qui concerne le transporteur du PM, elle aime se définir comme “le pionnier du secteur des jets privés haut de gamme dans la région de l’Afrique de l’Ouest”. Son objectif : “Répondre aux clients VIP/VVIP qui affrètent généralement des vols depuis l’Europe.” Le choix de la flotte de Sam Airways confirme son ambition avec le Falcon 8X ultra-long-courrier et grande cabine, informe la compagnie sur son portail. “Sam Airways exploite un tout nouveau Falcon 8X (sic), équipé de la dernière génération de Wifi en vol alimenté par la bande Ka. Son design de cabine, élégant et intemporel, s’adapte parfaitement aux clients VVIP.
L’opérateur de jets vole depuis sa base d’attache, l’aéroport de Dakar-Yoff, au cœur de la capitale sénégalaise, réduisant considérablement le temps de trajet entre l’aéroport et la ville. La capacité Falcon 8X pour les pistes courtes permet à Sam Airways d’offrir le même service sur l’ensemble de son réseau”, peut-on lire sur le site, qui informe également que la compagnie dispose, en sus du Falcon 8X, d'un Falcon 7X. Des experts ont corrigé en précisant que le dernier né de la flotte, c'est bien le Falcon 7X et c'est bien ce dernier qui a été mis à disposition du Premier ministre pour son périple dans la sous-région, dans des conditions qui restent à déterminer.
Silence autour des conditions dans lesquelles le jet a été mis à la disposition du Premier ministre
Interpellé, le général Madické Seck, qui est dans le top management, n'a pas souhaité faire de commentaire. Il a décliné avec beaucoup de courtoisie notre invitation à un entretien pour plus d'éclairages. Ce que l'on sait, c'est qu'outre les voyages d'affaires, la compagnie est aussi dans le tourisme d'affaires, les évacuations sanitaires...
Il faut rappeler que ce n'est pas la première fois que le nom de la compagnie Sam Airways revient dans l'espace public. Il y a quelques mois, certains responsables politiques s'étaient indignés de l'utilisation de jets privés par l'ancien président pour ses déplacements. “L’ancien président Macky Sall, désormais VRP de la France, aurait effectué un déplacement de trois jours à Abidjan à bord d’un jet privé. À une époque où les anciens chefs d’État de grandes puissances mondiales comme la France, le Royaume-Uni ou l’Allemagne privilégient les vols commerciaux, cette extravagance soulève des questions”, avait dénoncé Thierno Alassane Sall.
Quand Thierno Alassane Sall s'indignait de l'affrètement du jet de la même compagnie par Macky Sall
Ironie de l'histoire, le président Sall voyageait à l'époque à bord du même Falcon 7X. D'ailleurs, TAS, cité par Seneweb, sans être affirmatif, s'était interrogé à l'époque sur la propriété de l'avion : “Le Sénégal, classé parmi les pays les plus pauvres, peut rester indifférent face au faste insolent et ostentatoire de son ancien président, installé royalement à Marrakech et à qui l’on prête la propriété d’un Falcon 7X ?”
Des proches de l'ancien président et de l'Alliance pour la République n'avaient pas manqué de monter au créneau pour apporter des précisions. “Le 23 juillet 2020, Son Excellence le Président Macky Sall effectuait un voyage dans le cadre d'une mission de la CEDEAO. Il prit l'option de voyager à bord du Falcon 8 (14 places) livré à Sam Airways le même jour (23 juillet 2020) pour effectuer son voyage vers le Mali. L'avion a été acquis par la Société Sam Airways auprès de Dassault Aviation. La même société a acquis, en 2023, novembre précisément, le Falcon 7X. Je tenais juste à clarifier, puisque la presse nationale a préféré partager une information bidon”, avait corrigé monsieur Bah Diakhaté.
Le syndrome Karim Wade hante-t-il les Sénégalais ?
Par le passé, Karim Wade - tout puissant ministre d'État chargé notamment des Transports aériens et de la Coopération internationale - faisait également l'objet de toutes sortes de controverses à cause de ses voyages répétitifs à bord de jets privés qui étaient mis à sa disposition et qui étaient affrétés par la présidence de la République. Lors de la traque des biens mal acquis, l'enquête avait révélé que le Falcon 50 en question avait couté au contribuable sénégalais pas moins de 12 milliards F CFA.
Selon les parutions de l'époque, “le fils de l’ancien président du Sénégal a avoué aux gendarmes qu’il existait un contrat entre la société Delta chargée de la gestion de l’appareil de son ami Jaber et la présidence de la République. En effet, il a convoqué son père qui, à l’en croire, payait la location de cet engin avec l’argent des fonds politiques”, peut-on encore lire sur Dakaractu, qui mentionne que le jet a aussi servi à transporter d'autres personnalités comme Macky Sall, à l'époque PM de son père, et d'autres chefs d'État étrangers, grâce à la bienveillance de Wade.
par Thierno Alassane Sall
LE SÉNÉGAL S'ENFONCE DANS LE MARASME, SONKO SE BALADE EN JET PRIVÉ
Le comble est qu’il "assume pleinement". Il ne résout rien, il pérore. On croyait avoir affaire à des incompétents. Mais c’est pire encore, ils sont dans les jets ; ils sont hors-sol
Alors que le Sénégal continue de s'enfoncer dans le marasme, Sonko se balade en jet privé
Les partisans du régime eux-mêmes en conviennent sans difficulté : le pays va mal. Tous les secteurs se sentent floués par des promesses de changement qui se muent en un statu quo, c'est-à-dire un marasme qui s’aggrave. Et c’est au talent et à l'abnégation déployés pour tirer le pays de ce marasme qu'on reconnaît le véritable homme d'État.
Mais Ousmane Sonko, Premier ministre d'un pays à l'économie en difficulté, fait des escapades dans le domaine réservé du chef de l’État, la politique étrangère. Et il enchaîne les provocations et scandales. D'abord, ce jet privé, qui aurait été mis à disposition par un industriel sénégalais. Qu’est-ce que ce dernier a en contrepartie ? Imagine-t-on les cris d'orfraie de la galaxie pastefienne si Macky Sall avait osé un tel mélange des genres ?
Ensuite, la connivence avec des putschistes et le pied de nez à des présidents élus. Sonko ne rend pas visite à son avocat burkinabè (Me Kam) incarcéré à Ouagadougou, n'évoque pas les opposants enlevés en Guinée, mais trouve malin d'aller saluer Laurent Gbagbo. S'il cherchait à détruire l'image du Sénégal comme il achève son économie, il ne s'y serait pas pris autrement.
Le comble est qu’il "assume pleinement". Il ne résout rien, il pérore. On croyait avoir affaire à des incompétents. Mais c’est pire encore, ils sont dans les jets ; ils sont hors-sol, inconscients et fiers de l’être.
PAR MALICK CISS
TABASKI, LE SAUT D’OBSTACLES
Le quotidien du Sénégalais est de plus en plus rythmé par des pesanteurs sociales étouffantes. Plus il subit la pression, plus il essaie de résister, comme s’il y avait une obligation vitale de montrer qu’il n’est pas un naufragé social.
Le quotidien du Sénégalais est de plus en plus rythmé par des pesanteurs sociales étouffantes. Plus il subit la pression, plus il essaie de résister, comme s’il y avait une obligation vitale de montrer qu’il n’est pas un naufragé social. Le stress que génère la Tabaski dans notre pays n’a d’équivalent nulle part ailleurs dans le monde.
À peine a-t-il fini de digérer son repas gargantuesque de Korité, après un mois de diète, que tout dans l’environnement du Sénégalais lui rappelle l’imminence de la grande fête du sacrifice. Hanté par la liste des dépenses incompressibles qui l’attendent de pied ferme — et qui ne cesse de s’allonger d’année en année —, armé d’une détermination de circonstance qui le pousserait à gravir l’Everest en un clin d’œil, notre bonhomme se lance un défi : célébrer en grand. À tout prix. Pour tenir son rang, il descend volontiers dans l’arène régie par les impassibles « téfankés », muni de sa banderille émoussée, il y a belle lurette, par la conjoncture, pour affronter un taureau, pardon un bélier qui lui aura porté des coups de corne avant de rendre gorge. Le pauvre aura été déjà saigné à blanc par les autres dépenses avant de pouvoir bomber le torse au moment de rentrer, fièrement, à la maison avec son trophée à quatre pattes au bout d’une corde.
Un butin que reluqueront dans les moindres détails les enfants malappris du quartier et que pèsera, soupèsera l’épouse du guerrier avant de décerner une note. Les autres petites dépenses à caractère socioculturel qui jaillissent de partout le jour J, on n’en parle pas. Il faut débourser pour respecter cette coutume contraignante qui a tendance à nous faire oublier la souplesse de la religion devant certaines situations difficiles. Malpolis. On feint de l’ignorer, le sacrifice du mouton n’est pas une obligation religieuse.
L’acte fort posé par le Roi Mohammed VI du Maroc appelant ses sujets à y renoncer cette année, à cause d’une sécheresse persistante et une sérieuse menace sur le cheptel, passerait mal dans notre pays. Le souverain a évoqué dans son message, livré le 26 février dernier, l’importance de la célébration, mais a rappelé à ses sujets que la Tabaski à un « caractère de « Sunna » dans la limite du possible ».
« Accomplir ce rituel religieux dans les meilleures conditions s’accompagne du devoir de prendre en considération les défis climatiques et économiques » auxquels le Maroc est confronté. Dans le Royaume chérifien, la longue sécheresse, qui en est à sa septième année, a entraîné une diminution du cheptel de 38 % en un an. Et naturellement, les prix de la viande ont pris l’ascenseur jusqu’à atteindre 11 à 12 euros (7.200 à 7.800 FCfa) à Casablanca, au grand détriment des revenus faibles. Pour Mohammed VI, accomplir l’Aïd el-Kebir « dans ces conditions difficiles est susceptible de porter préjudice » à une grande partie des Marocains, « particulièrement ceux à revenu limité ». Le Commandeur des croyants (« Amir al-muminin ») suit ainsi les pas de son défunt père, le Roi Hassan II, qui avait pris une décision similaire en 1996 pour les mêmes raisons.
Connaissant la fièvre de la Tabaski qui habite nos compatriotes, le Consulat du Sénégal à Casablanca a été bien inspiré de prendre les devants en invitant dans un communiqué nos compatriotes établis au Maroc à se conformer « strictement » à ces directives royales. Ils auront le loisir de venir en aide à leurs familles au Sénégal pour leur assurer une bonne fête. En effet, cet événement majeur a un fort impact économique. On sait qu’il constitue avec le Magal des pics d’envois de fonds provenant de la diaspora. Ce qui soulage les ménages et fait carburer la forte activité économique tournant autour de la fête.
À côté des éleveurs traditionnels, les acteurs des « opérations Tabaski » injectent d’importants montants dans l’élevage et les activités connexes (vente de foin, transport de bétail…), parfois grâce à des crédits obtenus auprès des banques. L’agriculture joue aussi sa partition en profitant de cette période de flambée des prix des denrées, sans oublier l’artisanat (confection, cordonnerie) et certains services tels que le transport, le transfert d’argent. C’est la fête ! On dépense sans compter.
Et la consommation s’en retrouve dopée. Mais le lendemain, comme chaque année, le pauvre « goorgorlu » (débrouillard) réalise, au moment de faire face à la dure réalité du quotidien, qu’il a dépensé plus que de raison. La lucidité retrouvée, il se jure de ne plus tomber dans le piège. Jusqu’à la prochaine Tabaski.
BAIE DE NGOR, UNE MERVEILLE MARITIME MONDIALE PARMI LES PLUS EMBLÉMATIQUES
Avec son sable fin et ses eaux claires, la baie de Ngor rejoint le cercle très fermé des plus belles baies du monde, aux côtés de sites emblématiques comme Halong au Vietnam ou San Francisco aux États-Unis.
Avec son sable fin et ses eaux claires et calmes, particulièrement appréciées pour la baignade, la baie de Ngor a intégré le sélect club des plus belles baies du monde. Il compte une quarantaine de merveilles maritimes disséminées dans une vingtaine de pays sur quatre continents. Cette reconnaissance internationale ouvre de très belles perspectives notamment touristiques, économiques, environnementales, diplomatiques pour la commune de Ngor.
Ce n’était pas trop prétentieux, pour la baie de Ngor, de vouloir rivaliser avec celles d’Halong (Vietnam), de Kioto Miyazu-Ine (Japon), de Penghu (Taïwan), de Yeosu (Corée du Sud) de La Ciotat (France), de San Francisco (États-Unis) ou encore de Puerto Vallarta (Mexique). Le site, avec sa position géographique incomparable, ses plages, son histoire, ses panoramas et ses magnifiques attraits, avait les atouts pour prétendre à ce statut. Et lors du 18e Congrès mondial du Club des plus belles baies du monde, elle a séduit le jury et a réussi une entrée remarquée dans le club des plus beaux sites littoraux du monde. Après le Sine Saloum en 2005, la baie de Ngor réussit à se tailler une place de choix aux côtés des lieux emblématiques de Mindelo (Cap Vert), de Diego-Suarez (Madagascar), d’Agadir et d’Al-Hoceima (Maroc), de Pemba (Mozambique), de Luanda (Angola), de San Pedro (Côte d’Ivoire). Et de partager avec eux des engagements communs pour la préservation de la nature, la biodiversité et le patrimoine.
Le processus d’adhésion a été très rigoureux, selon Ndèye Maguette Mbaye, chargée de la commission coopération et partenariat de la commune de Ngor. Pour entrer dans ce cercle envié, il ne suffit pas d’être une beauté époustouflante. Il fallait remplir des critères fixés par un strict cahier des charges stipulant la sauvegarde du patrimoine naturel, la préservation de l’identité de la baie, le respect des modes de vie et des traditions des habitants et une volonté de développement économique responsable. « Cela s’est fait en trois étapes. On a eu à présenter notre baie au club. Après la présentation, les officiels du club ont fait le déplacement à Dakar pour une visite de terrain », explique-t-elle. Cette visite a permis de mettre en lumière les atouts de la baie, ses potentiels économiques, sa richesse culturelle, son charme naturel et sa chaleur humaine. La délégation a été conquise par la beauté et la valeur du site. La suite, tout le monde la connaît.
Poursuivre la valorisation
Cette reconnaissance internationale intervient, selon Maguette Mbaye, sous le mandat d’Issa Barro, directeur général du Club des plus belles baies du monde. « Être membre du club, c’est une publicité. C’est un label d’excellence, reconnu mondialement. Si on parle de Ngor, qui est membre du club des plus belles baies, ça renforce la Destination Sénégal, en particulier Ngor. On va travailler en synergie avec le Delta du Saloum qui a été notre parrain lors du sommet », souligne-t-elle.
Avec cette adhésion, la baie de Ngor reçoit un label international. Un nouveau statut qui pourrait, selon le maire Maguèye Ndiaye, changer beaucoup de choses. « Ngor est fière et honorée de voir sa baie reconnue pour sa beauté et son authenticité », confie-t-il, non sans relever que la baie incarne tout ce que la communauté vivant dans cet espace, a de plus précieux. Pour le maire, cette reconnaissance internationale sera un tremplin pour faire découvrir au monde entier le joyau. « Cette adhésion nous ouvre de belles perspectives notamment touristiques, économiques, environnementales mais aussi diplomatiques », fait-il savoir, rappelant que Ngor a été, dans un passé récent, un haut-lieu touristique. Concernant le volet touristique, indique-t-il, le label du club est un label d’excellence reconnu mondialement. « Cela renforcera également la marque destination Sénégal », soutient-il en précisant que la mise en valeur de la baie s’accompagne également de projets d’écotourisme.
S’agissant de l’aspect économique, des investisseurs seront attendus pour ouvrir des hôtels, des restaurants et créer des emplois. L’un des défis, selon le maire, sera de maintenir l’activité économique et la vie sociale pour permettre à tout un chacun de continuer à bénéficier et à profiter de la baie. Pour le premier magistrat de la commune, la baie de Ngor est un patrimoine à partager, une richesse naturelle à protéger. « Nous avons le devoir de poursuivre la valorisation de notre patrimoine naturel, tout en renforçant notre engagement pour un développement harmonieux et durable, la gestion du littoral », dit-il. « En décidant d’adhérer au club des plus belles baie, notre objectif était de voir ce qui se fait ailleurs, d’apprendre et profiter de cette expérience pour le dupliquer sur notre baie », note-t-il.
Un diplôme officiel d’adhésion en septembre
Aujourd’hui, Ngor compte rester durablement dans le club des plus belles baies du monde. Un gros challenge pour Maguèye Ndiaye et son équipe. « On essaiera d’adopter l’idéologie du Club, de s’aligner par rapport aux objectifs, c’est-à-dire protéger la biodiversité, et mettre en place des mécanismes pour la protection de la baie, en termes de propreté, d’aménagement ». Après avoir intégré le Club, l’île de Ngor se verra remettre, en septembre prochain, son diplôme officiel d’adhésion pour officialiser cette admission. Ce sera dans le cadre du 19e congrès prévu au Canada.
Cet évènement qui verra la participation de toutes les baies membres du club, permettra de plancher sur la culture, la biodiversité, le développement durable, l’économie et le développement social. Selon Maguette Mbaye, le Sénégal recevra le flambeau pour l’organisation, en décembre 2026, de la 20e édition du congrès du club. Après avoir accueilli une première fois le Congrès mondial à Toubacouta, en 2011, notre pays va dérouler, pour la deuxième fois, le tapis rouge aux plus belles baies du monde. « En 2026, le Sénégal sera le pays hôte pour le 20e congrès. Nous allons recevoir toutes les délégations du monde. Ce sera un cadre d’échange avec les autres baies. Le Sénégal sera un hub touristique régional et international », fait-elle savoir.
PAR PR MEÏSSA DIAKHATÉ
PREMIER MINISTRE ET ÂGE PRÉSIDENTIEL, LA FIN D’UN TABOU CONSTITUTIONNEL
Il est d’une grande utilité constitutionnelle de savoir que, jusque-là, l’instauration, la restauration et la rénovation du poste de Premier Ministre n’ont qu’un seul critère : l’âge du Président de la République.
Depuis le changement démocratique en mars 2024, le statut constitutionnel de l’institution primatorale est sans cesse questionné par les analystes. Mais, il est d’une grande utilité constitutionnelle de savoir que, jusque-là, l’instauration, la restauration et la rénovation du poste de Premier Ministre n’ont qu’un seul critère : l’âge du Président de la République.
A l’éclatement de la Fédération du Mali, les articles 25 et 26 de la loi n° 60-045 AN du 26 août 1960 portant révision de la Constitution de la Première Constitution définissent le statut du Président du Conseil comme suit : « [Il] est pressenti et désigné par le Président de la République. Après avoir défini sa politique, il est investi par un vote au scrutin public à la tribune, à la majorité absolue des membres composant l’Assemblée nationale. Le Président du Conseil choisit les autres membres du Gouvernement, au sein ou en dehors de l’Assemblée nationale. Les membres du Gouvernement sont nommés par décret du Président de la République. Le Président du Conseil détermine et conduit la politique de la Nation ; il dirige l’action du Gouvernement. Il est responsable de la défense nationale. Il dispose de l’Administration et de la Force armée. Il assure l’exécution des lois. Il dispose du pouvoir réglementaire. Sous réserve des dispositions de l’article 24 définissant les pouvoirs de nomination du Président de la République, il nomme à tous les emplois civils et militaires. Il peut déléguer certains pouvoirs aux autres membres du Gouvernement. Il est solidairement responsable avec son Gouvernement devant l’Assemblée nationale, dans les conditions prévues par la présente Constitution. ».
Pourtant élu dans ces conditions quasi-démocratiques et dans la pureté d’un régime parlementaire, le Président Senghor procède à la suppression du poste de Président du Conseil (des Ministres), dans un contexte au jeu trouble que l’histoire constitutionnelle n’a jamais raconté.
En 1968, la révolte estudiantine a eu raison de Léopold Sédar Senghor. Au sortir de ces évènements, il est adopté une loi d’orientation, la première du Sénégal, en réponse à l’agitation de la jeunesse. Sur les conseils avisés du levier intellectuel et d’action de l’Etat, en l’occurrence le Club Nation et Développement du Sénégal, il recréa, par référendum du 22 février 1970, le poste de Premier Ministre en tant que « fusible institutionnelle » qui sera exposée aux populations et, si besoin, éjectée pour préserver le Président de la République.
L’option était de ne pas avoir un Premier Ministre avec les attributs du régime parlementaire, mais plus subrepticement, un Premier Ministre de déconcentration de l’Institution présidentielle. Dans ces conditions, il n’est qu’un animateur et coordonnateur de l’action gouvernementale. Sur le fondement de l’article 35 de la Constitution d’alors, il devient l’héritier constitutionnel du régime senghorien par dévolution partisane du pouvoir. L’âge a encore joué en décembre 1980 lorsque Senghor a cédé sous le poids de l’âge, même si d’autres en ont une lecture différente.
Le Président Abdou Diouf, simplement âgé de 46 ans, va se libérer, dit-on, de la tutelle de son Premier Ministre Habib Thiam, nommé en 1981, et de Moustapha Niasse, nommé en 1983, motif pris, pour le dernier cas, d’un « resserrement du dialogue démocratique entre le pouvoir exécutif et l’Assemblée nationale, dans toutes les composantes de celle-ci, et au renforcement de la cohérence de l’action gouvernementale ». En réalité, son âge et la légitimité populaire qu’il venait d’acquérir étant les prétextes, il gouverne seul avant de renommer Habib Thiam en 1991 et en 1995, avant de supprimer, de nouveau, le poste de Premier Ministre, rétabli encore en 1998 au profit de ce dernier. En plus d’approcher les 55 ans, l’âge de la retraite des agents publics relevant de la loi n° 61-33 du 15 juin 1961 portant statut général des fonctionnaires, modifiée, le Président Diouf sort politiquement affaibli de la crise électorale de 1988 dont Thiès a été l’un des épicentres.
L’Opposant historique Abdoulaye Wade, arrivé au pouvoir à l’âge de 74 ans est, jusque-là, le seul Président de la République à n’avoir pas remis en cause le Premier Ministre. Malgré les péripéties ou les démêlés politiques, il a su préserver l’acquis démocratique. Bien plus, il l’a même consolidé au référendum du 7 janvier 2001.
Dans la période de 2012 à 2024, le Président Macky Sall accède à la magistrature suprême. Il devient le premier Président de la République né après l’Indépendance, à l’âge de 51 ans. Contre toute attente, le poste de Premier Ministre est supprimé en mai 2019, avant d’être restauré en décembre 2021 finalement pourvu en septembre 2022, soit 9 mois d’ajournement.
En somme, les Présidents de la République moins âgés, nourrissent une certaine propension à se défaire du Premier Ministre et à occuper, sans partage, le siège de l’Exécutif. Ont-ils peur d’être concurrencé ou remplacé ?
Il a fallu attendre la Deuxième Constitution du Sénégal promulguée le 22 janvier 2001, sous l’inspiration du Président Wade, pour assister à un début de rénovation, pour ne pas dire de réforme du poste de Premier Ministre. Successivement, il ressort des articles 50, 57, 76, 80, 72 et 103 des dispositions de la Constitution du Sénégal telle que promulguée le 21 janvier 2001 : i) Le Président de la République peut en outre autoriser le Premier ministre à prendre des décisions par décret ; ii) Le Premier ministre dispose de l’administration et nomme aux emplois civils déterminés par la loi ; iii) Le Premier ministre préside les Conseils interministériels ; il préside les réunions ministérielles ou désigne, à cet effet, un ministre ; iv) Les textes de forme législative intervenus en ces matières peuvent être modifiés par décret si le Conseil constitutionnel, à la demande du Président de la République ou du Premier ministre, a déclaré qu’ils ont un caractère réglementaire en vertu de l’alinéa précédent ; v) L’initiative des lois appartient concurremment au Président de la République, au Premier Ministre et aux députés, vi) Le Président de la République, les députés et le Premier Ministre ont le droit d’amendement. Les amendements du Président de la République sont présentés par le Premier Ministre et les autres membres du Gouvernement ; vii) L’initiative de la révision de la Constitution appartient concurremment au Président de la République et aux députés ; viii) Le Premier Ministre peut proposer au Président de la République une révision de la Constitution.
Par contre, les autres dispositions constitutionnelles relatives aux droits fondamentaux, à l’élection présidentielle, à l’organisation judiciaire ou à la révision constitutionnelle ont été modifiées et, parfois, remodifiées.
Depuis janvier 2001, rien de particulier sur le Premier Ministre, à part subir les aléas de la suppression et de la restauration du poste. Les lois constitutionnelles adoptées, à partir de 2001, soit au moins 22 révisions de la Constitution, ont ignoré le statut du Premier Ministre. Faudrait-il, par conséquent, gouverner le Sénégal en 2025 et vers 2050 avec un Premier Ministre créé en 2001, sans adaptation textuelle ou sans révision jurisprudentielle ?
Devrons-nous nous contenter d’un poste de Premier Ministre ainsi caricaturé ou devrons-nous le réformer ? Evidemment que oui, si l’on se réfère à la volonté fortement exprimée par le Président de la République d’opérer une Rupture politique ou, mieux, une Transformation systémique de nos Institutions.
Aujourd’hui, l’ambition des Hautes Autorités de soumettre à l’opinion publique (Assises de la Justice en juin 2024, Dialogue national en mai 2025) cette vision de réformer l’institution primatorale me semble une opportunité unique, d’autant plus que l’âge du Président de la République aurait pu être un handicap pour une pareille ambition réformatrice. Certainement, il n’en sera rien, car, après janvier 2001, l’histoire devrait enfin cesser de bégayer !