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28 mai 2025
L'ARMEE NIGERIENNE AFFIRME AVOIR SECOURU CINQUANTE MIGRANTS EN DETRESSE DANS LE DESERT
Cinquante migrants « en détresse » ont été secourus en fin de semaine dans le nord désertique du Niger, près de la frontière libyenne, point de passage sur la route vers l’Europe, a annoncé dimanche 16 mars l’armée nigérienne.
Cinquante migrants « en détresse » ont été secourus en fin de semaine dans le nord désertique du Niger, près de la frontière libyenne, point de passage sur la route vers l’Europe, a annoncé dimanche 16 mars l’armée nigérienne.
Les cinquante migrants, dont vingt femmes et douze enfants, étaient « en détresse sous des conditions climatiques extrêmes » lorsque le véhicule qui les transportait est tombé en panne, vendredi, a précisé l’armée dans son dernier bulletin des opérations. C’est un détachement de la brigade d’intervention rapide des militaires qui leur a « porté secours » dans la zone nigérienne de Djado, à quelque 200 kilomètres de la frontière libyenne, a-t-elle indiqué.
Les migrants ont reçu les « soins d’urgence » après leur évacuation vers le « puits de l’espoir », un point d’eau rarissime dans cette région où les voyageurs et des milliers de migrants font souvent escale dans leur périlleuse traversée du désert. L’armée ne précise pas les nationalités des cinquante personnes, qui se dirigeaient vers la Libye.
En 2024, plus de 31 000 migrants ont été expulsés d’Algérie vers le Niger voisin, selon l’ONG nigérienne Alarme Phone Sahara (APS), qui évoque un chiffre record.
MALI-OIF, UN DEPART AUX IMPLICATIONS MULTIPLES
Le 18 mars 2025, le Mali a officialisé son retrait de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) mettant fin à 55 ans de coopération. Cette décision, sous l’autorité du général Assimi Goita accentue la rupture avec les partenaires francophones
Le 18 mars 2025, le Mali a officialisé son retrait de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), mettant fin à 55 ans de coopération. Cette décision, sous l’autorité du général Assimi Goita, accentue la rupture avec les partenaires francophones traditionnels et s’inscrit dans une stratégie de réorientation des alliances, notamment avec la Russie et la Chine.
Le retrait du Mali de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), officialisé par le communiqué conjoint de la Confédération des États du Sahel (AES) du 18 mars 2025, marque un tournant historique pour le pays. Cette décision, prise sous l’autorité du général Assimi Goita, met fin à 55 ans d’appartenance à une organisation dont le Mali était membre fondateur depuis la création de l’ACCT en 1970. Ce choix diplomatique s’inscrit dans une stratégie plus large de réorientation des alliances internationales et d’affirmation de la souveraineté nationale.
Ce départ accentue la rupture avec les partenaires francophones traditionnels, notamment la France, le Canada et la Belgique, tout en renforçant l’axe stratégique avec le Burkina Faso et le Niger au sein de l’AES. Il traduit également un recentrage diplomatique du Mali vers des alliances alternatives, notamment avec la Russie et la Chine.
Les conséquences pratiques de ce retrait seront nombreuses pour les programmes en cours. Plusieurs initiatives financées par l’OIF, notamment dans les domaines de l’éducation, des médias et de la formation professionnelle, seront progressivement suspendues. Les projets de lutte contre la désinformation utilisant l’intelligence artificielle et les contenus audiovisuels en langues locales risquent d’être interrompus. Les programmes d’enseignement du français aux forces de sécurité, en partenariat avec l’ancienne Minusma, pourraient également être affectés. Cette situation crée un vide institutionnel que l’État malien devra combler rapidement pour maintenir la continuité des services.
Sur le plan linguistique et culturel, ce retrait pourrait accélérer l’évolution déjà en cours concernant le statut du français au Mali. Bien que langue officielle de travail, le français coexiste avec plusieurs langues nationales qui bénéficient désormais d’une reconnaissance officielle. Sans le soutien de l’OIF à la promotion du français, le gouvernement malien pourrait accentuer la valorisation des langues locales dans l’administration et l’éducation. Cette situation représente à la fois un défi et une opportunité pour renforcer les expressions culturelles nationales.
Conformément à l’article 10 de la Charte de l’OIF, le retrait ne sera effectif qu’après une période de six mois, laissant un délai pour gérer la transition. Cette période sera cruciale pour établir de nouveaux mécanismes de soutien aux secteurs précédemment appuyés par l’organisation. Si l’expérience d’autres pays comme Madagascar ou la Côte d’Ivoire suggère qu’un retour est toujours possible en cas de changement politique, le Mali semble pour l’instant déterminé à tracer sa voie en dehors du cadre francophone.
Ce retrait constitue donc un moment charnière pour le Mali, qui devra désormais recomposer son identité sur la scène internationale et relever de nombreux défis pratiques. Les implications de cette décision se manifesteront progressivement dans les mois et années à venir, redessinant le paysage diplomatique, linguistique et culturel du pays.
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LA PACIFICATION SERA LE MAÎTRE MOT…
Dans un entretien exclusif accordé à Radio Sénégal, Alioune Badara Kandji, récemment nommé recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), a tracé les grandes lignes de sa mission et de ses ambitions pour cette institution ...
Dans un entretien exclusif accordé à Radio Sénégal, Alioune Badara Kandji, récemment nommé recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), a tracé les grandes lignes de sa mission et de ses ambitions pour cette institution de renommée internationale. Pour sa première sortie, le recteur a mis l’accent sur les réformes qu’il envisage, notamment dans la gouvernance, la pédagogie, la recherche, la pacification de l’espace universitaire et la lutte contre la fraude.
« C’est une grande joie, d’autant plus que j’ai été choisi parmi 19 candidats. Mais cette joie est mesurée, car nous avons pleinement conscience de la lourde responsabilité que cela implique. L’UCAD est une institution de référence qui a joué un rôle clé dans la construction de notre État, ainsi que dans la formation de ressources humaines de qualité. Il est de notre devoir de préserver et d’enrichir ce précieux héritage », a déclaré Alioune Badara Kandji.
Le recteur a souligné que l’UCAD se trouve à un tournant de son histoire, et qu’il est crucial de faire les bons choix pour l’avenir de l’institution. « Le bon chemin, c’est celui qui nous conduit à la souveraineté et au développement. Nous devons opérer des ruptures dans la gouvernance, la pédagogie, la recherche, et renforcer notre coopération internationale afin que l’UCAD retrouve sa place dans le paysage scientifique mondial », a-t-il précisé.
Alioune Badara Kandji a également abordé l’importance de la pacification de l’espace universitaire. Selon lui, cela est primordial pour garantir la qualité de l’enseignement et des recherches. « C’est un grand chantier qui nécessitera une approche inclusive et participative de toute la communauté universitaire. Il est essentiel de mettre en place des mécanismes de prévention et de résolution des conflits. Sans pacification, il est impossible d’offrir un programme de formation et de recherche de qualité. La pacification sera le maître mot dans tous les cas. », a-t-il affirmé.
L’un des défis majeurs que le nouveau recteur souhaite relever est la lutte contre la fraude académique. « Nous devons éradiquer la fraude pour crédibiliser nos formations et les diplômes que nous délivrons. Nous allons instaurer un manuel de procédure et une charte des examens pour sécuriser le système d’évaluation. », a-t-il annoncé.
LE SÉNÉGAL EN PLEIN DANS LES PREPARATIFS DU HAJJ 2025
À l’approche du Hajj 2025, les autorités sénégalaises mettent tout en œuvre pour garantir le bon déroulement du pèlerinage. Dans ce cadre, une mission conjointe du ministère de l’Intégration africaine et de la Délégation général au pélérinage s'est ...
À l’approche du Hajj 2025, les autorités sénégalaises mettent tout en œuvre pour garantir le bon déroulement du pèlerinage. Dans ce cadre, une mission conjointe du ministère de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères et de la Délégation générale au pèlerinage (Dgp) s’est rendue à Djeddah du 7 au 14 mars 2025. L’objectif de cette mission était de mener des échanges techniques avec les autorités saoudiennes afin de peaufiner les préparatifs pour le pèlerinage de cette année.
Le Sénégal a obtenu un quota de 12 860 pèlerins pour cette édition. À ce jour, 7 000 pèlerins se sont déjà inscrits, mais les contrats relatifs au logement et au transport doivent être finalisés avant la date butoir du 25 mars 2025, fixée par le ministère saoudien du Hajj. En effet, passé ce délai, les voyagistes qui ne respecteront pas leurs engagements risquent l’annulation de leurs transactions et le rapatriement des fonds.
Malgré l’ouverture du portail de paiement pour les hôtels à La Mecque et Médine, une lenteur préoccupante dans la finalisation des paiements a été constatée. Certains voyagistes n’ont toujours pas honoré leurs obligations, exposant ainsi les pèlerins à un risque de forclusion.
Face à cette situation, la Dgp a adressé une mise en demeure aux voyagistes le 13 mars 2025. Cette démarche vise à les inciter à accélérer les paiements et à respecter les engagements prévus dans le cahier des charges et la charte de regroupement. La Dgp a également appelé les chefs de regroupement à faire preuve de solidarité et de rigueur pour éviter tout désagrément aux pèlerins.
La Dgp a réaffirmé sa disponibilité à accompagner les acteurs concernés dans ces étapes cruciales, soulignant l’importance de respecter les délais et d’assurer une bonne organisation du pèlerinage.
LE FONSIS ET LA SOMISEN S’ASSOCIENT POUR UNE USINE DE RAFFINAGE D’OR
Ce projet vise à renforcer la souveraineté économique du Sénégal en mobilisant des investissements nationaux et internationaux pour la transformation locale des ressources minières.
Le Fonds Souverain d’Investissements Stratégiques (Fonsis) et la Société des Mines du Sénégal (Somisen S.A.) ont signé mercredi, un accord de partenariat en vue de la création d’un comptoir national et d’une usine de raffinage de l’or issu des mines artisanales et semi-mécanisées. Cet accord stratégique constitue une avancée majeure dans la transformation locale des ressources minières.
À travers ce partenariat, souligne un communiqué conjoint des deux agences, le Fonsis et la Somisen entendent mobiliser des investissements nationaux et internationaux pour concrétiser ces projets structurants, qui renforceront la souveraineté économique du Sénégal dans le secteur minier.
« La transformation locale des ressources minières est un enjeu clé de souveraineté économique. Ce partenariat entre le Fonsis et la Somisen revêt donc une importance capitale pour le secteur minier. Il permettra la création de la première société de raffinage d’or à capitaux sénégalais », a déclaré Babacar Gning, Directeur Général du Fonsis.
Ngagne Demba Touré, Directeur Général de la Somisen, a également souligné que « Cet accord constitue un jalon clé dans la mise en œuvre de l’axe Économie compétitive de l’Agenda National de Transformation Sénégal Vision 2050, qui ambitionne de faire du secteur minier un moteur de croissance. »
LA SENELEC FREINÉE À BRAZZAVILLE
L'énergéticien sénégalais, qui avait devancé des concurrents internationaux de renom comme Hydro Operation International ou PowerCom, voit sa première grande percée en Afrique centrale compromise par des considérations de politique intérieure congolaise
(SenePlus) - La Société nationale d'électricité du Sénégal (Senelec) vient de voir son expansion internationale brutalement freinée au Congo-Brazzaville. L'énergéticien sénégalais, qui avait remporté un important contrat d'affermage pour la distribution et la commercialisation d'électricité dans ce pays d'Afrique centrale, se retrouve au cœur d'une controverse diplomatico-syndicale.
La Senelec avait réussi un tour de force en s'imposant face à plusieurs concurrents internationaux de renom. Comme le rapporte Jeune Afrique, l'entreprise sénégalaise avait devancé "le Suisse Hydro Operation International, le Chinois Inhemeter, l'Israélien PowerCom ou encore le Libanais Mrad Company for Trade, Industry and Contracting" lors d'un appel d'offres international lancé en mai dernier.
Ce succès, qui marquait une étape cruciale dans la stratégie d'expansion régionale de la Senelec, n'aura été que de courte durée. Selon les informations publiées par l'hebdomadaire panafricain, le Premier ministre congolais Anatole Collinet Makosso a ordonné la suspension du contrat à peine deux semaines après sa signature, cédant aux pressions des syndicats d'Énergie électrique du Congo (E2C).
Le directeur général de la Senelec, Pape Toby Gaye, a reçu une notification officielle du ministre congolais de l'Énergie et de l'Hydraulique, Émile Ouosso, l'informant de cette décision prise "en vue d'optimiser la gestion des relations sociales au sein de la société Énergie électrique du Congo dans un contexte caractérisé par une contestation syndicale".
L'entreprise sénégalaise se retrouve ainsi prise en étau dans un conflit social dont elle n'est pas responsable. D'après JA, une source proche du gouvernement congolais affirme que "le processus de sélection s'est pourtant passé dans la transparence la plus totale" et suggère que "ce qui pose visiblement problème, c'est qu'il s'agit d'une société étrangère".
La Senelec avait pourtant été sélectionnée pour son expertise et ses compétences, conformément aux critères énoncés par le ministre Ouosso lui-même. Interrogé par Jeune Afrique en juin dernier, il avait déclaré : "Le délégataire n'apportera aucun franc. Nous le choisirons en fonction de sa compétence et de son expertise dans le secteur".
Le contrat s'inscrivait dans le cadre d'un ambitieux programme de modernisation du secteur électrique congolais, soutenu par "un accord de prêt de 100 millions de dollars accordé par la Banque mondiale", précise le magazine.
L'espoir n'est pas totalement perdu pour la Senelec. Selon Olivier Mazaba Ntondele, coordonnateur du Projet d'amélioration des services d'électricité (PASEL) et responsable au sein de l'Agence de régulation du secteur de l'électricité (Arsel), cité par le magazine, "le contrat restera suspendu mais il n'est pas résilié".
Le gouvernement congolais a mis en place une commission technique interministérielle chargée de vérifier les conditions de conclusion de l'accord. Les conclusions de cette commission seront déterminantes pour l'avenir de la présence de la Senelec au Congo.
Cette suspension représente néanmoins un coup dur pour l'entreprise sénégalaise qui voyait dans ce contrat une opportunité d'affirmer son expertise au-delà des frontières de l'Afrique de l'Ouest. La Senelec devra patienter avant de savoir si elle pourra finalement apporter son savoir-faire à un secteur électrique congolais en grande difficulté, caractérisé par "d'importantes pertes commerciales qui s'élèvent à plus de 41% en 2023", selon les chiffres rapportés par Jeune Afrique.
PAR Ousseynou Nar GUEYE
TRADUIRE EN ACTES LE NOUVEAU PARADIGME ÉTATIQUE DE PATRIOTISME ÉCONOMIQUE
La récente audience accordée par le ministre Yankhoba Diémé au géant chinois CSCE, qui souhaite "élargir ses réalisations" dans le pays, contraste douloureusement avec les promesses de contenu local faites aux entrepreneurs nationaux du bâtiment
La semaine dernière, à la fin de cette première quinzaine de mars, le magazine panafricain négropolitain «Jeune Afrique», auquel j’ai l’heur de collaborer en qualité d’auteur indépendant de tribunes depuis sept ans, publie un article économique au titre passablement alarmiste (mais, à juste… titre !), sous la plume du journaliste Bilal Mousjid : Pourquoi le Btp a le moral en berne au Sénégal.
En chapeau de cet article fouillé : «Impayés, arrêt des chantiers dans certaines zones, notamment sur le littoral de Dakar, conditions d’octroi des marchés publics… Le secteur du Btp sénégalais peine à sortir la tête de l’eau malgré la forte demande de logements et les nombreux projets d’infrastructures dans le pays.»
Dans cet article de Jeune Afrique, une voix autorisée, l’entrepreneur de second-œuvre de bâtiment Oumar Ndir, élu depuis septembre dernier président du Spebtps, le syndicat patronal du Btp affilié au Conseil National du Patronat Sénégalais, y analyse notamment que «la dette intérieure (Ndlr : estimée à 300 milliards de F Cfa) s’est aggravée depuis 2023, mettant en péril la capacité des entreprises à honorer leurs engagements financiers et sociaux, (compromettant) leur capacité d’investissement, freinant l’embauche et fragilisant l’ensemble de l’écosystème économique.(…) Plus de 10 000 emplois ont été perdus et 20 000 emplois ont été suspendus».
Diantre ! Ceci, pour un secteur stratégique, le Btp, représentant près de 30% des investissements publics de l’Etat sénégalais, plus de 4% du Pib du pays et plus de 200 000 emplois directs.
A cet égard, dans une rencontre récente avec les représentants du Btp sénégalais, en ce mois de mars toujours, le ministre Yankhoba Diémé (portefeuille des Infrastructures et des transports terrestres et aériens) a tôt fait de les rassurer de ce que «leurs «préoccupations en termes forts» ont bien été enregistrées : paiement de la dette intérieure, préférence nationale, contenu local, souveraineté économique […]».
Sans toutefois que ce représentant du gouvernement ne promette de mesures précises.
Or, ne voilà-t-il pas que cette semaine en cours débute, par une information, sur le constructeur chinois Csce (China Construction Engineering Company), reçu par le même ministre Diémé. Csce, considérée comme l’une des quatre plus grandes sociétés chinoises de construction, a, à son actif, la réhabilitation de quatre stades au Sénégal dont trois déjà livrés, et le quatrième (le Stade Léopold Sédar Senghor) qui le sera en avril prochain. Csce, à la suite de cette audience ministérielle, comme dans une audience précédente avec le chef de l’Etat Bassirou Diomaye Faye, déclare par communiqué, «vouloir poursuivre et élargir ses réalisations au Sénégal. (…), à commencer par l’élargissement de la route Kaolack-Tambacounda (280 km) et l’extension de l’Aibd».
L’auteur de ces lignes s’est entretenu à ce sujet avec des acteurs nationaux du secteur de la construction et les a interrogés, et tous considèrent qu’il y a là comme un problème de… dissonance cognitive. Le ministre Diémé, s’il est déjà riche d’une longue et fructueuse carrière politique au sein de Pastef, est également un ancien employé de banque. Ce qui présume plutôt favorablement de sa capacité de compréhension des attentes des acteurs économiques nationaux. Ces acteurs ne réclament pas moins que des mesures politiques fortes soient prises au sommet de l’Etat pour encadrer et réguler «la concurrence étrangère».
Leurs arguments pour expliquer, justifier et défendre cela, peuvent s’entendre. Cette concurrence étrangère a eu la part du lion depuis 25 ans. Tant qu’il s’est agi de grands travaux effectués sur financement par des dons de pays bailleurs, il a pu se comprendre que lesdits pays «exigent» que la commande des travaux et des intrants soit faite auprès des entrepreneurs de leurs pays respectifs. Toutefois, depuis quinze années au moins, les grands travaux structurants dans le Btp ont été effectués avec des financements sous forme d’emprunts lourds de l’Etat sénégalais (pour la construction de l’Aibd, de routes nationales et de ponts dans l’Hinterland, d’autoroutes à péage, de barrages hydro-électriques…). Des emprunts à rembourser par nos compatriotes contemporains et par les générations futures. «Qui paie, commande.» Cela ne se justifie donc pas - (ou plus !) - que la commande publique n’aille pas prioritairement aux opérateurs sénégalais du Btp, qui «ont beaucoup souffert d’être écartés systématiquement» des grands travaux durant les deux mandats du président Macky Sall, au profit d’entreprises du Btp étrangères : turques indiennes, chinoises…
L’espoir est revenu. Aussi, nos constructeurs nationaux n’ont de cesse de s’étonner du fait qu’à l’heure de la souveraineté économique et du patriotisme économique fortement proclamés par nos nouveaux dirigeants, on entende encore des entreprises étrangères du Btp réclamer la plus grosse part des marchés publics et vouloir ne leur laisser que la portion congrue. A une ère où les Usa se ferment aux biens manufacturiers étrangers, où la Chine n’ouvre ses frontières à aucun acteur économique grand ou moyen… : apprenons des leaders économiques de ce monde !
Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que donner un franc Cfa à une société à capitaux majoritairement étrangers et à personnels fortement composés d’expatriés (pesant le plus lourd dans la masse salariale de ces sociétés), c’est… «exporter nos emplois». Au nom de quoi ? Peut-être pour «faire faire rapidement» et «inaugurer tout aussi rapidement» ? Sous pression des bailleurs multilatéraux ? Sous pression (fictive !) de l’opinion publique nationale ? Il serait malvenu, en tous les cas, que l’on persiste en haut lieu à privilégier des entrepreneurs étrangers.
Et c’est là le lieu de souligner que ce n’est pourtant pas l’expertise nationale qui manque. Il y a des champions nationaux du Btp, et il faut œuvrer à faire émerger plus de champions nationaux encore. Toute autre vison est du court-termisme. Inspirons-nous donc, en cela, de pays africains géographiquement et socio-culturellement proches, comme le Maroc ! Le Maroc a su faire émerger ses champions nationaux du Btp, et même dans d’autres filières, comme la fabrication d’automobiles et la construction ferroviaire.
Nos rares (trois ?) champions nationaux du Btp que sont la Cse, la Cde et Eiffage ont une expertise reconnue, non seulement au Sénégal, mais aussi dans la sous-région ouest-africaine, et jusque dans la Cemac francophone d’Afrique centrale. Ce trio est aussi la locomotive de plusieurs entreprises sénégalaises de second-œuvre de bâtiment auxquelles elles sous-traitent avec réussite les travaux d’électricité, d’étanchéité, de climatisation, d’ascenseurs, etc. Il y a là tout un écosystème sénégalais du Btp, du secteur national de la construction et du second-œuvre de bâtiment, à préserver et à promouvoir. Ici et en dehors de nos proches frontières, au sein des espaces économiques dont nous sommes membres et dans lesquels les entreprises sénégalaises ont vocation naturelle à se mouvoir, y compris comme leaders (Uemoa, Cedeao, Omvs, Omvg, et pourquoi pas, Zlecaf…).
Dans la haute Administration sénégalaise, il y a des technocrates à hautes responsabilités qui en sont d’accord, conseillent en ce sens et pensent que «les choses doivent et vont changer» : en effet, contre toute logique développementale, il n’est pas possible que nos nouvelles autorités emboîtent le pas des «douze années bétonnières» de Macky Sall ; qu’elles semblent persister à faire peu de cas du Btp sénégalais et fassent systématiquement recours aux entreprises à capitaux étrangers et à implantation extravertie, pour la réalisation de nos grands travaux. Ce serait un paradoxe difficile, voire impossible à défendre, pour et par un régime politique qui se targue d’être patriote, y compris en matière d’investissements publics.
Dans le nouvel Etat pétrolier et gazier qu’est le Sénégal, de forts engagements étatiques ont été pris avant lui, puis réaffirmés par le président Diomaye, en faveur d’une politique de «contenu local», à hauteur de 70% des dépenses effectuées dans les filières gazière et pétrolière ; 70% de ces dépenses devant être effectuées auprès d’entrepreneurs nationaux. Eh bien, faisons-en autant pour des chaînes de valeur plus traditionnelles, mais tout aussi structurantes : et le Btp est, sans conteste, un de ces secteurs stratégiques.
Et le Btp sénégalais prouve le mouvement en marchant («to walk the talk») : ses deux syndicats patronaux les plus en vue se sont engagés pour la mise en place d’un consortium, réunissant aussi les promoteurs immobiliers et les banques, pour construire 300 000 des 500 000 logements sociaux dont a besoin l’Etat sénégalais sur les dix prochaines années, en en respectant la territorialisation spatiale prévue.
Il n’est pire (Etat) sourd que celui qui ne veut entendre ? Mais, encore faut-il que les principaux «dépositaires d’enjeux» (pour tenter une traduction personnelle de l’anglais «stakeholders») parlent à haute et intelligible voix à cet Etat (sénégalais). Et ne cessent de lui murmurer à l’oreille. Nous en prenons de plus en plus le chemin. Désormais, il apparait que notre Btp entend faire savoir qu’il refuse -(et aidons-les à la réfuter)- la «fausse vérité tacite» selon laquelle «donner du travail aux entreprises nationales n’est pas une priorité». Eh bien si, c’est même une surpriorité. Ces entreprises nationales redistribuent localement de la richesse et empêchent les gens de prendre les pirogues.
Il y a là comme un nouvel état d’esprit, la forte émergence et l’enracinement d’une mentalité de conquérants, des préalables qui font les champions économiques nationaux. En effet, on n’avait pas souvenance d’une forte activité de plaidoyer public des syndicats patronaux du Btp, depuis plusieurs années. Qu’ils le fassent aujourd’hui, et ce depuis plusieurs mois, cela est plutôt une bonne nouvelle. Bien nommer quelque chose, c’est déjà le réaliser à moitié.
Ousseynou Nar Gueye est Associé-Gérant d'Axes & Cibles Com
Ardo Gningue a comparu devant le Tribunal de grande instance hors classe de Dakar ce mercredi 19 mars. L’activiste est jugé en flagrants délits après avoir été placé sous mandat de dépôt depuis le 11 mars pour « discours contraire aux bonnes mœurs ».
Devant la barre, celui qui se définit comme un activiste a essayé d’expliquer ses propos avant de promettre au juge qu’il ne les tiendrait plus.
« J’ai fait un post sur Facebook et ça dépend de l’entendement et de la compréhension des personnes. Je n’ai pas insulté et je n’avais pas cette intention de heurter. C’est une erreur et ça ne se reproduira plus », a-t-il regretté.
Après l’avoir sermonné, le procureur a requis une peine de six (6) mois de prison, dont trois (3) mois ferme contre lui. Le verdict attendu le 26 mars prochain.
PAR ASSANE SY
L’IA COMME BIEN PUBLIC, UNE NÉCESSITÉ DE GARANTIR LA RÉGULATION DE CETTE TECHNOLOGIE
"L'un des principaux défis auxquels nous faisons face en matière de régulation de l'IA, c'est la protection des données personnelles. Ainsi, il est recommandé par exemple d’avoir une classification en fonction de l’analyse de l’impact sur la vie privée."
L’intelligence artificielle (IA) est aujourd’hui un véritable tournant dans l’évolution technologique et économique de nos sociétés. Au-delà de sa capacité à automatiser certains processus, elle occupe un rôle clé dans la façon dont nous produisons, partageons et consommons l’information. Par son pouvoir algorithmique, elle influence directement les processus de construction de l’opinion publique, en orientant les débats citoyens à travers les recommandations automatisées.
C’est ainsi que dans le cadre des consultations du Forum Information et Démocratie, des pays d’Afrique comme le Sénégal, le Bénin la Côte d’Ivoire, la Mauritanie, ont donné leurs avis sur la gouvernance de l’intelligence artificielle en formulant des recommandations. En collaboration avec Jonction, une organisation sénégalaise spécialisée dans la défense des droits numériques, 07 experts, dont votre serviteur a élaboré les recommandations du Sénégal pour une gouvernance inclusive de l’IA.
L’intégration de l’intelligence artificielle dans le cadre du New Deal technologique du Sénégal représente une étape significative dans les programmes et projets de modernisation de l'État. Le pouvoir public reconnaît clairement l’IA comme un levier stratégique pour propulser son développement numérique, soulignant son potentiel dans divers secteurs, comme l’éducation, la santé, la gouvernance et l’économie.
Toutefois, cet engagement soulève d’importantes interrogations sur la régulation de cette technologie, en particulier dans un contexte où ses effets se déploient à une échelle mondiale et, plus encore, en tant que bien public. Dans cette perspective, la régulation de l’IA apparait comme une nécessité incontournable pour assurer sa gouvernance, sa transparence et la protection des droits fondamentaux des individus.
L’Intelligence artificiel, un outil stratégique pour la gouvernance informationnelle
L'histoire de l'humanité a toujours été influencée par le contrôle de l'information, qui est un bien immatériel mais qui a un poids énorme sur le plan politique et économique.
Aujourd'hui, les grandes entreprises technologiques qui dominent le paysage numérique mondial se trouvent dans une position clé grâce à leur maîtrise des données et des algorithmes. Cette influence des algorithmes leur permet de façonner, parfois sans qu'on s'en rende compte, les sujets qui occupent l'espace public, orientant ainsi les discussions tant nationales qu'internationales.
Le scandale de Cambridge Analytica a mis en lumière les dangers de cette concentration de pouvoir : manipulation de l'opinion publique, atteinte à la vie privée, et détournement des données à des fins politiques. Cet incident souligne l'importance d'une régulation stricte de l'intelligence artificielle (IA), tant au niveau national qu'international, pour sauvegarder les principes démocratiques et les libertés fondamentales. Ce qui recommande de donner une place importante à l’IA et son impact dans l’espace de l’information dans le cadre des formations au numérique et à l’information et Impliquer les acteurs de la société́ civile dans le cadre de gouvernance dédiée à l’IA
La question centrale réside dans le fait que l'IA, par son déploiement global, ne connaît pas de frontières géographiques. Cette absence de frontières, couplée à la domination des technologies numériques par les pays développés, constitue un risque majeur pour les pays les moins avancés, notamment pour l'Afrique. Le Sénégal, comme d'autres nations africaines, bien qu'étant un consommateur des technologies numériques, peine souvent à avoir un poids significatif dans la définition des règles qui régissent ces technologies. Cette asymétrie de pouvoir technologique met en lumière la nécessité pour le Sénégal et les autres pays africains de renforcer leur souveraineté informationnelle.
La régulation de l’IA : un cadre nécessaire pour protéger les données personnelles et la vie privée
L'un des principaux défis auxquels nous faisons face en matière de régulation de l'IA, c'est la protection des données personnelles. Ainsi, il est recommandé par exemple d’avoir une classification en fonction de l’analyse de l’impact sur la vie privée.
Avec cette technologie qui change complètement la façon dont nous collectons, traitons et partageons nos données, il est vraiment essentiel de garantir une protection solide qui s'adapte aux réalités technologiques d'aujourd'hui. La première ligne de défense cette protection repose sur la formation et la sensibilisation des développeurs d’IA. Ceux-ci doivent être formés aux meilleures pratiques en matière de protection des données dès la phase de conception des technologies. Il ne s’agit pas uniquement d’intégrer des normes de sécurité, mais aussi d’inculquer aux développeurs une culture de la protection des données comme un principe fondamental dans la création des outils technologiques. Dans cette optique, il serait intéressant de créer des modules spécifiques sur la protection des données personnelles, à intégrer dès le début du développement des systèmes d'IA.
En parallèle, il devient important de renforcer la formation des utilisateurs. Les citoyens doivent être dorénavant informés des risques qu'implique l'utilisation des technologies d'IA et apprendre les bonnes pratiques pour protéger leur vie privée. Cette formation peut être concrétiser par des programmes d’éducation au numérique, garantissant ainsi un écosystème sûr et responsable. Tout de même, la formation permettra aux différents acteurs d’avoir un niveau significatif de littéracie numérique.
Des régimes de responsabilité clairs et une autorité de régulation dédiée
Un élément essentiel dans la régulation de l’IA, c'est de poser des bases solides au niveau du régime de la responsabilité. Il est nécessaire de définir le régime de responsabilité́. En effet, chaque acteur, que ce soit un développeur, un fournisseur ou un déployeur, doit savoir exactement ce qu'il doit assumer en termes d'impact de ses systèmes d’IA. Cela nécessite l'établissement d'une autorité de régulation habilitée à superviser les pratiques, veiller à une composition inclusive de cette autorité́ ou entité́ si toutefois une autorité́ existante assure le contrôle et à s'assurer qu'elles respectent les normes mises en place. Cette autorité devrait posséder des prérogatives d’enquête et de sanction, et son fonctionnement devrait être suffisamment inclusif pour représenter tous les intérêts des différentes parties.
La régulation de l’IA implique également la mise en place de mécanismes de recours pour les utilisateurs dont les droits ont été violés. En cas de manquements, les citoyens doivent ainsi pouvoir faire appel à des voies de recours efficaces pour obtenir réparation. À cette fin, il convient de prévoir des audits externes réguliers des systèmes d’IA, afin de garantir leur conformité avec les normes de protection des données et de la vie privée. Ces audits devraient être réalisés par des entités indépendantes et avoir un caractère public, afin d’assurer une transparence maximale.
Pour conclure, il est primordial de réaliser que cette révolution est une chance incroyable pour le Sénégal, à condition de la réguler de manière à en faire un véritable bien commun. Le pays doit agir de façon décisive pour garantir une gouvernance responsable de l’IA, en créant des mécanismes de régulation solides qui préservent les droits des citoyens tout en favorisant l’innovation. Il est important que cette régulation ne se limite pas au contexte national, mais s’inscrive dans une dynamique régionale et internationale, collaborant avec d’autres nations africaines pour relever les défis communs posés par les géants technologiques. Il est de la responsabilité des autorités sénégalaises de veiller à ce que l’IA soit utilisée de manière équitable, transparente et respectueuse des droits de tous, et ce, dans l’intérêt général.
UCAD, ALIOUNE BADARA KANDJI TRACE LES GRANDES LIGNES DE SON RECTORAT
Le nouveau recteur a détaillé sa vision pour l’institution. Gouvernance, pédagogie, recherche, pacification de l’espace universitaire et lutte contre la fraude figurent parmi les réformes prioritaires qu’il entend mener.
Dans un entretien exclusif accordé à Radio Sénégal, Alioune Badara Kandji, récemment nommé recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), a tracé les grandes lignes de sa mission et de ses ambitions pour cette institution de renommée internationale. Pour sa première sortie, le recteur a mis l’accent sur les réformes qu’il envisage, notamment dans la gouvernance, la pédagogie, la recherche, la pacification de l’espace universitaire et la lutte contre la fraude.
« C’est une grande joie, d’autant plus que j’ai été choisi parmi 19 candidats. Mais cette joie est mesurée, car nous avons pleinement conscience de la lourde responsabilité que cela implique. L’UCAD est une institution de référence qui a joué un rôle clé dans la construction de notre État, ainsi que dans la formation de ressources humaines de qualité. Il est de notre devoir de préserver et d’enrichir ce précieux héritage », a déclaré Alioune Badara Kandji.
Le recteur a souligné que l’UCAD se trouve à un tournant de son histoire, et qu’il est crucial de faire les bons choix pour l’avenir de l’institution. « Le bon chemin, c’est celui qui nous conduit à la souveraineté et au développement. Nous devons opérer des ruptures dans la gouvernance, la pédagogie, la recherche, et renforcer notre coopération internationale afin que l’UCAD retrouve sa place dans le paysage scientifique mondial », a-t-il précisé.
Alioune Badara Kandji a également abordé l’importance de la pacification de l’espace universitaire. Selon lui, cela est primordial pour garantir la qualité de l’enseignement et des recherches. « C’est un grand chantier qui nécessitera une approche inclusive et participative de toute la communauté universitaire. Il est essentiel de mettre en place des mécanismes de prévention et de résolution des conflits. Sans pacification, il est impossible d’offrir un programme de formation et de recherche de qualité. La pacification sera le maître mot dans tous les cas. », a-t-il affirmé.
L’un des défis majeurs que le nouveau recteur souhaite relever est la lutte contre la fraude académique. « Nous devons éradiquer la fraude pour crédibiliser nos formations et les diplômes que nous délivrons. Nous allons instaurer un manuel de procédure et une charte des examens pour sécuriser le système d’évaluation. », a-t-il annoncé.