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5 août 2025
CHRONIQUE D'UNE HÉCATOMBE DE FEMMES
De janvier à mai, sept femmes ont perdu la vie dans des circonstances tragiques. Ces crimes brutaux, souvent commis par des proches des victimes, révèlent une réalité troublante que la société sénégalaise doit désormais affronter
L'année 2025 s’illustre tristement au Sénégal par une série de drames conjugaux et familiaux, plaçant la question des violences faites aux femmes et des féminicides au cœur de l'actualité et du débat public. De janvier à mai, sept vies de femmes ont été brutalement fauchées, laissant derrière elles des familles endeuillées et une société sous le choc. ‘’EnQuête’’ fait une rétrospective sur ces tragédies qui ont marqué les premiers mois de l'année.
Retour sur les meurtres de Diary Sow, Yamou Ndiaye et Sadel Sow
La nouvelle année avait à peine commencé que l'horreur s'invita dans le quotidien des Sénégalais. En effet, dans la nuit du 31 décembre 2024 au 1er janvier 2025, la jeune Souadou Sow dite ‘’Diary’’, âgée de seulement 12 ans, perdait tragiquement la vie. Si les circonstances exactes de son décès restent sujettes à l'enquête, l'arrestation d'un homme d'une trentaine d'années, qui a reconnu l'avoir tuée sous l'emprise de la drogue tout en niant une tentative de viol, a jeté une lumière crue sur la vulnérabilité des jeunes filles face à la violence. Les résultats des enquêteurs chargés de cette affaire ont attesté que le décès est dû à une asphyxie mécanique par strangulation manuelle associée à une hémorragie méningée causée par un traumatisme par objet contondant, sans lésions périnéales récentes. Un prélèvement vaginal systématique a également été effectué pour frottis. Un certificat d'inhumation a été délivré, à la demande de la famille éplorée.
L'affaire, qui a défrayé la chronique durant plusieurs jours, a ravivé les inquiétudes concernant la sécurité des enfants et la nécessité d'une protection accrue.
Quelques jours plus tard, la ville de Touba était secouée par un drame d'une autre nature, mais tout aussi tragique. Yamou Ndiaye, mère de quatre enfants, était poignardée à mort par son propre beau-frère, lors d'une dispute apparemment anodine concernant une pelle de ménage. La rapidité avec laquelle l'altercation avait dégénéré en meurtre laissait une communauté sous le choc. Les informations relayées dans la presse révélaient que le meurtrier présumé était un jeune homme d'une vingtaine d'années souffrant de troubles mentaux.
Ce drame tragique a relancé le débat crucial sur la gestion des troubles mentaux au sein des familles et la nécessité d'un soutien psychologique adéquat pour prévenir de tels actes irréparables.
Quelques semaines plus tard, en fin janvier 2025, une autre affaire macabre venait secouer le pays. À Yang Yang, dans le département de Linguère, un berger du nom de G. Sow avouait un crime d'une sauvagerie inouïe : le meurtre de sa propre femme, Sadel Sow, dont le corps avait été retrouvé démembré. Selon les informations, le quinquagénaire, père de sept enfants, aurait attiré sa femme sous un prétexte avant de commettre l'irréparable. Il avait avoué son crime en ces termes : ‘’C’est moi qui l’ai tuée. Je l’ai découpée en morceaux. Cependant, j’ai agi sous la dictée de Satan.’’ Sa tentative d'expliquer son acte par une prétendue possession démoniaque n'a fait qu'ajouter à l'effroi suscité par cette tragédie. Un acte qui a plongé tout un village dans la stupeur.
Double tragédie en avril : meurtres de femmes à Keur Ndiaye Lo et à Linguère
Le mois d'avril a également été marqué par des actes de violence mortelle au sein du cercle familial. Au début du mois avril, Keur Ndiaye Lo était le théâtre d'un crime odieux. Kindy Bah, originaire de la Guinée, une femme de ménage de 36 ans, mère de deux enfants, était découverte sauvagement assassinée au domicile de ses employeurs. La violence des coups portés, notamment au cou, et l'absence de vol ont rapidement orienté l'enquête vers un mobile plus sinistre, évoquant une possible tentative de viol ayant mal tourné. Jusque-là, les auteurs de cet acte restent introuvables.
Alors que le meurtre de cette femme défrayait la chronique, en mi-avril, dans le département de Linguère, un homme de 79 ans avouait le meurtre de sa belle-sœur nonagénaire. Aly Dia a été arrêté et déféré devant le parquet de Louga, accusé du meurtre de sa belle-sœur Diène Dia, une femme de 90 ans.
Dans un récit troublant, le mis en cause a tenté d'expliquer son geste par des provocations répétées de la part de la victime. Il aurait déclaré que sa belle-sœur l'insultait de manière persistante. Le bourreau a affirmé avoir émis des avertissements préalables, mais que les provocations auraient finalement dépassé le seuil de sa tolérance, le poussant à commettre l'irréparable. Le mise en cause aurait même exprimé sa propre surprise face à la violence de son acte, confessant ‘’ne pas comprendre ce qui l’avait poussé à une telle extrémité’’.
Mai sanglant au Sénégal : deux féminicides en moins d'une semaine
Le mois de mai a été particulièrement éprouvant, avec la survenue de plusieurs féminicides qui ont ravivé la douleur et la colère face à la persistance de la violence masculine contre les femmes. Un nouveau féminicide vient endeuiller le Sénégal, cette fois dans le village de Ndiouwar, près de Fatick. Marie-Louise Ndour, une femme de ménage de 41 ans et mère de quatre enfants, est abattue en plein jour par son mari Mouhamed Diouf, un ancien militaire de 46 ans. Le drame s'est déroulé sous les yeux de la mère de la victime, suite à une dispute conjugale survenue la nuit précédente. La rancune et la haine avaient conduit à un acte d'une violence extrême. L'homme avait quitté le domicile avant de revenir armé et d'ôter la vie à sa femme d'une balle en pleine poitrine. La réaction de la communauté locale, submergée par l'horreur, fut immédiate et violente : Mouhamed Diouf est lynché par les habitants avant d'être secouru in extremis par les gendarmes.
Ce drame, qui a laissé quatre enfants orphelins, soulignait une fois de plus la spirale de violence qui peut s'installer au sein des couples et les conséquences tragiques qui en découlent. Ce crime intervient suite à un autre perpétré il y a moins d’une semaine.
La commune de Joal était endeuillée par un féminicide d'une brutalité glaçante. Serigne Fallou Diop, un maçon, passait à l'acte après cinq années de vie commune avec Fatou Guèye. Rongé par une jalousie maladive et la suspicion d'infidélité, il a étranglé sa femme dans son sommeil. L'horreur ne s'arrêtait pas là : l'homme restait allongé aux côtés du corps sans vie jusqu'au matin, dans une tentative macabre de faire croire à une mort naturelle. La vigilance des voisins, alertés par son comportement étrange, a permis de découvrir la vérité. Les aveux glaçants de Serigne Fallou, justifiant son acte par ses soupçons et la confirmation de la mort par strangulation lors de l'autopsie, ont plongé la communauté de Santhie 2 dans une consternation totale.
Une femme ou une fille tuée toutes les 10 minutes par un proche, selon ONU Femmes
Le dernier rapport sur les féminicides publié en novembre 2024 révèle que 60 % des meurtres de femmes sont commis par un partenaire intime ou un autre membre de la famille. En moyenne mondiale, une femme ou une fille est assassinée toutes les dix minutes par son partenaire intime ou un autre membre de sa famille. D'après l'étude, l'Afrique enregistre les taux les plus élevés en 2023, suivie des Amériques et de l'Océanie. ONU Femmes et l'ONUDC appellent à une action urgente et coordonnée, incluant des lois robustes, une meilleure collecte de données et un engagement mondial pour éradiquer cette violence avant le 30e anniversaire du Programme d'action de Beijing en 2025. Les agences onusiennes soulignent la nécessité de renforcer la justice pénale, de soutenir les survivantes et de démanteler les inégalités de genre et les normes sociales néfastes qui alimentent ces crimes.
Un crime lié au genre, fruit d'inégalités et de discriminations, selon les experts
Le féminicide, défini par ONU Femmes comme l'homicide volontaire motivé par le sexe de la victime, représente la forme la plus extrême de violence à l'égard des femmes et des filles. Contrairement à un homicide classique où le mobile peut être divers, le féminicide est intrinsèquement lié à la discrimination, aux rapports de force inégaux, aux stéréotypes de genre et aux normes sociales préjudiciables. Cette violence ultime s'inscrit dans un continuum de maltraitances multiples, qu'elles se manifestent au sein du foyer, sur le lieu de travail, à l'école ou dans l'espace public, incluant la violence conjugale, le harcèlement sexuel, les pratiques néfastes et la traite des êtres humains.
Si les statistiques actuelles sur les féminicides sont alarmantes, l'Organisation des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et ONU Femmes soulignent que ces chiffres ne représentent que la partie émergée de l'iceberg.
En effet, près de quatre meurtres intentionnels de femmes et de filles sur dix ne peuvent être catégorisés comme féminicides en raison des disparités dans les systèmes nationaux de recensement et d'enquête des justices pénales. Pour appréhender l'ampleur réelle de ce fléau et y apporter des réponses efficaces, ils estiment la nécessité de disposer de données exhaustives et ventilées. Dans cette optique, l'ONUDC et ONU Femmes ont conjointement élaboré un cadre statistique pour la comptabilisation des meurtres de femmes et de filles liés au genre, communément appelés "féminicides", qui a été approuvé par la Commission statistique des Nations Unies en mars 2022. Derrière chaque statistique se cache une vie brutalement interrompue par la violence masculine, la misogynie et les normes sociétales qui tolèrent et perpétuent la violence à l'égard des femmes et des filles.
Cependant, les experts de l'ONUDC et d'ONU Femmes insistent sur le fait que les meurtres liés au genre et les autres formes de violence envers les femmes et les filles ne sont pas une fatalité. “Le féminicide est souvent l'aboutissement d'une escalade de violence fondée sur le genre, ce qui signifie qu'une intervention précoce et efficace est essentielle pour le prévenir. Les initiatives axées sur la prévention primaire, la modification des normes sociales et l'engagement de l'ensemble des communautés pour instaurer une tolérance zéro face à la violence envers les femmes sont considérées comme les plus efficaces pour enrayer ces homicides”, souligne ONU Femmes. Les experts estiment que les forces de l'ordre et le système judiciaire ont un rôle primordial à jouer en accordant “crédibilité et soutien” aux survivantes, en répondant promptement aux signalements de violence et en sanctionnant les auteurs afin de mettre fin à l'impunité.
“Trop souvent, les victimes de féminicide avaient déjà signalé des violences et leur mort aurait pu être évitée. Une approche prometteuse pour améliorer les réponses institutionnelles consiste en des examens approfondis des meurtres liés au genre, impliquant les familles et les communautés, afin d'identifier les lacunes et de mettre en place des réformes préventives”, concluent les experts.
LES BARRIÈRES NON TARIFAIRES FREINENT TOUJOURS LE COMMERCE RÉGIONAL
Procédures complexes, inspections redondantes et manque d’harmonisation continuent de ralentir la libre circulation des produits agro-sylvo-pastoraux malgré les outils communautaires comme le certificat phytosanitaire harmonisé.
Les barrières non tarifaires demeurent “des goulots d’étranglement majeurs pour le commerce transfrontalier” entre les pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a déploré, mardi, à Dakar, le coordonnateur national du Programme de résilience du système alimentaire en Afrique de l’Ouest (FSRP).
”Les barrières non tarifaires, telles que les procédures complexes, les exigences d’inspection redondantes et les réglementations parfois incohérentes, restent des goulots d’étranglement majeurs pour le commerce transfrontalier”, a déclaré Mouhamadou Lamine Dia.
Il prenait part à un atelier de sensibilisation des acteurs du commerce transfrontalier sur le certificat phytosanitaire harmonisé et les autres dispositions communautaires comme outils de facilitation du commerce intrarégional des produits agro-sylvo-pastoraux.
Selon le coordonnateur national du Programme de résilience du système alimentaire en Afrique de l’Ouest, “plusieurs obstacles persistent et empêchent les pays de la CEDEAO d’exploiter pleinement le potentiel du commerce régional”.
”Ces obstacles sont multiples et englobent entre autres les déficits d’infrastructures, les barrières tarifaires et non tarifaires”, a énuméré Mouhamadou Lamine Dia.
Il estime que les pays membres de l’espace CESEAO doivent travailler pour arriver à un commerce transfrontalier “plus fluide, plus sûr et plus équitable”.
“La commercialisation des produits de l’agriculture et de l’élevage originaires de l’espace communautaire est négativement impactée par des entraves liées […] à l’utilisation du certificat phytosanitaire harmonisé le long des corridors commerciaux, freinant par conséquent la circulation de ces produits des zones de production vers les zones de consommation”, a-t-il déploré.
Il signale que c’est dans ce sens que le Programme de résilience du système alimentaire en Afrique de l’Ouest (PRSA/FSRP), à travers sa composante relative à l’intégration régionale des marchés alimentaires et du commerce, vise à faciliter le commerce à travers les principaux corridors.
M. Dia préconise, en collaboration avec la CEDEAO, la mise en place d’un mécanisme de tableau de bord du commerce et du marché agricole, tout en accompagnant l’harmonisation des politiques régionales de commerce agricole.
Toutes ces politiques et stratégies devrait, à ses yeux, contribuer à “réduire les barrières commerciales et harmoniser les normes sanitaires et phytosanitaires, en vue de faciliter la libre circulation des produits agricoles”.
Justin Bayili, consultant à la commission de la CEDEAO dans le cadre du Programme résilience des systèmes alimentaires, a abondé dans le même sens, en mettant l’accent sur les différentes activités mises en place pour lever les contraintes dans les échanges entre les pays membres.
Il s’agit notamment du “schéma de libéralisation des échanges de la CEDEAO qui est l’outil principal adopté par les Etats membres pour assurer une zone de libre échange dans les 15 Etats membres” de l’organisation, a expliqué M. Bayili.
Il a annoncé qu’un guide d’inspection sanitaire sera présenté à partir de mercredi à un groupe d’inspecteurs sénégalais identifiés, avec l’appui du programme et des autorités, pour les former à l’inspection sanitaire.
Mbaye Chimère Ndiaye, secrétaire général de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar (CCIAD), a pour sa part a salué le thème de cet atelier, à la fois “stratégique et porteur” pour l’avenir du commerce régional.
“Le commerce transfrontalier représente une composante essentielle de notre économie, en particulier pour les produits agricoles, qui constituent une part importante des échanges entre pays voisins”, a-t-il indiqué.
Il a rappelé que les produits agricoles sont soumis à des exigences sanitaires strictes destinées à protéger la santé des consommateurs et la biodiversité locale.
“Dans ce cadre, le certificat phytosanitaire harmonisé [..] s’impose comme un outil crucial. Il vise à simplifier les procédures, à renforcer la transparence et à faciliter la circulation des produits, tout en garantissant leur conformité aux normes internationales”, a-t-il souligné.
L’harmonisation de ces documents entre les pays membres va constituer “un véritable levier de compétitivité” pour les opérateurs économiques, et un facteur de réduction des coûts et des délais au niveau des frontières, a ajouté Mbaye Chimère Ndiaye.
Il considère que la réussite de cette réforme régionale dépend des acteurs notamment les commerçants, les chauffeurs, les transporteurs et les industriels qui doivent s’approprier les outils mis en place.
PAR MATEL BOCOUM
SUR DES NOTES DISCORDANTES
Ma cousine Anta est une adepte de l’abstinence. Elle est fière de pouvoir se préserver, considérant son corps comme un joyau à garder jalousement. Sa sœur Fatou, elle, opte pour le mariage, garant, selon elle, de sa dignité et de son équilibre.
Ma cousine Anta est une adepte de l’abstinence. Elle est fière de pouvoir se préserver, considérant son corps comme un joyau à garder jalousement. Sa sœur Fatou, elle, opte pour le mariage, garant, selon elle, de sa dignité et de son équilibre. On a beau lui dire qu’elle vit dans une cage dorée, elle reste sur ses principes et assume ses choix. Leur cadette Bineta, qui a toujours revendiqué une liberté d’agir, opte pour le concubinage. D’un esprit révolutionnaire, elle remet en cause le statu quo érigé par des normes sociales.
Chacune d’elle essaie d’avancer des arguments valables pour justifier sa position. Anta, qui s’érige contre l’anarchie sexuelle et la promotion de l’obscénité, se plaît dans sa situation malgré les étiquettes de femme coincée qui lui sont collées. Bineta aussi trouve son bonheur dans le mariage même s’il bat de l’aile. Elle préfère le préserver et éviter ainsi la rupture familiale. Leur cadette Fatou a fait le choix d’une vie plus audacieuse. Taxée de tous les noms d’oiseaux, elle a choisi de peindre sa vie selon ses goûts et envies. C’est sa façon à elle de s’affranchir du joug machiste. Chacune y va à ses risques et périls.
Anta, Bineta et Fatou illustrent, à quelques égards, autres, la diversité de profils dans le mouvement féminin. Leurs exemples rappellent, parmi d’autres, que l’univers n’a jamais constitué un bloc homogène. Il évolue et se meut dans la diversité, le pluralisme, voire la pluralité. Le féminisme n’a pas dérogé à cette règle. Il a toujours été porté par une multitude de profils avec un discours pluriel. Chaque partie essaie d’ouvrir une perspective plus large en opérant sur son terrain social.
La dissemblance se mêle souvent à l’antagonisme conduisant naturellement à des positions divergentes. Mais l’expérience a montré que les plus calées ont su laisser des traces indélébiles pour avoir su prendre de la hauteur. Elles font étalage de leur élégance et leur grandeur en exprimant leur désaccord avec courtoisie. Elles ont compris que le choc d’idées et la confrontation redynamisent la pensée, que l’uniformité ne pourra jamais être érigée en règle dans les sociétés humaines.
Des femmes ont remis en cause des théories et contribué aux transformations sociales avec l’idée que l’indécence, sous ses différentes expressions, est contreproductive. Qu’il est important d’accepter l’autre dans sa différence et de garder les racines de son identité. Les propos de l’universitaire Makhtar Diouf ont toute leur portée. « Chacun façonne ce qui lui semble être vrai ou juste, il n’existe pas de vérité absolue, de déterminisme, chacun est le seul maître de ses croyances, chacun est un choix absolu de soi, bref l’être humain est libre et liberté ». Des incursions dans les différentes branches de féministes montrent cette réalité. Elles n’ont pas toujours les mêmes motivations et les mêmes approches.
Ses écrits renseignent qu’il est arrivé que « des féministes radicales dénoncent toutes les femmes qui ne partagent pas leurs convictions, comme des ennemies féministes, implicitement consentantes pour le viol des femmes ». D’autre part, « le féminisme lesbien a aussi été critiqué du côté de la gauche féministe qui lui reproche de réduire toute l’oppression des femmes à un problème sexuel, laissant de côté le contexte socio-économique, ignorant les différences de condition sociale entre femmes, or toutes les femmes n’ont pas les mêmes intérêts et les mêmes besoins ».
Toute une dissertation est servie de part et d’autre, mais, quel que soit leur courant, toutes ont dénoncé en chœur, la fréquence du féminicide. Présenté comme un homicide volontaire dont le mobile est lié au sexe de la victime, il met à nu les pouvoirs démesurés octroyés à l’homme dans certaines sociétés. Mais en taisant des égos et en se constituant en bloc, il est bien possible de soulever des montagnes et d’arrêter la furie dévastatrice de certains mâles. Ils aiment surfer sur des notes discordantes…
ISMAÏLA MADIOR FALL SOUS BRACELET ÉLECTRONIQUE
L’ancien ministre de la Justice a également été assigné à domicile par la Haute cour de justice. Il est poursuivi pour des accusations de corruption liés à l'attribution d'un marché public estimé à 250 millions de francs CFA
L’ancien garde des Sceaux, ministre de la Justice, Isamaila Madior Fall, a été placé sous bracelet électronique, avec assignation à domicile, mardi, à l’issue de sa comparution devant la commission d’instruction de la Haute Cour de justice, ont indiqué plusieurs médias.
Il est poursuivi pour une affaire présumée de corruption et de détournement de deniers publics, suite à des accusations du promoteur immobilier Cheikh Guèye, qui affirme lui avoir remis en espèces un acompte de 50 millions de francs CFA sur un montant total de 250 millions de francs CFA.
Selon ce dernier, le ministre lui aurait exigé le versement de cette somme pour bénéficier de l’attribution d’un marché public relatif à la construction d’un Centre de surveillance électronique au tribunal de Pikine-Guédiawaye.
Le promoteur immobilier a ajouté que le versement a eu lieu en présence du directeur des Constructions publiques, Mohamed Anas El Bachir Wane. Ils ont tous deux étaient placés en garde à vue par la Direction des investigations criminelles.
Ismaila Madior Fall est le deuxième ancien ministre du régime de Macky Sall ( 2012-2024) a comparaître devant la commission d’instruction de la haute cour de justice, après l’ancienne ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des enfants, Ndèye Saly, placée hier sous contrôle judiciaire après le paiement d’une caution de 57 millions de francs CFA.
Bénéficiant du privilège de juridiction, les anciens ministres sont jugés, selon l’article 100 de la Constitution, par cette juridiction en cas d’infractions graves commises dans l’exercice de leurs fonctions.
La Haute cour de justice a été installée le 28 décembre 2024 par l’Assemblée nationale après un vote des députés.
Elle est composée de huit membres titulaires et de huit suppléants, tous des députés, et est présidée par le Premier président de la Cour suprême, assisté par le président de la Chambre pénale de cette même cour.
Le procureur général près la Cour suprême, épaulé par le Premier Avocat général, y représente le ministère public.
ISMAÏLA MADIOR FALL DEVANT LA HAUTE COUR DE JUSTICE
L’ancien ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, comparaît ce mardi devant la Commission d’instruction de la Haute Cour de justice. Il est poursuivi pour corruption passive et concussion dans le cadre d’un marché public.
Au lendemain de l’audition de l’ex-ministre Ndèye Saly Diop Dieng, l’ancien ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, comparaîtce mardi devant la Commission d’instruction de la Haute Cour de justice. Il est poursuivi pour corruption passive et concussion dans le cadre d’un marché public relatif à la construction d’un Centre de surveillance électronique au tribunal de Pikine-Guédiawaye.
Les accusations émanent du promoteur immobilier Cheikh Guèye, qui affirme avoir remis en espèces 50 millions de FCFA à Ismaïla Madior Fall. Ce montant aurait été un acompte sur un total de 250 millions de FCFA supposément exigé pour l’attribution du marché. Le versement aurait eu lieu en présence du directeur des Constructions publiques, Mohamed Anas El Bachir Wane.
Dans ses explications publiques, l’ex-Garde des Sceaux a nié toute malversation, soutenant qu’il s’agissait d’un « don gracieux » qu’il aurait immédiatement refusé et restitué. Il affirme également que le contrat a été résilié du fait du non-paiement du solde et que les fonds perçus ont été restitués.
Cheikh Guèye et Mohamed Wane ont été placés en garde à vue par la Division des investigations criminelles (DIC), dans le cadre de l’enquête en cours. La Commission d’instruction devra désormais faire la lumière sur cette affaire, dont les enjeux touchent à l’intégrité de la gestion des marchés publics et à la moralisation de la vie publique au Sénégal.
LE SAES LANCE UN NOUVEL AVERTISSEMENT AU GOUVERNEMENT
Face au retard dans l’application du décret visant à corriger les inégalités dans le traitement des enseignants du supérieur, le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur annonce une reprise imminente de sa mobilisation.
Face à l’"inaction" du gouvernement et à la non-application du décret censé rétablir l’équité dans le traitement des enseignants du supérieur, le Syndicat autonome de l'enseignement supérieur (SAES) annonce une nouvelle phase de mobilisation dans les jours à venir.
Le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (SAES) hausse le ton. Lors d’une déclaration sur RFM, son Secrétaire général, David Célestin Faye, a dénoncé l’inaction du gouvernement et le non-respect des engagements pris dans le protocole d’accord du 6 janvier 2023.
« Le ministre n’a pas ouvert les négociations, contrairement à ce qui avait été convenu. Le décret censé rétablir la justice est toujours sans effet. Voilà trois mois que nous attendons, mais rien ne bouge. Dans les semaines à venir, nous allons reprendre la lutte », a martelé David Célestin Faye.
Le SAES appelle donc ses membres à se mobiliser massivement pour faire entendre leurs revendications et exiger l’application sans délai du décret signé par les autorités.
DIALOGUE NATIONAL, KHALIFA SALL APPELLE À UNE DÉMARCHE PLUS INCLUSIVE
Le coordonnateur du Front pour la Défense de la Démocratie et de la République (FDR) insiste sur l’importance d’une méthode fondée sur l’écoute directe de chaque entité politique pour garantir la crédibilité de la concertation.
Khalifa Ababacar Sall, coordonnateur du Front pour la Défense de la Démocratie et de la République (FDR), a réagi à l’invitation au dialogue national adressée par le ministère de l’Intérieur. Dans un communiqué rendu public ce mardi, l’ancien maire de Dakar a accusé réception de la lettre officielle, tout en appelant l’État à assumer pleinement ses responsabilités dans la conduite d’un processus réellement inclusif.
Sans rejeter ouvertement l’initiative, Khalifa Sall a pris soin de rappeler l’importance de la méthode dans la construction d’un dialogue crédible. « Nous vous invitons à saisir directement les différentes entités politiques », suggère le communiqué, appelant ainsi les autorités à approcher individuellement chaque formation politique, au lieu de se contenter d’une démarche globale ou impersonnelle.
Cette sortie du leader du FDR met en lumière les attentes d’une frange de l’opposition sur la nécessité d’une concertation élargie, équitable et transparente, condition sine qua non pour restaurer la confiance entre les acteurs politiques et les institutions de l’État.
PLUS DE 35 MILLIARDS FCFA D’AVOIRS CRIMINELS RECOUVRÉS PAR L’ONRAC
Cette annonce a été faite mardi par le magistrat Mor Ndiaye, lors d’un atelier de sensibilisation organisé à Dakar pour renforcer l’implication des organisations de la société civile dans la gestion des avoirs mal acquis.
L’Office national de recouvrement des avoirs criminels criminels (ONRAC) a recouvré plus de 35 milliards FCFA entre 2022 et 2025, a t-on appris, mardi, son directeur général, le magistrat Mor Ndiaye.
”L’ONRAC (….) a été créé le 23 juillet 2021, et cette structure est devenue opérationnelle déjà en mars 2022. Et depuis lors, les avoirs qui ont été recouvrés peuvent être estimés à peu près à plus de 35 milliards FCFA. Donc, c’est le travail inestimable qui a été fait jusque-là’’, a dit Mor Ndiaye.
Il s’exprimait lors d’un atelier national de sensibilisation et de plaidoyer des organisations de la société civile (OSC) sur le recouvrement et la gestion des avoirs au Sénégal.
Le Groupe d’action intergouvernemental contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) a accordé une subvention à l’ONG action humaine pour le développement intégré au Sénégal (AHDIS), pour organiser une campagne nationale de sensibilisation et de plaidoyer visant à mobiliser les organisations de la société civile autour des enjeux liés au recouvrement et à la gestion des avoirs mal acquis.
Le DG de l’ONRAC a rappelé que les avoirs criminels sont tous les avoirs saisis, confisqués dans le cadre d’une procédure pénale.
”La criminalité ici ne renvoie pas à l’infraction criminelle dans son sens, je veux dire, dans la catégorisation des infractions, mais ici ça renvoie à son sens pénal. L’acceptation criminelle ici renvoie au sens pénal du terme (…)’’, a-t-il précisé.
Concernant les difficultés à recouvrer les avoirs criminels surtout ceux logés à l’étranger, il a expliqué qu’il y a des bases de données qui permettent d’avoir ces informations.
”Il y’a une panoplie de dispositifs qui est mise en place et qui permet justement à nos acteurs qui sont impliqués de procéder au recouvrement des avoirs sur le plan international. Je dis très souvent qu’il est plus facile d’aller toucher et d’avoir les informations sur le plan international, parce que dans la plupart de ces pays il y a tout un dispositif de traçage’’, a-t-il aussi soutenu.
Pour sa part, Amacodou Diouf, de l’ONG action humaine pour le développement intégré au Sénégal (AHDIS), a affirmé que cet atelier sera organisé dans les autres régions pour informer les populations sur la problématique du recouvrement.
”A la suite de l’atelier de Dakar, certainement nous allons dans les autres régions du Sénégal où on pourra discuter avec les communautés à la base, les décideurs locaux et les autres organisations de la société civile autour de la problématique du recouvrement. Nous sommes convaincus que les organisations de la société civile peuvent faire quelque chose dans le cadre du recouvrement au-delà de la sensibilisation, à travers la participation dans le cadre de la formulation de certaines politiques, de certaines stratégies en la matière”, a t-il déclaré.
Plusieurs institutions nationales ont pris part à cet atelier notamment la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF), l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC), entre autres.
par Ly-Tall Aoua Bocar
DAKAR, CAPITAL DU FÉMINISME DU 15 AU 17 MAI 2025
EXCLUSIF SENEPLUS - Ce Symposium international en honneur à Fatou Sow est la moisson d’une œuvre de plus de cinq décennies. La forte participation masculine montre que le féminisme n’est pas un problème de femmes, mais de société
Du 15 au 17 mai 2025, la capitale sénégalaise, Dakar a vibré au rythme du féminisme dont les tambours s'élevaient du haut du Musée des Civilisations Noires Africaines de Dakar (MCN) non loin du Grand Théâtre national. Cette rencontre internationale dénommée ‟Symposium international sur La Démocratie au Féminin" était également un événement en l'honneur de la Professeure Fatou Sow", la première sociologue sénégalaise et même ouest-africaine.
Avec une longue trajectoire d'enquêtrice, de chercheure, d'enseignante, de conférencière internationale, d'encadreuse et de formatrice des étudiant-E-s, de collaboratrice avec des Centres et d'institutions de recherche, etc. Fatou Sow est l'auteure de nombreux ouvrages (15) et articles (9) qu'elle a écrits et/ou coécrits, axés principalement sur la question du genre.
Ce Symposium international à son honneur était en fait la moisson d’une œuvre de plus de cinq (5) décennies. Car, professeur Sow a opéré méthodiquement à la transmission de son savoir durant des décennies. Avec stratégie, pédagogie et générosité elle a formé de façon directe et indirecte (par ses ouvrages) plusieurs jeunes dames et même des jeunes gens au féminisme africain.
Des thématiques capitales pour le développement de la pensée scientifique et l'éclairage des esprits sur les problématiques des rapports sociaux femmes/hommes sur le continent africain y ont été discutées, certes avec passion, mais dans la sérénité et le respect mutuel. Parmi celles-ci, "L'apport de Fatou Sow à la pensée africaine contemporaine" qui a été brillamment développée par des chercheur-e-s majoritairement hommes. En effet, à côté des professeures Ndéye Astou Ndiaye et Amina Mama, messieurs Mamadou Diouf (USA), Ébrima Sall (Trust Africa Sénégal), Achille Mbembe (Fondation de l'innovation pour la démocratie, Afrique du Sud) ont relaté, souvent avec humour leurs premières rencontres avec la féministe. Ils ont mis en exergue ses riches contributions à la pensée africaine et même internationale, surtout, en qui concerne le genre, les rapports sociaux de sexe, les inégalités de genre, etc. Parmi ceux qui étaient présents, on peut mentionner les noms des professeurs Abdoulaye Élimane Kane, philosophe et Abdoulaye Bathily, historien, tous deux anciens ministres. Bien d’autres hommes de valeur et de jeunes gens étaient là. Cette présence masculine de qualité montre que le féminisme n’est pas un problème de femmes, mais de société.
Cependant, la professeurE Fatou Sow n'est pas seulement dans la pensée et l'écrit, c'est aussi une femme d'action, une chercheure de terrain. C'est de ce dernier statut que sont nés nos liens et notre collaboration de plus de 40 ans. Le Sénégal venait de créer le Secrétariat à la Condition féminine placé sous la direction de madame Maĩmouna Kane. Elle confia à Fatou Sow la collecte de données de terrain sur lesquelles s'appuyer pour élaborer le plan d'action de son Secrétariat. Vu que le Fouta (département de Matam et de Podor) était la zone qui lui était affectée, elle cherchait une enquêtrice qui parle pulaar/peulh. Pour je ne sais quelle raison, son choix se porta sur moi. J’étais alors une jeune étudiante qui débutait ses études au département de philosophie de l’Université de Dakar (actuelle Cheikh Anta Diop). Nous traversâmes le Fouta de long en large allant de village à village, du hameau peulh à la tente maure. Alors que je me destinais à la psychologie, avec ces enquêtes de terrain, je fus mordue à la sociologie. Je peux donc dire que c'est grâce à Fatou Sow que je suis devenue sociologue. Évoquant ce fait en guise de remerciements lors du 2ème lancement de mon ouvrage sur "De la Reine de Saba à Michelle Obama, Africaines héroïnes d'hier et d’aujourd'hui : à la lumière de l'œuvre de Cheikh Anta Diop " au Musée des Civilisations Noires Africaines (MCN), Fatou rétorqua : "En fait, c'est Aoua Ly qui dirigeait les enquêtes. Moi, je la suivais." C'est aussi cela cette noble Dame, l’humilité et la grande générosité intellectuelle et matérielle.
Ces enquêtes de terrain au Fouta Tooro furent le début d'une longue collaboration et surtout de liens de sœurotité qui ne se sont jamais estompés malgré le temps et les distances qui nous séparent très souvent au gré de nos activités académiques, de nos conférences internationales et de notre militantisme sur diverses causes dont la principale est celle du genre.
Notons aussi que Fatou Sow est la veuve de feu le Professeur Pathé Diagne, l'éminent intellectuel sénégalais, l'homme à l'engagement sans failles, compagnon de lutte de Cheikh Anta Diop. Fatou fut certes la compagne de vie de Pathé. Mais, elle fut aussi son ami et son partenaire dans la recherche, la production intellectuelle et la publication de livres et d'articles sur les problématiques africaines, voire mondiales. Ce qui rappelle à ceux qui savent, le couple Cheikh Anta Diop et Marie Louise Maes, l’historienne. Nous saluons leurs honorables mémoires.
C'est dire par divers tons que Professeure Fatou Sow méritait grandement cet hommage que lui a rendu par ses jeunes sœurs (Dre Mariama Touré, Fatoumata Diallo, Codou Bop, Fatoumata Ly, moi-même et tant d'autres), ainsi que ses nombreuses filles et nièces intellectuelles. Ce, sans compter les jeunes gens et les grands messieurs qui ont pris part à la rencontre.
Ce symposium sur « La démocratie au féminin en hommage à Fatou Sow » fut une consécration nationale et internationale pour Elle.
Force nous est de saluer et remercier celui par qui arriva cette fertile rencontre de féministes et de sympathisant-e-s du mouvement féministe. Je veux nommer le professeur Achille Mbembe, directeur général de la Fondation de l’innovation pour la démocratie vis-à-vis de qui notre gratitude est sans limite. Car, ce rassemblement dans la capitale sénégalaise, Dakar a ravivé la flamme du mouvement féministe africain dont la ProfesseurE Fatou Sow fut l’ingénieuse tisserande.
Dre Ly-Tall Aoua Bocar est Chercheure associée à l'I.E.F.G Université d’Ottawa au Canada, membre du CoPil de l'Histoire générale (HGS) du Sénégal, Sociologue, Auteure/Écrivaine et Conférencière internationale
ET SI ON FORMAIT CEUX QUI PEUVENT ENCORE SAUVER DES DRAMES SUR LE TERRAIN ?
EXCLUSIF SENEPLUS - La différence entre la vie et la mort se joue en quelques secondes. Ce n’est pas uniquement une question de fatalité. C’est aussi une question de préparation. Il ne suffit plus de pleurer les morts. Il faut former les vivants
Le football sénégalais traverse une période sombre. Ce dimanche 18 mai, un drame s’est produit sur le terrain de football du lycée Djignabo de Ziguinchor, lors d’un tournoi organisé par la communauté Ballante. Un jeune joueur du nom d’Anto Camara s’est effondré après un contact avec le gardien de l’équipe adverse. Il aurait perdu connaissance sur le coup. Rapidement évacué au centre hospitalier régional, il a malheureusement succombé quelques instants plus tard à ses blessures.
Ce décès intervient moins de 24 heures après celui de Fadiouf Ndiaye, capitaine de l’Union Sportive de Ouakam, survenu samedi 17 mai. Le défenseur central, pièce maîtresse des Requins, a été victime d’un malaise cardiaque en plein match contre l’Oslo FA, dans le cadre de la 24e journée de Ligue 1. Touché peu avant la mi-temps, le numéro 20 de l’USO a été pris en charge par les secours et conduit en urgence à l’hôpital. Il a rendu l’âme durant le trajet, son décès n’ayant été confirmé qu’à la fin de la rencontre.
En moins de 48 heures, le football sénégalais perd deux de ses acteurs sur le terrain, dans des circonstances dramatiques. Et une question brûle les lèvres : combien de drames faudra-t-il encore pour que la prévention prenne enfin le dessus ?
Il serait erroné de croire que ces tragédies ne surviennent qu’en Afrique. Les malaises cardiaques touchent tous les niveaux de la pratique sportive, et ce, partout dans le monde. Le football, sport d’effort intense et de charges émotionnelles élevées, est particulièrement exposé.
Tout le monde se souvient du choc provoqué par la mort du Camerounais Marc-Vivien Foé, en plein match de Coupe des Confédérations, le 26 juin 2003 à Lyon. Sa chute soudaine, ses yeux perdus, et l’angoisse sur les visages de ses coéquipiers restent gravés dans la mémoire collective. Malgré l’intervention des secours, le cœur du Lion Indomptable ne repartira jamais.
Plus récemment, en 2021, lors de l’Euro, le Danois Christian Eriksen s’est effondré sur la pelouse, victime d’un arrêt cardiaque. Mais cette fois, la fin fut différente. Grâce à la rapidité d’intervention du staff médical, à la présence d’un défibrillateur automatisé externe (DAE), et à une parfaite maîtrise des gestes de réanimation, Eriksen a été sauvé. Il rejouera même au football après sa convalescence.
Ces deux épisodes, tragiques dans un cas, miraculeux dans l’autre, soulignent une vérité essentielle : la différence entre la vie et la mort se joue en quelques secondes. Ce n’est pas uniquement une question de fatalité. C’est aussi une question de préparation.
Au Sénégal, comme dans de nombreux pays, la formation aux gestes de premiers secours reste marginale. Pourtant, un massage cardiaque bien réalisé ou l’utilisation rapide d’un défibrillateur peut considérablement augmenter les chances de survie d’une victime.
Il est urgent que les autorités sportives, les fédérations, mais aussi les collectivités locales prennent la mesure de cette nécessité. Cela passe par :
- La formation systématique des entraineurs, éducateurs, arbitres et joueur aux gestes qui sauvent.
- L’installation de défibrillateurs dans les stades, les centres d’entraînement, et même dans les lieux de pratique informelle.
- L’organisation de simulations d’urgence pour renforcer les réflexes de sauvetage.
- L’intégration d’un certificat de secourisme obligatoire pour toute licence sportive.
Des partenariats peuvent être noués avec la Croix-Rouge, les sapeurs-pompiers, ou des ONG médicales. Il ne s’agit pas seulement de sauver des athlètes : il s’agit de bâtir une culture du réflexe vital.
En tant qu’observateur attentif du football sénégalais, je reste optimiste. Des signaux positifs émergent. Parmi eux, l’engagement pris par Maître Moustapha Kamara, candidat à la présidence de la Fédération Sénégalaise de Football, dans son programme intitulé "Football pour tous". Il y propose que la Fédération prenne en charge la formation au secourisme dans tous les clubs professionnels et nationaux.
Plus encore, son programme prévoit que chaque club de Ligue 1, Ligue 2, et les clubs nationaux soient dotés d’un défibrillateur. Une mesure ambitieuse, indispensable, et qui pourrait faire basculer le destin de nombreuses vies.
Les arrêts de cœur ne préviennent pas. Ils ne laissent qu’une poignée de secondes pour réagir. Sur un terrain de football, cette poignée de secondes peut tout changer. Ce que nous vivons aujourd’hui doit être le dernier signal d’alarme avant l’action.
Il ne suffit plus de pleurer les morts. Il faut former les vivants. Et si demain, un simple geste appris lors d’une séance de secourisme permet de sauver une vie, alors nous aurons transformé ces drames en leçons, et ces pertes en promesses de protection pour les générations futures.