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6 août 2025
par Bassirou Sakho
ET SI ON FORMAIT CEUX QUI PEUVENT ENCORE SAUVER DES DRAMES SUR LE TERRAIN ?
EXCLUSIF SENEPLUS - La différence entre la vie et la mort se joue en quelques secondes. Ce n’est pas uniquement une question de fatalité. C’est aussi une question de préparation. Il ne suffit plus de pleurer les morts. Il faut former les vivants
Le football sénégalais traverse une période sombre. Ce dimanche 18 mai, un drame s’est produit sur le terrain de football du lycée Djignabo de Ziguinchor, lors d’un tournoi organisé par la communauté Ballante. Un jeune joueur du nom d’Anto Camara s’est effondré après un contact avec le gardien de l’équipe adverse. Il aurait perdu connaissance sur le coup. Rapidement évacué au centre hospitalier régional, il a malheureusement succombé quelques instants plus tard à ses blessures.
Ce décès intervient moins de 24 heures après celui de Fadiouf Ndiaye, capitaine de l’Union Sportive de Ouakam, survenu samedi 17 mai. Le défenseur central, pièce maîtresse des Requins, a été victime d’un malaise cardiaque en plein match contre l’Oslo FA, dans le cadre de la 24e journée de Ligue 1. Touché peu avant la mi-temps, le numéro 20 de l’USO a été pris en charge par les secours et conduit en urgence à l’hôpital. Il a rendu l’âme durant le trajet, son décès n’ayant été confirmé qu’à la fin de la rencontre.
En moins de 48 heures, le football sénégalais perd deux de ses acteurs sur le terrain, dans des circonstances dramatiques. Et une question brûle les lèvres : combien de drames faudra-t-il encore pour que la prévention prenne enfin le dessus ?
Il serait erroné de croire que ces tragédies ne surviennent qu’en Afrique. Les malaises cardiaques touchent tous les niveaux de la pratique sportive, et ce, partout dans le monde. Le football, sport d’effort intense et de charges émotionnelles élevées, est particulièrement exposé.
Tout le monde se souvient du choc provoqué par la mort du Camerounais Marc-Vivien Foé, en plein match de Coupe des Confédérations, le 26 juin 2003 à Lyon. Sa chute soudaine, ses yeux perdus, et l’angoisse sur les visages de ses coéquipiers restent gravés dans la mémoire collective. Malgré l’intervention des secours, le cœur du Lion Indomptable ne repartira jamais.
Plus récemment, en 2021, lors de l’Euro, le Danois Christian Eriksen s’est effondré sur la pelouse, victime d’un arrêt cardiaque. Mais cette fois, la fin fut différente. Grâce à la rapidité d’intervention du staff médical, à la présence d’un défibrillateur automatisé externe (DAE), et à une parfaite maîtrise des gestes de réanimation, Eriksen a été sauvé. Il rejouera même au football après sa convalescence.
Ces deux épisodes, tragiques dans un cas, miraculeux dans l’autre, soulignent une vérité essentielle : la différence entre la vie et la mort se joue en quelques secondes. Ce n’est pas uniquement une question de fatalité. C’est aussi une question de préparation.
Au Sénégal, comme dans de nombreux pays, la formation aux gestes de premiers secours reste marginale. Pourtant, un massage cardiaque bien réalisé ou l’utilisation rapide d’un défibrillateur peut considérablement augmenter les chances de survie d’une victime.
Il est urgent que les autorités sportives, les fédérations, mais aussi les collectivités locales prennent la mesure de cette nécessité. Cela passe par :
- La formation systématique des entraineurs, éducateurs, arbitres et joueur aux gestes qui sauvent.
- L’installation de défibrillateurs dans les stades, les centres d’entraînement, et même dans les lieux de pratique informelle.
- L’organisation de simulations d’urgence pour renforcer les réflexes de sauvetage.
- L’intégration d’un certificat de secourisme obligatoire pour toute licence sportive.
Des partenariats peuvent être noués avec la Croix-Rouge, les sapeurs-pompiers, ou des ONG médicales. Il ne s’agit pas seulement de sauver des athlètes : il s’agit de bâtir une culture du réflexe vital.
En tant qu’observateur attentif du football sénégalais, je reste optimiste. Des signaux positifs émergent. Parmi eux, l’engagement pris par Maître Moustapha Kamara, candidat à la présidence de la Fédération Sénégalaise de Football, dans son programme intitulé "Football pour tous". Il y propose que la Fédération prenne en charge la formation au secourisme dans tous les clubs professionnels et nationaux.
Plus encore, son programme prévoit que chaque club de Ligue 1, Ligue 2, et les clubs nationaux soient dotés d’un défibrillateur. Une mesure ambitieuse, indispensable, et qui pourrait faire basculer le destin de nombreuses vies.
Les arrêts de cœur ne préviennent pas. Ils ne laissent qu’une poignée de secondes pour réagir. Sur un terrain de football, cette poignée de secondes peut tout changer. Ce que nous vivons aujourd’hui doit être le dernier signal d’alarme avant l’action.
Il ne suffit plus de pleurer les morts. Il faut former les vivants. Et si demain, un simple geste appris lors d’une séance de secourisme permet de sauver une vie, alors nous aurons transformé ces drames en leçons, et ces pertes en promesses de protection pour les générations futures.
Bassirou Sakho est conseiller sportif.
LE DIALOGUE, UN ATOUT POUR MARQUER SES DIVERGENCES
Pour Moussa Diaw, cette concertation offre l'opportunité de "proposer des alternatives programmatiques", loin des anciennes pratiques clientélistes qui ont longtemps caractérisé la vie politique du pays
Le dialogue politique annoncé le 28 mai prochain est un mécanisme de débat contradictoire. C'est l'analyse du Professeur en Science politique, Moussa Diaw. Il se demande, en même temps, si ceux qui ont adopté la voie du boycott n'auraient pas tort au moment où le pays s'engage dans la mouvance de la bonne gouvernance et de la transparence.
Il va s'ouvrir au Sénégal, le 28 mai prochain, un dialogue national sur le système politique. Mais le vœu d'une démarche inclusive voulue par le chef de l'État ne sera pas réalisé. Et pour cause, le boycott annoncé par une partie de l'opposition notamment de l'Alliance pour la République de Macky Sall et de la République des Valeurs de Thierno Alassane Sall. Face à cette éventualité de boycott, le Professeur Moussa Diaw a, dans un article partagé avec la Rédaction, jeté le regard sur le soubassement de ce dialogue qui, dit-il, s'inscrit dans une logique participative et de recherche de consensus indispensable dans un espace démocratique.
Dès lors, le dialogue national, estime le Pr en Science politique, est un mécanisme de débat contradictoire. «Concertations nationales, conférences nationales, dialogue national, quelle que soit la dénomination choisie, cette initiative fixée, le 28 mai 2025, apparaît comme une opportunité pour associer l'ensemble des acteurs de différents horizons, formations politiques, société civile, organisations syndicales et autres, à des journées de réflexion afin d'asseoir de nouvelles règles de fonctionnement et de pratiques politiques, tout comme des adaptations nécessaires au code électoral», a-t-il écrit.
Plus loin, ajoute le spécialiste en Relations internationales, contrairement aux précédents dialogues intervenus dans un contexte d'impasse politique et de stratégie de contournement pour une reprise en main de l'initiative par des marchandages ou négociations, ces nouvelles rencontres sans arrière-pensée politique ouvrent des perspectives consubstantielles au changement politique et aux réformes institutionnelles à venir.
«Certains leaders politiques, habitués à des combines comme le pantouflage, recyclage ou «protocole», voire la transhumance, ne sont pas enclins à participer sans contrepartie au dialogue dans un contexte de reddition des comptes irréversible», constate le Pr Diaw non sans s'interroger : «Ceux qui ont choisi délibérément la voie du boycott ou de la contestation tous azimuts n'auraient-ils pas tort d'adopter une telle attitude au moment où le pays s'engage dans la mouvance de la bonne gouvernance et de la transparence ?»
En réalité, le spécialiste en science Po est d'avis que le Sénégal ne traverse pas une crise politique inédite ou sociale. Mais, à ses yeux, il souffre d'une mauvaise gouvernance économique et politique, avec des pratiques qui ont lourdement pesé sur ses capacités de développement.
Il convient, à cet effet, de redresser la situation par des mesures conséquentes et des initiatives permettant à l'ensemble des citoyens de participer à cette œuvre pour relever les défis. «L'opposition, quelle que soit sa configuration (fracturée), est une composante essentielle du paysage démocratique, elle doit s'efforcer de se conformer par sa créativité, l'innovation au niveau des idées, des hommes susceptibles de proposer des alternatives programmatiques et de convaincre les citoyens. Dès lors, le dialogue politique représente un atout pour marquer ses divergences et contribuer à ce travail, préalable à des réformes incontournables pour la stabilité et la consolidation de la démocratie», a-t-il martelé non sans faire remarquer que «la politique a changé de visage».
De l'avis du Pr Moussa Diaw, la politique a subi des mutations inexorables qui ont subrepticement pris de court des politiques qui ne s'attendaient pas à ce que le pouvoir leur échappe dans la mesure où ils l'ont construit dans un système de mobilisation clientéliste, fondé sur des pratiques distributives des ressources publiques. «Cette façon de faire de la politique s'est interrompue par la raréfaction des ressources mais surtout par l'arrivée de nouvelles autorités qui ont des conceptions différentes de la politique», a-t-il remarqué.
LA RENAISSANCE D’UN PHOENIX REDOUTABLE
La rentrée solennelle de l'école du Parti Socialiste marque une volonté de reconquête des consciences, mais plusieurs voix s'interrogent sur la pertinence de ce modèle à l'heure où les idéologies semblent céder le pas aux coalitions d'intérêts
Le Parti socialiste revient à ses fondamentaux qui ont toujours façonné son fonctionnement et raffiné ses militants. La formation militante qui était «sacrée» a été abandonnée depuis belle lurette au grand dam des sympathisants qui ne bénéficient d'aucune formation. Le contact avec le pouvoir depuis 2012 a plongé l'école du parti dans le coma. Mais les responsables ont décidé de rouvrir «l'école socialiste». D'où la tenue samedi de la rentrée solennelle de l'École du Parti Socialiste qui doit impérieusement réactualiser son référentiel. D'ailleurs, certains s'interrogent même sur la pertinence de l'école dans ce contexte de percée du populisme et le changement de paradigme et de rupture sémantique dans le discours politique.
Jadis passage obligé de tout militant du parti socialiste qui ambitionne de gravir tous les échelons pour se faire une place dans l'instance dirigeante, l'école du parti est à ses années sombres. «Sa vocation est d'informer et de former les jeunes socialistes. L'école est née dans un contexte particulier des partis idéologiques et chacune des idéologies correspondait à une forme d'économie. Il fallait que les jeunes militants fassent la différence entre les idéologies et les systèmes économiques», rappelle Ousseynou Keita, secrétaire général de l'union communale du Ps de Thiès et membre du bureau politique.
Lors de ces rencontres, le militant était entretenu sur l'histoire du parti socialiste, son organisation et sa vision politique et économique, renchérit, Alioune Badara Faye membre du Secrétariat exécutif national du Ps et secrétaire général de la 17e coordination du Ps de Guédiawaye. Plusieurs sujets étaient évoqués, notamment sur la démarche de la gauche, la place des socialistes sans occulter la géopolitique internationale. C'était le choc des idées et la gauche sénégalaise avait une force de proposition inégalable.
Mais toutes ces belles idées et théories qui façonnaient les militants des partis se sont assombries depuis l'avènement de la première alternance du Sénégal en 2000. «Depuis que le PS est allé à l'opposition en 2000 et qu'il est revenu aux affaires en 2012 avec l'élection de Macky Sall, le parti est absorbé par les coalitions. On n'est plus en mesure de tenir certaines activités inhérentes au fonctionnement du parti, comme l'école du parti. Le parti est négligé au profit de la coalition (Front siggil Sénégal & Benno Bokk Yaakaar)», constate M. Faye, responsable socialiste à Guédiawaye.
La renaissance de l'école du parti
Le parti socialiste qui a perdu de son charme au fil des alternances politiques, veut faire renaître l'école du parti pour préparer les jeunes militants aux prochaines batailles électorales. C'est pourquoi le maire Alioune Ndoye a initié samedi la rentrée solennelle de l'Ecole du Parti Socialiste. Le responsable socialiste de Dakar Plateau veut rendre au parti ses lettres de noblesse. Il est en train de redonner espoir aux jeunes socialistes et à la gauche sénégalaise.
«Je demeure convaincu que la Gauche ne reprendra la main, dans notre pays et ailleurs, que si elle se réinvestit dans le champ de la formation, celui de l'élévation intellectuelle amenant non pas seulement à comprendre le monde, mais aussi à vouloir le transformer, à savoir pourquoi et comment le transformer pour qu'il soit plus digne des humains», déclare Samba Sy, secrétaire général du PIT animant la conférence.
Toutefois, il relève un paradoxe des temps présents : le divorce entre la grande disponibilité des matériaux d'éducation et de formation, leur accessibilité due à la profusion de leurs moyens de diffusion, et le seuil d'élévation intellectuelle et d'exigence spirituelle des humains. «Autrement dit, alors que les moyens d'apprendre, de se façonner, de se forger intellectuellement connaissent une très grande expansion, il y a pourtant beaucoup d'inculture, beaucoup d'ignorance, une sorte de terrible sécheresse de la pensée. Comme si se baisser devenait d'autant plus difficile que ramasser était facile», a-t-il souligné.
«Qui gagne, dans la durée, la bataille des idées, remporte le combat»
Pour cette raison et bien d'autres, les militants de la justice sociale, ceux aspirant à la liberté bien comprise, ceux rêvant de paix et de progrès, ceux-là ont du pain sur la planche. «Il leur faut se retrousser les manches et se convaincre définitivement que qui gagne, dans la durée, la bataille des idées, remporte le combat. Il nous faut donc nous former, il nous faut connaître ; il nous faut affûter notre esprit critique pour devenir moins vulnérables aux chants des sirènes. Nous avons à aller à la rencontre de nos semblables pour leur montrer qu'il n'y a pas d'alternative viable au fait de prendre les autres pour des personnes d'égale dignité, ayant les mêmes droits, les mêmes devoirs et dont le commerce intelligent avec nous ferait notre bonheur à tous. Le Président Léopold Sédar Senghor ne nous engageait-il pas, à raison, à travailler à être de notre temps, à nous préparer à cette incontournable civilisation du donner et du recevoir ?», préconise le leader du PIT.
C'est la seule manière de renouer avec l'essence de la politique, nous allons édifier des cités où il fait bon vivre pour tous. «A l'évidence, les moyens d'y arriver aujourd'hui existent plus qu'hier. Ce qui reste, c'est la volonté ou l'envie de s'investir. Pas seulement pour soi, mais aussi pour les autres, pour l'humanité entière», conseille M. Sy devant les socialistes et Me Aïssata Tall Sall.
Interrogations sur la pertinence de l'école
Cependant, on s'interroge sur la pertinence de l'école du parti dans ce contexte de populisme. À moins que les socialistes réactualisent leur référentiel au contexte politique puisque les idéologies sont rangées dans les tiroirs et les partis sont mus au gré des intérêts politiques de l'heure. D'où les accointances entre libéraux et socialistes. On retrouve tout dans la coalition surtout au pouvoir. D'ailleurs, c'est la perte de sa boussole qui a égaré la gauche sénégalaise qui est déliquescente. Depuis qu'elle a goûté au pouvoir, elle a perdu ses idées, ses principes, bref son idéologie.
«Dans le contexte d'aujourd'hui, on accède au pouvoir sans formation militante. Les paradigmes ont changé. On est maintenant dans une logique de discourtoisie et de rupture de sémantique, ce qui fait que ceux qui étaient favorables aux débats d'idées ont peur de se prononcer. C'est pourquoi je me pose la question sur l'utilité de l'école du parti», s'interroge Ousseynou Keita. Il redoute que les militants puissent avoir un champ d'application de leur formation.
«La pensée populiste a ceci de préjudiciable qu'elle procède par raccourci et simplification abusive»
Une interrogation partagée par Samba Sy qui parle d'une époque poreuse au populisme et exposée à de grands risques. «Nous en sommes à une phase de développement de l'humanité d'une particulière complexité, une sorte de tournant dans lequel plus qu'avant, l'aventure humaine est menacée par ses propres conquêtes. (...). Or, dans le fond, tous ceux-là préconisant un certain souverainisme, ceux-là imputant toutes les difficultés vécues aux ''autres'' qui en seraient, à titre principal, la cause, tous ceux qui préconisent une culture du renfermement et du repli parce qu'estimant que les autres les encombrent. Ceux-là qui font légion et développent ici et là un discours faisant tilt, ne mettent-ils pas la commune humanité en danger ?» fait constater le leader du PS.
À l'en croire, la pensée populiste a ceci de préjudiciable qu'elle procède par raccourci et simplification abusive. «Elle a ceci de redoutable qu'en flattant les ego, elle fait oublier que tout pour moi et autrui pour autrui. Ne pas le comprendre, c'est oublier que notre langue est une langue parmi d'autres, notre pays un pays parmi d'autres, notre religion une religion parmi d'autres. Ne pas le voir, c'est verser dans cette insoutenable contradiction faisant que l'on désire profiter des autres en les rejetant, jouir de leurs apports en récusant leur droit à l'existence. Il faut donc combattre le populisme parce qu'à l'évidence, il met le monde en danger. Les idées simples et manichéennes dont il est porteur sont nocives et contraires à ce que la raison bien conduite devrait amener à épouser, à cultiver, à partager», exhorte-t-il les socialistes.
«Qui gagne la bataille de la conquête des consciences installe son leadership politique»
Malgré la percée du populisme qui est en passe de phagocyter les idéologies, le responsable socialiste Alioune Badara Faye pense qu'il faut dupliquer les écoles du parti à la base. «Il faut que les coordinations prennent le relais à la base pour mobiliser et former les militants», préconise le socialiste qui continue de croire à l'importance de l'école du parti dans la conquête du pouvoir.
«Si nous convenons qu'il y a urgence pour nous de retourner aux études, si nous adhérons tous à l'idée que qui gagne la bataille de la conquête des consciences installe son leadership politique, il reste à nous persuader que nos référentiels ont besoin d'être actualisés. Autrement dit, nous devons urgemment nous convaincre que tout n'a pas déjà été dit, réfléchi et pensé, y compris par ceux qui sont de notre famille de pensée. Plus que jamais, nous devons admettre que le marxisme, pour prendre cet exemple, est loin d'être un dogme parce qu'il est un guide pour l'action», a soutenu Samba Sy. Il est temps, à son avis, de retrousser les manches et de convaincre avec Marx que l'humanité ne se pose que les problèmes qu'elle peut résoudre.
Par Baba DIENG
LE PREMIER MINISTRE TRAHIT L’ESPRIT DE LA REPUBLIQUE
Il est des gestes qui, sous l’apparente neutralité des convenances humaines, révèlent de profondes fractures dans l’architecture morale d’un Etat
Il est des gestes qui, sous l’apparente neutralité des convenances humaines, révèlent de profondes fractures dans l’architecture morale d’un Etat. Lorsqu’un Premier ministre, censé incarner l’impartialité de la loi et la rigueur des institutions, s’autorise à rendre visite à un individu poursuivi pour des faits graves, il ne commet pas un simple écart de protocole. Il trahit l’essence même de la République. Il trahit la légitimité dont il est le dépositaire..
Il ne s’agit pas ici d’un débat sur la compassion ou les élans du cœur, mais d’un principe fondamental : celui de la séparation entre la sphère des affections privées et les exigences impérieuses (les servitudes) de la fonction publique. En sa qualité de chef du gouvernement, le Premier ministre n’est plus un homme libre de ses élans : il est une institution vivante. Il est, comme l’enseignait le philosophe Spinoza, celui qui a «cédé sa liberté à la cité», pour ne servir que l’ordre, la rationalité, la règle.
En se rendant au chevet d’un inculpé -quel qu’en soit le mobile apparent-, le Premier ministre commet un acte politique d’une redoutable portée symbolique. Il contredit l’égalité de tous devant la loi. Il instille dans l’opinion -dans la populace- l’idée pernicieuse que certains bénéficient d’une indulgence supérieure, d’un accès personnel au pouvoir, d’un privilège d’humanité que d’autres, plus anonymes, plus pauvres ou moins liés, n’obtiendront jamais. Il envoie un message dévastateur : que la fidélité partisane ou les affinités d’un autre ordre peuvent suspendre les exigences de Justice. Cela s’appelle le favoritisme. Cela s’appelle la rupture du pacte républicain.
Ce geste n’est pas sans rappeler les compromissions que dénonçait déjà Rousseau lorsqu’il écrivait que «le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître s’il ne transforme sa force en droit». Ici, c’est l’inverse qui se produit : le Droit se mue en force, en complaisance, en exception. Le Premier ministre, garant de la légalité, devient complice tacite d’une illégalité tolérée..
Ce n’est pas tant l’homme qui est en cause, mais ce que son acte révèle de l’effritement des repères normatifs de notre démocratie. A l’heure où les citoyens doutent de la probité des élites, où la fracture entre le sommet et la base devient béante, un tel acte alimente le ressentiment civique, la défiance généralisée, et délégitime un peu plus l’autorité morale de l’Etat.
Un Premier ministre n’a pas le droit d’agir en ami. Il ne lui appartient pas de consoler, de compatir ou de soutenir un justiciable. Loin s’en faut. Ce rôle revient aux avocats, aux proches, aux militants, mais non au chef du gouvernement. Celui-ci doit demeurer froid (c’est le sociologue allemand Max Weber qui nous dit qu’un bon homme politique doit se comporter ainsi), distant, irréprochable. Il doit préférer l’injustice d’un silence impartial à l’apparente justice d’un geste partial, clanique.
La République ne se défend pas uniquement par les armes ou les discours. Elle se défend par les symboles qui, enseigne Paul Ricœur, donnent à penser. Elle se défend par la tenue et la retenue, par le respect de la forme autant que du fond. Elle se défend surtout par la fermeté morale de ceux qui prétendent la servir.
En trahissant cette exigence, le Premier ministre n’a pas seulement fauté, il a failli. Il n’a pas mesuré -et on a l’impression qu’il en sera ainsi pour les cinquante prochaines années- la portée et la symbolique de sa fonction.
Mais il serait illusoire de concentrer l’indignation sur le seul geste du Premier ministre, sans dénoncer avec la même ardeur la forfaiture, plus vaste, plus insidieuse, d’une Justice devenue sélective, inféodée, capricieuse. Une Justice qui, au lieu de trancher avec équité, manie son glaive au gré des allégeances, modulant sa rigueur en fonction de la couleur partisane du justiciable. Lorsque le même acte entraîne l’emprisonnement brutal de certains, mais suscite la compassion officielle pour d’autres, c’est le principe même de l’Etat de Droit qui se délite. Une République où la loi cesse d’être la même pour tous n’en est plus une ; elle devient un théâtre d’ombres où l’arbitraire –c’est-à-dire quand les foucades du Prince font office de loi- drape dans la toge du Droit.
La promesse initiale d’un sursaut éthique, brandie comme étendard au début de ce magistère, s’est abîmée dans une réalité de plus en plus intolérable : celle d’une Justice aux ordres, stipendiée, devenue l’instrument d’un pouvoir politique qui sanctionne moins les faits que les appartenances. La vertu tant proclamée a accouché d’une partialité manifeste. Elle a engendré une République cynique, où l’on feint l’impartialité pendant que l’on favorise les siens et que l’on sacrifie les autres -Assane Diouf et Abdou Nguer, pour ne citer que quelques pestiférés.
Il n’y a pas de démocratie durable sans une Justice respectée, indépendante, aveugle aux amitiés et sourde aux injonctions, fussent-elles de l’Exécutif. Or, en foulant aux pieds cette exigence sacrée, le pouvoir actuel ouvre la voie non pas à l’autorité, mais à l’abus ; non pas à la stabilité, mais à l’embrasement général. C’est ainsi que les démocraties meurent : non dans un fracas, mais dans le silence honteux et coupable des renoncements.
A persister dans cette dérive, c’est bien plus qu’un simple malaise institutionnel que l’on installe : ce sont les germes d’une révolte sourde que l’on sème, les fondations d’un rejet profond que l’on consolide. Car il n’est de Peuple qui supporte indéfiniment d’être témoin d’une injustice érigée en méthode de gouvernement. Charles Bukowski, un écrivain qui m’est cher, a écrit qu’«un homme finit toujours par ne plus supporter la souffrance».
Lorsque la balance de la Justice penche systématiquement du côté du pouvoir, lorsque les principes les plus élémentaires sont piétinés au gré des intérêts immédiats, c’est la confiance citoyenne ellemême qui se désagrège. Et dans ce vide moral laissé par les élites, prolifère une colère populaire dont nul ne pourra, demain, prédire les formes ni contenir les débordements.
La défiance devient alors le réflexe de survie d’une population qui ne se reconnaît plus dans ses institutions, qui voit dans chaque décision judiciaire non pas une expression du Droit, mais une mise en scène d’un pouvoir partial. Ce soupçon constant, ce sentiment d’injustice vécue, alimente le ressentiment et fracture le lien républicain. Loin d’apaiser, la duplicité des élites radicalise. Loin d’unir, la Justice à deux vitesses divise, exclut, marginalise, déshumanise. Ainsi naît la tentation de la rupture : celle qui pousse les peuples à désobéir, à contester, à rejeter en bloc un système qu’ils ne perçoivent plus comme protecteur mais comme oppresseur. La République, trahie dans ses principes, se retrouve menacée dans ses fondements. Et c’est à ceux qui la trahissent, tout en prétendant la défendre, qu’incombera demain le poids du chaos qu’ils auront eux-mêmes déclenché.
Le Premier ministre n’a pas seulement l’ambition manifeste de trahir l’esprit de la République, il veut aussi, en bon panafricaniste égaré, déconstruire l’imaginaire sénégalais de grandeur et de terre où s’épanouissent les libertés. En se rendant au Burkina Faso, il clame à tue-tête, non sans anachronisme, sa fascination tragique pour les pays de l’Aes. C’est une flétrissure quand une démocratie comme la nôtre participe à la légitimation de ces pouvoirs militaires dont la seule légitimité émane des baïonnettes.
LE JARAAF DEPOSE UNE EVOCATION, BUILDERS SOUPÇONNE UNE «MANŒUVRE»
Battu et éliminé jeudi dernier, en demi-finale de la Coupe du Sénégal par Builders FC, le Jaraaf de Dakar refuse d’abdiquer. L
Battu et éliminé jeudi dernier, en demi-finale de la Coupe du Sénégal par Builders FC, le Jaraaf de Dakar refuse d’abdiquer. Le club de la Médina a officiellement déposé une évocation auprès de la Fédération sénégalaise de football, pour contester la qualification d'un joueur de Builders. En attendant que le dossier soit vidé par l’instance fédérale, c’est un climat de tension qui entoure le dossier après que le club de Patte d’Oie a dénoncé une manœuvre et une tentative de manipulation.
Ecarté et privé à la surprise générale d’une place en finale de la Coupe du Sénégal par Builders FC, club évoluant en national, le Jaraaf a contesté son élimination. C’est à travers une évocation transmise officiellement à la fédération sénégalaise de football. Dans cette réserve, le club de la Médina conteste la qualification d’un joueur de Builders FC. Le dossier est désormais sur la table de la Commission de discipline de la FSF, qui devra statuer et prendre une décision. En attendant, le club de la Patte d’Oie n’a pas manqué de réagir sur sa page officielle de Facebook en dénonçant une tentative de manipulation t de déstabilisation. « Le Jaraaf manœuvre pour jouer la finale de la Coupe du Sénégal. Le Jaraaf de Dakar a franchi un cap regrettable en déposant une évocation infondée à l'encontre d'un de nos joueurs, régulièrement transféré depuis Dakar Sporting Club vers Builders FC, avec des documents conformes et validés", lit-on. « C’est une tentative de déstabilisation coordonnée en coulisses. Elle porte la signature de Léonard Diagne, secrétaire général du Jaraaf et de la Ligue de Dakar ; Builders FC dénonce fermement ces pratiques contraires à l’esprit sportif et appelle les autorités compétentes à faire prévaloir la vérité, la justice et le fair-play. À ce jour, aucun document officiel ne nous a été transmis, et la Ligue de Dakar, habituellement prompte à envoyer des courriers, reste silencieuse », conclut le club.
ADDICTION CHEZ LES JEUNES, UN PHENOMENE PREOCCUPANT, SANS VERITABLE PRISE EN CHARGE
La dépendance, qu’elle soit liée à une substance ou à un comportement, s’installe insidieusement, au point d’échapper au contrôle de la personne concernée, malgré ses effets délétères sur la santé et la vie quotidienne.
La dépendance, qu’elle soit liée à une substance ou à un comportement, s’installe insidieusement, au point d’échapper au contrôle de la personne concernée, malgré ses effets délétères sur la santé et la vie quotidienne. Selon la Direction de la Santé de la Mère et de l’Enfant (Dsme), les adolescents et jeunes sénégalais ne sont pas épargnés. Accros aux écrans, à l’alcool ou aux réseaux sociaux, ils en subissent les conséquences sur leur équilibre mental. Un constat alarmant, d’autant que le pays ne dispose toujours pas d’une structure sanitaire dédiée à la prise en charge de ces dépendances chez cette frange de la population.
Deux types d’addictions sont distingués : celles avec substances (alcool, tabac, cannabis, cocaïne, opioïdes) et les addictions dites comportementales, comme les jeux vidéo, les réseaux sociaux ou encore les paris en ligne. La Dsme, à travers une communication sur le sujet, alerte sur les impacts de ces pratiques sur la santé mentale des jeunes. Altération des fonctions cognitives, troubles émotionnels, isolement ou encore perception biaisée du réel sont autant de signes révélateurs d’un mal qui gagne du terrain. En 2019, près de 970 millions de personnes souffraient de troubles mentaux ou du comportement dans le monde, selon l’OMS. Parmi elles, 301 millions étaient touchées par un trouble anxieux, dont 58 millions d’enfants et d’adolescents ; 280 millions souffraient de dépression, dont 23 millions de mineurs ; 40 millions de bipolaire ; 24 millions de schizophrénie ; et 14 millions de troubles de l’alimentation, dont près de 3 millions de jeunes.
Les signes cliniques les plus fréquents chez les jeunes addicts vont de l’anxiété à la dépression, en passant par une baisse des performances scolaires, un isolement social et des comportements à risque, comme le passage à des drogues plus dures. À ces effets s’ajoutent souvent des démêlés avec la justice. Pour la Dsme, plusieurs facteurs de vulnérabilité peuvent favoriser ces addictions : une faible estime de soi, une impulsivité marquée, un environnement familial fragile, la consommation de substances par les parents, la négligence éducative ou encore la pression des pairs et l’accès facilité aux produits. La réponse, selon la direction, doit être précoce, globale et surtout adaptée à l’âge et au contexte des jeunes. Elle recommande une approche multidimensionnelle, allant du dépistage à l’accompagnement thérapeutique.
Pour enrayer la progression du phénomène, la Dsme appelle à renforcer la prévention, intégrer la sensibilisation aux addictions dans les programmes scolaires, impliquer davantage les parents et les enseignants, et miser sur les outils numériques, notamment à travers la télémédecine ou des plateformes d’écoute et d’assistance. Mais les défis restent considérables. Pour y faire face, la direction plaide pour une intégration de la santé mentale dans les autres programmes, un accroissement progressif des budgets alloués à cette problématique, une politique active de réduction des risques, et surtout une décentralisation de l’offre de soins en santé mentale.
Cette communication a été livrée à Dakar vendredi dernier, lors d’un atelier organisé avec l’Association des journalistes en santé, population et développement (Ajspd), en vue de sensibiliser les médias sur ce fléau qui ronge de plus en plus la jeunesse.
L’ENJEU DU SECTEUR EXTRACTIF N’EST PAS SEULEMENT ECONOMIQUE
Ces propos sont du président de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) Thialy Faye. Il s’exprimait hier, lundi 19 mai, lors de l’atelier de présentation des conclusions du Rapport ITIE 2023
La Coalition publiez ce que vous payez, avec l’appui du programme PASC, a organisé hier, lundi 19 mai, un atelier de présentation des conclusions du Rapport ITIE 2023 et des activités du premier semestre 2024 à l’attention des parlementaires de l’Assemblée nationale du Sénégal. Au cours de cette rencontre, le président de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives Thialy Faye a relevé que l’enjeu du secteur extractif n’est pas seulement économique. Pour lui, il est aussi social, environnemental et générationnel.
«L’enjeu du secteur extractif n’est pas seulement économique, il est social, environnemental et générationnel ». Ces propos sont du président de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) Thialy Faye. Il s’exprimait hier, lundi 19 mai, lors de l’atelier de présentation des conclusions du Rapport ITIE 2023 et des activités du premier semestre 2024 à l’attention des parlementaires de l’Assemblée nationale du Sénégal.
« Notre ambition collective doit être claire : faire des ressources naturelles un levier de développement durable, et non une source de tensions ou d’inégalités », indique-t-il.
Pour lui, cela suppose une implication renforcée du Parlement, non seulement à travers les lois que vous votez, mais aussi dans le suivi régulier de l’exécution des recommandations issues de l’ITIE. Il invite par ailleurs les députés à s’approprier les données, à questionner les pratiques, et surtout à porter la voix des citoyens dans toutes les décisions qui concernent nos ressources extractives.
« Le Comité National ITIE est pleinement disposé à travailler à vos côtés pour approfondir ce dialogue. Car c’est ensemble : institutions, société civile, entreprises, communautés, que nous pourrons consolider les acquis et élever encore notre niveau de transparence et de gouvernance, à la hauteur des attentes du peuple sénégalais », lance-t-il.
Pour sa part, Papa Fara Diallo, Président de la Coalition publiez ce que vous payez Sénégal pense que le Parlement, en tant qu’organe de contrôle de l’action publique et d’orientation des politiques nationales, a un rôle essentiel dans la gouvernance des industries extractives.
« Nous souhaitons que cet atelier marque une étape décisive dans la consolidation du partenariat entre société civile et Parlement. Un partenariat fondé sur le respect mutuel, la complémentarité des rôles et l’engagement envers l’intérêt général », a-t-il laissé entendre.
AMADOU BA ET LA NOUVELLE RESPONSABILITE FAVORABLES A L’INVITATION DU CHEF DE L’ETAT
A l’instar d’autres partis de l’opposition comme l’ACT, le PIT… la Nouvelle Responsabilité a décidé de répondre favorablement à l’appel du Chef de l’Etat au Dialogue politique du 28 mai prochain.
A l’instar d’autres partis de l’opposition comme l’ACT, le PIT… la Nouvelle Responsabilité a décidé de répondre favorablement à l’appel du Chef de l’Etat au Dialogue politique du 28 mai prochain.
La décision de la Nouvelle Responsabilité de l’ancien Premier ministre Amadou Ba, de participer au Dialogue politique du 28 mai prochain, à l’appel du Chef de l’Etat, constitue une réponse politique responsable face aux enjeux multiformes auxquels notre pays est aujourd’hui confronté, explique le parti dirigé par l’ancien Premier ministre, par ailleurs candidat malheureux aux élections présidentielles de mars 2024.
«En parfaite cohérence avec ses valeurs républicaines et ses objectifs de développement économique et social, la Nouvelle Responsabilité (NR) a pris la décision de participer au dialogue national auquel elle a été conviée par le Président de la République, Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye», indique, dans un communiqué, le parti la Nouvelle Responsabilité.
A en croire Amadou Ba et ses camarades, «Cette décision, mûrement réfléchie, constitue pour la Nouvelle Responsabilité une réponse politique responsable face aux enjeux multiformes auxquels notre pays est aujourd’hui confronté. Fidèle à son crédo, «Jamm Ak Njarin» (Paix et Prospérité partagée), la Nouvelle Responsabilité réaffirme son engagement en faveur d’un Sénégal uni, stable et prospère.»
Toutefois, trouvant insuffisante la thématique centrale proposée, face aux attentes profondes et légitimes des Sénégalaises et des Sénégalais, il appelle à y inclure les questions économiques et sociales d’intérêt national. «C’est pourquoi, soucieuse d’une approche globale et inclusive, la Nouvelle Responsabilité propose d’élargir les termes du débat à des questions économiques et sociales d’intérêt national. Il s’agit notamment, de la dette publique ; de la maîtrise du déficit budgétaire ; de l’équité fiscale ; de l’emploi et de l’employabilité des jeunes; des dynamiques migratoires ; du développement durable ; du pouvoir d’achat et de la cherté de la vie ; Ainsi que de la préservation des libertés fondamentales, tant individuelles que collectives», préconise le parti dirigé par l’ancien Premier ministre.
Aussi la Nouvelle Responsabilité considère «que le Dialogue national ne doit pas être conçu comme un simple cadre d’échanges entre acteurs politiques. Il doit plutôt s’imposer comme un instrument républicain de pacification, de renforcement de la démocratie et de consolidation de l’Etat de droit. À ce titre, la confiance et le respect mutuel entre les parties prenantes en constituent la condition sine qua non de succès.»
Et la NR d’ajouter : «Notre participation s’inscrit dans une dynamique de contribution critique et constructive, dans un contexte politique, économique et social particulièrement préoccupant qui nécessite rapidement des mesures d’apaisement», assure la NR. Donc, «En tant que force politique incontestable, la Nouvelle Responsabilité s’engage à prendre part à ce dialogue avec un sens élevé de l’intérêt général, dans le souci constant du bienêtre de nos concitoyens et du renforcement des acquis démocratiques. Elle le fera avec responsabilité, dans l’espoir d’un Sénégal libre, démocratique, uni et prospère», conclut-elle
Par Babacar P. Mbaye
NON, LE MALI N’EST PAS EN TRAIN D’ETRE «DENAZIFIE» PAR LA RUSSIE
En prétendant défendre la souveraineté du Mali tout en rompant toute coopération normale avec les démocraties, la junte s’isole et isole le pays, se militarise et plonge le Mali dans une instabilité chronique.
L e 11 mai 2025, le Général de Corps d’Armée Ismaël Wagué a affirmé publiquement : « avec cette coopération russe, nous sommes en train de dénazifier le Mali ». Cette déclaration, a été faite lors d'une réception organisée à l'ambassade de Russie à Bamako. Cet événement commémorait le 80e anniversaire de la victoire de l'Union soviétique sur l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale.
Ce propos qui emprunte le vocabulaire du Kremlin utilisé pour justifier la guerre contre de l’Ukraine, mérite une mise au point rigoureuse. Elle repose sur une inversion historique et factuelle d’une gravité inquiétante.
Tout d’abord, il faut préciser que Moscou a justifié l’agression de l’Ukraine par la volonté de dénazifier le pays, en 2022. Au plan intérieur, le Kremlin cite suffisamment le terme dénazification pour délégitimer les opposants et certains activistes de la société civile et des médias. L’usage ici du terme par un officier malien, un des piliers de la junte, dans un contexte où le pays est en partenariat renforcé avec la Russie interroge et inquiète, notamment au regard de la réalité idéologique des groupes paramilitaires russes actuellement actifs au Mali.
L’usage du terme dans le contexte malien prête presque à sourire tant le groupe Wagner qui y sévit sur ordre du pouvoir putschiste est une entreprise fondée par un sulfureux personnage, issu des rangs du néonazisme. En effet, Wagner, présent au Mali depuis le départ de la force française Barkhane, a été fondé par Dmitri Outkin, un ancien officier des forces spéciales russes et néo-nazi revendiqué et assumé. Outkin portait notamment sur le corps plusieurs tatouages nazis, dont les insignes de la Waffen-SS, et avait nommé le groupe Wagner en référence à Richard Wagner, compositeur préféré d’Adolf Hitler.
Les mercenaires russes utilisent aussi souvent les insignes runiques sur leurs théâtres d’opération. L'un des plus utilisés est la rune Othala, qui figurait auparavant sur un drapeau de l'infanterie SS pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce symbole incarnant le « patrimoine, l'héritage, les biens hérités » est devenu un signe favori des suprématistes blancs. Loin d’être un outil de lutte contre le nazisme, Wagner est en réalité un prolongement d’une idéologie xénophobe, suprémaciste et racialiste, dont les valeurs sont fondamentalement incompatibles avec toute vision républicaine ou anticolonialiste.
Depuis la disparition officielle d’Evgueni Prigojine dans un crash d’avion dont les contours et les circonstances demeurent très sombres, l’entité Wagner au Mali a été progressivement remplacée par l’« Africa Corps », sous l’autorité directe du ministère russe de la Défense. Le choix de cette appellation est tout sauf anodin. Elle fait référence au Deutsches Afrikakorps, l’unité de l’armée allemande commandée par le maréchal Erwin Rommel, qui mena des campagnes militaires en Afrique du Nord durant la Seconde Guerre mondiale sous les couleurs du Troisième Reich. Ce corps expéditionnaire nazi a été impliqué dans des exactions contre des soldats africains capturés et emprisonnés par les forces de l’Axe. Dans un article daté du 6 aout 2007 très fouillé, le média Jeune Afrique, reprenant un travail de l’historienne Catherine Coquery-Vidrovitch, avait mis en lumière les persécutions des Africains sous le régime nazi. (Quand Hitler massacrait les Noirs, JA n° 2482). En effet, nombreux tirailleurs sénégalais faits prisonniers ont été massacrés par les troupes allemandes, dans des actes de guerre qui tenaient pour beaucoup du racisme.
Le fait qu’un officiel malien reprenne en 2025 cette terminologie relève d’un grand contresens historique. Mais il s’agit aussi d’une tentative visant à blanchir et réhabiliter un pan entier de l’histoire militaire nazie, dans un continent qui fut précisément l’une de ses victimes. Qualifier d’« opération de dénazification » la présence de forces russes, elles-mêmes liées à une idéologie néo-nazie explicite, constitue une insulte non seulement à l’intelligence, mais aussi à la mémoire des victimes africaines du nazisme. C’est faire fi de l’histoire, travestir les faits et manipuler l’opinion publique malienne à des fins de légitimation d’un pouvoir autoritaire et militarisé.
Au Mali, cette coopération s’est traduite par des violations graves des droits humains (notamment à Moura, en mars 2022), des pressions fiscales sur les opérateurs miniers pour financer la présence russe et un renforcement de la dépendance économique et sécuritaire envers Moscou, dans un contexte d’opacité totale.
Ainsi, la déclaration du Général Ismaël Wagué relève d’un renversement orwellien du réel et d’une manipulation populiste. Les faits sur le terrain racontent une tout autre réalité. Car contrairement au fait de « dénazifier » le Mali, la Russie y déploie des structures militaires issues d’un imaginaire autoritaire assumé. Les fondements de la souveraineté populaire dans le Sahel sont mis à mal, notamment dans les trois pays de l’AES. Car en substituant à un partenariat multilatéral un contrôle opaque, idéologiquement chargé, et historiquement blessant, on met à mal des décennies de souveraineté certes imparfaite mais réelle.
Le Mali est dans une situation préoccupante tandis que la junte actuelle au pouvoir s’emploie à fermer les espaces de liberté et à maintenir les citoyens sous une autorité aussi opaque que violente. Il n’est pas désormais exagéré au vu de la situation sécuritaire du pays, de la dissolution des partis politiques et du mandat de 5 ans taillé pour lui-même par Assimi Goïta en toute illégalité de douter de l’avenir du Mali, qui risque de sombrer dans l’amnésie et l’aliénation.
Le drame malien est profond. Les campagnes militaires menées en solitaire, par un pouvoir illégitime, se caractérisent par une forte brutalité. À Moura, en mars 2022, les forces maliennes, épaulées par le groupe Wagner – rebaptisé Africa Corps –, ont été accusées du massacre d’au moins 300 civils par un rapport de l’ONU et de Human Rights Watch. Dans le pays, les exécutions sommaires, violences sexuelles et déplacements forcés sont devenus monnaie courante. Face à son incapacité à tenir ses promesses sécuritaires et économiques, la junte mise sur la répression pour survivre. Le discours martial et nationaliste justifie les restrictions des libertés et l’érosion de l’État de droit. La suspension la semaine dernière de toutes les activités politiques est un élément révélateur de la dérive malienne. Des figures de la société civile, comme Abba Alhassane et El Bachir Thiam, ont été enlevées pour avoir osé critiquer le régime. Les médias indépendants sont traqués.
En prétendant défendre la souveraineté du Mali tout en rompant toute coopération normale avec les démocraties, la junte s’isole et isole le pays, se militarise et plonge le Mali dans une instabilité chronique. Le terrorisme s’enracine, les populations sont livrées à elles-mêmes, et la gouvernance est réduite à une logique de contrôle autoritaire. Ce n’est plus seulement l’échec d’un projet sécuritaire : c’est le risque de l’effondrement d’un ordre régional qui part de trois régimes putschistes. Seule une pression diplomatique internationale soutenue, accompagnée d’un véritable engagement en faveur de la restauration d’institutions civiles, pourrait encore enrayer cette dynamique mortifère. Et le Sénégal ne doit ni être dans l’admiration ni dans le jugement hâtif avec les pays de l’AES, mais il doit déployer une puissance diplomatique forte et persuasive pour aider le Mali et ses deux partenaires à recouvrer le chemin de la légalité et de la légitimité démocratique.
Babacar P. Mbaye
Expert en géopolitique
MULTIPLE PHOTOS
REVUE DE PRESSE DE CE MARDI 20 MAI 2025
L’actualité sénégalaise de ce jour est particulièrement riche et dominée par des secousses judiciaires, des interrogations politiques profondes, des scandales financiers et une actualité sportive animée.
(SenePlus) L’actualité sénégalaise de ce jour est particulièrement riche et dominée par des secousses judiciaires, des interrogations politiques profondes, des scandales financiers et une actualité sportive animée. Tour d’horizon des principaux titres de la presse nationale.
Gouvernance et tensions politiques : l’agenda trouble du pouvoir en place
Le climat politique sénégalais reste agité alors que les appels au dialogue se heurtent à des suspicions de manœuvres politiques. Tribune révèle "L’agenda caché du dialogue", laissant entendre que des tractations en coulisse pourraient modifier la carte politique actuelle.
Dans le même registre, Direct News affiche à sa une : "Amadou Ba assume, Macky et l’APR se cherchent", soulignant les divergences de lignes au sein de l’Alliance pour la République après les dernières joutes électorales et les départs en cascade.
Point Actu, pour sa part, s’interroge : "Vers un nouveau paysage politique ?", illustrant l’incertitude qui règne quant à la recomposition des forces politiques et l’avenir des coalitions.
De son côté, Yoor-Yoor met en exergue un message fort du Premier ministre Ousmane Sonko, titrant : "C’est l’heure pour l’Afrique de prendre son destin en main". Un appel panafricaniste prononcé dans un contexte de montée des souverainismes sur le continent.
Affaires judiciaires : une justice en ébullition
La justice sénégalaise connaît une activité soutenue ces derniers jours. De nombreux titres y consacrent leur une. Les Échos est formel : "La machine judiciaire à 100 à l’heure". Le quotidien revient aussi sur une affaire troublante : "Une saisie tumultueuse de billets noirs", suggérant une implication de figures influentes dans des réseaux financiers occultes.
Libération, fidèle à sa tradition d’enquêtes, parle d’une "présumée association de malfaiteurs traquée", ajoutant que de lourdes sommes d’argent ont été interceptées, relançant la question de la criminalité économique.
Sud Quotidien révèle que "Saliou Diop [est] sous contrôle judiciaire" dans le cadre d’une affaire de corruption liée à des marchés publics.
L’Évidence, quant à lui, tire la sonnette d’alarme avec ce titre : "250 emplois menacés, les travailleurs se mobilisent". Derrière cette alerte sociale, c’est une situation judiciaire qui fragilise une entreprise et ses salariés.
Dans un dossier retentissant, Bës Bi - Le Jour lâche : "Lat Diop, l’affaire de trop", pointant des soupçons graves autour de la gestion de la LONASE. Le journal évoque aussi la pression judiciaire croissante sur certains responsables d’organismes publics.
Le Témoin adopte une posture critique avec ce titre évocateur : "La caution contre la liberté", dénonçant une justice à deux vitesses où seule la capacité financière semble garantir une liberté provisoire.
Société : tensions et dérapages
WalfQuotidien aborde deux sujets brûlants. D’un côté, les débats autour de la succession à la tête du Conseil Constitutionnel : "Risques de bicéphalisme", et de l’autre, une inquiétude sanitaire criante : "Pourquoi tant de décès dans les stades ?" s’interroge le journal, après une série de morts subites enregistrées lors d’événements sportifs.
Kritik’ opte pour un angle plus humain avec un témoignage poignant en une : "Jean Koe Ntong à cœur ouvert", qui semble marquer un tournant dans un parcours judiciaire ou professionnel sensible.
Économie et finances : entre gabegie et prédation
EnQuête révèle un dossier inquiétant sur la gestion d’une caisse de dépôts avec ce titre corrosif : "La nouvelle vache à lait", mettant en lumière les soupçons de détournement dans une institution stratégique.
Dans une autre affaire, Tribune dévoile que "Ndeye Saly Diop décaisse 57 millions FCFA pour éviter la prison", ce qui pose encore une fois la question du rapport entre moyens financiers et traitement judiciaire.
Sport : entre exploits et scandales
Dans le domaine sportif, l’actualité ne manque pas de relief. Stades rapporte un fait marquant dans le volleyball sénégalais : "Le ministère des Sports condamne le comportement de Zarco", après des propos ou agissements jugés inappropriés du sélectionneur national.
Record braque ses projecteurs sur le jeune Himan, avec cette une interrogative : "Himan en métro… nommé des Lions ?", illustrant la progression spectaculaire du joueur vers la tanière.
Point Actu Sport revient sur la scène européenne avec ce titre : "Brighton renverse Liverpool et s’accroche à son rêve européen", soulignant une performance majeure dans la course aux compétitions continentales.
Rewmi Sports+ annonce la prochaine grande messe du football mondial avec : "Ballon d’Or 2025 : le successeur de Rodri connu le 22 septembre", tout en évoquant la montée en puissance de Mikayil Faye parmi les potentiels lauréats.
Culture et communication : une institution dans la lumière
Enfin, Le Soleil célèbre sa propre histoire avec une couverture spéciale : "Quinquagénaire et tout rayonnant", à l’occasion de ses 55 ans. Le journal revient sur son parcours, ses défis et sa place incontournable dans le paysage médiatique sénégalais.