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25 mai 2025
Par Mamadou Oumar NDIAYE
«CETTE ELECTION VA SUREMENT ETRE LA CONFRONTATION ENTRE DES CANDIDATS HONNETES DESARGENTES ET LES PLUS GRANDS VOLEURS DE LA REPUBLIQUE !»
Pour parler des candidats hors du pouvoir bien sûr, nous avons justement rencontré Mary Teuw Niane pour une interview exclusive qui nous sort des insultes, sentiers battus et autres poncifs
Hélas, en démocratie, les voix ne se pèsent pas mais se comptent ! C’est le nombre de suffrages obtenus qui permet d’espérer être élu notamment à la magistrature suprême. Car si c’est la compétence, l’expérience des affaires de l’Etat, la probité mais surtout la qualité du programme, alors nul doute qui étaient les critères d’élections nul doute que la mère des élections se jouerait entre des candidats comme Boubacar Camara, Abdoul Mbaye mais surtout, surtout, Pr Mary Teuw Niane. Pour parler des candidats hors du pouvoir bien sûr. Nous avons justement rencontré ce dernier pour une interview exclusive qui nous sort des insultes, sentiers battus et autres poncifs. Entretien.
Le Témoin - Professeur Mary Teuw Niane, il y a déjà une pléthore de candidats sur la ligne de départ de l’élection présidentielle de février 2024. Vous qui n’êtes pas un politicien professionnel, que diable venez-vous faire dans cette galère ?
Mary Teuw NIANE - C’est l’appel du pays qui me pousse à déclarer ma candidature à l’élection présidentielle de 2024. En effet, lorsque nous assistons à l’effondrement des valeurs qui fondent la République et notre vivre-ensemble, lorsque la connaissance et la compétence ne sont plus les critères de valorisation des personnes et enfin lorsque la violence dans toutes ses formes s’empare du pays, il est alors essentiel que les femmes et les hommes de bonne volonté, les patriotes sincères, les compétences avérées se mettent au service de notre pays pour arrêter cette spirale destructrice de notre Nation. C’est pourquoi, adossé à mes expériences réussies de gestion des affaires publiques, directeur d’UFR, Recteur et Ministre, des affaires liées aux savoirs et à leurs organisations au niveau international, ayant en bandoulière l’impérieuse nécessité de transformer tous les segments de la vie économique, sociale et culturelle du pays en vue de construire le bien-être de notre population, j’ai décidé de demander le suffrage des Sénégalaises et des Sénégalais. Je constate malheureusement la mainmise des politiciens sur l’appareil d’État, leur occupation sans partage de l’espace médiatique. Cependant, la première grande rupture dans la transformation politique de notre pays sera la défaite en février 2024 des politiciens et de tous ceux qui font de la politique un métier. Je me ferai un point d’honneur d’y apporter ma contribution.
Professeur, plus de 60 ans après les indépendances africaines, du moins celles des pays de l’ex-Afrique occidentale française, on constate qu’aucun d’eux n’a réussi à émerger contrairement par exemple à des nations asiatiques qui avaient le même niveau de développement qu’eux en 1960 et qui, aujourd’hui, tiennent la dragée haute aux pays développés dans bien des domaines. Qu’est-ce qui n’a pas marché chez nous et qui fait que, au contraire, les pays africains donnent l’impression de régresser ?
En fait, les Présidents de nos pays depuis 1960 ont manqué de patriotisme, de clairvoyance dans leurs visions du développement et d’ambitions dans les objectifs qu’ils se sont fixés. Comment pouvez-vous comprendre que nos différents Présidents de la République fassent de l’Agriculture leur première priorité économique sans pour autant régler la question de l’eau, la question des semences, la question des fertilisants et le problème critique de l’alignement des filières de formation sur les priorités économiques ? Les différentes politiques menées jusqu’à présent démontrent une inconséquence dans les choix, une absence de continuité dans les stratégies, une incapacité à rompre avec l’ordre néocolonial, une soumission aux institutions internationales de financement, de coopération et de conseil. Contrairement aux pays asiatiques, aucun de nos pays n’a réglé les préalables à sa marche vers le bien-être de sa population. L’éducation, la formation professionnelle, l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation sont encore dans un état insuffisant, inadapté et très peu incitatif pour le développement économique. Peut-on sérieusement supprimer la pauvreté avec une grande partie de la population qui est analphabète ? Nos Présidents n’ont pas eu le courage de jeter dans la poubelle de l’histoire des stratégies inopérantes et avilissantes comme « la lutte contre la pauvreté ». Il leur a manqué d’aimer suffisamment leur pays pour comprendre que la seule stratégie devrait être « l’enrichissement de leur population » en raison des richesses naturelles et extractives dont disposent leurs pays et du trésor que représente la jeunesse de leurs populations. Nos administrations manquent crucialement d’une masse critique de ressources humaines compétentes dans l’élaboration, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des politiques publiques. Après soixante années d’indépendance, la culture de la performance et du résultat est très superficielle dans nos pays. Enfin, à des degrés certes divers, nos différents dirigeants ont laissé prospérer la corruption, le népotisme et soumis la justice aux impératifs de l’État-parti, ce qui constitue un lourd handicap dans la compétitivité économique et dans l’éclosion des talents.
Sans avoir les ressources naturelles ou minières dont l’Afrique dispose en abondance, ces pays asiatiques ont pu décoller et devenir « émergents » comme on dit. L’un des facteurs explicatifs de cette réussite, c’est l’éducation et tout le monde en convient. En tant que professeur d’université, ancien recteur de l’Université Gaston Berger et ancien ministre de l’Enseignement supérieur, pouvez-vous nous dire pourquoi est-ce que notre enseignement n’a pas pu favoriser le développement de nos pays ?
Même si les différents Présidents qui se sont succédé ont tous affirmé que l’éducation et la formation faisaient partie de leurs principales priorités, aucun d’entre eux n’a fait le nécessaire pour que ces deux secteurs constituent le levier du développement économique, social et culturel. Les pays asiatiques ont en effet bâti leur marche vers le bien-être de leurs populations à partir d’un développement sans précédent de l’éducation, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. Ils ont donné une place particulière à l’appropriation de la science et de la technologie dans une formation massive et volontariste de leur capital humain. Notre pays, malgré quelques réformes de son éducation nationale et de sa formation professionnelle, n’a osé faire aucune rupture pour que l’école au Sénégal soit une réelle école sénégalaise et une école de développement. Notre école est demeurée une école étrangère au Sénégal, une école-tour d’ivoire, isolée de la société et du monde socio-économique. Jusqu’à aujourd’hui, notre pays n’a pas atteint la scolarisation universelle, jusqu’à aujourd’hui, nos langues nationales ne sont pas universellement utilisées dans nos écoles comme langues vivantes porteuses de connaissances et supports de base de l’enseignement préscolaire et élémentaire. Les religions et nos valeurs cardinales de culture ne sont pas des sujets d’enseignement dans notre école. Dans ces conditions, il est clair que notre école n’a pas réussi à former le citoyen sénégalais pour qu’il affronte avec succès les défis du développement. Cette école n’a pas créé les conditions pour préparer les enfants à s’approprier les mathématiques, la science et la technologie. L’école n’a pas été le lieu privilégié de promotion de l’apprentissage à un métier. La formation professionnelle, malgré les discours, est restée embryonnaire. La mentalité générale méprisante pour les « wacc raxasu » n’a pas pu être éradiquée. En définitive les pouvoirs successifs nous ont légué un pays où l’analphabétisme est une plaie béante, un préscolaire, des écoles élémentaires, des collèges et des lycées d’enseignement général, professionnels et techniques en nombre insuffisant, déconnectés des réalités socio-économiques et culturelles, insuffisamment équipés, avec un personnel insuffisamment formé. Nous réformerons en profondeur notre système éducatif, de formation professionnelle, pour l’aligner sur nos défis socioéconomiques, sur les défis scientifiques et technologiques du monde et pour former le nouveau citoyen sénégalais amoureux de son pays, ayant confiance en lui-même et prêt à confondre son projet personnel avec le projet collectif de son pays
Professeur, permettez-moi d’insister sur l’éducation qui me tient vraiment à cœur, et particulièrement les sciences. A l’heure de l’intelligence artificielle et au moment où la conquête spatiale se fait désormais en direction de mars avec de nouveaux concurrents comme la Chine, les Emirats arabes Unis et aussi l’Inde, sans compter bien sûr les acteurs traditionnels, l’Afrique, elle, demeure dramatiquement absente de la compétition scientifique mondiale. Le brillant mathématicien que vous êtes peut-il nous dire à quoi cela est-il dû ? Autrement dit, les Africains seraient-ils congénitalement inaptes pour les sciences ?
Vous savez comme moi que l’Afrique est la mère des sciences notamment des mathématiques. Les travaux de Cheikh Anta Diop ont largement démontré ce fait que d’autres découvertes ont conforté. La pierre de Blombos découverte en Afrique du Sud sur laquelle sont dessinées des figures géométriques date d’il y a plus de quatre-vingt mille ans. Le bâton d’Ishango, découvert au bord du Lac Edward, en République démocratique du Congo, où sont inscrits les nombres premiers inférieurs à vingt est la première calculette au monde. Il date d’il y a plus de vingt mille ans. Le gisaané est un précurseur plus puissant que l’algèbre de Boole dont la rencontre avec l’électronique a produit l’informatique et il y a quelques décennies l’intelligence artificielle (IA). Le problème de l’Afrique est un problème fondamentalement politique : nous manquons de dirigeants compétents, patriotes, ambitieux et ayant une vision claire de la marche de leurs pays vers le bien-être de leurs populations. Mon ambition est d’en être un des porte-flambeaux. Nous avons entendu des ministres dire que leur pays n’a pas besoin de recherche ! Notre politique consistera à développer l’éducation et la formation en mathématiques, en science, en technologie et dans les métiers depuis le préscolaire jusqu’au supérieur. En plus des langues maternelles, des religions et de nos valeurs cardinales de culture, nous ferons des mathématiques, des sciences, de la technologie et de la formation à un métier le socle de notre système éducatif réformé de l’élémentaire à l’enseignement supérieur. Ainsi allons-nous réformer et rendre plus attrayant le parcours professionnel après le CFEE (CAP-BEP-BT) pour le rendre équivalent en durée d’études au parcours d’enseignement général (BFEM-Bac). L’initiation à la formation professionnelle sera obligatoire en formation générale durant les quatre années de collège, ce qui ouvrira la possibilité de passer en cours de cycle de la formation dans l’enseignement général à la formation professionnelle et technique. Nous ferons de notre pays une gigantesque école-atelier où chacune et chacun auront la possibilité de se former. Nous créerons dans chaque département du Sénégal un centre polyvalent de formation professionnelle qui délivrera les diplômes professionnels CAP, BEP et BT et des certificats de qualification à des métiers pour les apprenants illettrés ou pour les élèves en situation d’abandon. Nous créerons dans chaque capitale régionale un lycée technique et professionnel et un institut supérieur d’enseignement professionnel (ISEP). De plus, nous créerons cinq universités nationales technologiques (UNT) en vue de former massivement des techniciens supérieurs qualifiés et des ingénieurs de développement et de mise en œuvre pour porter la politique numérique, industrielle, infrastructurelle, hydrographique, environnementale, agricole, d’élevage, d’aquaculture, de pêche, de santé, etc. Notre objectif sera de changer l’état d’esprit de la Sénégalaise et du Sénégalais : les convaincre que c’est par l’acquisition d’un métier ou d’une compétence qu’ils pourront réussir leur vie professionnelle, personnelle et familiale. Grâce à la mise en œuvre de ces projets d’enseignement et de formation nous ferons du Sénégal la plateforme africaine d’accueil d’entreprises la plus dotée en ressources humaines, scientifiques et techniques qualifiées.
Professeur, le Sénégal dispose d’immenses étendues de terres non exploitées, de nombreux cours d’eau, d’une mer qui fut poissonneuse, d’une main d’œuvre abondante, de ressources minières, d’un bon ensoleillement toute l’année, d’un relief plat, d’une remarquable stabilité politique, d’une démographie assez maîtrisée, de centaines de kilomètres de côtes propices au tourisme etc. Comment se fait-il donc que malgré tout ça, il ne parvienne toujours pas à se sortir de la misère ?
Je vais encore me répéter : ce pays n’a pas eu un Président compétent, ambitieux, libre, patriote et ayant une claire vision des priorités de son développement. Comme vous l’avez dit, nous avons l’eau douce de surface, l’eau douce souterraine, le soleil, la terre, une bande côtière très étendue et propice au tourisme. Cependant les bonnes orientations, les bonnes décisions, les bonnes actions n’ont pas été prises. C’est pourquoi nous mènerons une politique révolutionnaire, volontariste, d’accès à l’eau pour l’agriculture, l’élevage et l’aquaculture, douze mois sur douze, par la construction de forages, la récupération de l’eau de pluie à travers la construction de bassins de rétention en campagne et au voisinage des villes pour la récupération des eaux des inondations, la construction de différents canaux comme le Canal du Baol-Cayor-Sine, le canal du Gandiole, les canaux du Fouta reliant le Fleuve Sénégal au Diéri, les canaux de Tamba, Kédougou et Vélingara transportant les eaux des fleuves Gambie et Casamance à l’intérieur des terres de ces départements et la revitalisation des vallées fossiles. Cette politique permettra d’assurer sur une grande partie du territoire national plusieurs campagnes agricoles par an. Cette politique de l’eau sera accompagnée par le renforcement de l’ISRA pour la production de semences de qualité et la production d’engrais par la création d’une industrie pétrochimique adossée à notre production pétrolière et gazière. Ainsi pourrons-nous assurer la souveraineté alimentaire, l’alimentation de toute la population avec des céréales, des légumes et des fruits abondants et à des prix abordables. Nous lancerons la campagne d’insémination artificielle de notre cheptel pour assurer l’autosuffisance du pays en produits laitiers, en moutons de Tabaski, et en viandes pour tous. Nous ferons la promotion dans toutes les régions de l’aquaculture. Nous mettrons en place un dispositif de chambres froides dans chaque département pour assurer la conservation des légumes, des fruits, des produits laitiers, des viandes, etc. Cette politique agricole et d’élevage de rupture permettra le développement d’une industrie de transformation agro-alimentaire rentable. Elle sera aussi un soutien non négligeable à la promotion du tourisme. À côté de l’agriculture, le pétrole et le gaz constitueront le levier d’une industrialisation du pays à travers la construction d’une deuxième raffinerie de pétrole, d’un écosystème de PME et de PMI autour d’une industrie pétrochimique, l’acheminement du gaz de Kayar à la Falémé pour la création d’une sidérurgie qui permettra l’éclosion d’une industrie de l’acier et de la construction mécanique, camions, tracteurs, motoculteurs et équipements électroménagers. Nous assurerons l’accès de toutes les populations à l’eau potable, à l’électricité et à l’Internet. Et nous ferons du reboisement, de la reforestation, de l’éradication des plastiques et de la reconstitution de la bande côtière de filaos une priorité ainsi que le cadre de mise en œuvre de la mobilisation citoyenne pour la transformation nationale. Cette politique sera soutenue par les ressources humaines mises à disposition par la formation professionnelle. Ces rappels sur des axes stratégiques de notre programme démontrent l’énorme temps que notre pays a perdu. Ma conviction est que l’heure a sonné pour que le Sénégal rejoigne enfin le groupe des pays en orbite sur la trajectoire du développement inclusif.
Prenons l’exemple de l’agriculture. Durant sa campagne électorale pour la présidentielle de 2000, le président Abdou Diouf avait dit son ambition de faire de la Vallée du fleuve « la Californie du Sénégal ». Vous êtes originaire de cette région qui, grâce aux barrages, a des terres irriguées. Il y a aussi une importante partie de la population qui vit de la pêche. Dans ce contexte, le début de l’exploitation du gaz l’année prochaine, est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle pour vous ?
C’est une bonne nouvelle si le pétrole et le gaz sont utilisés comme un levier pour le développement de l’agriculture, de l’élevage, de l’aquaculture et de la pêche artisanale. Comme je l’ai dit plus haut, l’eau est l’élément clé pour le développement de l’agriculture. L’énergie électrique des centrales alimentées au gaz naturel va permettre une alimentation suffisante en eau du Lac de Guiers par l’augmentation du débit de la station de pompage de Richard Toll, l’élargissement de la Taouey et la récupération de la part du Sénégal sur les huit milliards de mètres cubes d’eau qui se déversent chaque année dans l’Océan Atlantique. L’importance pour moi du pétrole et du gaz n’est pas uniquement constituée des revenus pétroliers et gaziers mais elle relève surtout de la valorisation des ressources naturelles et extractives qu’ils favorisent. La vallée du Fleuve Sénégal, de Saint Louis à Bakel, sera un des plus importants bassins économiques du Sénégal grâce au numérique, à l’industrie du phosphate, à la pêche, à l’aquaculture, aux cultures céréalières, à l’horticulture, à l’industrie de transformation agro-alimentaire, aux industries culturelles, notamment celles liées aux peuples de l’eau. La vallée du Fleuve Sénégal sera sans aucun doute, en raison de la superficie de terres à mettre en valeur, le plus grand espace naturel de production alimentaire du Sénégal.
Mary Teuw Niane président, quelle politique industrielle mettrez-vous en œuvre ?
L’industrie est essentielle pour la création de l’emploi, pour la transformation des ressources naturelles et extractives du pays et l’aménagement et l’équité territoriale. L’industrialisation reposera sur la transformation du pétrole (nouvelle raffinerie et écosystème industriel pétrochimique), l’utilisation du gaz pour la production de l’énergie pour l’accès universel des populations à l’électricité, l’accès au gaz domestique pour les besoins ménagers, la réduction des coûts de l’électricité pour les ménages et l’industrie, la transformation et la valorisation des ressources extractives (la purification de l’or et du zircon, la construction d’un écosystème industriel sidérurgique, la construction d’une industrie de fabrication mécanique, de véhicules utilitaires et d’appareils électroménagers), le développement de l’industrie de transformation agro-alimentaire, les industries créatives et le numérique. Notre objectif affirmé est de faire du Sénégal le premier pays numérique d’Afrique avant dix ans.
Parlons de gouvernance. En Afrique, on a l’impression que les dirigeants ne viennent au pouvoir que pour s’enrichir à leur tour, prendre leur part de la prédation. Des gens pauvres comme Job deviennent des milliardaires au bout de quelques années, voire mois, par la magie des pouvoirs auxquels ils appartiennent. Quels moyens mettrez-vous en œuvre si vous parvenez au pouvoir pour promouvoir une gouvernance vertueuse et empêcher la dilapidation des maigres ressources de la Nation ?
Effectivement, le mal de la politique au Sénégal est l’existence de cette caste de politiciens qui n’ont d’autre métier que de faire la politique. Ils sont pourris et ont pourri la société sénégalaise. Pour eux, la politique est un investissement dont ils attendent un retour durant l’exercice de leur fonction. C’est le moment privilégié pour eux de s’accaparer des ressources publiques à leur profit, au profit de leurs familles et de leurs amis politiques. Cette élection va sûrement être la confrontation entre des candidats honnêtes désargentés et les plus grands voleurs de la République. Lorsque je serai élu, je démissionnerai de mes fonctions de Président du Mouvement pour la Transformation nationale (MTN MoTNa). Je nommerai le magistrat le plus ancien dans le grade le plus élevé aux fonctions de Président du conseil supérieur de la magistrature. Je changerai les textes pour qu’il en soit définitivement ainsi. L’IGE aura l’obligation de remettre une copie de chaque rapport au Procureur général. Des dispositions seront prises pour que le Procureur général ait l’obligation de donner suite aux différents rapports reçus de l’IGE, de la Cour des Comptes et de l’OFNAC. Nous assurerons l’indépendance du Parquet financier par rapport au ministère de la Justice et nous le doterons de capacités absolues d’auto-saisine. Afin d’assurer la transparence complète de la gestion des ressources et recettes financières de l’État, nous assurerons l’interconnexion des systèmes d’information de la Douane, du Trésor, des Impôts, des Domaines, des Finances et du Cadastre. Nous dématérialiserons autant que possible les opérations de recouvrement et de paiement de l’Etat.
Sur la même lancée, mettrez-vous en compétition les principaux postes de la Fonction publique ou continuerez-vous à nommer des gens en récompense de leur engagement politique ?
Nous réformerons les modalités de nomination des ministres et directeurs généraux en privilégiant la compétence avant tout autre critère. Le Président de la République nommera les ministres et les directeurs généraux après leurs auditions et l’avis favorable de l’Assemblée nationale. Nous réduirons le nombre de ministres à vingt avec une double parité homme-femmes et une parité adulte-jeune. Nous réorganiserons le dispositif des Agences pour réduire leur nombre au strict minimum nécessaire. Nous mettrons en compétition les postes de directeurs généraux des agences et des entreprises nationales. Les directeurs généraux sélectionnés signeront un contrat de performance de cinq ans avec leur ministère de tutelle. Ils seront évalués périodiquement, sanctionnés positivement ou négativement suivant les performances qu’ils réaliseront.
Vous avez fait partie du régime actuel qui vit ses derniers mois pour avoir été notamment ministre avant de rompre avec lui. Serez-vous comptable du bilan de ce régime et, surtout, qu’est-ce qui vous a poussé à rompre avec lui ?
Je suis comptable du bilan du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation du 29 octobre 2012 au 7 avril 2019. J’ai démissionné de mon poste de Président du Conseil d’Administration de PETROSEN HOLDING pour tracer en toute indépendance et en toute liberté ma voie politique. Ce pays souffre de trois grands maux : la perte des valeurs, l’absence de considération pour la connaissance et la compétence et enfin les menaces aigues pour la paix. Aucun pays ne peut se développer sans apporter des solutions à ces trois problèmes majeurs. C’est la raison essentielle de ma rupture avec le pouvoir en place.
Nos marchés, tout le monde le sait, sont trop étroits pour intéresser les investisseurs et favoriser l’implantation de grandes unités industrielles. Au début de nos indépendances, des projets intégrateurs comme la défunte compagnie Air Afrique, des écoles inter-Etats ou des organisations sousrégionales comme l’OMVS avaient été créées. Allez-vous revenir à ces projets supranationaux ?
Évidemment le monde appartient aux grands ensembles économiques. Nous sommes pour le panafricanisme. Nous allons travailler pour transformer la CEDEAO en une réelle communauté économique et monétaire intégrée. Nous ne sommes pas pour la séparation entre francophones, anglophones, lusophones et arabophones. Nous allons promouvoir nos entreprises privées nationales au rang de championnes et les appuyer en Afrique et ailleurs pour gagner des marchés. Nous allons favoriser la création d’entreprises avec un capital entièrement africain. Pour les compagnies aériennes, nous sommes favorable à leur constitution en un consortium africain, avec une seule billetterie qui permettra à un voyageur de pouvoir emprunter durant son trajet différentes compagnies sans aucune difficulté. Nous sommes aussi favorable à la constitution d’entreprises africaines dans les domaines de l’espace, des industries extractives, du numérique. Nous sommes aussi favorable à la création d’une université numérique africaine, dédiée aux mathématiques, au numérique, aux sciences, à la technologie et aux sciences de l’ingénieur, pour accélérer la constitution d’une masse critique de ressources humaines de qualité dans tous les pays africains.
L’actualité, c’est le coup d’Etat au Niger et la menace agitée par les chefs d’Etat de la CEDEAO d’intervenir militairement dans ce pays. Approuveriez-vous une telle intervention si elle devait être effective ?
Je condamne sans équivoque tout coup d’État militaire. La vocation de l’armée est d’assurer la sécurité du pays. Lorsqu’un militaire a l’ambition de diriger son pays, il doit démissionner de l’armée et se soumettre aux procédures démocratiques d’accès au pouvoir à travers les élections. Je considère que la CEDEAO n’a aucune légitimité pour intervenir militairement au Niger. Il appartient au peuple nigérien de régler ses propres problèmes. Je condamne toute participation de l’armée sénégalaise à une telle expédition militaire. Nos soldats ne doivent pas aller combattre leurs frères nigériens même si ces derniers n’ont pas le droit de prendre le pouvoir.
Dans la foulée de ces coups d’Etat survenant en Afrique de l’Ouest, on assiste à une implantation de plus en plus remarquée de la Russie dans ces pays tandis que la présence de la France décroît. Partagez-vous l’opinion selon laquelle tous nos malheurs viendraient de la France ?
Je ne partage pas cette opinion. Nos malheurs viennent fondamentalement de l’absence de patriotisme de nos dirigeants, de leurs incompétences, de leurs cupidités et de leurs asservissements aux intérêts étrangers.
Enfin, Professeur, vous, président de la République, le Sénégal restera-t-il dans la zone CFA ou créera-t-il sa propre monnaie ?
Je travaillerai à la création, le plus rapidement possible, de notre monnaie nationale en attendant que la CEDEAO puisse avoir sa propre monnaie. La création de notre propre monnaie nous permettra d’asseoir notre souveraineté sur nos ressources extractives et naturelles, d’avoir un contrôle sur les flux financiers et d’avoir une politique monétaire favorable à notre économie.
KEEMTAAN GI - PAR ICI, LES HONORAIRES !
Ah les mecs, comme ils peuvent se découvrir si généreux. Ils veulent ainsi le rançonner. Le rendre plus misérable et lui ôter toute prétention à nous regarder de haut. Lui qui a été chassé de l’administration sans qu’on lui ait dégoté le moindre scandale financier. Ah, ces va-nu-pieds à la fortune si subite et douteuse auxquels le pouvoir a fait découvrir les belles villas, les bagnoles luxueuses, les restos chics et les voyages aux frais du contribuable. Et voilà donc qu’un opposant radical veut leur arracher tout cela en plus de leur demander de rendre des comptes. Mais c’est une déclaration de guerre, ça ! Ils veut nous ramener à notre misère d’antan ? Eh bien, puisque c’est nous qui avons l’Etat, on va l’éliminer ! Et parmi ceux qui veulent en finir avec l’opposant, il y en a un qui n’avait pas caché sa détermination à s’emparer de tous ses biens y compris ses avoirs bancaires. Pressé de le rendre plus indigent encore qu’il n’est, il avait engagé un huissier pour évaluer la fortune du malheureux. Suprême idiotie ou crétinisme, un autre rêvait d’hériter de ses épouses, souhaitant certainement qu’il trépasse. Et c’est alors qu’il se trouve mal en point à l’hôpital et que tout monde craint pour sa vie, que des messieurs et dames, qui ne rigolent pas, sont sortis de leur trou pour lui porter l’estocade. Il fallait voir le sérieux, la hargne et la haine dans le discours de celle qui paraissait être la cheftaine. Dans sa furie, on pourrait penser qu’elle avait un contentieux personnel avec le prétentieux. Mais il leur faudra faire vite pour empocher le magot de l’Etat, pardon, leurs honoraires avant février prochain ! Avocats de l’Etat, ça vous rend vite immensément riches. Au fait, où sont ceux qui défendaient l’Etat contre les deux ex-détourneurs que le chef du même Etat — censé être le défenseur de nos deniers ! — vient de réhabiliter ? Mais revenons à notre opposant emprisonné à qui il faut faire payer chèrement son impertinence. En tout cas, Sonko est le coupable idéal, le bouc émissaire parfait. Au poteau ! Pan, pan, qu’on le fusille et qu’on n’en parle plus. Ce sera un adversaire de moins. Les 30 morts dans les manifestations ? C’est lui et non ceux qui ont tiré à balles réelles sur ces malheureux. Les dégâts matériels dont ceux infligés au BRT et évalués à 5 milliards ? C’est encore lui ! Ce coup de canif sur notre économie, c’est encore Oscar Sierra. Bref, il est à l’origine de tous nos malheurs depuis mars 2021. Preuve que ces messieurs et dames du barreau ne blaguent pas, ils ne ménageront aucun effort pour rendre effective la réparation du préjudice causé par le « terroriste en chef ». Souhaitons qu’ils lui épargnent ses bijoux de famille. A moins qu’ils comptent les lui arracher. Les monstres ! KACCOOR BI - LE TEMOIN
HOPITAL PRINCIPAL LES PORTEURS DE DATTES « SPIRITUELLES » REFOULES !
L’accession du président Macky Sall à la magistrature suprême était assurément un mal nécessaire. En effet, son magistère a permis aux Sénégalais d’avoir une visibilité claire et une perception « statutaire » sur la communauté des marabouts. En tout cas, le responsable des Soufis Intellectuels Serigne Fallou Dieng, par ailleurs petit-fils de Serigne Touba, avait déclaré dans ces mêmes colonnes ceci : « Les marabouts n’ont qu’à changer de démarche puisque le « Ndiguel » ne fait plus recette… ». De là, « Le Témoin » quotidien constate qu’après Dieu-Allah, c’est le président Macky Sall ! Et personne d’autre… Pour preuve, le refoulement des responsables de « Yaw » de l’hôpital Principal de Dakar alors qu’ils étaient porteurs de dattes à remettre à un malade du nom d’Ousmane Sonko. Des dattes offertes par le Khalife général des mourides Serigne Mountakha Mbacké au leader de Pastef afin qu’il mette fin à sa grève de la faim. Des dattes aux vertus nutritives, curatives et spirituelles que certains considèrent comme remèdes capables de sauver et de libérer le soldat Ousmane Sonko. Qui vivra verra !
MOT D’ORDRE D’OUSMANE SONKO LES DETENUS DE PASTEF METTENT FIN A LEUR GREVE
Si le « Ndiguel » ne fait plus recette, les mots d’ordre politiques, eux, son toujours respectés. Du moins s’ils viennent de certains leaders ! A preuve, « Le Témoin » quotidien a appris hier que presque tous les détenus politiques de Pastef ont fin à leur grève de la faim. « Ils ont reçu un mot d’ordre de leur leader Ousmane Sonko qui leur a demandé de mettre fin à leur diète. Et ils ont tous cédé à la demande de Sonko » nous confie un membre du collectif des avocats de Pastef. « Et paradoxalement, Ousmane Sonko, lui, ainsi que Mouhamed Samba dit «Hannibal Djim» et Cheikh Bara Ndiaye poursuivent toujours leur grève de la faim. Attention ! Ils sont tous en danger au service de réanimation de l’hôpital Principal. Dans ce genre de situation critique, tout peut arriver ! Et tout peut basculer d’un moment à l’autre...Car si la vie de ces grévistes est en danger, la vie de la Nation est également en danger… » alerte l’avocat qui dit souhaiter que l’histoire ne lui donne jamais raison.
SOMMET DES BRICS DEUX PAYS AFRICAINS ADMIS
Les BRICS sont en train de constituer une alternative crédible à l’ordre économique mondial hérité de la deuxième guerre mondiale et dominé par les institutions de Bretton Woods. Lesquelles sont contrôlées par les Etats-Unis d’Amérique qui en font leur instrument d’asservissement du monde à travers le dollar. Justement, le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud (BRICS), qui représentent 36 % du PIB mondial et 46 % de la population du globe, veulent promouvoir un système de règlement des transactions internationales qui ne serait plus basé uniquement sur le billet vert américain. Ils ont déjà mis en place une banque de développement pour financer leurs investissements. Et ces BRICS, qui viennent de tenir un sommet en Afrique du Sud, croulent sous les demandes d’adhésion. Au cours de leur sommet qui vient de s’achever, ils ont décidé d’intégrer six nouveaux pays dans leur « club ». Il s’agit notamment de l’Argentine, de l’Arabie saoudite, des Emirats arabes unis et de l’Iran. Seuls deux pays africains font partie des happy few admis : l’Ethiopie et l’Egypte. Inutile de dire que le Sénégal, malgré sa grande gueule et ses rodomontades, n’a pas sa place dans ce club. Le président Macky Sall y était invité uniquement pour assister aux travaux pas pour y prendre part !
NDEYSSANE… 300 POLICIERS POUR BARRER LA ROUTE A LA PLATEFORME ‘’LE CHEMIN DE LA LIBERATION’’
Des dirigeants de la plateforme ‘’Le Chemin de la Libération’’ étaient allés déposer une lettre de protestation au ministère de l’Intérieur, visant à protester contre les interdictions arbitraires et systématiques des manifestations. A leur grande surprise, ils sont tombés sur 300 policiers venus leur barrer la route. ‘’Ce matin, la plateforme ‘’Le Chemin de la Libération’’ a déposé une lettre adressée au ministre de l’Intérieur. A cette occasion, un imposant dispositif policier a été déployé tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Plus de 300 policiers ont été mobilisés par le gouvernement, tout cela pour le dépôt d’une lettre de protestation !’’, a écrit Guy Marius Sagna. Le député ajoute que, durant l’événement, ils ont été soumis à plusieurs reprises par les forces de l’ordre à des prises de photographies. Même la voiture que la délégation avait prise n’a pas été épargnée par les objectifs des policiers. Il rappelle que la plateforme prévoit 19 manifestations, ce samedi, dans pas moins de 19 départements portant sur les revendications ayant trait à la libération des 1062 détenus, dont Ousmane Sonko, l’arrêt de la traque des militants de Pastef et des mouvements citoyens, la dénonciation de la dissolution arbitraire de ce parti entre autres.
ALIOUNE TINE ‘’LE PAYS VIT UNE DES SEQUENCES LES PLUS TRAGIQUES DE SON HISTOIRE’’
Les réactions sur la situation politico-sociale du pays se poursuivent venant des acteurs politiques et de la société civile. C’est ainsi que le vétéran des droits de l’homme Alioune Tine a déclaré que le Sénégal vit sans doute une des séquences de son histoire les plus tragiques au niveau politique, à savoir celle qui renvoie à la criminalisation de l’opposant pendant la période coloniale. ‘’L’opposant était souvent considéré comme un terroriste et son traitement était la prison, l’exil ou la mort. Il nous faut toujours nous interroger quand on est au pouvoir en Afrique, quel message nous donnons aux Africains et au monde quand on fait de la politique’’, a dit le fondateur de Afrika Jom Center. Il soutient que la démocratie est structurellement imparfaite et appelle de tous les ressorts puissants de notre imaginaire pour la réinventer chaque fois qu’elle est en panne. ‘’Le meilleur moyen, c’est la palabre africaine, parce que la démocratie, c’est toujours et partout une assemblée de paroles pour reprendre la merveilleuse formule d’Alain Supiot. Les moments de panne démocratique sont des opportunités, pour des actes absolus de sublimation, des moments pour rebondir, des moments où il faut faire montre de la capacité de résilience’’, a écrit avec beaucoup de sagesse Alioune Tine.
Par Seydina L. Mahdi DIAGNE
ETHIQUE DE L’INDIFFERENCE OU DU SILENCE COUPABLE ?
Notre Sénégal vit en ce moment une situation politique inédite, que la majorité des compatriotes vivent ou subissent avec son lot de souffrances
Notre Sénégal vit en ce moment une situation politique inédite, que la majorité des compatriotes vivent ou subissent avec son lot de souffrances. Cette situation mérite un questionnement individuel en tant qu’être humain vivant au Sénégal : quelle serait alors notre responsabilité sur ce qui nous arrive et nous arriverait ?
Notre voix n’est pas aussi audible que certaines, mais le cri de plusieurs de nos petites voix pourrait l’être. En effet, du point de vue de la morale, notre vécu de croyant et d’Africain vivant au Sénégal ne nous aurait pas permis de rester silencieux devant l’injustice – même si certains compatriotes continuent de vociférer, si le climat social le permet, qu’il faut laisser cette « justice » faire son travail !
La justice qui est un des principes de l’éthique, dans toutes ses applications, ne pourrait se valoir d’être juste dans le contexte politique actuel du Sénégal…Où est la morale religieuse qui nous rappelait le bien et le mal, de façon dogmatique, au moment où des concitoyens se réjouissent de la souffrance d’autrui?! Où est le respect de l’Humanité dans les prisons au moment où des prisonniers sont en grève de la faim dans l’indifférence des geôliers qui doivent y préserver leur capital santé ? Quelle est la part de la bienfaisance et de la non malfaisance, dans les décisions politiques « politiciennes » actuellement validées par une Assemblée nationale censée protéger nos valeurs communes et non quelques intérêts individuels ? Nous reste-t-il encore une once d’autonomie, d’indépendance, lorsque le garant en chef de la somme des autonomies individuelles semble nous demander de le supplier juste pour faire valoir ou appliquer des acquis constitutionnels basiques ?
Ainsi, devons- nous continuer à nous taire et à regarder ce spectacle désolant de décadence de nos valeurs éthiques, et même morales, pour juste quelques « privilèges » de ce bas monde finissant ? L’on ne peut alors espérer avoir de l’éthique dans cette démarche «politico-juridico-administrative » voulant faire taire par des moyens non conventionnels, voire illégaux, des voix de femmes, d’hommes, jeunes et moins jeunes, qui aspirent avoir une vie meilleure sur une petite partie de la Terre qu’est le Sénégal - qui n’est point un royaume ! Faudrait-il donc rappeler aux croyants que nous sommes, ou censés être, qu’une vie humaine reste sacrée même si elle est très courte à l’échelle de l’existant et des existences possibles, et que nous ne sommes que de pauvres mortels appelés à répondre de nos actes.
Par Amadou Lamine SALL
PATHÉ DIAGNE S’EST ÉLOIGNÉ !
La disparition du professeur Pathé Diagne me touche profondément ! C’est avec lui qu’est né le concept du projet Mémorial Gorée Almadies !
La disparition du professeur Pathé Diagne me touche profondément ! C’est avec lui qu’est né le concept du projet Mémorial Gorée Almadies !
Nous lui y construirons sa stèle si le Président Macky Sall, chantre de ce projet, lancera le chantier. Le Mémorial sur la corniche cohabitera avec tout ce qui l’entoure !
Puissant penseur, chercheur aiguisé, rebelle, libre et patriote, il était le verbe ! Je l’ai beaucoup aimé ! Le Sénégal se vide. Les abeilles meurent. Les ruches s’assèchent. L’avenir porte des enfants que l’échographie refuse de nous montrer le visage. Pourquoi ?
Pathé Diagne comme son ami et frère l’inoubliable savant Cheikh Anta Diop dont il essaimait les idées, resteront des phares ! Des lampes sont allumées qui n’éclairent plus rien ! Il faut que la soif de savoir, les livres et l’éthique soient de nouveau leur uranium.
Puisse le Président de la République qui a envoyé son Premier ministre Amadou Ba se recueillir devant son cercueil ce jeudi 24 août 2023 a l’hôpital Principal de Dakar, lui trouver vite une adresse où les générations futures se hâteront d’aller pour apprendre à s’élever vers les étoiles. Bien sûr, celui qui nous a quittés n’est demandeur de rien, pour ceux qui connaissent l’homme !
En sortant de l’hôpital à la levée du corps de Pathé Diagne, j’ai mesuré le nombre de fois que le chemin qui y mène est hérissé de peine et de douleur. On rentre à la maison, comme pour aller y mourir, en silence.
Mon Seigneur, recevez donc ce corps et cette âme dans Vos Jardins de jasmin et laissez longtemps, longtemps chanter les oiseaux verts et bleus du Paradis. Pathé ôtera sa casquette légendaire pour les inviter à venir y faire leur nid. Alioune Sall « Paloma », mon Grand, merci. Merci pour tes mots de ce jour devant le cercueil de celui qui était ton idole et ton inspirateur. Ton éloge de l’esprit et de la recherche de connaissance repris par le Premier ministre Amadou Ba, a tout résumé.
Oui, Pathé Diagne était un brasier de l’esprit !
Par Amadou Lamine SALL
* Poète
* Lauréat des Grands Prix de l’Académie française
* Lauréat 2023 du Grand Prix de Poésie africaine
LA FSF COUPE LA POIRE EN DEUX
Polémique sur les programmations des matches Gf –Hafia Fc et Jaraaf –Stade de Mbour - Jaraaf de Dakar–Stade de Mbour à partir de 17 heures au stade du Président Abdoulaye Wade ! Génération Foot–Hafia FC à 19 heures au stade Lat Dior de Thiès !
La reprogrammation de la finale de la coupe du Sénégal de samedi 26 à dimanche 27 août coïncidant avec le match retour du premier tour préliminaire entre Génération Foot à Hafia FC a installé une polémique dans le landerneau footballistique sénégalais. Ecartelée entre une volonté de voir le Chef de l’Etat, Macky Sall présidée sa finale entre le Jaraaf au Stade de Mbour, ce dimanche au stade du Président Abdoulaye Wade et la nécessité de pousser le club de Déni Birame Ndao à franchir l’étape guinéenne, la Fédération sénégalaise de football (FSF) a coupé la poire en deux. Jouer la coupe du Sénégal à 17 heures et donner le coup d’envoi GF-Hafia FC à 19 heures.
Un dimanche, deux matches ! Jaraaf de Dakar–Stade de Mbour à partir de 17 heures au stade du Président Abdoulaye Wade ! Génération Foot–Hafia FC à 19 heures au stade Lat Dior de Thiès ! C’est la décision prise par la Fédération sénégalaise de football (FSF) hier, jeudi 24 août, pour mettre fin à la polémique née du changement intervenu dans la programmation des deux rencontres susmentionnées, à cause de la volonté du président de la République, Macky Sall de présider pour la première fois depuis son accession à la magistrature suprême le 25 mars 2012, à une finale de coupe du Sénégal. Initialement prévue ce samedi 26 août, la finale coupe du Sénégal devant opposer le Jaraaf de Dakar au Stade de Mbour a été reportée au lendemain dimanche 27 août au stade Me Abdoulaye Wade, sur demande, selon certaines sources du Chef de l’Etat à cause de son agenda. Une opportunité que la Fédération sénégalaise de football (FSF) ne pouvait laisser. Et pour cause, la dernière fois qu’un Chef d’Etat du Sénégal s’est déplacé au stade pour assister à une finale qui porte pourtant son nom, remonte en 1991. C’était avec le Président Abdou Diouf lors de la finale finale Jaraaf-Ja (2-1), avant de déserter les gradins pour le restant de son pouvoir.
Pendant 31 ans donc, les amoureux du football n’ont cessé de solliciter le président de la République, en vain. Pendant douze ans au pouvoir, Me Abdoulaye Wade, n’a pas mis un terme à cette anomalie. Macky Sall qui devrait quitter le palais présidentiel le 3 avril 2024, ne pouvait peut-être pas s’inscrire dans cette dynamique. Surtout que c’est lui qui a construit le joyau ultra-moderne à Diamniadio pour la jeunesse et le football sénégalais et qui est considéré comme le plus beau stade d’Afrique. Or, la Fédération sénégalaise de football se devait aussi d’être au côté de Génération Foot qui a réalisé une belle performance en allant tenir en échec l’ogre guinéen, Hafia FC à Conakry. Les jeunes Grenats ont donc besoin d’être poussés pour franchir le premier tour préliminaire de la Ligue des champions de la Confédération africaine de football (CAF). Le vainqueur du match Hafia-Génération Foot sera opposé au deuxième tour au Wydad Athletic Club du Maroc, finaliste malheureux de la dernière édition, rappelle-t-on.
Face à ce dilemme, la FSF a coupé la poire en deux. Faire jouer le match Jaraaf– Stade de Mbour en présence du Chef de l’Etat à partir de 17 heures au stade du Président Abdoulaye Wade. Puis, démarrer la rencontre Génération Foot– Hafia FC à partir de 19 heures, au stade Lat Dior de Thiès. «Ceux qui seront à la Finale de la coupe du Sénégal vont rater le début du match de GF (Génération Foot). Mais, c’est la seule solution que nous avons pu trouver compte tenu du temps très court pour rédiger les lettres. Parce que seul un accord entre les clubs est acceptable par la CAF. Or, les dirigeants de Hafia FC nous ont déjà fait savoir qu’ils ont déjà acheté leurs billets d’avion et fait leurs réservations. Face à cet état de fait, on ne pouvait jouer que sur les heures de démarrage des matches», a confié à Sud Quotidien, un responsable fédéral.
LES JEUNES REPORTERS LISTENT LES MAUX QUI GANGRENENT LA PROFESSION
«Notre professionnalisme et notre dignité ne nous permettent pas de nous plaindre en permanence. Mais nous ne récoltons pratiquement rien des graines que nous semons»,
Lors de la cérémonie de lancement officiel des «Assises nationales des médias», les jeunes reporters ont exposé, sans réserve, les difficultés auxquelles font face les acteurs de l’information, tout en lançant un appel pressant aux autorités pour un soutien substantiel.
«Nous sommes souriants, joviales, nous transmettons la joie de vivre et l’information. Mais, pour la majorité d’entre nous, nous vivons dans une précarité totale. Et oui, les apparences sont souvent trompeuses. Notre professionnalisme et notre dignité ne nous permettent pas de nous plaindre en permanence. Mais nous ne récoltons pratiquement rien des graines que nous semons», se désole Absa Hane, porte-parole des professionnels des médias. Elle souligne que dans certaines rédactions, les jeunes reporters sont soumis à des stages interminables et ne bénéficient ni de prime de transport, ni d’indemnités pour l’alimentation. Un salaire, n’en parlons même pas. «Et ceux d’entre nous qui perçoivent un salaire, sont sous payés par rapport aux immenses tâches que nous faisons quotidiennement», déplore-t-elle.
Absa Hane a insisté sur la passion qui anime bon nombre de jeunes professionnels, malgré ces conditions difficiles. «Certains se disent certainement mais pourquoi ces jeunes acceptent de travailler dans pareilles conditions ? Pourquoi ne démissionnent-ils pas ? A notre décharge, nous sommes passionnés par notre métier. N’empêche, nous réclamons depuis plusieurs années l’amélioration de la condition des jeunes reporters, cameramen (et camerawomen) et techniciens des médias et le respect de la loi et des Conventions collectives. Mais, il nous manque des soutiens dans cette lutte», a-t-elle soutenu.
Les jeunes professionnels des médias aspirent à un changement radical dans le contenu journalistique également. Ainsi, un appel a été lancé aux patrons de presse et à l’État pour améliorer les conditions de travail et le soutien financier des jeunes reporters. «Il nous est souvent reproché de ne faire que des compte-rendu, des sujets aériens qui ne vont pas en profondeur, qui ne crèvent pas l’abcès. Nous sollicitons ainsi que les patrons de presse mettent des moyens de productions conséquents à notre disposition, afin que nous puissions faire des sujets un peu plus fouillés dans toutes les régions du Sénégal. Car, le pays dispose d’une diversité qui nous offre des sujets riches mais, malheureusement, inexplorés ou presque», a lancé le porte-parole des jeunes reporters.
APRÈS L’APR, LES ALLIÉS PRESSENT MACKY
Crise de candidature au sein de la coalition présidentielle - Après douze ans de règne, la coalition Benno Bokk Yakaar qui a battu le record de longévité des coalitions politiques au Sénégal s’achemine vraisemblablement vers des jours sombres
Après douze ans de règne, la coalition Benno Bokk Yakaar qui a battu le record de longévité des coalitions politiques au Sénégal s’achemine vraisemblablement vers des jours sombres. Et pour cause, en plus de l’explosion des candidatures aux antagonismes affichés au sein du parti au pouvoir, l’Alliance pour la République (Apr), la détermination de certains membres des partis alliés à prendre leur destin en main, depuis le retrait de l’actuel chef de l’Etat de la course à la présidentielle, menace l’ambition de ce dernier de voir sa coalition unie et aux affaires jusqu’en 2035.
L e Chef de l’État a quitté Dakar ce mardi 22 août, dans la matinée, à destination de Johannesburg pour les besoins du 15ème sommet des BRICS, groupe de pays émergents qui comprend le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. En quittant la capitale sénégalaise, le président Macky Sall, par ailleurs président de l’Alliance pour la République (parti au pouvoir) et de la coalition Benno Bokk Yakaar (Bby) qui avait reçu dès le lendemain de sa déclaration de non-candidature pour une 3e candidature, le 4 juillet dernier, carte blanche de son parti et des alliés pour désigner son successeur, est encore parti sans faire apparaître la fumée blanche. Depuis le 4 juillet, Macky Sall semble ainsi profiter de ses voyages à l’étranger pour repousser au lendemain sa décision à haut risque pour l’avenir aussi bien de son parti, l’Apr, que de la coalition Benno. En effet, alors qu’il est appelé à choisir son successeur sur une liste composée exclusivement des hauts dignitaires de son parti, la détermination de certains parmi eux à aller à la conquête du suffrage des Sénégalais le 25 février 2024 et ce, quelle que soit sa décision, semble aujourd’hui placer Macky Sall dans une position très inconfortable.
Sa stratégie politique qui lui avait permis de diriger de main de maitre pendant plus de 12 ans son parti et la coalition Benno Bokk Yakaar dans une parfaite symbiose en se plaçant comme la seule constance prenant toutes les décisions qui s’imposent à tous, ne semble plus fonctionner. Et tout porte à croire que nous allons vers une implosion non seulement de son parti, l’Alliance pour la République, au regard des signaux qui se compilent, mais aussi de la fin de la coalition Benno Bokk Yakaar avant même l’horizon 2035 que l’actuel chef de l’Etat avait décrété. Et pour cause, du fait des rivalités de plusieurs années sur le terrain entre ces différents ténors politiques, il sera très difficile voire impossible à Macky Sall qui a toujours surfé sur cette situation pour imposer sa ligne de conduite, d’arracher un consensus entre ses prétendants. D’ailleurs, l’actuel ministre de l’Agriculture a déjà donné le ton en déclarant ouvertement qu’il ne va pas renoncer à sa candidature pour la présidentielle. Outre le ministre Aly Ngouille Ndiaye, par ailleurs maire de la commune de Linguère, son collègue maire de Kolda et Directeur Général de la Caisse des Dépôts et des Consignations, El Hadji Mamadou Diao dit Mame Boye Diao, un des candidats à la candidature a lui aussi affirmé qu’il ne va «pas se soumettre, tête baissée, au choix du président Macky Sall».
DES CANDIDATS APÉRISTES AUX ANTAGONISMES MARQUÉS
Toutefois, nonobstant leur position clairement affichée sur cette question de la candidature au sein de la majorité, les deux responsables de l’Apr ne sont certainement pas les seuls à s’inscrire dans cette logique de présenter leur candidature avec ou sans la bénédiction du président Macky Sall. La preuve, que ce soit l’actuel Premier ministre, Amadou Bâ, le président du Conseil économique, social et environnemental (Cese), Abdoulaye Daouda Diallo et l’actuel Directeur général du Fonsis, Abdoulaye Diouf Sarr par ailleurs candidat malheureux à la ville de Dakar lors des élections locales de janvier 2022, tous ont déployé leurs partisans sur le terrain. Aujourd’hui, tout porte à croire que nous allons vers une multitude de candidats issus de la coalition au pouvoir.
Pis, au-delà de l’Apr, certains partis alliés comme le Parti socialiste (Ps) et l’Alliance des forces de progrès (Afp) sont également secoués par cette question de la candidature. Au PS, nonobstant la démarche de l’actuelle direction du parti conduite par Aminata Mbengue Ndiaye qui a donné carte blanche au chef de l’Etat pour le choix du candidat de la coalition en refusant d’organiser tout débat sur la candidature à la présidentielle comme l’exigent les textes de leur parti, certains responsables socialistes refusent de cautionner ce qu’ils appellent «un asservissement des textes de leur parti par une poignée de camarades».
Conséquence : on dénombre déjà plus de deux déclarations de candidature au sein de cette formation politique connue pour sa discipline et son attachement au respect scrupuleux de ses textes. Invité du jour de l’émission Diano-bi sur la radio Sud Fm radio (privée), le dimanche 20 août dernier, Abdoulaye Wilane, porte-parole national du Parti socialiste par ailleurs président du Conseil départemental de Fatick a officiellement déclaré son intention d’être candidat du Ps le 25 février prochain. Cette sortie de l’ancien maire de Kaffrine (2009- 2022) sur la candidature du Parti socialiste pour la prochaine présidentielle de 2024 intervient après celle de son camarade de parti, Jean Baptiste Diouf.
Membre du bureau politique du Ps et responsable de la 5ème Coordination A de Grand-Dakar, Jean Bap tiste Diouf par ailleurs maire de la commune de Grand Dakar a été, d’ailleurs, déjà investi par sa base de Grand Dakar candidat à la présidentielle du 25 février 2024, le 13 juillet dernier. A côté de cette crise de candidature, il y a également un autre danger lié cette fois-ci à la dislocation des bases socialistes dans plusieurs localités qui guette l’ancien parti au pouvoir. Cette menace est d’autant plus sérieuse que le député Aly Mané, président du Conseil départemental de Nioro qui ne cache plus sa préférence pour l’actuel Premier ministre Amadou Ba, son «choix du cœur», a clairement indiqué que «plusieurs maires socialistes roulent» pour l’ancien coordonnateur de Bby à Dakar.
COMME LE PS, L’AFP SENS DESSUS DESSOUS
Outre le Ps, l’Alliance des forces de progrès (AFP) de l’ancien président de l’Assemblée nationale (2012-2022), Moustapha Niasse qui forme aujourd’hui avec l’Apr, le Ps, le Parti de l’indépendance et du travail (Pit) et la Ligue démocratique (Ld) le noyau dur de la coalition Benno Bokk Yakaar, est également secouée de plein fouet par cette crise de candidature. En effet, à la sortie de sa réunion tenue le jeudi 13 juillet dernier, le Secrétariat politique exécutif de l’Afp a assuré son soutien au candidat qui sera choisi par le président Macky Sall pour porter le flambeau de Benno Bokk Yakaar (BBY) pour la présidentielle 2024. Seulement, cette position du Secrétariat politique exécutif de l’Afp qui intervient neuf ans après celle prise par le Bureau politique dudit parti, le 10 mars 2014 portant sur la non-présentation par l’Afp d’un candidat à la présidentielle de 2019 et qui a créé la rupture avec le numéro 02 de l’époque, Malick Gakou, ne fait pas l’unanimité des militants et responsables de cette formation politique. La preuve, plusieurs coordinations de l’Afp et des mouvements politiques et citoyens n’ont pas attendu cette position de la direction de leur parti pour soutenir et investir le samedi 13 mai dernier, l’ancien ministre du Tourisme et des Transports aériens, Alioune Sarr, candidat de la coalition Convergence pour une Alternative Progressiste en 2024 (CAP 2024). C’est dire à quel point le président de la République est acculé dans son choix du candidat devant porter les couleurs de la coalition Benno Bokk Yakaar à la présidentielle de février 2024. Un candidat supposé de l’unité mais qui risque de créer la zizanie au sein de la majorité, tant les candidatures sont foisonnantes et contradictoires du côté du parti présidentiel, l’Alliance pour la République, comme des partis alliés qui accompagnent Macky Sall depuis 2012.
LES AVOCATS DE L’ETAT VILIPENDENT LES SIGNATAIRES
La pétition des 142 intellectuels appelant à la libération d’Ousmane Sonko et à la préservation de la démocratie et de l’Etat de droit au Sénégal fait mal au gouvernement.
Le gouvernement du Sénégal ne digère pas la sortie des intellectuels réclamant, entre autres, la libération d’Ousmane Sonko. Hier, jeudi 24 août, les avocats de l’Etat du Sénégal sont montés au créneau pour dénoncer ce qu’ils qualifient de « campagne de dénigrement de l’Etat du Sénégal ». Face à la presse, ils ont attaqué les signataires de la pétition.
La pétition des 142 intellectuels appelant à la libération d’Ousmane Sonko et à la préservation de la démocratie et de l’Etat de droit au Sénégal fait mal au gouvernement. Après le droit de réponse du ministre du Commerce, de la Consommation et des PME, Abdou Karim Fofana, porte-parole du gouvernement, c’est au tour des avocats de l’Etat du Sénégal de prendre la parole. Face à la presse hier, jeudi 24 août, ils ont attaqué les signataires de la pétition. « Le pool attire l’attention du groupuscule se définissant coalition des défenseurs des droits humains sur les dangers et le précédent grave que constitue ce type d’appel par lequel des individus qui se proclament intellectuels et défenseurs de l’Etat de droit et qui condamnent dans leur pétition la violence de ces règles fondamentales. Ces manœuvres et désinformation sont à dénoncer car elles encouragent l’immixtion du pouvoir exécutif dans les attributions légales du juge d’instruction et lui imposent une parodie de solutions judiciaires », a déclaré Me Ndéye Anta Mbaye.
La robe noire de « rappeler que quelle que soit la légitimité d’un motif humanitaire ou sanitaire, le fait qu’une autorité fût-elle l’autorité suprême de l’Etat puisse demander à un procureur quel qu’il soit de mettre des personnes en liberté provisoire malgré la saisine du juge d’instruction est une catastrophe juridique, une aberration démocratique et une simple magouille politique ». Les conseils de l’Etat du Sénégal dénoncent donc ce qu’ils qualifient de « campagne internationale de dénigrement de l’Etat du Sénégal, de son système démocratique et de ses institutions par des individus qui se sont mis en marge de la légalité ».
SONKO ET BRANCO AU PILORI
En effet, les avocats de l’Etat du Sénégal se sont également prononcés sur les affaires Ousmane Sonko et l’avocat franco-espagnol Me Juan Branco. A les en croire, ces derniers se sont toujours distingués par des « appels à l’insurrection ». Pour rappel, le maire de Ziguinchor Ousmane Sonko, inculpé sous huit chefs d’accusation dont l’appel à l’insurrection, est placé sous mandat de dépôt depuis le 31 juillet dernier. Quant à son avocat Me Juan Branco, il est inculpé pour « attentat, complot, diffusion de fausses nouvelles et actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves » et est placé sous contrôle judiciaire, après son entrée clandestine au Sénégal.
Devant les journalistes, les avocats de l’Etat du Sénégal affirment qu’ils « contribueront sans complaisance à la manifestation de la vérité ». « Il s’agit concrètement de se focaliser sur les aspects juridiques et judiciaires, de fond et de forme à chaque fois qu’un point de droit sera dénaturé pour des raisons autres que la justice. L’Etat du Sénégal dans sa mission de préservation des intérêts publics et privés entend se défendre devant toutes les juridictions pour obtenir la réparation des dommages et préjudices découlant de ces infractions et permettre la défense de toute victime de ces exactions et actes terroristes », a indiqué Me Ndéye Anta Mbaye.