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25 mai 2025
LES JEUNES REPORTERS LISTENT LES MAUX QUI GANGRENENT LA PROFESSION
«Notre professionnalisme et notre dignité ne nous permettent pas de nous plaindre en permanence. Mais nous ne récoltons pratiquement rien des graines que nous semons»,
Lors de la cérémonie de lancement officiel des «Assises nationales des médias», les jeunes reporters ont exposé, sans réserve, les difficultés auxquelles font face les acteurs de l’information, tout en lançant un appel pressant aux autorités pour un soutien substantiel.
«Nous sommes souriants, joviales, nous transmettons la joie de vivre et l’information. Mais, pour la majorité d’entre nous, nous vivons dans une précarité totale. Et oui, les apparences sont souvent trompeuses. Notre professionnalisme et notre dignité ne nous permettent pas de nous plaindre en permanence. Mais nous ne récoltons pratiquement rien des graines que nous semons», se désole Absa Hane, porte-parole des professionnels des médias. Elle souligne que dans certaines rédactions, les jeunes reporters sont soumis à des stages interminables et ne bénéficient ni de prime de transport, ni d’indemnités pour l’alimentation. Un salaire, n’en parlons même pas. «Et ceux d’entre nous qui perçoivent un salaire, sont sous payés par rapport aux immenses tâches que nous faisons quotidiennement», déplore-t-elle.
Absa Hane a insisté sur la passion qui anime bon nombre de jeunes professionnels, malgré ces conditions difficiles. «Certains se disent certainement mais pourquoi ces jeunes acceptent de travailler dans pareilles conditions ? Pourquoi ne démissionnent-ils pas ? A notre décharge, nous sommes passionnés par notre métier. N’empêche, nous réclamons depuis plusieurs années l’amélioration de la condition des jeunes reporters, cameramen (et camerawomen) et techniciens des médias et le respect de la loi et des Conventions collectives. Mais, il nous manque des soutiens dans cette lutte», a-t-elle soutenu.
Les jeunes professionnels des médias aspirent à un changement radical dans le contenu journalistique également. Ainsi, un appel a été lancé aux patrons de presse et à l’État pour améliorer les conditions de travail et le soutien financier des jeunes reporters. «Il nous est souvent reproché de ne faire que des compte-rendu, des sujets aériens qui ne vont pas en profondeur, qui ne crèvent pas l’abcès. Nous sollicitons ainsi que les patrons de presse mettent des moyens de productions conséquents à notre disposition, afin que nous puissions faire des sujets un peu plus fouillés dans toutes les régions du Sénégal. Car, le pays dispose d’une diversité qui nous offre des sujets riches mais, malheureusement, inexplorés ou presque», a lancé le porte-parole des jeunes reporters.
APRÈS L’APR, LES ALLIÉS PRESSENT MACKY
Crise de candidature au sein de la coalition présidentielle - Après douze ans de règne, la coalition Benno Bokk Yakaar qui a battu le record de longévité des coalitions politiques au Sénégal s’achemine vraisemblablement vers des jours sombres
Après douze ans de règne, la coalition Benno Bokk Yakaar qui a battu le record de longévité des coalitions politiques au Sénégal s’achemine vraisemblablement vers des jours sombres. Et pour cause, en plus de l’explosion des candidatures aux antagonismes affichés au sein du parti au pouvoir, l’Alliance pour la République (Apr), la détermination de certains membres des partis alliés à prendre leur destin en main, depuis le retrait de l’actuel chef de l’Etat de la course à la présidentielle, menace l’ambition de ce dernier de voir sa coalition unie et aux affaires jusqu’en 2035.
L e Chef de l’État a quitté Dakar ce mardi 22 août, dans la matinée, à destination de Johannesburg pour les besoins du 15ème sommet des BRICS, groupe de pays émergents qui comprend le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. En quittant la capitale sénégalaise, le président Macky Sall, par ailleurs président de l’Alliance pour la République (parti au pouvoir) et de la coalition Benno Bokk Yakaar (Bby) qui avait reçu dès le lendemain de sa déclaration de non-candidature pour une 3e candidature, le 4 juillet dernier, carte blanche de son parti et des alliés pour désigner son successeur, est encore parti sans faire apparaître la fumée blanche. Depuis le 4 juillet, Macky Sall semble ainsi profiter de ses voyages à l’étranger pour repousser au lendemain sa décision à haut risque pour l’avenir aussi bien de son parti, l’Apr, que de la coalition Benno. En effet, alors qu’il est appelé à choisir son successeur sur une liste composée exclusivement des hauts dignitaires de son parti, la détermination de certains parmi eux à aller à la conquête du suffrage des Sénégalais le 25 février 2024 et ce, quelle que soit sa décision, semble aujourd’hui placer Macky Sall dans une position très inconfortable.
Sa stratégie politique qui lui avait permis de diriger de main de maitre pendant plus de 12 ans son parti et la coalition Benno Bokk Yakaar dans une parfaite symbiose en se plaçant comme la seule constance prenant toutes les décisions qui s’imposent à tous, ne semble plus fonctionner. Et tout porte à croire que nous allons vers une implosion non seulement de son parti, l’Alliance pour la République, au regard des signaux qui se compilent, mais aussi de la fin de la coalition Benno Bokk Yakaar avant même l’horizon 2035 que l’actuel chef de l’Etat avait décrété. Et pour cause, du fait des rivalités de plusieurs années sur le terrain entre ces différents ténors politiques, il sera très difficile voire impossible à Macky Sall qui a toujours surfé sur cette situation pour imposer sa ligne de conduite, d’arracher un consensus entre ses prétendants. D’ailleurs, l’actuel ministre de l’Agriculture a déjà donné le ton en déclarant ouvertement qu’il ne va pas renoncer à sa candidature pour la présidentielle. Outre le ministre Aly Ngouille Ndiaye, par ailleurs maire de la commune de Linguère, son collègue maire de Kolda et Directeur Général de la Caisse des Dépôts et des Consignations, El Hadji Mamadou Diao dit Mame Boye Diao, un des candidats à la candidature a lui aussi affirmé qu’il ne va «pas se soumettre, tête baissée, au choix du président Macky Sall».
DES CANDIDATS APÉRISTES AUX ANTAGONISMES MARQUÉS
Toutefois, nonobstant leur position clairement affichée sur cette question de la candidature au sein de la majorité, les deux responsables de l’Apr ne sont certainement pas les seuls à s’inscrire dans cette logique de présenter leur candidature avec ou sans la bénédiction du président Macky Sall. La preuve, que ce soit l’actuel Premier ministre, Amadou Bâ, le président du Conseil économique, social et environnemental (Cese), Abdoulaye Daouda Diallo et l’actuel Directeur général du Fonsis, Abdoulaye Diouf Sarr par ailleurs candidat malheureux à la ville de Dakar lors des élections locales de janvier 2022, tous ont déployé leurs partisans sur le terrain. Aujourd’hui, tout porte à croire que nous allons vers une multitude de candidats issus de la coalition au pouvoir.
Pis, au-delà de l’Apr, certains partis alliés comme le Parti socialiste (Ps) et l’Alliance des forces de progrès (Afp) sont également secoués par cette question de la candidature. Au PS, nonobstant la démarche de l’actuelle direction du parti conduite par Aminata Mbengue Ndiaye qui a donné carte blanche au chef de l’Etat pour le choix du candidat de la coalition en refusant d’organiser tout débat sur la candidature à la présidentielle comme l’exigent les textes de leur parti, certains responsables socialistes refusent de cautionner ce qu’ils appellent «un asservissement des textes de leur parti par une poignée de camarades».
Conséquence : on dénombre déjà plus de deux déclarations de candidature au sein de cette formation politique connue pour sa discipline et son attachement au respect scrupuleux de ses textes. Invité du jour de l’émission Diano-bi sur la radio Sud Fm radio (privée), le dimanche 20 août dernier, Abdoulaye Wilane, porte-parole national du Parti socialiste par ailleurs président du Conseil départemental de Fatick a officiellement déclaré son intention d’être candidat du Ps le 25 février prochain. Cette sortie de l’ancien maire de Kaffrine (2009- 2022) sur la candidature du Parti socialiste pour la prochaine présidentielle de 2024 intervient après celle de son camarade de parti, Jean Baptiste Diouf.
Membre du bureau politique du Ps et responsable de la 5ème Coordination A de Grand-Dakar, Jean Bap tiste Diouf par ailleurs maire de la commune de Grand Dakar a été, d’ailleurs, déjà investi par sa base de Grand Dakar candidat à la présidentielle du 25 février 2024, le 13 juillet dernier. A côté de cette crise de candidature, il y a également un autre danger lié cette fois-ci à la dislocation des bases socialistes dans plusieurs localités qui guette l’ancien parti au pouvoir. Cette menace est d’autant plus sérieuse que le député Aly Mané, président du Conseil départemental de Nioro qui ne cache plus sa préférence pour l’actuel Premier ministre Amadou Ba, son «choix du cœur», a clairement indiqué que «plusieurs maires socialistes roulent» pour l’ancien coordonnateur de Bby à Dakar.
COMME LE PS, L’AFP SENS DESSUS DESSOUS
Outre le Ps, l’Alliance des forces de progrès (AFP) de l’ancien président de l’Assemblée nationale (2012-2022), Moustapha Niasse qui forme aujourd’hui avec l’Apr, le Ps, le Parti de l’indépendance et du travail (Pit) et la Ligue démocratique (Ld) le noyau dur de la coalition Benno Bokk Yakaar, est également secouée de plein fouet par cette crise de candidature. En effet, à la sortie de sa réunion tenue le jeudi 13 juillet dernier, le Secrétariat politique exécutif de l’Afp a assuré son soutien au candidat qui sera choisi par le président Macky Sall pour porter le flambeau de Benno Bokk Yakaar (BBY) pour la présidentielle 2024. Seulement, cette position du Secrétariat politique exécutif de l’Afp qui intervient neuf ans après celle prise par le Bureau politique dudit parti, le 10 mars 2014 portant sur la non-présentation par l’Afp d’un candidat à la présidentielle de 2019 et qui a créé la rupture avec le numéro 02 de l’époque, Malick Gakou, ne fait pas l’unanimité des militants et responsables de cette formation politique. La preuve, plusieurs coordinations de l’Afp et des mouvements politiques et citoyens n’ont pas attendu cette position de la direction de leur parti pour soutenir et investir le samedi 13 mai dernier, l’ancien ministre du Tourisme et des Transports aériens, Alioune Sarr, candidat de la coalition Convergence pour une Alternative Progressiste en 2024 (CAP 2024). C’est dire à quel point le président de la République est acculé dans son choix du candidat devant porter les couleurs de la coalition Benno Bokk Yakaar à la présidentielle de février 2024. Un candidat supposé de l’unité mais qui risque de créer la zizanie au sein de la majorité, tant les candidatures sont foisonnantes et contradictoires du côté du parti présidentiel, l’Alliance pour la République, comme des partis alliés qui accompagnent Macky Sall depuis 2012.
LES AVOCATS DE L’ETAT VILIPENDENT LES SIGNATAIRES
La pétition des 142 intellectuels appelant à la libération d’Ousmane Sonko et à la préservation de la démocratie et de l’Etat de droit au Sénégal fait mal au gouvernement.
Le gouvernement du Sénégal ne digère pas la sortie des intellectuels réclamant, entre autres, la libération d’Ousmane Sonko. Hier, jeudi 24 août, les avocats de l’Etat du Sénégal sont montés au créneau pour dénoncer ce qu’ils qualifient de « campagne de dénigrement de l’Etat du Sénégal ». Face à la presse, ils ont attaqué les signataires de la pétition.
La pétition des 142 intellectuels appelant à la libération d’Ousmane Sonko et à la préservation de la démocratie et de l’Etat de droit au Sénégal fait mal au gouvernement. Après le droit de réponse du ministre du Commerce, de la Consommation et des PME, Abdou Karim Fofana, porte-parole du gouvernement, c’est au tour des avocats de l’Etat du Sénégal de prendre la parole. Face à la presse hier, jeudi 24 août, ils ont attaqué les signataires de la pétition. « Le pool attire l’attention du groupuscule se définissant coalition des défenseurs des droits humains sur les dangers et le précédent grave que constitue ce type d’appel par lequel des individus qui se proclament intellectuels et défenseurs de l’Etat de droit et qui condamnent dans leur pétition la violence de ces règles fondamentales. Ces manœuvres et désinformation sont à dénoncer car elles encouragent l’immixtion du pouvoir exécutif dans les attributions légales du juge d’instruction et lui imposent une parodie de solutions judiciaires », a déclaré Me Ndéye Anta Mbaye.
La robe noire de « rappeler que quelle que soit la légitimité d’un motif humanitaire ou sanitaire, le fait qu’une autorité fût-elle l’autorité suprême de l’Etat puisse demander à un procureur quel qu’il soit de mettre des personnes en liberté provisoire malgré la saisine du juge d’instruction est une catastrophe juridique, une aberration démocratique et une simple magouille politique ». Les conseils de l’Etat du Sénégal dénoncent donc ce qu’ils qualifient de « campagne internationale de dénigrement de l’Etat du Sénégal, de son système démocratique et de ses institutions par des individus qui se sont mis en marge de la légalité ».
SONKO ET BRANCO AU PILORI
En effet, les avocats de l’Etat du Sénégal se sont également prononcés sur les affaires Ousmane Sonko et l’avocat franco-espagnol Me Juan Branco. A les en croire, ces derniers se sont toujours distingués par des « appels à l’insurrection ». Pour rappel, le maire de Ziguinchor Ousmane Sonko, inculpé sous huit chefs d’accusation dont l’appel à l’insurrection, est placé sous mandat de dépôt depuis le 31 juillet dernier. Quant à son avocat Me Juan Branco, il est inculpé pour « attentat, complot, diffusion de fausses nouvelles et actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves » et est placé sous contrôle judiciaire, après son entrée clandestine au Sénégal.
Devant les journalistes, les avocats de l’Etat du Sénégal affirment qu’ils « contribueront sans complaisance à la manifestation de la vérité ». « Il s’agit concrètement de se focaliser sur les aspects juridiques et judiciaires, de fond et de forme à chaque fois qu’un point de droit sera dénaturé pour des raisons autres que la justice. L’Etat du Sénégal dans sa mission de préservation des intérêts publics et privés entend se défendre devant toutes les juridictions pour obtenir la réparation des dommages et préjudices découlant de ces infractions et permettre la défense de toute victime de ces exactions et actes terroristes », a indiqué Me Ndéye Anta Mbaye.