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25 mai 2025
LE REGARD D'ACHILLE MBEMBÉ SUR UN SÉNÉGAL EN ÉBULLITION
L'intellectuel camerounais évoque la dernière sortie de Felwine Sarr sur la situation sociopolitique tendue au Sénégal sous le président Macky Sall, soulignant l'importance du pays dans la pensée africaine
Le commentaire de l'intellectuel camerounais Achille Mbembe en réponse à la tribune "Nous tenir éveillés" publiée par le Sénégalais Felwine Sarr sur SenePlus.com le 20 août 2023, braque les projecteurs sur la situation sociopolitique tendue qui règne au Sénégal sous le régime du président Macky Sall. La tragédie en cours, orchestrée par l'emprisonnement de l'opposant Ousmane Sonko, suscite des préoccupations et des inquiétudes profondes, non seulement au sein du pays, mais également parmi les intellectuels africains et non-africains qui ont une connexion avec cette nation de l'Afrique de l'Ouest.
Le Sénégal, au-delà d'être un simple État parmi les cinquante et quelques que compte le continent africain, a été le berceau d'idées et de figures qui ont marqué les esprits à l'échelle mondiale. Des personnalités telles que Senghor, Cheikh Anta Diop, et Djibril Diop Mambety ont contribué à façonner une identité sénégalaise riche en culture et en pensée. Cette nation a également servi de refuge pour de nombreux penseurs, écrivains et artistes africains qui ont trouvé un abri loin des persécutions dans leurs pays d'origine. Le Sénégal a été une source de nourriture intellectuelle et de protection pour bon nombre de personnes, une réalité qui résonne dans le cœur de ceux qui ont eu la chance d'expérimenter cette hospitalité.
Achille Mbembe, ayant vécu au Sénégal pendant plusieurs années, souligne l'importance de ce pays dans sa vie et dans celle d'autres intellectuels. Son lien étroit avec le Sénégal est évident, allant jusqu'à voyager avec un passeport sénégalais et à cofonder les Ateliers de la pensée de Dakar avec Felwine Sarr. Ces ateliers visent à perpétuer la tradition d'hospitalité et d'échange intellectuel qui a toujours caractérisé le Sénégal.
Dans son commentaire posté sur le réseauq social Linkedin, Achille Mbembe met en lumière les préoccupations soulevées par Felwine Sarr concernant la situation actuelle au Sénégal. Le texte de Sarr pointe du doigt la régression politique et sociale en cours ainsi que les menaces potentielles qu'elle fait peser sur la sous-région déjà en proie à l'instabilité. Cette mise en garde souligne l'urgence d'une prise de conscience collective et d'une action concertée pour éviter une détérioration plus profonde de la situation.
L'appel à l'urgence lancé par Mbembe ne se limite pas aux Sénégalais eux-mêmes, mais s'étend à tous les Africains et non-Africains qui ont tissé des liens avec le Sénégal et son peuple. La situation du Sénégal est en effet un miroir dans lequel chaque société peut se refléter, un rappel que les défis politiques et sociaux sont universels et nécessitent une réponse globale.
En fin de compte, le commentaire d'Achille Mbembe rappelle que le Sénégal ne peut être considéré isolément. Sa situation actuelle résonne bien au-delà de ses frontières géographiques, touchant les cœurs et les esprits de tous ceux qui ont été touchés par son héritage intellectuel et culturel. La voix des intellectuels africains, à l'instar de Mbembe et Sarr, résonne comme un appel à l'action et à la solidarité dans un moment crucial où le Sénégal cherche à surmonter ses défis internes tout en restant fidèle à son identité d'accueil et de partage.
par Thierno Alassane Sall
LE POISSON POURRIT PAR LA TÊTE
La récente révélation de L'Observateur concernant l'arrestation de trois faussaires, dont deux agents du GIGN, présumés trafiquants de faux billets en devises étrangères, est une tache sur l'intégrité de cette institution
La récente révélation de L'Observateur concernant l'arrestation de trois faussaires, dont deux agents du GIGN, présumés trafiquants de faux billets en devises étrangères, est une tache sur l'intégrité de cette institution.
Il est déconcertant de constater que deux des suspects sont des membres de la garde rapprochée d'une haute personnalité de l'État. Leur implication présumée dans de telles activités criminelles est un rappel douloureux que la corruption a infiltré les rangs de ceux qui sont censés nous protéger.
Un poisson pourrit toujours par la tête. Si les dirigeants ne montrent pas l'exemple, comment pouvons-nous attendre de nos fonctionnaires qu'ils maintiennent l'intégrité et l'honneur ? Les scandales de faux billets, de trafics de passeports et autres actes de corruption sont devenus monnaie courante sous le régime actuel.
Il est essentiel d'éradiquer radicalement la corruption à tous les niveaux. Nous devons exiger la transparence, l'intégrité et la responsabilité de nos institutions et de tous ceux qui les incarnent.
Je tiens à saluer le travail des forces de l'ordre qui ont mené cette opération avec professionnalisme. Surtout, il est impératif que nous prenions des mesures drastiques pour assurer que de tels incidents ne se reproduisent pas. La corruption est un mal qui ronge l'âme d'une nation.
Thierno Alassane Sall, honorable député, président du parti La République des Valeurs/ Réewum Ngor.
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L'AVENIR DES MÉDIAS À LA UNE DES ASSISES DE LA PRESSE
Les Assises de la Presse ouvertes ce matin ont permis de poser les véritables problèmes des médias. Les différents acteurs ont décidé de faire un diagnostic sans complaisance d’un secteur névralgique sujet à de nombreux défis
Les Assises de la Presse ouvertes ce matin ont permis de poser les véritables problèmes des médias. Les différents acteurs ont décidé de faire un diagnostic sans complaisance d’un secteur névralgique, mais qui doit faire face à d’autres défis : déficit de confiance, avènement du numérique…
LE NIGER AUTORISERA LES ARMÉES DU BURKINA ET DU MALI À INTERVENIR EN CAS D'AGRESSION
Les militaires qui ont pris le pouvoir au Niger il y a près d'un mois ont annoncé jeudi qu'ils autoriseraient les forces armées de leurs voisins du Burkina Faso et du Mali à intervenir sur leur sol "en cas d'agression"
Les ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso et du Mali, Olivia Rouamba et Abdoulaye Diop, étaient en visite jeudi à Niamey où ils ont été reçus par le nouvel homme fort du Niger, le général Abdourahamane Tiani. Ils ont "salué" la signature d'ordonnances "autorisant les forces de défense et de sécurité du Burkina Faso et du Mali d'intervenir en territoire nigérien en cas d'agression", selon un communiqué lu par Oumarou Ibrahim Sidi, le secrétaire général adjoint du ministères des Affaires étrangères nigérien, à l'issue de la visite.
Le Burkina et le Mali, confrontés comme le Niger à des violences jihadistes récurrentes, sont également dirigés par des militaires ayant pris le pouvoir par la force, entre 2020 et 2022. Très vite après le coup d'Etat du 26 juillet à Niamey ils ont affiché leur solidarité avec les nouvelles autorités nigériennes, en particulier face à la menace brandie par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (Cedeao) d'intervenir militairement pour rétablir l'ordre constitutionnel.
Les deux pays avaient ainsi mis en garde la Cedeao contre toute intervention au Niger, qui serait assimilée à une "déclaration de guerre",ce qu'ils ont répété jeudi. Le général Tiani a de son côté assuré samedi qu'une telle opération armée ne serait " pas la promenade de santé à laquelle certains croient".
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L'ÉTAT VEUT SE FAIRE INDEMNISER PAR SONKO
"L'Etat a souffert des attaques et pillages des biens publics" dans plusieurs domaines, "sur l'ensemble du territoire national, "en plus de pertes enregistrées par le (secteur) privé", a déclaré une de ses avocats, Ndèye Anta Mbaye
L'Etat du Sénégal va se constituer partie civile pour obtenir une indemnisation dans les procédures judiciaires ouvertes contre l'opposant Ousmane Sonko et son conseil franco-espagnol Juan Branco, en lien avec de récents troubles dans le pays, ont annoncé jeudi ses avocats.
"L'Etat a souffert des attaques et pillages des biens publics" dans plusieurs domaines dont les transports et l'eau, "sur l'ensemble du territoire national, "en plus de pertes enregistrées par le (secteur) privé", a déclaré une de ses avocats, Ndèye Anta Mbaye. Il "ne ménagera aucun effort pour rendre effective la réparation du préjudice", a ajouté Me Mbaye, lors d'un point de presse à Dakar.
Les dommages présumés subis par l'Etat n'ont pas été précisés. Une constitution de partie civile, déclarée recevable par un tribunal, ouvre la voie à d'éventuelles indemnisations pour les préjudices subis. Celle de l'Etat est différente de l'action publique ouverte par le parquet.
Le Sénégal a connu des troubles rares dans le bras de fer depuis plus de deux ans entre le pouvoir et l'opposant Sonko, écroué fin juillet sous différents chefs d'inculpation, dont appel à l'insurrection, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et atteinte à la sûreté de l'État.
M. Sonko, candidat déclaré à la présidentielle de 2024, a été condamné en appel à six mois de prison avec sursis en mai pour diffamation contre un ministre, et à deux ans de prison ferme en juin dans une affaire de moeurs. L'opposant a entamé une grève de la faim le 30 juillet. Il est hospitalisé depuis le 6 août et a été admis la semaine passée en réanimation, selon ses avocats.
L'avocat Branco, qui défend Ousmane Sonko, a été écroué début août à Dakar en lien avec ces troubles, placé sous contrôle judiciaire avant d'être expulsé vers la France.
par Madieye Mbodj
RÉSISTANCE CONSTITUTIONNELLE VS FOCUS 2024 : QUI L’EMPORTERA ?
Il est impératif de déployer une communication sur la déconstruction des slogans trompeurs du régime Macky Sall-APR-BBY, et en même temps sur l’explicitation de notre offre alternative autour des préoccupations des populations
La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, à son Article 02, établit comme des « droits naturels et imprescriptibles de l'homme » : la liberté, la propriété, la sûreté et « la résistance à l'oppression ». Dans le même ordre de pensée, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de l’ONU (10 décembre 1948) considère, dans son préambule, « qu’il est essentiel que les droits de l’homme soient protégés par un régime de droit pour que l’homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l’oppression ».
Ces instruments juridiques internationaux sont parties intégrantes de la Constitution du Sénégal laquelle, dans son préambule, « affirme son adhésion » à ces principes fondamentaux. Pourtant depuis un certain temps dans notre pays, toute action de résistance, toute parole divergente, sont rangées dans la catégorie des « infractions criminelles » et sévèrement réprimées au motif d’« appel à l’insurrection », « actes de nature à troubler l’ordre public », « entreprise terroriste », et tutti quanti !
De fait, malgré les apparences, le président Macky Sall, loin d’être le maître absolu du jeu, a perdu l’initiative. A preuve, depuis mars 2021, son régime en mauvaise posture avait promis des enquêtes sérieuses pour faire la lumière sur les tueries et destructions liées à ‘’l’affaire Adji Sarr’’ : rien de consistant depuis lors, sinon de nouvelles tueries et destructions, jusqu’en 2023. Les accusations de « terroristes, djihadistes, forces occultes, rebelles », n’arrivent à convaincre personne, malgré tous les montages et matraquages médiatiques par des mercenaires de la plume ou autres thuriféraires stipendiés, tout le contraire de ces intellectuels dignes et courageux qui prennent la parole au seul nom de la vérité des faits.
L’on assiste de plus en plus ouvertement à l’instauration dans notre pays d’un État de non- droit ou d’un état hors-la-loi, dérivant dangereusement vers un régime d’exception ou de terreur non déclaré. Sinon, comment expliquer que pratiquement aucune liberté de réunion, d’expression ni de manifestation ni de participation au libre jeu du fonctionnement et de la compétition démocratiques, ne soit reconnue dans les faits, ni aux citoyens à la voix dissonante ni aux partis politiques d’opposition légalement constitués et reconnus, en vertu de la Constitution, comme « un rouage indispensable » et « un pilier fondamental » de la démocratie ?! Coupures du signal de médias indépendants, restrictions répétées sur l’internet mobile, chasses à l’homme sur la toile ciblant entre autres les jeunes tiktokeurs, etc. : quelle est donc cette vérité que l’on ne voudrait pas laisser pénétrer l’esprit et le cœur des larges masses populaires des villes, des banlieues et des campagnes ?
Pourquoi monsieur Ousmane Sonko est-il persécuté, faisant systématiquement l’objet de toute sorte de complots et manigances dans l’unique dessein d’empêcher, par tous les moyens, sa candidature à la présidentielle de février 2024 ? Pourquoi s’échiner à diaboliser un homme politique imbu d’éthique, patriote jusqu’à la moëlle des os, qui n’a jamais cessé d’inviter au débat d’idées, en commençant par mettre lui-même dans la corbeille des réflexions et propositions, plusieurs ouvrages et publications de haute facture entre 2017 et 2022, dont : « Pétrole et gaz au Sénégal . Chronique d’une spoliation - mai 2017 », « Solutions pour un Sénégal nouveau - septembre 2018 », « Territoires du développement, janvier 2022- coécrit avec Balla Moussa Fofana »,, « Lumière sur les violences de l'État du Sénégal: Mémorandum - juin 2023 » ?
Ce même homme, aussitôt mis en liberté le 8 mars 2021 par le pouvoir en place, au plus fort de la tempête née du complot connu sous le nom de « l’affaire Adji Sarr », a aussitôt réuni acteurs politiques, société civile et médias pour publiquement demander, d’une part à la jeunesse en révolte d’arrêter le combat afin de permettre au président Macky Sall de mener son mandat jusqu’à son terme en 2024, d’autre part à la rébellion indépendantiste de Casamance de déposer les armes, en vue d’un règlement pacifique et définitif du conflit : voilà l’opposant peint pourtant, urbi et orbi, sous les traits imaginaires d’un « salafiste violent et dangereux pour la République » !
A n’en pas douter, Ousmane Sonko constitue une patate chaude, difficile à avaler ! Tout comme d’ailleurs Me Juan Branco, membre de son pool d’avocats, aux côtés de ses confrères sénégalais et africains, qui n’a pas manqué de mettre à nu les incohérences de cet « Etat fort » que serait le Sénégal ! Un « Etat fort » quand il s’agit de bander des muscles contre ses propres citoyens ? Ou de faire croupir dans les prisons plus d’un millier de patriotes et autres démocrates, tels les Fadilou Keita, Nit Dof, Papito Kara, Ousmane Diagne, Amy Dia, Bassirou Diomaye Faye, Mme Bitèye, Kaba Diakité, Falla Fleur, Bilal Diatta, Hannibal Djim, Papa Abdoulaye Touré, et parmi les tout derniers, Cheikh Bara Ndiaye, Maïmouna Dieye, Djamil Sané, Alpha Bocar Khouma, Me Babacar Ndiaye, et tant d’autres, amenant plusieurs organisations de défense des droits humains à pointer la peu glorieuse 1ère place du Sénégal dans le monde en matière de détention de prisonniers politiques ! Et qui pourrait oublier les plus de 50 personnes tuées entre mars 2021 et juin 2023, le plus souvent avec balles réelles ?
Et voilà que maintenant le pénible processus de construction de la démocratie dans notre pays vient d’enregistrer un gigantesque bond en arrière avec la dissolution, par décret, du parti Pastef, 63 ans après celle du Parti Africain de l’Indépendance (PAI), le 1er août 19660, par le régime senghorien de l’époque ! Dissolution de Pastef préméditée du reste depuis au moins un certain communiqué en date du 02 janvier 2021, diffusé tard dans la nuit par un ministre de l’intérieur fort dérangé par le succès du nemmeeku tour (visites aux populations à la base) du président Ousmane Sonko. Mais peut-on réellement dissoudre une vision, un espoir, un projet porté par des millions de patriotes au Sénégal, en Afrique et dans la diaspora ? Ce ne sont pas les arrestations et emprisonnements à la pelle, les entreprises forcenées de décapitation, de désorganisation et d’intimidation qui arriveront à divertir les millions de patriotes et démocrates par rapport aux tâches essentielles de l’heure. Des millions de militants et sympathisants, citoyens hommes et femmes, jeunes, adultes et personnes âgées, toutes et tous convaincu-e-s au Sénégal, en Afrique et dans la diaspora, que ce qui se joue sous nos yeux, loin d’être l’affaire d’une personne ou d’un parti politique, pose plutôt l’enjeu du présent et du futur d’un engagement populaire et citoyen collectif, autour d’un destin commun, comme le souligne fort justement Ousmane Sonko lui-même : « Le Sénégal n’a pas besoin de messie ni de héros, mais d’une masse critique de citoyens conscients des enjeux et qui ont le courage d’agir ». La lutte contre « les entreprises ou menaces terroristes », nouveau spectre des temps modernes, a souvent servi dans bien des cas à travers le monde, d’écran de fumée pour restreindre les libertés et camoufler les violations des droits démocratiques, en cherchant à instaurer un espace politique monolithique, comme qui dirait l’instauration d’un véritable terrorisme politique, judiciaire et sécuritaire, ou au mieux un retour aux tristement célèbres régimes de parti unique de fait !
Confrontés à l’équation insoluble de la désignation dans son attelage, d’un candidat consensuel à la présidentielle de 2024, l’Etat-Parti APR/BBY, ses suppôts et tous ses champions réunis ont, à l’évidence, peur d’affronter Ousmane Sonko et Pastef sur le terrain de la compétition électorale démocratique, au point de voir les plus haineux d’entre eux jubiler cyniquement devant l’annonce de son entrée en coma après son admission en réanimation au bout de plus de 20 jours de diète en détention ! De plus, la contumace, pourtant anéantie de plein droit, de l’avis de tous les spécialistes de bonne foi, dès l’arrestation du sieur Sonko et la notification au tribunal de sa décision de non acquiescement, sa supposée radiation des listes électorales, agitée à la faveur des accords issus du dialogue-deal initié par le pouvoir, sont autant d’illustrations de cette peur bleue du libre jeu démocratique, face à face avec Ousmane Sonko, laissant le soin au peuple souverain d’élire le candidat ou la candidate de son choix. Il s’y ajoute que la plus que difficile situation sociale du pays, dans ls villes comme dans les campagnes, ne milite guère en faveur des candidats, officiels ou officieux, du pouvoir en place, avec les affres de la vie chère, du chômage endémique des jeunes,, de la pauvreté et de la misère sociale galopantes, des vagues meurtrières des migrations dites irrégulières, sans oublier les spoliations foncières récurrentes, les injustices et inégalités sociales insolentes, les scandales multiples à milliards nés de la ‘’gestion sombre et vicieuse’’ des ressources nationales, autant de méfaits entre autres, dont est pavé le bilan du régime Sall.
Ne pourrait-on pas d’ailleurs se demander si le zèle actuel des présidents ivoirien et sénégalais en faveur d’une intervention militaire au Niger, comparé d’une part à la retenue de plusieurs autres chefs d’états de la CEDEAO, d’autre part à la large désapprobation des parlements et des peuples de la région ouest-africaine, ne serait pas dicté par un alignement invétéré sur les positions de la France néocoloniale de Macron et, surtout, par des préoccupations intérieures de survie et de pérennisation de leurs propres régimes en butte avec des difficultés inextricables ? L’UA, la France et les USA avaient-ils eu les mêmes réactions et la même cruauté de sanctions lors du coup d’État qui a propulsé Déby fils au pouvoir au Tchad en avril 2021 ? Notre club de chefs d’état, donneurs de leçons en matière de « bonne gouvernance républicaine », d’« état de droit » et de « respect de l’ordre constitutionnel », sont-ils des modèles de démocrates chez eux pour prétendre aller « rétablir la démocratie » chez le voisin ? Qu’ont-ils fait réellement jusqu’ici contre les tripatouillages et coups d’état constitutionnels, contre les passages en force des 3èmes mandats ?
Que personne ne s’y méprenne, wiiri wiiri jaari ndaari : citoyens patriotes, plus que jamais gardons le cap, focus sur 2024 ! Il nous appartient de nous organiser et de nous mettre en ordre de bataille, avec la coalition portée par le peuple des citoyens patriotes : « on gagne, ou on gagne ! » Il est impératif, dans ce cadre, de veiller à déployer une communication qui, se détournant de toute cible de diversion ou de leurre, concentre ses lumières sur la déconstruction des slogans trompeurs du régime Macky Sall-APR-BBY, et en même temps sur l’explicitation de nos solutions, notre offre programmatique alternative autour des préoccupations essentielles des masses sénégalaises et africaines. Sans s’exposer ni prêter le flanc inutilement, ni s’offrir facilement à l’adversaire, faire plutôt preuve de responsabilité, d’intelligence politique et de maturité, s’armer de toute la vigilance requise pour contrer efficacement les infiltrations, sabotages et autres provocations en tous genres sur le terrain ou à travers les différents supports médiatiques et autres réseaux sociaux. Poursuivre et intensifier la mobilisation populaire et citoyenne pour la libération immédiate et inconditionnelle du président Ousmane Sonko ainsi que des plus de 1 062 détenus politiques. Continuer à se battre pour des élections démocratiques, inclusives et transparentes sous l’autorité d’un organisme réellement autonome et non partisan. S’attacher avant, pendant et après le scrutin à obstruer, en mettant judicieusement à profit toute l’expertise citoyenne disponible, les diverses voies et stratégies de fraudes, notamment le contrôle quasi exclusif du pouvoir sur le fichier électoral, le monopole de la délimitation ou de la modification de la carte électorale, l’exclusion à l’avance de près de 2 millions de jeunes primo-votants, la planification de la fraude électronique en amont avec la complicité de cabinets étrangers experts en la matière, entre autres pratiques déjà largement expérimentées antérieurement. Cependant, avec l’évolution positive en cours des rapports de forces, la transformation positive des consciences populaires et citoyennes se démarquant progressivement des différentes formes d’aliénation, de dépendance et de servitude volontaire, comme présentement au Mali, au Burkina Faso ou au Niger, le contexte devient plus favorable pour continuer, avec audace et esprit de suite, à construire le parti panafricain de l’alternative souveraine et défaire la françafrique au Sénégal et dans la sous-région. Le changement est proche, l’alternative est à notre portée, il ne tient qu’à nous, citoyens et patriotes africains, de transformer l’espoir et le rêve en réalité, pour la dignité, l’honneur et le progrès d’une Afrique libre, unie et prospère.
«LES SENEGALAIS DOIVENT ETRE VIGILANTS CAR MACKY CHERCHE A SE MAINTENIR AU POUVOIR»
Arona Coumba Ndoffène Diouf, candidat déclaré à l’élection présidentielle, se prononce sur la situation économique et politique du pays.
Propos recueillis par Youssoupha BA. |
Publication 24/08/2023
Arona Coumba Ndoffène Diouf, candidat déclaré à l’élection présidentielle, se prononce sur la situation économique et politique du pays. Après avoir décliné les grands axes de son programme, il tire un bilan négatif du magistère du président Macky Sall avant d’alerter le peuple sur la recherche par ce dernier de stratagèmes pour se maintenir encore au pouvoir...
Le Témoin - Vous êtes candidat déclaré pour la prochaine élection présidentielle. Qu’est-ce qui motive votre choix de vouloir être porté à la tête de la magistrature suprême ?
Arona Coumba Ndoffène DIOUF - C’est une ambition renouvelée étant entendu qu’en 2011 j’étais déjà candidat déclaré avant de rencontrer un ami et frère en la personne de Macky Sall qui m’avait convaincu sur son programme et que j’avais finalement rejoint en 2012. Après sa victoire il m’a demandé de venir le rejoindre dans son cabinet comme ministre en charge de l’Energie, des Mines, de l’Environnement et des Energies renouvelables qui relèvent de mes compétences. Je pense l’avoir accompagné dans la plus grande loyauté dans tous ses programmes de développement.
Si tel est le cas pourquoi l’avoir quitté alors ?
C’est au terme de ses deux mandats que je lui ai dit que, puisque nous avions combattu le président Wade sur la question du troisième mandat, il n’était pas question que je le soutienne, lui, pour une troisième candidature. C’est pour cette raison que j’ai quitté son cabinet et déclaré mon ambition de mettre le Sénégal sur les rails du développement.
A quel moment avez-vous senti qu’il voulait briguer un troisième mandat ?
Moi-même j’étais surpris car, au cours de notre rencontre en 2011, il m’avait fait savoir qu’il allait quitter le pouvoir au terme de deux mandats et qu’après si moi je voulais me présenter, j’étais libre d’en exprimer le besoin. Donc, en termes de sincérité, je ne l’ai pas trahi. Mais c’est à partir de 2021 que j’ai assisté dans son cabinet à la naissance d’un courant qui militait pour son maintien au pouvoir. Je ne veux pas citer de noms mais quand ces personnes sont venues me voir je leur ai dit que cette idée ne peut pas prospérer au Sénégal et qu’il ne faut pas compter sur mon soutien.
Finalement, il a renoncé à cette candidature que vous jugez de trop. Comment avez-vous apprécié sa décision ?
C’est une volte-face. Il y a des signes qui montrent que tel n’était pas son souhait. D’abord il a laissé un courant de ministres, directeurs généraux, maires, députés faire des plateaux dans les médias, organiser des meetings pour soutenir sa candidature. Et jamais il n’a cherché à les arrêter. Donc, c’était avec sa volonté qu’ils le faisaient d’autant plus que tous ceux qui étaient contre ont été virés de leurs postes. Et n’eut été la pression internationale portée par des chefs d’État africains d’abord puis des puissances étrangères comme la France et les Etats-Unis, il allait forcer le barrage. D’ailleurs, la visite de Marine Le Pen à Dakar n’avait d’autre objectif que de le faire reculer. A cela il faut ajouter la détermination du peuple sénégalais.
Quel bilan de Macky Sall tirez-vous depuis qu’il est à la tête de notre pays ?
Il a fait beaucoup de programmes mais qui sont mal orientés. Dès son accession au pouvoir, il est tombé dans le piège des partisans de Abdoulaye Wade qui lui ont fait savoir qu’il n’était pas capable de terminer les chantiers de son prédécesseur. Et tout de suite après, il a voulu leur montrer le contraire en s’attaquant à terminer les travaux de Wade et mieux à faire plus que lui dans ce domaine. Et, finalement, il a perdu trop de temps avec la construction d’infrastructures qui n’étaient pas des priorités pour les Sénégalais. Je donne un exemple : rien que pour le BRT et le TER il a mis plus de 1.500 milliards alors que l’autosuffisance alimentaire, l’emploi des jeunes, la formation des femmes, l’industrie étaient plus prioritaires.
Donc vous ne voyez rien de positif dans le bilan du président Macky Sall ?
Pour l’énergie, il a fait des efforts. On a trouvé 550 MGW on est à 1250 MGW. C’est une avancée qu’il faut saluer. Mais il faut analyser les choses en profondeur. Combien cela nous coûte l’achat d’énergie fossile pour réaliser l’autosuffisance en électricité ? Ce sont des milliards alors qu’on pouvait dès le début nous orienter vers les énergies renouvelables et économiser beaucoup d’argent. J’avais théorisé le mix énergétique dans le programme du président de la République. Je lui avais dit que si on parvient à avoir 22% de notre énergie renouvelable injecté dans le réseau de la SENELEC, on aurait économisé 400 milliards de francs qui allaient circuler dans le pays en liquidités, booster de 2 points notre croissance économique et créer beaucoup d’emplois. C’est ce que le Maroc a pourtant réussi. C’est là-bas qu’il y a la plus grande centrale solaire qui fournit 300 MGW qui est l’équivalent de 600 milliards. Et pourtant nous sommes plus ensoleillés que ce pays. C’est aussi le cas avec le phosphate que nous vendons aux Indiens qui le transforment pour nous le revendre alors que c’est nous qui avons la matière première.
Et au plan immatériel ; diriez-vous que le bilan de l’actuel chef de l’Etat est un échec ?
C’est plus qu’un échec. Parlons d’abord de la démocratie qui est en régression profonde. Nos libertés sont bafouées, personne n’a le droit de piper mot de peur de finir en prison pour rejoindre des milliers de jeunes pour des délits imaginaires. Le respect des droits humains est en régression. Et c’est vraiment regrettable. Tout cela est dû au fait que c’est l’exécutif qui contrôle la justice. C’est le ministre de la Justice qui donne mandat aux magistrats qui devraient être les premiers défenseurs des droits humains. Tant qu’il y aura ce link, il sera très difficile de développer un climat serein de justice dans notre pays.
Quel regard portez-vous sur le climat politique actuel ?
C’est très compliqué. On n’avait jamais vécu un climat aussi tendu dans l’arène politique sénégalaise depuis Senghor. Et tout ceci gravite autour de la personne de Ousmane Sonko sur les dossiers l’opposant à Adji Sarr et Mame Mbaye Niang. Dès le début, on a senti de l’acharnement sur sa personne. Au bout du compte nos soupçons se sont avérés avec des chefs d’accusation fallacieux. Et les conséquences ont été énormes en termes de retard au plan économique, de blessés et de pertes en vies humaines. La montagne ayant accouché d’une souris, je pense que Ousmane Sonko devait être libre. Si on l’avait condamné depuis deux ans pour ces chefs d’accusation d’appel à l’insurrection ou troubles à l’ordre public on aurait compris.
Mais pourquoi attendre ce moment pour le faire ?
Donc je considère que tout ceci relève d’une tentative d’éliminer un adversaire politique de grande envergure comme c’était le cas avec Karim Wade et Khalifa Sall. Le président Macky Sall cherche toujours un candidat.
Pourquoi selon vous tarde-t-il à dévoiler le nom de son dauphin?
Je vais vous citer Abdou Aziz Diop avec qui j’ai travaillé dans son cabinet. Il disait que Macky Sall est un président de manigances. Mais j’alerte tous les Sénégalais pour leur demander d’être très vigilants. Je pense que, s’il était dans une dynamique de trouver un candidat, il l’aurait choisi depuis longtemps. Tous ses prédécesseurs savaient qui va les remplacer après leur départ. Il n’y a que lui qui fait dans l’obscur. Avec Macky Sall, il faut s’attendre à tout. Il est même capable d’évoquer le prétexte d’absence de consensus dans sa coalition pour se présenter ou même invoquer un chaos imaginaire d’autant plus qu’il l’avait insinué dans son discours. Mais je crois que les Sénégalais sont assez matures pour ne pas le laisser faire. Et s’il advenait qu’il tente ce coup, il serait responsable de toutes les conséquences qui en adviendraient. Nous sommes dans un tournant décisif et il n’est pas question qu’on rate ce virage historique car pour la première fois on va choisir un président de la République et personne ne va le faire à notre place.
Quel programme comptez-vous proposer aux Sénégalais pour qu’ils vous accordent leurs suffrages ?
Tout mon programme sera basé sur le progrès technique qui ne sera possible qu’avec le capital humain c’est à dire le peuple et les Sénégalais. Donc, il faut faire en sorte que ce peuple soit éduqué avec un niveau intellectuel élevé et soit aussi en bonne santé. A partir de là, je ferai de l’industrie une de mes priorités. Nous avons assez de ressources qu’il faut capitaliser en évitant la chaîne d’exportation de nos richesses. C’est devenu un goulot d’étranglement pour notre développement. Je donne l’exemple du coton qui est cultivé à Tambacounda, exporté puis transformé à l’étranger avant de revenir au Sénégal en tissu Jezner ou Tergal. C’est la même chose avec le phosphate que j’ai déjà expliqué. Nous avons du fer, de la bauxite dont 5 tonnes donnent 2 tonnes d’alumine équivalant à 1 tonne d’aluminium qu’on peut utiliser pour la construction des habitations. Nous avons aussi des montagnes de marbre dans la zone de Kédougou pour la production de carreaux. Nous en disposons depuis avant les indépendances. Avec toutes ces richesses nous avons la possibilité de créer des milliers d’emplois, booster notre économie et nous positionner parmi les grandes puissances en Afrique.
Quels sont les autres grands axes de votre programme ?
En agriculture je donne toujours l’exemple de Arizona aux Etats Unis. C’était un désert mais les Américains en ont fait la zone qui produit les meilleurs fruits grâce à une bonne politique d’irrigation. Nous, on a un potentiel cent fois plus important. Aussi bien l’eau que la terre sont disponibles. L’éducation et la santé me préoccupent aussi. C’est pourquoi je compte valoriser les personnels de ces deux secteurs en les dotant de moyens à la hauteur de leur rang. Pour l’éducation, nous devons réorganiser le système à travers un diagnostic profond qui prendra le temps nécessaire. Mais déjà il faut qu’on enseigne à partir de nos langues nationales pour une meilleure performance de nos diplômés. S’agissant de la santé, le focus sera mis sur la prévention pour réduire les risques de maladies. Il conviendra aussi de doter tous les départements d’hôpitaux bien équipés et surtout permettre l’accès aux soins sanitaires à tous. Si nous voulons avoir moins de malades, il est nécessaire d’investir dans la prévention et la sensibilisation surtout sur les maladies les plus récurrentes.
Parlez-nous des réformes institutionnelles que vous comptez mettre en œuvre…
D’abord je ne serai pas chef de parti. Cela permettra à l’administration dans sa globalité d’être plus indépendante. Je ferai en sorte que tous les Sénégalais aient accès aux informations concernant les dépenses publiques y compris celles du président de la République. Cela se fait ailleurs pourquoi pas chez nous d’autant plus que c’est l’argent du contribuable. Il faut ouvrir des fenêtres d’information accessibles à tous pour plus de transparence. Aussi bien la justice que les corps de contrôle vont travailler en toute liberté sans la moindre pression.
Comment comptez-vous vous organiser pour aller à la rencontre des Sénégalais et les convaincre de voter pour vous ?
D’abord nous sommes prêts il y a longtemps. Dans tous les pays de la diaspora nous sommes représentés. Au plan national nous avons réussi à faire un maillage et régulièrement sommes en contact avec les militants. Les cellules de l’ACAD sont partout au Sénégal et nous tendons la main à tous ceux qui veulent travailler pour le développement du pays de venir nous rejoindre. Pour les moyens je remercie le bon Dieu de nous avoir donné ce qu’il faut pour assurer nos dépenses. Ousmane Sonko est en grève de faim depuis trois semaines.
Quel message voulez-vous lui lancer ?
Je salue son courage et sa bravoure. Il a mené le combat qu’il faut pour son peuple. Mais je l’invite tout de même à mettre fin à sa diète. Qu’il le fasse pour sa mère, ses enfants, ses femmes. Ils ont encore besoin de lui, ses militants aussi. Je souhaite qu’il m’entende et qu’il réponde favorablement à ma demande.
RADIOSCOPIE DU QUATRIEME POUVOIR
La Coordination des Associations de Presse (CAP) lance, ce jeudi 24 août, à la Maison de la presse Babacar Touré, les «Assises des médias».
La Coordination des Associations de Presse (CAP) lance, ce jeudi 24 août, à la Maison de la presse Babacar Touré, les «Assises des médias». Cette rencontre qui va réunir acteurs de la presse, membres de la société civile, universitaires, religieux, entre autres, devra permettre de faire une introspection, une autocritique constructive, en somme, une radioscopie du secteur des médias. Ce, face aux multiples problèmes qui gangrènent le secteur et les défis à relever.
Entre attaques et menaces contre des journalistes, précarité des entreprises de presse et environnement économique non viable, arrestations, difficiles conditions de travail, non-respect des règles d’éthique et de déontologie pour certains, problématique de la gouvernance des médias, baisse de la qualité des productions, etc., la presse souffre de plusieurs maux au Sénégal. Ce qui fait qu’il est urgent de trouver des solutions durables pour un secteur qui joue un rôle très important dans la démocratie.
Après plusieurs rencontres qui ont permis de diagnostiquer les contraintes des médias, la Coordination des associations de presse (CAP) lance, ce jeudi 24 août, les «Assises des médias» à la Maison de la presse Babacar Touré. En effet, «la CAP, dont le patronat de la presse est partie prenante et membre fondateur pour l’adoption à l’époque du projet de Code la presse, en 2017, est une unité d’actions de toutes les organisations de médias». Selon les organisateurs, ces «Assises seront une réflexion nationale inclusive sur l’état de la presse en 2023 et ses perspectives». Elles vont relever d’une démarche collective et inclusive de toutes les organisations professionnelles des médias, pour définir un Plan d’actions stratégiques du secteur de la presse. C’est pourquoi, «en sus des acteurs de la presse, tous les segments de la société sénégalaise : institutions de la République, société civile, syndicats, organisations religieuses (des confréries à l’Église), universitaires, acteurs au développement, etc., sont invités à prendre part à cette rencontre».
Lors de leurs précédentes rencontres sur la situation des médias, les acteurs de la presse ont insisté sur «l’évaluation et la réforme du Code de la presse, la mise à niveau du cadre légal et réglementaire du secteur de la presse, le financement adéquat des entreprises de presse, publiques comme privées, et suivant des modèles économiques pertinents et la mutualisation des moyens dans les médias ainsi que la prise en compte des intérêts des entreprises de presse dans le futur Code de la publicité»
Mieux, «la prise en charge de formation dans les métiers des médias, à travers la formation académique et celle pratique de terrain ; la situation précaire des femmes dans les médias», «l’arrêt et la condamnation sans appel des agressions physiques et verbales subies par les entreprises et acteurs de la presse, agressions par des FDS, des militants politiques», «l’adoption d’un code de conduite pour les médias et une meilleure solidarité entre les acteurs du secteur», entres autres, font partie des préoccupations de la Coordination des associations de presse.
Face aux contraintes des médias qui conduisent à des dérives telles que la corruption, les «Assises des médias» devront ainsi permettre d’assoir une presse professionnelle, responsable et libre. En somme, lors de cette rencontre perçue comme un «ndeup» des médias, toutes les questions devraient être posées sur la table notamment l’environnement économique peut viable, avec les organes du public (RTS, Le Soleil, etc.) qui captent le plus gros de la publicité, malgré la subvention de l’Etat, au détriment de ceux du privé qui se partagent une portion congrue.
Alors que l’effectivité du financement des médias publics est toujours d’actualité, les privés qui se contentent des miettes, en termes de publicité, peinent toujours à joindre les deux bouts, à arrondir les fins du mois pour honorer les engagements notamment fiscaux, les salaires, les factures et autres charges fixes. L’équation des nouveaux médias et des sites en ligne qui pullule et dont certains semblent ne se soumettre à aucune norme, aucun code, ni déontologique encore moins d’éthique est également d’actualité, tout comme celle des contenus et les productions médiatiques.
Quid de la presse ? Avec une trentaine de quotidiens, c’est la course contre la montre, dans les rédactions, pour arriver tôt à l’imprimerie, au risque d’être laissé en rade par les distributeurs qui, à partir de certaines heures (de tirage) ne prennent plus de journaux, tous les revendeurs déjà en possession de leurs quotas et s’activant dans les différents points de vente. Les «Assises des médias» c’est aussi l’occasion de trouver des réponses au problème de professionnalisme des médias, décrié depuis un certain temps.
Par Vieux SAVANE et Baba DIOP
PATHÉ DIAGNE, IL EST MORT LE SOLEIL
Sa voix de stentor avait faibli ces dernières années, mais pas ce regard si pétillant de conviction et de détermination. Pathé Diagne avait le sens de l’humour. Il savait porter l’estocade à ses contradicteurs par la solidité de ses arguments
Vieux SAVANE et Baba DIOP |
Publication 24/08/2023
S a voix de stentor avait faibli ces dernières années, mais pas ce regard si pétillant de conviction et de détermination. Pathé Diagne avait le sens de l’humour. Il savait porter l’estocade à ses contradicteurs par la solidité de ses arguments.
Les neufs livres qu’il nous laisse en héritage sont de précieux documents qui nous éclairent sur la marche de l’Afrique et souligne l’inculture de ceux qui affirment que le continent noir n’est pas entré dans l’histoire. Linguiste, économiste, éditeur, politologue, Pathé Diagne, né le 7 janvier 1934, à SaintLouis, est décédé à Dakar, hier mercredi. Par son travail, tel un défricheur d’avenir, il a contribué à célébrer la prise d’initiative et de risque, conscient que c’est en cela qu’on devient un acteur du monde. Il a été l’auteur d’une traduction du Coran en wolof, contribuant ainsi à recentrer les choses, en remettant en question l’hégémonie islamoorientale portée par une tendance consistant à faire associer sous nos cieux, même inconsciemment, l’arabe à l’islam. Maîtrisant l’arabe, ayant étudié plusieurs langues africaines, il était attaché à l’idée d’une Afrique polyglotte et pluriculturelle. Il a enseigné la linguistique aux Etats-unis et a publié en 1960 le premier ouvrage de grammaire générative en français. Ses travaux sur le wolof et la politique africaine ont aussi marqué plusieurs générations. Toujours à la pointe du combat, il a voulu montrer par des expéditions en mer que la navigation transatlantique se pratiquait à partir de l’Afrique bien avant Christophe Colomb.
Dans son ouvrage « Bakary II et Christophe Colomb à la rencontre de l’Amérique », il affirmait qu’entre 1300 et 1312, à la tête du Mali , empire le plus riche de son époque, Bakary II avait réussi à réaliser la traversée de l’Atlantique et à se rendre en Amérique bien avant Christophe Colomb (1492) comme en témoignent des cartes catalanes datées de 1375 et 1407 le montrant abordant les côtes amérindiennes. Ce voyage transatlantique de découverte et de conquête, avec tout ce que cela impliquait comme connaissances scientifiques et techniques, avait été rapporté par l’historien arabe EL Omari en 1314, dans son Kitaab. Iconoclaste, curieux de tout, Pathé Diagne avait créé dans les années 80 à Dakar la libraire Sankore, qui était devenu très vite le centre de rencontre et de convergence des intellectuels du continent, de la diaspora. Intellectuel éminent il a été de toutes les batailles pour l’émancipation des peuples africains.
A côté de ses compagnons, Cheikh Anta Diop et Ousmane Sembène avec qui il avait fondé le premier journal en wolof « Kaddu », il a été un militant acharné des langues nationales. Il avait organisé le fameux colloque qui avait permis à Cheikh Anta Diop, pendant des nuits, d’exposer sa pensée à l’Université de Dakar. C’est au moment où sa fille, Mbissine Diagne, qui a filmé une bonne partie de sa vie, et le plasticien Viyé Diba, s’attellent à lui rendre hommage en 2024 , dans un grand évènement intitulé « Le Retour de Bakary II » que l’astre s’est éteint. Il est mort le soleil. Pour nous, un petit regret, celui de n’avoir pas pu mener à terme un projet que nous lui avions soumis, qui avait reçu son assentiment, et qui consistait à une série d’entretiens. A son épouse, la sociologue Fatou Sow avec laquelle ils constituaient un couple aimant, bercé par l’amour du savoir, à ses enfants, à toute la famille, le groupe Sud communication présente ses condoléances attristées. Adieu, Grand Pathé. Que ton âme repose en paix.
par Ibrahima Silla
LES ACCUSATIONS INFONDÉES ET DÉLIRANTES D’UNE ATTEINTE À LA NEUTRALITÉ AXIOLOGIQUE
En se prononçant sur les problèmes politiques de son temps, voire en s’engageant politiquement, le scientifique ne sort pas de la science. La neutralité axiologique n’est pas le « non-engagement du savant » mais la « non-imposition des valeurs »
La vérité ne provoque un malaise que chez ceux qui n’arrivent pas, par intérêt, ignorance ou lâcheté, à comprendre que l’expression lucide, mesurée et objective d’une situation reste en démocratie le meilleur moyen d’affronter les problèmes. Le philosophe américain Sidney Hook fait observer à ce titre l’intérêt de : « La liberté de personnes, professionnellement qualifiées, de chercher, de découvrir, de publier et de rechercher la vérité telle qu’ils la perçoivent dans le champ de leur compétence. Elle n’est sujette à aucun contrôle ou à aucune autorité officielle, à l’exception du contrôle et de l’autorité des méthodes rationnelles par lesquelles on atteint ces vérités ou des conclusions dans ces disciplines » (Hook).
Le monde ne s’arrête pas à l’université. Il ne revient à personne, et encore moins à un insignifiant conseiller du président de la République de fixer les limites du droit d’intervenir ou pas dans les débats publics à des universitaires libres, majeurs et bien informés des problèmes politiques de leur pays.
Nous espérons qu’il n’a pas perdu toute sa tête, comme semble le déplorer son ancien professeur Alioune Tine ; qu’il lui reste quelques neurones pour entendre et comprendre les « piqures de rappel » qui suivent, même si ceux qui ont perdu la tête étaient dispensés de cette invitation à l’éveil des consciences qu’appelle de ses vœux Felwine Sarr dans son article intitulé : « Nous tenir éveillés ». Ceux qui ont perdu la tête au contact du pouvoir ne peuvent pas avoir la capacité d’être à la hauteur de cet appel pour l’analyser avec pertinence, sans passion et sans singeries.
Ces lignes défendent un principe sacré : la liberté de tout universitaire de s’intéresser aux questions politiques et de s’exprimer en toute liberté ; non pas seulement au nom des libertés académiques, mais aussi et surtout au nom du droit sacro-saint de la liberté de choix de ses sujets de réflexion, de recherche, de critique, d’expression, et de désenchantement du réel, notamment politique. Aussi voudrais-je lui rappeler quelques vérités sur la problématique de l’implication ou de la distanciation du chercheur et des usages extra-académiques des savoirs.
Une bonne maîtrise de la littérature en science politique aurait dû le dissuader de s’aventurer dans de tels propos alambiqués. Voir derrière chaque vérité sur le ou la politique un cocktail molotov est une déduction simpliste indigne d’un ancien de sciences po et même d’un intellectuel tout court. Autrement, toutes ces vérités sur la réalité de la politique contenues dans les nombreux ouvrages des politistes lui auraient brûlé les mains en explosant comme des cocktails molotov. L’ouvrage classique en science politique de Daniel Gaxie, Le Cens caché. Inégalités culturelles et ségrégation politique, en est une parfaite illustration. Sort-il de la science politique en démontrant ce « cens caché » ? Que dire des nombreux ouvrages de Pierre Bourdieu, autre auteur classique de la discipline ?
Le rappel de ces auteurs et de ceux qui vont suivre est seulement destiné à lui montrer qu’il ne maîtrise pas la problématique de la « neutralité axiologique ». Autrement, il n’aurait pas été nécessaire d’encombrer ce texte de noms d’auteurs et de citations. Tout intellectuel digne de ce nom n’a pas besoin de ces références théoriques et de ces auteurs pour s’investir comme bon lui semble dans la défense des causes justes. Il est donc important d’apporter ces clarifications pour qu’il ne continue plus de se tromper et de tromper. Ne pas corriger ces erreurs, c’est courir le risque de le voir en précipiter d’autres.
Cette divagation en hors-piste de ce conseiller qui sait parfaitement « qu’un conseiller ça ouvre sa gueule pour défendre l’indéfendable ou ça démissionne », nous donne la certitude qu’il a été un mauvais lecteur des auteurs qu’il convoque à l’emporte-pièce sans fondamentalement saisir la profondeur de leurs analyses. Il touche à la problématique des usages extra-académiques de la recherche en sciences sociales et nous offre une bonne opportunité de clore le délire sur cet imaginaire de la « neutralité axiologique » en abordant la dialectique de l’implication et de la distanciation du scientifique par rapport à l’objet politique. Car, la neutralité axiologique n’est pas ce que l’on croit. Elle n’est pas une injonction à s’inscrire dans la renonciation ou l’implication. La neutralité axiologique ce n’est pas le « non-engagement du savant » mais bien la « non-imposition des valeurs ». Nous y reviendrons…
Les scientifiques ont de bonnes raisons de renoncer à s’impliquer dans les débats politiques extra-académiques, non pas au nom de la neutralité axiologique qu’ils pourraient trahir, mais à cause des effets pervers caractéristiques du rapport de la science fondamentale au contact des réalités du champ politique. Le risque de complicité, de connivence et de complaisance politique dans leurs accointances avec la politique. Une telle axiologie de la proximité et de l’implication « fétichisée » ne doit pourtant pas être négligée. Il constitue même la principale source d’inquiétude axiologique que de voir la science renoncer à la vérité au nom de l’intérêt partisan ou du calcul militant. L’enjeu est donc bien là, dans le défi de servir la politique scientifiquement sans trahir la neutralité axiologique méthodologiquement.
Nous partageons l’idée du sociologue français Bourdieu que le scientifique peut s’engager en tant que scientifique en vertu de ce qu’il sait. Il a son mot à dire sans avoir à craindre la polémique caractéristique de cet univers politique. Ce n’est pas pour rien qu’on recourt, en l’étudiant, au vocabulaire sportif : compétition, arène, lutte, etc. L’utilité politique de l’implication axiologique au nom de l’inquiétude axiologique née des mauvais actes qu’ils posent, nous donnent suffisamment de raisons citoyennes d’investir le registre du politique à travers un militantisme scientifique.
Le caractère polémique de l’objet politique rendant certes difficile « l’indispensable neutralité axiologique » fait de la science politique comme de la sociologie des « sciences qui dérangent » (Bourdieu). Pourtant le plus gênant ne se trouve pas dans la présomption d’une impossibilité intellectuelle de satisfaire aux principes de la neutralité axiologique que dans sa mauvaise interprétation. Car, la neutralité axiologique n’est pas ce que l’on croit. En invoquant le principe désormais sacro-saint de la neutralité axiologique exigé de toute démarche scientifique, que « la politique n’a pas sa place dans une salle de cours », Max Weber invite à distinguer les jugements de valeur des jugements de fait. Pourtant, ce n’est pas comprendre ce que Weber a voulu dire de la neutralité axiologique que de croire que celle-ci se présentait comme l’expression de son allergie viscérale envers tout engagement du savant. Le concept de neutralité axiologique ne signifie pas le « non-engagement du savant » mais la « non-imposition des valeurs ». Pour Max Weber, l’idée qu’il pût exister des chercheurs capables de « neutralité » était tout simplement aberrante. Le rapport de leurs disciplines (sociologie, science politique, droit, économie, gestion etc. entre autres) avec la politique peut les contraindre à « sortir de leur tour d’ivoire » et à « rendre compte » en intervenant dans l’espace public pour défendre les acquis de la recherche, la fonction critique et les idéaux de la science (Noiriel et Offenstadt).
S’impliquer donc sans trahir les valeurs attachées à leur métier est une possibilité et non un obstacle épistémologique insurmontable. Isabelle Kalinowski nous rappelle à ce titre : « Il n’existe pas d’analyse scientifique proprement « objective » de la vie culturelle ou des « phénomènes sociaux », indépendante de points de vue particuliers ou « partiaux » en fonction desquels ces phénomènes sont choisis comme objet de recherche, analysés et organisés dans un exposé – que ce soit de façon explicite, consciente ou inconsciente » (Kalinosvki). Toute compréhension dépend donc nécessairement de l’adoption d’un point de vue sur l’objet, c’est-à-dire, de la position occupée dans le champ scientifique et des dispositions qui y sont importées (Mauger).
Yves Surel complète la liste des arguments en faisant observer que : « l’usage ordinaire et simpliste qui est parfois fait de cette notion (la neutralité axiologique) tient d’un objectivisme naïf, qui ferait de la science la source de vérités distinctes des croyances et affects relevant de la subjectivité. Cette position est non seulement un contresens à l’égard des écrits de Max Weber, mais elle représente également une posture inatteignable et non désirable. » On est engagé même implicitement. Ce qui fait dire à Maurice Duverger que : « Certains collègues qui se disent totalement neutres ou objectifs, ce sont soit des naïfs, soit des menteurs. »
L’engagement du savant à servir politiquement la vérité découverte ne diminue pas ou n’invalide point cette vérité acquise sur des bases scientifiques solides. Ce qui amène Gérard Mauger à défendre l’idée selon laquelle : « Le confinement du sociologue dans un champ autonome – « entre pairs », « entre soi » - neutralise la portée virtuelle de son travail : d’où son nécessaire investissement « public » dans les luttes symboliques et politiques » (Mauger). Car, nous dit Durkheim : « Nos recherches ne méritent pas une heure de peine si elles ne devaient avoir qu’un intérêt spéculatif ». L’accent est mis ici sur la réflexion rationnelle concernant les conditions d’un fonctionnement social au profit de tous et donc sur les maux et les désordres à combattre et sur les moyens de faire advenir une vie collective équilibrée. Retrouvant ainsi le sens que lui donnaient les anciens : la recherche du meilleur régime.
Un autre de nos référentiels théoriques en science politique, Pierre Favre, nous a enseigné que débarrassée de toute neutralité, la recherche politologique doit être guidée par « l’inquiétude axiologique » et réfléchir aux grandes questions – la justice, la délibération, la démocratie tout simplement – qu’elle a, par frilosité ou par principe, laissées en marge de la discipline » (Favre). Pour lui : « En tant que science sociale, la science politique cherche à rendre compte scientifiquement de faits sociaux produits par des hommes situés dans temps, vivant en société et qui agissent en vue de maîtriser leur avenir. (Favre).
Voir des intellectuels instrumentalisés par le pouvoir pour l’énonciation de ses « vérités officielles » n’est pas une nouveauté en politique, même dans les plus grandes démocraties. En effet, tout pouvoir entretient son « régime de vérités » et une préoccupation obsessionnelle de vouloir en maîtriser la diffusion. C’est ce qui explique le recours à ce qu’Armand Farrachi appelle le « lexique de l’optimisme officiel ». Mais il est clair qu’il y a peu de chances de convertir toute une communauté intellectuelle à la cause d’un pouvoir, même s’il n’est pas rare de voir quelques individualités faire le jeu du pouvoir et chercher à valider des contre-vérités autant scientifiques que politiques. Et comme le dit Michel Foucault : « Chaque société a son régime de vérité, sa « politique générale » de la vérité : c’est-à-dire des types de discours qu’elle accueille et fait fonctionner comme vrais ; les mécanismes et les instances qui permettent de distinguer les énoncés vrais ou faux, la manière dont on sanctionne les uns et les autres ; les techniques et les procédures qui sont valorisées pour l’obtention de la vérité ; le statut de ceux qui ont la charge de dire ce qui fonctionne comme vrai » (Foucault). Une « vérité officielle » trouve toujours une bouche qui parle pour elle, tels ces « répondeurs automatiques » embarqués dans la robotique du déni des évidences.
Rien d’étonnant à cet égard. L’histoire regorge d’exemples montrant des intellectuels s’investir dans les processus d’endoctrinement idéologique et des alliances politico-universitaires pour servir de « caution scientifique » aux pires tragédies comme le nazisme, le stalinisme, le totalitarisme, le fondamentalisme, le racisme, le colonialisme, les impérialismes, etc. On pourrait aussi souligner le rôle joué, de manière très volontariste, par les savants, universitaires et intellectuels dans la promotion des théories libérales, socialistes, communistes, panafricanistes, internationalistes, mondialistes, écologiques, féministes, etc.
La robotique du déni contraint au containement des vérités embarrassantes pour que le pouvoir continue de faire vivre le « régime de vérité » qu’il met en place en s’obstinant à exclure le surgissement d’une vérité capable de révéler ses trucages par les « automates du mensonge ». C’est le lieu de rappeler que le rôle des sciences sociales telle qu’elle est envisagée par ses pères fondateurs est d’expliquer (Durkheim) et d’aider à comprendre (Weber). Dans une telle optique de la sociologie compréhensive ou explicative, individualiste ou holistique, du constructivisme ou de la configuration, il ne s’agit pas forcément de porter des jugements de valeur, ni de discriminer ou définir le juste et l’injuste, le bon et le néfaste, le bien et le mal. Il convient de tenter de comprendre les actions, c’est à dire les logiques de leurs actions ou leurs motivations.
Dans cette optique, l’intervention du sociologue, du politiste, du juriste, du philosophe, de l’historien ou de l’économiste ne fait pas de lui un homme politique. Et en devenant même un homme politique, sa vocation d’homme de science et donc de savant n’est pas du coup remise en cause. La vocation de l’activité politique et donc de l’homme d’action ne porte pas forcément atteinte à celle de l’homme de science. Il n’y a pas « frontière sacrée » qui interdirait toute possibilité de conciliation des vocations. C’est un tel constat qui a conduit le sociologue français Pierre Bourdieu à reconnaître qu’il aimerait mieux évidemment, que les intellectuels aient tous et toujours, été à la hauteur de l’immense responsabilité historique qui leur incombe et qu’ils aient toujours engagé dans leurs actions non seulement leur autorité morale mais aussi leur compétence intellectuelle. Ainsi soutient-il : « Je souhaite que les écrivains, les artistes, les philosophes et les savants puissent se faire entendre directement dans tous les domaines de la vie publique où ils sont compétents. Je crois que tout le monde aurait beaucoup à gagner à ce que la logique de la vie intellectuelle, celle de l’argumentation et de la réfutation, s’étende à la vie publique. (...) Il serait bon que les « créateurs » puissent remplir leur fonction de service public et parfois de salut public. (Bourdieu).
Une telle conception des usages des savoirs et connaissances scientifiques conforte l’idée selon laquelle les notions de « désintéressement » et de « responsabilité » constituent les fondements de l’ethos des professions intellectuelles et artistiques, qui servent à justifier leur autonomie. Les appréhender requiert une double approche : d’un côté, l’histoire sociale des concepts et de leurs usages, de l’autre, la sociologie des pratiques qui s’en réclament. (Sapiro 2013). La conviction des défenseurs d’une axiologie de l’implication – et non de la renonciation – des scientifiques est qu’ils doivent prendre la parole, plutôt que de se taire et donc de privilégier la renonciation par désintérêt, indifférence ou peur d’ajouter des polémiques à la confusion.
Le nombre de manifestes publiés depuis 2012 est assez révélateur de la situation politique désastreuse du pays. Ce régime a battu le record mondial de manifestes dénonçant ses manquements, dysfonctionnements, abus et dérives. Le devoir des milieux universitaires et académiques est de rendre à nouveau possible la discussion scientifique et de la publier dans l’espace public, seule voie pour retisser un lien de confiance entre le savoir et les citoyens, lui-même indispensable à la survie de nos démocraties. La stratégie de l’omerta n’est pas la bonne. Celle de la robotique du mensonge, non plus. Notre conviction est au contraire que le sort de la démocratie dépendra très largement des forces de résistance du monde savant et de sa capacité à se faire entendre dans les débats politiques cruciaux (Stiegler).
Comment pourraient-ils se dérober à cette mission de service et de salut public quand ce qu’on enseigne dans les universités comme savoirs scientifiques est aux antipodes de ce qui se fait dans la conduite des affaires publiques. La théorie est à distinguer de la pratique. Mais s’il y a des sciences dans l’État, c’est parce qu’il y a une science de l’État. Et les universitaires sont porteurs de cette science et des savoirs qui lui sont affiliés qu’ils transmettent aux apprenants pour leur permettre de remplir avec satisfaction et professionnalisme leurs futures fonctions dans le public ou dans le privé.
Dans cette perspective, la question n’est pas de savoir si les universitaires ont le droit de parler ou pas de politique. La question ne se pose pas. Leur véritable statut de producteur de connaissances et de savoirs autant sur le politique, le juridique, l’économique ou autre ne fait l’objet d’aucun doute. Ils ont la compétence et le devoir de parler de politique et même d’en faire, non pas seulement de l’écrire et de le contenir dans un « entre soi » académique et scientifique par revues, colloques, séminaires et articles interposés, mais aussi à travers une implication publique effective salvatrice, sans voir leurs convictions être phagocytées par l’agenda des hommes politiques.