La nouvelle série «Gaal Gui» (la pirogue) met le focus sur les défis liés à l’immigration clandestine. L’œuvre retrace le destin de Fodé et Bathie, deux personnages tourmentés par les épreuves de la vie à Dakar
«Gaal Gui» est une série dans l’air du temps. Elle évoque un sujet d’actualité et de société : l’immigration clandestine. Ce phénomène a atteint, aujourd’hui, un niveau préoccupant. Chaque jour ou presque, des hommes et femmes empruntent l’océan et le désert dans le but de vouloir atteindre, à tout prix, les côtes occidentales ou l’Amérique. La recrudescence de ces départs illégaux ne trouve toujours pas des explications plausibles dans l’opinion. La nouvelle série «Gaal Gui» lève un petit coin du voile sur ces voyages qui s’organisent souvent dans le plus grand secret et la clandestinité. Cela, en offrant un aperçu captivant de l’histoire de Bathie et Fodé, deux jeunes Sénégalais aspirant à une vie meilleure à l’étranger. La narration est ancrée dans le contexte de Dakar, mettant en évidence les réalités complexes de la jeunesse africaine d’aujourd’hui. Pauvreté, promiscuité, oisiveté…tout un chapelet de maux et de difficultés qui rongent le quotidien de ces jeunes âmes.
La pertinence et l’intérêt de cette série résident dans le fait qu’elle cherche à trouver une réponse sur les causes de cette immigration massive. «Nous avons remarqué, comme tout le monde, que ces derniers temps, il y a beaucoup de jeunes qui partent, qui fuient le pays. Dans la série, nous avons cherché à savoir pourquoi les gens veulent coûte que coûte partir», soutient le réalisateur Babacar Sy. Selon lui, le projet leur a pris trois ans. M. Sy explique ces départs par un sentiment de désespoir qui anime les jeunes. Face à la pression sociale, note-t-il, la jeunesse est obligée de fuir.
Entre désespoir et espérance, ces candidats rêvent d’un ailleurs meilleur où «leurs droits et valeurs seront préservés». «Au Sénégal, tout tourne autour de l’argent. On prend les gens pour ceux qu’ils ont et non pour ce qu’ils sont», avance le réalisateur Babacar Sy.
La série «Gaal Gui» a été produite par le comédien Mahfousse et tournée dans le populeux quartier de Yarakh. La première saison comprend 20 épisodes.
Les deux personnages principaux du film Bathie et Fodé ont un point commun : la déception.
Fodé a perdu l’amour de sa vie qui a choisi de se marier avec un Sénégalais établi en Espagne. Bathie voit son rêve de devenir footballeur professionnel se briser après que son entraîneur lui a refusé la sélection pour une finale.
«Gaal Gui» est une série qui arrive à son heure et aide les autorités et institutions à caractère humanitaire à comprendre les véritables causes de l’immigration clandestine.
LA GAUCHE, DE TÉNORS À FAISEUSES DE ROI
La question du choix du candidat de la coalition BBY semble avoir entériné la place des forces progressistes PS, AFP, LD au sein de la coalition au pouvoir qui, plus que des partis alliés, semblent être devenues des partis alignés sur l’APR
La désignation d’Amadou Ba comme futur candidat de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) à la présidentielle 2024, semble avoir ravi les partis alliés de la gauche. Qui, une nouvelle fois, ne présenteront pas de candidat à une élection présidentielle. Les forces progressistes ont décidé de mettre en berne leurs ambitions de conquête du pouvoir, au profit de la dynamique unitaire de BBY.
La question du choix du candidat de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) semble avoir entériné la place des forces progressistes PS, AFP, LD au sein de la coalition au pouvoir qui, plus que des partis alliés, semblent être devenues des partis alignés sur l’Alliance pour la République. Aucun des candidats désignés dans la short-list n’est issu des forces de gauche qui apparaissent désormais comme des chambres d’enregistrement de l’APR.
La volonté affichée par Jean-Baptiste Diouf, maire socialiste de Biscuiterie-Grand Dakar, de se présenter à la Présidentielle, apparaît comme un coup d’épée dans l’eau. La secrétaire générale du Parti socialiste Aminata Mbengue Ndiaye, présidente du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) dans l’émission “Point de Vue” de la Radiotélévision sénégalaise (RTS) dimanche dernier, a bien réaffirmé son soutien total au choix du chef de l’État Macky Sall. D’après nos sources, des responsables socialistes tentent de faire revenir le maire Jean-Baptiste Diouf dans les rangs.
Moustapha Niasse, secrétaire général de l’AFP et vice-président de la Conférence des leaders de BBY, apparaît aussi comme une caution devant faire croire que le choix porté sur Amadou Ba découle de la coalition plutôt que de l’APR. Le patron des progressistes, qui a auditionné les prétendants à la succession de Macky Sall, apparaît comme un lot de consolation aux partis alliés qui peinent à exister au sein de Benno.
Ce déclin progressif des forces de gauche à la remorque de l’APR, semble être le fruit du long compagnonnage avec les marrons beiges qui a finalement érodé la capacité de mobilisation et de représentativité des partis de gauche PS, AFP, LD, AJ/PADS, PIT issus de la dynamique Benno Siggil Sénégal de 2008.
Une gauche en perte d'idéologie et d’identité
Si, pendant un temps, des personnalités de gauche, dont feu Amath Dansokho, feu Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse, Abdoulaye Bathily et Landing Savané ont joué les premiers rôles au sein de la mouvance présidentielle, au fil des années, la volonté hégémonique de l’APR a fini par les cantonner à un rôle de chambre d’enregistrement du parti au pouvoir. Des partis alignés qui se contentent désormais de préserver leurs quotas de postes ministériels ou de nominations dans les institutions de la République. Niasse (Assemblée nationale) et Aminata Mbengue Ndiaye (HCCT).
Cette état de fait pousse un leader de la gauche à souligner que les forces progressistes ont troqué les idéologies au profit des postes ministériels. L’ouverture vers d’autres forces issues de la galaxie libérale comme le PLD/Suxali Sénégal d’Oumar Sarr et Cie, l’Union des centristes du Sénégal (UCS) d’Abdoulaye Baldé et Rewmi d’Idrissa Seck ont accentué ce sentiment de marginalisation au sein de la nouvelle majorité présidentielle élargie depuis 2020.
L’entrée du parti d'Aïssata Tall Sall (Osez l’avenir) d’obédience socialiste ne réussit pas à contrebalancer ce sentiment ambiant d’une sorte de retrouvailles de la grande famille libérale.
La nomination d’Amadou Ba comme futur candidat de Benno en 2024 marquera l’histoire politique de notre pays, depuis la première alternance. Ainsi, pour un second scrutin présidentiel, les grands partis de gauche comme la LD, le PS et l’AFP ne présenteront pas de candidats. Ce qui risque de provoquer un assèchement du terreau idéologique et programmatique au sein de ces partis.
Ainsi, sans champion capable de mettre en avant les idées de progrès et de justice sociale, ces partis de gauche sont obligés d’être à la remorque de l’agenda néolibéral défendu par l’APR autour de son Plan Sénégal émergent (PSE). Ce rôle de faire valoir les a empêchés de constituer un pôle de changement au service d’une politique plus sociale. Même si le dernier gouvernement d’Amadou Ba a connu une inflexion sociale, avec l’accent mis sur le volet du pouvoir d’achat, la baisse du loyer et l’emploi, le substrat libéral figure toujours en bonne place dans la politique économique du régime de Macky Sall.
Selon Moussa Diaw, enseignant-chercheur à l’université Gaston Berger, l’absence de la gauche dans le débat concernant la hausse des prix des denrées de première nécessité et de la demande sociale démontre l’état de déliquescence des forces de gauche au Sénégal incapables de s’imposer comme alternatives en 2024.
La guerre des couleurs entre le Parti socialiste et Taxawu Sénégal
Ce manque d’ambition politique dans une coalition aussi hétéroclite a poussé de jeunes leaders issus de cette mouvance socialiste et progressiste à vouloir prendre leurs distances. De ce fait, les scissions de Taxawu Sénégal et Osez l’avenir du PS, du Grand parti de l’AFP et de la LD/Debout de la LD témoignent d’une perte d’identité de la gauche.
La gauche sénégalaise est largement plurielle avec diverses obédiences allant du socialisme progressiste au trotskisme, en passant par le panafricanisme. Fort de ce constat, une candidature de Khalifa Sall à la Présidentielle pourrait s’avérer désastreuse pour le Parti socialiste (PS), en récupérant une partie de son électorat.
Consciente du danger, la patronne des socialistes, Aminata Mbengue Ndiaye, a décidé de déclencher les hostilités autour des couleurs de Taxawu Sénégal. Pour elle, le vert et le rouge sont l’apanage du Parti socialiste. Elle ne va pas tolérer que Khalifa Sall et ses camarades, considérés comme des dissidents du PS, s’approprient les couleurs socialistes en vue du scrutin de février 2024, a-t-elle fait savoir sur le plateau de ‘’Point de Vue’’ sur la RTS.
Ces batailles de clocher ont-elles un impact sur la nouvelle génération des militants de gauche qui se sont plus reconnus dans des mouvements comme Taxawu Sénégal de Khalifa Sall (PS), Grand parti (AFP) et LD/Debout ?
Décomposition de la gauche et travail de sape de l’APR
Pour Pape Sarr, secrétaire général par intérim de la LD/Debout, cette décomposition de la gauche sénégalaise s’explique par le travail de sape du régime actuel qui concourt à déstructurer les formations de gauche en perte de vitesse. ‘’Il faut reconnaître, ces dernières années, que la gauche a reçu beaucoup de coups de la part des régimes de Wade et de Macky Sall. Ces régimes avec divers procédés financiers et politiques sont entrés dans les organisations de gauche pour les casser. Ils sont passés par les personnalités de gauche qui ont été sensibles à leur approche et cela a eu des répercussions sur toutes les formations politiques’’, a-t-il déclaré dans nos colonnes en avril 2022.
Pour le politologue Dr Moussa Diaw, cette situation de la gauche sénégalaise ne permet pas de poser les jalons d’un projet politique susceptible de constituer une alternative politique crédible pour 2024. ‘’La gauche sénégalaise a joué un rôle dans les changements politiques et la consolidation de la démocratie au Sénégal. Depuis l’ère des coalitions, on a une partie des forces de gauche qui est intégrée dans la mouvance présidentielle (Benno Bokk Yaakaar) et une autre en marge de cette même coalition. Les forces progressistes ont du mal à trouver leurs marques, car elles n’ont pas été associées à la mise en œuvre du PSE. La gauche ne fait qu'avaliser la politique gouvernementale sans être associée aux grandes orientations de la coalition’’, avait déclaré l’enseignant-chercheur de l’UGB dans nos colonnes.
Unité de la gauche
Et pourtant, en février dernier, plusieurs partis et organisations de la gauche sénégalaise avaient exprimé leur souhait d’unité de la gauche : AFP, AJ/PADS/A, APL/ Dog Buumu Gacce, BDS, BPS, CNNO, Galaxie Communautaire, LD, M2R, MRG, MPCL, Niaxx Jarinu/MAG, NPVR, PIT, PS, RES/Les Verts, RSD/TDS, RTA/S, SÔR, UDF/Mbooloo Mi et URD. Ces forces communistes, socialistes, socio-démocrates, nationalistes, écologistes révélaient leur volonté de construire une nouvelle Gauche plurielle, unie, démocratique, laïque et panafricaniste, ouverte et inclusive, autour des conclusions des Assises nationales avec un discours nouveau et des méthodes nouvelles.
En effet, elles avaient le constat que les organisations se réclamant de la Gauche, à cause de leur division, se sont retrouvées trop faibles pour pouvoir peser sur le cours politique de notre pays. Elles soulignaient, dans un texte intitulé : « Appel, Groupe d’initiative pour les assises de la gauche plurielle’’, que l’unité de la Gauche est devenue, aujourd’hui, une urgence, un impératif catégorique. ‘’Le contexte international et africain actuel, les récents développements inquiétants de notre situation nationale, constituent un motif supplémentaire et suffisant pour les forces de Gauche de se retrouver. Elles sont condamnées à réaliser leur unité afin d’être en mesure de jouer pleinement le rôle qui est attendu d’elles. Face à cette situation, elles sont appelées à prendre leurs responsabilités », indiquaient les signataires.
Elles entendaient ainsi organiser les Assises de la Gauche plurielle sur la base de termes de référence consensuels, afin de créer une vaste organisation des partis et mouvements de la Gauche plurielle. Des Assises qui devraient être l’occasion d’aborder toutes les questions politiques, juridiques, économiques, sociales et culturelles qui agitent le pays.
‘’C’est le lieu, poursuivaient les signataires de l’Appel, de souligner avec force que l’unification souhaitée, pour être féconde et porteuse, devra s’appuyer sur les idéaux, les valeurs et les principes de Gauche comme la générosité, l’humanisme, la solidarité, le partage, la justice sociale, l’égalité, le refus de l’oppression et de l’exploitation ainsi que la défense des couches défavorisées’’.
Apparemment, ces retrouvailles sont remises à plus tard. En attendant, les partis de gauche vont essayer d’être des faiseurs de roi.
LA CROISSANCE MONDIALE DEVRAIT CHUTER DE 3% A 2,9% EN 2024 SELON LE FMI
La croissance mondiale continue de ralentir, passant de 3,5% en 2022 à 3% en 2023 et s’établira à 2,9% en 2024, a indiqué, mardi, le Fonds monétaire international (FMI), lors de ses assemblées annuelles et celles de la Banque mondiale en cours au Maroc
Dakar, 10 oct (APS) – La croissance mondiale continue de ralentir, passant de 3,5% en 2022 à 3% en 2023 et s’établira à 2,9% en 2024, a indiqué, mardi, le Fonds monétaire international (FMI), lors de ses assemblées annuelles et celles de la Banque mondiale, qui se tiennent depuis lundi à Marrakech au Maroc (du 9 au 15 octobre).
‘’Les projections restent en dessous de la moyenne historique (2000–2019) de 3,8% et les prévisions pour 2024 sont inférieures de 0,1% à celles de la mise à jour des perspectives de l’économie mondiale de juillet 2023’’, note l’institution financière internationale.
Ce ralentissement est dû, selon le FMI, à plusieurs facteurs, liés notamment aux conséquences à long terme de la pandémie de Covid-19, de la guerre en Ukraine et de la fragmentation géoéconomique accrue qui creuse les inégalités entre pays.
‘’Les pays émergents et les pays en développement devraient voir leur croissance reculer légèrement de 4,1 en 2022 à 4% en 2023 et 2024’’, a fait savoir le FMI.
Les Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale se tiennent pour la première fois depuis 50 ans, en terre africaine. La première du genre organisée sur le continent avait eu lieu en 1973, à Nairobi, au Kenya.
DE LA DOUBLE DOMINATION, COLONIALE ET CAPITALISTE
EXCLUSIF SENEPLUS - D'une part, persiste l'archaïsme colonial dans les mentalités. D'autre part, l'imaginaire capitaliste s'impose, avec son culte de l'argent, de la compétition et de l'individualisme. Patrick Chamoiseau : art, politique et engagement
Le célèbre écrivain martiniquais, Patrick Chamoiseau, est bien plus qu'un auteur renommé. Dans cette discussion, avec Barbara Jean-Elie dans "A coeur ouvert", il partage ses réflexions sur sa vie en tant qu'écrivain, travailleur social et figure politique. Tout en explorant le besoin de transcender l'angoisse existentielle par le biais de l'art, Chamoiseau évoque son engagement politique en faveur de la reconnaissance des peuples de la Caraïbe et des Amériques.
Sublimer l'angoisse existentielle par l'art
Pour Chamoiseau, le bonheur chez un être humain ne peut être un état permanent. Il considère le bonheur comme des instants précieux que l'on s'efforce d'agrandir autant que possible. Cependant, il estime que donner un sens à sa vie est tout aussi crucial. Pour lui, l'activité artistique et le fait d'être un créateur jouent un rôle essentiel dans la sublimation de l'angoisse existentielle qui accompagne chaque être humain.
Engagement politique et conscience élargie
Patrick Chamoiseau ne se limite pas à son rôle d'écrivain. Il a également été un travailleur social, s'occupant de jeunes en situation difficile. Cette expérience a contribué à développer une conscience élargie, l'amenant à explorer en profondeur l'histoire de la Martinique et les réalités anthropologiques des Caraïbes. Cette acuité l'a conduit à s'engager politiquement, bien qu'il précise qu'il est un intellectuel politique et non un politicien.
La reconnaissance des peuples de la Caraïbe et des Amériques
Chamoiseau souligne l'importance de la reconnaissance des peuples de la Caraïbe et des Amériques, des nations uniques et inédites. Son travail est à la fois une préoccupation esthétique, éthique et politique, dans laquelle l'idée politique est intrinsèquement liée à l'éthique et à l'esthétique.
Les manifestes et le projet global
L'auteur du roman primé au Goncourt 1992 « Texaco » a publié plusieurs ouvrages majeurs avec une dimension politique importante dont "Écrire en pays dominé" et "L'éloge de la créolité". Il a également été journaliste, tenant une rubrique culturelle intitulée "Une semaine en pays dominé". Cette préoccupation politique découle de sa prise de conscience précoce de la richesse esthétique des réalités anthropologiques complexes et nouvelles qui n'étaient pas encore reconnues politiquement.
"Faire Pays" : Une dimension éminemment politique
En 2000, le Parti Communiste Martiniquais a publié le "Manifeste pour un projet global", signé par Gérard Delvert, Édouard Glissant, Bertène Juminer et Patrick Chamoiseau. Ce manifeste visait déjà à refonder les outre-mer. Chamoiseau revient sur ce même concept dans son dernier texte, "Faire Pays", soulignant la nécessité de trouver de nouveaux concepts pour résister à la nouvelle réalité de l'outre-mer.
Chamoiseau conclut en expliquant que le monde a considérablement évolué depuis l’an 2000. Aujourd'hui, il estime que la meilleure manière d'être utile à son pays est d'alimenter le débat politique avec des idées basées sur l'imaginaire de la relation, mettant en lumière l'interdépendance entre les cultures et les civilisations. Pour lui, une déclaration pertinente ne serait pas une déclaration d'indépendance, mais plutôt une déclaration d'interdépendance.
Responsabilisation pour sortir de la domination
Patrick Chamoiseau analyse la complexité de la situation actuelle, caractérisée par une double domination. D'une part, persiste l'archaïsme colonial dans les mentalités des territoires d'Outre-mer. D'autre part, l'imaginaire capitaliste s'impose, avec son culte de l'argent, de la compétition et de l'individualisme. Cette combinaison postcoloniale ou néocoloniale associée au capitalisme crée, selon Chamoiseau, une situation qu'il qualifie de "monstre d'Outre-mer".
Pour sortir de cette situation, Chamoiseau plaide en faveur de la responsabilisation. Il fait l'éloge de la responsabilité, expliquant qu'il s'agit de donner aux peuples d'Outre-mer un pouvoir de décision sur les grandes réformes qui affectent leur vie. Depuis 1946, les décisions importantes échappent en grande partie à ces territoires, ce qui a engendré des illusions successives. D'abord, l'illusion de l'assimilation, puis celle de la décentralisation. Enfin, une illusion plus récente, qui consiste à placer les territoires d'Outre-mer dans un cadre de déresponsabilisation collective, avec la possibilité de réclamer des habilitations et des compétences.
L'Appel de Fort-de-France : Une étape cruciale
L'Appel de Fort-de-France est pour Chamoiseau un événement politique majeur. Il marque la fin de l'illusion de la responsabilité en tant qu'option. Plusieurs grands responsables politiques et élus s'unissent dans une unanimité rare pour réclamer davantage de pouvoir et de responsabilisation. Cette unanimité souligne l'urgence de la situation et la nécessité de comprendre pourquoi les réformes précédentes n'ont pas abouti.
Chamoiseau estime que la proposition de "Faire Pays" repose sur l'idée que les peuples d'Outre-mer sont des nations avec une histoire, une culture, une identité, et un désir profond de décider de leur propre destin. Cette prise de conscience de la durée historique et de la conscience identitaire est ce qui, selon lui, peut être le moteur du changement. Il conclut en insistant sur la nécessité de comprendre cette dynamique pour espérer dépasser les obstacles systémiques qui persistent depuis des décennies.
Vers la reconnaissance des peuples sans État
Patrick Chamoiseau évoque un changement d'approche par rapport à l'imaginaire des années 50, où la conscience nationale était souvent associée à la revendication d'un État souverain, avec ses frontières et ses symboles nationaux. Dans le monde contemporain, marqué par l'interdépendance, Chamoiseau reconnaît que l'idée de drapeaux nationaux peut persister, même dans un cadre d'interdépendance. En tant qu'indépendantiste, il exprime le désir de voir le drapeau de la Martinique reconnu.
Cependant, Chamoiseau propose une catégorie juridique alternative : celle de "pays". Il estime que la reconnaissance des peuples en tant que nations peut se faire sans nécessairement aboutir à la création immédiate d'États souverains. Il souligne que de nombreux peuples dans le monde vivent sans État souverain et participent à l'intelligence collective mondiale. Il cite l'exemple des Kanaks et d'autres peuples qui ont conservé une vision atavique, inspirée des années 50.
La spécificité des peuples d'Outre-mer réside dans leur composition complexe, résultant de la colonisation et de l'immigration. Cette diversité rend leur situation unique. Dans le monde interdépendant d'aujourd'hui, Chamoiseau estime que les peuples puissants sont ceux qui peuvent mobiliser toutes leurs ressources géographiques, historiques, et culturelles. Cela nécessite une responsabilisation collective et le développement de systèmes relationnels pour tirer parti de ces sources diverses.
Chamoiseau insiste sur l'importance de la responsabilisation collective, qui permettra aux peuples d'Outre-mer de développer leur intelligence collective et de mobiliser leurs ressources pour s'épanouir dans ce nouveau contexte mondial d'interdépendance.
Repenser la Constitution et la République
Patrick Chamoiseau souligne que la constitution française, datant de l'après-guerre, est obsolète dans un monde de plus en plus interconnecté. Il critique la vision verticale de la République française, basée sur l'indivisibilité et l'unité linguistique, et propose une vision plus ouverte. Pour lui, il est envisageable d'avoir une République unique qui rassemble des pays et des peuples différents, fondée sur un pacte démocratique et républicain. Il insiste sur la nécessité de repenser ces notions pour l'avenir.
Responsabilité collective
Chamoiseau met en avant la responsabilité collective comme un élément essentiel pour sortir de la situation actuelle. Il estime que les peuples d'Outre-mer ont la responsabilité de conquérir davantage de compétences, d'habilitations et de pouvoir collectif. Cette responsabilisation doit les pousser à faire un bilan des grands défis qui se posent à eux et à voir s'ils sont véritablement responsables.
Méthode pour la responsabilisation collective
Pour Chamoiseau, la méthode pour parvenir à la responsabilisation collective consiste à soutenir toutes les demandes politiques dans le cadre juridique existant, en récupérant toutes les habilitations et compétences disponibles. Il s'agit d'obtenir un socle solide de pouvoirs. Cependant, il reconnaît que depuis 50 ans, cela n'a pas suffi, et il insiste sur le caractère systémique du problème.
Charte de pays et vision d'avenir
Chamoiseau propose de se battre pour que les Martiniquais puissent définir ce qu'il appelle le "pays Martinique" en élaborant une charte de pays. Cette charte permettrait de visualiser le pays que les générations futures souhaitent avoir dans les 15 à 20 ans à venir. Il estime que cela nécessite une responsabilisation collective optimale obtenue par les habilitations, tout en maintenant l'idée d'indépendance et d'une perspective nationaliste.
Il appelle à remettre en marche une pensée politique qui permette de sortir de l'impasse actuelle et de créer un avenir plus prometteur pour les peuples d'Outre-mer.
Hommage à Édouard Glissant et appel à l'action collective
En conclusion, Patrick Chamoiseau souhaite rendre hommage à Édouard Glissant, dont l'influence a été déterminante dans sa propre réflexion esthétique et politique. La notion centrale de "relation" qu'il a puisée chez Glissant a profondément marqué son travail, tant sur le plan esthétique que politique. Il invite tous les responsables culturels, politiques et ceux qui cherchent à comprendre la réalité complexe de la Caraïbe, des Amériques et du monde contemporain à lire l'œuvre de Glissant, particulièrement "La Poétique de la Relation". Pour Chamoiseau, cette notion de relation reflète la dynamique du monde contemporain, que nous devons affronter pour construire un avenir meilleur.
Chamoiseau conclut en exprimant son espoir que, dans les années à venir, avant que les catastrophes liées à la transition climatique ne nous affectent irrémédiablement, il y aura un véritable élan de responsabilisation collective. Il appelle à sortir des contraintes politiciennes pour repenser notre monde et mettre en place une politique culturelle qui projette notre pays dans le contexte mondial. Pour lui, il est urgent de faire progresser cette vision avant que les défis climatiques ne deviennent insurmontables.
La compagnie nationale semble désormais prête à étendre son réseau grâce à des certifications et des partenariats stratégiques, qui lui offrent une visibilité accrue et des opportunités commerciales prometteuses
Air Sénégal, la compagnie aérienne nationale, franchit une étape importante dans sa quête de développement et de renforcement de sa position sur la scène internationale. Après avoir obtenu le certificat IOSA en août 2022, garantissant sa conformité aux normes de sécurité internationales, la compagnie est désormais éligible à l'adhésion à l'Association internationale du transport aérien (IATA). Cette avancée majeure facilitera les négociations commerciales d'Air Sénégal à l'échelle mondiale.
En outre, quelques jours seulement après cette réalisation, Air Sénégal a signé un accord de "partenariat stratégique" avec la Royal Air Maroc (RAM). Ce partenariat vise à renforcer la coopération entre les deux compagnies aériennes et à ouvrir de nouvelles opportunités commerciales. Cette étape marque une volonté claire d'Air Sénégal de tourner la page des années difficiles et de se positionner comme un acteur clé dans le secteur de l'aviation en Afrique.
Ce nouvel élan est également soutenu par l'arrivée d'un nouveau directeur général à la tête d'Air Sénégal. Alioune Badara Fall a pris ses fonctions le 18 juillet 2022, succédant à Ibrahima Kane. Cette nomination témoigne de la volonté de la compagnie de se doter d'un leadership fort pour mener à bien ses ambitions de croissance.
Air Sénégal semble désormais prête à étendre son réseau grâce à ces certifications et partenariats stratégiques, qui lui offrent une visibilité accrue et des opportunités commerciales prometteuses. Bien que la compagnie ne détienne actuellement qu'une part de 7% du trafic aérien intérieur, elle envisage d'ajouter de nouvelles destinations à son catalogue, en plus des capitales de la sous-région déjà desservies, telles que Bamako, Conakry et Dakar.
Les chiffres clés du transport aérien au Sénégal soulignent l'enjeu du développement d'Air Sénégal pour le secteur touristique. Avec le tourisme représentant 10% du PIB sénégalais et le nombre de passagers aériens atteignant près de 2 millions en 2019 avant la crise sanitaire, le renforcement de la flotte et du réseau d'Air Sénégal devient essentiel pour soutenir cette industrie.
De plus, le repli récent d'Air France sur le Sahel offre des opportunités à saisir pour Air Sénégal. En réduisant son maillage territorial sur certaines routes africaines, Air France diminue l'offre de vols régionaux qu'elle proposait auparavant entre les villes sahéliennes. Cette situation ouvre la voie à Air Sénégal, une compagnie ambitieuse dans la région, pour étendre son réseau en répondant à la demande non satisfaite.
Cependant, l'accord entre Air Sénégal et Air France sur la route Dakar-Paris est crucial pour les ambitions de la compagnie sénégalaise. Paris reste une plaque tournante majeure pour les correspondances internationales vers et depuis le Sénégal, et cet accord permet à Air Sénégal d'accéder aux réseaux d'Air France en Europe et dans le monde entier via l'aéroport de Roissy Charles de Gaulle. Il s'agit d'une opportunité stratégique pour Air Sénégal de développer son trafic international, en particulier dans le segment affaires et touristique.
L'accord entre Air Sénégal et Air France est décrit comme un partenariat gagnant-gagnant, bénéfique pour les deux compagnies. En renforçant son offre sur l'Afrique de l'Ouest grâce à son partenaire sénégalais, Air France consolide sa présence dans la région. De son côté, Air Sénégal bénéficie d'une visibilité et d'une compétitivité accrues à l'international grâce à cette coopération.
Avec ces avancées significatives, Air Sénégal se prépare à prendre son envol et à jouer un rôle croissant dans le paysage de l'aviation africaine. En s'appuyant sur des certifications solides, des partenariats stratégiques et des accords clés.
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JUAN BRANCO ÉVOQUE LA RÉPRESSION AU SÉNÉGAL ET LES PARALLÈLES EN FRANCE
L'avocat franco-espagnol parle de son arrestation au Sénégal et de son engagement pour défendre des mouvements citoyens, notamment Ousmane Sonko. Il parle des menaces subies en raison de son activisme
Juan Branco parle de son arrestation au Sénégal et de son engagement pour défendre des mouvements citoyens, notamment Ousmane Sonko. Il évoque les similitudes entre les répressions en France et au Sénégal, ainsi que les menaces qu'il subit en raison de son activisme.
PAR Farid Bathily
ELON MUSK VA DÉPLOYER LE HAUT DÉBIT EN AFRIQUE
Le milliardaire américain d’origine sud-africaine s’associe à la plateforme africaine d’e-commerce Jumia pour étendre les services de Starlink, son fournisseur d'accès à internet par satellite, à l’ensemble du continent
Lundi 2 octobre 2023, Jumia, leader africain du commerce électronique, et Starlink, service de connectivité internet par satellite conçu par l’entreprise aérospatiale d’Elon Musk, ont annoncé un partenariat visant à favoriser l’accès à l'internet haut débit en Afrique.
Jumia se verra confier la distribution, aux utilisateurs du continent, des terminaux nécessaires à l'utilisation de Starlink. "Dans un premier temps, l'accord couvrira le Nigeria, avec des plans d'expansion envisagés au Kenya et dans les autres pays africains où Jumia est présente", précise le communiqué.
La plateforme d’e-commerce, qui opère dans 11 destinations africaines, s'étendra ainsi dans des pays non desservis par le fournisseur d’accès, à l'exception du Nigeria et du Kenya. Starlink est également disponible en Zambie, au Malawi, au Mozambique et (de nouveau) en Zambie.
Atout décisif
Pour atteindre 23 pays d’ici fin d'année, Starlink acquiert des licences d’exploitation au fur et à mesure. Dans cette optique, l'entreprise s'est récemment associée, le 22 septembre dernier, au groupe Paratus, spécialiste de la fourniture d'accès internet en Afrique.
Cette stratégie d'expansion devrait permettre à Starlink de capitaliser sur un continent où le taux de pénétration d'internet était de 43% en 2022, selon Statista, loin derrière la moyenne mondiale de 68%.
Le service d’Elon Musk, qui offre un accès internet via une constellation de satellites en orbite terrestre, a un atout décisif : une infrastructure physique minimale capable d’atteindre les zones les plus reculées de l’Afrique.
Coût prohibitif ?
Bien que Starlink soit déjà présent dans 60 pays, l'accessibilité financière reste un obstacle. Au Nigeria, le coût des équipements nécessaires à un service Starlink standard s'élève à 435 000 nairas, soit plus de 350 000 FCFA. S'ajoutent à cela les frais d'abonnement mensuels variant de 120 à 250 dollars.
Ces tarifs peuvent sembler prohibitifs dans une région où environ un tiers de la population vit avec moins de 1,90 dollar par jour, selon les données de 2021 de Statista.
Toutefois, le potentiel numérique du continent est amplifié par une population majoritairement jeune, offrant un marché prometteur aux fournisseurs de connectivité. Le défi majeur demeure l'équilibre à trouver entre qualité de service et coût d’accès.
LA PRÉSIDENTIELLE ET CRIMES
Entre janvier et octobre 2023, une quinzaine d’enfants sont tués à Dakar et dans les régions. La vague d’enlèvements de mineurs, parfois suivis de meurtres, prennent l’ascenseur, à l’approche de chaque élection présidentielle.
Entre janvier et octobre 2023, une quinzaine d’enfants sont tués à Dakar et dans les régions. La vague d’enlèvements de mineurs, parfois suivis de meurtres, prennent l’ascenseur, à l’approche de chaque élection présidentielle. 2012, 2019 et les années électorales précédentes n’ont pas fait exception.
Dernier cas, le 14 août 2023. Sam Notaire s’est réveillée dans la consternation, suite à la découverte du cadavre de Fallou NDIAYE, 5 ans. Son corps a été retrouvé sur une terrasse, baignant dans une mare de sang.
En début d’année, K. DIAGNE, une fillette de 6 ans et son cousin B. M. FAYE (3 ans) ont été victimes d’une mort atroce. Le drame s’est passé à Tivaouane, le 4 janvier dernier. Le corps du garçon a été retrouvé au fin fond d’un puits. Quant à la fillette, sa tête a été fracassée et de nombreuses blessures retrouvées sur son corps.
Alors que l’on n’a pas fini d’épiloguer sur le talibé de 15 ans poignardé à mort à Thiès durant la même période, le même drame a eu lieu à Touba. S. Fam (13 ans) a été tué par son propre frère. C’est toujours à Touba que le sieur Bara TALL a égorgé ses deux enfants.
Au mois de février, un talibé du nom de M. CISSE (13 ans) a été battu à mort. Que dire du cas de Fallou FALL (14 ans) mortellement poignardé à la nuque, à Yarakh. Dans le nord du pays à Medina Yoro Foula, un jeune berger de 8 ans a été retrouvé dans les buissons. Et pour couronner le tout, un autre enfant a été retrouvé mort à Mbao.
Depuis le début de l’année 2023, les meurtres d’enfants font légion. On en compte au moins une dizaine à travers le pays. Certains de ces homicides relèvent certes de l’insécurité ou d’un crime odieux ou crapuleux. Mais il n’en demeure pas moins qu’il existe des cas qui ressemblent de fort belle manière à des crimes rituels ou «sacrifices humains». Une pratique récurrente à l’approche d’une élection présidentielle, au Sénégal.
On se rappelle qu’en 2012, le petit Maodo Malick POUYE (6 ans) a été égorgé et son corps qui comportait 7 trous a été jeté devant le cimetière Abattoir de Soumbédioune. La jeune écolière Seynabou SECK l’a aussi été en ce sens auparavant. Un chien qui errait dans un verger à Keur Ndiaye LO a déterré son cadavre sans tête ni pieds. Des crimes restés impunis. Jusqu’à ce de jour. D’où l’urgence, pour les parents, d’accroître la surveillance des enfants, en cette période.
Ils s’y ajoutent les autres cas qui passent sous silence. De même que la recrudescence de l’infanticide dans la capitale et dans les régions. Le dernier cas dont la presse de ce mardi 10 octobre 2023 a fait allusion à lieu à la cité Asecna de Yeumbeul où deux fœtus ont été découverts dans une fosse septique.
LES MAUX D'UN SECTEUR
9% des établissements d’enseignement fonctionnent dans ce pays sans autorisation, et que l’on trouve une pléthore d’enseignants sans diplômes ainsi que des filières inadéquates, ou même sans formateurs
L’audit des établissements d’enseignement privés, restitué le vendredi dernier, a montré que 9% des établissements d’enseignement fonctionnent dans ce pays sans autorisation, et que l’on trouve une pléthore d’enseignants sans diplômes ainsi que des filières inadéquates, ou même sans formateurs. Des chiffres qui révèlent l’étendue du mal qui ronge le système d’enseignement de ce pays.
Les parents devraient bien se renseigner sur les établissements d’enseignement privés avant d’y faire inscrire leurs enfants. D’après les résultats de l’audit des établissements privés à Dakar, «46% des établissements disposent d’autorisations provisoires, 43% ont une autorisation définitive et 9% des établissements ne disposent d’aucune autorisation».
Lors de l’atelier de restitution, le vendredi dernier, de l’audit fait avec l’appui de la Coopération allemande Giz, M. Serigne Modou Niang, le chef de la Division formation privée au ministère de la Formation professionnelle, qui faisait la restitution, a déclaré : «Au Sénégal, nous avons 9% d’établissements qui fonctionnent sans aucune autorisation et 2% d’établissements qui disposent d’actes de reconnaissance.»
Il a ajouté : «Sur le plan administratif, nous savons tous que l’établissement doit être dirigé par un déclarant responsable. Mais nous pouvons aujourd’hui dire, sans risque de nous tromper, que 7% de nos établissements n’ont pas de déclarant.» Une situation qui peut s’expliquer par des cas de décès. «Parfois les déclarants décédés, on ne les remplace pas. Ce sont des établissements qui sont dans une situation administrative chaotique», a-t-il commenté.
Selon toujours le fonctionnaire, 141 établissements fonctionnent sans pilote dans les enseignements-apprentissages. «Un établissement a besoin de directeur pédagogique pour contrôler, veiller, réajuster, remédier le système apprentissage. L’étude a montré que sur tous ces établissements audités, 141 n’ont pas de directeur technique», a-t-il indiqué. Sur la notion administrative, «les documents de gestion ont fait l’objet d’étude, de même que les bulletins de paie et les impôts, et 46 pour cent de nos établissements s’acquittent régulièrement des impôts. La moitié des établissements ne paie pas avec des bulletins. C’est un cas qui peut intéresser l’Inspection du travail, mais aussi qui nous intéresse dans le cadre de la promotion de la qualité du travail», a-t-il déclaré.
Relativement à la planification pédagogique, a-t-il poursuivi, «51% des établissements font des efforts, mais 49% ne planifient pas leurs enseignements-apprentissages sur la base de planning et de chronogramme». Une chose qui n’est pas sans conséquences. «Nous savons tous que la conduite des enseignements-apprentissages nécessite la mise à disposition d’outils d’accompagnement. 27% d’établissements ne gèrent pas correctement les emplois du temps, qui sont pourtant le premier référentiel pour l’organisation pédagogique dans un établissement», a-t-il soutenu.
L’audit a porté aussi sur l’offre de formation. Et à ce propos, les choses ne se passent pas dans les règles de l’art. «Nous avons une répartition un peu inégale de l’offre de formation sur les secteurs porteurs de croissance. Les secteurs qui portent la croissance économique au Sénégal, sont les secteurs qui ont les moyens portés dans l’offre de formation privée. 223 sur l’ensemble des établissements audités sont dans le tertiaire, 96 sont dans le secondaire, 25 sont dans le secteur primaire. Il y a une prédominance de formation dans le secteur tertiaire», a dit M. Serigne Modou Niang. A l’en croire, la conformité des filières a été aussi vérifiée.
«16 pour cent des filières enseignées ne sont pas autorisés. Dans nos établissements de formation professionnelle, il y a beaucoup de filières qui sont enseignées, mais qui ne sont pas autorisées», a-t-il dit tout en précisant que «cela peut bel et bien hypothéquer l’avenir des apprenants. Parfois, il y a des parents qui investissent beaucoup de millions, mais à la fin, le diplôme n’est ni signé par l’autorité compétente ni homologué. Généralement, l’étudiant ne s’en rend compte que lors de son entretien d’embauche. C’est un peu pathétique».
Sur la disposition des formateurs, les audits ont aussi relevé un problème. «Le taux de formateurs intervenant sans diplômes conformes dans les filières enseignées est de 17, 57%», a informé M. Niang, qui pense que «dans les établissements privés, cela devrait attirer l’attention de tous les acteurs». Car «les établissements ouvrent des filières sur lesquelles il n’y a pas de formateurs. Les formateurs habilités à le faire, on n’en cherche, mais on n’en trouve pas. Mais, le fait est réel, il y a 17, 57 pour cent de formateurs qui interviennent sans diplômes conformes aux filières pour lesquelles ils sont recrutés», a-t-il informé.
Mamadou Camara Fall, Secrétaire général du ministère de la Formation professionnelle, a indiqué, à l’issue des travaux, que l’esprit de cet audit n’est pas de tendre vers la répression, mais d’identifier, avec les acteurs, les points à améliorer et les accompagner techniquement et institutionnellement pour qu’on puisse améliorer l’existant. Et d’après lui, d’autres audits seront aussi faits dans les autres régions du pays, en dehors de l’échantillon des 447 établissements audités.