Des images analysées par « Le Monde Afrique » et des conversations audio exclusives lèvent le voile sur l’organisation de ces hommes de main, proches du pouvoir
Au Sénégal, après les troubles qui ont suivi la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko le 1er juin, des vidéos et des témoignages montrant des hommes en civil armés, à bord de pick-up, chassant des manifestants, se sont multipliés sur les réseaux sociaux. Certains les qualifient de « nervis », les soupçonnant d’être des hommes de main payés par le pouvoir.
La polémique avait déjà éclaté en mars 2021, lors des heurts qui avaient suivi la brève interpellation d’Ousmane Sonko. Le gouvernement avait alors promis de faire la lumière sur l’identité des personnes impliquées. A l’époque, des hommes casqués avaient été filmés roulant sur des pick-up dans différentes artères de Dakar, armés principalement de gourdins et de battes de baseball, affrontant des manifestants en colère après la mise en détention d’Ousmane Sonko.
Le Monde Afrique a comparé ces deux épisodes de troubles, rencontré un lutteur embauché par des proches du pouvoir et documenté la présence de ces civils armés, agissant clairement de concert avec les forces de l’ordre.
Enquête réalisée en partenariat avec la Maison des reporters.
LA VÉRITÉ SUR LES CORPS REPÊCHÉS SUR LES PLAGES
De nombreuses informations diffusées dans les réseaux sociaux et par certains responsables politiques ont fait état d’un lien entre la découverte de corps sans vie sur différentes plages du pays avec la répression des manifestations ces derniers jours
De nombreuses informations diffusées dans les réseaux sociaux et par certains responsables politiques ont fait état d’un lien entre la découverte de corps sans vie sur différentes plages du Sénégal avec la répression des violentes manifestations de ces derniers jours. ‘’EnQuête’’ a essayé de vérifier ces informations auprès des sources autorisées.
On se croirait dans la fameuse République de Gondwana que peint l’humoriste Mamane dans ses chroniques sur RFI. Depuis les troubles politiques ayant suivi la condamnation du président de Pastef/Les patriotes Ousmane Sonko, il ne se passe presque plus un jour sans voir des pages proches du parti le plus en vue de l’opposition parler de corps retrouvés sur une plage sénégalaise. Et souvent, il ne faut pas chercher midi à quatorze heures. Ce sont des victimes des manifestations jetées dans la mer.
La page L’OPS nationale, pâle copie du journal ‘’L’Observateur’’ (près de 5 000 followers), s’est le plus illustrée dans ces informations macabres. Le samedi, elle est encore revenue à la charge, non sans souligner avoir été sourcée par un abonné. ‘’Plusieurs corps ont été jetés dans la mer à partir de Yoff, dans la nuit du 3 au 5 juin. Je recommande aux familles d’aller voir les détenus à Rebeuss’’, persiste la page.
Auparavant, la même page avait eu à distiller pas mal d’informations les unes plus effroyables que les autres. ‘’Un corps a été repêché à Somone’’ ; ‘’Trois corps annoncés à la plage de Saint-Louis’’ ; ‘’Un corps retrouvé à la plage de Grand Mbao’’ ; ‘’Deux corps retrouvés à Richard Toll’’… Très actif et affirmatif, la page suivie par des milliers de personnes enfonçait le clou en ces termes : ‘’Après les 30 morts annoncés (selon le bilan de Pastef), 11 nouveaux corps retrouvés : 4 à Djiffer, 3 à Joal et 4 à Dalal Jamm…’’
Ce post a été fait avant les ‘’découvertes’’ de Saint-Louis, Richard Toll, Grand Mbao…
Jusque-là, l’information venant d’une source pas du tout fiable, même si elle est très suivie, ‘’EnQuête’’ pouvait s’en passer. Seulement, hier, dans un communiqué, le leader de Frapp/France dégage, Guy Marius Sagna, député du peuple de surcroit, a tenu des propos de nature à aller dans le même sens. ‘’Macky Sall et ses partisans, dit-il dans sa missive, ont planifié des massacres, des violences de masse ; ce qui explique l’achat des voitures pickup, de machettes et la transformation de certains de nos citoyens en nervis qui utilisent ces machettes sur la résistance constitutionnelle. C’est cela d’ailleurs qui explique tous les corps – victimes de ces massacres - rejetés par la mer ces derniers jours’’.
À partir de ce moment, ‘’EnQuête’’ a voulu s’y intéresser de plus près. Interpellé, l’honorable député n’a pas voulu trop s’y épancher. À la question de savoir combien de corps ont été rejetés par la mer, il rétorque : ‘’Impossible de le dire, mais plus d’une dizaine de corps ont été déjà rejetés par la mer.’’ A-t-il été établi que ces corps retrouvés ont été victimes des manifestations ? Si oui, peut-on avoir des exemples ? À cette question, il s’est braqué et coupé court à l’interrogation. ‘’Vous ne me demandez quand même pas de faire ce qui est aussi votre job : enquête ?’’. À cette réplique, on relance : ‘’Justement, dans une enquête, on n’écarte aucune piste, on s’intéresse à toutes les sources susceptibles de nous mettre sur une piste.’’ Malheureusement, c’était la fin de la discussion.
Visiblement, le député du peuple n’a pas voulu en dire plus, ou tout simplement, il n’en sait pas plus.
Pour en savoir un peu plus sur ces informations macabres, nous avons essayé de joindre le commandant Dionne de la Brigade nationale des sapeurs-pompiers. Pour ce qui concerne les plages hors de la région de Dakar, il a confié ne pas avoir de chiffres à disposition, sous réserve de vérifications futures. Pour ce qui concerne la région de Dakar, en revanche, il affirme : ‘’Un seul corps a été retrouvé au niveau de Dakar, à ma souvenance. C’était au niveau de la plage de Malika…’’ À la question de savoir si la relation avec les manifestations a été établie, sa réponse est la suivante : ‘’Je ne peux ni confirmer ni infirmer, parce que ce n’est pas de notre compétence. Si vous voulez des informations de cette nature, il faut plutôt vous rapprocher de la police, parce que nous, on ne fait que le transfèrement des corps sans vie et on les dépose à la morgue. S’il y a besoin d’autopsie, c’est du ressort de la police et des autorités judiciaires.’’
À la suite du commandant Dionne, nous avons pu entrer en contact avec le porte-parole de la police nationale. Ce dernier promet de nous revenir ultérieurement après vérification auprès des différents services. Il faudra donc prendre son mal en patience pour avoir des éléments de réponse.
Toutefois, nous sommes en mesure d’affirmer qu’il y a beaucoup de manipulations et de précipitations dans la manière d’utiliser ces informations. L’exemple le plus éloquent, c’est le cas des deux enfants retrouvés morts dans le canal de la Compagnie sucrière sénégalaise à Richard Toll. Alors que certains internautes invoquaient systématiquement le lien avec la répression des manifestants, le correspondant de la RFM, après vérification auprès des autorités et des proches, précisait : ‘’Cela n’a rien à voir avec les manifestations. Il s’agit plutôt de deux adolescents âgés respectivement de 13 et 14 ans. Ils sont morts par noyade, alors qu’ils étaient entrés dans le canal pour récupérer leur ballon.’’
Dans le même sillage, nous avons pu vérifier les faits pour ce qui concerne les corps retrouvés au niveau des plages de Joal et de Djiffer, dans la zone de Mbour. Contacté par Le Point des Reporters, le Service départemental de pêche confie avec précision : ‘’Au niveau de Joal, un seul corps a été retrouvé au lieu de trois comme annoncé. Il s’agit d’un jeune pêcheur du nom de P. Sarr. Il est tombé de leur pirogue qui pêchait à hauteur de Pointe Sarène, le 30 mai dernier. Malgré les manœuvres, ses compagnons n’ont pas pu le sauver. Il a finalement été retrouvé le mardi 6 juin. Vu l’état du cadavre, il n’a d’ailleurs pas pu être transféré à Mbour ; il a été identifié par ses proches et enterré sur place, à Joal.’’
À propos de Djiffer, le service départemental se veut également clair. ‘’Un seul corps a été repêché, au lieu de quatre. Il s’appelle Oumar Barro, une personne qui ne jouissait pas de toutes ses facultés mentales. Là également, ça n’a rien à voir avec les manifestations’’, certifie la source.
Par ailleurs, il y a aussi le cas du jeune rappeur Kana (Abdoulaye Camara de son vrai nom) qui a eu à enflammer la toile. Tué lors des manifestations par balle, il aurait été retrouvé à la plage, informaient les mêmes sources proches de l’opposition. En tout cas, les proches du rappeur ont une tout autre version des faits. Accroché par Le Point des Reporters, son frère Oumar Camara explique : ‘’Quand nous avons été informés de son décès, nous avons eu le réflexe d’aller au niveau de la brigade des sapeurs-pompiers de Dieuppeul, après de nombreux allers et retours dans différents hôpitaux. Une fois sur place, on nous a notifié que la police des HLM avait effectivement déposé un corps sans vie à leur niveau et que ce dernier avait été acheminé à l’hôpital Philippe Maguilène Senghor. Nous nous sommes alors dirigés dans ledit hôpital où nous avons pu trouver le corps d’Abdoulaye, que nous avons identifié en présence des éléments de la brigade des sapeurs-pompiers. C’est comme ça que ça s’est passé. Il n’a pas été retrouvé à la plage, comme cela a été indiqué’’, précise le frère de Kana, non sans confirmer l’information selon laquelle son frère a été tué par balle lors des manifestations.
Pour récapituler, à ce jour, nous attendons encore la preuve des trois morts déclarés trouvés au niveau des plages de la ville tricentenaire de Saint-Louis, plus de précisions sur le corps annoncé à Grand Mbao. Pour ce qui est des deux corps trouvés dans le canal de la CSS à Richard Toll, des preuves ont été apportées qu’ils n’ont rien à voir avec les manifestations violentes, dont le bilan est encore sujet à la polémique.
En ce qui concerne, par ailleurs, les quatre corps qui auraient été découverts à Djiffer et les trois repêchés à Joal, les services de pêche apportent un autre son de cloche. À les en croire, un seul corps a été découvert dans chacune des plages de ces deux communes et leur mort n’a rien à voir avec les manifs.
Toujours le mystère autour du nombre de morts
À côté de ces rumeurs qui inondent la toile, il y a le voile de mystère qui entoure le nombre de morts causés par les manifestations. Pendant que le gouvernement parle de 16 morts, Yewwi Askan Wi a annoncé au moins 26 morts, compte non tenu de quatre corps en souffrance à la morgue de l’hôpital Dalal Jamm. Selon les chiffres d’Amnesty Sénégal, au moins 23 personnes ont été tuées durant les manifestations violentes. L’ONG s’est basée sur 18 entretiens, l’analyse de vidéos authentifiées et d’autres documents… ‘’Nous appelons les autorités à mener une enquête crédible, indépendante et impartiale sur les circonstances de ces morts et à garantir que les responsables d’homicides illégaux soient poursuivis selon les normes de procès équitables…’’, soutient l’organisation.
Du côté de Pastef/Pikine, il n’y a aucun doute : il y a des choses bizarres dans le bilan officiel dressé par le gouvernement. Responsable de la communication de Pastef/Pikine, Habib Faye, lors d’une tournée auprès des victimes de son département, confiait à ‘’EnQuête’’ avec des noms et adresses à l’appui. ‘’Rien qu’à Pikine, nous avons neuf morts identifiés, compte non tenu de quatre autres corps qui sont dans des morgues des hôpitaux du département. Ce qui nous laisse croire qu’ils sont également de Pikine. S’il est vrai qu’il y a eu seize morts, alors presque tous sont de Pikine. Nous avons de sérieux doutes sur ce bilan’’.
Selon les informations données par Le Point des reporters, à Ziguinchor, six morts ont pu être enregistrés.
NOUS AVONS FERMÉ LES CONSULATS POUR PROVOQUER L'EFFET DE CHOC
L’Etat du Sénégal avait procédé à la fermeture provisoire de certains de ses consulats, la semaine dernière, dans le but de ‘’provoquer l’‘effet de choc’’’ chez les Sénégalais et de les sensibiliser à la nécessité de préserver ces services publics
L’Etat du Sénégal avait procédé à la fermeture provisoire de certains de ses consulats, la semaine dernière, dans le but de ‘’provoquer l’‘effet de choc’’’ chez les Sénégalais et de les sensibiliser à la nécessité de préserver ces services publics, a déclaré la ministre des Affaires étrangères, Aïssata Tall Sall, lundi, à Dakar.
‘’Quand nous avons fermé les consulats, c’était pour provoquer l’‘effet de choc’. A cause de ce qui s’est passé à Milan, on ne pourra pas délivrer des passeports pendant plusieurs jours. On ne pourra pas non plus, pendant plusieurs jours, rapatrier les dépouilles’’ de Sénégalais décédés dans cette ville italienne et ses environs, a-t-elle souligné.
La ministre intervenait à un débat parlementaire en prélude de l’adoption, par l’Assemblée nationale, de quatre projets de loi, dont deux autorisant le président de la République à ratifier les chartes africaines en matière de statistique et de sécurité routière.
Le ministère des Affaires étrangères a annoncé, vendredi, la réouverture des consulats du Sénégal fermés à la suite des actes de violence consécutifs à la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko.
Les violences survenues au Sénégal après la condamnation de M. Sonko à deux ans de prison ferme pour ‘’corruption de la jeunesse’’ (il était jugé pour viol et menaces de mort), le 1er juin, se sont propagées dans plusieurs pays où vivent des ressortissants sénégalais.
Selon les avocats de M. Sonko, cette décision de justice est susceptible de l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle de 2024.
A l’étranger, des Sénégalais ont commis des ‘’actes de vandalisme’’ – selon les termes du ministère des Affaires étrangères – dans des services consulaires de leur pays, en guise de protestation contre la condamnation du maire de Ziguinchor (sud) par la justice.
A cause des saccages commis dans des services consulaires, ‘’je suis en train d’autoriser le consul de Naples à faire rapatrier les dépouilles de Milan’’, a dit la ministre des Affaires étrangères aux députés.
Elle invite les députés à ‘’se dire la vérité’’ sur ce sujet, malgré la passion qu’il suscite dans les deux principaux groupes parlementaires, Benno Bokk Yaakaar et Yewwi Askan Wi.
Un ‘’personnel pléthorique et très politisé’’
‘’Je suis choquée de voir des députés s’indigner du fait que j’ai fermé les consulats. Pourtant, personne n’a demandé pourquoi on a mis à sac les consulats. Qu’est-ce qui puisse justifier qu’on aille casser le consulat du Sénégal à Milan ? […] Ce sont des actes de vandalisme et de sabotage’’, s’est indignée Aïssata Tall Sall.
‘’On aurait dû peut-être fermer les consulats de Milan, de Paris, de Bordeaux et de New York pour ce que vous en savez et laisser d’autres ouverts. Mais on s’est dit qu’il faut prendre une mesure radicale. Ce que voulions, c’est que les Sénégalais s’arrêtent et se demandent ce qu’il s’est en train de se passer. Et on a obtenu cela’’, a-t-elle argué. ‘’On a dit que les consulats ont été saccagés parce qu’ils sont devenus des espaces politiques […] Je voudrais qu’on s’entende sur une chose. Faire de la politique est peut-être la chose la plus noble du monde […] Mais faire de la politique ne justifie pas la violence.’’
La ministre des Affaires étrangères déclare avoir reçu de nombreux messages de soutien après la fermeture de plusieurs services consulaires en Europe notamment. ‘’Je peux vous montrer les messages de soutien que j’ai reçus […] Le dernier émane d’une organisation qui s’appelle SOS Casamance, que je ne connais même pas, mais qui a déploré le saccage des consulats. Il n’existe aucune couleur politique dans les messages de soutien que je reçois. Ils ne viennent pas de l’APR, de Yewwi [Askan Wi] ou du PDS. Ce sont des Sénégalais comme vous et moi qui s’indignent de cela.’’
‘’Qu’on arrête de saccager les consulats’’, a lancé la ministre à trois reprises, ajoutant que ces démembrements du ministère des Affaires étrangères ‘’sont au service de tous les Sénégalais et n’ont rien à voir avec nos activités politiques’’.
Aïssata Tall Sall a été interpellée par plusieurs députés sur la manière dont sont administrés les consulats.
‘’Il faut poser le débat sur les services consulaires […] Leur personnel est pléthorique et très politisé’’, a soutenu Abba Mbaye (Yewwi Askan Wi).
Mohamed Ayib Daffé (Yewwi Askan Wi), lui, soutient qu’il existe ‘’des services consulaires dirigés par des politiciens qui en font la permanence de l’APR’’, le parti politique du président de la République, Macky Sall.
PREMIERS CHEVEUX BLANCS, UNE APPARITION QUI DECOIFFE
L’âge suscite une certaine anxiété chez la personne car il est un des indicateurs de la vieillesse. C’est pareil pour les cheveux blancs, annonciateurs d’un autre temps : le début du troisième âge. Plus on grandit et plus on vieillit.
L’âge suscite une certaine anxiété chez la personne car il est un des indicateurs de la vieillesse. C’est pareil pour les cheveux blancs, annonciateurs d’un autre temps : le début du troisième âge. Plus on grandit et plus on vieillit. C’est dans l’ordre naturel des choses. Cependant, les cheveux gris peuvent faire leur apparition plutôt que prévu chamboulant ainsi toute une vie. Comme un cheveu dans la soupe !
« J’ai subi pas mal de moqueries et certains me traitaient de vieille mamie », a révélé Khady Ngom. La femme de 28 ans confie mal vivre l’apparition de ses cheveux blancs. Une singularité à s’en arracher les cheveux. La femme de teint noir et à la taille moyenne se dit complexée à cause de ses cheveux à deux tons. Avec le temps, elle a appris à en faire fi. Cependant il suffit d’une petite remarque de ses proches pour lui hérisser le poil. La vendeuse en pharmacie essuie également quelques remarques dans son lieu de travail. « Les clients ne se concentrent que sur ma tête », révèle-t-elle peinée. Une situation difficile à gérer pour Khady Ngom. « C’est compliqué par rapport à mon âge. C’est comme si j’avais 50 ans », se désole-t-elle.
Adama Sèye est une femme d’une trentaine d’années. Caissière dans une banque de la place, elle arbore des tresses naturelles. Mais il faut regarder de plus près pour voir quelques cheveux blancs rebelles contrastant avec ses cheveux d’ébène. La trentenaire affiche aujourd’hui fièrement cette singularité. Cependant, cela n’a pas toujours été le cas étant plus jeune. En effet, c’est quand elle a été au jardin d’enfants que la caissière de profession remarque, pour la première fois, l’apparition des cheveux blancs. « Cela me valait toujours des moqueries ou taquineries de la part de mes camarades. Ils me traitaient même de vieille », se souvient Adama Sèye.
Daouda Diop a découvert ses cheveux blancs en peignant sa barbe. Le jeune de 27 ans voit quelques poils disgracieux qu’il inspecte sous toutes les coutures. « J’étais vraiment surpris surtout par rapport à mon âge », admet-il. Le vendeur de chaussures avoue avoir éprouvé une certaine gêne. « Je voyais venir les regards et quolibets de mes amis », explique-t-il. Pour fuir les railleries et remarques, le sieur a décidé de couper le mal à la racine en se teignant les cheveux et la barbe.
Teinture, henné, des solutions pour couper le mal à la racine
« J’ai remarqué l’apparition de mes premiers cheveux blancs à l’âge de 16 ans. J’étais à la fois surprise et choquée », se remémore Aminata Ndiaye. Á l’époque, la jeune femme ne cherche pas d’explications et essaie de les camoufler à tout prix. La femme de 31 ans essaie de les noircir en y mettant de la teinture. « J’ai remarqué que les cheveux blancs n’ont pas changé de couleur, alors que j’ai mis la teinture partout sur les cheveux », dit-elle avec une pointe d’amertume. Cependant avec le temps, la commerçante a décidé de ne plus retoucher ses cheveux poivre et sel.
Ndèye Lo a aussi tenté la coloration pour se débarrasser de ses cheveux gris. Agée de 54 ans, la femme au teint clair a toujours redouté l’apparition des cheveux blancs. Mais elle n’a rien pu faire contre cette nature décoiffante. Si la couturière ne dissimule pas cela sous ses foulards parfaitement noués, elle confie avoir recours à la teinture. « J’utilise souvent cela afin d’avoir quelque chose d’uniforme et les faire disparaitre », avoue-t-elle.
La teinture des cheveux et le henné peuvent aider à cacher l’apparition des cheveux blancs, en couvrant les cheveux blancs existants et en offrant une alternative temporaire. C’est ce que confirme Dr Hadi Hakim tout en expliquant que ce sont des solutions temporaires. Les teintures capillaires et le henné donnent ainsi aux cheveux une apparence plus jeune. Cependant, elles comportent des risques. « Les teintures capillaires contiennent souvent des produits chimiques qui peuvent être irritants pour la peau et pourraient endommager les cheveux à long terme », explique le dermatologue.
Voiler à l’aide de perruques
La teinture et le henné ne sont pas les seules alternatives. Le voile et les perruques peuvent s’avérer efficaces. Il y a deux ans, Seynabou Guèye remarque l’apparition de ses premiers cheveux blancs. Horrifiée et complètement paniquée devant le miroir, la trentenaire ne cessait de regarder sa chevelure. Mais le verdict était sans appel. Les cheveux blancs pointaient déjà le bout de leur nez. Une découverte à s’en arracher les cheveux. Seynabou Guèye décide naturellement de couper le mal à la racine. « Cela me dérangeait et je voulais les enlever coûte que coûte », se remémore-t-elle. Mais après les conseils de ses proches, la trentenaire décide de se raviser, car ils risquaient de se multiplier. Avec le temps, elle a appris à les aimer et à les accepter dans sa vie. « Ils ne me dérangent plus surtout que je porte le voile », avoue-t-elle avec un sourire en coin. Une manière efficace pour voiler ses cheveux gris.
« J’arrive à cacher mes cheveux gris grâce au tissage et aux perruques », révèle Awa Guèye. Ces coiffures sont un moyen pour la comptable d’éviter les regards insistants. « J’essaie de les camoufler, car ce n’est pas très esthétique », dit-elle avec un sourire en coin. Une situation que la femme de 29 ans vit difficilement. Awa Guèye peine à assumer ses cheveux gris qui la « vieillissent avant l’heure ».
Stress, hérédité, les « racines du mal »
Seynabou Guèye a essayé de trouver des explications à cette apparition soudaine de cheveux blancs. « Cela peut être dû au stress, d’après les explications de mes proches », a fait savoir la trentenaire. Cependant ces explications semblent un peu trop tirer par les cheveux, d’après la jeune femme. « Je pense que cela dépend de chaque personne. Nous sommes tous uniques », relativise-t-elle.
« J’ai commencé à apercevoir des cheveux blancs sur ma tête à l’âge de 18 ans », révèle Fatou Mbaye. Le choc passé, la jeune femme se renseigne auprès de son grand-frère. « Il a aussi commencé à avoir des cheveux gris à cet âge, de même que le plus jeune de mes oncles », confie-t-elle. La comptable apprend par la suite que l’apparition des cheveux gris est une affaire de famille. « Ma grand-mère me dit que c’est génétique puisqu’elle les a aussi eus à bas-âge. Mon père n’avait presque plus de cheveux noirs à son cinquantième anniversaire », renchérit-elle.
Assumer sans stress ni chichi
Rougui Lèye a toujours rêvé d’avoir des cheveux blancs comme Aminata Niane, ancienne directrice de l’Apix. La femme de 41 ans voit cela devenir réalité plus tôt que prévu à l’âge de 26 ans. « C’était vraiment intrigant d’autant plus que je suis la cadette de ma famille », souligne-t-elle. Cependant, cela ne dérange point la jeune femme qui refuse de faire recours à la teinture.
« J’ai commencé à avoir quelques cheveux blancs à l’âge de 15 ans, ensuite à 20 ans, j’ai eu une petite touffe et cela s’est généralisé à l’âge de 30 ans. Je me suis ainsi retrouvée avec des cheveux poivre et sel », narre Fatou Matar Diop. Une apparition qui n’a jamais dérangé la quinquagénaire. « J’ai préféré garder mes cheveux au naturel et avec le temps c’est devenu une mode », relativise la femme à la peau d’ébène.
Un signe de maturité en islam, selon imam Makhtar Ndiaye
L’apparition des cheveux gris est signe de maturité en islam, selon imam Makhtar Ndiaye. C’est pourquoi le prophète Mohamed (Psl) interdit à un musulman d’arracher ou de raser ses cheveux blancs. Les cheveux blancs constituent chez le musulman une lumière au jour dernier. « L’islam interdit également à un musulman de teindre ses cheveux blancs en noir », renseigne le prêcheur. Néanmoins, il peut les teindre avec du henné comme l’a recommandé la Sunna prophétique.
DR HADI HAKIM, DERMATOLOGUE
« Les cheveux blancs sont un aspect naturel et normal du processus de vieillissement »
Quel est l’âge moyen du passage aux cheveux grisonnants ?
L’apparition des cheveux blancs est liée à l’âge. En règle générale, les premiers cheveux blancs apparaissent entre 30 et 40 ans, mais cela peut varier considérablement d’une personne à l’autre. Certaines personnes peuvent commencer à avoir des cheveux blancs dès leur adolescence, tandis que d’autres peuvent ne pas en avoir avant leur cinquantaine ou leur soixantaine. C’est un processus naturel qui fait partie du vieillissement. Elle est causée par une diminution de la production de mélanine, le pigment qui donne aux cheveux leur couleur. Les cheveux deviennent progressivement plus clairs à mesure que la production de mélanine diminue, jusqu’à ce qu’ils soient complètement blancs. Il est important de noter que l’apparition des cheveux blancs peut également être influencée par un certain nombre de facteurs.
Qu’est-ce qui peut être à l’origine de l’apparition précoce de cheveux blancs ?
L’apparition précoce des cheveux blancs chez certaines personnes peut être due à des facteurs héréditaires. Cependant, d’autres facteurs peuvent également contribuer à l’apparition précoce des cheveux blancs chez certaines personnes. Par exemple, des facteurs environnementaux tels que le stress, les maladies chroniques, la carence en vitamines et en minéraux, l’exposition à des produits chimiques, l’abus de drogues et d’alcool peuvent tous affecter la production de mélanine dans les follicules pileux.
Dans certains cas, l’apparition précoce des cheveux blancs peut être associée à des maladies auto-immunes telles que le vitiligo, qui provoque la perte de pigmentation de la peau et des cheveux. D’autres conditions médicales telles que le syndrome de Werner, le syndrome de Down et la maladie de Biermer peuvent également être associées à une perte prématurée de pigmentation des cheveux.
Dans l’ensemble, il est important de noter que l’apparition précoce des cheveux blancs peut être influencée par une combinaison de facteurs héréditaires et environnementaux, et peut varier considérablement d’une personne à l’autre.
Comment donc l’individu doit-il vivre avec cela ?
L’apparition des cheveux blancs est un processus naturel et inévitable lié à l’âge. Bien que cela puisse être une source de préoccupation ou d’inquiétude pour certaines personnes, il est important de se rappeler que les cheveux blancs sont un signe de maturité et d’expérience. Les cheveux blancs sont un aspect naturel et normal du processus de vieillissement. En apprenant à accepter et à célébrer votre apparence naturelle, vous pouvez vous sentir plus confiant et plus à l’aise avec vos cheveux blancs. C’est normal de se sentir un peu mal à l’aise ou préoccupé lorsque les cheveux blancs apparaissent pour la première fois. Il est important de prendre le temps d’accepter ce changement et de comprendre que cela fait partie du processus de vieillissement. Les cheveux blancs ne sont pas un signe de vieillissement ou de perte de beauté, mais plutôt un signe de maturité et d’expérience. En fin de compte, il est primordial de se rappeler que vous êtes beau ou belle tel que vous êtes, avec ou sans cheveux blancs, d’apprendre à vous aimer et à vous accepter tel que vous êtes et vous vous sentirez plus confiant et plus heureux.
GORÉE ACCUEILLE LE CINEFEMFEST DU 16 AU 18 JUIN
Le festival qui célèbre la portée féministe des films africains rendra hommage aux cinéastes SafI Faye et Khady Sylla sous le thème "Héritages"
Du 16 au 18 juillet 2023, l’île de Gorée accueillera la première édition du festival de films de femmes Cinefemfest. Ce symposium, qui va bien au-delà d’un simple festival de cinéma, a pour objectif de rechercher, d’analyser et de célébrer la portée féministe des films sélectionnés. En d’autres termes, Cinefemfest utilise les films produits par des Africaines et des Africains comme outils d’éducation populaire pour promouvoir une égalité de genre allant dans le sens d’une plus grande transformation sociétale en Afrique.
Le festival se démarque par sa dimension féministe, qui n’est pas limitée aux films sélectionnés. En effet, Cinefemfest est également un espace de mise en réseau de différents profils, tels que des artistes et acteurs culturels, des chercheurs, des décideurs politiques, des journalistes, des membres du gouvernement ou du secteur privé. Cinefemfest va ainsi bien au-delà d’un simple festival portant sur le thème « Femmes et cinéma », en alliant la célébration de films pertinents faits par des Africaines et des Africains à la recherche-action.
La première édition de Cinefemfest a pour thème « Héritages », en hommage à deux illustres cinéastes disparues, SafI Faye et Khady Sylla. Ces deux femmes ont marqué la cinématographie africaine par des œuvres de haut niveau qui méritent d’être découvertes et relayées bien après leur disparition. Le festival se veut ainsi un espace de valorisation et de découverte de ces œuvres, qui ont influencé la production cinématographique africaine.
Le Cinefemfest est organisé sous forme de retraite, dans une formule symposium-festival comprenant des débats privés de type académique et des présentations pour utiliser la recherche, l’action et la pédagogie participative pour impulser une réflexion. En journée, des projections de films seront proposées, tandis que le soir, un programme ouvert au grand public permettra de découvrir les œuvres sélectionnées. Le profil multi-disciplinaire des porteuses de Cinefemfest est un grand atout allant dans le sens d’une inclusion des perspectives des sciences sociales et humaines, de l’art et de la communication.
Cinefemfest est un événement unique en son genre, qui allie la promotion de la production cinématographique africaine à une réflexion sur la place des femmes dans la société.
Qui ne sent une remise en cause périlleuse des équilibres fondateurs de notre nation ? Nul besoin de nommer les gens. Nommons les choses et chacun se regardera au miroir de ses propres turpitudes…
Entre nous….On ne vit sur cette planète terre qu'une seule et dernière fois. Nul ne peut prolonger ou raccourcir le temps prédéterminé pour cela. Entre les deux termes que sont la naissance et la mort, chaque être humain est libre de ses faits et gestes. Libre d'en assumer les responsabilités et donc d'en subir les conséquences. Après les paramètres de base que lui installent ses parents, par son éducation et l'instruction acquise au fil du temps par des structures telles que l’école, le daara ou, tout simplement face aux épreuves de la vie, chaque individu se prépare à interagir avec les autres membres de la société. Tout un système de convenances morales et sociales appelées traditions formatent nos consciences et forgent nos personnalités. A l’échelle de la nation, ces héritages sont encadrés dans un corpus de valeurs juridiques dont la Constitution est la charpente. C’est ce que l’on appelle la République. Au sein de celle-ci, des lois et règlements arbitrent nos conflits latents ou ouverts. Nos modes de conquête, de gestion et de transmission des pouvoirs sont définis et doivent être respectés par tous. A tout prix !
Car, tout cet édifice repose sur un seul socle : la confiance ! Un principe immatériel et non écrit qui cimente la cohésion de toute communauté humaine. Rien ne peut fonder une nation harmonieuse en dehors de la confiance, absolue et partagée, sur la solidité, mais surtout l’impartialité des Institutions. Celles-ci rassemblent et gouvernent notre communauté de vivre-ensemble librement consentie. En vérité, la nation et la République se fondent, principalement, sur la confiance. Elles se renforcent par la solidarité. Elles se nourrissent à la sève des bons comportements. Le respect mutuel et le traitement équitable devant les lois canalisent les violences et les contiennent.
Cela étant dit :
- Qui ne sent, dans notre pays le Sénégal, une remise en cause périlleuse des équilibres fondateurs de notre nation ? A tous les nivaux. Et même sur des sujets qui avaient été portés à la dimension sacrée. Par exemple, les relations inter-ethniques séculaires, sources de parentés à plaisanterie qui nous font rire, les uns des autres, dans la bonne humeur et la joie ? Des rires qui tissent, au fond des cœurs, des fils lumineux de fraternité consentie.
- Qui ne sent, aussi, la défiance montante à l’endroit des pouvoirs régaliens, et notamment de la Justice dont les décisions sont de plus en plus contestées et les auxiliaires désignés à la vindicte populaire ?
- Qui ne constate un morcellement de l’autorité qui profite aux esprits, malfaisants et malveillants, qui capturent l’intérêt général au profit de leurs agendas cachés ? Toute cette rage à s’emparer des ressources publiques au profit de la cupidité sans limites de certains…Nul besoin de nommer les gens. Nommons les choses et chacun se regardera au miroir de ses propres turpitudes…
Alors ce matin, en vous rasant ou en vous maquillant, prenez le temps de vous mirer… Prenez le temps d’évaluer vos faits et gestes, apparents ou cachés et définissez-vous : être parmi les justes en toutes circonstances ou louvoyer au gré de gains immédiats au péril de soi. En dépit de soi.
Parlons peu. Parlons bien.
La Justice doit être juste. Pour mériter notre respect. Le cas échéant, elle va perdre notre confiance. Définitivement !
La République doit être le reflet de la diversité de ses composantes. Aucun déséquilibre dans ce principe n’est tolérable.
La paix se fonde sur le respect mutuel. Le pouvoir et l’opposition ont la même dignité constitutionnelle. Veillons à donner à chacun la latitude de jouer son rôle et d’exercer ses droits dans toute leur plénitude.
Face à la stratégie de la terre brûlée, que ceux qui se ressemblent s’assemblent pour conjurer la montée des périls.
1,18 MILLIARDS FCFA EN BILLETS NOIRS SAISIS À THIÈS !
Le Groupement polyvalent de recherche et de la répression de la fraude (Gpr) des Douanes a réalisé une saisie de billets noirs d’une contrevaleur de 1 million 800 mille euro, soit 1 milliard 180 millions FCFA au quartier Nguent, à Thiès.
Le Groupement polyvalent de recherche et de la répression de la fraude (Gpr) des Douanes a réalisé une saisie de billets noirs d’une contrevaleur de 1 million 800 mille euro, soit 1 milliard 180 millions FCFA au quartier Nguent, à Thiès.
Parmi les personnes interpellées, figure un individu de nationalité sénégalaise établi au Cap-Vert et l’enquête suit son cours. Selon le communiqué de la Division de la communication et des relations publiques, la saisie a eu lieu le lundi 5 juin dernier vers 19h à la suite de l’exploitation d’un renseignement effectuée par la Brigade polyvalente numéro 1 du Gpr.
En effet, les délinquants au nombre de 4 ont été appréhendés par les agents dans une maison. Ils détenaient par devers eux 2 paquets de billets noirs en coupures de 200 et de 100 euros. La contrevaleur de ces billets noirs saisis est d’un million d’euros, soit 1 milliard 180 millions FCFA.
LES ENSEIGNANTS AFFILIÉS AU SAEMS ET CUSEMS BOYCOTTENT LES COMPOSITIONS
Les professeurs affiliés aux syndicats SAEMS et CUSEMS ont boycotté ce lundi les épreuves des compositions du second semestre. Ils ont été appuyés par les élèves du lycée de Diourbel qui ont délogés leurs camarades des autres établissement de la commune.
Les professeurs affiliés aux syndicats SAEMS et CUSEMS ont boycotté ce lundi les épreuves des compositions du second semestre. Ils ont été appuyés par les élèves du lycée d’enseignement général de Diourbel qui ont délogés leurs camarades des autres établissements scolaires de la commune.
Il n’y a pas eu composition au Lycée d’enseignement général de Diourbel. C’est parce que les professeurs affiliés au SAEMS et au CUCEMS ont boycotté les épreuves de composition du deuxième trimestre qui devaient démarrer ce lundi. Ces enseignants exigent du gouvernement « la convocation sans délais du comité de suivi des accords ; l’annulation de toutes les mesures arbitraires prises à l’encontre des collègues de Diouloulou ; la libération des élèves et enseignants arrêtés ; la restitution intégrale de toutes les sommes prélevées arbitrairement sur les salaires des enseignants. »
Concernant le cas spécifique du lycée d’enseignement général, non contents du fait que le statu quo demeure sur les accusations de malversations financières portées contre le proviseur et l’intendant ne soient pas encore élucidées, les syndicalistes demandent aux
autorités concernées d’y réfléchir profondément pour apporter des solutions définitives afin d’endiguer ce fléau.
Par Assane Saada
EMPÊCHER QUE LE SÉNÉGAL SE DÉFASSE
Tout leur échappe de ce qu’ils voudraient maîtriser mais ils continuent à arborer leurs costumes de scène. Une véhémence partisane, des assignations et des réquisitoires. Soulageant des consciences en exaltant des instincts de tueurs.
« Tout leur échappe de ce qu’ils voudraient maîtriser » mais ils continuent à arborer leurs costumes de scène. Une véhémence partisane, des assignations et des réquisitoires. Soulageant des consciences en exaltant des instincts de tueurs. Livrant quiconque à une vindicte pour faire « abdiquer la liberté de l’esprit à laquelle il faut tenir ». Un jeu politicien tel qu’« on ne croit plus que ce qui nous arrange, au sein d’un horizon de pensée de plus en plus restreint, et l’on a perdu confiance dans le reste ». L’ambition serait d’avoir des bidons d’essence et des allumettes pour signer sa célébrité. Sans regret ni remord, semer l’ignominie et la mort. « Non, un homme ça s’empêche... », écrivait Camus dans son livre posthume Le premier homme. Pour Jean-François Mattéi, auteur de Citations de Camus expliquées, « quelle que soit la situation, (...) il y a des choses que l’on ne fait pas quand on est un homme. (...) Un homme exprime son humanité en refusant certains actes ».
« Les leçons de la vie doivent être apprises, sinon on continue à errer vers l’inconnu » (Taha-Hassine Ferhat, dixit). Et demain serait encore macabre. Comme hier et aujourd’hui. Les assassinats de Me Babacar Sèye (15 mai 1993) et de six (6) policiers (16 février 1994 à la suite d’une manifestation de l’opposition)... les victimes de 2012... les onze (11) morts du 3 mars 2021... « De nos jours, les gens connaissent le prix de tout et la valeur de rien », disait Oscar Wilde. Et le prix pour être au pouvoir semble valoir plus que la valeur des vies humaines. Par ailleurs, le 1er décembre 1963, des manifestants ne scandaient-ils pas : « À bas Senghor, tous aux palais ! » C’était lors des premières élections présidentielle et législatives. Des affrontements avec des forces de l’ordre... Quarante (40) morts selon un document d’archives de l’Ina (Institut national de l’audiovisuel - France). Une polémique sur le nombre de victimes toujours pas résolue ! Senghor accusait l’opposition d’avoir ouvert le feu en premier sur des forces de l’ordre et de s’être servie de personnes de nationalités étrangères.
« Le sentier que jamais tu ne dois fouler »
Malgré ses insuffisances, le jeu démocratique a permis deux alternances. Jamais encore une dévolution violente du pouvoir. Le pays n’avance pas par explosion à la suite d’une crispation. Les élections municipales de 1960 à Saint- Louis qui s’en souvient encore ? Une farouche bataille contre une fraude élec- torale, la première femme sénégalaise emprisonnée pour des raisons poli- tiques. Thioumbé Samb, « alliant le verbe à l’action avait lancé ce mot d’ordre : l’heure est grave, en avant à l’assaut des urnes contre les voleurs ». Une lutte armée des maquisards du Pai avec la « guérilla du Sénégal-Oriental » en 1965... La traque des militants de ce parti, des arrestations, des tortures... Que dire de Mai 1968... voire des arrestations des militants de Xare bi en 1975 dont une femme journaliste alors enceinte et qui perdra sa grossesse en prison... La crise politique de 1988, des « attentats à la voiture piégée »...
Que reste-t-il des riva- lités, parfois incendiaires, des années 1950 entre la Sfio et le Bds quand Senghor disait dans des meetings : « Je ne peux rien faire pour le pays car quand je construis, papa Lamine détruit - bu may gas papa Lamine di suul » ?
« Le chemin se fait en marchant Et quand tu regardes en arrière Tu vois le sentier que jamais Tu ne dois fouler... », chantait Antonio Machado. Faudrait-il être lucide. D’après Jean-François Payette, la « lucidité est l’acte par lequel la conscience se ressaisie elle-même, mais en introduisant dans son rapport au monde de nouvelles médiations capables d’imprimer sur la réalité une colo- ration... ». Pour Myriam-Revault d’Allonnes, dans son essai sur le mal politique, Ce que l’homme fait à l’homme : « Que la politique soit maléfique, qu’elle charrie avec elle tout un défilé de pratiques malfaisantes, implacables ou perverses, c’est là une plainte aussi vieille que le monde. La politique est le champ des rapports de forces. La passion du pouvoir corrompt. L’art de gouverner est celui de tromper les hommes. L’art d’être gouverné est celui d’apprendre la soumission, laquelle va de l’obéissance forcée à l’enchantement de la servitude volontaire. Personne n’ignore ces banalités, et pourtant elles n’en existent pas moins. »
Aujourd’hui, des populations n’utilisent-elles pas ces mots de Deleuze et Guattari dans Qu’est-ce que la philosophie : « Nous demandons seulement un peu d’ordre pour nous protéger du chaos ». Au demeurant, relisons ces mots de Camus recevant son prix Nobel de littérature en 1957 : « Chaque généra- tion, sans doute, se croit vouer à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne la refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. »