Le village de Thionck Essyl est considéré, par certains, comme l’un des plus grands du Sénégal, le plus peuplé du Boulouf. Son passé est marqué par une forte résistance contre le colonisateur. Pour certains notables, les actes de bravoure face aux Français ont permis de donner le nom du village au célèbre rue Thionck de Dakar.
Jadis, en basse Casamance, le bovin était un symbole de richesse. Au sein de la communauté diola, cet animal est d’une importance capitale. Il est immolé en guise de sacrifice, lors des rituels, surtout dans les funérailles et initiations « bukut ». Dès lors, son accumulation devient, pour les tributs, un enjeu. Celle-ci encourage, dans les années 1860, la conquête des terres pour l’extension des royaumes. Les Baïnoucks, Mandingues et Diolas se lancent dans des guerres tribales pour le contrôle des espaces pour l’agriculture et le pâturage.
Les Essyliens (population de Thionck Essyl) qui bénéficient d’une large ouverture sur un marigot dans la façade ouest de la basse Casamance, se lancent dans des activités subversives sur les eaux du fleuve Casamance pour accroître leurs cheptels. « Ils naviguaient jusqu’au Kassa pour leur soutirer frauduleusement des bœufs », confie Abdoulaye Djiba, (98 ans).
C’était un acte de bravoure. Mais avec cette période dominée par la colonisation, un cas de vol provoque un incident qui allait changer le cours de l’histoire. Les Essyliens qui revenaient d’une piraterie avec une pirogue pleine de bœufs essuient des tirs d’un colon. D’après les récits d’Abdoulaye Djiba, le Blanc a surpris les voleurs essyliens et a ouvert le feu en direction de leur pirogue. Ces guerriers se sont enfuis. Ainsi, se sentant humiliés, « ils sont venus débarquer leurs butins, puis ils sont repartis pour régler son compte à ce colon », raconte-t-il. L’homme blanc ayant disparu, sa femme est capturée et embarquée de force sur la pirogue en direction de Thionck Essyl. « Elle a été détenue dans le quartier de Batine », raconte Marcelin Mané, militaire à la retraite. Les Essyliens étant une communauté organisée, ce sont les hameaux de « Batine qui sont choisis grâce à leur position (au milieu du village) pour empêcher toutes tentatives de libération de cet otage », confie l’ancien militaire. Dans la culture Diola, la femme étant sacrée, l’otage fut bien traité. Toutefois, pour l’assimiler temporairement, « il lui a été imposé de nouer un pagne comme les femmes du village. Un mortier lui a été remis et du riz pour qu’elle pile », relate Abdoulaye Djiba.
Ce récit est l’une des causes de l’affrontement le plus marquant entre Thionck Essyl et le colonisateur français en 1860, selon Marcelin Mané et Abdoulaye Djiba, tous des notables du village. Quand l’annonce de la nouvelle de prise d’otage a envahi le cercle des colons, à l’aide d’une vedette, « ils ont suivi la trace des ravisseurs jusque dans l’actuel Boulouf ». « Ces Blancs venus pour négocier ont débarqué à Tendouck, où ils ont séjourné », poursuit le vieux Djiba, l’un des doyens du village. Après trois jours de négociations infructueuses, les colons lancent un ultimatum. La pression s’accroît et l’otage réussit à s’échapper. Au lendemain de cet incident, la marine française est intervenue. « Ils ont largué des obus visant nos fromagers (c’est un grand arbre qui, pour la plupart, abrite les fétiches. C’est aussi des lieux de refuge à l’époque coloniale, d’autres sont tombés à Dablé (un sous quartier) sans faire de victime ».
Tentative de désarmement
Pendant la Première Guerre mondiale, les autorités coloniales qui faisaient face à une résistance contre le recrutement de combattant en Basse Casamance ont lancé une opération de désarmement. Mais le village de Thionck Essyl, qui n’était pas en de bons termes avec le chef de canton, Ansoumana Linta Diatta de Tendouck (où s’étaient établis les français pour libérer l’otage), menace ce dernier de mort. « Les Essyliens, armés, ont tenté de l’agresser. Mais Diatta est parti à Bignona porter plainte. Pour en avoir une certitude, « les colons envoient un des leurs pour vendre les munitions. Mais les Essyliens qui avaient déjà compris le plan ont rejeté cette offre en soutenant n’avoir pas d’armes pour acheter des munitions », dévoile Abdoulaye Djiba.
Un autre espion est venu s’installer dans le village. Ce dernier devenait encombrant. « Mais malgré tout, personne n’osait mettre la main sur lui ». Selon Abdoulaye Djiba, les Essyliens demandent de l’aide auprès de leur voisin, notamment le village de Thiobon, situé à quelques kilomètres.
Très attaché à la famille chérifienne, grâce au séjour que Cheikh Mahfouz Aïdara, le fondateur, a effectué dans cette localité. Les notables de Thiobon ont saisi l’homme religieux pour lui transmettre les sollicitations des Essyliens. « Ils voulaient se débarrasser de l’espion que le colon a envoyé dans leur village », auraient déclaré, les émissaires de Thiobon à l’endroit de l’érudit. Le marabout leur demande de lui apporter un bœuf sans corne. C’est ce bœuf-là, plus tard, qui a été offert à l’espion (colon). Après avoir reçu ce cadeau empoisonné mystiquement, il a quitté Thionck Essyl. Mais avant son départ, certaines armes moins dangereuses qu’il a saisies des Essyliens étaient brûlées et enterrées. D’ailleurs, pour ironiser, les autochtones avaient nommé ce colon, « Samboune » c’est-à-dire « le feu » en Diola. Les Essyliens qui avaient acheté des armes en Guinée les avaient jalousement gardées.
Création d’une école française
La guerre entre Thionck Essyl et le colonisateur n’est pas seulement militaire. Car plusieurs années après la prise d’otage de la femme du blanc, les Blancs, notamment les Français, sont revenus, cette fois-ci, avec un projet d’école, en 1905. Ils sont allés à Bodiancousor, lieu qui abrite l’actuelle grande mosquée, où seuls les autochtones de Thionck Essyl avaient le droit d’accéder. Cette initiative est rejetée pour éviter les risques d’une domination culturelle.
Les Français reviennent à la charge en 1920, « en ce temps-là, se souvient Abdoulaye Djiba, le commandement était établi à Carabane. Les Blancs ont rencontré à Bodiancousor un notable très respecté, Assongoye ». Ce dernier leur dit : « si nous acceptons une école, nos enfants vont partir et qui va nous récolter du vin de palme ? Regardez Carabane, il n’y a que des vieux », rapporte Abdoulaye Djiba.
Ce n’est qu’en 1933, quand ils sont revenus pour une troisième fois, mais pour recruter des jeunes pour renforcer la marine que Sékou Mbary Djiba, chef de village à l’époque, s’y est opposé en proposant à la place une école. C’est pourquoi l’école de Thionck Essyl est construite en 1933 et ouvre ses portes l’année suivante. Abdoulaye Djiba fait partie des premiers élèves.
Les Essyliens ont aussi eu des rapports difficiles avec les villages voisins. Ces tensions ont, pour la plupart, un soubassement foncier. Ces affrontements sont aussi à la base de la diversification ethnique de ce gros village. Certains prisonniers retenus dans le village ont intégré les familles à force de partager les repas et autres. C’est pourquoi, il est difficile de savoir l’origine des populations de Thionck. « Nous sommes un important melting-pot dans le Boulouf », conclut Martin Mané, qui rejette les thèses démontrant l’origine des populations du village du Boulouf.
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LE SAHEL EN PROIE À UNE CONVERGENCE DE CRISES
Alioune Tine, fondateur du think tank Afrikajom Center et expert de l'ONU au Mali évoque la nécessité d'une force africaine spécialisée pour lutter contre le terrorisme, au micro de Sud FM dans l'émission dominicale Objection
Alioune Tine, fondateur du think tank Afrikajom Center et expert de l'ONU au Mali évoque la nécessité d'une force africaine spécialisée pour lutter contre le terrorisme, au micro de Sud FM dans l'émission dominicale Objection. Il souligne la nécessité de débats ouverts et inclusifs pour aborder les questions politiques et de gouvernance dans la région.
Il appelle le président Macky Sall joue un rôle régulateur et garantisse la transparence, l'inclusivité et l'équité du processus électoral de février-mars 2024.
par Nioxor Tine
DES ÉLECTIONS APAISÉES POUR UNE RÉVOLUTION DÉMOCRATIQUE
BBY doit se rendre à l’évidence : l’élection de février 2024 ne débouchera pas sur une alternance de plus. Il y a une nécessité de ruptures courageuses d’avec le modèle néocolonial avec les nouvelles générations de forces patriotiques
En refusant au mandataire du président Ousmane Sonko de disposer des fiches de parrainage, en principe libres d’accès pour tout citoyen sénégalais désireux de prendre part aux prochaines joutes présidentielles de l’année prochaine, la direction générale des élections vient de poser un acte aussi arbitraire que symboliquement chargé et un abus de pouvoir.
Il s’agit, en réalité, de la dernière forfaiture en date perpétrée par les pouvoirs publics à l’encontre de celui qui est désormais considéré comme le chef de l’opposition sénégalaise, victime d’un harcèlement judiciaire unique dans les annales de l’histoire politique de notre pays et devenu otage de l’État néocolonial. Tant et si bien qu’à cinq mois des élections présidentielles du 25 février 2023, la scène politique nationale renvoie des signaux inquiétants pour tous les patriotes et démocrates de notre pays.
Des symptômes inquiétants
Le signe le plus effrayant est très certainement cette absence totale de retenue voire de pudeur, de la part de ceux qui n’hésitent plus à s’afficher ouvertement comme des soutiens inconditionnels du régime tyrannique du Benno, ce qui augure de lendemains incertains pour notre pays, à type de chienlit ou de vendetta incontrôlée.
Il s’agit, en premier lieu, à tout seigneur tout honneur, de certains éléments isolés issus de milieux maraboutiques, dont on attendait plutôt une posture d’arbitrage et de régulation, comme savait si bien le faire le vénérable Abdoul Aziz Sy Dabakh. Bien au contraire, ils semblent prendre fait et cause pour la continuité incarnée par des pilleurs et des prébendiers intouchables, écornant le prestige de nos religions, versant, au passage quelques larmes de crocodiles, oubliant –peut-être- que le ndigël était passé de mode, depuis les années 80, au moins !
Il y a aussi de larges pans de l’administration territoriale et de certains secteurs de la Justice, qui font du zèle pour ne pas décevoir le Prince, qui même étant à deux pas de la retraite forcée, met un point d’honneur à parachever son entreprise de destruction de nos fondamentaux démocratiques et républicains, symbolisée par le fameux slogan réactionnaire : « réduire l’opposition à sa plus simple expression ».
De fait, ces supposés serviteurs de l’État – outil de domination et d’oppression par excellence – sont caractérisés avant tout par leur propension irrépressible à obéir aux injonctions les plus aberrantes et illégales de l’Exécutif central, prenant ainsi, à contrepied la maxime qui veut qu’un OUI n’ait de sens que quand celui, qui l’articule, a aussi la latitude de dire NON. C’est ce qui explique toutes ces fins de non-recevoir aux demandes d’autorisations de manifestations publiques et ces recours toujours rejetés par les institutions judiciaires. Il est vrai, que les dictateurs ont horreur d’être contredits …
Pour ce qui est de certaines composantes des FDS, elles semblent occulter la réalité des nervis, ce qui fait dire à certains, qu’elles sont de plus en plus dédiées à la dissuasion systématique de toute velléité de résistance constitutionnelle, devenant, à la longue, vectrices d’insécurité voire de violence d’Etat arbitraire et aveugle.
La grande omerta, qui règne concernant ces atteintes gravissimes et répétées aux droits et libertés, se traduisant par la substitution aux normes juridiques généralement admises (et très largement insuffisantes dans nos systèmes politiques), de nouvelles règles d’un pseudo-droit d’inspiration maffieuse, font pressentir une grande entente tacite pour barrer la route à une véritable alternative sociopolitique.
Sonko traqué par le système
On comprend alors mieux cet acharnement qui défie l’entendement, contre les forces qui proclament leur attachement à une véritable alternative sociopolitique, et qui vont au-delà du Pastef et son leader. Ce dernier tantôt qualifié de politicien inexpérimenté, (Dieu nous préserve de l’expérience de bureaucrates prédateurs !), tantôt de djihadiste violent semble, en tout cas, être pris au sérieux par la France et les autres puissances occidentales.
Il est encore snobé par une certaine gauche, dont des membres cheminent encore avec Benno Bokk Yakaar, tandis que d’autres viennent à peine de sortir de la grande Coalition présidentielle alors que les plus sincères sont encore, en quête perpétuelle d’une réunification souhaitable, mais plus ou moins éloignée, de la famille marxiste. Tous ont comme dénominateur commun, le fait de sous-estimer la dynamique autoritaire en cours ou de faire abstraction de la lourde chape de plomb, qui s’est abattue sur le pays.
A preuve, la multiplicité des dossiers judiciaires ouverts contre le président et les militants du Pastef, la tendance à placer tous les accusés d’office sous mandat de dépôt et/ou à inventer des chefs d’accusation factices…Toute cette saga juridico-politique, qui dure depuis plusieurs années, n’a pour objectif que d’installer un modèle obsolète d’autocratie pétrolière (comme au Congo ou au Gabon), ce qui passe nécessairement par une victoire du camp présidentiel à la prochaine présidentielle de février-mars 2024, éventualité ne pouvant être envisagée qu’en cas de sabotage du processus électoral et de neutralisation de l’opposition radicale.
Cela vaut à Ousmane Sonko d’être arbitrairement emprisonné, prétendument radié des listes électorales et de se voir même refuser l’obtention de fiches de parrainage, alors qu’il conserve encore intacte son éligibilité, selon les dires d’éminents et intègres juristes, libres de tout conflit d’intérêts. Or, le bon sens indique clairement qu’une éventuelle tenue d’élection au Sénégal, sans la participation du Pastef et de son leader risque d’ouvrir la boîte de Pandore de l’instabilité politique dans une sous-région en proie aux démons du djihadisme.
Pour une alternative socio-politique en 2024
Le régime de Benno Bokk Yakaar doit se rendre à l’évidence : l’élection de février – mars 2024 ne débouchera pas sur une alternance de plus.
Tout au long des douze dernières années, la supercherie de la « démocratie arachidière » a eu le temps de se dévoiler sans fard, sous nos yeux, les politiciens du pouvoir refusant délibérément de respecter des règles du jeu, pourtant inscrites en bonne et due forme dans la Constitution et notre arsenal juridique. Autant les forfaits des criminels à col blanc et ceux des forces de répression ont bénéficié d’une impunité révoltante, autant des citoyens/ militants faisant prévaloir leur droit à la résistance constitutionnelle et tentant de jouir de leurs libertés élémentaires (de manifestation, d’expression) croupissent en prison pour de longs mois.
Toutes ces horreurs se déroulent dans une atmosphère bon enfant, malgré quelques protestations de très rares organisations de la société civile, la plupart préférant se réfugier dans un équilibrisme de mauvais aloi. Les centrales syndicales prétextent leur caractère prétendument apolitique pour s’exonérer de leurs devoirs d’interpellation des hommes du pouvoir sur leur gestion, au moment où ils sont presque tous épinglés par les organismes de contrôle (OFNAC, IGE…).
Il faut reconnaître au président de Benno Bokk Yakaar qu’il a réussi à faire d’alliés politiques circonstanciels mais aussi de certaines autres forces conservatrices, des partenaires à part entière dans la pérennisation du système d’exploitation néocoloniale, ne rechignant pas à cautionner l’invasion militaire du Niger. Et il l’a fait d’autant plus aisément que notre pays ayant acquis, entretemps, le statut pétrolier et gazier n’a plus que faire des oripeaux de pseudo-démocratie bourgeoise, dont il a toujours aimé s’affubler.
Les stratégies dont use le régime de Benno Bokk Yakaar reposant sur la répression impitoyable, le tripatouillage de la Constitution et des textes de lois, l’instrumentalisation de la Justice et des FDS, les tentatives de subvertir Yewwi et Pastef de l’intérieur ainsi que l’éviction d’adversaires politiques sont vouées à l’échec, car une profonde lame de fond traverse nos sociétés en direction du changement. Tout cela nous amène à comprendre que notre pays se trouve à la croisée des chemins et qu’il y a une nécessité de ruptures courageuses d’avec le modèle néocolonial et d’un traitement politique adéquat des différends avec les nouvelles générations de forces patriotiques, qui dépassent le Pastef.
Il faut donc se dresser pour la tenue d’élection transparente, apaisée et inclusive pour – loin des tentations de putsch militaire – trouver une issue heureuse aux contradictions venues à maturité par le biais d’une révolution démocratique pacifique, suivant l’héritage des Assises Nationales.
LE SAES DÉNONCE LE NON-RESPECT DU PROTOCOLE D'ACCORD ET ANNONCE DES ACTIONS DE PROTESTATION
Toutes les activités administratives et réunions seront suspendues les 11 et 12 octobre 2023. Des assemblées générales de campus seront tenues en présentiel le 11 octobre 2023 pour évaluation
Dakar, le 1er octobre 2023 - Le Bureau National (BN) et le Secrétariat National (SN) du Syndicat Autonome de l'Enseignement Supérieur (SAES) se sont réunis les 29 et 30 septembre 2023 à Dakar afin d'évaluer la situation universitaire et le respect du protocole d'accord SAES-Gouvernement du 6 janvier 2023. À l'issue de cette réunion, le SAES constate le non-respect du protocole d'accord et décide d'entreprendre des actions de protestation.
Le SAES déplore notamment que les veuves et veufs du personnel d'enseignement et de recherche ne bénéficient toujours pas d'une pension de réversion conformément à la loi, malgré les prélèvements supplémentaires effectués sur les salaires des enseignants-chercheurs et chercheurs en activité. De plus, certains blocs scientifiques et pédagogiques, entamés depuis 2015, n'ont toujours pas été livrés ni équipés, malgré l'augmentation du nombre de bacheliers. Le projet des « 100 laboratoires » est également bloqué, malgré une cérémonie de remise d'une partie du matériel qui n'a toujours pas été réceptionné par les universités.
Le SAES déplore également l'absence de réponse concrète du Ministre de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Innovation quant à la finalisation du programme de recrutement 2022-2026 d'enseignants-chercheurs et chercheurs demandé par le président de la République. De plus, le MESRI tergiverse sur la question de la gouvernance et du financement de la recherche ainsi que celle du CAMES, alors que les travaux de commission ont déjà été restitués depuis le 8 avril 2021.
Les budgets non sincères et non équilibrés entraînent également des conséquences néfastes, telles que le non reversement des cotisations sociales du personnel d'enseignement et de recherche au Fonds National de Retraite, des retards dans le paiement des salaires et des sommes dues, ainsi que l'impossibilité pour les enseignants-chercheurs et chercheurs d'effectuer leurs missions de recherche. De plus, l'audit du foncier des universités n'a pas été effectué et l'acte annulant l'affectation d'une partie de l'assiette foncière de l'ESEA à un promoteur privé n'a pas été pris.
Face à ces constats, le SAES décide d'agir en guise d'avertissement. Ainsi, toutes les activités administratives et réunions seront suspendues les 11 et 12 octobre 2023. Des assemblées générales de campus seront tenues en présentiel le 11 octobre 2023 pour évaluation. De plus, une conférence de presse se tiendra le 12 octobre 2023 à 10h au restaurant du SAES du campus de l'Université Cheikh Anta Diop de Diop afin d'éclairer l'opinion publique.
Le SAES exige la réouverture immédiate de toutes les universités publiques pour une reprise des enseignements en présentiel, ainsi que la sécurisation des personnes et des biens au sein des établissements. Le syndicat demande également l'arrêt de l'arrimage du calendrier académique au calendrier électoral et le respect du protocole d'accord SAES-Gouvernement du 6 janvier 2023.
Le SAES tient à informer les parents d'étudiants et l'opinion publique que malgré sa bonne volonté, sa disponibilité et ses alertes, le MESRI fait preuve d'une certaine inertie.
KONTÉ PEULH, SANCTUAIRE POUR LES DÉFICIENST MENTAUX
Situé au Nord-Est, à 28 kilomètres du village chef-lieu de commune, Konté Peulh compte 286 âmes. Sa particularité : on y soigne des déficients mentaux. Actuellement, 300 malades y sont en traitement par la médecine traditionnelle
Konté Peulh, un hameau situé dans la commune de Kahène, département de Koumpentoum, est un havre de paix pour les malades mentaux. Plus de 300 y sont présentement soignés et très bien traités. À la grande satisfaction de leurs familles.
Médina Kanéne Malick est un village de la commune de Kahène, dans le département de Koumpentoum. Il est composé de deux hameaux : Konté Wolof et Konté Peulh ou encore Saré Alpha dans les documents administratifs. Situé au Nord-Est, à 28 kilomètres du village chef-lieu de commune, Konté Peulh compte 286 âmes. Sa particularité : on y soigne des déficients mentaux. Actuellement, 300 malades y sont en traitement par la médecine traditionnelle.
Pour se rendre dans cette localité, en période d’hivernage, c’est un véritable parcours du combattant. Dès la tombée des premières pluies, les habitants éprouvent d’énormes difficultés pour rallier les autres villages à cause d’un ravin qui fait obstacle, mais aussi de l’absence de pistes praticables. Après un voyage tumultueux, marqué par plusieurs chutes, nous parvenons à accéder au village. À l’entrée, un grand puits où se retrouvent les femmes pour faire le linge. Les hommes s’y aventurent également pour abreuver leurs animaux. Le village est comme une grande maison. Ici, c’est une seule famille (la famille Diallo) qui peuple le village, tout le monde est parent et les concessions sont juste séparées parfois par des murs de clôture.
Nous dépassons quelques concessions avant d’arriver à celle du chef de village, qui est également l’aîné de la famille Diallo, Thierno Mamadou Diallo. Une grande maison, avec une cour imposante et de nombreuses chambres tout autour. Dans cette maison, il y a d’un côté la famille du patriarche, ou émane l’odeur de la bouillie. Il est 10 heures, c’est le moment du petit déjeuner. De l’autre côté, des chambres devant lesquelles sont assis les malades. L’un d’eux nous aborde. Il veut qu’on le prenne en photo. Le malade, un ancien émigré, a fait le tour de l’Europe. Il parle plusieurs langues (français, anglais, italien, espagnol). Nous le mettons au défi avec notre espagnol approximatif. Il répond avec une telle aisance, et veut continuer la discussion. Avant de prendre congé de lui, nous accédons à sa demande et le prenons en photo. Très content et en rigolant, il nous lance un reconnaissant « Merci ». Nous traversons la cour et suivons une femme qui nous montre la demeure du vieux Diallo. Une case en paille, avec une porte en zinc. Nous retrouvons, à l’intérieur, le chef de la concession, assis sur son lit en bois, recouvert d’un drap blanc orné de dessins de fleurs roses. Des mallettes superposées meublent, de part et d’autre, la chambre. L’homme, de teint noir, âgé de 65 ans, vêtu d’un kaftan vert sombre, se lève pour nous accueillir. Il nous invite à nous asseoir sur une natte.
Une tradition de père en fils
Dans cette localité, composée essentiellement de peulhs, la principale activité économique demeure l’agriculture. Mais, si aujourd’hui, ce hameau est connu de tous, et est si populaire, c’est plutôt grâce à une autre activité : le traitement de déficients mentaux. Ce lieu est un véritable sanctuaire pour les malades mentaux venus de tous les coins du monde pour se soigner. En effet, ils y viennent, s’y soignent et y retrouvent une vie normale. « Ils sont entretenus, nourris et protégés. Nous mangeons la même chose et utilisons les mêmes objets », ajoute le guérisseur. Dans ce petit village, pratiquement tous exercent ce métier de guérisseur, qui est transmis de père en fils. Le chef de village de Saré Alpha et une trentaine de ses frères ont hérité de ce don de leur père qui lui-même l’a hérité de son père. Ils ont, à leur tour, transmis cette science à leurs enfants. Aujourd’hui, Mamadou Thierno Diallo est épaulé par une dizaine de ses enfants dans le traitement de plus de 300 malades mentaux qu’il a à sa charge. Ce lieu, qui n’a rien à envier aux centres de santé mentale, a accueilli des milliers de déficients au fil des ans. Ils viennent de partout du pays, de la sous-région et même de l’Occident. Selon le vieux Diallo, il n’y a pas un jour où il ne reçoit pas de malades. D’ailleurs, au moment où il échangeait avec nous, un patient du village de Maka Colibantang était en chemin. C’est sur le chemin du retour que nous avons aperçu une voiture blanche transportant le malade. Dans la cabine, à l’arrière, on voit un homme bien muselé, assis entre deux personnes.
Des patients arrivent dans ce village, malades et y repartent guéris. Ils sont plusieurs à passer par là, certains même nous viennent de l’hôpital Dalal Xél de Thiès, souligne le chef de village. Pour les soigner, les guérisseurs s’appuient sur le coran, de la poudre et des herbes. Ils leur font prendre des bains mystiques pour conjurer le mauvais sort. La durée des soins peut aller jusqu’à 5 ans. « Si la maladie est récente, elle peut être guérie en moins d’une année. Parfois, la guérison peut prendre beaucoup de temps », informe Mamadou Saliou, petit frère du chef de village.
Au début de leur traitement, les malades violents sont isolés dans des chambres ou des maisons conçues à cet effet, sous haute surveillance, parce qu’ils peuvent constituer un danger pour eux-mêmes et pour les autres. Une fois qu’ils vont mieux, ils intègrent la maison avec les membres de la famille. Ils accompagnent les enfants dans les champs, s’occupent des animaux. Ils font tout, à tel enseigne qu’on les confond souvent avec les membres de la famille. Au moment de l’entretien, un adolescent qui, visiblement, vient de quitter les champs, entre dans la maison et s’adresse à notre interlocuteur, en nous serrant la main. « Les gars disent qu’ils veulent boire du thé », dit-il.
Un appel à l’État
Cet ado qui, aujourd’hui, jouit apparemment de toutes ses facultés mentales, était très malade il y a encore deux ans. Il utilisait ses selles pour s’enduire le visage et le corps, se souvient le guérisseur. Il nous montre une fille qui, elle, vient de Koungheul. Cette dernière, avec une amulette rouge, en forme de collier, autour du cou, distribue le déjeuner. Interrogée, la jeune fille dit se sentir bien à Konté Peulh et ne veut plus rentrer. Chez Ousmane Diallo, un autre frère du chef de village, une jeune fille, venue de la République de Guinée, s’active dans la cuisine pour le repas de midi. Une fois ces malades complétement guéris, leurs parents viennent les chercher. D’autres, par contre, restent des années sans voir quelqu’un venir les récupérer.
Les guérisseurs n’ont pas manqué de lister les nombreuses difficultés qu’ils rencontrent dans cette mission, appelant ainsi l’État à les accompagner. Selon eux, la principale difficulté reste l’alimentation. Nourrir un si grand nombre de personnes exige beaucoup de moyens. « Un sac de riz ne fait pas plus de 2 jours », révèlent-ils. En effet, la prise en charge pose un problème. Ils estiment que ce que les parents donnent, quand ils amènent leurs malades, est très insuffisant. Cette somme ne peut même pas couvrir la prise en charge pour un mois. Ils ont relevé d’autres problèmes qui gangrènent ce petit village frontalier avec la Gambie : l’électricité et le bitumage de la route Kahéne-Kawsara 14-Médina Kanène Malick. La réalisation de ce tronçon facilitera la mobilité des nombreuses personnes qui empruntent cet axe. Et enfin, avec l’électrification, la zone sera mieux sécurisée.
Historique du village
Konté Peulh est créé en 1956 par un peulh, du nom de Djily Dia, qui avait quitté Konté Wolof. C’était une forêt sombre où vivaient beaucoup d’animaux. Durant la même année, son enfant a été attaqué par un lion et a succombé. C’est ainsi qu’il a été contraint de partir avec le reste de sa famille. En 1957, Diouma Diallo, le père de l’actuel chef de village, arrive à Konté Peulh avec ses deux épouses et son neveu, après avoir tout perdu dans l’incendie de sa maison à Koungheul. Il s’installe dans cette forêt, malgré les avertissements de ses parents. En ce moment-là, un seul puits était fonctionnel pour les habitants. Il n’y avait pratiquement rien à manger. Diallo père était un grand marabout, un érudit qui était connu de tous et surtout de grandes personnalités religieuses de ce pays. Il avait noué des relations d’amitié et de fraternité avec beaucoup de ces dernières. « Serigne Abdou Lakhat, Serigne Abdoul Aziz Sy « Dabakh », Baye Niass, Thierno Mountaga Tall, Thierno Mamadou Seydou Ba de Médina Gounass, Serigne Fallou Mbacké, Serigne Abdoul Khadre, tous étaient ses amis », confie son fils. « Eux tous, je les ai vus de mes propres yeux. J’y suis allé avec mon père », déclare le chef de village. Des autorités étatiques, également comme l’ancien Président Senghor, qui a eu à le décorer, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade (avant d’être Président), sont venus à Kahène et l’ont rencontré. « Macky Sall, avant qu’il ne soit Président, est venu à plusieurs reprises à Kahène avec son homonyme Macky Gassama qui était un ami intime de mon père », dit Thierno Mamadou Diallo. Selon lui, la vie de son père était très simple, il n’était pas emporté par les plaisirs mondains. Il ne demandait pas de service, et quand on lui donnait quelque chose, il offrait tout à ses voisins. « Toutes ces mallettes que vous voyez-là étaient pour lui, on lui donnait des habits mais, il préférait toujours ses haillons. De mon existence, je l’ai vu très rarement porter des habits neufs. Des chaussures, il n’en portait jamais », avance-t-il. En 1958, est né l’actuel chef de village, une année après leur installation à Konté Peulh. Il est le premier enfant né dans le village. Son père l’envoie apprendre le coran. Au décès de son père, il lui succède au titre de chef de village.
GUY MARIUS SAGNA, LE NOUVEAU VISAGE DES PATRIOTES
Ousmane Sonko, emprisonné depuis le mois de juillet 2023 et rayé des listes électorales, Pastef a besoin d’un leader qui reprenne le flambeau de la lutte
Ousmane Sonko, emprisonné depuis le mois de juillet 2023 et rayé des listes électorales, Pastef a besoin d’un leader qui reprenne le flambeau de la lutte. Et qui pourrait constituer une alternative, pour le scrutin présidentiel de février 2024, en cas d’empêchement du leader incarcéré. Dans ce sens, Guy Marius Sagna se détache.
L’information est tombée comme un coup de massue. La radiation d’Ousmane Sonko des listes électorales semble indiquer que le chef de l’ex-Pastef voit ses chances de participer au prochain scrutin présidentiel être réduites à néant. En attendant que le maire de Ziguinchor règle ses démêlés judiciaires, le landerneau politique est en ébullition et chaque camp travaille à asseoir son leadership. Si la question de la succession du maire de Ziguinchor est taboue dans les rangs patriotes, les différentes instances du parti aujourd’hui dissoutes se disent toujours en ordre de bataille à l’approche du démarrage (27 septembre) de la collecte des parrainages. L’ex-parti Pastef va-t-il se lancer dans la quête d’une alternative à Sonko ?
En tout cas, le ballon de sonde a été lancé par le vice-président Diallo Diop, chargé du panafricanisme et des questions mémorielles du Pastef. Selon le secrétaire général du RND, le Pastef, qui a été dissous le 31 juillet 2023, aura bien son candidat pour la Présidentielle de 2024. ‘’Pastef aura un candidat à la Présidentielle’’, avait-il déclaré.
Aujourd’hui, le parti a besoin de lieutenants qui mènent les troupes. Sur ce chantier, Guy Marius Sagna, député Pastef se détache. Sa tournée en Europe a été un succès populaire. Or, les autres responsables, Birame Soulèye Diop et Bassirou Diomaye Faye, semblent souffrir d’un déficit d’image (pour le premier) ou demeurent dans les geôles de régime de Macky Sall, pour le dernier nommé.
Le ‘’député du peuple’’ face aux défis du jeu des alliances politiques et des compromis
Sur le plateau de France 24, le député n’a pas dérogé à la ligne du parti, annonçant qu’Ousmane Sonko demeure l’unique candidat du parti et qu’un plan B n'est pas encore à l’étude auprès de ses sympathisants et militants.
Toutefois, selon plusieurs observateurs, l’activiste pourrait constituer une alternative crédible pour succéder à Ousmane Sonko comme potentiel candidat, à défaut d’incarner le leadership de la formation politique. Le nouveau député du peuple s’est illustré par son intransigeance et sa perspicacité dans les débats au sein de l’hémicycle.
Guy Marius Sagna, qui fait ses gammes au sein du mouvement Frapp/France dégage, s’est forgé une carapace de lutteur infatigable et est doté d’une importante capacité oratoire capable de galvaniser les foules. Ce travailleur social se veut un chevalier blanc et entend lutter contre toute forme d’injustice autour de différents combats qui lui tiennent à cœur : défense des droits civiques, des salariés, des étudiants, des villageois, de l’environnement…
Guy Marius Sagna, ex-militant du Rassemblement des travailleurs africains - Sénégal (RTA-S) a fait de la lutte pour les droits de ses concitoyens son cheval de bataille. Une candidature de l’ex-Pastef porté par Guy Marius Sagna aura aussi l’avantage de ne pas souffrir d’un déficit d’image et de bénéficier d’une certaine notoriété. Guy Marius Sagna, qui est l’une des figures de proue de l’antisystème et dans la lutte contre la corruption pourrait apparaître comme un candidat rassembleur au-delà de Pastef.
Cet assistant social, qui se définit comme panafricaniste, n’hésite pas à donner de sa personne pour lutter contre toute forme d’injustice sociale et pour la défense des opprimés.
Par contre, sa rigidité et ses positions radicales sur un certain nombre de questions peuvent s’avérer comme un obstacle. L’ex-Pastef est membre de YAW qui est aussi composée par un enchevêtrement de diverses forces politiques dont il faut ménager les intérêts et les susceptibilités. De ce fait, son caractère irréductible et inflexible pourrait s’avérer préjudiciable pour faire l’unanimité autour d’une candidature de Guy Marius Sagna.
Son passé d’activiste peut aussi nuire à sa candidature en suscitant l’hostilité du patronat et des milieux d’affaires étrangers qui n’ont pas oublié ses positions anti-françaises et contre le franc CFA.
Guy Marius Sagna clone parfait d’Ousmane Sonko dans l'engagement et le discours
Selon l’analyste politique Mamadou Sy Albert, Guy Marius serait le candidat idéal pour l’ex-Pastef, car il est devenu l’un des visages des patriotes et a une forte convergence de vues avec le mouvement d’Ousmane Sonko. ‘’Guy Marius Sagna entretient une relation étroite avec Sonko et a fait gagner le parti à Ziguinchor. Sur le plan idéologique, il incarne parfaitement le discours antisystème, anti-impérialiste d’Ousmane Sonko. Son mouvement Frapp/France dégage est largement connu des Sénégalais et son engagement qui ne souffre d’aucun doute est bien antérieur à celui de Pastef’’, affirme-t-il.
Mais d’après l’analyste, le parlementaire doit surmonter quelques obstacles, comme la méfiance des milieux d’affaires et de la France à son égard. ‘’Guy Marius Sagna, qui a déjà affiché son opposition à la présence économique française au Sénégal et au franc CFA, doit jouer les équilibristes. Il doit convaincre les électeurs que sa lutte et son engagement visent la politique française en Afrique et non à la France en tant que telle. Il dispose d’une image positive auprès des populations, ce qui constitue un atout non négligeable dans un scrutin présidentiel très ouvert’’, conclut-il.
L'ULTIME PIÈGE
Remodelé afin de le rendre plus ‘’atteignable’’ pour les candidats à la candidature, le parrainage n’en demeure pas moins décrié et dangereux pour beaucoup d’aspirants à la magistrature suprême
Cinq ans après, revoilà le parrainage présidentiel. Cette épreuve fatidique destinée à réguler le nombre souvent pléthorique de candidatures à l’élection présidentielle au Sénégal. Ce 27 septembre a marqué le début des opérations de collectes de parrains indispensables pour participer au scrutin du 25 février 2024. Comme en 2019, lorsqu’il avait permis de passer de 80 déclarations d’intention de candidature à 5 candidats retenus pour la présidentielle, le parrainage va faire son effet pour réduire le nombre de participants au scrutin de février prochain. De manière juste ou pas, là réside de nombreuses réserves sur ce filtre électoral.
Décrié en 2019, interdit même par la Cour de justice de la Cedeao (communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), suite à un procès contre l’Etat du Sénégal, le parrainage s’est tout de même maintenu dans l’attelage électoral sénégalais. Fort d’un dialogue national en juillet dernier, il a tout de même été modifié, rendu moins contraignant. Alors qu’il exigeait entre 0,8 et 1% du nombre d’électeurs inscrits sur le fichier électoral, désormais, il faudra une liste constituée d’un minimum de 0,6 % et d’un maximum de 0,8% des électeurs du fichier électoral général. Ces chiffres sont représentatifs du minimum de 44 231 électeurs et 58 975 électeurs pour le maximum. Sans oublier qu’une partie de ces électeurs-parrains doit obligatoirement provenir de sept régions au moins à raison de deux mille au moins par région.
Des modifications qui ne convainquent pas
Autre modification apportée à ce filtre électoral, le parrainage par des parlementaires ou par des chefs d'exécutif territoriaux. Ceux qui ont choisi cette voie devront rassembler l’avis favorable d’au moins 13 députés, ou le parrainage d’une liste de 20 % des présidents de conseil départemental et des maires sur l'ensemble du territoire national, soit 120 élus.
Hier, le directeur général des Élections a organisé une séance de remise et d’information sur le modèle de la fiche de collecte des parrainages en format papier et électronique. Une séance organisée à l'intention des candidats à la candidature ou leurs mandataires, avec la précision que ces derniers ‘’doivent se munir de la lettre de désignation dûment signée par le candidat à la candidature”.
A l'issue des deux mois que va durer le délai imparti à ces opérations, un premier enseignement sera tiré de la période de dépôt des parrainages : qui sera réellement candidat ? En effet, une grosse incertitude persiste concernant une figure incontournable de l’élection présidentielle de février 2024 : la participation ou non du leader de l’opposition, Ousmane Sonko, de même que l’option d’un plan B pour son entourage politique dont le parti, Pastef, a subi une dissolution administrative.
Les fiches de parrainage refusés au mandataire d’Ousmane Sonko
Condamné pour ‘’corruption de la jeunesse’’ dans le cadre d’un procès où il était accusé de viols, emprisonné et radié des listes électorales, le maire de Ziguinchor reste malgré tout éligible, selon ses partisans, qui estiment qu’aucune des trois procédures judicaires qui le vise (procès pour viol ; accusation de diffamation contre Mame Mbaye Niang ; et divers accusations d’appel à l’insurrection et de lien à une entreprise terroriste) n’est définitive devant la justice.
C’est en ce sens que le mandataire national et coordonnateur national du parrainage du candidat de la coalition Sonko Président 202 s’est rendu hier à la Direction Générale des Elections pour la séance de remise et d'information des fiches de collecte des parrainages. Toutefois, Ayib Daffé n’a pas été autorisé à retirer les fiches. En effet, dénonce le député, ‘’ils nous ont opposé un refus infondé, un refus illégal et arbitraire de nous remettre des fiches. Un refus qui serait basé sur des instructions reçues de l'autorité de ne pas remettre des fiches au candidat Ousmane Sonko’’.
Pourtant, le mandataire assure qu’un dossier complet avec notamment la notification du mandataire, du coordonnateur national du parrainage et les 14 délégués régionaux et les suppléants. Ainsi, estime Ayib Daffé, le refus n’est ‘’basé sur rien du tout, parce qu’il ne m'a cité aucun article, aucun code, aucune disposition, aucun acte administratif. Donc à notre grand étonnement, c'est un véritable apartheid électoral, un véritable détournement du processus électoral de l'arbitraire et de la forfaiture’’. Le mandataire national du parrainage du candidat de la coalition Sonko Président 2024 annonce un recours.
Ayib Daffé, député Pastef : ‘’un véritable détournement du processus électoral de l'arbitraire et de la forfaiture’’
Si les militants de l’ex Pastef pensent à un plan B pour sécuriser leur participation au scrutin en cas de blocage de la candidature d’Ousmane Sonko, ce dernier devra déposer un dossier de parrainage et se révéler aux yeux de tous. Car, comme précisé par l’arrêté 25 septembre 2023 032005 fixant le nombre d’électeurs et d’élus requis pour le parrainage d’un candidat ainsi que les formats et contenus des fiches de collecte des parrainages en vue de l’élection présidentielle du 24 février 2024, les mandataires venus déposer ‘’doivent se munir de la lettre de désignation dûment signée par le candidat à la candidature”.
A l’exception des candidats de l’ex Pastef, de Taxawu Seneegal, du Parti démocratique sénégalais (PDS) et de la majorité, qui sont assurés, au besoin, de décrocher un parrainage d’élus, les nombreuses autres candidatures sont soumises au stress du parrainage citoyen. Jusqu’ici, plus de 70 candidats à la candidature ont été annoncés. D’abord, une floraison d’anciens premiers ministres : Idrissa Seck, Mahamadou Boun Abdallah Dionne, Souleymane Ndéné Ndiaye, Aminata Touré ‘‘Mimi’’. Viennent ensuite Khalifa Sall, ancien maire de Dakar, Déthié Fall du Parti républicain pour le progrès (PRP), Pape Djibril Fall, député les Serviteurs, Babacar Diop, maire de Thiès, Aïda Mbodji, Malick Gakou du Grand Parti, Mary Teuw Niane, ancien ministre de l’enseignement supérieur, Thierno Alassane Sall, ancien ministre de l’Energie, Mame Boye Diao, ex directeur de la Caisse de dépôts et Consignations, Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, etc…
Plusieurs candidats dans l’incertitude
Lorsque ce même phénomène de multiples déclarations de candidature s’était présenté en 2019, seuls 27 dossiers avaient été effectivement déposés au Conseil Constitutionnel, dont 5 retenus : Madické Niang, Issa Sall, Macky Sall, Idrissa Seck et Ousmane Sonko. D’où la crainte d’une élimination arbitraire de certaines candidatures.
Si le parrainage des élus ne devrait pas poser trop de problèmes, le parrainage citoyen consiste au fait qu’un électeur ne peut parrainer qu'un candidat. En cas de présentation d’un même parrainage par deux candidats, seul le premier arrivé est pris en compte. De ce fait, la position dans l’ordre de dépôt devient un enjeu déterminant.
Selon l’arrêté du ministère de l’Intérieur, ‘’le surplus de parrains par rapport au maximum fixé, pour chaque type de parrainage, est considéré comme nul et non avenu et n'est pas tenu en compte lors du contrôle.’’ Mais entre les textes et la réalité, les stratégies politiques peuvent s’avérer particulièrement malsaines. D’autant plus que l’opposition politique ne dispose pas du fichier électoral sur lequel l’on peut se référer pour vérifier ce qui a été fait.
Le F24 annonce la saisine de la Cour de Justice de la Cedeao
Aussi, bien qu’ils peuvent se faire parrainer par des élus, certains partis politiques et coalitions se lancent dans la collecte de parrainages pour sécuriser leur dossier et par la même occasion créer d’autres doublons. Pour éviter que ‘’le parrainage ne demeure pas une nébuleuse faisant planer une incertitude totale sur la participation de nombreux candidats’’, les membres de la Plateforme F24 et l'Union sociale et Libérale (USL) ont adressé à la Commission de la CEDEAO et à sa Présidence des correspondances de dénonciation et de demande de sanctions contre les dirigeants de la République du Sénégal pour manquements aux obligations communautaires.
En refusant de retirer cette loi, dont la cour de justice de la Cedeao a ordonné la suppression, les organisations politiques et de la société civile estiment que le Sénégal est en ‘’violation grave des droits humains et maintien d’une législation antidémocratique.’’
En attendant l’issue de cette nouvelle affaire, ces organisations comptent œuvrer pour que le parrainage cesse ‘’d’être une arme létale entre les mains du gouvernement qui s’octroie le pouvoir ultime de sélectionner selon son bon vouloir les admissibles à la conquête du pouvoir.’’ Pour cela, ils comptent se mobiliser pour réclamer la mise à disposition du fichier électoral à tous les candidats dans un délai permettant un contrôle fiable des parrainages, et la mise en place d’un dispositif consensuel permettant une maîtrise et un contrôle du logiciel de contrôle des parrainages par l’ensemble des informaticiens délégués par les candidats.
Omar Blondin Diop, plutôt la mort que l'esclavage
UNE ÉTOILE FILANTE DE L'ÈRE SENGHOR
C'était un fervent opposant à la politique menée par le président Léopold Sédar Senghor, ami du président français Georges Pompidou, dans un contexte post-indépendance. 50 ans ont passé et pourtant la figure d’Omar Blondin Diop ressurgit (1/5)
Le 11 mai 1973, Omar Blondin Diop, 26 ans, est retrouvé mort dans sa cellule de la prison de l’île de Gorée. Cet intellectuel et militant sénégalais était un fervent opposant à la politique menée par le président Léopold Sédar Senghor, ami du président français Georges Pompidou, dans un contexte post-indépendance. 50 ans ont passé et pourtant la figure d’Omar Blondin Diop ressurgit.
L’avenir d’aucun peuple africain ne sera reluisant avec des putschs à répétition, perpétrés par des soldats qui font mal le travail pour lequel ils sont payés : défendre la patrie, protéger le peuple et braver l’ennemi, estime Jean-Baptiste Placca
RFI |
Dianke Wally de SenePlus |
Publication 01/10/2023
Le continent africain est souvent le théâtre de coups d'État et de prises de pouvoir militaires, suscitant ainsi l'inquiétude et le désespoir des populations. Dans sa chronique hebdomadaire, le journaliste-éditorialiste de RFI Jean-Baptiste Placca souligne le paradoxe selon lequel les peuples africains, désespérés, en viennent à acclamer des putschistes qu'ils n'ont pas choisis et dont ils ignoraient parfois l'existence. Il met en lumière l'appétit grandissant pour le pouvoir au sein de certaines armées africaines, une situation qui semble condamner le continent à subir ces événements préjudiciables.
Dans cette chronique, Placca revient sur l'interview accordée par le capitaine Ibrahim Traoré, à l'occasion du premier anniversaire de sa prise de pouvoir à Ouagadougou. Il mentionne également la révélation récente d'une tentative de coup d'État, qui aurait pu compromettre cet événement commémoratif. L'auteur souligne toutefois la fragilité des accusations portées contre les putschistes, qui semblent manquer de preuves convaincantes, et invite les citoyens à témoigner pour renforcer un dossier encore peu solide.
Placca soulève également la question du vocabulaire employé par le capitaine Traoré pour qualifier ses camarades putschistes. En évoquant les "valets locaux de l'impérialisme", le dirigeant burkinabè utilise un vocabulaire marxiste qui rappelle les discours des Comités de défense de la révolution d'autrefois. L'auteur remet en question la pertinence de cette dialectique, qui a été utilisée pour détourner l'attention des véritables enjeux auxquels sont confrontés les peuples africains. Il rappelle que cette idéologie a été un échec politique, économique et en termes de droits de l'homme.
Concernant la notion d'impérialisme, Placca souligne que toutes les puissances ont leurs velléités impérialistes, que ce soit les Russes, les Américains ou même la France. Il estime que l'Afrique doit construire sa propre résilience face à l'appétit des impérialistes, en développant une mentalité et une détermination propres, plutôt que de compter sur ce type de discours qui a déjà montré ses limites.
L'auteur admet cependant que le dirigeant burkinabè a le droit de dénoncer une tentative de coup d'État visant à le renverser. Néanmoins, il rappelle que ce même capitaine Traoré est arrivé au pouvoir par un coup d'État et a été acclamé par le peuple, bien qu'il ne soit pas légitimement soutenu par ce dernier. Placca souligne ainsi le paradoxe selon lequel les peuples, désabusés et en quête d'un sauveur, sont prêts à subir des militaires au pouvoir, sans savoir réellement ce qu'ils apporteront de bon ou de mauvais.
Dans le dernier paragraphe de sa chronique, Placca met en évidence le lien entre la stabilité d'un pays africain et la qualité de son armée. Il souligne que les nations qui progressent réellement en Afrique sont celles qui disposent des meilleures armées, composées de militaires qui ne répriment pas violemment les populations, ne se livrent pas à des guerres de pouvoir dans la capitale et qui sont capables de défendre la patrie et le peuple face à l'ennemi. Selon lui, l'avenir de l'Afrique ne pourra être radieux s'il est ponctué de coups d'État répétés, perpétrés par des soldats qui ne remplissent pas leur mission première.