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19 juin 2025
DEUX SEMAINES DE RÉGIME CELLULAIRE POUR SONKO
Toutes les voies menant à son domicile sont l’objet d’un gigantesque blocus des forces de police lourdement équipées et intransigeantes dans l’application des consignes de « la hiérarchie » - Une part de notre démocratie est morte
Ousmane Sonko, principal leader de l’opposition sénégalaise, vit séquestré chez lui en compagnie de sa famille, depuis son arrestation à Koungheul (environ 340 km de la capitale) le 28 mai 2023 et son transfert à Dakar à bord d’un véhicule de la gendarmerie nationale. Toutes les voies menant à son domicile de la Cité Keur Gorgui sont l’objet d’un gigantesque blocus des forces de police lourdement équipées et intransigeantes dans l’application des consignes de « la hiérarchie ». Il est devenu inaccessible à ses parents, proches et aux responsables de son parti. Dans l’incapacité de présenter une base légale justifiant cette réclusion à domicile, le pouvoir s’est réfugié dans un concept fourre-tout résumé à ‘’maintien et sauvegarde de l’ordre public’’.
Aux prises avec plusieurs affaires judiciaires, Ousmane Sonko est dans l’impossibilité totale de parler avec ses avocats, ses principaux défenseurs devant les tribunaux. Venus lui rendre visite il y a quelques jours, ils ont été brutalement gazés par les policiers et refoulés. Le même traitement a été infligé sans discernement aux députés et responsables de Yewwi askan wi, aux membres de la plateforme des forces vives de la nation dénommée F24, ainsi qu’à tous ceux qui ont tenté de s’approcher des alentours de son domicile, espace privé par excellence.
Cette violence d’Etat inédite dans l’histoire politique du Sénégal – enfant naturel d’un glissement autoritaire vicieux entamé en 2012 - s’exerce impunément et sans retenue sur un candidat déclaré à l’élection présidentielle de février 2024, encore éloigné de toute condamnation définitive devant les tribunaux sénégalais, jouissant pleinement des droits et libertés constitutionnels que garantit la Charte fondamentale de notre pays à tout citoyen…
En réalité, cette violence délinquante qui plastronne au dessus des normes démocratiques légales et reconnues n’est possible que parce que les pouvoirs du président de la République sont de fait illimités et universels. Ils ne font face à aucun contre-pouvoir institutionnel, qu’il soit judiciaire ou administratif. Ce qui en fait un autocratisme dominant de fait.
Les mesures draconiennes qui frappent Ousmane Sonko depuis une quinzaine de jours, sous le silence complice des politiciens de la mouvance présidentielle au pouvoir, semblent être un point d’aboutissement d’une stratégie de répression mûrement réfléchie et mise en œuvre dans le but de rétrécir les espaces de liberté par la promotion du droit de la force. Une part de notre démocratie en est morte, en attendant peut-être que le reste soit bientôt enseveli dans les verbiages d’un « homme fort » devenu esclave d’une volonté de puissance incommensurable.
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QUATRE TRÈS JEUNES ENFANTS SURVIVENT PLUS D'UN MOIS DANS LA JUNGLE
POINT DE MIRE SENEPLUS - Quatre frères et sœurs colombiens, âgés de 1 à 13 ans, ont survécu pendant 40 jours dans la jungle après un crash d'avion - L'aînée, Lesly Mucutuy, 13 ans, a été félicitée pour avoir assuré la survie du groupe grâce à son courage
Quatre jeunes frères et sœurs colombiens, âgés de 1 à 13 ans, ont survécu pendant 40 jours dans la jungle après un crash d'avion. Malgré leur périple, les enfants étaient impatients de jouer et demandaient des livres à lire seulement un jour après leur sauvetage, selon des responsables.
L'avion transportant les enfants, membres de la communauté indigène Huitoto, s'est écrasé le 1er mai alors qu'ils voyageaient avec leur mère et un chef indigène de la petite communauté d'Araracuara, en Amazonie colombienne, vers San José del Guaviare. Les corps des trois adultes ont été retrouvés sur le site de l'accident, mais les enfants étaient introuvables.
Après des semaines de recherches, les enfants ont finalement été retrouvés le 9 juin. Le pays a célébré leur survie et leur découverte avec une grande joie. Malgré leur apparence décharnée à leur découverte, le médecin militaire, Carlos Rincón, a indiqué qu'ils n'avaient que de légères coupures et égratignures et qu'ils pourraient sortir de l'hôpital dans deux à trois semaines.
L'aînée, Lesly Mucutuy, 13 ans, a été félicitée pour avoir assuré la survie du groupe grâce à son courage et à sa connaissance de la jungle. Sa sœur de 9 ans, Soleiny, est décrite comme très bavarde, tandis que Tien, 5 ans, demande des livres à lire. L'enfant d'un an s'est montré étonnamment serein avec les infirmières. Les quatre enfants sont actuellement en convalescence dans un hôpital militaire de Bogotá et ont reçu la visite du président Gustavo Petro et d'autres responsables.
Par l’éditorialiste de SenePlus, Paap Seen
QUI MÈNERA LA RÉVOLUTION ?
EXCLUSIF SENEPLUS - La colère de la jeunesse est-elle uniquement provoquée par la condamnation d'Ousmane Sonko ? La récurrence des crises politiques mettant en opposition la jeunesse et les partis au pouvoir depuis 1961 nous invite à explorer les causes
Le Sénégal traverse, actuellement, une crise politique qui a entraîné la mort de nombreuses personnes. 23 selon Amnesty International. Cette tragédie s'ajoute à celle de mars 2021. À ce moment-là, animés par notre inquiétude concernant la trajectoire de notre pays, nous avons lancé un appel à la République. Nous avions affirmé que ces événements ne pouvaient pas et ne devaient pas être oubliés. Hélas, des vies humaines ont été perdues à nouveau.
Nous nous habituons à la vue du sang versé, ce qui représente une dangereuse dérive pour notre pays. La justice doit enquêter sur ces décès et sanctionner tous ceux qui ont froidement ôté la vie à des citoyens Sénégalais. Des enfants et des jeunes ont été utilisés comme boucliers. Un activiste a été torturé de manière barbare. D'autres exactions ont été commises. Ce n'est pas de la justice et cela n'a pas sa place dans un État de droit. Les responsables du gouvernement, notamment le ministre de l'Intérieur, qui depuis mars 2021 disculpe les forces de l'ordre de toute faute, doivent revenir à la raison. Personne n'est dupe : les rapports d'autopsie à Ouakam ou Ziguinchor contredisent certaines déclarations officielles. Lorsque, en plus, des nervis ternissent ouvertement l'image de notre police et de notre gendarmerie, il ne nous reste plus qu'à déplorer l'état de notre pays. Les familles des victimes doivent voir un jour la justice du Sénégal se tenir à leurs côtés.
Piètre démocratie
Après le "wax waxeet" d'Abdoulaye Wade, nous sommes témoins du silence, tout aussi dévastateur, de Macky Sall. Au-delà du respect de la démocratie et de ses valeurs, la parole donnée, sacrée dans notre culture ceddo, est bafouée par ceux qui devraient la protéger en priorité. Cela illustre un fait tragique : nos élites détruisent constamment nos valeurs négro-animistes les plus positives et universelles. Les sens de l'honneur et de la dignité, fondamentaux dans notre culture, sont piétinés. Malgré les nombreux reproches que l'on peut adresser aux gouvernements de Léopold Sédar Senghor et d'Abdou Diouf, les deux derniers régimes, ceux d'Abdoulaye Wade et de Macky Sall, ont systématiquement attaqué l'identité distincte de notre nation. Leurs bilans, tant immatériels que spirituels, sont catastrophiques. Une perversion sévit dans notre pays, dégradant notre âme ontologique et toutes nos structures sociales d'organisation, de confiance et d'éducation. Macky Sall a plus été dans la tactique, dans la politique des gains de voix, de la massification, de l'élection qui arrive, oubliant presque les défis civilisationnels.
En outre, il est fréquent d'entendre dire, par les temps qui courent, que le seul responsable de ce que nous vivons est le président Macky Sall et son ambition présumée de briguer un troisième mandat consécutif. Si nous voulons rester fidèles au débat politique central et immédiat : oui, le silence assourdissant de Macky Sall nuit grandement au Sénégal. Avec ses turpitudes, il nous a plongés dans cette situation insoutenable. Comment un chef d'État peut-il mener une campagne référendaire en jurant qu'il n'y aura pas de troisième candidature de sa part, écrire dans un livre qu'il ne briguera pas de troisième mandat, et laisser une armée de courtisans dire le contraire ou punir ceux dans son camp qui sont contre un troisième mandat ? La responsabilité personnelle de Macky Sall dans l'aggravation de la situation politique nationale est indéniable. Pour apaiser le pays et le maintenir dans la plus grande sérénité, il aurait suffi, depuis longtemps, de répéter ce qu'il avait déjà dit, à savoir qu'il en est à son deuxième et dernier mandat et qu'il n'en briguera pas un troisième, ce qui serait contraire à l'esprit de la Constitution de 2001 ainsi qu'à la révision constitutionnelle de 2016.
De plus, en nommant un magistrat à la tête d'un ministère ayant le pouvoir de priver des citoyens de leurs libertés, il a ouvert la voie à une judiciarisation excessive de l'espace politique. Cela se traduit par de multiples intimidations judiciaires dont sont victimes journalistes, activistes et citoyens. C'est une dérive autoritaire, dangereuse et sans précédent. Pour les dirigeants, la démocratie est un régime de gestion des conflits politiques qui exige une grande moralité. Elle impose à ceux qui détiennent le pouvoir d'accepter la contradiction et les excès qui y sont inhérents. Couper l'accès aux réseaux sociaux, puis à Internet mobile, pour des citoyens sénégalais dont il ne reste que ces espaces d'expression, est un acte profondément antidémocratique et liberticide. Même au plus fort de la crise des "Gilets Jaunes" en France, le gouvernement français, bien qu'il ait mis en place un maintien de l'ordre violent sur le terrain, n'a jamais osé franchir cette ligne rouge. Le pouvoir, au Sénégal, a franchi ce pas. En plus de priver les citoyens d'un espace de liberté, cette décision nuit aux petits commerces, ralentit les transferts d'argent et entrave le droit à l'information.
La liste des pays ayant coupé les réseaux sociaux et Internet est peu glorieuse. Et il est triste de voir le Sénégal rejoindre une telle liste. Les démocraties sont des démocraties dans la mesure où elles s'interdisent des régimes ou des mesures d'exception. Les appels au meurtre et à la haine - et il y en a eu - ne suffisent pas à justifier que l'on prive tout un pays de ses moyens de paiement, de ses espaces d'information et d'expression des multiples opinions qui le traversent. Concernant les hors-la-loi, que l'État fasse l'effort de les identifier, de les retracer et de les sanctionner selon les dispositions inscrites dans nos lois. Dans une démocratie, les opérations de privation de liberté doivent ressembler à de la chirurgie de haute précision et non à des opérations d'amputation aveugle. Nos libertés, dont celle d'opinion, sont sacrées. Le gouvernement non seulement les bride mais maintient une terreur de plus en plus alarmante.
Le régime sénégalais actuel est violent. Mais pouvait-il en être autrement ? Celui qui l'incarne n'a-t-il pas voté sans carte d'électeur ? Par déni de la réalité ; par dégagisme ; par sympathie pour un homme qu'un pouvoir jadis englué dans la corruption et la rapine a mis au ban ; par naïveté sincère, des hommes et des femmes d'une grande intégrité ont fait de l'actuel chef de l'État leur champion en 2012. C'était contestable pour beaucoup d'autres, qui pensaient qu'un dirigeant d'un pays comme le Sénégal, dont les structures sociales et culturelles sont encore fragiles, doit avoir une grandeur morale particulière. Sa plus grande aptitude doit être l'intégrité éthique et la loyauté en toutes circonstances à la République et à ses lois. Ensuite, il doit avoir des compétences avérées. Les passions aveuglantes ne durent pas. La contradiction principale ne doit pas entraver notre lucidité, lorsque notre boussole est l'amour d'un pays qui nous survivra.
Le sens démocratique et l'élévation républicaine dans la vie politique nationale, notamment en période de crise, sont exigés des dirigeants politiques au pouvoir. Cela doit être également le cas des opposants politiques. Pour une raison très simple : en démocratie, les opposants sont amenés à diriger un jour. La violence des milices du PDS lorsqu'il était dans l'opposition a perduré une fois que le PDS a accédé au pouvoir. L'attaque au marteau sur Talla Sylla, l'attaque contre Barthélemy Dias qui a entraîné un mort, et l'association avec des milices confrériques, en sont des exemples. Excuser, dans le tourbillon de l'émotion, tout acte du PDS sous prétexte qu'il subissait la violence d'Etat du PS a ouvert la voie à un exercice du pouvoir violent par le PDS.
La violence verbale de certains sympathisants d'Ousmane Sonko envers toute opinion contraire est à la mesure de la virulence dévastatrice de ce dernier. Il a terni l'honorabilité de citoyens irréprochables et, par son discours, a pavé la voie à des incendies criminels de véhicules et de domiciles de militants politiques au pouvoir. Sa stratégie politique repose également sur la tyrannie de la suggestion, incitant chaque citoyen à prendre position, et poussant nombre de ses partisans à acculer et à dénigrer par la violence symbolique ceux qui sont en désaccord avec lui ou ne prennent part pour sa cause exclusive. Beaucoup craignent de dire ce qu'ils pensent pour ne pas être victimes de harcèlement virtuel ou physique, ou pour ne pas se mettre à dos l'opinion publique. La rhétorique d'Ousmane Sonko est-elle légitime ou humaniste ? La rigueur intellectuelle consiste à reconnaître que la violence verbale, et désormais physique, de beaucoup de jeunes a été instiguée par un leader charismatique, aveuglé lui aussi par la "victoire totale" qu'il se prédit en raison de sa popularité.
La dialectique révolutionnaire est un devoir exigeant. Elle ne consiste pas à ignorer les contradictions secondaires pour ne mettre en relief que la principale, sans aucune critique. Ousmane Sonko a une tendance sexiste, comme en témoignent ses propos envers son accusatrice. Il refuse l'intellectualisation de la différence et est peu ouvert à la dissidence au sein de son parti, de sa coalition et avec ses potentiels alliés de l'opposition. Sa capacité à être intolérant et sa propension à "décapiter" ses adversaires sont avérées. Est-ce que ce constat factuel peut lui valoir une exclusion de la course à la présidentielle ? La réponse est bien entendu négative.
Dans l'affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr, le juge a estimé qu'il n'y avait pas suffisamment de preuves pour retenir les chefs d'accusation de viols et de menaces de mort contre Ousmane Sonko. Cependant, la requalification des faits ayant conduit à sa condamnation pour "corruption de la jeunesse", dans un contexte où des responsables politiques proches du parti au pouvoir sont relaxés, voire promus après avoir été épinglés pour leur gestion délictueuse et pénalement répréhensible de deniers publics, ou dans d'autres accusations, suscite justement la suspicion et la colère chez la grande majorité de la jeunesse. Aussi, il appartient aux Sénégalais de choisir leur président, même s'il s'agit de quelqu'un qui dit avoir le souverainisme comme boussole, mais reprend une rhétorique négrophobe (“fen ba ñuul kukk”) et misogyne et négrophobe (“dàngin”). Les Américains ont bien élu Donald Trump, promoteur des faits alternatifs et personnage grossier à souhait.
Après avoir dit cela, pouvons-nous échapper à l'interpellation de notre conscience ? Adji Sarr, à qui on demande de se taire, doit-elle être déshumanisée ? Pourquoi ne devrait-elle pas avoir son mot à dire ? Elle fait partie de la classe des orphelins, des déclassés et des laissés-pour-compte. Elle aussi est une victime dans cette affaire en raison de son origine sociale, de son statut de femme... Pourquoi vouloir la réduire au silence et à la réclusion ? Et le pire, c'est qu'elle risque de se retrouver à l'avenir dans un abandon total. C'est le sort des pauvres. Ceux qui soulignent ses incohérences n'ont jamais voulu entendre les incohérences de celui qu'elle accuse. Surtout, ils ne veulent discuter qu'à partir de leur fragment de vérité. C'est commode de tout ramener à l'hypocrisie ou à la détestation d'un homme politique. En tant que Sénégalais, je suis confus et je traverse une véritable crise existentielle ces deux dernières années vis-à-vis de mon pays et de ses élites. J'ai arrêté de croire naïvement au modèle sénégalais de paix, de dialogue, de tolérance. Notre pays est une piètre démocratie avec très peu de démocrates. C'est aussi une fausse République, où les républicains rasent les murs. J'espère, après cette histoire qui a plongé le Sénégal dans la tragédie et qui, souhaitons-le, ne fera plus de victimes, que la tâche urgente de notre nation sera de réparer sa Justice, sans laquelle rien n'est possible.
Les événements des 1er et 2 juin derniers ont été violents. Ils témoignent aussi d'une colère volcanique qui aurait pu avoir des conséquences extrêmement graves sur la stabilité de notre tissu social. Le Sénégal reste une nation en construction, malgré les apparences. Certaines secousses peuvent le conduire au bord du précipice. Nous avons tort de penser que nous survivrons éternellement à la violence. La tolérance n'existe plus que de façade dans notre pays. Il y a une passion fanatique et aveugle qui s'est réveillée, qui n'a rien à voir avec la politique qui chante le progrès. Si elle n'est pas limitée dans l'espace du débat, dans le respect des différences d'opinion, elle sera difficile à contenir à l'avenir. Ce seront d'abord les plus vulnérables qui en subiront les conséquences. Mais soyons-en sûrs, la nation entière, dans toutes ses composantes, sera touchée. De toute façon, une fracture est née de ces événements que nous vivons depuis 2021. Une haine contre l'autre et contre l'adversaire a été imprimée dans les esprits. La conflictualité nourrie par les émotions destructrices a pris le pas sur la délibération citoyenne. Des digues jusque-là infranchissables ont cédé. Tout cela, les monstres de l'Apocalypse, qui nous regardent, le savent. Ceux qui comprennent cela et n'assument pas leurs responsabilités, en appelant à la lucidité et à la retenue républicaine, se trompent.
Pour conclure, il convient de répondre à la question suivante : la colère de la jeunesse est-elle uniquement liée à la condamnation d'Ousmane Sonko ? C'est certainement le déclencheur. Mais, la récurrence des crises politiques mettant en opposition la jeunesse sénégalaise et les partis au pouvoir depuis 1961 nous invite à explorer des causes plus profondes. Le pays, en l'état actuel, - sans justice sociale, sans espoir pour des millions de jeunes, sans égalité des chances, avec une éducation nationale disloquée et des structures traditionnelles de socialisation presque obsolètes - est invivable et court à sa ruine. Il faut en terminer avec la politique de l'autruche et faire notre aggiornamento. Nous devons construire une société où, à la place des rancœurs, des ressentiments, des faux-fuyants, de la misère surgissent des idées nouvelles ainsi qu'une voie véritable de prospérité partagée. C'est ainsi que la démocratie sera renforcée, et que la politique politicienne laissera place à la compétition qui promeut uniquement la construction nationale. C'est aussi par ce moyen que les intérêts claniques et les manipulations politiques s'estomperont grandement. C'est un chemin qui reste à tracer, au nom de toutes ces personnes qui sont mortes pour un Sénégal meilleur.
Le Sénégal est un pays socialement inégalitaire, traversé par des frustrations, des colères feintes et des névroses profondes dont personne ne veut lever le tabou. La déprime est partout. Les jeunes de l'informel et les précaires - tireurs de pousse-pousse, ferrailleurs, marchands ambulants, laveurs de voitures, conducteurs de charrettes, étudiants, débrouillards, chômeurs, etc. - qui sont descendus majoritairement dans la rue les 1er et 2 juin, veulent la révolution. Ils tiennent les barricades pour l'instant. Ils veulent en finir avec une vie de dèche, de désespoir, de promiscuité et au fond d'étouffement moral. Les nombreuses violences qu'ils subissent au quotidien ne peuvent être réparées ni par une société de rente, d'intermédiation et de prédation. Ni par une petite-bourgeoisie qui crie à la justice sociale mais refuse de se sacrifier, de se suicider. Ni par une bourgeoisie qui appelle au changement et à la liberté, mais n'a pas le courage de rompre avec les mœurs sociales grégaires qui empêchent l'expression de l'autonomie individuelle et collective. Ni par l'incurie de ses dirigeants. Ni par l'irresponsabilité ou l'opportunisme cynique de ceux qui aspirent à le diriger.
LE GROUPE WALFADJIRI TROUVE UN ALLIÉ DE POIDS, MACKY SALL DANS L'EMBARRAS
Même symbolique, la contribution de Serigne Mountakha Mbacké met dans l’embarras le chef de l’Etat car cet appui financier se met en opposition à la politique d’asphyxie financière menée par le pouvoir contre le média fondé par Sidy Lamine Niass
5 millions de francs CFA, c’est la somme que le khalife général des mourides vient d’offrir au Groupe Walfadjri, victime d’une traque des autorités depuis plusieurs mois et dont la dernière manifestation s’est traduite par l’annonce de la suspension de Walf TV pour une durée de 30 jours à partir du 1er juin 2023. Une forte délégation du groupe conduite par son directeur général Cheikh Niass a été reçue ce 10 juin à Touba par Serigne Mountakha Mbacké.
Derrière ce geste financier, il semble que le chef de la confrérie mouride ait voulu transmettre un message subliminal aux autorités sénégalaises, en premier lieu au président de la république. Ce message serait une totale désapprobation de la mesure inédite infligée à l’un des plus prestigieux groupes de presse sénégalais. Même symbolique, la contribution de Serigne Mountakha Mbacké met dans l’embarras le chef de l’Etat car cet appui financier vient se mettre en opposition à la politique d’asphyxie financière à laquelle le pouvoir souhaiterait conduire le média fondé par Sidy Lamine Niass dans les années 80.
Des membres de la délégation de Walfadjri dont le directeur de Walf FM Moustapha Diop ont expliqué au khalife général des mourides l’enjeu de leur visite, leurs attentes face au risque de disparition de la chaîne, mais aussi les difficultés qui vont impacter le personnel du groupe. Vendredi, dès l’annonce de la suspension de la télé, le DG Cheikh Niass a indiqué avoir lancé le plan de mise au chômage technique d’employés et fait entrevoir des licenciements collectifs pour « sauver l’entreprise ».
Après avoir suspendu la diffusion de la télé Walf TV, l’Etat a ordonné à l’opérateur WAVE de mettre un terme à l’initiative citoyenne visant à recevoir sur sa plateforme de transfert d’argent les contributions des populations à travers sa Fondation. Les opérations ont été suspendues ce samedi 10 juin 2023.
par Dior Khalil
J'AI FAIT UN MAUVAIS RÊVE
Qu’a donc ce mois de juin avec le Sénégal ? A moins que je n’aie fait un saut dans le temps ? Serions-nous en juin 1940 ?
Dans ce rêve, de la fumée noire s’élève de l’université de Cheikh Anta.
Elle s’élève aussi de plusieurs commerces, de magasins, de banques, de stations-
service...
D’ailleurs il y a des queues devant les banques dès qu’elles ouvrent parce qu’elles ont
dû rester fermées certains jours pour raisons de sécurité.
Pas que les banques d’ailleurs. A la une de plusieurs journaux TV dans le monde, il y a des images de rues de Dakar vides alors que ce n’est pas férié.
Des unes, non pas sur le but libérateur de Sadio Mané à la CAN, mais parce que Dakar fait peur. Il y a des personnes utilisées comme boucliers vivants, d’autres qui ressemblent à des nervis ou des snipers qui circulent dans la ville.
Il y a des morts, forces de l’ordre et manifestants, tous fils du pays, des vies perdues dans un rideau de pierres, de coups et de balles.
Ces forces de l’ordre, équipées de la tête au pied de matériel de protection anti-émeutes flambant neuf ! On dirait une armée de Dark Vador avec leurs casques noirs.
Le vinaigre se vend bien tout à coup, il aide à supporter les lacrymogènes.
Au milieu de ce tumulte se tient un homme, grand, calme alors qu’il est pourtant encerclé. Comment fait-il pour rester calme dans un moment pareil, apparemment sans défense au milieu des Dark Vador ?
Je vois un village en bord de mer, lui aussi encerclé, enfermé ; ils ne peuvent pas sortir et personne ne peut accéder, il y a des barrages à tous les accès, des pneus et des
bennes à ordures, calcinés.
Internet est coupé. Sans doute des installations ont dû être touchées ? Tout le monde parle d’un certain Monsieur VPN qui doit tout résoudre et tout le monde le cherche.
La vendeuse de tissus de HLM n’a pas pu recevoir son Wave, sa tontine OM a pris du retard. De toute façon elle n’arrive plus à livrer ses clientes du centre-ville, les deux-roues sont interdits de circulation.
Certains, à une semaine de leurs examens, ne peuvent plus accéder à leurs cours en ligne.
La famille à l’étranger ? Impossible de se parler. Youtube ? On oublie aussi. Un rapport urgent à envoyer par mail ? Impossible.
Il semble d’ailleurs, qu’un des opérateurs de téléphonie fait une campagne promotionnelle, mais ce que je ne comprends pas c’est pourquoi son nom apparaît à côté du mot Sénégal ? Free Sénégal ?
Il y a des arrestations aussi, beaucoup, par centaines, des élèves, des journalistes, des rappeurs, des activistes et même une célèbre animatrice parce que le mot Résistance est devenu interdit. Pourtant on est bien en juin 2023 ? Pas en juin 2011 ?
Ce n’est pas un remake quand même ? Parce qu’en juin 2011 déjà il était question d’élections et de ce 3ème quelque chose dont on ne voulait pas. Et il y avait aussi eu des morts.
Qu’a donc ce mois de juin avec le Sénégal ?
A moins que je n’aie fait un saut dans le temps ? Serions-nous en juin 1940 ?
Quelqu’un me dit de faire attention parce que certains noms peuvent prêter à confusion ; certains prénoms aussi d’ailleurs, on peut vous compter parmi les étrangers.
J’ai dû me tromper de rêve, ou le rêve s’est trompé de destinataire.
C’est forcément un cauchemar : nos héros d’hier ne peuvent pas, n’osent pas être nos bourreaux d’aujourd’hui.
Un roi apparaît, à côté de ce qui semble être un moustique, il s’appelle Nemrod. Puis un Pharaon entouré d’eau.
Il est temps de se réveiller. Je dois vérifier cette connexion.
par Seydoux Diouf et Antoine Tony Diatta
AUX ORIGINES DES CASSES ET DES INCENDIES
Nous invitons donc le ministre de l’enseignement supérieur et les autorités universitaires à dissoudre le MEER national, principale menace de la paix et la tranquillité des étudiants et toutes les autres entités politiques présentes à l’université
Seydoux Diouf et Antoine Tony Diatta |
Publication 11/06/2023
Tout d’abord, il convient pour nous de nous incliner devant tous ces morts annoncés depuis le début de ces évènements tristes et dramatiques et de compatir à la douleur de leurs familles respectives. Nous présentons aussi nos sincères condoléances à toute la nation sénégalaise qui a perdu une vingtaine de ses fils en seulement trois jours. Nous sommes convaincus que ces derniers n’ont commis qu'un seul tort : combattre l’injustice au prix de leur vie. Que leur combat ne soit pas vain !
Certes, le combat contre l’injustice est un devoir pour tout citoyen libre d’esprit mais il ne doit pas être un prétexte pour mettre à genoux un symbole comme l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar pour parler comme le ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. Ce qui s’est passé jeudi dernier à l’ucad est innommable et insupportable pour tout pensionnaire de ce temple du savoir. Au campus social, des véhicules de particuliers et des bus pour le personnel ont été tous incendiés. Les bureaux du Coud et les restaurants n’ont pas été épargnés. Ils ont tous été saccagés puis brûlés. Le campus, jadis si bon à vivre et si beau à voir, est devenu depuis ce jeudi-là invivable et triste à voir. Et c’est aussi pareil pour le campus pédagogique où des bureaux, des amphithéâtres et des véhicules ont été saccagés et incendiés. La faculté de Droit a vu son chapiteau de 1500 places réduit en cendres. Quelle triste image ! Ce qui est sûr, c’est que l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, récemment classée première en Afrique francophone, ne s’en remettra pas vite.
Et cela, tout le monde le sait tout comme on sait aussi qui est aux origines de ces casses et de ces incendies. Nous sommes nombreux à accuser à tort les étudiants membres du Parti Pastef-Les Patriotes mais nous pouvons vous dire avec certitude que ces gens-là peuvent être parmi les casseurs et les saccageurs mais ils sont loin d’être ceux qui ont commencé cette
série de casses et d’incendies. Si vraiment les autorités universitaires cherchent à savoir qui sont les premiers, ils n’ont qu’à mener des enquêtes au sein du MEER National. Tous les
étudiants qui étaient dans le campus social ce jour-là ont vu, dès l’annonce du verdict, des hommes armés de coupe-coupes, de haches, de couteaux et d’autres objets blessants, se balader dans le campus. Et ce, sous le regard et le silence des agents de sécurité du Coud. Pourquoi ces derniers n’ont pas réagi comme ils l’auraient fait avec les étudiants “légitimes” ?
Eh oui, “légitimes” parce qu’au moins, ils se sont régulièrement inscrits dans une faculté, suivent leurs cours au quotidien et dorment même au campus toutes les nuits. Contrairement aux membres du MEER National dont la plupart d’entre eux ont cartouché de l’université mais y mènent toujours des activités illégales troublant ainsi la paix et la tranquillité qui doivent
régner dans cet espace-là. Ce groupuscule d’hommes, soutenu par de hautes autorités de la république, est à l’origine de toutes les violences constatées à l'université ces derniers mois. Ce sont des gens qui n’ont point la carrure d’étudiant. Ce sont les boucliers de ces autorités que nous venons de citer. Et cela leur confère le droit d’accéder librement au campus, d’y loger et d’y mener des activités malgré qu’ils ont perdu leur statut d’étudiant.
Il y a de cela quelques mois les services de sécurité du Coud avaient procédé à une fouille générale des pavillons et les sénégalais étaient très étonnés du nombre de machettes qui a été retrouvé dans les chambres des étudiants dont la plupart sont du MEER National. Pourtant, le port d’armes est formellement interdit au sein du campus social de l’université. Pourquoi alors n’y a-t-il pas de poursuites judiciaires contre ces gens-là dont des armes blanches ont été retrouvées dans leurs chambres ? Ah, nous oublions même que nous sommes au Sénégal où la loi est faite pour ceux qui la respectent et non pour ceux qui la violent. Hélas ! Que chacun pense ce qu’il veut mais les récents évènements nous permettent d’avoir une idée des origines des violences au sein de l’espace universitaire.
Pour ces évènements-là, les membres du MEER National étaient les premiers à sortir avec des machettes. Ils étaient là, devant le pavillon B, en train de se préparer depuis presque toute la matinée. Et dès l’annonce du verdict condamnant le président Ousmane Sonko, un groupe d’étudiants a voulu rejoindre la grande porte pour manifester son désaccord, comme cela se fait à chaque fois qu’il y a des manifestations. Mais ils ont été contraints de sortir par des hommes armés du MEER national qui menaçaient de tuer tout étudiant qui tenterait de hausser le ton. Et c’est là qu’ont commencé les arontements violents jusqu’à ce que les membres du MEER national, dominés, aient pris la fuite et les autres ont pris d’assaut la salle télé. Qui sont-ils pour menacer des gens qui ne voulaient que manifester pacifiquement contre la condamnation de leur leader ?
Ce qui est sûr, c’est que si ces gens-là n’avaient pas empêché aux étudiants de rejoindre la grande porte, il n’y aurait pas tous ces dégâts à l’université. Les manifestants allaient tout simplement sortir du campus social et bloquer la circulation ou rejoindre le domicile de leur leader, à Cité Keur Gorgui. Dommage qu’à cause d’un groupe d’individus dont la seule légitimité est d‘être des faiseurs de sales boulots de quelques autorités de la république, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, l’une des plus vieilles universités d’Afrique et les plus performants pour avoir formé au moins quatre chefs d’Etats, a été vandalisée et mise au chaos par des non étudiants. Nous insistons là-dessus : ceux qui ont saccagé l’université ne sont pas des étudiants. Combien de fois, les étudiants ont manifesté leur colère sans jamais saccager de bureaux ni brûler d’amphithéâtres ou de voitures de qui que ce soit ? Combien de fois les étudiants ont manifesté sans que les cours ne soient suspendus ? Combien de fois les étudiants ont manifesté sans causer autant de dégâts matériels ? On peut tout dire aux étudiants de l’Ucad mais ils ne sont pas inconscients à ce point.
Nous invitons donc le ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation et les autorités universitaires, notamment le recteur, les doyens de facultés et le directeur du
Coud à d'abord dissoudre le MEER national, principale menace de la paix et la tranquillité des étudiants et toutes les autres entités politiques présentes à l’université, ensuite interdire toute activité de nature politique dans tout l’espace universitaire et enfin identifier et prendre des mesures coercitives à l’encontre des casseurs et des saccageurs pour protéger notre université. Car elle est notre patrimoine, nous petits-fils de Cheikh Anta Diop.
Seydoux Diouf est étudiant en Science Politique à l’UCAD
Tony Diatta est étudiant en Droit à l’UCAD
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SI LE MÉTIER DE PARENT VOUS ÉTAIT CONTÉ...
Pourquoi les intellectuels sont de piètres parents?Quels effets produisent les propos négatifs sur l’enfant? Pourquoi être parent est un métier à plein temps et à part entière ? Réponses de M. Giroux, spécialiste en psychologie cognitive
Métier à part entière, contrairement à ce que l'on peut penser, on n'est pas forcément parent parce qu'on est père ou mère. En revanche, on peut bel et bien être un vrai parent, compétent, sans jamais avoir été papa ou maman parce qu’être parent nécessite des compétences en la matière, au risque de détruire l’enfant qu’on prétend éduquer.
Dans cet entretien exclusif, Ibrahima Giroux, Docteur en psychologie, il explique ce que c’est qu’éduquer et les erreurs à éviter absolument dans cet exercice ô combien délicat.
Être père ou mère, c’est juste biologique. Par contre, être parent, c’est une compétence à acquérir que ce soit par une initiation traditionnelle ou dans des structures mise en place par l'Etat.
En effet, l’éducation censée préparer l’enfant, puis le futur adulte à la vie, peut parfois se révéler être un drame absolu au point de compromettre son épaississement, sa réussite professionnelle et sociale.
Exercice a priori anodin, le père ou la mère peut souvent manquer de réelles compétences pour être un bon parent, un éducateur. Cela pour engendrer de graves conséquences comme des violences physiques ou psychologiques, des brimades, de l’humiliation, des paroles malfaisantes et destructrices lors de l'éducation.
Le constat étonnant que fait Dr Ibrahima Giroux, spécialiste en psychologie cognitive et chercheur à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis dans la même discipline, les parents d’aujourd’hui semblent moins compétents comme éducateurs en dépit de leurs gros diplômes qui leur pèsent sur les épaules.
Nous lui avons posé des questions sur cette problématique. Vous y trouverez des conseils pratiques pour être un bon parent et pas un parent inconsciemment maltraitant, violent ou malfaisant.
Quelle place occupe la communication dans le processus de l’éducation de l’enfant ? Quels sont les problèmes auxquels sont exposés les enfants éduqués par un certain type de parents ? Les parents d’hier, sont-ils des piètres éducateurs ? Est-on meilleur éducateur parce qu’instruit, voire très instruit ? Y a-t-il un art d’éduquer convenablement ? Comment expliquer que les parents d'hier soient meilleurs que ceux d'aujourd'hui ?
Entretien avec le Dr Ibrahima GIROUX (première partie).
NB : les images illustrant cette vidéo sont celles de la série éducative intitulée « Parents, mode d’emploi » diffusé tous les soirs sur TV5
TOUT SUR LE DIALOGUE NATIONAL
La méthodologie pour la définition de Termes De Référence porte la marque d’une approche inclusive, empreinte d’esprit d’ouverture et de sens de l’écoute
Le Dialogue national convoqué par le Président de la République en 2019 a été organisé à l’issue de l’élection présidentielle alors que celui de 2023 est organisé à huit mois de la présidentielle de février 2024. En plus, le contexte actuel présente des tensions et crispations inédites, avec une large toile de fond post-covid et les multiples foyers de conflits à l’échelle internationale, dont l’exacerbation a atteint un pic avec la guerre russo-ukrainienne, qui masque mal la remise en question en cours des équilibres mondiaux.
Au Sénégal, les rivalités inhérentes à l’espace politique se perçoivent également à la lumière de l’entrée imminente de notre pays dans l’économie pétrolière et gazière, avec toutes les conséquences en termes de convoitises et de menaces sur la paix, la stabilité et le développement concerté.
Les formes de contestation observées au début de ce mois de juin n’ont pas d’antécédents dans l’histoire politique du Sénégal, dont le modèle démocratique a été souvent célébré sur la scène internationale.
Suite à un procès et à une décision de justice, la tournure des évènements est assimilable au terrorisme, eu égard à la variété des points sensibles ciblés. Il est aisé d’appréhender les objectifs des auteurs de ces actes particulièrement violents, avec leurs lots de morts, de blessés graves et de destructions délibérées d’infrastructures vitales, y compris dans les temples du savoir. Au – delà du régime en place, il est évident que ce sont les intérêts stratégiques du Sénégal qui ont été pris pour cibles ainsi que les éléments constitutifs de la République et de la Nation.
Ces meurtrissures encore béantes ont provoqué l’indignation et la condamnation unanime des patriotes et ont également mis en exergue le désir de préservation de la paix civile et de nos acquis démocratiques, désir largement partagé par l’écrasante majorité des Sénégalais.
C’est précisément ce tableau sommaire mais précis qui fonde l’appel au dialogue du Chef de l’Etat, Son Excellence le Président Macky Sall, appel qui, du reste, a précédé ces évènements déplorables.
La cérémonie d’ouverture qui s’est déroulée le 31 mai 2023 au Palais de la République a vu la participation des forces vives de la Nation : Partis politiques, Syndicats, Secteur informel, Patronat, Organisations d’agriculteurs, de pêcheurs et de pasteurs, Chefs religieux, Chefs coutumiers, Société civile, Acteurs culturels, Organisations féminines, Organisations de jeunes.
La méthodologie pour la définition de Termes De Référence porte la marque d’une approche inclusive, empreinte d’esprit d’ouverture et de sens de l’écoute.
Dans son allocution, le Président de la République a ouvert des pistes, en donnant des éléments de Termes De Référence qui ont été complétés, séance tenante, par des représentants des parties prenantes. En plus, Monsieur Moustapha Niasse, Coordonnateur du Dialogue national, Haut Représentant du Président de la République, a encouragé les participants au Dialogue à formuler des propositions écrites qui ont été intégrées dans le projet de Termes De Référence. Par ailleurs, il a été tenu compte des TDR du Dialogue de 2019.
C’est ainsi qu’il est possible de proposer des TDR articulés autour des objectifs généraux, des objectifs spécifiques, des résultats attendus, du format et de l’organisation du Dialogue et, enfin, de la mise en œuvre, du suivi et de l’évaluation des recommandations consensuelles.
TERMES DE REFERENCE
Objectifs généraux
Le Dialogue revêt un caractère national. Il est à la fois un instrument d’analyse, aux fins d’un diagnostic précis, et un outil de préservation, de consolidation et de promotion de notre modèle démocratique et de notre commun vouloir de vie commune, au sein d’un espace géographique animé par des hommes et des femmes décidés à s’y mouvoir solidairement, dans le strict respect des Lois et Règlements de la République.
A cet égard, il convient de traiter la situation liée à l’actualité brûlante, tout en se projetant sur le moyen et le long terme, au – delà des échéances électorales, avec pour boussole essentielle les intérêts supérieurs de notre pays, qui doit impérativement rester dans le sillon de la paix et de la stabilité. Pour ce faire, il est souhaitable que l’institutionnalisation du Dialogue soit effective, dans la permanence et dans la durée.
En ce qui concerne les urgences, la participation remarquée de certains acteurs doit amener toutes les parties prenantes à intégrer la nécessité d’encourager des consensus liés au caractère inclusif de l’élection présidentielle à venir.
L’apaisement perçu comme une demande sociale largement partagée, implique la mise en œuvre des consensus déjà scellés entre 2019 et 2021. Le fait de poser ces actes créerait une dynamique à même de puiser dans nos racines, pour porter et promouvoir les valeurs de civilisation qui ont servi de référentiel à des générations de sénégalais, avant même la période des Indépendances.
Objectifs spécifiques
1. la consolidation des acquis démocratiques, en œuvrant pour de nouveaux consensus, autour des réformes institutionnels, du Code électoral, du processus électoral, des droits civiques et politiques ;
2. l’Autorité en charge des Elections ;
3. le bulletin unique ;
4. la caution ;
5. le rôle et la place de la justice dans le processus électoral ;
6. l’évaluation de la CENA et du CNRA ;
7. le contrôle du fichier électoral ;
8. la réforme du parrainage aux élections nationales ;
9. les candidatures à l’élection présidentielle ;
10. le cumul de la fonction de Chef de l’Etat et celle de chef de parti ;
11. le réexamen du cumul des postes ;
12. la rationalisation des partis politiques ;
13. le financement des partis politiques ;
14. l’encadrement des dépenses liées aux campagnes électorales ;
15. le mode de désignation du Chef de l’Opposition ;
16. la rationalisation du calendrier électoral ;
17. l’état civil au Sénégal ;
18. les libertés publiques et la responsabilité ;
19. la communication et les réseaux sociaux ;
20. la paix et la sécurité, le Sénégal dans un monde où les données liées à l’équilibre des forces évolue ; nécessité de faire face solidairement aux rivalités géostratégiques, au terrorisme sous toutes ses formes et à toutes les menaces inhérentes au nouveau profil de notre pays ;
21. les nécessaires convergences sur les éléments constitutifs du ciment de la République, de la Nation et de notre modèle démocratique ;
22. la justice : l’égalité devant la justice et l’indépendance des magistrats sont des thèmes très agités. Il convient de renforcer le système judiciaire, l’accès à la justice pour tous les citoyens, et d’améliorer la perception que les populations ont de la justice;
23. l’éducation : pour une école performante, adaptée à nos ambitions économiques et sociales, promotion des valeurs et de l’instruction civique, modernisation des Daaras, protection des enfants ;
24. la culture : promotion des industries culturelles, protection sociale des acteurs de la culture, distribution et promotion des produits culturels ;
25. l’artisanat ;
26. les activités liées au transport et à l’automobile ;
27. la santé : renforcer la carte sanitaire, les infrastructures, la formation des personnels de santé, modernisation des équipements, amélioration de la politique pharmaceutique et vaccinale, traiter les impératifs de souveraineté ;
28. la jeunesse : l’emploi (évaluation des politiques publiques ciblant la jeunesse, la microfinance) ; l’employabilité et les formations adaptées ;
29. le sport : étendre la politique infrastructurelle au Sénégal des profondeurs ;
30. le phénomène migratoire ;
31. la diaspora : recueil et propositions de traitement de ses préoccupations ;
32. la conjoncture économique et les facteurs exogènes ;
33. le soutien au secteur privé ;
34. le soutien au secteur informel ;
35. le développement du monde rural : le foncier, l’agriculture et l’élevage : traiter les facteurs de conflits ;
36. la pêche : exploitation rationnelle des ressources halieutiques, traiter les conflits entre la pêche industrielle et la pêche artisanale et les conflits entre communautés de pêcheurs ;
37. l’exploitation des ressources gazières et pétrolières : gestion concertée et transparente (COS-Pétrogaz), affectation de ces ressources à des priorités définies consensuellement, études de cas dans le Tiers-Monde pour l’optimisation de l’exploitation et la jugulation des menaces ;
38. le secteur extractif : l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) ;
39. l’écologie et le cadre de vie : les enjeux du changement climatique, introduction de modules de formation écocitoyenne dans notre système scolaire ;
40. la nécessité de donner corps au contenu local ;
41. la gouvernance transparente et inclusive ;
42. la redevabilité (le dernier rapport de la Cour des Comptes) ;
43. le coût de la vie, le soutien aux ménages et aux Entreprises ;
44. la politique fiscale ;
45. l’optimisation de la dépense publique ;
46. la modernisation de l’Administration, au service du développement et du public ;
47. la décentralisation, l’équité territoriale et la territorialisation des politiques publiques ; revoir les textes facteurs de contraintes.
Cette liste des éléments de TDR n’est pas fermée. C’est pour respecter l’esprit d’ouverture, tel qu’il apparaît dans l’allocution du Chef de l’Etat, lors de la cérémonie d’ouverture du 31 mai 2023.
RESULTATS ATTENDUS
Les discussions autour du système électoral et du processus électoral devraient conduire à l’apaisement et à l’instauration d’un climat de paix et de concorde nationale. Les canaux permanents de la médiation politique sont mis en place, avec l’implication des acteurs étatiques et tous les régulateurs sociaux.
La concertation préalable aux décisions impliquant des communautés données évitera les facteurs de conflits entre les investisseurs étrangers ou nationaux et les populations.
L’Etat aura affiné un mécanisme huilé et éprouvé d’arbitrage, à la satisfaction de tous les acteurs concernés. La promotion de l’activité économique est effective, avec comme conséquences une croissance inclusive, au service des populations, notamment des plus démunis.
Les réformes juridiques et institutionnelles renforceront la gouvernance responsable, transparente et démocratique.
FORMAT ET ORGANISATION
Il est possible de fixer le cadre normatif en adaptant aux nouvelles données le décret n°2019-1106 du 3 juillet 2019 portant création et fixant les règles d’organisation et de fonctionnement du Comité de pilotage du Dialogue national.
Les TDR pourront être validés par les parties prenantes, lors d’une séance plénière allégée, mais représentative des différentes parties prenantes.
Les 9 Commissions suivantes, inspirées du dialogue de 2019, sont proposées :
1. Commission politique ;
2. Commission économique et social ;
3. Commission Paix et Sécurité ;
4. Commission Ressources naturelles ;
5. Commission Environnement et cadre de vie ;
6. Commission Modernisation de l’Etat et lutte contre la corruption ;
7. Commission décentralisation et territorialisation des politiques publiques ;
8. Commission Culture, Arts, Jeunesse et Sport (nouvelle création) ;
9. Commission de Synthèse (membres du bureau du Comité de pilotage, 3 Vice – présidents).
Les nouvelles parties prenantes qui n’appartiennent à aucun des pôles seront représentées, autant que possible, dans le Comité de pilotage et dans les Commissions.
Le rapport définitif des Commissions sera adopté en séance plénière. Une séance de clôture sera organisée sous la présidence du Chef de l’Etat ou de son représentant.
Un Comité est proposé pour le suivi et l’évaluation des recommandations consensus issues du Dialogue national. Il pourrait être dénommé, Comité de Suivi et d’Evaluation.
LA DIASPORA MANIFESTE CONTRE MACKY SALL
Plus d'une centaine de membres de la communauté sénégalaise en France ont manifesté samedi à Paris aux cris de "Macky Sall, dégage!", et pour dénoncer les violences politiques meurtrières survenues dans leur pays début juin
"Le peuple en a marre!", "Non à un troisième mandat de Macky Sall!", l'actuel président, ont crié les manifestants, partisans de l'opposant Ousmane Sonko, dont la condamnation à deux ans de prison dans une affaire de moeurs a déclenché les pires troubles au Sénégal depuis des années. Le pays a été en proie du 1er au 3 juin à des violences, à Dakar et dans plusieurs autres villes, qui ont fait au moins 23 morts selon Amnesty International.
"Ousmane Sonko tu es notre héros!" pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants parisiens brandissant des drapeaux sénégalais. "Le Sénégal est devenu une dictature, des gens sont tués, emprisonnés, ce n'est pas normal", a déclaré à l'AFP Mustapha Sar, membre du Pastef, le parti d'Ousmane Sonko.
Le président Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, entretient le flou sur sa volonté de briguer un troisième mandat en 2024. En l'état actuel, M. Sonko, personnalité populaire dans la jeunesse et les milieux défavorisés, ne peut plus se présenter à la présidentielle. Il crie au complot destiné à l'éliminer politiquement.
Quelque 160.000 Sénégalais vivent en France, selon les chiffres de l'OCDE.
L’UCAD DEBARRASSEE DES EPAVES DE VEHICULES CALCINES
Suite aux violentes manifestations notées à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, le 1er juin, le Ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, a procédé, hier, à une opération d’enlèvement des véhicules calcinés au sein du campus.
Suite aux violentes manifestations notées à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, le 1er juin, le Ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, a procédé, hier, à une opération d’enlèvement des véhicules calcinés au sein du campus. Elle vise à aider les autorités universitaires à remettre à niveau le cadre de vie dans ce temple du savoir.
Selon le chef d’escadron Abdourakhmane Pam, Directeur de la lutte contre les encombrements, au Ministère de l’Urbanisme, cette action s’inscrit dans la dynamique de déplacer les véhicules calcinés dont une cinquantaine ont été enregistrés dans toute l’université.
« Cela va permettre de lever très tôt les stigmates constatés lors des incendies et permettre à l’Ucad de retrouver son lustre d’antan. Cette opération va concerner le Coud, la Faseg, le Cesti, entre autres », a-t-il fait savoir.
De son côté, Emmanuel Sène, chef du département de l’environnement du Coud, a souligné que l’Ucad a vécu une situation très déplorable à condamner vigoureusement. « L’ensemble de nos bus qui servaient de transport pour le personnel, dont une dizaine (Coud) ont été incendiés. Les gens peuvent manifester, mais pas à ce niveau. L’université nous appartient et elle sert le Sénégal », a-t-il indiqué.
Il a relevé qu’il faudra tout faire pour renforcer la sécurité de l’université.