Solidarité interdite avec les détenus membres de Pastef
VIDEO
IL SUFFIT QUE MACKY SALL DISE QU'IL NE SOLLICITERA PAS UN TROISIÈME MANDAT
Que propose Idrissa Seck pour sortir de la très grave crise en cours dans son pays ? En ligne de Dakar, l'ancien Premier ministre d'Abdoulaye Wade répond aux questions de Christophe Boisbouvier - ENTRETIEN
Pour dénouer la crise au Sénégal, la mesure la plus propice serait, pour Idrissa Seck, que "le chef de l’État lui-même puisse annoncer qu’il ne sollicitera pas du peuple sénégalais un troisième mandat".
Idrissa Seck, qui est arrivé deuxième à la présidentielle de 2019, devant Ousmane Sonko, est aujourd'hui candidat pour 2024. Que propose-t-il pour sortir de la très grave crise en cours dans son pays ? En ligne de Dakar, l'ancien Premier ministre d'Abdoulaye Wade répond aux questions de Christophe Boisbouvier.
LA PLATEFORME JIGEEN SENEGAL LANCE UN APPEL SOLENNEL A LA PAIX
La plateforme ‘’Jigeen Sénégal’’, a lancé, vendredi, un “appel solennel” à la paix et à la sécurité, à la suite des violences qui ont émaillé les manifestations consécutives au verdict du procès Ousmane Sonko-Adji Sarr.
Dakar, 9 juin (APS) – La plateforme ‘’Jigeen Sénégal’’, a lancé, vendredi, un “appel solennel” à la paix et à la sécurité, à la suite des violences qui ont émaillé les manifestations consécutives au verdict du procès Ousmane Sonko-Adji Sarr.
Elle a lancé cet appel en présence de femmes issues de toutes les couches sociales sénégalaises, dont des femmes rurales, des représentantes de partis politiques, du syndicat des femmes travailleuses du Sénégal, de professeures d’universités, de députées, etc.
‘’Nous femmes du Sénégal, réunies dans la plateforme dénommée JIGEEN Sénégal toutes sensibilités confondues, exprimons notre profonde tristesse suite aux événements douloureux liés aux récentes manifestations ayant engendré des pertes en vies humaines, des blessés graves, lançons un appel solennel pour la paix et la sécurité au pays’’, a déclaré l’ancienne députée Marie-Thérèse Aïda Seck, au nom de la plateforme.
Elles ont déploré les préjudices énormes engendrés par ces événements sur les plans moral et social et leurs ‘’incidences désastreuses’’ sur le plan économique. Elles invitent ainsi toutes les femmes, épouses, mères, sœurs et filles, à joindre leur voix à cette présente déclaration.
‘’Soulignant l’importance des avancées démocratiques de notre pays qui nous ont valu respect et approbation à travers le monde, nous rappelons notre devoir commun de préserver nos institutions, de veiller à la cohésion nationale et le respect des lois, gage de stabilité et de paix durable’’, a poursuivi Marie-Thérèse Aïda Seck.
Les membres de la plateforme exhortent l’ensemble des forces vives de la nation à établir un ‘’dialogue inclusif et constructif’’ pour l’intérêt supérieur de la nation, en engageant des actions immédiates de pacification.
‘’Aujourd’hui qui dit famille, dit la femme. Nous [les femmes] sommes le socle de la société. C’est pourquoi nous nous sommes senties comme étant les premières victimes (…)’’, a quant à elle indiqué la ministre de la Femme, de la Famille et de la Protection des enfants, Fatou Diané Guèye.
Elle a déploré le fait que les femmes sont victimes de ces évènements, à travers leurs commerces et leurs autres activités de production, appelant les uns et les autres à faire bloc.
‘’Nous sommes en train d’élaborer un plan d’action qui va résumer toutes les activités entreprises par les plateformes existantes, en vue de capitaliser leurs actions et d’en faire un document unique pour que la paix revienne dans ce pays, qu’on ait notre stabilité et notre vie’’, a-t-elle ajouté.
DIALOGUE NATIONAL, LES 9 COMMISSIONS DEMARRENT LEURS TRAVAUX CE VENDREDI
Après le lancement du dialogue national le 30 mai dernier au palais de la République, les neuf commissions mises en place vont démarrer leurs travaux ce vendredi.
Après le lancement du dialogue national le 30 mai dernier au palais de la République, les neuf commissions mises en place vont démarrer leurs travaux ce vendredi.
D’abord, la commission Économie et Sociale est présidée par Baïdy Agne. Ensuite, les anciens Cemga, Mamadou Sow et Abdoulaye Fall, pilotent respectivement les commissions Paix et Sécurité et Ressources naturelles.
Puis, Rokhiyatou Gassama gère celle de l’Environnement et du Cadre de vie. Par contre, Diakaria Diaw est à la tête de la commission Modernisation de l’Etat et Lutte contre la corruption.
Enfin, il y a les commissions Décentralisation et Territorialisation des politiques publiques, Cultures-Arts, Jeunesse et Sports ainsi que Synthèse présidées respectivement par Léopold Wade, Philippe Arfang B. Tine et Marie Angélique Savané.
De même, la commission politique est dirigée par l’ambassadeur Seydou Nourou Ba.
Macky Sall avait annoncé attendre les conclusions du dialogue avant le 25 juin.
D’ailleurs, une adresse à la nation est prévue à cet effet.
LE CUDIS DEMANDE LA LEVÉE DU BLOCUS AUTOUR D’OUSMANE SONKO
Le Cadre unitaire de l’islam au Sénégal a exprimé hier son inquiétude face à la montée de la tension politique actuelle dans le pays. Il demande à tous les acteurs de poursuivre les efforts de décrispation amorcée et l’apaisement du climat politique
Le Cadre unitaire de l’islam au Sénégal (Cudis) a exprimé hier son inquiétude face à la montée de la tension politique actuelle dans le pays. Ayant multiplié dernièrement les rencontres avec les religieux, il demande à « tous les acteurs de poursuivre les efforts dans le sens de la décrispation amorcée et l’apaisement du climat politique ».
Le Cadre unitaire de l’islam au Sénégal (Cudis) s’indigne des dernières manifestations meurtrières. Il regrette « l’ampleur » et la « gravité » des violences qui, malheureusement, ont fait plus d’une quinzaine de morts, « majoritairement des jeunes à la fleur de l’âge qui représentaient l’espoir de leur famille ». Dans son communiqué, le Cudis se réjouit, tout de même, de « l’accalmie » observée ces derniers jours et recommande à « tous les acteurs de poursuivre les efforts dans le sens de la décrispation amorcée et l’apaisement du climat politique ».
Engagé à poursuivre son objectif de « sauvegarder par tous les moyens la paix et l’exceptionnalité du vivre-ensemble », Dr Cheikh Guèye et Cie soulignent avoir « multiplié ces dernières semaines les rencontres et discussions avec nos vénérables khalifes généraux et les acteurs politiques de tous bords ».
Le Cudis invite, par conséquent, le gouvernement à « lever le blocus autour du domicile de l’opposant Ousmane Sonko », mais également à « entreprendre toutes actions allant dans le sens de favoriser des discussions sincères, inclusives et constructives ». Des actions qui, selon les membres de cette organisation, « contribueront sans nul doute à faciliter les démarches entreprises pour renouer les fils du dialogue entre tous les acteurs, sous la houlette des chefs religieux et de toutes les bonnes volontés impliquées dans la médiation ».
Le Cudis présente ses condoléances à toutes les familles éplorées ainsi qu’à toute la nation qui perd « des symboles de ses forces vives à qui elle devait pourtant protection et accomplissement ». Le cadre souhaite également « aux blessés une rémission totale et aux impactés psychologiques, sociaux, économiques et politiques une grande capacité de résilience ».
Par ASSANE GUEYE
RETOUR AU MOYEN-ÂGE
Avec les violences de haute intensité de ce début de mois, le pays a chuté dans la bestialité jusqu’à ressembler à cet animal muni d’un corps de sanglier sur une tête de porc. La situation est en effet méphistophélique.
« Honteux de ce qu’il voit la journée, le soleil se couche en rougissant ». On a beaucoup rabâché ce proverbe venu d’Arménie. Il est lumineux et sombre en même temps. C’est pour son côté obscur d’ailleurs qu’on le convoque. Le dicton sied comme un gant à ce Sénégal déchiré et méconnaissable qui s’automutile. Avec les violences de haute intensité de ce début de mois, le pays a chuté dans la bestialité jusqu’à ressembler à cet animal muni d’un corps de sanglier sur une tête de porc. La situation est en effet méphistophélique. Ce qui arrive ne tombe pourtant pas du ciel. Tout s’explique. On croit en comprendre les racines profondes. Le climat d’anarchie dans lequel on nage mène directement dans les eaux troubles, dégradantes et nauséabondes de la déshumanisation.
Le Président Senghor a pu dire autrefois que la haine n’était pas conforme au génie sénégalais. Sa perspicacité n’était pas contestée. Mais sur ce point précis, il l’a été moins du seul fait que la pureté n’existe chez aucun peuple. Il est vrai qu’on a été un îlot de raffinement, d’élégance racée et d’urbanité exquise. C’est aujourd’hui un vieux passé et un ancien monde qui ne reviendront pas. On est en pleine relégation en division inférieure sur fond d’image écornée et de standing dévasté. Le Sénégal est la risée d’un monde en rupture d’équilibre. La remarque du Général de Gaulle remplie de causticité n’en était pas moins une prémonition de la débandade générale qui allait subvenir. « Vous les Sénégalais, disait-il, vous êtes incommodes ». Apostrophe blessante dont le but n’était pas de blesser. Avoir pleine conscience de ses rides et défauts permet de s’améliorer et d’être la meilleure version de soi-même.
L’ignominie et la pyromanie
Il y a bel et bien du démon et de la bassesse vulgaire qu’il faut exorciser. Les catastrophes globales ont engendré des catastrophes individuelles et vice-versa. Il s’avère que dans nos murs, une grave crise d’autorité s’est propagée dans villes et bourgades. L’ignominie et la pyromanie ont également élu domicile. De science certaine, on sait que là où ce triumvirat démoniaque passe, plus aucune herbe ne pousse. Bonjour tristesse. On est allés beaucoup trop loin jusqu’à faire trembler la bonne terre du Sénégal. Le sol ne fait plus que se dérober sous nos pieds. Les oracles ont vu venir l’orage sur le miracle sénégalais. Il s’abîme au travers des cortèges malodorants et autres personnages tragiques constitués de politiciens sans envergure ni entregent. Il n’y a jamais eu de messie et il n’y en aura pas. Le cas échéant, ils n’accomplissent aucun miracle. Ce qui arrive, c’est qu’on prend des vessies pour des lanternes.
« Là où l’on brûle des livres, on finit par brûler des hommes »
L’université de Dakar va dégringoler encore plus dans les classements. On savait que son univers est un trop-plein assez glauque. Des étudiants, des vrais, y étudient sérieusement. Des mercenaires et des bandes de voyous éméchés y font aussi leur propre loi. Ils ont fini par cramer le bijou de famille. Le temple du savoir mêlé d’ignorance est désormais sans mémoire. L’un des pires autodafés que le Sénégal a connus vient de s’y produire. Quand les émeutes littéraires et la passion des idées ne sont plus les facteurs d’émulation et que le bon goût est altéré, c’est ce qui arrive fatalement. La destruction des trésors et données universitaires est un crime contre l’humanité. Un poète allemand de Düsseldorf a été fort lucide en soulignant que « là où l’on brûle des livres, on finit par brûler des hommes ».
Homme, rien d’humain ne m’est étranger. L’inversion des priorités a fait des dégâts irréparables. Les ponts et viaducs plantés ici ou là sont invisibilisés. C’est le bout du tunnel que la jeunesse veut voir. Les coupes d’Afrique gagnées sur les terrains de football procurent une fierté évanescente mais ne se mangent pas. Elles finissent dans les décors des salons. Tout dialogue doit donc privilégier la jeunesse avant la gérontocratie.
Plus globalement, le pays est appelé à faire son introspection sur un noble divan. Quand on a épuisé ses deux mandats, il faut opérer un repli de sagesse. Lorsque l’on a fait le choix de l’opposition républicaine, il faut porter en bandoulière la belle formule de Ibrahima Seydou Ndao, premier maire de Kaolack après indépendance opposé à l’époque à Valdiodio Ndiaye. « Il ne répugne d’accéder au pouvoir en me servant d’un escalier de cadavres et tremper ma plume dans un encrier de sang humain pour signer ma victoire ». C’est beau, c’est fort et grand. Grandeur hier. Décadence aujourd’hui. Le soleil couchant et safran finit chaque jour son odyssée choqué et meurtri de la laideur qu’il observe.
ABDOUL MBAYE PRÔNE LE RETOUR AUX SEMENCES CERTIFIÉES
L’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, actuel Président de l’Alliance pour la citoyenneté et du travail (ACT) prône un retour aux semences certifiées pour assurer une agriculture performante dans le secteur arachidier.
L’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, actuel Président de l’Alliance pour la citoyenneté et du travail (ACT) prône un retour aux semences certifiées pour assurer une agriculture performante dans le secteur arachidier. L’ancien Premier ministre, également Président de l’ACT, est l’invité du Groupe E-media dans son rendez-vous du vendredi dédié aux candidats déclarés à l’élection présidentielle de février 2024.
Selon M. Mbaye, l’intermédiation et la pléthore d’activistes ruinent les chances de réussite des campagnes agricoles malgré les milliards injectés. Hier, le Gouvernement du Sénégal annonçait la mise à disposition de 100 milliards de francs CFA destinés à soutenir le monde rural. Sans douter de la portée des mesures d’accompagnement, Abdoul Mbaye estime plus utile de savoir la destination finale des sommes allouées au secteur agricole. « Le Sénégal est très peu regardant sur ces aspects, se contentant le plus souvent des effets d’annonces », a-t-il affirmé en réponse à une question relative au démarrage de la campagne, édition 2023.
Toutefois, il a regretté le recul des semences certifiées et les faibles quantités disponibles alors qu’il fut un temps où le Sénégal était envié en Afrique pour les résultats de la recherche centrée sur le semences certifiées. Le retour à cette pratique conditionne, selon lui, le succès de l’agriculture sénégalaise plombées par les semences écrémées, sélectionnées avec son lot de gaspillage et détournements d’objectifs, de connivence avec certains opérateurs privés semenciers.
L'ÉTAT SUSPEND WALF POUR 30 JOURS
Le ministre de la Communication a notifié au groupe de presse la suspension de ses programmes du 1er juin 2023 au 1er juillet 2023 pour « diffusion en boucle des images de violences exposant des adolescents »
Le ministre de la Communication, des Télécommunications et des Postes, Me Moussa Bocar Thiam, a notifié au groupe de presse Walfadjri la suspension de la diffusion de ses programmes pour trente (30) jours, durant la période allant du jeudi 1er juin 2023 à 15h 30 au samedi 1er juillet 2023 à 15h00. Ce, en application de l’article 94 de la loi n° 2017-27 du 13 juillet 2017.
Le ministre d’ajouter qu’en cas de récidive, après la reprise de la diffusion des programmes du groupe WALFADJRI, onformément à la réglementation, l’autorisation pourrait faire l’objet d’un retrait définitif.
Revenant sur les motivations de cette décision, l’autorité de rappeler le groupe en question « n’a cessé de diffuser en boucle des images de violences exposant des adolescents ».
Elle dit constater que ces images sont accompagnées de propos subversifs, haineux, dangereux incitant à la violence et portant manifestement atteinte à la sécurité de l’État, à l’intégrité territoriale, à la stabilité et à la paix sociale, en violation flagrante de toutes ses obligations, notamment celle de veiller à sauvegarder la paix, l’ordre public et les impératifs de la sécurité et de la défense nationales: ne pas diffuser de programmes faisant explicitement ou implicitement l’apologie de la violence; assurer la protection des enfants mineurs vis-à-vis des productions pouvant compromettre leur épanouissement moral et intellectuel ne pas inciter les enfants et les adolescents explicitement ou implicitement, à des comportements délictueux et nuisibles.
MACKY JOUE LA POLITIQUE DE LA TERRE BRÛLÉE
Pour René Lake, « comme il est impossible de truquer les élections, ils le font en amont. Pour Macky, la question essentielle est d’éliminer Sonko, car il est porteur d’un mouvement radical, notamment sur la servilité vis-à-vis de la France »
L'Humanité |
Benjamin König |
Publication 09/06/2023
Au moins quinze morts, des centaines de blessés, des militants torturés et incarcérés : le pays s’est embrasé après le verdict condamnant l’opposant Ousmane Sonko. Malgré un relatif retour au calme, le feu couve toujours. Et l’élection présidentielle se profile.
Un « climat de terreur », selon les mots du directeur d’Amnesty Sénégal, Seydi Gassama. Et la mécanique de cette violence ne semble pas devoir s’enrayer : « C’est parti pour durer, cela a commencé dès le verdict (le 1er juin – NDLR), on peut penser que cela va s’atténuer, mais les forces de police et de défense ne sont pas en mesure de contenir la colère. Tout le monde est furieux », décrit par téléphone l’écrivain et intellectuel Boubacar Diop.
Macky Sall, un président désormais honni par son peuple, qui ne tient plus que par la force
Furieux notamment contre Macky Sall, un président désormais honni par son peuple, qui ne tient plus que par la force, et laisse toujours planer le doute sur sa candidature à un troisième mandat au mépris de la Constitution et de sa parole. La campagne pour l’élection présidentielle du 25 février 2024 – si elle a bien lieu – est d’ores et déjà celle de tous les dangers.
À l’heure à nous écrivons ces lignes, le bilan officiel est donc de 15 morts : 10 à Dakar et 5 à Ziguinchor, la capitale de la Casamance, dans le sud du pays, dont Ousmane Sonko est le maire. Des centaines de blessés, au point que les Sénégalais se sont rendus en masse dans les centres de transfusion sanguine pour donner leur sang.
Les vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux sont impressionnantes : des foules immenses scandant des slogans de soutien à Ousmane Sonko, mais surtout hostiles à Macky Sall. Au téléphone, le journaliste et administrateur du site Seneplus, René Lake, évoque à propos de la condamnation du leader du Pastef un « élément déclencheur, mais dans un climat général délétère créé par la volonté prêtée à Macky Sall de se présenter pour un troisième mandat ».
Il ne fallait pas être grand clerc pour redouter cette montée des violences, due notamment, selon René Lake, à « l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques ». Dans tout le pays, opposants politiques et journalistes sont jetés en prison, comme Aliou Sané, le coordonnateur du mouvement Y en a marre, qui s’était battu aux côtés de Macky Sall en 2012 contre une troisième candidature d’Abdoulaye Wade, et demande aujourd’hui « sa démission ».
Le gouvernement évoque des « forces occultes » et une prétendue « influence étrangère »
Une vidéo de Pape Abdoulaye Touré, militant du Pastef et porte-parole de la plateforme F24, qui regroupe partis d’opposition et société civile, le montre arrêté et torturé, le visage tuméfié : ces images ont choqué tout le pays.
Dans ce contexte de déchaînement de violences, Seydi Gassama et Amnesty Sénégal appellent « les autorités sénégalaises à diligenter des enquêtes crédibles et indépendantes sur les morts enregistrées dans le contexte des manifestations, à Dakar et à Ziguinchor », et à la libération des prisonniers politiques.
De son côté, le gouvernement reste droit dans ses bottes, et évoque par la voix du ministre de l’Intérieur, Antoine Diome, des « forces occultes », une prétendue « influence étrangère » et « le pays qui est attaqué ». Il revendique plus de 500 arrestations.
Quant au ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang, qui avait attaqué Ousmane Sonko pour diffamation, il évoque « des actes de vandalisme qui n’ont rien à voir avec des manifestations politiques », et même des « étrangers qui sont venus d’ailleurs déstabiliser notre pays ».
« Le principal acquis du Sénégal était la liberté d’expression, mais c’est en train d’être perdu »
Au téléphone, Boubacar Diop décrit un « Internet partiellement coupé, on ne peut recevoir que les messages par WhatsApp », mais aussi « l’armée qui patrouille sur les grandes artères et devant les bâtiments stratégiques ».
Pour l’écrivain, qui a vu de nombreux régimes se succéder, « le principal acquis du Sénégal était la liberté d’expression, mais c’est en train d’être perdu. Des journalistes, des militants sont en prison, et c’est nouveau ». Plus grave encore, il décrit dans la population « le sentiment que tout est fichu, que personne ne sait de quoi demain sera fait ».
Si la situation semble sur place plus calme, les inquiétudes demeurent à propos de la campagne électorale qui s’ouvre. Pour René Lake, « comme il est impossible de truquer les élections, ils le font en amont. Pour Macky Sall, la question essentielle est d’éliminer Ousmane Sonko, car il est porteur d’un mouvement radical, notamment sur la servilité vis-à-vis de la France et du système colonial ».
Sa condamnation pour « corruption de la jeunesse » indique un jugement prioritairement destiné à l’écarter de la course à la présidentielle, ce qui semble acté. Son ton virulent et son discours antisystème attrape-tout lui ont permis de devenir populaire, notamment dans la jeunesse. Et pour Boubacar Diop : « Sonko a cristallisé les mécontentements, d’autant plus facilement que l’affaire (du viol – NDLR) était montée de toutes pièces. Ce que les Sénégalais ne supportent pas, c’est qu’on porte du tort, qu’on s’attaque à l’honorabilité intime de l’individu : cela a créé de la compassion pour Ousmane Sonko. »
« On est déjà en train de sortir de l’État de droit »
Désormais, c’est l’attitude d’un Macky Sall plus fragilisé que jamais qui est scrutée, au Sénégal mais aussi à l’étranger. « S’il se représente, un basculement du pays à court ou moyen terme est possible », estime René Lake.
Mais, selon Boubacar Diop, « on est déjà en train de sortir de l’État de droit. Je suis très pessimiste, je me demande si les élections vont avoir lieu et je crains un scénario avec un état d’urgence et un scrutin repoussé. Je ne crois pas que Macky Sall osera se présenter, cela mettrait vraiment le pays à feu et à sang. Mais le pouvoir rend fou ».
Le maire de Dakar, Barthélemy Dias, en appelle au président : « Vous n’avez pas le droit d’éliminer vos adversaires politiques. Ne bousillons pas ce pays. » Alors que de nombreuses voix s’élèvent, notamment chez les responsables religieux, pour mettre un terme aux violences, le Sénégal est sur une ligne de crête. Que fera Macky Sall, premier responsable de la situation, dans les prochaines semaines ?
MACRON INVITE MACKY À LA SORTIE
Selon Jeune Afrique, le 4 juin dernier, le président français a laissé entendre à son homologue sénégalais que la France pourrait l’appuyer s’il décidait de se tourner vers d’autres horizons à l’issue de son mandat actuel
Walf Quotidien |
Baba Mballo |
Publication 09/06/2023
C’est Macky Sall qui était sapeur pompier dans d’autres pays, il y a quelques mois, que Paris a voulu secourir au moment où la tension était à son comble la semaine dernière. Selon Jeune Afrique, le 4 juin dernier, le président français Emmanuel Macron a laissé entendre à son homologue Macky Sall que la France pourrait l’appuyer s’il décidait de se tourner vers d’autres horizons à l’issue de son mandat actuel. Une manière diplomatique, tranche le mensuel panafricain, d’encourager le chef de l’Etat sénégalais à ne pas briguer de troisième mandat en février 2024. «Il y a besoin de gens pour incarner la place grandissante de l’Afrique dans le monde, que ce soit au sein de l’Onu, du G20 ou encore pour porter la réforme de l’ordre financier international au-delà du sommet prévu en juin à Paris», précise la source française de JA. Qui ajoute que Macky Sall sait que le président Macron est disponible pour parler de ces horizons, s’il le souhaite.
Depuis plusieurs jours, les autorités françaises répètent en substance – via différents canaux – le même message : elles refusent d’interférer dans les affaires internes sénégalaises, tout en suivant la situation de près et en réaffirmant leur attachement aux valeurs ainsi qu’aux élections démocratiques. A Paris, il est aussi rappelé que le dialogue est ouvert avec tous les acteurs politiques sénégalais, Macky Sall et Ousmane Sonko en tête. «Chacun fait ses choix. Quel que soit celui de Macky Sall pour la prochaine présidentielle, nous ne voulons pas qu’il nous soit attribué. Nous ne voulons pas être tenus responsables de décisions qui ne sont pas les nôtres», confie une source diplomatique française haut placée.