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27 août 2025
ROAMING NATIONAL, LE BASCULEMENT EST EFFECTIF
Le basculement du roaming national est effectif. Il permet désormais aux abonnés d’un opérateur d’utiliser le réseau d’un concurrent, pour émettre et recevoir des appels, sms et accéder à Internet.
Le basculement du roaming national est effectif. Il permet désormais aux abonnés d’un opérateur d’utiliser le réseau d’un concurrent, pour émettre et recevoir des appels, sms et accéder à Internet.
L’annonce a été faite, ce 9 août, par Abdou Karim Sall, Directeur général de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP).
Abdou Karim Sall s’est félicité du test concluant avec les appels et les SMS réussi à 100%, notant toutefois qu’il y a des correctifs à apporter, en ce qui concerne le basculement des données mobiles entre certains opérateurs. Des tests de vérification sur l’effectivité du basculement a eu lieu dans des villages environnants de Touba.
Ces premiers exercices réalisés dans la région de Diourbel seront suivis à partir de la semaine prochaine d’autres tests à Matam et Ziguinchor a annoncé Abdou Karim Sall.
LE POSTE DE SANTE DE KEUR SERIGNE LOUGA DE LOUGA PREND FONCTION
Le gouverneur de la région de Louga et le coordonnateur du Projet d’appui au développement de l’entrepreneuriat des femmes et l’emploi des jeunes, Mame T. Gueye ont procédé à la mise en service du poste de poste de santé du quartier Keur Sérigne Louga.
Louga, 9 août (APS) – Le gouverneur de la région de Louga, El Hadj Bouya Amar, et le coordonnateur du Projet d’appui au développement de l’entrepreneuriat des femmes et l’emploi des jeunes (PADEF-EJ), Mame Thierno Gueye, ont procédé mercredi, à la mise en service du poste de santé du quartier Keur Serigne Louga dont le coût de construction est estimé à 120 millions FCFA, a constaté l’APS.
« Ce poste de santé a été inauguré par le ministre en Charge de l’Industrie et maire de la ville de Louga, Moustapha Diop. Nous sommes là aujourd’hui pour procéder à sa mise en service », a déclaré le gouverneur de Louga.
S’exprimant en marge de la cérémonie, El Hadj Bouya Amar a expliqué que son déplacement traduisait une volonté de »constater l’effectivité » de la mise en service du poste de santé.
« Vous avez vu le bâtiment et les installations. Ils dépassent même les normes d’un poste de santé. Notre ambition est d’en faire (….) un centre de formation secondaire », a-t-il indiqué.
« La santé et l’éducation sont les premiers intrants de l’emploi des jeunes parce qu’une femme ou un jeune qui n’est pas en bonne santé ne peut pas aller travailler ou faire du commerce (…) Il faut d’abord aborder les questions d’éducation, de formation et de santé avant d’aborder la question de l’emploi des jeunes », a t-il dit.
Cela constitue l’une des particularités du projet PADEF-EJ dans la région de Louga, a commenté le gouverneur en rappelant entre autres réalisations du projet un centre commercial agricole au quartier Montagne extension et une unité de transformation de produits céréaliers en construction à Médina Salam, une unité de commercialisation laitière à Potou et un volet financement au niveau de Dahra et Kébémer ».
De son côté, le coordonnateur du projet, Mame Thierno Gueye, a déclaré que le PADEF-EJ épouse la vision de l’Etat partant du constat que le Sénégal est confronté à un déficit en matière d’infrastructures sociales de base, notamment de santé.
« Dans le cadre du PADEF-EJ, en partenariat avec Millénium promise, le projet est venu continuer une initiative des émigrés ressortissants du quartier Keur Serigne Louga Sud qui avaient déjà commencé à construire ce bâtiment-là », a informé M. Gueye. Il signale que »le poste a permis de régler une bonne partie des problèmes d’accouchement à domicile au quartier Keur Seringe Louga et des quartiers environnants ».
« Le coût est scindé en deux parties, il y a des moyens qui ont été mobilisés pour accompagner l’édification du bâtiment. Le projet a mis 74 millions avant d’apporter des investissements en matériels, notamment une ambulance médicalisée et un groupe électrogène, permettant au centre de fonctionner de manière autonome en électricité », a-t-il fait savoir.
Il a précisé que « le coût du matériel s’élève à 56 millions FCFA. Cela fait que le coût global du projet avoisine les 140 millions FCFA ».
« Pour lancer la mise en service officielle, le projet est venu apporter des lits d’hospitalisation, des tables d’accouchement, et ensuite l’ambulance médicalisée qui permet une prise en charge correcte du malade avant et pendant son transfert dans une autre structure sanitaire », a-t-il souligné
Selon lui, »les services de l’Etat et la municipalité de Louga vont continuer l’accompagnement du poste de santé ».
Pour sa part, Ibrahima Lô, chef de quartier de Keur Serigne Louga et représentant de l’Association des émigrés dudit quartier, a exprimé la satisfaction des populations qui ont attendu longtemps l’ouverture d’un poste santé. « La construction de ce poste va permettre de mettre fin aux accouchements à domicile », a t-il salué.
A l’en croire, deux sages femmes, une infirmière, s’activent dans le poste qui dispose dores et déjà d’une ambulance médicalisée.
VERS LA LIVRAISON DE 29 POINTS DE COLLETTE DE DECHET A DAKAR
Le directeur général du Projet de promotion de la gestion intégrée et de l’économie des déchets solides (PROMOGED) a annoncé, mercredi à Dakar, la livraison dès la fin du mois août de 29 points de collectes d’ordures dans des quartiers de Dakar.
Dakar, 9 août (APS) – Le directeur général du Projet de promotion de la gestion intégrée et de l’économie des déchets solides (PROMOGED) a annoncé, mercredi à Dakar, la livraison dès la fin du mois août de 29 points de collectes d’ordures dans des quartiers de Dakar.
‘’Nous sommes à la première phase qui permettra de livrer 63 points de regroupement normalisés dans la région de Dakar. A Dakar nous allons livrer 29 points de recoupements normalisés à la fin du mois août et les autres seront livrés en septembre », a affirmé Ibrahima Diagne, directeur général de Promoged après avoir visité une dizaine de points de collecte disséminés dans plusieurs quartiers de Dakar .
‘’Sur les 29 sites qui doivent être livrés en fin août, les travaux sont réalisés à plus de 80%. Donc, il reste juste des travaux de finitions », a-t-il-ajouté en soulignant également que chaque site portera un nom qui refléte l’histoire et la réalité du quartier d’implantation et va générer 3 emplois.
Ibrahima Diagne a rappelé que la réalisation de ces points de regroupement d’ordures entre dans le cadre d’un vaste chantier de construction de plus de 250 points de regroupements normalisés dans 7 régions d’intervention du projet au Sénégal .
L'EXISTENCE DE LA CEDEAO EN JEU, SELON LE PRÉSIDENT DE GUINÉE-BISSAU
"Le seul président que nous reconnaissons, c'est Bazoum. C'est lui que le peuple a choisi. Si vous ne voulez pas d'un gouvernement ou d'un président, sanctionnez-le par les urnes (...) Les coups d'Etat doivent être bannis", a déclaré Umaro Sissoco Embalo
Le président de Guinée-Bissau Umaro Sissoco Embalo a déclaré mercredi que l'existence de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) était en jeu dans la crise nigérienne, à la veille d'un nouveau sommet de l'organisation sur le coup d'Etat militaire à Niamey.
M. Embalo a déclaré à des journalistes que le président Mohamed Bazoum, destitué par les militaires nigériens, était seul légitime, au moment de prendre l'avion pour Abuja, où la Cedeao tient sommet jeudi. "Le seul président que nous reconnaissons, c'est Bazoum. C'est lui que le peuple a choisi", a-t-il dit. "Si vous ne voulez pas d'un gouvernement ou d'un président, sanctionnez-le par les urnes (...) Les coups d'Etat doivent être bannis", a-t-il ajouté.
M. Embalo a estimé que la Cedeao, dont son pays et le Niger font partie, jouait son existence après les putsch dans trois autres Etats membres (Mali, Guinée, Burkina Faso) depuis 2020. "La situation que traverse la Cedeao est vraiment préoccupante. Cette organisation jusqu'ici est la plus sûre, la plus solide de tout le continent. Aujourd'hui, nous courons le risque de la faire disparaître", a-t-il dit. "Je pense qu'on ne va pas en arriver là", a-t-il cependant nuancé.
La Cedeao a menacé lors d'un précédent sommet le 30 juillet de recourir à la force si les militaires ne rétablissaient pas M. Bazoum dans ses fonctions sous une semaine. L'ultimatum a expiré sans que les auteurs du coup d'Etat s'exécutent. M. Embalo a assuré que le Parlement bissau-guinéen n'aurait pas à se prononcer sur l'envoi de troupes si la Cedeao décidait d'une intervention militaire au Niger, et qu'il pourrait le décréter après réunion du Conseil national de la défense, un organe qui le conseille sur les questions de sécurité.
La Guinée-Bissau, elle-même en butte à une instabilité chronique, a connu depuis son indépendance du Portugal en 1974 une kyrielle de coups d'Etat ou de tentatives de coup d'Etat, la dernière en février 2022.
LIGUE DES CHAMPIONS FEMININE CAF, DAKAR SACRE-COEUR ET DETERMINES GIRLS S'EGALISENT
Les équipes de Dakar Sacré-Cœur et Determines Girls du Libéria se sont neutralisées 1-1 mercredi, à Monrovia , en match comptant pour la 2e journée du tournoi qualificatif de la zone ouest A à la phase finale de la Ligue des champions féminine de la CAF
Dakar, 9 août (APS) – Les équipes de Dakar Sacré-Cœur et Determines Girls du Libéria se sont neutralisées 1-1 mercredi, à Monrovia , en match comptant pour la 2e journée du tournoi qualificatif de la zone ouest A à la phase finale de la Ligue des champions féminine de la Confédération africaine de football (CAF).
Korka Fall a répondu à la marque à l’ouverture du score de l’équipe libérienne.
Dakar Sacré-Cœur s’était imposé,1-0, lors de la première journée contre Mogbwemo Queens FC de la Sierra Leone. Coumba Sylla avait inscrit le but victorieux.
L’équipe sénégalaise jouera son troisième et dernier match contre l’AS Mande du Mali.
Seule l’équipe arrivée première se qualifiera à la Ligue des championnes de la CAF prévue en Côte d’Ivoire.
La Ligue des championnes de la CAF, lancée en 2021, est la première compétition continentale féminine de clubs en Afrique. La première édition avait été remportée par le club sud-africain des Mamelodi Sundowns.
L’Association sportive des forces armées royales (AS FAR) du Maroc est détentrice du trophée.
LA CAP CONDAMNE L’ATTAQUE INCENDIAIRE DE LA STATION DE LA RTS A KOLDA
La Coordination des Associations de Presse (CAP) a condamné mercredi l’attaque incendiaire contre la station de la Radio Télévision Sénégalaise (RTS) à Kolda, dénonçant »un acte ignoble qui aurait pu attenter à la vie d’innocents agents ».
Dakar, 9 août (APS) – La Coordination des Associations de Presse (CAP) a condamné mercredi l’attaque incendiaire contre la station de la Radio Télévision Sénégalaise (RTS) à Kolda, dénonçant »un acte ignoble qui aurait pu attenter à la vie d’innocents agents ».
Dans un communiqué parvenu à l’APS, la CAP dit avoir »appris avec consternation l’attaque incendiaire contre la station de la Radio Télévision Sénégalaise (RTS) à Kolda. Cet acte ignoble aurait pu attenter à la vie d’innocents agents de cette antenne ».
La CAP »condamne fermement cette attaque ignoble », survenue, mardi, et »témoigne toute sa solidarité à cette entreprise de presse qui est et doit rester un patrimoine de tous les Sénégalais sans exception ».
Elle a rappelé aux Sénégalais que »quelles que soient leurs appartenances politiques et religieuses, les professionnels des médias et les entreprises de presse ne sont pas leurs adversaires ».
La CAP signale aussi que »les portes du CORED sont largement ouvertes à tous compatriote et hôte du Sénégal de toutes les obédiences pour recevoir leurs plaintes afin d’éviter un recours à la violence aux conséquences dommageables ».
NIAMEY ACCUSE PARIS D'AVOIR VIOLÉ SON ESPACE AÉRIEN ET LIBÉRÉ DES TERRORISTES
Le régime militaire du Niger issu d'un coup d'Etat a accusé mercredi la France d'avoir violé la fermeture de l'espace aérien nigérien et "libéré des terroristes", ce qui contitue selon lui "un véritable plan de déstabilisation de notre pays"
Les "forces françaises ont fait décoller" mercredi de N'Djamena, au Tchad, "un avion militaire" à "6H01 locales", indique un communiqué du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) qui a pris le pouvoir au Niger, ajoutant : "Cet aéronef a volontairement coupé tout contact avec le contrôle aérien à l'entrée de notre espace de 6H39 à 11H15 locales". Dans le même communiqué, le CNSP accuse Paris d'avoir "d'une facon unilatérale libéré des terroristes prisonniers", le mot "terroriste" désignant des jihadistes armés. Après leur libération, ces jihadistes ont participé à "une réunion de planification" d'une attaque "de positions militaires dans la zone des trois frontières" entre Niger, Burkina Faso et Mali, dans l'ouest nigérien, ajoute le CNSP.
Sans faire de lien direct avec cette "libération" de jihadistes prisonniers, il annonce dans le même communiqué que, mercredi matin, "la position de la garde nationale de Boukou", dans la zone des trois frontières, "a fait l'objet d'une attaque dont "le bilan n'est pas encore établi". "Nous assistons à un véritable plan de déstabilisation de notre pays", affirme le CNSP, dont le but est de le "discréditer" et de "créer une rupture avec le peuple qui le soutient, de créer un sentiment d'insécurité généralisée". En conséquence, il est demandé aux Forces de défense et de sécurité (FDS) de "relever leur niveau d'alerte sur l'ensemble du territoire" et "au peuple de rester mobilisé et vigilant".
Ces accusations contre l'ancienne puissance coloniale dans la région, particulièrement prise pour cible depuis le coup d'Etat du 26 juillet, surviennent à la veille d'un sommet de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) au Nigeria. Cette organisation, jugée "à la solde" de la France par les militaires ayant pris le pouvoir à Niamey, les a menacés d'une intervention armée en cas d'échec de la diplomatie afin de rétablir dans ses fonctions le président nigérien renversé, Mohamed Bazoum.
FELWINE SARR EN CONVERSATION AVEC MAME PENDA BA
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LES TARES CONGÉNITALES DE L'ÉTAT SÉNÉGALAIS
L'État colonial, bien que violent et tyrannique, a laissé des traces profondes dans le développement de la nation. L'absence de révolution à l'indépendance a conduit à une perpétuation des structures coloniales
Dans cette conversation avec Felwine Sarr, la professeure agrégée des Facultés de droit et de sciences politique, enseignante à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis, Mame Penda Ba, aborde l'histoire de la constitution de l'État du Sénégal, en mettant en lumière l'influence de l'héritage colonial sur sa structure politique. Elle explique que l'État colonial, bien que violent et tyrannique, a laissé des traces profondes dans la manière dont la nation s'est développée.
La directrice du Laboratoire d'Analyse des Sociétés et Pouvoirs et Afrique Diaspora (LASPAD) souligne que les institutions coercitives et idéologiques mises en place durant la colonisation ont maintenu l'infériorité des colonisés et ont perduré au fil des générations, entravant les mouvements de décolonisation.
Penda Ba évoque aussi la question des intentions de certaines figures politiques et des débats concernant les formes de gouvernement à adopter après les indépendances.
Devenu le groupe de Monrovia en mai 1961 - avec des États membres plus hétéroclites -, le groupe de Brazzaville était essentiellement composé d’anciennes colonies françaises au moment de sa naissance, dans la capitale congolaise, en décembre 1960, au milieu d’une Afrique où le soleil des indépendances venait à peine de se lever sur nombre de pays. Selon la juriste haïtienne, Mirlande Hyppolite: « Pour beaucoup d’observateurs, il (le groupe de Brazzaville) demeure l’ensemble des États qui, entre 1960-1962, se sont prononcés en faveur de la France lors de la discussion de l’affaire algérienne, ou qui se sont opposés à la majorité des États africains sur le problème congolais[1].» En choisissant ainsi de se ranger en bloc, et ouvertement du côté de l’oppresseur, du (néo)colon, il fait penser, à bien des égards, à la CEDEAO qui, instrumentalisée ces dernières années par des puissances occidentales, notamment la France, a pris des décisions iniques allant dans le sens de leurs intérêts, au grand dam des peuples du Mali, du Burkina Faso, de la Guinée et actuellement du Niger contre lesquels elles ont été et sont encore appliquées
Il suffit juste de rappeler certains des principaux points du discours inaugural du roi Mohammed V, tenu à Casablanca le 6 janvier 1961, lors de la conférence qui devait donner naissance au groupe – composé du Maroc, du Mali, de la Guinée Conakry, de la Libye de l’Égypte, du Ghana et du GPRA - qui allait porter le nom de cette ville marocaine pour s’apercevoir que l’unité africaine totale, la défense du continent par des forces africaines et la volonté de libération des peuples encore sous le joug du (néo) colonialisme qui animaient ce groupe étaient loin de plusieurs des positions prises par celui de Brazzaville. En voici quelques-uns : lutte contre le néocolonialismesous tous ses aspects et dénonciation de ses nouvelles méthodes de mystification; consolidation et défense de l’indépendance des États africains libérés; édification de l’unité africaine; évacuation de toutes les forces d’occupation en Afrique ; opposition à toute ingérence étrangère dans les affaires africaines; action pour la consolidation de la paix dans le monde[2]. Pendant ce temps, sous la houlette d’Houphouët Bobigny, que Frantz Fanon surnommait le commis-voyageur du colonialisme français[3] - le groupe de Brazzaville votait contre le plan Kennedy lors de la XVe Assemblée générale des nations unies, lequel prévoyait de confier la gestion de la crise algérienne[4] à l’ONU. Lors de la crise congolaise, juste quelque temps après la déclaration d’indépendance du pays, alors que le groupe de Casablanca soutenait le gouvernement lumumbiste du vice-président Antoine Gizenza installé à Stanleyville, celui de Brazzaville supportait le gouvernement du président Kasa-Vubu à Léopoldville (actuel Kinshasa), lequel était appuyé par les puissances (néo)coloniales – France, Belgique et États-Unis -, qui avaient encouragé, voire fomenté la sécession du pays pour préserver, dans un contexte de guerre froide très marquée, leurs intérêts financiers et géostratégiques dans le pays.
En ces temps de tiraillements très tendus entre partisans d’un monde multipolaire et ceux d’une hégémonie occidentale éternelle, la CEDEAO est instrumentalisée par la France, qui l’a poussée à prendre nombre de décisions injustes et illégales pour faire plier des pays qu’elle accuse d’avoir commis un crime de lèse-majesté en voulant se dépêtrer de son emprise pour sortir de sa zone d’influence. Dans le cas du Mali – où les sanctions prises à la suite des 2 coups d’État ont été les plus sévères, certainement pour faire peur aux anciennes colonies françaises de la sous-région qui seraient tentées de lui emboîter le pas - elle a outrepassé ses prérogatives en allant jusqu’à ordonner le gel des avoirs du pays dans les banques centrales et commerciales (de la CEDEAO). Elle avait aussi ordonné la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays membres de la CEDEAO et le Mali et suspendu toutes les aides financières de ses institutions financières. Mais le peuple malien a fait stoïquement face à toutes ces décisions. Des sanctions avaient été aussi prises contre la Guinée Conakry et le Burkina Faso à la suite des coups d’État survenus dans ces 2 pays. Mais elles étaient plus souples que celles infligées au Mali. La nouveauté dans le cas du Niger, après le putsch du 26 juillet dernier, est que, outre la batterie de sanctions habituelles, la CEDEAO, poussée encore et toujours très fortement par la France, qui n’a plus besoin de porter de masque pour agir, a brandi cette fois-ci la menace d’une intervention militaire pour réinstaller le président Bazoum, l’homme de Paris. Après l’expiration ultimatum donné au Niger, tout le monde reste dans l’incertitude totale, même si solution pacifique semble privilégiée pour le moment.
La Nigéria, qui a quasiment la même population que le Niger, partage 1 500 Km de frontière avec ce pays. Pour autant, sous l’influence de Paris, il est très vite allé en besogne en déconnectant rapidement la ligne de haute tension qui transporte l'électricité au Niger. Cette décision est pour le moins ubuesque. Qui eût cru que ce pays, qui avait interrompu ses relations diplomatiques avec la France entre 1961 et 1966, à cause des essais nucléaires que cette dernière menait dans le désert algérien serait capable d’un tel acte pour les beaux yeux de la France. L’histoire regorge hélas d’ironies, et au pays du président Tinubu, ses leçons ne semblent pas être très bien retenues. C’est pourquoi il convient bien de rappeler le rôle que le pays du président Macron a joué dans la guerre du Biafra, qui a causé près d’un million de morts sinon plus selon certaines estimations. Le général de Gaulle disait que : « Le morcèlement du Nigéria est souhaitable et si le Biafra réussit, ce ne sera pas une mauvaise chose[5]. » Ses propos ont été suivis d’actes concrets sur le terrain : « 384 millions de dollars en équipements militaires ont été fournis par Paris…par un pont aérien, qui avait atteint parfois 450 vols par mois[6]. Le soutien était aussi financier : 500 00 livres sterling fournis par la compagnie ELF. L’Hexagone avait choisi de plonger ses mains dans le cambouis juste pour défendre ses intérêts stratégiques en voulant démanteler un grand pays anglophone gênant au milieu d’anciennes colonies francophones encore soumises: « La crise du Nigeria, que l’histoire a situé au cœur de l’ensemble colonial français, ne pouvait pas laisser la France indifférente : quatre États francophones entourent la fédération et l’on trouve d’importantes minorités Yorubas au Dahomey, Haoussas au Niger, Ibos au Cameroun oriental[7]. » D’aucuns disent que l’or noir qui avait été découvert en grande quantité au Biafra faisait aussi partie des visées inavouées. La situation n’est pas différente de ce qui se passe actuellement au Niger. Si la France fait des pieds et des mains et adopte une attitude arrogante et belliqueuse, tout en essayant de pousser la CEDEAO à la guerre, laquelle ne ferait que des victimes africaines, c’est entre autres pour maintenir ses soldats chassés du Mali dans le pays et surtout continuer de bénéficier encore et toujours du prix avantageux qu’elle paie pour acheter l’uranium nigérien. Par conséquent, elle est prête à tout pour faire réinstaller son homme au pouvoir, dût-elle pousser à faire semer le chaos dans la région comme elle l’avait fait en Lybie. Rappeler ces faits historiques n’est pas synonyme pour autant d’absoudre les coups d’État qui profilèrent dans cette zone de l’Afrique. Loin s’en faut. Toutefois, la question que l’on devrait aussi se poser est de savoir pourquoi ces coups d’État sont toujours bien accueillis par les peuples. D’autant que les scènes de liesses auxquelles ils donnent lieu en disent long sur la nature des régimes renversés. De plus, dans beaucoup de pays africains, les populations n’ont pas la possibilité de porter aux sommets des États les personnes de leur choix à travers des élections (transparentes et démocratiques), parce que celles-ci sont souvent soit truquées soit pilotées de l’extérieur ou les deux à la fois.
Pour gagner en crédibilité et pour être plus cohérents avec eux-mêmes, les chefs d’État de la CEDEAO doivent appliquer les mêmes sanctions à tous ses pays membres en cas de coup d’État. Celles mises en œuvre au Mali et au Niger ne devraient pas différer de celles appliquées en Guinée Conakry. Qui plus est, les coups d’État constitutionnels doivent être punis aussi sévèrement que les coups d’État militaires. Ces dirigeants devraient surtout être souverains et responsables, en agissant de leur propre chef et en toute conscience plutôt que d’être les pantins aux mains de puissances occidentales qui les manipulent au gré de leurs intérêts. C’est trop facile d’accuser toujours les autres comme étant la cause de ses échecs et de ses malheurs tout en oubliant de se remettre en question à travers une autocritique sans complaisance.
En définitive, il serait bon de rappeler ces propos de Frantz Fanon, qui avait déjà tiré la sonnette d’alarme à la suite de l’assassinat de Lumumba : « Les Africains devront se souvenir de cette leçon. Si une aide extérieure nous est nécessaire, appelons nos amis. Eux seuls peuvent réellement et totalement nous aider à réaliser nos objectifs, parce que, précisément, l’amitié qui nous lie à eux est une amitié de combat[8]. » Si la France insiste et persiste pour faire intervenir militairement ses laquais de la CEDEAO, c’est pour la défense ses intérêts. L’esclavage, la colonisation, les assassinats ciblés des leaders indépendantistes, les coups d’État soutenus après les indépendances, les ingérences répétées, la guerre au Rwanda, en Lybie et en Côte d’Ivoire prouvent s’il en était besoin que la France est loin d’être l’amie de l’Afrique en général et de ses anciennes colonies en particulier. Pas plus que les Américains – dont les actions sont plus discrètes dans la situation actuelle - et les autres puissances occidentales parce qu’il n’existe pas d’amitiés en matière de relations internationales. Les États sont juste mus par leurs intérêts. Donc, toute personne sensée doit savoir que les intérêts d’un pays étranger ne valent aucune vie africaine a fortiori une guerre fratricide qui causerait plusieurs centaines de victimes et de refugiés. Ils ne valent pas non plus l’éclatement de CEDEAO, qui pourrait se voir quitter par le Mali et le Burkina Faso, s’ils mettaient leurs menaces à exécution en cas de conflit. Les crises au Mali, au Burkina Faso, au Niger et les cafouillages notés au niveau de la CEDEAO montrent encore une fois que nos pays sont unis par une communauté de destins sur le plan sécuritaire et économique, et que tant qu’ils seront désunis, ils resteront les proies faciles des puissances cyniques et sans scrupule. La France est en déclin en Afrique, et la tendance, sauf miracle, est irréversible. Et l’histoire a enseigné que les puissances et les classes dominantes en déclin peuvent être très dangereuses. Ayant compris cela, Aimé Césaire, dans le Discours sur le colonialisme, nous avait déjà mis en garde : « C'est une loi implacable que toute classe décadente se voit transformée en réceptacle où affluent toutes les eaux sales de l'histoire; que c'est une loi universelle que toute classe, avant de disparaître, doit préalablement se déshonorer complètement, omnilatéralement et que c'est la tête enfouie sous le fumier que les sociétés moribondes poussent leur chant de cygne[9]."
[1] Mirlande Hyppolite, citée pat Saïd Bouamama, Pour un panafricanisme révolutionnaire, pistes pour une espérance politique, continentale, p. 152
[2] Manuel stratégique de l’Afrique, Saïd Bouamama, tome 2 p.127
[3] Pour la révolution africaine, Frantz Fanon, p.135
[4] « Big brother » ou la géopolitique africaine d’Houphouët Boigny, tiré de L’empire qui ne veut pas mourir ’(œuvre collecte sous la direction de Thomas Borrel, Amzat Boukari-Yabara, Benoit Collombat, Thomas Deltombe), p. 303
[5] Foccart Parle, entretiens avec Philippe Gaillard 1, p. 342.
[7] Pour un panafricanisme révolutionnaire, pistes pour une expérience politique continentale, tiré de la rue française Défense nationale, cité par Saïd Bouamama, p.136
[8] Pour la révolution africaine, Frantz Fanon, p.217
[9] Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme, p.54
par Ibrahima Silla
NI DAMNÉS DE LA TERRE, NI CONDAMNÉS DU CIEL
Les boulevards de l’émancipation sont ouverts à nos pays qui semblent refuser de les emprunter du fait de la plupart de ses dirigeants qui, par la mal-présidence, maintiennent notre continent si riche dans la précarité, la vulnérabilité
Les « damnés de la terre » ne seraient-ils en fin de compte que les « condamnés du ciel » ? Au rythme où s’estompent terriblement en Afrique nos élans vers le progrès et la prospérité, la paix et la sécurité, la stabilité et l’espoir du fait de la mal-présidence, tout semble devoir nous inciter à la tentation d’adhérer à un tel fatalisme. Une triste et révoltante observation assidue de la politique en Afrique ne devrait pourtant pas nous conduire à cautionner cet imaginaire d’une fatalité destinale macabre et irréversible. Cette présomption fataliste est à déconstruire ; tout autant que les gouvernements néocoloniaux transformés, en fonction des objectifs occidentaux ou orientaux d’exploitation de l’Afrique, en « mercenaires » et artisans maudits de leur propre misère, déstabilisation et destruction politique.
Laissez Dieu tranquille ! Il n’y est pour rien dans cet entêtement conflictuel, contreproductif et suicidaire qui voit aujourd’hui le pire prendre une dimension régionale voire continentale du fait d’une mauvaise lecture de la géopolitique mondiale. Ni le ciel ni la terre ne sont en cause dans cette « cartographie du tragique », mais bien les hommes qui se prennent pour des institutions, sans être à la hauteur de celles-ci qu’ils sont censés incarner, conformément aux principes républicains et idéaux démocratiques constitutionnellement établis. C’est une évidence : de mauvais chefs, c’est tout ce qu’il faut pour rendre un continent malheureux. De mauvais citoyens aussi, après tout ; car leur tolérance, leur indifférence et leur allégeance face au nuisible balisent la voie à ce qui semble ressembler à une « misère à perpétuité ». Heureusement que certains civils ou militaires continuent à revendiquer et manifester leur droit et leur devoir de résistance.
L’Afrique n’est ni damnée ni condamnée à subir une fatalité irrévocable et irréversible l’enfermant dans un destin ou une spirale du pire multirécidiviste à perpétuité. Les hommes, les femmes et les jeunes qui la peuplent sont fatigués d’être fatigués. Le risque d’embraser le continent, de sacrifier sa jeunesse, d’hypothéquer une fois de plus son avenir est immense. Mais on a l’impression que certains de ces « squatters obstinés du pouvoir » cherchent à placer leur pays dans une situation de guerre, ce qui leur permettrait d’invoquer une « situation d’exception » non propice à la tenue de toute élection présidentielle.
Vouloir faire du Niger « l’agneau du sacrifice » n’est ni politiquement raisonnable ni tactiquement intelligent. Ce n’est pas en cherchant à déstabiliser le Niger, le Mali, le Burkina Faso et la Guinée qu’on obtiendra la paix, la sécurité, le progrès et la prospérité en Afrique de l’Ouest. Aucun îlot de paix, de sécurité et de stabilité ne pourrait voir le jour dans cet océan de désordre qui inondera l’Ouest du continent d’abord, avant de s’étendre partout ailleurs. Le réalisme conduit souvent à la realpolitik et donc vers le pire qui cautionne l’idée chère à Vattel qui disait : « Un canon bien chargé est beaucoup plus efficace qu’un document de droit ». Il a tort. La diplomatie est bien souvent l’oxygène qui permet de donner un nouveau souffle à la négociation et à la construction de la paix.
Les Européens comme les Américains, parfaitement conscients de l’impact que pourrait avoir pour la paix et la sécurité mondiales une attaque contre la Russie, en dépit de ce qu’ils qualifient comme une « violation du droit international » de sa part, à partir d’une « agression contre un État souverain », ont fait preuve, malgré tout, d’une retenue salvatrice pour toute l’humanité au regard du nucléaire en jeu. A l’inverse, en Afrique, certains chefs d’État, prenant non seulement le contrepied de la grande majorité de leur opinion publique nationale hostile à toute manipulation de l’Occident, mais surtout défiant toute raison géopolitique et toute rationalité géostratégique, entendent mener une guerre contre le Niger et par conséquent ses alliés africains soutenus, par ailleurs, par une Russie qui envisage ni plus ni moins de « briser l’occident via l’Afrique ». Ces « mercenaires serviles » du chaos contre eux-mêmes ne semblent pas avoir beaucoup réfléchi sur la « géopolitique des vulnérabilités ». La géopolitique ce n’est pas une affaire de virilité militaire ou de caprice présidentiel, mais bien une question de stratégie subtile portée par une finesse d’esprit savamment élaborée par une expertise avérée qui permet de voir juste et loin.
Libres de tout esclavagisme involontaire et de toute soumission coloniale imposée, les boulevards de l’émancipation sont en réalité ouverts à nos pays qui semblent refuser de les emprunter, non pas du fait des peuples résolus de ne plus servir et d’être asservis contre leur volonté, mais exclusivement du fait de la plupart de ses dirigeants qui, par la mal-présidence dans laquelle ils excellent, maintiennent notre continent si riche en potentialités dans la précarité, la misère, l’insécurité et la vulnérabilité. Mesurent-ils ce qu’ils envisagent de faire au Niger, oubliant ce qu’ils devraient commencer à entreprendre dans leurs pays respectifs dans les domaines politiques, démocratiques, juridiques, économiques, culturels, médiatiques, écologiques, humains… ces immenses chantiers post-matérialistes qui devraient les préoccuper plus que tout, au regard des profondes blessures du continent dont ils sont souvent les indignes maîtres d’œuvre ?
Le temps de l’Afrique sans cesse annoncée semble être coincé dans un contretemps macabre conduisant certains de ces chefs d’État à s’inscrire dans ce que j’avais appelé la « diplomatie du ventre » publié dans un autre article intitulé « la diplomatie de l’indignation n’effacera pas la politique de l’humiliation » (janvier 2018) les conduisant à aller quémander une rencontre et une photo officielle avec l’ancien président américain Donald Trump qui venait de les traiter de « pays de merde ». Aujourd’hui, ils cherchent à pratiquer la « géopolitique du mandat », quitte à replonger une fois de plus le continent dans une instabilité dévastatrice sans issue – pour ne pas dire dans la merde – à la merci des « à-lier d’Occident » et des « aliénés d’Orient ». Il faut savoir être son propre allié. Y arriveront-ils un jour ?