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21 juin 2025
WASHINGTON ATTRISTÉ PAR LES VIOLENCES, APPELLE AU CALME
"Nous exhortons toutes les parties à exprimer leurs vues de manière pacifique", a déclaré dans un communiqué Matthew Miller, porte-parole du département d'Etat américain
Les Etats-Unis se sont dits samedi "préoccupés et attristés" par les violences qui secouent le Sénégal depuis jeudi et ont appelé à un retour au calme.
"Nous exhortons toutes les parties à exprimer leurs vues de manière pacifique", a déclaré dans un communiqué Matthew Miller, porte-parole du département d'Etat américain.
« Le solide bilan du Sénégal en matière de gouvernance démocratique, d'état de droit et de coexistence pacifique est quelque chose dont le peuple sénégalais peut être fier à juste titre. Nous exhortons toutes les parties à exprimer leurs points de vue de manière pacifique », a écrit Mr. Miller dans ce communiqué rendu public samedi, présentant aussi ses condoléances « aux familles et amis des personnes décédées. »
Le Sénégal reste samedi sous tension au lendemain d'affrontements qui ont fait six nouveaux morts, portant à 15 le nombre de décès depuis jeudi et la condamnation à deux ans de prison ferme de l'opposant Ousmane Sonko.
"On a enregistré dans la journée du 2 juin six décès, dont quatre dans la région de Dakar et deux dans la région de Ziguinchor", a indiqué à l'AFP le porte-parole du ministre de l'Intérieur.
Des heurts ont opposé vendredi soir de petits groupes de jeunes manifestants très mobiles aux forces de l'ordre à Dakar, dans la banlieue de la capitale et dans le sud du pays. Aucun incident n'avait été signalé par le ministère de l'Intérieur samedi en début d'après-midi.
De nombreux biens publics et privés ont été saccagés, notamment des banques et des magasins Auchan dans la banlieue de Dakar. Des pneus brulés et cailloux jonchaient la chaussée de plusieurs rues samedi matin.
Plusieurs réseaux sociaux, comme Facebook, WhatsApp ou Twitter, sont coupés, une mesure du gouvernement pour faire cesser selon lui "la diffusion de messages haineux et subversifs".
L'armée s'est déployée, comme la veille, autour de points stratégiques. Policiers et gendarmes sont également présents en grand nombre dans la capitale.
LE DIALOGUE NATIONAL AU POINT MORT
Les termes de références attendus par le chef de l'État ce week-end, ne sont toujours pas connus
Lancé, ce mercredi 31 mai, dans la salle des banquets du Palais de République, le dialogue national semble être au point mort. Lors de son discours de clôture de la cérémonie de lancement, le chef de l’Etat, Macky Sall, avait clairement déclaré que les termes de références devraient être définis, au plus tard le week-end. Mais, d’après des informations reçues, aucune nouvelle rencontre dans ce sens n’est tenue. La raison : les violents affrontements survenus, depuis jeudi, à Dakar, Ziguinchor et dans plusieurs autres localités du pays. Des manifestations qui ont causé pas moins de 15 morts, à la suite de la condamnation à 2 ans de prison ferme de Ousmane Sonko par la Chambre criminelle dans l’affaire « Sweet beauté ».
« Sincèrement, je ne peux rien vous confirmer concernant ce dialogue. Peut-être que les discussions se poursuivent, mais la situation est telle qu’il faut d’abord chercher à faire baisser la tension avant de se pencher sur autre chose », a lâché un responsable de « Taxawu Sénégal », dont le leader, Khalifa Sall, a pris part à ces concertations.
De son côté, Déthié Faye, président du Pôle des non-alignés, a indiqué qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Selon lui, il était convenu de réunir les questions des uns et des autres pour ensuite définir les termes de références. « Avec les manifestations, il est évident que le démarrage pourrait connaître un retard, parce qu’il faut bien que les gens travaillent à faire revenir le calme et la sérénité », a-t-il souligné. M. Faye de rappeler que « le jour du lancement, le résident avait dit qu’il faudrait que le travail soit terminé au plus tard fin juin. Mais, ce n’est pas officiel, parce qu’aucun texte n’est signé dans ce sens ».
Moustapha Niasse, a été désigné par Macky Sall pour présider ce dialogue, en sa qualité de Haut représentant du président de la République. Aussi, faut-il le rappeler, les partis et autres organisations devraient choisir leurs représentants dans les différentes commissions.
LES APPELS À MANIFESTER SE POURSUIVENT MALGRÉ LA COUPURE PARTIELLE D'INTERNET
La suspension temporaire de l’usage des applications digitales est renouvelée toutes les 24 heures « selon l’évolution de la situation. Manifestants et internautes parviennent toutefois à contourner le blocage
Jeune Afrique |
Marième Soumaré |
Publication 03/06/2023
Un jeune homme désarmé, violemment frappé par les forces de l’ordre. Un manifestant maintenu de force devant les boucliers des gendarmes, alors que fusent les jets de pierres. Et des photos de jeunes que leurs proches annoncent morts, asphyxiés par les gaz lacrymogènes ou tombés sous les balles.
Ces images, l’État sénégalais aurait-il préféré qu’elles ne soient pas diffusées ? Depuis jeudi 1er juin au soir, jour où l’opposant Ousmane Sonko a été condamné à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse », l’accès aux principales applications de messagerie et aux réseaux sociaux est restreint dans le pays. Les internautes sénégalais peuvent néanmoins utiliser des réseaux privés virtuels, ou VPN, pour contourner ces interdictions, et ils ne s’en privent pas.
WhatsApp, Facebook, Twitter…
L’observateur mondial d’internet Netblocks a confirmé le blocage de l’accès à certaines plateformes, comme WhatsApp, Twitter, Facebook ou Instagram. « Des données de réseaux en temps réels montrent ces restrictions en vigueur chez le principal fournisseur mobile Orange (Sonatel), avec un effet sur l’opérateur Free (Tigo) », a précisé Netblocks, qui s’est basé sur un échantillon de 120 postes d’observation à travers le pays.
« ‘L’État du Sénégal a décidé en toute souveraineté de suspendre temporairement l’usage de certaines applications digitales par lesquelles se font des appels à la violence et à la haine », a justifié le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, dans la nuit de jeudi à vendredi. Cette suspension temporaire est renouvelée toutes les 24 heures « selon l’évolution de la situation », explique le ministre de la Communication, Moussa Bocar Thiam.
« Les opérateurs ont l’obligation de suivre les réquisitions de l’autorité en vertu de leur cahier des charges, lorsque la sécurité et la défense nationale l’exigent », précise Moussa Bocar Thiam. Cette réquisition s’adresse « à tous les opérateurs », c’est-à-dire Orange, Tigo et Expresso. Le signal de la chaîne privée Walf a également été coupé jeudi « pour empêcher la diffusion d’images et de messages faisant appel à la révolte populaire », a fait savoir le gouvernement.
"Les jeunes se révoltent parce qu'ils veulent un changement. Les temps sont durs. Il n'y pas de travail et la vie coûte chère". "Les morts et les biens détruits, mais on pouvait l'éviter si (Macky Sall ne nous l'avait pas imposé en condamnant Sonko"
Omar Diop, 20 ans, n'a pas participé aux manifestations qui ont fait neuf morts jeudi au Sénégal après la condamnation d'Ousmane Sonko. Mais il dit comprendre les jeunes protestataires "en colère contre la vie difficile et le sort injuste" fait à l'opposant.
"C'est dur ce qui s'est passé, les morts et les biens détruits, mais on pouvait l'éviter si (le président) Macky Sall ne nous l'avait pas imposé en condamnant Sonko", affirme-t-il, sur sa moto près du nouveau pont de Cambérène, dans la banlieue de Dakar.
Ils sont nombreux au Sénégal à croire M. Sonko, troisième de la présidentielle en 2019 et candidat à celle de 2024, quand il dit que les poursuites engagées contre lui pour viols contre une employée d'un salon de beauté où il se fait masser sont un complot du pouvoir pour l'éliminer.
Ils sont nombreux aussi dans la jeunesse et dans ces quartiers populaires de Dakar à placer en lui leur espoir de changement dans un contexte économique difficile.
Beaucoup se sont sentis confortés dans leur soupçon de coup monté contre leur champion par la condamnation de M. Sonko jeudi: pendant deux ans ils avaient entendu qu'il était suspect de viols et voilà que le tribunal requalifiait les faits et le condamnait à deux ans ferme pour avoir poussé une jeune femme à la débauche.
Omar Diop compatit avec un homme dans l'épreuve selon lui: "On l'accusait de viols puis on le condamne pour autre chose. C'est injuste".
"Les jeunes aussi souffrent au Sénégal. Je suis conducteur de moto parce que je n'ai pas autre chose à faire", dit-il.Il a arrêté l'école en CM2.
La condamnation de M. Sonko, si elle est maintenue, le rend inéligible.Une injustice pour beaucoup de jeunes qui ont décidé d'en découdre jeudi.
Le président Sall "veut torpiller leur espoir pour une vie meilleure au Sénégal", affirme Aliou Faye, 25 ans.
Il habite Rufisque, près de Dakar, où la chaussée porte les stigmates des violences: traces de feu, pierres, magasins fermés tout autour, près de la gare du nouveau train rapide desservant la capitale et sa banlieue.
La ligne, un des grands projets du plan du président pour mettre le Sénégal sur la voie du développement, est suspendue depuis jeudi.
- Promesse de malheur -
"Les jeunes se révoltent parce qu'ils veulent un changement.Les temps sont durs. Il n'y pas de travail, pas d'argent et la vie coûte chère. Mais je n'ai pas participé aux manifestations. J'attends les urnes pour choisir un candidat", dit un autre jeune, Demba Faye, 25 ans.
La moitié de la population du Sénégal est âgée de moins de 18 ans, un pays jeune de plus de 18 millions d'habitants, selon des statistiques officielles.
"Même trouver un stage à la fin de ses études est difficile", dit Aida Camara une jeune formée en marketing, en quête de travail.
"Il y a chaque année au Sénégal 300.000 nouveaux demandeurs d'emploi, des jeunes, mais le marché n'en absorbe que 26.000 et c'est surtout dans le privé", explique Tamba Danfakha, un accompagnateur de projets.
Le président Sall a lancé plusieurs projets pour l'insertion des jeunes.Des milliers d'entre eux ont trouvé du travail dans la fonction publique ou par l'entreprenariat privé financé par l'Etat, selon les autorités.
Le président Sall fait aussi miroiter la promesse de l'exploitation, annoncée à partir de fin 2023, des nouvelles ressources en pétrole et en gaz du Sénégal.
M. Sonko affirme que l'Etat a bradé les richesses du Sénégal aux compagnies étrangères en signant les contrats.
Le long de l'autoroute menant aux Parcelles assainies, une autre zone de banlieue, des jeunes allument des feux près des installations du futur Bus Rapid Transit (BRT), un bus en site propre censé aider à décongestionner la capitale, autre grand chantier de la présidence Sall.Des installations du BRT ont été saccagées ces derniers jours sans jamais avoir été mises en service.
Aux Parcelles, des jeunes désignent un porte-parole pour parler à la presse et acquiescent d'un murmure ou d'un hochement de tête quand il dit, sous le couvert de l'anonymat : "Le malheur va s'abattre sur ce pays le jour où Sonko sera mis en prison. Nous n'allons pas l'accepter".
LA GAUCHE FRANÇAISE ACCABLE MACKY SALL
Le groupe parlementaire de la France Insoumise - NUPES condamne la décision de justice prise contre Ousmane Sonko, ainsi que la répression qui a suivi les manifestations de la jeunesse sénégalaise. La France à réagir à la situation
Le groupe parlementaire de la France Insoumise - NUPES a publié un communiqué vendredi 2 juin 2023 concernant les violences qui ont lieu au Sénégal, suite à la condamnation d'Ousmane Sonko, principal opposant au président sénégalais Macky Sall, à deux ans de prison ferme pour "corruption de la jeunesse". Cette décision de justice a été prise après des mois de procédures contre Sonko, qui avait initialement été accusé de viol.
Le communiqué exprime des condoléances aux victimes et à leurs proches, ainsi qu'au peuple sénégalais dans son ensemble. Il condamne la décision de justice considére comme une manœuvre politique pour empêcher Sonko de se présenter à l'élection présidentielle de 2024, à laquelle le président Macky Sall souhaite se représenter en dépit de l'interdiction de faire plus de deux mandats inscrite dans la Constitution sénégalaise.
Le groupe parlementaire de la France Insoumise - NUPES a appelé le pouvoir sénégalais à la désescalade de la situation, en soulignant le risque de fracture dans un pays jusqu'à présent considéré comme un modèle démocratique dans la région. Ils ont également appelé la France à réagir à cette situation, sans esprit d'ingérence, pour éviter de cautionner la confiscation de la démocratie que déplore la majorité des Sénégalais.
Le pouvoir sénégalais est appelé à garantir le choix du peuple sénégalais dans les urnes, sans quoi le futur de la relation entre la France et le Sénégal pourrait être hypothéqué. Le groupe parlementaire de la France Insoumise - NUPES observe la situation avec inquiétude et appelle à la fin des violences.
Le communiqué souligne également que la jeunesse sénégalaise a été dans la rue pour protester contre la décision de justice, et que le pouvoir a réagi en réprimant les manifestants. Le groupe parlementaire de la France Insoumise - NUPES exprime sa solidarité envers la jeunesse sénégalaise et appelle le pouvoir à respecter leur droit de manifester pacifiquement.
SENJEUNES TV N'EST PAS EPARGNE
Les pillages qu'une bonne partie de la banlieue dakaroise a connus n'ont pas épargné nos confrères de Senjeunes Tv. Selon le chargé de communication de ce média logé dans la banlieue, le passage des jeunes leur a coûté bien cher.
Les pillages qu'une bonne partie de la banlieue dakaroise a connus n'ont pas épargné nos confrères de Senjeunes Tv. Selon le chargé de communication de ce média logé dans la banlieue, le passage des jeunes leur a valu la perte de leurs matériels et leurs locaux ont été saccagés par les visiteurs. D'après Souleymane Kane, ils ont perdu plus de huit ordinateurs, des imprimantes, etc. L'estimation des pertes faites par huissier, selon lui, tourne autour de 23 millions F CFA.
"Nous avons été victimes de dégâts collatéraux. Après avoir pillé la Banque islamique du rond-point Dominique, ils sont montés dans nos locaux pour détruire tout et emporter nos matériels. Nous sommes un organe de presse qui travaille sur trois axes que sont le leadership des jeunes, la santé des jeunes et l’entrepreneuriat et l'employabilité des jeunes. Plus de 50 jeunes travaillent ici’’, indique M. Kane.
15 MORTS ENREGISTRÉS DEPUIS JEUDI
Selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur, "le 2 juin, six décès ont été enregistrés, dont quatre dans la région de Dakar et deux dans la région de Ziguinchor". La situation reste tendue
Le Sénégal reste sous tension, avec de nouveaux affrontements ayant entraîné la mort de six personnes supplémentaires, portant le bilan total à 15 décès depuis jeudi, suite à la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme.
Selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur, "le 2 juin, six décès ont été enregistrés, dont quatre dans la région de Dakar et deux dans la région de Ziguinchor". Vendredi soir, de petits groupes de jeunes manifestants se sont affrontés avec les forces de l'ordre à Dakar, en banlieue de la capitale et dans le sud du pays. Aucun incident n'a été signalé par le ministère de l'Intérieur samedi après-midi.
Des biens publics et privés ont été vandalisés, notamment des banques et des magasins Auchan dans la banlieue de Dakar. Des pneus brûlés et des cailloux jonchaient les rues samedi matin.
Dans le but de mettre fin à "la diffusion de messages haineux et subversifs", le gouvernement a pris des mesures pour couper l'accès à plusieurs réseaux sociaux, tels que Facebook, WhatsApp ou Twitter.
L'armée a été déployée autour de points stratégiques, tout comme la veille. La présence policière et des gendarmes est également renforcée dans la capitale. La situation reste tendue.
PAR Momar Dieng
MACKY SALL, ÉCHEC ET IMPASSE
Le chef de l’Etat, actionnaire majoritaire de la tragédie sénégalaise qui s’offre en spectacle au monde, en porte une énorme part de responsabilité en remettant en cause lui-même son impossible candidature à l’élection présidentielle de 2024
Innocenté par le tribunal criminel qui le jugeait (en son absence) des accusations de viols et menaces de mort proférées par une mythomane grassement entretenue par des forces occultes, Ousmane Sonko est sorti grandi de ce qui aura été jusqu’ici l’épreuve majeure de sa jeune carrière politique. Le verdict des juges en sa faveur – mis à part le subterfuge politicien utilisé en dernière instance pour sauver la face à certains – lave publiquement son honneur et celui de sa famille au terme d’une campagne de dénigrement sertie autour d’une violence inouïe qui attendra longtemps avant de trouver un équivalent dans l’histoire des adversités politiques sénégalaises.
La désormais sanglante journée du 1er juin 2023 a fait son entrée fracassante au panthéon des grandes dates de la violence politique au Sénégal. Le président Macky Sall s’en souviendra longtemps encore après avoir promis, au lendemain des événements meurtriers de mars 2021, que « cela ne se reproduira plus jamais. » L’histoire a bégayé ! Et c’est pour lui rappeler que la gouvernance d’un pays ne se fait jamais durablement contre ses populations, contre leurs aspirations, contre les principes fondamentaux de justice, d’équité, de bons sens. L’arrogance, la volonté de puissance, le mépris, l’intolérance, l’illusion de l’invincibilité, voilà des mauvaises conseillères qui ont de tout temps et en tout lieu corrompu les capacités de jugements des ‘’princes’’.
« Force restera à la loi », ânonnent à longueur de journée des bataillons de politiciens sans vergogne et dont l’utilité publique n’est pas toujours à la hauteur des prébendes qui les font vivre au crochet généreux du bien public. Ils parlent de « la loi » transformée en un grotesque instrument judiciaire de liquidation d’adversaires politiques. Ils parlent de « la loi » qui discrimine les citoyens selon qu’ils appartiennent à une chapelle X ou Y. Ils parlent de « la loi » qui ferme les yeux sur les appels publics à la violence et au meurtre suivant qu’ils sont proférés par certains et pas par d’autres.
Ce sont toutes ces entraves à un fonctionnement normal de la justice dans notre pays qui indignent et exaspèrent les Sénégalais dans leur chair, la persécution d’Etat contre Ousmane Sonko n’en étant que le reflet grandeur nature. C’est cela l’échec majeur du Macky Sall président de la République après la version Bêta qui nous avait vendu des nouilles pour accéder à la magistrature suprême. Il nous a eus, et dans l’ordre !
Le chef de l’Etat Macky Sall, actionnaire majoritaire de la tragédie sénégalaise qui s’offre en spectacle au monde, en porte une énorme part de responsabilité en remettant en cause lui-même son impossible candidature à l’élection présidentielle de février 2024. C’est cela la pierre angulaire de ce chaos ambiant qui nous menace tous. A la gravité de son serment constitutionnel et de ses engagements personnels, il a osé opposer en dernière instance des considérations du juge constitutionnel et des « circonstances politiques » contraignantes pour lui. Cette posture de reniement rampant apparait comme le soubassement des dérives autoritaires mises en œuvre par des organes sécuritaires qui ne semblent plus avoir de limites légales. Leurs pratiques ont radicalement changé le visage de la démocratie sénégalaise et la valeur du principe de liberté dans l’espace public. Nous ne sommes pas loin d’un régime d’exception inédit pour notre pays.
En être là en 2023, à devoir tenir des statistiques autour de toutes ces vies (jeunes) fauchées parce que certains ont décidé de privatiser la justice, à assister à la destruction de biens publics et privés et d’infrastructures nationales coûteuses. En être là en 2023, à devoir enchaîner des jours entiers d’improductivité économique pour un pays quasiment sous tutelle de Bretton Woods. En être là en 2023, à devoir subir des perturbations scolaires et universitaires dans un système souffrant déjà de graves lacunes. En être là en 2023, douze ans après les déflagrations ayant accompagné la fin de pouvoir d’Abdoulaye Wade, à batailler encore sur le nombre de mandat. En être là en 2023 n’est signifiant que d’une réalité : impasse et échec.
Les événements sanglants du 1er juin 2023 n’honorent pas le Sénégal, certes, mais il est encore temps de renouer avec notre culture démocratique, seul garant de notre survie collective. Cela passe par un retour à une sorte d’état de nature où tout roulerait comme sur des roulettes. Cela donnerait un Président raisonnable qui doit se convaincre définitivement que son magistère n’ira pas plus loin que février 2024 conformément à la Constitution qu’il a fait voter. Des opposants raisonnables dont les ambitions ne sauraient être contradictoires à l’intérêt général. Une justice raisonnable qui exerce ses pouvoirs en liberté et indépendance, à l’ombre du peuple souverain.
SITUATION POLITIQUE, LES EVEQUES PREOCCUPES
Les Evêques du Sénégal ont clôturé hier leur deuxième Session Ordinaire de l'Année Pastorale 2022-2023, tenue du 29 mai au 02 juin 2023 au Foyer de Charité du Cap des Biches. Les hommes d’église se disent très préoccupés par le climat social et politique
Les Evêques du Sénégal ont clôturé hier leur deuxième Session Ordinaire de l'Année Pastorale 2022-2023, tenue du 29 mai au 02 juin 2023 au Foyer de Charité du Cap des Biches. Les hommes d’église se disent très préoccupés par le climat social et politique qui prévaut actuellement dans notre pays.
La célébration de la 135ème édition du Pèlerinage de Popenguine a eu pour thème : "Comment m'est-il donné que vienne jusqu'à moi la mère de mon Seigneur ?" (Lc 1, 43). Lors des échanges, les hommes religieux ont exprimé leurs préoccupations sur la situation actuelle du pays. "Les Évêques sont très préoccupés par le climat social et politique qui prévaut actuellement dans notre pays, plus particulièrement avec les événements que nous vivons depuis hier. Ils déplorent les nombreuses victimes humaines ainsi que tous les actes de destruction des biens publics et privés, dans un climat de peur et d'insécurité", lit-on dans un communiqué parvenu à "EnQuête".
Dans le même ordre d’idées, rapporte la note, ils alertent tous les concitoyens sur les dangers de la division et de la violence. Et rappellent également à tous le devoir de construire et de développer notre pays, ensemble, dans la paix, la loyauté et le respect mutuel. C’est pourquoi, ils en appellent "à la raison, à la retenue et à la responsabilité. Les Evêques disent 'non à la violence ! Oui à la Paix' pour le présent et l'avenir de notre Nation.
Ainsi, ‘’ils invitent tous les acteurs de la politique, du social, de l'économie, ainsi que les guides religieux, à mettre en avant l'intérêt général, à promouvoir la justice, la vérité, la paix et l'équité sociale, dans leurs propos comme dans leurs actes". Car, poursuivent-ils, la Constitution de notre Pays garantit à tous la liberté d'expression. C'est pourquoi, ils rappellent toutefois le devoir d'une prise de parole vraie, respectueuse, responsable et constructive.
"Aux jeunes de notre Pays, forces vives de notre Nation, les Evêques adressent un message d'espoir, pour qu'ils ne cèdent pas au désespoir, ni à la manipulation, au point de brûler, saccager et détruire les biens appartenant à autrui et à la communauté. Ils les invitent, ainsi que tous les concitoyens, à un retour aux valeurs, notamment au respect de la vie humaine, à la promotion du bien commun et de la paix", poursuit le document.
D'ailleurs, les Evêques convient tous leurs concitoyens au respect des Lois et Règlements, et des Institutions de la République qui garantissent notre vivre ensemble. Ils disent aussi constater que le climat préélectoral actuel alimente de vives tensions et différentes controverses dans notre pays. C'est la raison pour laquelle, "ils invitent tous les responsables politiques et leurs militants à privilégier le bien supérieur de notre Nation par rapport à des intérêts partisans ou à des ambitions personnelles".
Par ailleurs, à la fin de leur Session, les Évêques ont prié pour un bon hivernage, avec des pluies bienfaisantes et de bonnes récoltes. Ils ont également exhorté au travail de la terre et invitent les autorités étatiques à une bonne préparation de la campagne agricole, en vue de travailler à l'autosuffisance alimentaire. En outre, ils invitent tous les concitoyens à profiter de la saison des pluies pour planter des arbres, afin de lutter contre la désertification et de protéger notre environnement.
Par la même occasion, les Evêques ont remercié le Chef de l'État pour le soutien apporté à la réussite du Pèlerinage. Ils lui renouvellent leur profonde gratitude pour les travaux du nouveau Sanctuaire marial de Popenguine et ceux des Sanctuaires diocésains, dans le cadre du Programme Spécial Présidentiel de Modernisation des Sites et Cités religieux.
LE CRI DU COEUR DU MÉDIATEUR DE LA RÉPUBLIQUE
Le médiateur de la République s’exprime pour la première fois depuis le début des heurts, qui ont fait onze (11) morts au Sénégal après la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko pour « corruption de la jeunesse » jeudi dernier, 1er juin.
Le médiateur de la République s’exprime pour la première fois depuis le début des heurts, qui ont fait onze (11) morts au Sénégal après la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko pour « corruption de la jeunesse » jeudi dernier, 1er juin. Demba Kandji appelle au calme, à la retenue et au respect de l’Etat de droit. Il est joint par iRadio.
« On vit des moments difficiles. Je voudrais attirer en ma qualité de médiateur de la République l’attention de tous sur le fait que la décision qui est critiquée et commentée, à ma connaissance, n’est pas encore disponible. Jusqu’à l’heure où nous parlons aucune des parties qui parlent n’en a lu les motifs. Il n’y a que les motifs du juge pour nous conduire à la conclusion que c’est dans un sens qu’il faut s’orienter en termes de compréhension ou dans un autre. Je voudrais vraiment que nos compatriotes se ressaisissent. Ce pays est notre pays. Nous ne le quitterons jamais. C’est une arène dans laquelle nous entrons pour combattre mais dont nous sortirons les pieds devant. Il n’y a que la mort pour nous séparer de cette belle terre du Sénégal. Je pense que tout le monde devrait savoir que les biens des gens que l’on casse, les privés et publics, sont les biens du Sénégal. Il faut que les gens sachent raison garder. Il faut que les gens reviennent à la raison. Tout le monde veut la justice pour soi rarement pour les autres. Ce n’est pas le moment de se livrer à du brigandage jusque parce que simplement on a entendu parler d’un dispositif de jugement. L’Eat de droit constitue notre berceau. Il n’y a que dans l’Etat de droit qu’il y a la justice. Il faut que cette justice soit là pour réguler nos rapports. Autrement, on va être des hordes de pilleurs et de casseurs ».