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21 juin 2025
SITUATION POLITIQUE, LES EVEQUES PREOCCUPES
Les Evêques du Sénégal ont clôturé hier leur deuxième Session Ordinaire de l'Année Pastorale 2022-2023, tenue du 29 mai au 02 juin 2023 au Foyer de Charité du Cap des Biches. Les hommes d’église se disent très préoccupés par le climat social et politique
Les Evêques du Sénégal ont clôturé hier leur deuxième Session Ordinaire de l'Année Pastorale 2022-2023, tenue du 29 mai au 02 juin 2023 au Foyer de Charité du Cap des Biches. Les hommes d’église se disent très préoccupés par le climat social et politique qui prévaut actuellement dans notre pays.
La célébration de la 135ème édition du Pèlerinage de Popenguine a eu pour thème : "Comment m'est-il donné que vienne jusqu'à moi la mère de mon Seigneur ?" (Lc 1, 43). Lors des échanges, les hommes religieux ont exprimé leurs préoccupations sur la situation actuelle du pays. "Les Évêques sont très préoccupés par le climat social et politique qui prévaut actuellement dans notre pays, plus particulièrement avec les événements que nous vivons depuis hier. Ils déplorent les nombreuses victimes humaines ainsi que tous les actes de destruction des biens publics et privés, dans un climat de peur et d'insécurité", lit-on dans un communiqué parvenu à "EnQuête".
Dans le même ordre d’idées, rapporte la note, ils alertent tous les concitoyens sur les dangers de la division et de la violence. Et rappellent également à tous le devoir de construire et de développer notre pays, ensemble, dans la paix, la loyauté et le respect mutuel. C’est pourquoi, ils en appellent "à la raison, à la retenue et à la responsabilité. Les Evêques disent 'non à la violence ! Oui à la Paix' pour le présent et l'avenir de notre Nation.
Ainsi, ‘’ils invitent tous les acteurs de la politique, du social, de l'économie, ainsi que les guides religieux, à mettre en avant l'intérêt général, à promouvoir la justice, la vérité, la paix et l'équité sociale, dans leurs propos comme dans leurs actes". Car, poursuivent-ils, la Constitution de notre Pays garantit à tous la liberté d'expression. C'est pourquoi, ils rappellent toutefois le devoir d'une prise de parole vraie, respectueuse, responsable et constructive.
"Aux jeunes de notre Pays, forces vives de notre Nation, les Evêques adressent un message d'espoir, pour qu'ils ne cèdent pas au désespoir, ni à la manipulation, au point de brûler, saccager et détruire les biens appartenant à autrui et à la communauté. Ils les invitent, ainsi que tous les concitoyens, à un retour aux valeurs, notamment au respect de la vie humaine, à la promotion du bien commun et de la paix", poursuit le document.
D'ailleurs, les Evêques convient tous leurs concitoyens au respect des Lois et Règlements, et des Institutions de la République qui garantissent notre vivre ensemble. Ils disent aussi constater que le climat préélectoral actuel alimente de vives tensions et différentes controverses dans notre pays. C'est la raison pour laquelle, "ils invitent tous les responsables politiques et leurs militants à privilégier le bien supérieur de notre Nation par rapport à des intérêts partisans ou à des ambitions personnelles".
Par ailleurs, à la fin de leur Session, les Évêques ont prié pour un bon hivernage, avec des pluies bienfaisantes et de bonnes récoltes. Ils ont également exhorté au travail de la terre et invitent les autorités étatiques à une bonne préparation de la campagne agricole, en vue de travailler à l'autosuffisance alimentaire. En outre, ils invitent tous les concitoyens à profiter de la saison des pluies pour planter des arbres, afin de lutter contre la désertification et de protéger notre environnement.
Par la même occasion, les Evêques ont remercié le Chef de l'État pour le soutien apporté à la réussite du Pèlerinage. Ils lui renouvellent leur profonde gratitude pour les travaux du nouveau Sanctuaire marial de Popenguine et ceux des Sanctuaires diocésains, dans le cadre du Programme Spécial Présidentiel de Modernisation des Sites et Cités religieux.
LE CRI DU COEUR DU MÉDIATEUR DE LA RÉPUBLIQUE
Le médiateur de la République s’exprime pour la première fois depuis le début des heurts, qui ont fait onze (11) morts au Sénégal après la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko pour « corruption de la jeunesse » jeudi dernier, 1er juin.
Le médiateur de la République s’exprime pour la première fois depuis le début des heurts, qui ont fait onze (11) morts au Sénégal après la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko pour « corruption de la jeunesse » jeudi dernier, 1er juin. Demba Kandji appelle au calme, à la retenue et au respect de l’Etat de droit. Il est joint par iRadio.
« On vit des moments difficiles. Je voudrais attirer en ma qualité de médiateur de la République l’attention de tous sur le fait que la décision qui est critiquée et commentée, à ma connaissance, n’est pas encore disponible. Jusqu’à l’heure où nous parlons aucune des parties qui parlent n’en a lu les motifs. Il n’y a que les motifs du juge pour nous conduire à la conclusion que c’est dans un sens qu’il faut s’orienter en termes de compréhension ou dans un autre. Je voudrais vraiment que nos compatriotes se ressaisissent. Ce pays est notre pays. Nous ne le quitterons jamais. C’est une arène dans laquelle nous entrons pour combattre mais dont nous sortirons les pieds devant. Il n’y a que la mort pour nous séparer de cette belle terre du Sénégal. Je pense que tout le monde devrait savoir que les biens des gens que l’on casse, les privés et publics, sont les biens du Sénégal. Il faut que les gens sachent raison garder. Il faut que les gens reviennent à la raison. Tout le monde veut la justice pour soi rarement pour les autres. Ce n’est pas le moment de se livrer à du brigandage jusque parce que simplement on a entendu parler d’un dispositif de jugement. L’Eat de droit constitue notre berceau. Il n’y a que dans l’Etat de droit qu’il y a la justice. Il faut que cette justice soit là pour réguler nos rapports. Autrement, on va être des hordes de pilleurs et de casseurs ».
LES SÉQUELLES DU SEVRAGE
Mesure de riposte prise par l’Etat pour faire face aux violentes manifestations que traverse le pays, la suspension des réseaux sociaux a fini de plonger les populations dans un sevrage forcé aux séquelles insoupçonnées.
Mesure de riposte prise par l’Etat pour faire face aux violentes manifestations que traverse le pays, la suspension des réseaux sociaux a fini de plonger les populations dans un sevrage forcé aux séquelles insoupçonnées. Bes bi Le Jour est allé àla rencontre des usagers. Reportage…
Guédiawaye dans l’après-midi… Comme victime de troubles d’un stress post-traumatique, Maïmouna Diouf, recluse dans sa chambre depuis le matin, vient de s’arracher de son lit. L’allure morose, le visage anxieux, elle traine les pas jusqu’au salon, jette son téléphone sur le fauteuil, puis se dirige vers le balcon. Sans même s’y attarder, la dame s’empresse de regagner le salon, s’empare de la commande. Lasse de zapper, Maïmouna reprend son téléphone avant de le redéposer au bout de quelques secondes. « Si seulement on ne leur pardonne pas cet acte, le mauvais sort risque de s’abattre sur eux. Parce que c’est à un véritable supplice qu’ils nous ont fait subir. Comment peuvent-ils faire ça ? Je suis sûre qu’il y a des tonnes de messages qui m’attendent et que je ne peux pas voir », s’alarme-t-elle.
Mère de famille, venue gagner sa vie à Dakar, cette déprime lui a été infligée par la suspension des réseaux sociaux comme WhatsApp où elle restait scotchée à longueur de journée. Les nouvelles de son village, l’état quotidien de ses deux gamins qu’elle épiait à travers des messages, photos et vidéos qui lui parvenaient depuis le Saloum ont cessé net. « J’ai dépensé finalement le reste de mes économies sur l’achat de crédit téléphonique. Rien que pour savoir ce qui se passe chez moi. Mais en réalité, cela ne satisfait aucunement ma soif de communiquer avec les miens. On m’a parlé de l’application Vpn comme alternative face aux restrictions de l’accès aux réseaux sociaux. Mais là aussi, rien ne passe avec mon téléphone », s’apitoie Maïmouna.
Pénurie de la drogue Tik Tok
Pour Halima Ba, accro à la plateforme Tik Tok, c’est comme si le temps est devenu figé. Dans l’angoisse, ses habitudes bousculées, la suspension de l’accès aux réseaux sociaux a rendu sa vie insipide comme un addict de la drogue. « De temps en temps, j’arrive à y accéder. Je publie quelques photos de moi puis j’attends leur téléchargement. Mais avec une lenteur décourageante. Et le pire, c’est le fait que parmi les centaines de followers qui suivaient mes videos, je n’en vois que 3 à 4. Certainement nous sommes tous confrontés au même problème », constate l’internaute d’un ton dépité.
Dans les cosmétiques et autres produits à usage féminin qu’elle écoule par le commerce en ligne, Binta Diop vit un drame économique que lui a imposé la spirale de violence que traverse le pays. La quarantaine, bourrée de charges familiales après son divorce, le blocage du flux de données des réseaux sociaux a suspendu ses gains commerciaux. « Sur Tik Tok, mes statuts WhatsApp et Facebook, lorsque je publiais les nouveaux arrivages de mes produits, les commandes s’enchainaient en quelques minutes. Me voilà maintenant assise sans voir aucune réaction de mes clients depuis mon dernier post d’hier nuit. Alors qu’auparavant, à pareille heure, je me retrouvais déjà avec, au moins, 10 000 FCFA de bénéfice », a dit la commerçante.
LE BILAN S’ALOURDIT AVEC UN AUTRE DÉCÈS ENREGISTRÉ À PIKINE
Déjà plus de 11 morts, c’est le bilan officiel provisoire des affrontements entre forces de défense et de sécurité et manifestants qui ont éclaté après la condamnation, hier, de Ousmane Sonko par la chambre criminelle à 2 ans de prison ferme pour .
Déjà plus de 11 morts, c’est le bilan officiel provisoire des affrontements entre forces de défense et de sécurité et manifestants qui ont éclaté après la condamnation, hier, de Ousmane Sonko par la chambre criminelle à 2 ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse ». Mais il se pourrait que le bilan réel s’approche du double tellement les cas de décès s’annoncent à une vitesse inquiétante dans les différentes localités en proie aux affrontements entre manifestants, forces de l’ordre et nervis.
Dans la nuit d’hier, un autre décès a été signalé à Guinaw rails au quartier Demba Coumba M’Baye. Il s’agit de Bassirou Sarr un jeune âgé de 31 ans.
Il faut dire que la situation reste volatile. Après la prière du vendredi, les manifestants ont encore pris d’assaut certains quartiers de Dakar et un peu partout à travers le pays. Des pneus sont brûlés, des magasins dévalisés et il y’a même des agresseurs qui dictent leur loi comme aux hlm Grand Yoff plus exactement au rond-point de la mairie de Grand Yoff.
A noter que les militaires ont été déployés dans certaines artères et devant certains édifices stratégiques pour dissuader et assurer le maintien de l’ordre.
par Prof Mary Teuw NIANE
LIBÉREZ LES RÉSEAUX SOCIAUX
On ne peut pas arrêter la mer avec ses mains disait le président Lamine Guèye. Il est impossible d’arrêter la vague impétueuse du combat pour la liberté notamment la liberté d’expression.
On ne peut pas arrêter la mer avec ses mains disait le président Lamine Guèye.
Il est impossible d’arrêter la vague impétueuse du combat pour la liberté notamment la liberté d’expression.
Ces mains menues qui brisent les chaînes silencieuses de l’assujettissement à un pouvoir qui cherche coûte que coûte à se reproduire et à se pérenniser vont se démultiplier au fur et à mesure que la répression inadmissible continue à s’intensifier.
Ces multitudes de voix venues des toutes les contrées s’élèvent outrées pour s’opposer à l’autoritarisme qui tente vainement d’envelopper ce peuple libre grouillant d’une joie de vivre explosive dans un silence glacial d’un peuple soumis qu’il n’est pas.
Les solidarités intergénérationnelles se nouent, se tissent et se fortifient chaque jour que la faucheuse aveugle assassine une jeune pouce dont l’avenir prometteuse est brutalement interrompue.
Ils sont un, dix, vingt, bientôt trente, emportés à la fleur de l’âge, à l’âge où tous les rêves sont possibles, à l’âge où les parents construisent l’espoir de leur futur sur leur progéniture en pleine croissance.
Ils sont partis emportant avec eux l’espoir de leurs parents, semant la désolation d’un peuple qui perd ses enfants et amplifiant la lutte irrésistible de tous ceux qui veulent la paix et la sérénité d’une nation retrouvée.
Ceux qui nous gouvernent pensent, en coupant les réseaux sociaux, en ralentissant Internet, stopper le commerce, la communication et la palabre entre les Sénégalais.
Ils croient pouvoir ainsi endiguer la vague de colère que leurs faits et gestes inadmissibles produisent. Ils se trompent. Ils ne font qu’amplifier le désir de défiance à l’autorité illégitime, à l’institution injuste et à un pouvoir qui pose des actes de privation de liberté, de répression implacable et d’arrogance qui terrorise.
Nos compatriotes sont intelligents et ingénieux.
Beaucoup d’entre eux ont d’ores et déjà trouvé les applications pour contourner ces restrictions d’un autre temps.
Le Sénégal se classe désormais dans la liste peu enviable des régimes autoritaires dont la prétention est de contrôler la parole, les actes et la mobilité de leurs citoyens.
Il est heureux de savoir que tous ces régimes politiques ont échoué dans leur prétention à vouloir mettre sous contrôle la liberté d’expression, de penser et de parler de leur peuple.
Cette décision honteuse de suspendre les réseaux sociaux n’empêchera pas les Sénégalais d’exercer leur droit inaliénable à la liberté d’expression.
Elle ne fera que classer notre pays dans la liste des pays autoritaires et des États qui ont de graves manquements dans les principes de l’État de droit.
Bientôt notre pays sera la cible des communiqués des responsables de organisations africaines et internationales. De Médecin de la démocratie dans le monde, notre pays va devenir le malade des libertés sur lequel se pencheront les pays africains et organisations internationales.
Pour le droit à la liberté d’expression, levez ces mesures dérisoires de suspension des réseaux sociaux !
LA TENSION RESTE VIVE
Le Sénégal reste samedi toujours sous tension au lendemain d'affrontements qui ont fait au moins deux nouveaux morts, portant selon le gouvernement à onze le nombre de décès depuis jeudi et la condamnation à deux ans de prison ferme d'Ousmane Sonko
Le bilan pourrait être plus lourd, l'opposition et des médias locaux ont rapporté la mort de cinq nouvelles personnes vendredi, une information difficile à confirmer dans un contexte de grande confusion.
Des heurts ont opposé vendredi soir de petits groupes de jeunes manifestants très mobiles aux forces de l'ordre à Dakar, dans la banlieue de la capitale et dans le sud du pays.
De nombreux biens publics et privés ont été saccagés, notamment des banques et des magasins Auchan dans la banlieue de Dakar.Des pneus brulés et cailloux jonchaient la chaussée de plusieurs rues samedi matin.
Plusieurs réseaux sociaux, comme Facebook, WhatsApp ou Twitter, sont coupés, une mesure du gouvernement pour faire cesser selon lui "la diffusion de messages haineux et subversifs".
L'armée est s'est déployée, comme la veille, autour de points stratégiques, comme sur la place de l'Indépendance, à quelques mètres du palais de la présidence.Policiers et gendarmes sont également présents en grand nombre dans la capitale sénégalaise.
- "Résistance" -
Les Sénégalais retiennent leur souffle dans la crainte d'une arrestation de l'opposant Ousmane Sonko, candidat déclaré pour la présidentielle de 2024, et condamné jeudi à deux ans de prison ferme pour avoir poussé à la "débauche" une jeune femme de moins de 21 ans.
Cette décision le rend pour l'heure inéligible.M. Sonko crie depuis le début de l'affaire à un complot du président Macky Sall pour l'éliminer politiquement.
Il se dit "séquestré" dans sa résidence de Dakar par des forces de sécurité qui empêchent quiconque d'approcher.
M. Sonko peut désormais être arrêté "à tout moment", a dit le ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall.
Son parti, le Pastef, a appelé "à amplifier et intensifier la résistance (...) jusqu'au départ du président Macky Sall", dont il accuse le régime "de dérives sanglantes et dictatoriales" vendredi dans un communiqué.
Pour le porte-parole du gouvernement, les événements depuis jeudi ne sont pas "une manifestation populaire avec des revendications politiques", mais plutôt "des actes de vandalisme et de banditisme".
"Nous sommes face à des casseurs recrutés pour entretenir une tension artificielle.Ils vont continuer à exécuter leur besogne mais le temps joue en faveur du rétablissement total et du maintien de l'ordre public", dit-il au journal L'Observateur, affirmant que deux nouveaux décès ont été rapportés vendredi.
- Peur -
"J'ai vraiment peur parce qu'on ne sait pas comment tout ça va finir.Mais c'était bien prévisible, et il fallait peut-être qu'on passe par là pour que les choses bougent, pour que les politiques arrêtent de se jouer du peuple", a déclaré à l'AFP Fatou Ba, une commerçante de 46 ans dans le quartier populaire de Dalifort, à Dakar."S'ils veulent la paix (les autorités), ils n'iront pas chercher Sonko", espère-t-elle.
"Personne n'est en sécurité dans ce pays actuellement.Si les manifestations continuent, la vie va être encore plus difficile", dit Matar Thione, conducteur de moto de 32 ans.
Dans ce quartier, les stations services ouvertes sont prises d'assaut de crainte d'une pénurie d'essence.Dakar, habituellement grouillante, est vidée et de nombreux commerces sont fermés.
Vendredi, la communauté internationale, des représentants d'associations et des stars de foot comme l'attaquant vedette Sadio Mané ont appelé à la retenue et à cesser les violences dans ce pays réputé être un rare îlot de stabilité en Afrique de l'Ouest.
Sénégal, Abdoul Aly KANE
COMMENT SORTIR DE L’IMBROGLIO POLITICO-JUDICIAIRE DANS LEQUEL LE SENEGAL EST ENGLUE ?
Le Sénégal d’aujourd’hui ressemble à un western spaghetti de série B.
Le Sénégal d’aujourd’hui ressemble à un western spaghetti de série B.
Pour ceux qui s’en souviennent, Sergio Leone, talentueux metteur en scène italien, avait imaginé tourner une parodie de western américain, dans des décors européens ressemblants, la recette étant de mettre en avant un acteur vedette américain (en l’occurrence Clint Eastwood dans la trilogie des « dollars »), entouré d’acteurs italiens auxquels il était demandé de tirer à tout va, avec des pistolets à mille coups.
L’affaire Adji Sarr/Ousmane Sonko ressemble à s’y méprendre à un western spaghetti mettant en situation un acteur principal, Ousmane Sonko, et des acteurs de second plan mal doués pour leurs rôles et difficilement crédibles du fait de leurs moultes contradictions, avec un scénario de bas niveau à l’écriture confiée à des petites inexpertes.
Le peuple avait déjà dénoncé le déni de justice, et voilà que le verdict de ce jeudi a disqualifié les crimes de viol et de menaces de mort reprochés à Ousmane Sonko pour retenir en définitive que le délit de « corruption » de la jeunesse ».
Tout ça pour ça serait-on tenté de dire.
Malheureusement, ce navet cinématographique a complètement esquinté un Sénégal déjà fatigué et tenu en haleine depuis plus de deux années durant lesquelles les populations ont connu la maladie du COVID et ses dégâts, la baisse drastique de leur pouvoir d’achat, et une création nette d’emplois négative si l’on compare les arrivées de demandeurs sur le marché du travail aux destructions d’emplois dues aux fermetures d’entreprises, aux emplois créées dans le « xéyu ndawyi ».
Les chefs religieux au faîte de l’organisation spirituelle nationale sont dépassés et cloués au pilori sur les réseaux sociaux qui ont fini, eux aussi, de représenter des centres d’information justes et adaptés à la demande de rapidité dans la livraison de l’information exprimée par une jeunesse désabusée par le ronron des médiats mainstream. Les pare feux traditionnellement sollicités pour coordonner un dialogue national indispensable pour lever les incompréhensions et surtout entendre les désiderata, ont été usés jusqu’à la corde à l’instar de Famara Sagna.
De 2021 à 2023, la situation sociale s’est dégradée
Les adversaires politiques, devenus ennemis, conviennent tous qu’on est entré dans la phase finale de l’affrontement tant les espaces et canaux de dialogue et de communication habituels ont perdu de leur efficacité.
A la veille du verdict de l’affaire Ousmane Sonko/Adi Sarr, le Président Sall vient de lancer un nouveau dialogue national dont les calculs politiques sous-jacents n’ont échappé à aucun observateur averti du jeu politique et de ses enjeux actuels.
En réalité, ce dialogue des forces vives de la nation n’est rien d’autre qu’une opération de marginalisation d’un adversaire politique condamné d’avance à une inéligibilité à la prochaine élection présidentielle.
Comme une sorte de cautère sur une jambe de bois, le Prince informe au détour d’un semblant d’énervement sur la question du 3ème mandat qu’il n’exclue pas ce point des termes de références. D’ailleurs, a-t-il dit, sa non-participation à ce scrutin est négociable, le prix à payer par les demandeurs étant la courtoisie, le respect et la considération (njekk).
A l’observation, on remarque que le Président n’a donné la parole à aucun des ténors de l’APR durant cette séance de lancement, ni aux communicateurs traditionnels dont les louanges dithyrambiques auraient enlevé toute l’impartialité requise lorsque les idées s’affrontent.
S’agit-il d’une nouvelle ruse du Prince ? On serait tenté de le penser si l’on se réfère aux résultats stériles des exercices précédents.
Ce dialogue est-il sincère et inclusif ? Nous ne le pensons point. Dialoguer sans Ousmane Sonko et le Pastef est un leurre dans la situation actuelle.
Si tant est que l’idée avait traversé les esprits des initiateurs, il aurait fallu rendre Sonko libre de ses mouvements dans un premier temps, et déconstruire tous les scénarii (terrorisme djihadiste, forces spéciales et autres rébellions) qui ont mené au cachot un grand nombre de militants de cette organisation politique.
Il aurait été inconfortable pour Ousmane Sonko de participer à un dialogue national dans ces conditions. Dans le même ordre d’idée, le Président SALL n’avait sans nul doute aucune intention d’inviter Sonko à un dialogue, sauf à l’amener à se déconsidérer aux yeux de ses partisans.
Si le dialogue national est le moyen destiné à présenter une configuration du panorama des élections et à la faire valider par une assemblée de notables et de partis non alignés, avec la présence de candidats potentiels crédibles comme Khalifa Sall pouvant rendre digeste l’absence d’Ousmane Sonko, s’il consiste en réalité à choisir des candidats et à en éliminer d’autres, en particulier Ousmane Sonko, il est évident, au vu de l’actuelle dégradation du climat politique, que l’on file tout droit vers l’échec.
Les deux protagonistes principaux tirent sur la corde ; elle risque de se casser à très court terme.
Certains crient : « foutons le au gnouf », en réponse, d’autres assènent « brûlons tout, on reconstruira après ».
Il est clair pour nous que l’élimination de Sonko du jeu politique est porteuse de destructions en tous genres, si l’on se réfère aux évènements de Ziguinchor et de la Caravane de la Liberté interrompue.
Depuis l’annonce du verdict de ce procès, les foyers de contestation et de destruction de biens publics et privés se sont démultipliés. Le pays a-t-il la capacité de porter la lourde charge du « GATSA GATSA » VS « FORCE RESTE A LA LOI », et le tout « quoiqu’il puisse en coûter » ?
Je ne le crois pas.
Tout détruire n’est pas responsable alors que les dettes ayant servi à réaliser ces biens et infrastructures demeurent, et que leur remboursement conditionne la qualité de la signature du pays dans les marchés financiers incontournables pour le financement des investissements longs.
Concernant la prochaine présidentielle, le Président Sall doit répondre à deux défis majeurs sur la candidature qui représentent les deux faces d’une même médaille. Il s’agit de présenter sa propre candidature au risque de se dénier au regard des engagements pris sur la question et, dans le même temps, d’éliminer la candidature de Sonko.
Le report des élections à 2026 permettrait au Président de différer les urgences. Il doit être dans l’idée des initiateurs de cette formule, de préparer sereinement l’amnistie envisagée pourles candidats potentiels, à savoir Khalifa Sall et Karim Wade, et étudier les conditions de son extension à Ousmane Sonko en 2026.
D’ici là, une épée de Damoclès serait suspendue sur sa tête.
Bien entendu, il ne s’agit ici que de politique fiction mais tous les scenarii doivent être mis en perspective car il s’agit d’un moment crucial de la vie de notre nation.
Ce scénario ne serait bien entendu valable que pour autant que le Président Macky Sall reste le maître du jeu.
Pour l’instant, la violence destructrice s’installe et touche particulièrement les biens publics et privés. Le lancement du dialogue national n’a pas été un franc succès du fait de son impréparation et de son caractère exclusif. Il a fait l’impasse sur Ousmane Sonko et la jeunesse qu’il incarne qui tiennent le pays en haleine depuis quelque temps, l’impasse sur l’économie et sur les questions de gouvernance.
Sur l’économie, des vérités doivent être dites en commissions au-delà du consensus observé quant à une réussite étayée par des réalisations d’infrastructures visibles et de taux de croissance consensuellement salués sans interrogation sur les transferts de revenus sociaux qu’ils auront permis, encore moins sur les transformations structurelles réalisées sur les diverses filières d’activités.
Les dégagements des participants sur les perspectives ouvertes par l’exploitation du gaz et du pétrole ont vite fait de clore la question. Un dialogue national non centré sur l’emploi des jeunes, dans une configuration où 60 % de la population a moins de 25 ans, exclut la grande majorité de la population.
Attention, le Président SALL n’est pas le seul responsable du sous-emploi structurel dans notre pays. Celui-ci est induit par un modèle économique datant de la colonisation perpétué par ses dirigeants successifs en charge de nos destinées depuis 63 ans.
Seulement, c’est pendant son magistère que les attentes de la jeunesse sont les plus fortes, et le désespoir plus grand..
Changer de paradigme devient, dans ces conditions, une urgence nationale, et le consensus « transpartisan », une exigence.
Le mythe de l’homme providentiel ou d’un Deus ex Machina qui apporterait une solution miracle pour sortir notre pays du sous-développement économique a vécu.
Bâtir un consensus sur les grandes orientations économiques, c’est parler le même langage de défense des intérêts nationaux en tout temps, au-delà des alternances politiques.
Nettoyer le programme économique de son prédécesseur sous le prétexte que le sien est meilleur, soumet le pays à des discontinuités dans les plans de développement. La force des dirigeants n’est point dans le regard de ceux qui les appellent « homme fort » ou qui vantent leur leadership. Elle réside plutôt dans leur capacité à mobiliser les citoyens sur des orientations économiques qu’elles finissent par s’approprier.
Le Sénégal a perdu beaucoup de temps. Le bruit, la fureur et l’adversité nous ont empêchés depuis 2019 de nous entendre sereinement sur les enjeux fondamentaux. Les élections étant dans 8 mois à peine, les critères de choix des citoyens tourneront autour de la confiance ou la peur, du conservatisme ou l’aversion pour le changement, tout cela au détriment des programmes économiques proposés par les prétendants, les citoyens n’ayant eu au préalable aucune information en la matière ni de temps disponible pour apprécier les offres politiques.
Cette échéance sera d’autant plus à risques que l’invalidation de la candidature d’Ousmane Sonko a été judiciairement actée à la fin d’un procès pour viol qui a tourné court.
En toutes hypothèses, éliminer de la compétition électorale le leader d’une jeunesse désespérée est gros de danger pour la tenue d’élections apaisées et la paix civile.
Imposer ces consultations, c’est prendre le risque d’un désordre assuré et ancrer les forces de défense et de sécurité dans l’affrontement avec les jeunes manifestants, dont nous avons en temps réel les avant-goûts.
L’ARMEE REQUISITIONNEE A DAKAR
En temps de guerre, disent les experts militaires, la gendarmerie combat aux côtés des armées. Mais en temps de « guérilla urbaine », pourrait-on ajouter, c’est l’Armée qui vient en renfort aux côtés de la Gendarmerie et de la Police.
Depuis avant-hier, des manifestations violentes se déroulent partout au Sénégal et particulièrement à Dakar après la condamnation du leader de Pastef Ousmane Sonko à deux ans de prison pour « corruption de la jeunesse ». Pour renforcer la Gendarmerie et la Police débordées par des manifestations coordonnées ayant fait plus de dix morts, l’Armée est réquisitionnée dans certaines parties du territoire national comme Dakar.
En temps de guerre, disent les experts militaires, la gendarmerie combat aux côtés des armées. Mais en temps de « guérilla urbaine », pourrait-on ajouter, c’est l’Armée qui vient en renfort aux côtés de la Gendarmerie et de la Police. Dans notre pays, depuis jeudi, ces forces de maintien de l’ordre sont débordées par des scènes de chaos ayant fait plus de dix morts sur l’étendue du territoire national. Cette présence militaire est visible dans certains points et carrefours stratégiques de Dakar où des soldats se sont déployés pour sécuriser les ministères, les édifices publics, les banques, des établissements de commerce, des endroits stratégiques comme la Sonatel et les mobiliers urbains. « C’est dans l’ordre constitutionnel normal que l’Armée soit réquisitionnée comme force de troisième catégorie. Parce qu’à chaque fois que les forces de maintien de l’ordre comme la gendarmerie et la police sont débordées, l’Armée vient en renfort ! » confirme une source militaire autorisée. Vu les équipements personnels des soldats et l’impressionnant arsenal militaire déployés sur le terrain, force est de se convaincre que le Chef d’Etat-major général des armées (Cemga), le général de Corps d’armée Mbaye Cissé, entend renforcer rigoureusement la gendarmerie et la police dans les opérations de sécurisation des personnes et des biens actuellement en cours.
Au regard des manifestations violentes suivies de casses et de pillages de plus en plus grandissantes mettant en péril l’intégrité physique des citoyens, et attentant aux biens tant publics et privés, la police et la gendarmerie n’ont pas chômé jeudi et hier, vendredi, face aux émeutiers. A Pikine, Ouest-Foire, Liberté VI, Parcelles Assainies, Poste Thiaroye, Diamaguéne, Rufisque, Guédiawaye, Grand Yoff et autres localités de la banlieue, des manifestants se sont défoulés sur des édifices publics et mobiliers urbains qu’ils ont saccagés ou brûlés. D’autres ont tenté de défoncer des guichets automatiques de banques (Gab), de détruire des banques et des stations-services avant d’être repoussés et pourchassés par les forces de l’ordre. De multiples dégâts corporels subis par des automobilistes et piétons agressés et dépouillés de leurs objets de valeur ont été également enregistrés sur les mains courantes des commissariats de police et dans les brigades de gendarmerie. De véritables scènes de « chaos » qui continuent de paralyser le pays.
PAR Ousmane Ndoye
DES INSTITUTIONS OU QUAND L’APPRENTI-SORCIER MENA SON PAYS AU CHAOS
Il nous faut nous attendre à ce qu’il ne s’arrête pas jusqu’à la catastrophe : quand il forcera sa 3e candidature ? quand il perdra les élections et refusera de céder le pouvoir ?
La crise politique actuelle au Sénégal démontre, s’il en était encore besoin, la nécessité d’avoir des institutions crédibles. Malheureusement, les institutions du Sénégal ont été fortement affaiblies durant ces vingt dernières années. Au passage du président Abdoulaye Wade, elles l’étaient déjà. L’espoir était permis d’une refondation de ces institutions avec l’avènement du nouveau président Macky Sall qui avait eu la chance de bénéficier de la dynamique des Assises nationales et avait lui-même enclenché un processus visant la refondation avec les travaux de la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI). Malheureusement pour le Sénégal, les calculs politiciens de maintien du pouvoir ont prévalu et les conclusions de la CNRI ont été mises dans les tiroirs pour être remplacées par un toilettage cosmétique porté par un référendum qui n’a pas réformé grand-chose. La décrédibilisation des institutions entamée sous l’ère de l’ancien président s’est ainsi poursuivie.
Le nouvel élu a commencé par l’institution présidentielle entachée par l’affaire du pétrole et du gaz sénégalais au cœur duquel se trouvait son frère qui bénéficiait de sa signature de contrat malgré les recommandations contraires de l’Inspection Générale d’Etat (IGE). Puis vint le tour de l’Assemblée nationale où les députés de la liste de la majorité furent choisis par le président de la République, pour une institution censée contrôler l’Exécutif. Puis la Justice, devenue bras armé pour la liquidation d’adversaires politiques dont un se retrouvait exilé et un autre condamné dans la ligne droite de la course à la Présidentielle de 2019. Utilisant l’immense étendue de son pouvoir financier et de nomination, le nouveau président avait détruit au passage toutes les forces politiques et sociales qui pouvaient constituer une menace pour son pouvoir absolu, et, la nature ayant horreur du vide, il ouvrait la voie à l’émergence de forces politiques et sociales d’un nouveau type.
Toutefois, encouragé par l’acceptation de l’injustice par une frange de la population et sa réélection, le président maintint son cap pour poursuivre son entreprise de liquidation des forces adverses, avec toujours les mêmes méthodes.
Pendant qu’une partie de l’opinion vantait son génie politique, nous avons toujours pensé que cet apprentissage de la sorcellerie mènerait un jour le pays au chaos. Malheureusement, l’histoire nous a donné raison. Aujourd’hui, notre pays est au creux de la vague, avec une crise politique profonde, doublée d’une crise économique et sociale, avec son lot de violences, de morts et de destructions, à quelques mois d’une élection présidentielle où les principaux candidats de l’opposition ont été rendus inéligibles et le président sortant maintenant le flou sur une 3e candidature que la Constitution du pays n’autorise pas.
En définitive, l’apprenti-sorcier a piégé la démocratie sénégalaise, mais aujourd’hui le piège se referme sui lui-même, et in-fine sur un peuple sénégalais meurtri et désemparé. Et comme avec tous les apprentis-sorciers, il nous faut nous attendre à ce qu’il ne s’arrête pas jusqu’à la catastrophe : quand il forcera sa 3e candidature ? quand il perdra les élections et refusera de céder le pouvoir ?
Les enseignements ?
Les institutions d’un pays sont trop sérieuses pour qu’on joue avec, qu’on en use et en abuse ;
Un citoyen doit rejeter toute injustice même quand cette injustice s’abat sur des personnes ou des organisations qu’il n’aime pas, car à terme cette injustice ne touche pas seulement ceux qui en sont victimes mais tout le monde peut en subir les conséquences ;
Le peuple sénégalais doit être plus exigeant avec ses dirigeants, et, concernant le Président de la République, dès le début de son 1er mandat, en particulier sur la question de la refondation de nos institutions. En effet, une fois que le Président est encouragé dans l’apprentissage de la sorcellerie, il ne connait plus les limites et c’est la voie vers les dérives qui mènent au chaos. Cette exigence du peuple devra s’appliquer à tous nos futurs Présidents, car, malheureusement pour les peuples, les apprentis-sorciers ne sont pas une espèce rare ;
Si le peuple perd le combat en cours, les prochains combats - quand le président sortant forcera sa 3e candidature ou quand il perdra les élections et refusera de céder le pouvoir - seront sans nul doute plus désastreux et sanglants, car les limousines des apprentis-sorciers ragaillardis n’ont malheureusement pas de freins.
par Mamadou Oumar Ndiaye
MONSIEUR LE PRESIDENT, PAS D’AUTRE ISSUE POUR VOUS QUE DE NEGOCIER «CI NJEKK REK» AVEC OUSMANE SONKO
Dans toute guerre, il faut savoir parfois opérer des replis tactiques. Actuellement, Macky Sall est cerné, acculé et ne tient plus que par les forces de défense et de sécurité elles-mêmes débordées
Tout ça pour ca, serait-on tenté de dire ! Deux ans d’enquêtes, d’instruction, de lynchage médiatique, au moins 15 morts (jusqu’au jour du procès), de nombreux blessés, des centaines d’arrestations, des saccages et des dégâts matériels occasionnant des dommages s’élevant à des milliards de nos francs, une économie au ralenti, un pays coupé en deux…
On peut dire que le Sénégal a payé un très lourd tribut aux mensonges d’une jeune fabulatrice manipulée par des gens de la majorité présidentielle et qui prétendait avoir été violée par la figure de proue de l’opposition. Deux ans après, à l’issue d’un procès auquel le principal accusé n’a pas pu ou voulu se présenter, voilà qu’on nous dit « naxeee mbaay !!! », ah, ah on vous a bien eus pauvres cons, il n’y avait absolument rien de ce pourquoi Ousmane Sonko était poursuivi depuis deux ans !
Pas de viols répétés et encore moins de menaces de mort à l’encontre de l’accusatrice ! Justice était enfin rendue au pauvre leader de Pastef persécuté depuis le début de cette affaire ? Vous n’y êtes pas car on n’allait quand même pas le laisser repartir comme ça les mains vides, ce serait trop facile voyons! On va donc lui donner un « yobeul » en guise de cadeau souvenir de la justice sénégalaise : deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse. Un délit pour lequel il n’a jamais été poursuivi, contre lequel il n’a jamais été mis en position de se défendre et que le procureur de la République, bien en peine de soutenir l’accusation de « viol », a sorti de sa manche pour demander au président de la chambre de bien vouloir condamner Ousmane Sonko de ce chef si les accusations de viol et de menaces retenues contre lui n’emportaient pas son adhésion. Et le brave juge, qui ne pouvait évidemment rien refuser au maître des poursuites, s’est exécuté. Si ce n’est toi, c’est donc ton frère, avait dit le loup de la fable au malheureux agneau avant de le dévorer Ici, l’on a dit à Ousmane Sonko que si ce n’est pas un viol et s’il n’y a pas eu de menaces de mort à l’encontre de la menteuse Adji Sarr, c’est donc qu’il a corrompu la jeunesse !
En vertu — ou en répression — de quoi, on l’a condamné à une peine de deux ans de prison ferme. Voilà donc la singulière façon dont la justice est rendue au nom du peuple sénégalais c’est-à-dire à notre nom à tous. On ne sait pas encore si le brillantissime magistrat qui a rendu le jugement d’avant-hier est allé ensuite se laver les mains avant de s’écrier, comme Ponce Pilate, le procurateur romain qui avait condamné à mort Jésus Christ : « je suis innocent du sang de ce juste ! » Il y aurait en tout cas eu de quoi tellement ce jugement est scandaleux et ne fait que traduire la volonté du président de la République de voir liquider son principal adversaire, celui qui est le plus idéalement placé pour l’empêcher de réaliser la passe de trois c’est-à-dire d’obtenir ce troisième mandat — oups, pardon ce second quinquennat ! — auquel, selon beaucoup de gens, il penserait le matin en se rasant…
Le droit est mort et la justice injuste !
Partout dans le monde, et singulièrement en Afrique, où la justice ne rend pas des décisions justes — ou en tout cas perçues par telles par les populations auxquelles elles s’appliquent —, c’est le début de l’anarchie, les gens cherchent à se faire justice eux-mêmes, les forts écrasent les faibles et la raison du plus fort (celle-là même que cherche à faire prévaloir le régime qui nous gouverne) tend à devenir la meilleure. Comme celle du loup de la fable ! Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner de voir les peuples prendre les choses en main vu qu’ils ne se reconnaissent plus dans leur justice.
De ce point de vue, le spectacle auquel on a assisté jeudi à savoir celui d’étudiants brûlant la Faculté de Droit d’une Université en s’écriant : « Le droit est mort ! », « Le droit est mort ! » est un symbole extrêmement fort sur lequel il convient de méditer sérieusement. En tout cas, les morts (plus de onze officiellement en deux jours), les blessés, les dégâts matériels extrêmement importants — il y en a eu pour des milliards de nos francs —, la paralysie de l’économie, l’arrêt de tout trafic automobile, la fermeture des écoles…auxquels on a assistés immédiatement après le verdict de ce procès, tout cela prouve que d’importants pans de notre pays ne se sont pas retrouvés dans ce jugement à l’opposé de celui de Salomon ! Un jugement d’une justice tropicale dans une République arachidière…
En tout cas, les émeutes de ce jeudi noir et d’hier vendredi ont fini de montrer toute la vanité des rodomontades du président de la République déclarant sur un ton martial et à manière d’un matamore, à Diamniadio, devant les participants à ses concertations sur le pétrole et le gaz, que « ce qui s’était passé ici en mars 2021 ne se reproduira plus jamais! » Hélas, malgré les équipements répressifs de dernière génération offerts aux forces de défense et de sécurité et, dit-on, les conseils d’experts israéliens, cela s’est reproduit en plus grave avant-hier et hier. Car même s’il y a eu moins de morts qu’il y a deux ans (pour le moment du moins), les destructions, elles, sont bien plus importantes. Et tout cela parce que, jamais deux sans trois, on a voulu conduire à l’abattoir un opposant susceptible de s’opposer à l’envie de rempiler d’un président de la République après Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall avant le scrutin de 2019.
Dans plusieurs quartiers de Dakar et beaucoup de localités du pays, ces deux jours, les manifestants étaient maîtres de la rue désertée par les policiers et les gendarmes. Et, l’Armée a même dû être appelée à la rescousse. Tout cela au lendemain du dialogue en forme de « deal » lancé en grande pompe mercredi par le président de la République. Un dialogue boycotté par la frange la plus significative de l’opposition qui voulait tenir au même moment son « contre-dialogue » interdit par le préfet de Dakar et dispersé à coups de grenades lacrymogènes par les FDS qui n’ont pas hésité à investir en toute illégalité le siège d’un parti politique pour en déloger les responsables de l’opposition qui s’y trouvaient !
N’étant ni des devins, ni des mages, ne sachant pas manier les cauris encore moins lire dans le marc de café, nous ne nous hasarderons donc pas à prédire l’issue de cette énième éruption populaire qui a éclaté après le verdict du procès Adji Sarr/Ousmane Sonko. La seule chose dont on soit sûrs, en revanche, et qui est aussi certaine que le lever du soleil, c’est celle-ci : le président de la République ne pourra jamais écraser par la force ce soulèvement populaire qui débute. D’autres présidents plus puissants et mieux armés que lui s’y sont essayés ailleurs (Tunisie, Egypte, Libye…) et se sont cassé les dents. La seule solution de sagesse et l’unique voie de salut résident — si ce n’est trop tard, hélas — dans l’ouverture de négociations franches avec l’opposition et son chef, Ousmane Sonko. Le Président devra dire clairement qu’il ne briguera pas un troisième mandat, permettre à tous les candidats qui le désirent de se présenter à la présidentielle de 2024 et libérer les centaines de prisonniers politiques détenus dans ses geôles — dont notre confrère et ami Serigne Saliou Guèye embastillé sous le ridicule délit d’exercice illégal de la profession de journaliste.
Le seul avec qui le président de la République doit négocier c’est Sonko et non pas avec les charlots et autres Pieds-Nickelés qu’il a invités à son dialogue « Benno » et qui ne représentant absolument rien du tout et même pas leurs propres personnes!
Un « dialogue » qui lui aura coûté cher assurément parce que sa phrase « si les gens ne veulent pas que je fasse un autre mandat, ils doivent me le demander gentiment car nul ne peut me forcer » — nañu mako laaj ci njekk — a contribué à attiser la colère populaire. Dans toute guerre, il faut savoir parfois opérer des replis tactiques. Actuellement, le président Macky Sall est cerné, acculé et ne tient plus que par les forces de défense et de sécurité elles-mêmes débordées. Il a tout intérêt à reculer et à négocier car sinon hélas…