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15 octobre 2025
MALI, BURKINA FASO ET NIGER S'UNISSENT POUR UNE DÉFENSE COMMUNE
La charte signée des trois régimes de putschistes stipule que toute atteinte à la souveraineté et à l'intégrité territoriale d'un des pays membres sera considérée comme une agression contre les autres parties
Les régimes militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont signé une charte établissant une alliance défensive connue sous le nom de "Charte du Liptako-Gourma". Cette alliance, appelée "Alliance des États du Sahel" (AES), a pour objectif d'établir une architecture de défense collective et d'assistance mutuelle entre les trois pays. La charte stipule que toute atteinte à la souveraineté et à l'intégrité territoriale d'un des pays membres sera considérée comme une agression contre les autres parties, engageant ainsi un devoir d'assistance et de secours, y compris l'emploi de la force armée si nécessaire.
La création de cette alliance intervient dans un contexte où la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) maintient une position ferme, demandant aux autorités militaires du Niger de rétablir immédiatement l'ordre constitutionnel en libérant le président déchu et en le réinstallant dans ses fonctions. Les pays voisins, le Burkina Faso et le Mali, considèrent toute intervention militaire contre leur pays comme une "agression illégale et insensée" et ont promis une "riposte immédiate" en cas d'agression.
La lutte contre le terrorisme est présentée comme la priorité de cette alliance, notamment dans la région du Liptako-Gourma, qui a été durement touchée par le jihadisme ces dernières années. Les pays membres de l'alliance souhaitent également renforcer leur coopération militaire et économique pour faire face aux défis communs.
La "Charte du Liptako-Gourma" s'inscrit dans le contexte où les généraux au pouvoir au Mali et au Burkina Faso ont déjà exprimé leur solidarité envers les généraux de Niamey après le coup d'État au Niger. Ce dernier pays a été confronté à plusieurs attaques jihadistes depuis le 26 juillet, causant de nombreuses pertes en vies humaines.
MBALLING : L'ANCIENNE LÉPROSERIE A PANSÉ SES PLAIES
Soixante-huit ans après sa naissance et quarante-sept ans après s’être vu coller le statut de « village de reclassement social » qui ne sera abrogé qu’au mois d’avril dernier, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts dans cette localité
El Hadji Ibrahima Thiam, Fatou Diéry Diagne et Moussa Sow |
Publication 16/09/2023
C’est le dernier né des villages qui longent la Petite Côte. Mais, quand les autres localités de cette partie du département de Mbour se prévalent toutes d’un mythe fondateur reposant sur des récits enchanteurs, Mballing, lui, doit se coltiner le narratif d’un enfantement dans la douleur du fait d’une maladie à cause de laquelle il a été, pendant longtemps, mis au ban de la société : la lèpre. Soixante-huit ans après sa naissance et quarante-sept ans après s’être vu coller le statut de « village de reclassement social » qui ne sera abrogé qu’au mois d’avril dernier, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. L’ancienne léproserie semble avoir pansé ses plaies, à force d’abnégation de ses habitants et n’est plus regardée de haut par les localités voisines. Même si quelques croyances ont toujours la peau dure…
On l’appelle « Boulevard des anciens ». Il s’agit d’une large route en terre séparée, au milieu, par une rangée de haies qui longe la façade latérale du Cem Moussa Kadam de Mballing. Sur ce long mur, des fresques immortalisent le visage de quelques vieilles personnes, au nombre de quinze. Parmi eux, le parrain du Cem, mais aussi Moussa Sène, Mbaye Badiane, Ibrahima Ngom, Babou Ndiaye Sine, Ilimane Sow… Ils ne sont plus de ce monde, mais leur figure et leur souvenir continuent de planer sur le village de Mballing, leur terre d’accueil, un matin de 13 juillet 1955, quand le monde entier les a rejetés, à cause de la lèpre. « Ils font partie des 122 personnes qui ont passé la première nuit à Mballing », précise Assane Kadam, le chef de village. Lui aussi fait partie du lot, alors qu’il n’avait pas encore deux ans. Le bâtiment dans lequel son père a logé, jusqu’à une vingtaine de jours de sa mort, est encore debout, sur la place publique du village, à l’ombre de grands fromagers. C’est l’un des cinq bâtiments originels du village, tous identiques, construits pour accueillir les malades. Chacun compte huit chambres à raison de quatre lits par chambre. Ils sont disséminés dans le village et se sont fondus dans le décor, happés par l’urbanisation galopante qu’a connue Mballing avec le temps. Le logement où résidait l’infirmier ainsi que l’ancien dispensaire où les malades étaient soignés, aussi, sont encore visibles sur le site. Assane Kadam précise que son père, Moussa Kadam, n’était pas atteint de la lèpre, mais faisait office d’intendant au sein de cette léproserie qui aura, plus tard, le statut de village de reclassement social des lépreux guéris ou mutilés par une loi de 1976 qui a été abrogée au mois d’avril 2023.
On en comptait neuf. Outre Mballing, il y avait Koutal (Kaolack), Diambo (Podor), Peycouck (Thiès), Némaba (Ziguinchor), Teubi (Bignona), Fadiga (Kédougou), Sowane (Fatick). L’idée était d’isoler les malades de la lèpre et de bloquer la chaîne de transmission de cette pathologie. Les autorités avaient alors créé des villages dits de « reclassement social », où, en vertu de cette loi, étaient rassemblés des lépreux et leurs familles.
Aujourd’hui, à Mballing, plus rien n’indique qu’on est dans une léproserie. La maladie a été presque vaincue, seuls quelques individus, souvent de vieilles personnes mutilées, traînent encore les séquelles de cette pathologie. « Avec l’avancée de la médecine, la maladie a été considérablement ralentie, de sorte que les enfants des malades n’étaient pas forcément malades, grâce aux mesures prophylactiques. Ceux qui ont fait l’histoire de ce village de reclassement, le noyau dur sont décédés, il ne reste que le vieux Mbaye Cissé et moi. Les quelques mutilés qu’on rencontre ici, actuellement, sont des malades qui ont rejoint le village après son installation, les années suivantes, au fil du temps pour bénéficier de soins et se loger », explique Assane Kadam.
Quand le sentiment de rejet se transforme en source de motivation
Mais, avant l’abrogation de cette loi, que de stigmatisations subies, de discriminations vécues, d’humiliations endurées par les populations de Mballing. Pourtant, elles se sont battues pendant longtemps pour que cette étiquette qu’on leur avait collée soit enlevée. Même si, dans leur tête, souligne Assane Kadam, ils ne vivaient pas ce statut. « C’était à l’angle mort de notre rétroviseur depuis longtemps. Les gens ont atteint un niveau de vie qui ne collait plus à l’état d’indigence sociale. Depuis 1992, on s’est battu pour que ce statut pesant qui nous rabaissait et poussait les gens à nous regarder d’un autre œil, comme si nous étions des bannis, soit cassé. On est en Afrique et au Sénégal où certaines croyances ont la peau dure, on sait donc que cette étiquette ne disparaîtra pas du jour au lendemain, mais c’est déjà un gros pas », souligne le chef de village qui occupe cette fonction depuis 1999, à la suite de son père Moussa Kadam.
Pour Abdou Cissé, responsable de « Leprahilfe », une association allemande qui soutient les lépreux et a mis en place une cuisine communautaire qui donne à manger aux malades qui vivent seuls, cette abrogation aura au moins le mérite de rendre à Mballing sa dignité de village comme tous les autres villages. « Auparavant, quand il s’agissait de lister le nombre de villages de la zone, on disait, par exemple, ‘’32 villages et Mballing’’, on n’était pas comptabilisé, une sorte de stigmatisation. Mais pour nous, ici, la maladie c’est dans la tête. Par exemple, on peut avoir des parents malades, mutilés, et pourtant on le vit bien », explique le natif de Guédiawaye, lui dont les parents étaient malades et internés à Mballing.
Ce sentiment de rejet et la stigmatisation, Mbaye Kandji, responsable du volet socio-scolaire de l’association allemande, l’a également vécu et, en a été témoin dans la vie de tous les jours. « Il y a quelques années, quand nos parents voulaient aller à Mbour, c’était tout un problème. Quand on était élève à Mbour, les véhicules qu’on prenait refusaient de s’arrêter à Mballing. On nous faisait descendre soit avant, soit après le village, et on marchait le reste du trajet. Lors des matchs navétanes, nos adversaires faisaient des signes de la main qui rappelle la main mutilée d’un lépreux », liste Mbaye Kandji. À Mballing, on raconte l’anecdote à propos d’un homme du nom de Omar Ka qui, à chaque fois qu’il quittait Mbour pour aller à Joal, une fois arrivé à hauteur de Mballing, se bouchait les narines de peur de choper le virus de la lèpre. Ironie de l’histoire, il est tombé malade par la suite et a séjourné à Mballing.
Ces préjugés qu’ils ont vécus, les populations de Mballing en ont fait une force, animées par la hargne du revanchard. « Nous ne nous sommes jamais apitoyés sur notre sort. Ce n’est pas parce que nous sommes un village de lépreux que nous sommes restés les bras croisés. Nous avons ici de braves travailleurs qui ont pris leur destin en main pour donner un avenir meilleur à leurs enfants en les inscrivant à l’école. Nous avons deux écoles primaires, un Cem, deux écoles arabes qui font même le baccalauréat, un poste de santé… Notre pêche est florissante avec un centre de transformation des produits halieutiques très dynamique, il y a aussi l’agriculture. Aucun village de la zone n’est plus florissant que Mballing », assure Assane Kadam.
En sport, ajoute Mbaye Kandji, malgré les moqueries, leur Asc est la meilleure du coin. « Nous avons transformé la stigmatisation en source de motivation. C’est comme ça que beaucoup de familles s’en sont sorties. Nous avons des administrateurs civils, des docteurs en pharmacie, des docteurs dans d’autres domaines, de hauts cadres… », ajoute-t-il. L’exemple le plus patent est Maguette Sène, le maire de Malicounda, commune à laquelle est rattachée Mballing, par ailleurs Directeur général du Coud. Il est originaire du coin et son père fait partie des anciens de la localité dont le visage orne le mur sur le boulevard des anciens.
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ABDOULAYE DAOUDA DIALLO SE RANGE DERRIÈRE AMADOU BA
Le président du CESE a promis, samedi de soutenir la candidature du Premier ministre à la présidentielle. Une décision prise, dit-il, après ‘’moult échanges’’ avec le chef de l’Etat Macky Sall et ses camarades de parti
« Je tiens à le remercier chaleureusement pour la confiance qu’il m’a accordée dès le premier jour », a déclaré samedi Abdoulaye Daouda Diallo, qui faisait face à la presse. Le président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) a ensuite énuméré les différents postes qu’il a occupés sous le régime de Macky Sall.
Concernant sa candidature au sein de la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby), il a souligné qu’il faisait partie des prétendants. « J’étais prêt à assumer les responsabilités en tant que candidat élu », a-t-il Indiqué, précisant qu’il répondait pleinement aux critères requis, mettant en avant son expérience en tant qu’élu.
« Chacun d’entre nous a le devoir impérieux de préserver cette exception sénégalaise léguée par nos prédécesseurs », a-t-il souligné. Il a ajouté : « Après une réflexion approfondie, j’ai décidé de répondre à l’appel du président de la République, en privilégiant l’unité à cinq mois de l’élection présidentielle. En conséquence, je retire ma candidature pour barrer la route aux entrepreneurs du chaos».
Il appelle tous les Sénégalais à s’engager pour la préservation des acquis et pour une victoire de la coalition Benno Bokk Yaakaar au soir du 25 février 2024.
par Félix Atchadé
L'AVENIR DE L'AFRIQUE PASSE PAR UNE ÉMANCIPATION DES PEUPLES
Le logiciel de Paris nourrit une ethnologie et une anthropologie politique d’un autre âge qui donnent de l’Afrique et des Africains une vision erronée. Il y a le refus de sortir d’une matrice néocoloniale, alors que les faits nous y incitent
À une époque pas si lointaine, l’État français aurait déjà déclenché une opération militaire extérieure pour rétablir ses intérêts au Niger. Il a bien tenté de montrer ses muscles au lendemain du coup d’État qui a renversé le président Mohamed Bazoum, en appuyant les dirigeants les plus réactionnaires et va-t’en guerre au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Tout cela a fait pschitt.
Les peuples ne veulent pas de guerre, et ils l’ont dit dans toute la sous-région. Une guerre contre ce pays parmi les plus pauvres du monde, au sous-sol pourtant si riche, aurait été un désastre. Même les Américains l’ont compris. Le monde a changé, l’Afrique encore plus.
Des prises de conscience s’opèrent, particulièrement dans la jeunesse, avec une aspiration à une sorte de deuxième indépendance, et en corollaire un rejet grandissant de la politique française et de ses irritants que sont l’armée française, le franc CFA et… l’arrogance de ses dirigeants. Ce rejet est accompagné d’une exigence de souveraineté et d’une volonté de diversifier les partenariats économiques et militaires.
N’était-ce pas prémonitoire quand Emmanuel Macron disait « Il n’y a plus de politique africaine de la France », le 28 novembre 2017 à l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou ? En Afrique, la France sans ligne directrice patauge et s’enfonce.
S’il est évident que dans les batailles d’influence actuelles, les désinformations sont légion, la parole de Paris est d’emblée suspectée, à tort ou à raison. Malgré son impuissance grandissante, elle reste enfermée dans un logiciel devenu inopérant, pour ne pas dire contre-productif.
C’est le résultat d’une cécité, d’un fonctionnement vertical de nos institutions, où la politique est décidée à l’Élysée, avec une diplomatie impuissante et des militaires omniprésents à qui on demande d’apporter des solutions politiques. Ce logiciel nourrit une ethnologie et une anthropologie politique d’un autre âge qui donnent de l’Afrique et des Africains une vision erronée, l’opération « Barkhane » symbolisant le mieux cette logique. Il y a le refus de sortir d’une matrice néocoloniale, alors que les faits nous y incitent depuis longtemps.
Quatre-vingt-quatorze parlementaires, issus pour l’essentiel de la droite, ont appelé récemment, dans une lettre ouverte au président de la République, à refonder la politique africaine de la France. Sans faire une seule proposition.
Ce n’est pas l’avenir des peuples africains qui semble les inquiéter, mais davantage la perpétuation de certains intérêts. « Nous ne nous résignons pas à notre disparition progressive de l’ensemble du continent ! », assènent-ils. Le coup est dur en effet pour ceux qui ont soutenu, il y a dix ans, un rapport sénatorial au titre évocateur : « L’Afrique est notre avenir… »
L’avenir de l’Afrique est d’abord celui des Africains. Il faut écouter les peuples. C’est ce que disent le PCF et ses parlementaires, engagés pour la fermeture des bases militaires françaises en Afrique et l’émancipation politique, économique, monétaire des peuples d’Afrique.
Le retrait des forces armées françaises et l’abandon du franc CFA permettraient d’améliorer la stabilité de la région sahélienne.
Par Félix Atchadé est membre du collectif Afrique du PCF.
DES ÉTUDIANTS OUEST-AFRICAINS PRIVÉS DE VISAS POUR LA FRANCE
Les visas pour les étudiants en provenance du Mali, du Niger et du Burkina Faso, qui avaient prévu de poursuivre leurs études en France, sont suspendus en raison de la fermeture des services consulaires français dans ces pays
Les visas pour les étudiants en provenance du Mali, du Niger et du Burkina Faso, qui avaient prévu de poursuivre leurs études en France, sont suspendus en raison de la fermeture des services consulaires français dans ces pays. Le ministère des Affaires étrangères a confirmé cette suspension, en précisant que les services de Campus France et de visas ne pouvaient plus fonctionner normalement.
Les artistes, étudiants et chercheurs déjà présents en France peuvent poursuivre leurs activités et leurs études normalement, et ils sont les bienvenus. Les bourses accordées aux étudiants originaires de ces trois pays et déjà sur le territoire français restent actives. Actuellement, la France compte environ 3 000 étudiants maliens, 2 500 burkinabés et 1 200 nigériens dans ses établissements d'enseignement supérieur.
Le ministère des Affaires étrangères a précisé qu'il n'avait pas donné d'instruction pour suspendre la coopération avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso, ni avec leurs ressortissants. La suspension concerne uniquement la coopération de la France dans ces pays, en raison du contexte sécuritaire et politique. Cette mesure de suspension des services de visas et de coopération civile a été prise pour des raisons de sécurité depuis le 7 août, en raison de la situation actuelle à Niamey, Ouagadougou et Bamako.
Le ministère de la Recherche et de l'Enseignement supérieur a également confirmé la suspension des services de visas et de coopération civile pour des raisons de sécurité. Cependant, il a précisé qu'il n'était pas question d'arrêter les coopérations existantes avec les universités et les établissements scientifiques de ces pays.
Cette suspension des visas a suscité des protestations de la part de syndicats professionnels du monde de la culture. Certains syndicats ont affirmé avoir reçu un message des directions régionales de la culture, rédigé sur instruction du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, leur demandant de suspendre toute coopération avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Cependant, le président Emmanuel Macron a déclaré qu'il n'y aurait pas d'annulation des événements ou de refus de visa pour les artistes de ces pays, et la ministre de la Culture Rima Abdul Malak a souligné qu'il n'était pas question d'arrêter les échanges avec les artistes, bien que la délivrance de nouveaux visas soit impossible pour le moment.
AMADOU BA, DEUX ANS D'ATTENTE
12 jours après les élections législatives, le nom de domaine amadouba2024.com a été créé. L’actuel Premier ministre était au courant du choix de Macky Sall pour 2024, au point de se préparer en conséquence
Son bilan à la tête du pays peut ne pas faire l’unanimité, tout comme sa façon de gouverner, mais une chose reste certaine : le génie politique de Macky Sall n’est plus à démontrer. Depuis longtemps, il déroule un plan qui a perdu bien de monde. Il a ôté à l’opposition son argument majeur en renonçant à se représenter. Et en désignant son successeur, il s’est assuré de réduire toute vélléité de rébellion dans son camp. De son côté, Amadou Ba agit depuis 2 ans au moins comme s’il était dans le secret du prince et se savait désigné futur candidat, et se préparait en conséquence.
La désignation du candidat de Benno bokk yaakaar a tenu en haleine l’opinion pendant des mois. Dans une adresse à la Nation, Macky Sall, qui avait renoncé à se représenter à la Présidentielle de 2024, avait promis une consultation pour désigner le candidat de la majorité. Le Quotidien peut démontrer que c’était une stratégie pour mieux débusquer les foyers internes de tension afin de les contrôler, car le leader de Benno avait déjà son candidat. Pour preuve, 12 jours après les élections législatives, le nom de domaine amadouba2024.com a été créé. Ce qui prouve que l’actuel Premier ministre était au courant du choix de Macky pour 2024, au point de se préparer en conséquence. Il faut néanmoins noter qu’une fois ce site rendu public, l’intéressé, qui n’était pas encore officiellement désigné, s’était empressé de le dénoncer, comme «un fake», en l’imputant à des personnes qui ne lui voulaient pas de bien. Il n’empêche qu’au vu de l’évolution des choses, on peut se demander comment interpréter tout le processus qui a abouti à sa désignation officielle.
Il faut se rappeler qu’à cette période, la percée de l’opposition, conséquence d’une bipolarisation de la scène politique, menaçait sérieusement le pays d’une cohabitation à l’Assemblée nationale. Il fallait reprendre la main pour la majorité ou préparer ses bagages pour retourner dans l’opposition en 2024. En acceptant de ne point se présenter, Macky Sall redevient le maître du jeu en ôtant à l’opposition l’essence de son ascension, qui a été la question de la 3ème candidature.
Il a appliqué à la lettre les conseils de Robert Greene dans son livre Power : les 48 lois du pouvoir. Dans la loi 3, l’écrivain américain affirme ceci : «Maintenez votre entourage dans l’incertitude et le flou en ne révélant jamais le but qui se cache derrière vos actions. S’ils n’ont aucune idée de ce que vous prévoyez, ils ne pourront pas préparer la défense. Guidez-les assez loin dans une autre direction, enveloppez-les d’un écran de fumée et quand ils perceront à jour vos desseins, il sera trop tard.»
Aly Ngouille Ndiaye, Abdoulaye Daouda Diallo et Mame Boye Diao ne diront pas le contraire. Croyant que Macky Sall allait se présenter pour 2024, ces derniers n’ont pas jugé nécessaire de s’écarter du pouvoir pour préparer la Présidentielle. Ce qui n’a pas été le cas de Amadou Ba qui a eu, au moins, deux années pour se préparer en secret. Cette stratégie a le mérite de réduire grandement la capacité de nuisance des candidats à la candidature de Bby par défaut de temps.
A cet effet, ceux qui pouvaient jouer aux trouble-fête dans la majorité sont obligés de se positionner derrière Amadou Ba. Le risque est trop grand et le temps quasi nul pour faire cavalier seul. Pour conserver leur poste, il est certain qu’ils vont se donner corps et âme pour y parvenir. Bien qu’une rébellion soit dans l’ordre naturel des choses, Macky Sall s’est assuré, au préalable, que celle-ci soit pratiquement sans grande conséquence. Et il faut comparer l’électorat des rebelles au fichier national pour s’en persuader. C’est à coup sûr moins de 5% du fichier.
Avec la majorité silencieuse, ce gap est largement compensé. Cependant, l’opposition réunie, qui n’a pas su battre le pouvoir aux dernières élections législatives, devra se trouver un nouvel argument de campagne. La question de la 3ème candidature n’étant plus d’actualité, tout comme une union sacrée, avec la dislocation de Yaw, elle devra réaliser un exploit pour gagner au soir du 25 février 2024. La politique est un art, la fougue, l’inintelligence situationnelle n’y ont pas leur place. Une élection se prépare des années durant.
L'ÉCOLE FACE À UN DÉFICIT DE 6 000 ENSEIGNANTS
A quelques jours de l’ouverture des classes, le système éducatif sénégalais souffre déjà d’un manque d’enseignants, surtout dans les filières scientifiques
A quelques jours de l’ouverture des classes, le système éducatif sénégalais souffre déjà d’un manque d’enseignants, surtout dans les filières scientifiques. Si l’on se fie aux révélations du président de la Commission éducation à l’Assemblée nationale qui prenait part à la table ronde sur l’éducation, dénommée «Regards croisés d’experts externes», organisée par la Cosydep dans le cadre de son programme «Nos vacances pour l’école 2023», les enseignants sortants ne sont jamais remplacés. Pourtant, le Parlement a consenti des efforts pour combler ce gap en votant pour 6000 postes qui n’ont jamais été libérés, a dit le député Oumar Sy. «Mais ce qui est inquiétant est que, même si c’est libéré aujourd’hui, ces enseignants-là iraient dans les écoles sans une préparation pédagogique. C’est un fait très grave», a indiqué le Pr Abdou Salam Sall.
Selon l’ancien Recteur de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, ce déficit d’enseignants est plus visible en sciences et en philosophie. Mais quelles en sont les causes ? «Des professeurs certifiés en maths, il y en a très peu dans le système. C’est dû à plusieurs raisons. En outre, les jeunes qui font maths à la Fac ont la possibilité de faire d’autres filières comme l’informatique, la robotique, la cryptographie, qui sont plus attractives et qui paient plus. Et à partir de cet instant, le choix est vite fait. Avant, quand il y avait un déficit de profs, on venait à la Fac pour recruter. Maintenant, quand on vient à la Fac, on n’en trouve pas», a expliqué le Pr Abdou Salam Sall. Pour remédier à ce manque d’enseignants en maths, et qui pourrait compromettre les études des apprenants, l’ancien président du Comité de pilotage des Assises de l’éducation et de la formation trouve qu’il faut donner suffisamment de statut à l’enseignant et à l’instituteur.
Ainsi, il suggère de se battre pour créer une banque de l’éducation, pour que les enseignants aient un statut social que les autres n’ont pas, à savoir le respect, la considération et la rémunération. «Dès lors qu’on a un problème de déficit de qualification, nous pouvons le pallier en renforçant les capacités des enseignants qui sont en place. Mais aussi en les accompagnant par une banque de ressources pédagogiques où ce sont des enseignements standards qui sont délivrés, auxquels les élèves peuvent accéder. Si un élève a un bon enseignant en sciences, assez souvent il est aussi bon en sciences», a-t-il précisé.
C’est pour avoir des stratégies d’anticipation sur l’année scolaire que la Cosydep a organisé ce programme de vacances, afin d’échanger en profondeur sur des conflits probables et discuter de questions à fort enjeu avec les acteurs et les experts. A l’issue de cette table ronde, il est ressorti la volonté d’avoir un système éducatif qui devient l’affaire de tous, notamment les acteurs de l’éducation, les enseignants, les élèves, les parents d’élèves, les entreprises et Ong.
Autre suggestion des experts, c’est de faire de l’éducation une source de résolution des problèmes auxquels la société est confrontée dans les domaines économique, environnemental, climatique, sécuritaire, politique et de la crise des valeurs. Pour les acteurs, l’école doit pouvoir travailler à apporter des réponses à ces crises. Estimant aussi que l’éducation est un droit pour tous les enfants, ils demandent de résoudre le déficit des enseignants en vue de permettre aux enfants de jouir de ce droit.
TIVAOUANE DANS LA FERVEUR DU BOURDE
De très nombreux fidèles ont pris part vendredi à la ‘’hadaratou juma’’ à Tivaouane, ville qui s’apprête à vivre, ce samedi, sa première nuit du ‘’bourde’’, une manifestation religieuse de dix jours rythmée par des poèmes panégyriques du Prophète Mohamed
De très nombreux fidèles ont pris part vendredi à la ‘’hadaratou juma’’ (zikr du vendredi) à Tivaouane, ville qui s’apprête à vivre, ce samedi, sa première nuit du ‘’bourde’’, une manifestation religieuse de dix jours rythmée par des poèmes panégyriques du Prophète Mohamed.
A l’image des années précédentes, un nombre important de disciples tidianes ont afflué vers la cité religieuse pour assister à cette première nuit du bourde qui se tient en prélude du Gamou, l’évènement religieux célébrant la naissance du Prophète Mohamed, qui, cette année, aura lieu le 27 septembre.
L’heure est aux derniers réglages dans les zawiya Seydi Elhadji Malick Sy, en pleine réfection depuis quelques jours. A la mosquée Serigne Babacar Sy également, tout est fin prêt pour vivre une belle nuit de prières. L’esplanade des mosquées a été soigneusement nettoyée. La climatisation, défectueuse parfois, a été remise en état à notre passage.
L’impatience de vivre la première nuit du bourde est perceptible dans les discussions entre les nombreux fidèles venus parfois de loin.
La célébration des 10 jours du bourde s’explique par le fait que la date de naissance du Prophète est située dans les 10 premiers jours de Rabî‘ al Awwal, mois pendant lequel est célébré le Gamou, connu également sous le nom de Maouloud (Mawlid). Et c’est en voulant tenir compte de cette réalité que Seydi Hadj Malick Sy, l’initiateur du Gamou, a décidé d’instaurer le bourde.
Au 11 ème jour de ce mois, il demandait aux disciples de se reposer pendant qu’il convoquait ses représentants dans les autres localités du pays, afin qu’ils expriment leurs doléances pour la bonne tenue du Gamou. Chacun d’eux devait aussi proposer un programme à dérouler pendant l’année ainsi que les difficultés rencontrées pour dérouler le programme de l’an passé afin d’y remédier pour la nouvelle année.
Ces rencontres étaient ainsi l’occasion pour Seydi Hadji Malick Sy de leur rappeler les exigences de leur mission. »C’est vers la guidance du Prophète que nous orientons les générations futures » est le thème de la présente édition du Gamou de Tivaouane.
Un thème qui colle bien avec les exigences de l’heure, estime Papa Youssoupha Diop, petit-fils de Serigne Abdoul Aziz Sy ‘’Dabakh’’. »’Les générations futures ont besoin de bien s’inspirer pour mieux agir’’, estime-t-il. Il pense qu’’’il y va de la légendaire posture du Sénégal dans les milieux islamiques du monde »’.
LE BAL DES OUTSIDERS
Défaut de maillage du territoire, parrainage et émiettement, les candidats réformistes, qui ont du mal à créer de véritables dynamiques autour de leurs projets, malgré un discours qui porte, devront batailler pour surmonter l’épreuve du parrainage
Une présidentielle, c’est le rendez-vous entre un homme et son peuple. Mais il faut toute une machine en branle, prête à sillonner le pays, village par village, à la quête des suffrages des Sénégalais, pour espérer convaincre, afin de faire triompher sa cause. Ce qui manque de façon criante à nombre d'aspirants à la magistrature suprême. Souvent dans les médias, le discours de rupture qu’ils prônent passe plus ou moins dans les centres urbains et auprès de certaines opinions de la jeunesse et de l’élite.
Dans cette catégorie, on pourrait mettre l’ancien ministre Thierno Alassane Sall avec sa République des valeurs, l’ancien directeur général de la Sones Dr Abdourahmane Diouf, l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye qui s’engage pour une refondation des institutions, Bougane Guèye Dani qui nage dans les eaux de l’antisystème (un appel du pied à l’électorat de Pastef), le député Pape Djibril Fall qui s’érige en serviteur… Tous mettent en avant la volonté de rompre avec certaines pratiques politiciennes et l’instrumentalisation des institutions à des fins partisanes. Et tous les moyens sont bons pour entrainer une adhésion massive des Sénégalais.
Au niveau de l’Initiative citoyenne et républicaine Appel 2024 qui porte la candidature d’Abdoul Mbaye, on s’engage en un mandat de transition qui va permettre de remettre le Sénégal sur les rails. Acceptant de faire un mandat unique de cinq ans, l’ancien PM a prêté serment pour convaincre de sa bonne foi : ‘’Je jure devant Dieu (SWT), devant mon peuple, devant ma famille et en face de vous qui avez décidé de m'investir de votre confiance que si, par la grâce divine, je deviens président de la République du Sénégal, à la tête de l'équipe qui m'accompagnera pendant mon mandat, je respecterai et ferai respecter la loi…’’, confiait-il lors de son investiture.
Dans la même veine, Abdoul Mbaye, à l’instar de la plupart des candidats réformistes, promet de réformer la Constitution pour instaurer une véritable séparation des pouvoirs, de rendre la justice plus indépendante, de changer le mode d'élection des députés afin que le Parlement accueille de véritables représentants du peuple, de soumettre le choix des membres du gouvernement au respect de critères d'honnêteté et de compétence prouvées…
C’est dans le même cadre que s’inscrit la déclaration de campagne de Thierno Alassane Sall qui promet de ‘’réenchanter’’ le Sénégal. Ce qui passe, selon lui, par la lutte contre les inégalités, la corruption, les détournements de deniers publics, la mise en place d’une justice indépendante et des institutions fortes.
Selon l’ancien ministre de Macky Sall, ‘’le moment est arrivé pour notre nation de redécouvrir sa voie, celle de l'espoir, de la justice, de la connaissance, de l'égalité, de sa propre réalisation… La corruption et la mauvaise gouvernance doivent être éradiquées. Sans cela, aucun développement n’est possible. Ce sera, là, notre priorité’’.
A l’épreuve du vote utile
Malgré un discours qui accroche auprès des élites, des parcours plus ou moins élogieux, les candidats réformistes peinent à percer auprès des masses et du monde rural. S’y ajoute, auprès de leurs cibles privilégiées – l’élite et la jeunesse - il leur est souvent très difficile de s’imposer en raison du vote utile.
Pour la Présidentielle-2024, le défi sera surtout de convaincre cette catégorie de l’électorat dont une bonne partie est acquise à Ousmane Sonko dont la participation est sérieusement compromise.
C’est d’ailleurs conscients de cette limite que nombre d’entre eux mettent tout en œuvre pour plaire à l’opposant en prison, à ses militants et à ses sympathisants.
Il faut noter que pour cette élection à venir, le candidat qui sera soutenu par le président de l’ex-parti Pastef - dans le cas où il ne serait pas autorisé à participer - a des chances réelles de jouer les premiers rôles.
En 2019, la plupart de ces candidats réformistes avaient été recalés à l’étape même du parrainage, soit une vingtaine sur la trentaine de candidats à la candidature. C’est d’ailleurs là l’un des principaux défis auxquels ils vont devoir faire face.
Pour rappel, en ce qui concerne le parrainage, la loi prévoit un taux-plancher de 0,6 % et un taux-plafond de 0,8 %. Il faudrait également veiller à ce que les parrains ne soutiennent pas d’autres candidats et qu’ils soient répartis dans un certain nombre de régions. Ce qui est loin d’être gagné pour ces candidats peu implantés à l’intérieur du territoire.
Le danger de l’émiettement
L’autre grand ennemi de ces réformistes, c’est leur émiettement dans un environnement électoral où les grandes coalitions et les grands partis ont tendance à dicter leurs lois à toutes les élections. Depuis 2012, c’est la coalition conduite par le parti au pouvoir qui gagne à toutes les compétitions. Le candidat de l’opposition qui dispose le plus de soutiens arrive souvent à la deuxième position. Chez les réformistes, chacun se cantonne dans ses propres ambitions. Ce qui rend encore plus difficile leur tâche. Le vote utile aidant, les électeurs ont souvent tendance à recourir au candidat le mieux placé pour remporter la bataille, pas celui qui a le plus beau programme ou le meilleur profil. La question, c’est de savoir pourquoi ces gens qui ont approximativement le même discours, le même idéal, ont du mal à se mettre ensemble ? N’est-ce pas là un mauvais signal qui montre qu’à l’instar des autres partis, ils ne sont obnubilés que par le pouvoir et que leurs intérêts individuels priment sur l’intérêt du peuple ? Une chose est presque sûre : avec cet émiettement, ils ont très peu de chances de supplanter les partis traditionnels.
À côté de ces candidats réformistes dont le principal défi est de surmonter l’épreuve du parrainage, il y a les candidats avec des organisations certes présentes dans plusieurs parties du territoire, mais pas suffisamment implantées pour espérer jouer les premiers rôles à la Présidentielle. Parmi eux, l’ancien maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall, l’ancien ministre et candidat du Grand parti Malick Gakou. Tous deux des produits du système qui ont appris à faire leur mue au contact de l’opposition.
Pour le cas Khalifa Ababacar Sall, depuis quelque temps, il se démène comme un beau diable pour pallier cette insuffisance du défaut d’encrage à l’intérieur du pays, à travers notamment son programme ‘’Motali Yéene’’. Une tournée politique qui l’a déjà mené dans plusieurs recoins du Sénégal et du monde. Il en profitera sans doute pour essayer de refaire son image sérieusement écornée par la campagne de dénigrement dont il a pu faire l’objet, suite à sa décision de participer au Dialogue politique pour retrouver son éligibilité.
Pour sa part, Malick Gakou, qui n’avait pas dépassé en 2019 le cap du parrainage, doit avoir appris de ses épreuves pour espérer participer à la prochaine Présidentielle.
Pour rappel, à l’époque, Gakou avait eu un nombre important de parrains, dépassant largement le seuil requis, mais il a été pénalisé par le système cruel qui rejette le double parrainage. En sus, il devra également batailler ferme pour étendre ses tentacules au-delà de son Guédiawaye, pour espérer avoir des chances présidentielles.
Contrairement aux réformistes qui se caractérisent par leur isolement et leur dispersion, ces produits du système savent créer de véritables dynamiques autour de leurs projets pour maximiser leurs chances auprès de l’électorat.
LES ACTEURS DE LA MÉDECINE TRADITIONNELLE EN ATTENTE DE CADRE JURIDIQUE
La pratique de la médecine traditionnelle est toujours à l’état anarchique au Sénégal. Des cabinets sont ouverts un peu partout dans le pays, des tables installées dans chaque coin de la rue
La pratique de la médecine traditionnelle est toujours à l’état anarchique au Sénégal. Des cabinets sont ouverts un peu partout dans le pays, des tables installées dans chaque coin de la rue. Des consultations se font sans un cadre juridique clair, des prescriptions causant dans la majorité des dommages sanitaires dans la prise en charge de certaines pathologies. Malgré un département au ministère de la Santé et de l’action sociale pour la médecine traditionnelle, son organisation semble toujours figée, en dépit de l’annonce d’une loi sur l’exercice de cette pratique.
Selon la définition de l’Organisation mondiale pour la santé (Oms) la médecine traditionnelle est la somme totale des connaissances, des compétences et des pratiques que des cultures autochtones et différentes ont utilisées au fil du temps pour préserver la santé et prévenir, diagnostiquer et traiter les maladies physiques et mentales . Cette pratique est incontournable dans la prise en charge de la couverture maladie universelle en Afrique. Au Sénégal, une bonne partie de sa population, soit 80%, se soigne à base de plantes ou consulte les tradipraticiens en cas de maladie. La médecine traditionnelle est souvent le premier recours et le dernier après un désespoir dans la médecine moderne. Au Sénégal, conscient de l’importance de cette pratique de la médecine pour la population, une cellule médecine traditionnelle a été créée en 2014 au sein du ministère de la Santé et de l’action sociale avec comme mission, d’impulser et de promouvoir la médecine traditionnelle dans le système national de santé préventif et curatif; d’organiser l'exercice et la pratique de la médecine traditionnelle à tous les niveaux; de coordonner et suivre la mise en œuvre des activités de la médecine traditionnelle mais aussi de coordonner l'élaboration des textes législatifs et règlementaires régissant la médecine traditionnelle qui prend en compte le médicament et le traitement. Cependant, elle se heurte aux charlatans qui sapent le travail de toute une génération rendant la crédibilité des tradipraticiens en doute ou en péril. Dans cette mêlée, il est souvent difficile de différencier le tradipraticien du charlatan. Selon le coordonnateur de la médecine traditionnelle au sein du ministère de la Santé et de l’action sociale, le professeur Emmanuel Bassène, la reconnaissance d’un traditipraticien se fait par sa communauté. « La médecine traditionnelle est souvent un héritage. Au sein de la communauté, leurs habitants les connaissent et c’est grâce à eux qu’on peut déterminer qui l’est et qui ne l’est pas». En l’absence d’un cadre juridique clair, les tradipraticiens ont essayé de s’organiser au niveau communautaire, régional et national afin d’assainir le milieu. Seulement, ils se heurtent à la présence « de guerrisseurs étrangers » qui mettent les gros moyens dans le domaine de la communication pour se faire connaitre et connaitre leur produit. Cette pratique est décriée par les praticiens de la médecine moderne qui enregistrent des cas graves dans certaines pathologies du foi, du cœur ou encore de l’estomac après une consultation chez eux. Un problème de dosage est décrié dans la prescription aggravant l’évolution de la pathologie en traitement. Pour Gaoussou Sambou, président de la Fédération des tradipraticiens du Sénégal, ce métier leur tient à cœur. « Il n’y a toujours aucune voie pour légaliser et encadrer le travail des tradipraticiens. Depuis 2006, nous attendons la loi sur la réglementation de la médecine traditionnelle. L’attente a trop duré» a fait savoir M. Sambou.
LE CHOIX DU SENEGAL
Le Sénégal, tout en œuvrant au développement de la médecine traditionnelle, s’est fixé comme objectif à court terme de développer la médecine moderne par les plantes, c’est-àdire la phytothérapie en phase avec l’Organisation mondiale de la santé. Grâce à la disponibillité d’assez de résultats scientifiques sur les plantes locales avec des résultats qui rassurent quant au développement de médicaments à base d’extraits de plantes selon nos autorités sanitaires, ce secteur est en phase d’expérimentation. Des produits étant disponibles, il reste le cadre juridique. Au sein du ministère de la Santé et de l’action, le document de politique nationale de médecine traditionnelle et de phytothérapie en a défini les axes stratégiques qui seront mis en oeuvre. Il s’agit de deux textes élaborés grâce au soutien du Bureau Opérationnel de Suivi du Plan Sénégal Emergeant dont le projet d’arrêté portant création de la commission de la pharmacopée et du formulaire national, et le projet d’arrêté fixant les conditions d’octroi de l’Autorisation de Mise sur le Marché des Médicaments à base de plantes.) Pour le professeur Bassène Il n’y a que la phytothérapie qui peut permettre à la médecine traditionnelle de s’imposer et d’évoluer. « La phytothérapie peut permettre de créer un cadre, de normaliser. Elle a les mêmes canevas de normalisation que la médecine moderne. Or, dans la médecine traditionnelle, chacun à sa façon de faire. C’est possible qu’on parvienne à des consensus grâce à la phytothérapie » a-t-il avancé.
L’ASSAINISSEMENT DU MILIEU
En 2016, le gouvernement avait validé en conseil des ministres le projet de loi pour l’encadrement de l’exercice de la médecine traditionnelle. Le texte devrait être soumis aux parlementaires la même année pour une validation, mais, il est toujours dans les tiroirs à cause de l’opposition des praticiens et des pharmaciens. A terme, il était attendu « qu’un médecin traditionnel devra obtenir une autorisation du ministère de la Santé pour exercer ». Un projet de loi qui selon les acteurs de ce plaidoyer, instaure « l'obligation de se spécialiser dans un domaine et interdit donc de proposer des soins pour plusieurs types d'affections ». Pour les plantes médicinales, « leurs propriétés et les dosages à indiquer seront établis par un laboratoire de contrôle. Les médicaments de la médecine traditionnelle devront ainsi obtenir une autorisation de mise sur le marché». Alors que le texte devait être sur la table des parlementaires, les professionnels de la santé avaient apposé leur veto en dénonçant un texte «dangereux» et ont prévenu le chef de l’Etat d’un «crime rampant» intenté contre le peuple si toutefois ce projet est voté. Les blouses blanches déploraient le fait que le texte ne fait pas la différence entre le médecin, le chirurgien, le pharmacien. L’Inter-ordre des professionnels de la santé qui regroupe l’Ordre des médecins, des chirurgiens-dentistes, des pharmaciens et des docteurs vétérinaires, est le garant des règles déontologiques et des pratiques médicales.
L’OMS SUR LE DEVELOPPEMENT DE LA MEDECINE TRADITIONNELLE
Pour l’Oms, le recours à une médecine traditionnelle de qualité peut faciliter la fourniture de soins de santé, en particulier dans les zones rurales éloignées où les systèmes de soins de santé conventionnels sont limités. Ainsi, à l’ouverture en Inde d’un sommet mondial sur la médecine traditionnelle en août dernier, le chef de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) a invité ses Etats membres à formuler des recommandations spécifiques, fondées sur des données probantes et exploitables. Celles-ci pourront ainsi servir de base à la prochaine stratégie mondiale de l’Oms en matière de médecine traditionnelle. « Je vous invite à faire de cette réunion le point de départ d’un mouvement mondial visant à libérer le pouvoir de la médecine traditionnelle grâce à la science et à l’innovation », a déclaré Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, relevant les énormes contributions à la santé humaine apportée par la médecine traditionnelle. Pour le chef de l’OMS, la médecine traditionnelle n’appartient pas au passé. Elle fait l’objet d’une demande croissante dans tous les pays, toutes les communautés et toutes les cultures. «À un moment ou à un autre de notre vie, la plupart d’entre nous auront recours à une forme ou à une autre de médecine traditionnelle », a-t-il affirmé..