WASHINGTON MENACE DE COUPER L'AIDE AMÉRICAINE AU NIGER
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a conditionné mercredi la poursuite du versement de l'aide américaine au Niger au "maintien de la démocratie" dans le pays africain, selon un communiqué du département d'Etat
"Le solide partenariat économique et sécuritaire (des Etats-Unis) avec le Niger dépend du maintien de la démocratie et du respect de l'Etat de droit et des droits humains", a déclaré Antony Blinken au président nigérien Mohamed Bazoum -- retenu par des membres de la garde présidentielle -- lors d'un appel entre les deux hommes. Washington "condamne cet effort visant à prendre le pouvoir par la force et renverser l'ordre constitutionnel", a ajouté le secrétaire d'Etat américain, selon ce communiqué.
L'appel est intervenu avant l'annonce mercredi soir par des militaires à la télévision nationale nigérienne de la suspension de "toutes les institutions" et de la "fin" du régime actuel. Mohamed Bazoum, démocratiquement élu et au pouvoir depuis avril 2021, était retenu depuis mercredi matin par des membres de la garde présidentielle après l'échec de pourparlers sur des points qui restent inconnus.
Le Niger, dont l'histoire est jalonnée de coups d'Etat, est l'un des derniers alliés des pays occidentaux dans une région du Sahel ravagée par la violence jihadiste et dont deux voisins, le Mali et le Burkina Faso, dirigés par des militaires putschistes, se sont tournés vers d'autres partenaires, dont la Russie.
Antony Blinken a également souligné le "soutien indéfectible" de Washington "au président Mohamed Bazoum et à la démocratie du Niger", selon le département d'Etat.
AU NIGER, DES MILITAIRES AFFIRMENT AVOIR RENVERSÉ LE PRÉSIDENT
"Les frontières terrestres et aériennes sont fermées jusqu'à la stabilisation de la situation" et "un couvre-feu est instauré à compter de ce jour de 22h00 à 05h00 (21h00 à 04h00 GMT) du matin sur toute l'étendue du territoire jusqu'à nouvel ordre"
Des militaires ont affirmé mercredi soir avoir renversé le régime du président nigérien Mohamed Bazoum, dans une déclaration lue par l'un d'entre eux à la télévision nationale à Niamey, au nom d'un Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP).
"Nous, forces de défense et de sécurité, réunis au sein du CNSP, avons décidé de mettre fin au régime que vous connaissez", celui du président Bazoum, a déclaré le colonel-major Amadou Abdramane, entouré de neuf autres militaires en tenue. "Cela fait suite à la dégradation continue de la situation sécuritaire, la mauvaise gouvernance économique et sociale", a-t-il ajouté.
Il a affirmé "l'attachement" du CNSP au "respect de tous les engagements souscrits par le Niger", rassurant également "la communauté nationale et internationale par rapport au respect de l'intégrité physique et morale des autorités déchues conformément aux principes des droits humains". "Toutes les institutions issues de la 7e république sont suspendues, les secrétaires généraux des ministères se chargeront de l'expédition des affaires courantes, les forces de défense et de sécurité gèrent la situation, il est demandé à tous les partenaires extérieurs de ne pas s'ingérer", indique en outre la déclaration. Par ailleurs, "les frontières terrestres et aériennes sont fermées jusqu'à la stabilisation de la situation" et "un couvre-feu est instauré à compter de ce jour de 22h00 à 05h00 (21h00 à 04h00 GMT) du matin sur toute l'étendue du territoire jusqu'à nouvel ordre".
Cette déclaration des militaires est intervenue à l'issue d'une journée de tensions à Niamey, marquée par ce que le régime a appelé "un mouvement d'humeur" de la garde présidentielle qui retient le président Bazoum dans sa résidence officielle depuis mercredi matin. Des pourparlers entre les deux parties pour tenter de trouver une solution, sans que l'on sache quelles étaient les exigences des militaires, ont échoué.
Le Niger, pays partenaire privilégié de la France dans le Sahel en proie à la violence jihadiste dans plusieurs parties de son territoire, était dirigé par le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum, au pouvoir depuis avril 2021.
L'histoire de ce pays vaste, pauvre et désertique est jalonnée de coups d'Etat.
Par Mariama BADJI
TOUS COUPABLES
Plus que tout autre sujet d’actualité, celui sur le gros péril que constitue l’émigration de jeunes sénégalais vers d’autres cieux supposés plus cléments, surtout vers l’Europe, nous interpelle aujourd’hui plus qu’avant .
Plus que tout autre sujet d’actualité, celui sur le gros péril que constitue l’émigration de jeunes sénégalais vers d’autres cieux supposés plus cléments, surtout vers l’Europe, nous interpelle aujourd’hui plus qu’avant, sur notre lourde responsabilité partagée, tout en nous mettant en demeure de chercher et trouver, ici et maintenant, de nouvelles pistes de solutions face cette hécatombe qui se déroule devant nos yeux.
Il faut le dire, toutes les stratégies, conçues et mises en œuvre jusque-là, ont échoué ! Pardi…
Et pour cause ! Les Sénégalais, essentiellement des jeunes, mais aussi des femmes et des enfants, tentent encore et encore de partir de plus belle, par tous les moyens qu’offrent des passeurs sans foi ni loi, escrocs et criminels de leur état, bénéficiant certainement de complicités à détecter, leur permettant de déverser leur clientèle entre les mains de tortionnaires présents sur des rivages sinistres ou en plein désert, si une partie ou toute la cargaison humaine n’a pas péri dans les eaux ou par manque de nourriture.
Au Sénégal, où coexistent divers points de départ anciens et nouveaux (dont la Casamance), il n’y a plus un jour où l’on n’enregistre pas des cas de jeunes compatriotes déposés et perdus dans des endroits inconnus et invivables, appelant au secours, ou des pirogues de fortune remplies de dizaines de candidats à l’émigration dite clandestine ou irrégulière, c’est selon, échouant quelque part, avec des morts atroces par noyade, à côté de rescapés hagards, physiquement et mentalement atteints.
Assurément, face à ces phénomènes qui perdurent et s’amplifient de jour en jour, à l’échec retentissant des alternatives proclamées mais aussi à suivre et analyser tant soit peu les propos des survivants, il est clair que la situation nous impose de nouveaux paradigmes.
En effet, pour comprendre la situation de référence, il ne nous est plus permis de ne considérer que les difficultés des jeunes à trouver un emploi décent, source de revenu ou d’évoquer ce mimétisme ambiant face à des cas de « réussite sociale » par l’émigration irrégulière. Il existe beaucoup d’exemples de jeunes qui ont réussi à embrasser un métier, à créer une entreprise, à gagner leur autonomie financière, à fonder une petite famille tout en soutenant leurs parents mais qui, un certain jour, décident de tout quitter pour aller à l’aventure, utilisant des économies ou cédant leur patrimoine pour payer le prix de la traversée à un coût qui aurait pu développer leur activité première. Oui, cela existe !
Il y a lieu de trembler face à des jeunes qui disent « préférer aller mourir dans les océans que de continuer à vivre dans un environnement où ils s’exposent quotidiennement à la risée de leur propre famille qui les stigmatise, ne leur accordant aucun égard ».
En vérité, les situations qui semblent expliquer les motivations sont nombreuses, diverses et très différentes. Nous passons encore notre temps à discuter de ces motivations, autour de vidéos choquantes, sans aller plus loin pour bien comprendre ce qui fait partir les jeunes à tout prix, dans n’importe quelles conditions, sachant les dangers permanents du « voyage » et les chances trop minimes pour arriver dans un endroit tant soit peu sécurisé, où existent de réelles possibilités de travailler, de gagner sa vie.
En plus des gaps notoires dans la prise en charge des besoins en éducation, formation, emploi, santé…, nous devons admettre que le premier facteur explicatif de notre échec est notre manière superficielle voire simpliste d’adresser le phénomène qui nous empêche de bien le comprendre.
Présentement, nous sommes dans l’obligation de revoir notre posture commune, en optant pour : (i) une étude fine et approfondie, menée par une équipe pluridisciplinaire et permettant de capitaliser sur ce qui est fait jusqu’à nos jours, donc identifier les forces et faiblesses, relever les bonnes pratiques, tirer les leçons apprises, puis formuler des recommandations stratégiques, (ii) un plan de mise en œuvre qui distinguerait, au-delà de la responsabilité centrale de l’Etat, celles de toutes les autres familles d’acteurs institutionnelles, socio communautaires, du mouvement associatif de jeunes et de femmes, de la recherche, du secteur privé, des partenaires techniques et financiers…
A son terme, cette étude devrait être soumise à un mécanisme de validation qui va consacrer un engagement national volontaire dont l’opérationnalisation ferait l’objet d’un suivi systématique et de moments d’évaluation pouvant favoriser des décisions de réajustement et de correction.
En tout état de cause, le dispositif multi acteurs chargé de conduire les nouvelles alternatives choisies gagnerait à être gouverné résolument de façon participative, inclusive et transparente. Et, d’ores et déjà, l’alerte devrait être sonnée, en allant au-delà des simples reportages pour transformer l’indignation collective actuelle en une volonté d’agir dans l’intérêt de notre jeunesse, donc de notre pays.
L’ECONOMIE, L’EDUCATION ET LE SPORT, THEMES PHARES DU 2EME SOMMET RUSSIE-AFRIQUE
L’économie et la souveraineté alimentaire, la coopération universitaire et sportive, sont les thèmes majeurs du deuxième sommet Russie-Afrique dont les travaux s’ouvrent jeudi à Saint-Pétersbourg (27 et 28)
Saint-Pétersbourg, 26 juil (APS) – L’économie et la souveraineté alimentaire, la coopération universitaire et sportive, sont les thèmes majeurs du deuxième sommet Russie-Afrique dont les travaux s’ouvrent jeudi à Saint-Pétersbourg (27 et 28), a-t-on appris de la structure en charge de l’organisation de cet évènement, la Fondation Roscongress.
Le président de la République du Sénégal, Macky Sall, va prendre part à cette rencontre après la première édition tenue à Sotchi en 2019.
Des chefs d’Etat du continent seront aux côtés de leur homologue russe Vladimir Poutine. D’autres pays seront représentés par leurs chefs de gouvernement ou les ministres en charge de la défense ou des affaires étrangères, indique t-on sur place.
La même source annonce également des »panels de haut niveau » à l’agenda de ces deux jours du sommet. Des participants vont plancher sur un panel portant sur »la stabilité du marché des engrais comme gage d’éradication de la faim dans les pays africains ».
Un autre sous-thème portant sur »les nouvelles voies logistiques Russie-Afrique » est également inscrit dans le programme reçu des organisateurs.
»Russie et Afrique : un partenariat en faveur de la souveraineté alimentaire », figure également parmi les thèmes du sommet qui va accorder »un cachet significatif à l’humanitaire ».
Ce panel sera l’occasion de s’interroger »si l’expérience des prêts accordés aux agriculteurs russes pourrait-elle servir de modèle aux États africains », détaille le document.
L’un des thèmes porte aussi sur »le développement en matière d’échanges interuniversitaires ». Les panélistes vont ainsi plancher sur »les domaines scientifiques prioritaires pour le développement de l’Afrique ».
Le sommet veut également s’attarder sur les enjeux liés au sport comme un »instrument de diplomatie », avec un thème intitulé : »le sport : un pont d’amitié entre la Russie et l’Afrique ».
»Pour les jeunes Africains, le sport est l’un des ascenseurs sociaux les plus accessibles et les pays africains ont un grand potentiel dans le domaine du sport », souligne le texte des organisateurs, ajoutant que les jeux d’amitié que la Russie compte organiser en septembre 2024 »seront l’un des nouveaux ponts entre la Fédération de Russie et les pays africains ».
LE F24 VEUT EXPORTER SON COMBAT
La plateforme des forces vives de la nation (F24) a annoncé, mercredi, à Dakar, l’organisation d’une campagne internationale d’information pour la préservation de la paix civile au Sénégal, a appris l’APS.
Dakar, 26 juil (APS) – La plateforme des forces vives de la nation (F24) a annoncé, mercredi, à Dakar, l’organisation d’une campagne internationale d’information pour la préservation de la paix civile au Sénégal, a appris l’APS.
»Après l’opération menée contre la troisième candidature, le F 24 va entamer une campagne internationale d’information et de dénonciation sur l‘état fortement dégradé de la démocratie et des libertés dans notre pays’’, a déclaré le coordonnateur du F24, Mamadou Mbodj, lors d’une conférence de presse.
Selon lui, il s’agira »d’alerter sur les risques de déstabilisation du Sénégal consécutivement aux manœuvres du régime en place pour se maintenir par tous les moyens notamment par une sélection arbitraire des candidats à la prochaine élection présidentielle ».
Pour Mamadou Mbodj, »le renoncement au troisième mandat est un acte salutaire qui doit être suivi par d’autres actes en privilégiant la désescalade et l’apaisement’’. ‘’Le F24 va continuer son combat par une démarche intelligente, résiliente et stratégique, pour entre autres, l’organisation d’une élection inclusive, sincère, transparente et apaisée en 2024’’, a-t-il-ajouté.
par l'éditorialiste de seneplus, félix atchadé
MACKY SALL, UN BILAN GLOBALEMENT NÉGATIF
EXCLUSIF SENEPLUS - La pratique gouvernementale est caractérisée par un autoritarisme rompant avec la tradition sénégalaise des cinq dernières décennies. La fascination pour les libertés est un point non négociable du contrat social sénégalais
Félix Atchadé de SenePlus |
Publication 26/07/2023
Le 3 juillet 2023, à 20 h 21 après une vingtaine de minutes d’une allocution annoncée de longue date, le président de la République, Macky Sall déclarait « Ma décision, longuement et mûrement réfléchie, est de ne pas être candidat à la prochaine élection du 25 février 2024 ». Il mettait fin ainsi à une agitation politicomédiatique autour du « deuxième quinquennat » qu’il a suscitée et entretenue depuis sa « réélection » en février 2019. Les semaines précédant son annonce, avec une énergie renouvelée et teintée de désespoir, il a organisé diverses réunions à la présidence de l’avenue Léopold Sédar Senghor. Au cours de ces réunions, les courtisans rivalisaient d’éloquence pour dire que son maintien à la tête du pays était « une demande sociale » et prédisaient l’apocalypse s’il n’est pas candidat à un nouveau bail à la direction du pays. L’annonce de Macky Sall a entraîné hors du Sénégal une flopée de « salutations et de félicitations ». Le président français Emmanuel Macron, le Secrétaire d’État américain Antony Blinken, le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres y sont allés chacun de leur tweet. En Afrique : les présidents du Niger, Mohamed Bazoum, et de Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, ainsi que le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat ont adressés des messages de félicitations. Au Sénégal, mis à part le microcosme politicomédiatique, la déclaration présidentielle a été accueillie dans l’indifférence. Plus de trois Sénégalais sur quatre (79 %)[1] étant pour la limitation des mandats présidentiels à deux, son annonce n’avait aucun intérêt pour eux. Aucune des figures importantes de la société civile (dignitaires religieux en premier) n’a considéré que le propos présidentiel nécessite un commentaire particulier.
L’esbroufe et la vérité historique
Le président Macky Sall a dit au cours de son allocution que c’est son « code d’honneur » qui l’a amené à cette décision. Qu’il a renoncé à se présenter, en dépit du fait qu’il en a le droit, parce que son « sens de la responsabilité » lui commande de préserver sa dignité et sa parole ! C’est son récit. Les wolofs disent « Kuy Xalam, di ci jaayu »[2] (« On se berce au son de sa propre guitare ») ! Birago Diop (1906-1989) écrivain et poète, qui a mis à l’écrit de contes traditionnels de la littérature orale africaine, notamment Les Contes d’Amadou Koumba dit « Quand la mémoire va chercher du bois mort, elle ramène le fagot qui lui plaît. » À la vérité historique nous devons de dire que le chef de l’État a cherché jusqu’au bout à être candidat. Alors que la Constitution en son article 27 est claire sur son incapacité à être de nouveau dans la course présidentielle, il a mobilisé son Gouvernement, son parti (APR), la coalition présidentielle (BBY), la presse, des lobbyistes américains et une officine française d’extrême droite de juristes mercenaires pour opérer des distinctions fantaisistes sur la notion de mandat, épiloguer sur ce qui est « hors de portée », etc.
Le renoncement du Président à son plan de mise en orbite de sa candidature illégitime et illégale à l’élection présidentielle du 25 février 2024 est en réalité une capitulation en rase campagne. Outre que les Sénégalais dans leur immense majorité sont pour la limitation des mandats, les organisations de la société civile notamment les ministres des Cultes qui ont une véritable influence ont montré qu’il ne fallait pas compter sur eux pour trouver un début de soutien à cette aventure. Plus encore que la « résistance passive » de ces groupes sociaux, c’est la détermination des opposants notamment ceux regroupés autour d’Ousmane Sonko et de Pastef qui ont fait comprendre à Macky Sall qu’il faut reculer. Les dénonciations de l’ancienne Première ministre Aminata Touré ont également joué un rôle non négligeable. En définitive, la stratégie présidentielle a privé les Sénégalais des débats et laissé un pays au contrat social soumis à rude épreuve.
Un contrat social soumis à rude épreuve
Il est prêté à Macky Sall, alors qu’il se préparait à se lancer dans sa campagne électorale victorieuse de 2012, le propos selon lequel le « Sénégal ne peut être tenu avec efficacité que dans la dictature ». Si sa fameuse boutade « nous allons réduire l’opposition à sa plus simple expression » est documentée, il en est autrement en ce qui concerne cette déclaration qui établit un lien dialectique entre dictature et la gouvernance efficace du Sénégal. Il manque des témoignages pour la confirmer. Mais il n’en reste pas constant que depuis son arrivée au pouvoir en 2012, la pratique gouvernementale du Président est caractérisée par un autoritarisme rompant avec la tradition politique sénégalaise des cinq dernières décennies. Pire, depuis trois ans, on assiste une tentative de momification de la vie politique qui prend les atours les plus caricaturaux de la glaciation senghorienne (1963-1968). Des intellectuels, des journalistes, activistes, dirigeants politiques sont privés de liberté pour des expressions d’opinions. Des journalistes se censurent de peur de subir le sort de leurs confrères et consœurs privés de liberté pour avoir exercé leur métier : informer.
Des ministres, des députés et proches collaborateurs du président de la République assimilent l’opposition à une activité criminelle. Yoro Dia, le ministre porte-parole et coordonnateur de la communication de la présidence de la République du Sénégal a déclaré : « le projet de Pastef est la continuation de la guerre perdue par le MFDC par d’autres moyens notamment la politique ». Il est scandaleux qu’un parti à l’implantation nationale avec des élus dans tous les départements du pays soit assimilé avec l’organisation militaropolitique qui se bat, depuis 1982, pour l’indépendance de la région naturelle de Casamance. Ce propos de Yoro Dia montre à souhait que dans l’entourage de Macky Sall, il y a une tendance très nette à considérer que l’ethnie est une caractéristique politique essentielle. Cette vision est en porte-à-faux avec les valeurs et l’histoire de notre pays. Il est choquant que le président ne se soit pas désolidarisé des propos de son porte-parole.
Les résultats de l’enquête Afro Barometer publiés au début de juin 2023 révèlent que pour 53 % des Sénégalais le pays « n’est pas une démocratie » ou « est une démocratie avec des problèmes majeurs ». Le niveau de satisfaction du fonctionnement de la démocratie est passé de 68 % en 2013 à 48 % en 2022. Dans la même période, le niveau d’insatisfaction est passé de 28 % à 51 %. Plus de 2 Sénégalais sur trois (69 %) estiment que la justice traite « souvent » ou « toujours » les gens de manière inégale. Depuis 2012, les indices de redevabilité et la transparence des administrations publiques n’ont pas évolué dans le sens de l’amélioration. Depuis 2015, l’année de mise au point de l’indice de l’État de droit du World Justice Project la position a régressé. Les notes et les classements de l’indice WJP de l’État de droit s’articulent autour de huit facteurs principaux : Contraintes sur les pouvoirs du gouvernement, absence de corruption, Gouvernement ouvert, droits fondamentaux, Ordre et sécurité, application de la réglementation, Justice civile et Justice pénale[3].
La caractéristique fondamentale de la démocratie sénégalaise est la passion de deux libertés et l’attachement à l’égalité de chance. La fascination pour les libertés de conscience et d’expression est un point non négociable du contrat social sénégalais. Les Wolofs disent « Tudd sawara du lakk làmmiñ »[4]. Les jóola disent en écho « Mañaao butum akaaneool ; afago, butum àpureneool »[5] disent en écho. Le président Léopold Sédar Senghor répétait tel un slogan « Sénégal, pays de dialogue ». Il employait le mot dans le sens de la confrontation, l’interpénétration des arguments. C’est à cette tradition démocratique sénégalaise que le régime s’est attaqué avec une violence inouïe.
Le pari sur la rente des hydrocarbures
Depuis bientôt une décennie le président de la République, son Gouvernement nous promettent des lendemains enchanteurs en raison des découvertes de pétrole et de gaz dans nos eaux territoriales. Ils vont jusqu’à théoriser les restrictions aux libertés par le nouveau statut de producteur et exportateur d’hydrocarbures du Sénégal. Selon cette théorie la nouvelle position du pays nous expose aux entrepreneurs de guerre et autres semeurs de chaos et qu’en conséquence des tours de vis supplémentaires sur les libertés civiques et démocratiques sont légitimes. C’est même devenu l’antienne des composantes de « gauche » de la coalition BBY au pouvoir. Le cache-misère de l’indigence de leurs réflexions sur le devenir du pays et la réalité de ce que devrait être le camp du progrès et de la justice sociale.
Le Sénégal va être un pays producteur d’hydrocarbures. À partir de 2024, si les prévisions et le calendrier ne connaissent pas de perturbations, il sera extrait du champ gazier au large de Saint-Louis 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) par an. Cette production en partage avec la Mauritanie devrait atteindre 10 millions de GNL par an à partir de 2030. Pour le pétrole, la production au cours de la première phase devrait être de 100 000 barils par jour. Les recettes annuelles espérées de l’exploitation de ces ressources sont estimées à 700 milliards de francs CFA. Si l’exploitation des hydrocarbures semble des perspectives positives, il ne faut pas perdre de vue que notamment au large de Saint-Louis l’activité économique principale reste la pêche artisanale. Les effets bénéfiques de la nouvelle rente compenseront-ils les dommages qu’elles causeront ? Comment concilier la préservation de l’environnement et la biodiversité tout en exploitant la ressource ? Le plus inquiétant dans la vision de l’exploitation de ces ressources est l’idée qui la soutient : les recettes d’exportation qui en seront tirées vont ouvrir la voie au développement du pays. Il y a une obsession des « retombées du gaz et du pétrole » qui démontre une approche patrimoniale de la rente des hydrocarbures.
Échec de la transformation structurelle de l’économie
À l’arrivée au pouvoir en 2012 de Macky Sall, l’économie du pays était dans un cycle de croissance amorcé depuis la dévaluation du franc CFA de 1994. Une croissance erratique sans grand impact sur la réduction de la pauvreté et la création d’emplois. Après avoir essayé le programme économique Yonu Yokuté sur lequel il a été élu, le Président a lancé le Plan Sénégal émergent (PSE) qu’il a qualifié de « vision du développement du pays à l’horizon 2035 ». Le PSE se décline en trois axes : la transformation structurelle de l’économie et la croissance ; l’amélioration du capital humain ; la Gouvernance et des institutions. Au-delà de ses objectifs pour lesquels tout le monde s’accorde, la philosophie du PSE n’a rien d’original dans l’économie politique sénégalaise. Il s’inscrit dans la continuité des politiques économiques menées depuis le Plan à court terme de stabilisation 1979 — 1980. Le PSE ne déroge pas à la logique de la doxa néolibérale des Institutions financières internationales (IFI). Comme la Nouvelle politique agricole (NPA), la Nouvelle politique industrielle (NPI), la Stratégie de croissance accélérée (SCA), le PSE s’inscrit en droite ligne des recommandations du consensus de Washington ou du nouveau consensus de Washington.
Pour le cycle que nous vivons, tout commence en juin 2000. Quand le Gouvernement issu de la première alternance signe des accords avec les Institutions financières internationales (IFI) notamment le Fonds monétaire international (FMI) dans le cadre de l’Initiative pays pauvres très endettés (PPTE). En contrepartie, des remises de dettes des « réformes structurelles » et la « lutte contre la pauvreté » deviennent le cadre des politiques économiques. Cet accord dit « point de décision » dans le jargon des IFI, a permis au Sénégal de bénéficier d’un allégement de dette de 488 millions de dollars en valeur actualisée nette à fin 1998. En avril 2004, le Sénégal a atteint « le point d’achèvement » qui a ouvert la voie à un nouvel allégement de dette de 488 millions de dollars en valeur actualisée nette à fin 1998. Sur le plan macroéconomique, en 2003 le Sénégal a élaboré son plan de lutte contre la pauvreté, le Document de Stratégie pour la réduction de la pauvreté, DSRP-I. Il a couvert la période 2003-2005. Suivront le DSRP II pour la période 2006-2010, puis en 2011, le Document de Politique économique et sociale (DPES) qui devait s’étaler sur période 2011-2015. Il sera révisé à la faveur de la deuxième alternance de 2012 qui a amené Macky Sall au pouvoir. Il a été affublé du nom de Stratégie nationale de développement économique et social (SNDES) 2013 -2017. Mais en 2014, le gouvernement a actualisé cette stratégie et l’a nommé Plan Sénégal émergent (PSE). Ce plan n’est pas différent des précédents et les objectifs qu’il poursuit ne sont pas d’une grande originalité. C’est son mécanisme de financement qui fait sa particularité : il fait appel aux marchés là où les autres plans ont misé sur la mobilisation des ressources internes et les prêts concessionnels.
Grâce au redressement de l’activité agricole, une disponibilité de ressources sur les marchés financiers et la baisse mondiale des cours du pétrole, la croissance a été dans l’ensemble au rendez-vous de 2011 à 2020. Elle a même été supérieure à la croissance démographique. Les marchés confrontés au contexte de liquidité abondante, de faiblesse des taux d’intérêt prévalant aux États-Unis et en Europe trouvaient des avantages à placer leurs fonds sur de nouveaux marchés tels que ceux des pays africains. C’était pour eux une occasion de diversifier leurs risques tout en augmentant leurs rendements. Entre 2014 et 2018, plus de 3 milliards de dollars ont été ainsi levés par le Sénégal. Mais la pandémie puis le déclenchement de la guerre en Ukraine ont mis un terme à ce contexte favorable. Le manque de vision stratégique présidentiel nous a privés des chances de changement structurel de l’économie qu’offrait cette période. Depuis 2020, le retournement de conjoncture a montré les limites des options économiques présidentielles.
Des perspectives inquiétantes
La reprise de la croissance notée en 2021 après la pandémie n’a pas résisté aux chocs exogènes des derniers mois. En 2022, sous l’effet des pressions inflationnistes et du ralentissement de l’activité économique globale liée à la guerre en Ukraine, la croissance a été atone. L’inflation a atteint 14,1 % en novembre 2022 plongeant dans la pauvreté de nombreux foyers. Ces chocs exogènes ont entraîné des pressions budgétaires. Les mesures prises pour lutter contre les conséquences de la guerre en Ukraine ont entraîné un creusement du déficit budgétaire qui a atteint à 6,7 % du PIB en 2022.
La dette publique a augmenté fortement au cours des dix dernières années et en particulier depuis 2019. Elle a atteint 69,1 % du PIB en 2020, 73,3 % en 2021 et 76,6 % du PIB en 2022. L’encours de la dette reste principalement composé de la dette extérieure contractée auprès de créanciers commerciaux multilatéraux et bilatéraux. Le resserrement monétaire mondial, déclenché par l’inflation consécutive de l’invasion russe en Ukraine, a entraîné une augmentation des coûts d’emprunt sur les marchés internationaux. Dans la sous-région, le taux directeur est passé 2022 de la BCEAO de 2 % en juin à 2,75 % en décembre est à 3 % depuis mars 2023. Dans une économie marquée par la faiblesse de la pression fiscale notamment sur le capital, le resserrement des conditions financières va entraver la capacité du gouvernement à emprunter des ressources suffisantes pour investir et permettre de résister aux chocs.
[4] « Le fait de nommer le feu ne brûle point la langue »
[5] « Le sacré, c’est la bouche qui le crée ; quand il n’y a plus de raison d’être, c’est la bouche qui se lève. » Diatta, N., & Thomas, L. V. (1998). Proverbes jóola de Casamance. KARTHALA Editions.
IL N’Y A PLUS D’APPEL A L’INSURRECTION
Le gouvernement du Sénégal a fait face à la presse ce 25 juillet pour parler de l’actualité brûlante. A cette occasion, le ministre porte-parole du gouvernement a expliqué les raisons pour lesquelles, les barrières ont été levées.
Le gouvernement du Sénégal a fait face à la presse ce 25 juillet pour parler de l’actualité brûlante. A cette occasion, le ministre porte-parole du gouvernement Abdou Karim FOFANA a expliqué les raisons pour lesquelles, les barrières autour du domicile d’Ousmane SONKO ont été levées. Selon lui, c’est parce qu’il n’y a plus de risque de désordre.
« Il n’y a plus d’appel à l’insurrection, ni de risque de trouble à l’ordre public qui nécessiterait de barricader la Cité Keur Gorgui », soutient-il.
Concernant l’arrestation du leader du PASTEF qui devait être faite après la disponibilité du jugement, il souligne qu’il revient à la Justice de s’en charger et de prendre cette décision.
MORTS DE MIGRANTS SENEGALAIS, BBY INDEXE DES CRIMINELS POLITIQUES
Le Sénégal poursuit le décompte macabre après la mort de plusieurs candidats à l’émigration. Suffisant pour que la coalition au pouvoir appelle les jeunes à la raison et d’éviter les manipulations des hommes politiques.
Le Sénégal poursuit le décompte macabre après la mort de plusieurs candidats à l’émigration. Suffisant pour que la coalition au pouvoir appelle les jeunes à la raison et d’éviter les manipulations des hommes politiques. En effet, selon Benno Bokk Yakaar, cette résurgence de l’émigration clandestine est la faute des certains acteurs politiques qui manipulent les jeunes.
« Nous dénonçons avec la plus grande vigueur les allégations de certains manipulateurs qui présentent cet élan suicidaire comme un acte d’héroïsme ou de révolte politique, alors qu’il ne s’agit que de tromper ces jeunes pour le plus grand profit de criminels bien connus. Nous invitons ceux qui sont tentés par cette aventure à revenir à la raison et à refuser de se faire exploiter par des mafias qui s’enrichissent avec le trafic de migrants et sont chargés de procurer aux économies européennes une main d’œuvre sous payée et non déclarée quasi servile », déclare la coalition.
Par ailleurs, la coalition demande au gouvernement d’amplifier les mesures et les accélérer en concertation avec tous les acteurs, pour offrir un meilleur avenir à la jeunesse.
AU NIGER, TIRS DE SOMMATION DE LA GARDE PRÉSIDENTIELLE CONTRE DES MANIFESTANTS FAVORABLES AU PRÉSIDENT
Les manifestants tentaient de s'approcher de la présidence où Mohamed Bazoum est retenu par la garde présidentielle, quand ils ont été dispersés par ces tirs. Au moins un manifestant a été blessé
La garde présidentielle à l'origine d'une tentative de coup d'Etat en cours au Niger, a dispersé mercredi à Niamey par des tirs de sommation des manifestants favorables au président Mohamed Bazoum, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les manifestants tentaient de s'approcher de la présidence où Mohamed Bazoum est retenu par la garde présidentielle, quand ils ont été dispersés par ces tirs. Au moins un manifestant a été blessé, sans que l'on sache dans un premier temps s'il a été touché par une balle ou s'il a fait une chute lors de la bousculade ayant suivi les tirs. Mohamed Bazoum est retenu depuis mercredi matin par des membres de la garde présidentielle après l'échec de pourparlers sur des points qui restent inconnus.