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25 juin 2025
VERS UNE REDISTRIBUTION DES CARTES A THIES
Idrissa Seck quitte Bby, Malgré les retrouvailles au sommet, les deux camps (Apr et Rewmi) continuaient à se donner des coups à la base, notamment à Thiès.
Idrissa Seck a acté le week-end dernier son départ de la coalition Benno Bokk Yaakaar et de la tête du Conseil Economique, Social et Environnemental (Cese), ainsi que celui des ministres membres de Rewmi du gouvernement. Une décision qui fait suite à sa déclaration de candidature à la Présidentielle de 2024. Avec le retrait de Rewmi de la mouvance présidentielle, on va assister à une redistribution des cartes politiques. Toujours est-il que cette situation ne va pas beaucoup impacter les deux organisations politiques, dans la mesure où leurs retrouvailles n’avaient pas été scellées sur des bases programmatiques, mais plutôt autour de compromis entre leurs deux leaders. D’ailleurs, la base ne s’est jamais sentie concernée.
Malgré les retrouvailles au sommet, les deux camps (Apr et Rewmi) continuaient à se donner des coups à la base, notamment à Thiès. Ce qui s’est traduit par deux cinglantes défaites aux élections locales et législatives. Aujourd’hui, chaque camp va retrouver sa liberté totale de manœuvres, tandis que l’opposition qui dirige les 4 collectivités territoriales dans la cité duRail est aux aguets. «En ce qui me concerne, je confirme ma candidature à l’élection pour la Présidence de la République en février prochain». Ce sont les mots prononcés par Idrissa Seck, leader de Rewmi, lors de sa conférence de presse tenue au cyber campus de Thiès, avant d’annoncer qu’en vue d’apaiser les tensions politiques et dans une démarche de clarification, il va remettre, dès lundi, au président de la République sa lettre de démission de la tête du Conseil Economique, Social et Environnemental (Cese). Dans le même sillage, il lui remettra aussi une lettre exprimant son choix de quitter la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby).Idrissa Seck a également annoncé que les deux ministres membres de Rewmi, en l’occurrence Yankhoba Diattara (ministre des Sports) et Aly Saleh Diop (ministre de l’Elevage et de la Production Animale) ont décidé de se retirer du gouvernement.
A l’en croire, ce départ n’est pas lié à des divergences sur un éventuel troisième mandat, d’autant qu’à ce jour, il indique qu’il ne sait pas encore si le Président Macky Sall sera candidat ou non en 2024. Et s’empresse-t-il d’ajouter : «Même s’il advenait qu’il dise qu’il veut être candidat, j’irais directement à la pêche aux voix, exactement comme il l’avait fait en 2012, au lieu d’être dans la contestation de la décision du Conseil constitutionnel». Jurant par tous les saints, Idrissa Seck clame qu’il n’y a aucun deal entre lui et le Président Macky Sall et quand il lui a annoncé la nouvelle, ce dernier a rétorqué qu’il s’attendait à ce schéma. «Je repars à la rencontre des Sénégalais, dans une démarche d’écoute et de partage, pour construire ensemble le présent etl’avenir du Sénégal», at-il lancé avant d’ajouter : «Le peuple sénégalais est souverain, mûr et vote depuis 1789. C’est pourquoi, cela ne m’intéresse de savoir s’il me donnera 50% ou 20%, je fais mon devoir. L’essentiel est que j’ai une offre alternative et je sais que je peux faire beaucoup mieux que tous les Présidents qui se sont succédé à la tête du pays. Si les Sénégalais veulent de moi, c’est très bien, sinon je vais continuer à m’occuper de mes affaires.»
Revenant sur la nécessité d’apaiser le climat politique, il souligne que toutle monde rêve d’un Sénégal de paix et de stabilité. «Mais force est de constater que le pays est confronté à des temps périlleux qui peuvent présenter des risques pour la démocratie, la stabilité du pays, les esprits étant échauffés et les résultats pouvant en découler sont incertains», affirme l’ancien maire de Thiès qui estime qu’à moins d’un an de l’élection présidentielle, la liste des candidats potentiels reste encore un mystère. Ce qui, selon lui, fait monter les tensions. «Nous pouvons être en désaccord ouvertement au Sénégal, mais nous ne devrions jamais forcer nos frères et sœurs au silence par la persécution, la pensée unique, le terrorisme intellectuel et la violence», clame Idrissa Seck qui appelle à l’apaisement «pour trouver une autre voie à suivre, la meilleure par le dialogue, comme celui initié par le président de la République au lendemain de l’élection de 2019 et qui a vu la classe politique sénégalaise, majorité et opposition réunies, s’accorder sur 25 des 28 points discutés».
IDY GIFLE LES MEMBRES DU CESE FRONDEURS, REVENDIQUE LE TITRE DE CHEF DE L’OPPOSITION
«Même si ceux qui m’ont prêté les propos disant que je suis né pour être Président racontent des histoires, je nourris l’ambition d’exercer la fonction présidentielle, étant entendu que je ne sais rien de ce qui adviendra», a déclaré Idrissa Seck qui n’a pas manqué de s’en prendre aux 8 membres du Cese qui avaient récemment bloqué la réunion du bureau de l’institution. Pour descendre en flammes ces derniers, l’ancien Premier ministre a emprunté la boutade wolof selon laquelle un ennemi éveillé est meilleur qu’un partisan dépourvu d’intelligence. Il estime que le Cese ne lui appartient pas et il n’est à la tête que par la décision du président de laRépublique qui a signé le décret convoquant la session. De ce point de vue, il pense que la logique voudrait qu’ils viennent à la rencontre, afin d’entendre des propos qui sortent du cadre de ladite session, pour apporter leur opposition. «C’est difficile de demander à l’opposition de respecter les Institutions, si dans le même temps, des membres de la majorité présidentielle se permettent de les piétiner», martèle le chef de file des rewmistes.
Par ailleurs, le désormais ex-président du Cese a décidé de revendiquer le statut de chef de l’opposition. «Tant que les Sénégalais n’ont pas voté le 25 février 2023, je reste le chef de l’opposition jusqu’à ce que le peuple redistribue ses suffrages. Quiconque accepte que Macky Sall, compte tenu de ses 58%, est président de la République jusqu’en 2024, doit accepter que je sois chef de l’opposition, car étant arrivé en deuxième position derrière le Président Macky Sall», affirme-t-il.
EDOUARD LATOUFFE DE L’APR THIES-OUEST «LE MBUROOK SOOW ETAIT APPELE A FAIRE VALOIR SES DROITS A UNE PENSION DE RETRAITE»
Edouard Latouffe, responsable de l’Alliance pour la République (Apr) à Thiès-Ouest, affirme : «L'opinion doit savoir que ce n'est pas nous de l'Apr qui avons provoqué le départ d’Idrissa Seck. C'est lui et lui seul qui a, par une communication graduelle très agressive, posé les premiers actes du divorce». Depuis la tenue du conseil des ministres décentralisé à Thiès, monsieur Latouffe affirme qu’il ne cesse de demander à ce qu’une évaluation soit faite du compagnonnage politique entre Idrissa Seck et le Président Macky Sall. «J’estimais, au regard des contre-performances lors des élections locales, confirmées aux législatives, que le mburook soow était appelé à faire valoir ses droits à une pension de retraite. Les retrouvailles Macky Sall et Idrissa Seck n'étaient plus opportunes, encore moins pertinentes», clame le cadre à la Loterie Nationale Sénégalaise (Lonase) qui estime que les dernières déclarations d’Idrissa Seck sur la candidature de Macky Sall en 2024 ont mis le feu aux poudres. «J'avais dénoncé l'aisance communicationnelle dont faisait montre le leader du Rewmi sur cette question. J'avais invité publiquement le Président Macky Sall à en tirer toutes les conséquences de droit. Aujourd'hui, Idrissa Seck a pris sur lui la responsabilité de rendre le tablier. Son départ a le mérite de clarifier le débat politique. Le seul trophée que doit brandir le mburook soow, c'estla perte brutale de toutes les collectivités locales de la ville de Thiès et la fragilisation des acteurs de l'Apr». Pour Edouard Latouffe, une nouvelle redistribution des cartes s'impose. Au regard du nouveau contexte politique et de l'importance des enjeux actuels etfuturs, souligne-t-il, les cadres de l'Apr à Thiès doivent être renforcés, d’autant que «le Président Macky Sall sait mieux que quiconque que Thiès reste et demeure un enjeu. Il sait aussi que le mburook soow n'a atteint qu'un seul objectif : celui d'effacer son parti et sa coalition de l'espace d'exercice du pouvoir local».
SERIGNE SALIOU DIA LACHE SES HOMMES
Le sélectionneur des Lionceaux a publié hier la liste des 26 joueurs qui vont participer à la Coupe d’Afrique des Nations (Can) des moins de 17 ans
Le sélectionneur des Lionceaux a publié hier la liste des 26 joueurs qui vont participer à la Coupe d’Afrique des Nations (Can) des moins de 17 ans. Cette compétition va se tenir en Algérie du 29 avril au 19 mai prochain. Dans cette liste, Serigne Saliou Dia a fait appel à sept joueurs de Génération Foot et six de Diambars.
Il n’y a pas eu de grands changements dans la liste publiée par le sélectionneur des Lionceaux pour la Can de la catégorie prévue en Algérie. Le coach a presque fait confiance à son groupe habituel, misant sur des joueurs issus de l’élite sénégalaise. Dans cette liste, figurent sept joueurs de Génération Foot et 6 pensionnaires du Diambars FC. On peut aussi noter la présence d'Abdou Salam Konaté. Natif du Blanc-Mesnil (France). Le jeune milieu de terrain de 16 ans est le seul binational de l'équipe. Il est aussi le seul à évoluer hors des terres sénégalaises (il joue à Parme, en Italie). Malgré une préparation mitigée, les protégés de Serigne Saliou Dia vont dans cette compétition avec la ferme volonté de faire une belle participation. Logés dans la poule A en compagnie du pays hôte, du Congo et de la Somalie, les Lionceaux U17 auront sans doute à cœur d’imiter leurs aînés des U20, vainqueurs de leur première CAN de la catégorie au mois de mars dernier, en Egypte. La bande à Amara Diouf affronte le Congo dès son entrée en lice et l'Algérie, pour son second match. Des équipes solides au niveau continental. Les joueurs sénégalais ne peuvent donc pas se permettre de rater leur entrée en lice, sous peine d'être mis sous pression dès leur second match face au pays organisateur.
LISTE DES JOUEURS CONVOQUES
GARDIENS: Serigne Diouf (G. Foot), Cheikh Bamba Fall (Diambars FC), Macoura Mboup (G. Foot)
MILIEUX DE TERRAIN : Abdou Aziz Fall (Keur Madior FC), Ibrahima Sory Sow (Génération Foot), Fallou Fall (DSC) Abdou Salam Konaté (Parme, Italie), Ibrahima Gueye (Diambars FC), Joseph Namatane (G. Foot), Pierre Antoine Diatta Dorikal (DSC)
ATTAQUANTS : Chérif Kebab Niabaly (Océan FC), Mamadou Savane (Afat Thiès), Yaya Diémé (Diambars FC), Omar Sall (Environnement FC Thiès), Mamadou Lamine Sadio (Environnement Foot), Mame Mody Sy (DSC), Pape Alioune Ndiaye (Espoirs Guédiawaye), Kalfara Camara (G. Foot)
APR-REWMI, LA RUPTURE IDYLLIQUE
Macky Sall refuse manifestement de croire qu'Idrissa Seck est une ''ombre du passé'' et préfère le caresser dans le sens du poil, malgré la séparation confirmée par les deux concernés lors de la fête de Korité. Une stratégie d'endiguement de Sonko ?
La sortie du président du Rewmi Idrissa Seck de la mouvance présidentielle était devenue un secret de Polichinelle. À quelques mois de l'élection présidentielle de 2024, ce dernier et son désormais ex-allié, Macky Sall ont pris le soin d'y mettre la forme et la convivialité. Faisant face tous les deux aux journalistes le jour de la Korité, le chef de l'Etat et le désormais ex-président du Cese (il rend sa démission aujourd'hui) ''regrettent'' presque cette rupture politique.
Le divorce acté entre le président de la République, Macky Sall et le patron de Rewmi, Idrissa Seck, est digne d'un film romantique. Tels deux ''amoureux'' qui ne veulent pas se séparer, mais qui sont poussés à la rupture par un destin implacable, Macky Sall et Idrissa Seck ont tenté de montrer une certaine maturité politique, voire une sollicitude dans leur quasi-évidente rupture. En effet, entre le chef de l'Etat qui garde le flou sur sa candidature et l'ex(Premier ministre qui a toujours en ligne de mire la station présidentielle, cette séparation était certaine. Néanmoins, aucun des deux anciens ''frères ennemis'' du Pds n'a osé prendre le risque d'un divorce politique fracassant. Ils y ont mis la dose nécessaire de courtoisie et de pragmatisme. Le patron de la mouvance présidentielle qui est en conflit permanent avec l'opposition la plus représentative, malgré son appel renouvelé au dialogue ces dernières semaines, et après sa rupture musclée avec son ancienne Première ministre Aminata Touré qui a rejoint entre-temps le combat contre la troisième candidature, veut sûrement garder en ''repérage'' Idrissa Seck qui a le don de renaître de ses cendres même si plusieurs analystes ont déjà signé son certificat de décès politique. Mais apparemment, Macky Sall refuse de croire que l'ex-maire de Thiès est une ''ombre du passé'' et préfère le caresser dans le sens du poil, malgré la séparation confirmée par les deux concernés lors de la fête de Korité. Sont-il en train de peaufiner en commun une stratégie ''d'endiguement'' d'Ousmane Sonko et des autres membres de l'opposition.
Macky Sall aurait-il compris que la méthode violente contre ces derniers risque d'emmener le pays dans une impasse et essaierait de chercher d'autres ''voix'' de l'opposition pour stopper la furie sonkiste ? La question n'est pas tranchée, mais son appel au dialogue et son étrange séparation-alliance avec Idrissa Seck laissent entrevoir des manœuvres politiques qui n'ont pas encore livré tous leurs secrets.
Entre un Idrissa Seck qui réclame et veut reprendre son ''trône'' de chef de l'opposition et le Pds qui se rapproche de plus en plus de la mouvance présidentielle, le dialogue que Macky Sall n'a pas émis sans prendre les précautions politiques nécessaires risque d'être le lit d'une nouvelle reconfiguration politique. Le très ''réseauté'' directeur de publication de «Jeune Afrique» qui a ses amis dans les arcanes des pouvoirs africains déclarait récemment dans une tribune : Macky Sall,Ousmane Sonko, Khalifa Sall, Karim Wade… Et si tous se présentaient ? Et moi j'ajouterai : si telle était la volonté de Macky Sall ?
En effet, à moins qu'il trompe tout son monde et confirme ce qu'il a réitéré lors son entretien de Korité avec le journaliste Assane Guèye, à savoir qu'il n'est pas obnubilé par le pouvoir, Macky Sall n'a plus le choix politique. Le quatrième Président du Sénégal n'a pas préparé sa succession au sein du parti. Toutes les ambitions ont été très tôt étouffées. Aucun cadre de l'Apr n'ose regarder du côté de l'avenue Léopol Sédar Senghor. Du Premier ministre Amadou Ba aux autres barons comme Aly Ngouille Ndiaye, Omar Youm, Abdoulaye Daouda Diallo… ils confondent leurs ambitions à celle de leur hyper-patron. Donc, le Président Macky Sall est obligé, à défaut de se présenter de manière risquée dans la course à une troisième candidature, de trouver une candidature consensuelle. Peut-être est-ce l'objectif inavoué du dialogue. Idrissa Seck ne cracherait pas sur un tel deal politique. Le désormais ex-président du Cese qui n'a pas, malgré ses envolées lyriques croustillantes dont lui seul a le secret, toutes les coudées franches pour redevenir une personnalité politique de l'opposition plébiscitée, aura besoin de son ancienne famille libérale et de membres de la mouvance présidentielle pour se frayer un chemin. Même si son rapprochement avec le Pds sera difficile eu égard aux nombreuses critiques qu'il profère à l'encontre des Wade.
Dans tous les cas, l'on aura assisté à une rupture idyllique entre le président de la République Macky et Idrissa Seck. Visiblement, la politique concasse les adversités les plus accrues.
L'APPEL AU DIALOGUE DE MACKY SALL ASSIMILÉE À UNE MANŒUVRE POLITICIENNE
Le président Macky Sall a réitéré, à l'occasion de la fête de Korité, son appel au dialogue lancé, lors du discours à la nation du 3 avril dernier. Mais pour l'opposition, cet appel n'est ni plus ni moins qu'une manœuvre politicienne du président
Le président Macky Sall a réitéré, à l'occasion de la fête de Korité, son appel au dialogue lancé, lors du discours à la nation du 3 avril dernier. Mais pour l'opposition, cet appel n'est ni plus ni moins qu'une manœuvre politicienne de Macky Sall.
Le chef de l'État veut un dialogue entre toutes les forces vives de la nation. C'est pourquoi, après avoir appelé au dialogue le 3 avril dernier, le Président Sall a réitéré son appel avant-hier à l'occasion de la fête de Korité. Une déclaration qui a fait réagir des membres de l'opposition.
Dans sa réponse à son ex-patron, l'ancienne Première ministre Aminata Touré affirme : «Cet appel au dialogue du Président Macky Sall est en réalité une tentative de division de l’opposition et de la société civile regroupées au sein de la Plateforme des Forces vives-F24. Restons unis, mobilisés et vigilants». Cette position de la présidente du Mouvement Mimi2024, candidate à la candidature de la Présidentielle de 2024, est fortement partagée au sein de l'opposition.
Les propos du député de Yewwi Askan Wi, Guy Marius Sagna, sont assez révélateurs. «Macky fait semblant d'oublier que le 07 mars 2023, nous avons déposé sur la table de l'Assemblée nationale une proposition de loi pour la modification des articles L29, L30 et L57 du code électoral. Macky et son groupe parlementaire Bby refusent de discuter de cela à l'Assemblée nationale. Comment quelqu'un qui empêche un dialogue prévu par la Constitution dans l'Assemblée nationale peut inviter au dialogue ?», a écrit le célèbre activiste avant d'enfoncer le clou : En réalité, celui qui est le plus contre le dialogue dans ce pays est celui qui crie le plus au dialogue, car l'étouffant à l'Assemblée nationale : Macky». En définitive, il soutient : «Ce que Macky veut, c'est passer par l'amnistie de Karim et Khalifa» pour blanchir «ses criminels économiques et de sang. Macky veut aussi passer par l'amnistie pour maintenir l'épée de Damoclès des articles L29, L30 et L57 du code électoral afin de pouvoir empêcher les candidatures de Sonko et des autres. Penser que les citoyens ne comprendront pas cela, c'est - comme le dit son allié – IDYot».
Député membre de la coalition Wallu, Mamadou Lamine Diallo a également réagi à l'appel au dialogue de Macky Sall. «Que retenir des deux sorties médiatiques synchronisées des Présidents Macky Sall et Idrissa Seck? Évidemment une alliance prédatrice pour réduire l’opposition à sa plus simple expression, et une combine de plus contre la démocratie, le protocole Salsec en exécution», tranche le président du Mouvement Tekki crachant ainsi sur l'appel de Macky Sall.
«UNE INSULTE A L'EGARD DE L'OPPOSITION»
Si l’on en croit l’ex-procureur Alioune Ndao, l'appel au dialogue de Macky Sall est une insulte à l'égard de l'opposition et du peuple sénégalais. «Comme à son habitude, il est encore dans la manœuvre politique. Mais cette fois-ci, ça ne passera pas. En effet, comment peut-il appeler au dialogue alors que son régime est dans une logique de démantèlement et d'affaiblissement de l'opposition ? La meilleure manière de montrer sa réelle volonté de dialoguer, c'est d'abord d'éclairer la lanterne des Sénégalais sur son intention de ne pas briguer un inconstitutionnel 3ème mandat et ensuite de libérer tous les prisonniers politiques qui croupissent dans ses geôles. A part ça, tout le reste n'est que bavardage», tonne le secrétaire général du Parti pour la Justice, la Démocratie et le Développement PJ2D Ande Doxal Deug.
Le président du Mouvement "Agir", Thierno Bocoum, a rejeté l'appel de Macky Sall. «La seule oreille attentive que nous prêterons au président de la République, c’est lorsqu’il déclarera qu’il ne sera pas candidat à l’élection présidentielle de 2024. Il pourra ainsi conduire un processus de dialogue pour une élection présidentielle apaisée, inclusive, libre et transparente», indique Thierno Bocoum avant d’ajouter : «Tout le reste peut attendre son bilan de fin d’année et la rédaction de ses mémoires».
LE COMITE NATIONAL D'INITIATIVE FAIT LE PLAIDOYER AUPRES DES FORCES VIVES
Suite à l'appel insistant de Macky Sall au dialogue, le comité national d'initiative a invité toutes les forces vives de la nation à répondre positivement à cette exigence démocratique comme dans les démocraties majeures.
Suite à l'appel insistant de Macky Sall au dialogue, le comité national d'initiative a invité toutes les forces vives de la nation à répondre positivement à cette exigence démocratique comme dans les démocraties majeures.
Les langues commencent à se délier autour des appels répétitifs de Macky Sall au dialogue. Alors que de nombreux membres de l'opposition rejettent l’invite du chef de l'État, le comité national d'initiative a pris son bâton de pèlerin pour amener les acteurs à s'asseoir autour d'une table. «Le Comité National d’Initiative de la Déclaration invite toutes les forces vives de la Nation sans exclusive à répondre positivement à cette exigence démocratique de la consultation, de la concertation et du dialogue, comme c'est la règle dans les démocraties majeures», ont indiqué l'ancien Premier ministre Mouhamed Boune Abdallah Dionne, l'ancien Président du Conseil d'administration de la Sar, Serigne Mboup entre autres, membres de cette plateforme.
Par la même occasion, le comité national d'initiative a salué l'ouverture au dialogue du président de la République. Ils encouragent le chef de l’Etat à travailler à la définition d’un cadre institutionnel pour ce nouveau temps du dialogue national. «Assurément, le dialogue souhaité entre les forces vives de la Nation va ouvrir des perspectives heureuses pour la nation, si tous s'engagent résolument sur la voie de l'intérêt général. Il est une opportunité pour renforcer notre modèle démocratique et renouveler les liens de confiance au sein de la classe politique. Il est une opportunité pour renforcer notre unité face aux périls extrémistes qui agitent notre sous-région. Il est, enfin, une opportunité pour mettre sur la table les questions relatives à la prochaine élection présidentielle dans le processus de perfectionnement continu de notre système électoral, comme c'est la règle depuis des décennies dans notre pays», soutiennent Mouhamed Boune Abdallah Dionne et Cie qui, dans leur déclaration, ont renouvelé leur appel à tous les acteurs de la société civile, aux autorités religieuses, aux dirigeants du mouvement syndical et du champ social en général, au patronat et aux responsables des médias pour participer à l'émergence d'une vaste dynamique politique et citoyenne pour un espace public pacifié et des élections apaisées.
Saisie de 1,600 tonne d'ailerons de requin à Kébémer
Parallèlement au «bouclage» des corridors contre la fraude et la drogue, les douaniers ont lancé l’opération de «bouclage» des réseaux et couloirs de trafic de produits issus de la criminalité faunique. En effet, après la saisie de corail rouge, les éléments de la brigade mobile des Douanes de Kébémer ont mis la main sur des espèces de faune. Il s’agit d’une tonne six cents kg (1,600 tonne) d'ailerons de requin dont la commercialisation est interdite ou soumise à une réglementation stricte. La valeur de la marchandise est estimée à 418 millions de francs CFA. Par ailleurs, les douaniers ont saisi également diverses autres marchandises prohibées au cours d’opérations menées sur l’étendue du territoire. Il s’agit de faux médicaments d’une contrevaleur de 25 millions de francs CFA dont 16 millions CFA à Kébémer et un autre lot de 14 colis d’une contrevaleur de 9 millions à Fimela ; 150 kg de chanvre indien emballés dans 8 colis plastifiés à Toubacouta.
L’Aïd El Fitr : 586 détenus graciés
Comme à l’accoutumée, le chef de l’Etat a accordé une grâce à 586 personnes condamnées pour diverses infractions et détenues dans les différents établissements pénitentiaires du pays à la veille de l’Aïd El Fitr. Le ministère de la Justice précise que les bénéficiaires de cette mesure de clémence sont des délinquants primaires, des détenus présentant des gages de resocialisation ou âgés, des individus gravement malades et des mineurs. A travers cet acte, le Président Macky Sall offre ainsi à ses citoyens l’opportunité de retrouver leurs familles et de profiter de cette chance qui leur est accordée pour se réinsérer dans la société
Les consignes données aux Sénégalais établis au Soudan
Le Sénégal est préoccupé par la situation au Soudan où les forces de l’ordre se livrent à une bataille épique. Le ministère des Affaires Étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur suit avec une grande attention la situation au Soudan. A cet égard, indique Annette Seck, ministre auprès du MAESE, chargée des Sénégalais de l’extérieur, l'Ambassade du Sénégal au Caire qui couvre le Soudan, en relation avec le Consul honoraire du Sénégal dans ce pays, a mis sur pied une cellule de crise pour assurer au mieux la protection des ressortissants sénégalais établis au Soudan. D’après le communiqué reçu à «L’As », ceux-ci ont été recensés et invités à rester chez eux et en contact avec l'Ambassade qui leur indiquera la conduite à tenir en fonction de l'évolution de la crise.
Dr Babacar Diop et ses 3 grands projets ficelés
Bien qu’il soit un maire issu de l’opposition, Dr Babacar Diop montre à travers les actes à la tête de la ville de Thiès qu’il est dans le temps de l’action et des résultats. C’est ainsi qu’il a totalement éclairé les principales artères de la ville, notamment la promenade des Thiessois, qui n’a actuellement rien à envier aux places analogues, même européennes. Et cerise sur le gâteau, en marge de la prière de l’Aid El Fitr à la grande mosquée Moussanté, le maire de Thiès a annoncé trois grands projets déjà ficelés et dont les financements sont dans les caisses de l’institution municipale. Il s’agit d’une enveloppe de 150 millions de Fcfa, destinée à la mise en œuvre de la seconde phase de l'électrification de la ville qui va toucher cette fois-ci les quartiers périphériques. Il y a également un budget de 200 millions, dédié au financement des femmes, mais aussi la mobilisation d’une enveloppe conséquente, pour enrôler 5 000 familles dans les mutuelles de santé, dans le cadre de la Couverture Maladie Universelle (CMU).
34 plaintes dans l’affaire «Nene Touti»
L’affaire du groupe facebook dénommée «Nene Touti » est loin de livrer tous ses secrets. Alors que quatre membres dudit groupe sont envoyés en prison depuis jeudi, il nous revient qu’il y a au total 34 plaintes contre d’autres dont Thioro Makhou Mandela de Walfadjri. Le groupe est poursuivi pour association de malfaiteurs, collecte illicite de données à caractère personnel, diffusion d'images et d'écrits contraires aux bonnes mœurs, diffamation et extorsion de fonds via des réseaux informatiques.
Chaudes échauffourées entre gendarmes et jeunes à Ngor
Au moment où une partie des musulmans célébrait l’Aid El Fitr vendredi à Dakar, les jeunes de Ngor affrontaient les gendarmes à cause du litige sur le parking à l’entrée de la commune où les autorités veulent construire une brigade de gendarmerie. Les populations ne comptent pas laisser la gendarmerie prendre les 6 000 m² alors que dans un premier temps, disent-elles, les autorités avaient sollicité 300 m². Ainsi les habitants ont vécu une chaude journée du vendredi. L’atmosphère dégageait l’odeur âcre des grenades lacrymogènes. Devant la détermination des jeunes, les pandores ont été obligés de renforcer les moyens pour contenir la furie des manifestants. La médiation annoncée après les premières échauffourées n’a pas pu résoudre le problème. En début de soirée, les jeunes de Ouakam et de Yoff sont entrés dans la danse pour soutenir leurs camarades de Ngor. Affaire à suivre !
Tension à Ngor : la communauté layène en médiation
Restons sur le contentieux à Ngor pour dire que la communauté layène est préoccupée par la tension dans la commune de Ngor. À l’occasion de la célébration de l’Eid El Fitr, à Diamalaye, le porte-parole de la communauté, Seydina Mandione Lahi, a renseigné que la famille « Euhlou Lahi » suit de très près la situation. A l’en croire, la communauté a entamé des démarches pour résoudre le problème qui a fini d’engendrer des dégâts collatéraux. Le guide religieux a d’ailleurs saisi l’occasion pour inviter le Chef de l’État à prendre la question en main pour une issue heureuse.
Khalifa Sall s’offusque des affrontements à Ngor
Ne quittons pas le contentieux à Ngor sans signaler qu’il préoccupe Khalifa Sall. Le leader de Taxawu Senegaal dénonce vigoureusement les violences commises contre les populations par la gendarmerie et regrette également les cas de blessés enregistrés. L’ancien maire de Dakar apporte son soutien aux autorités municipales et coutumières. Khalifa Sall en appelle à un dialogue constructif entre les différentes parties pour trouver une solution à ce problème et préserver la paix, l’harmonie et le vivre ensemble.*
Sonko hausse le ton
A Ziguinchor où il a célébré la fête de l’Aïd El Fitr, le leader de Pastef/Les patriotes s’est prononcé sur la situation politique et particulièrement de son parti qui vit des jours noirs avec des arrestations tous azimuts de ses camarades. Très en verve, Ousmane Sonko souligne qu’il ne ménagera aucun effort pour la libération de tous les membres et sympathisants de Pastef qui croupissent en prison. « J’ai une pensée pieuse envers nos frères et sœurs qui ont été injustement arrêtés par une poignée de magistrats aux ordres. Il y a une forte clochardisation de la justice par une petite poignée de magistrats. C’est ce petit groupuscule qui ne fait même pas dix en réalité qui exécute les sales besognes pour prendre des innocents, des gens plus utiles à leurs pays qu’eux-mêmes », regrette le maire de Ziguinchor.
Kaolack : Invite de l’Imam aux politiques
L’imam ratib de la grande mosquée de Kaolack, Serigne Babacar Sy Kâne, a invité samedi les hommes politiques à un esprit de dépassement, indiquant que Seul Dieu Sait qui sera à la tête du pays demain. A l’en croire, si chaque citoyen y va avec son cœur et non avec son sens de responsabilité, ça ne mènera nulle part. Il faut donc avoir un esprit de dépassement, ça fait partie de la civilisation, a-t-il notamment lancé dans son sermon de la prière de l’Aïd el fitr. Il a relevé que le Sénégal a toujours été un pays de paix, d’hospitalité, de piété, avec de grands érudits qui l’ont protégé en prières et connaissances mystiques. L’imam ratib de la grande mosquée de Kaolack a également souligné l’importance de la culture et de l’industrie pour le développement d’un pays, indique l’APS. Un pays sans culture ni industrie ne peut pas se développer, dit-il. L’imam ratib de Kaolack est convaincu que seule la politique industrielle peut faire développer un pays. Il a par ailleurs appelé la jeunesse à une introspection en vue d’un changement de comportement, en évitant tout esprit de rancœur, et de bien observer les situations auxquelles elle fait face, avec des dirigeants capables de les orienter vers le droit chemin, pour éviter d’éventuelles mésaventures regrettables. Dans ce contexte de crispation, il a demandé aux porteurs de voix de s’exprimer, « avec courage, en parlant comme le faisait Serigne Abdoul Aziz Dabakh, en convoquant le gouvernement, les syndicalistes et l’opposition, leur dire de changer de fusil d’épaule et de prôner la paix et la stabilité ».
Kédougou : un mort et un blessé grave dans une collision
Deux motos se sont percutées frontalement, faisant un mort et un blessé grave, vendredi à Kédougou, a appris l’APS de source sécuritaire. L’accident est survenu aux environs de 19 heures sur la route de Togoro, a confié la même source, soulignant que les deux motos roulaient à vive allure. Un des conducteurs, le plus jeune, est décédé sur le coup. Le blessé grave a été évacué à l’hôpital régional Amath Dansokho par les sapeurs-pompiers.
Dégradation du Pont Camberène
Inauguré récemment, le pont de Cambérène à hauteur du mausolée de Seydina Issa Laye est menacé par la mer. L’ouvrage est endommagé par les vagues de la mer. Le délégué du quartier a confié à Dakaractu que les ingénieurs n’avaient pas pris au sérieux les remarques des populations. Pour les résidents, ce pont est devenu un véritable danger. C’est pourquoi ils lancent un appel au gouvernement pour qu'il prenne les mesures nécessaires afin d’éviter le pire. D’après eux, l’état de l'édifice ne cesse de s’aggraver. Ils réclament aussi l’aménagement et l’embellissement de leur environnement, afin que Cambérène puisse ressembler à la Corniche.
Cité Sentenac : l’appel de Serigne Aziz Khadim Awa Ba Mbacké
Serigne Aziz Khadim Awa Ba Mbacké a dirigé la prière de l’Aid El Fitr samedi à la place publique de la cité Sentenac de la commune de Wakhinane-Nimzaat (Guédiawaye). Dans son sermon, il a invité les Sénégalais à cultiver la paix dans leurs actions quotidiennes pour ne pas compromettre la stabilité du pays. Il a constaté une recrudescence de la violence dans la société y compris l’arène politique. « Nous devons préserver notre stabilité sociale en œuvrant pour la paix. Car la violence n’est pas bonne », a fait savoir Serigne Aziz Khadim Awa Ba Mbacké. Et son porte-parole Abdourahmane Guèye de renchérir en alertant toujours sur la violence politique « J’invite les jeunes à éviter la violence. Il y a les cartes d’électeurs pour évaluer un candidat. Je leur demande d’attendre les élections pour choisir leurs candidats d’une manière libre et transparente », dit-il. Avant de réclamer un terrain sur la bande du littoral pour la construction d’un daara et d’une mosquée au regard de l’étroitesse de leur lieu de prière.
Abdoulaye Daouda Diallo à la présidence du CESE
Depuis que Idrissa Seck a annoncé sa démission à la présidence du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE), il y a des supputations qu’il sera remplacé par le directeur de cabinet du Président Macky Sall. Certains avancent les noms de Pape Diop de Bokk Gis Gis et de l’ancien Premier ministre, Mahammad Boun Abdallah Dione. Mais nos sources renseignent que Abdoulaye Daouda Diallo sera le prochain président du CESE. D’ailleurs, il a été reçu, selon des sources sûres, par le chef de l’Etat qui lui aurait promis le fauteuil de Idrissa Seck.
ON PEUT GUÉRIR DU TRAUMA COLONIAL EN CONTINUANT À ÉDIFIER NOS MONDES
Écrivain, poète, musicien, économiste, le penseur sénégalais Felwine Sarr est l’auteur d’une œuvre foisonnante qui appelle à réfléchir les manières d’habiter le monde, à multiplier les perspectives et les échanges entre les cultures- ENTRETIEN
Felwine Sarr était de passage à Bruxelles le week-end dernier dans le cadre du festival "Passa Porta". Rencontre.
Écrivain, poète, musicien, économiste, le penseur sénégalais Felwine Sarr est l’auteur d’une œuvre foisonnante qui appelle à réfléchir les manières d’habiter le monde, à multiplier les perspectives et les échanges entre les cultures. Il enseigne la philosophie africaine depuis plus de deux ans aux États-Unis, en Caroline du Nord, à la Duke University.
Vous êtes un grand voyageur et vous avez notamment publié "La saveur des derniers mètres" où vous notiez que les écrivains africains sont peu nombreux à raconter leurs voyages. Comment expliquez-vous cette situation? Il manque de récits africains sur le reste du monde?
L’Afrique a été un objet de discours pour le monde entier, mais les Africains ont rarement été les sujets de leurs propres discours, à la fois sur eux-mêmes et sur le monde. Quand on nous voit en voyage, on nous prend pour des migrants. J’écris des livres et je voyage à travers le monde tandis que mon cousin, par exemple, ne peut pas avoir de visa alors que nous avons la même histoire et que nous venons du même endroit. Il est important pour les Africains de regarder le monde avec leur imaginaire. Les Africains n’ont pas seulement des choses à dire sur le continent africain, ils peuvent poser un regard singulier sur d’autres parties du monde.
La période de la colonisation est évidemment associée à des douleurs, des souffrances, de la colère et de la violence. Que faire avec ce passé colonial? Ce passé, dites-vous dans l’un de vos ouvrages, n’est qu’une "trace", une trace qui persiste et que vous proposez d’arpenter. Que voulez-vous dire par là?
On ne peut pas être amnésique, mais on ne peut pas non plus rester coincé dans un trauma colonial. L’histoire a des effets qui perdurent. Les rapports actuels sont tissés par ces anciennes structures, ces inégalités, ces asymétries, mais il ne faut pas être prisonnier de la part ombrageuse de cette histoire. Je n’aime pas cette idée de retourner dans un âge idyllique, une Afrique rêvée qui n’existe plus. L’histoire se condense en nous et on peut guérir du trauma colonial en continuant à édifier nos mondes.
Que pensez-vous d’un courant comme celui de la "cancel culture"? Faut-il réécrire l’histoire?
Je n’aime pas l’idée d’effacer, mais il est vrai que l’histoire du continent africain ne peut pas être écrite uniquement par les vainqueurs. L’histoire ne peut pas se raconter d’une seule façon seulement, il faut une pluralité de points de vue. On ne peut pas continuer, par exemple, à glorifier des chefs militaires qui ont pillé et tué. On ne peut pas ériger certaines figures dans l’espace public. Le discours sur l’espace public est différent du discours sur l’histoire. Retirer une statue n’efface pas l’histoire, cela veut seulement dire qu’on articule un autre discours dans l’espace public, que l’on change d’imaginaire. Pourquoi ne pas, par exemple, arrêter de se focaliser sur la figure du héros, la figure individuelle? Les grandes victoires dans l’histoire de l’humanité sont des victoires collectives.
Vous évoquez aussi la période qui a suivi la colonisation et vous montrez toute la violence qui réside dans l’idée de "sous-développement" par exemple…
On nous a vendu des injonctions civilisationnelles avec le lexique du handicap, du déficit, du manque. C’est extrêmement violent: en substance, cela veut dire que ce continent n’a pas atteint sa plénitude. Dans cette perspective, même le bleu du ciel, le sourire ou la beauté du monde sont "sous-développés" en Afrique. Cela agit évidemment sur les consciences. Les Africains ont intégré au fond de leur psyché cette idée du "retard". Or, l’Afrique doit arrêter de vouloir rattraper l’Occident. Elle a des potentialités énormes qu’elle doit simplement actualiser. Il faut relever les défis contemporains, écologiques et économiques, en se fondant sur notre histoire, sur notre créativité.
PLUSIEURS PAYS ÉVACUENT LEURS RESSORTISSANTS DU SOUDAN
La France, l'Allemagne, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et d'autres pays ont commencé dimanche à évacuer leurs ressortissants ou leur personnel diplomatique du Soudan où les combats meurtriers entre armée et paramilitaires font rage
Deux avions militaires français transportant 200 personnes de différentes nationalités ont ainsi atterri à Djibouti.
L'armée allemande a annoncé avoir évacué par avion militaire 101 personnes du Soudan."Le premier Airbus A400M est sur le chemin de la Jordanie avec ses 101 évacués", a indiqué cette armée sur Twitter, précisant que deux autres avions avaient été dépêchés au Soudan pour participer aux évacuations.
L'Egypte, grand voisin du nord, a annoncé l'évacuation "par voie terrestre de 436 ressortissants" alors que tirs et explosions ont encore secoué dimanche la capitale soudanaise Khartoum, selon des témoins.
Le pape François a appelé au "dialogue" face à la "grave" situation dans le pays, où, depuis le 15 avril, les deux généraux au pouvoir depuis leur putsch de 2021 se sont lancés dans une guerre sans merci.
Les violences, principalement à Khartoum et au Darfour, dans l'ouest, ont fait selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) plus de 420 morts et 3.700 blessés.
Elles ont déplacé des dizaines de milliers de personnes vers d'autres Etats du Soudan, ou vers le Tchad et l'Egypte.
- Magasins incendiés -
Le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont annoncé l'évacuation de leurs diplomates, avec leurs familles, quand l'Italie, la Turquie et d'autres pays ont indiqué qu'ils allaient tenter d'évacuer leurs ressortissants.
Une "opération très complexe", selon le ministre néerlandais des Affaires étrangères Wopke Hoekstra qui a annoncé l'évacuation de deux groupes de Nééralnadais : le premier à bord d'un avion français et l'autre a quitté Khartoum par la route dans un convoi de l'ONU.
"Les acteurs internationaux auront moins de poids quand ils auront quitté le pays", estime Hamid Khalafallah, chercheur spécialiste du Soudan."Ne laissez pas les Soudanais derrière sans protection", plaide-t-il.
A Khartoum, les cinq millions d'habitants craignent une intensification des violences après le départ des étrangers, dans leur ville privée d'eau courante et d'électricité, avec des réseaux téléphonique et internet souvent défaillants.
Les raids aériens de l'armée et les tirs de canon des paramilitaires ont déjà détruit ou obligé à fermer "72% des hôpitaux" dans les zones de combat, selon le syndicat des médecins.
Dans les rues, des lampadaires gisent au sol, des magasins incendiés fument encore.Ici, une banque a été éventrée.Là, malgré tout, un mécanicien tente de garder son échoppe ouverte au cas où un des très rares passants aurait besoin de ses services.
Le conflit a éclaté le 15 avril entre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du Soudan, et son adjoint devenu rival, le général Mohamed Hamdane Daglo, qui commande les très redoutés paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).
- "Dans le noir" -
Les deux généraux avaient pris le pouvoir avec un putsch en 2021 qui a brutalement interrompu la transition démocratique lancée à la chute du dictateur Omar el-Béchir en 2019.
Mais ils se sont divisés sur la question de l'intégration des FSR aux troupes régulières, après des mois de négociations politiques sous égide internationale.
Alors que les deux camps se livrent aussi à une guerre de l'information, il est impossible de savoir qui contrôle les institutions du pays ou les aéroports et dans quel état ils se trouvent après avoir été le théâtre de violents combats.
Des prisonniers ont été libérés d'au moins une prison, ont indiqué des avocats alors que d'autres sources rapportent, sans que personne n'ait pu le vérifier, des attaques contre deux autres prisons, notamment celle de Kober qui accueille l'ensemble des détenus politique dont Béchir.
Cette semaine, l'Aïd el-Fitr, qui marque la fin du ramadan, a eu un goût amer pour les habitants de Khartoum.
"On vit dans le noir: d'abord, on nous a coupé l'eau courant, puis on n'a plus eu d'électricité", se lamente l'un d'eux, Awad Ahmed Chérif.
Les conditions de vie sont probablement pires au Darfour, théâtre déjà d'un terrible conflit dans les années 2000, où personne ne peut se rendre dans l'immédiat.Sur place, un docteur de Médecins sans frontières (MSF) évoque une "situation catastrophique".
Au Soudan, troisième producteur d'or d'Afrique et pourtant l'un des pays les plus pauvres au monde, les services de santé sont à genoux depuis des décennies et un tiers des 45 millions d'habitants souffre de la faim.
L'arrêt des opérations de la plupart des organisations humanitaires va aggraver la situation.Et le conflit menace désormais de gagner du terrain au-delà des frontières du Soudan, selon des experts.