«NOUS N’IRONS PAS FAIRE DE LA FIGURATION AU MONDIAL»
Sélectionneur des U-20 du Sénégal, Malick Daf distille les secrets de la victoire du Sénégal à la CAN U-20 et affiche ses ambitions avant la Coupe du Monde de cette catégorie
Sélectionneur des U-20 du Sénégal, Malick Daf distille les secrets de la victoire du Sénégal à la CAN U-20 et affiche ses ambitions avant la Coupe du Monde de cette catégorie. Après trois finales successivement perdues, Malick Daf est l’homme qui a conduit le Sénégal à la victoire en Coupe d’Afrique des Nations U-20. Une première pour le pays de la Teranga. Ancien entraîneur des U-17, le Sénégalais connaît parfaitement les joueurs qu’il a à sa disposition. Initié à l’art du coaching par le regretté Joseph Koto – « il ne se passe pas un seul jour sans que je pense à lui » – Daf caresse le doux rêve de ramener le trophée de la Coupe du Monde au Sénégal. Daf s’est entretenu avec FIFA.
La sélection U-20 du Sénégal est enfin sacrée championne d’Afrique, on se rappelle les trois finales successivement perdues en 2015, 2017 et 2019. Quels sont les sentiments qui vous animent ?
Nous sommes premièrement satisfaits du travail que nous venons d’accomplir. C’est toujours très important pour un entraîneur de gagner des trophées. Deuxièmement, je dirais que nous sommes soulagés. Je ne dirais pas que nous étions sous pression mais nous nous devions de gagner ce tournoi et de briser le signe indien.
Tout au long de cette CAN U-20, les Lionceaux de la Teranga ont été impressionnants : 6 matches joués, 6 victoires, 14 buts marqués, aucun encaissé. Le Sénégal repart avec tous les prix individuels, meilleur joueur (Lamine Camara) meilleur buteur (Pape Demba Diop) et meilleur gardien (Landing Badji). Quels sont les secrets de la réussite de votre équipe?
Le travail. J’ai un groupe de bosseurs. Ils sont très jeunes, ils ont déjà acquis beaucoup d’expérience et l’une des mes principales satisfactions est qu’ils comprennent les exigences du haut niveau. Ils sont toujours à l’écoute et appliqués. Ce sont des amoureux du jeu et, pour aller plus loin, je dirais même du beau jeu. Ils parlent beaucoup de football entre eux. Ils sont passionnés par ce qu’ils font et ils se donnent les moyens de progresser. On voit des sensibilités qui se dégagent. Il y en a un qui sera l’apôtre du 4-3-3 avec ses arguments, l’autre va objecter avec ses arguments. On a à faire à de sacrés débats dans cette sélection (rires). C’est agréable de les voir s’exprimer hors et surtout sur le terrain. Un autre avantage, c’est que nous avons grandi ensemble. J’ai eu à ma charge la plupart de ces joueurs en U-17. On se connaît. Nous étions à la Coupe du Monde au Brésil, où nous avons perdu en huitième de finale contre l’Espagne 2-1. Il est bon de suivre une génération. Cette continuité est aussi un des facteurs de notre réussite à cette CAN.
Vous dites constamment que vous vous préférez vous concentrer sur les forces et les atouts de son équipe plutôt que de prendre en considération les facultés de l’adversaire. Quelle est la philosophie de jeu de Malick Daf ?
(Il sourit) Lorsque vous construisez une équipe, vous devez connaître parfaitement tous les éléments qui la composent et surtout avoir confiance en eux. Nous, les entraîneurs des catégories juniors, nous sommes encore des éducateurs. Notre rôle est de les galvaniser. Je veux que lorsque mes joueurs entrent sur un terrain, ils se disent qu’ils sont les meilleurs, peu importe l’adversaire qui est en face. C’est la règle numéro 1. Ils se disent qu’ils sont les meilleurs parce que je pense qu’ils sont les meilleurs. Si en tant qu’entraîneur je n’ai pas foi dans les capacités de mon équipe, mon rôle est vain. Ce gain de confiance permet d’imposer notre identité de jeu. Un joueur en confiance va tenter plus de choses, va réussir plus de choses et la probabilité de gagner est plus grande.
Longtemps considéré comme un colosse aux pieds d’argile, le Sénégal vient d’empocher quatre titres de champion d’Afrique en 13 mois (CAN, CAN de Beach Soccer, CHAN et CAN U20). Comment expliquez-vous cette métamorphose ?
Après 65 ans sans rien gagner, il fallait bien se réveiller. (Rires). Nous avons longtemps porté ses costumes de favoris et trébuché sur la dernière marche. Ces 13 derniers mois sont le résultat d’une remise en question, d’une prise de conscience. La fédération a fait son travail en nous mettant dans de bonnes dispositions (stages, nouveaux moyens technologiques, ateliers…). Entre entraîneurs nous échangeons beaucoup. Lors de notre tournoi, Mame Moussa Cissé le sélectionneur des féminines, Pape Thiaw l’entraîneur des Lions locaux vainqueurs du CHAN, sont venus nous voir. On a discuté, on a échangé nos expertises et on s’entraide. Cette solidarité est essentielle pour le développement de notre football.
Qu’attendre du Sénégal pour la Coupe du Monde U-20 ?
On n’y va pas pour faire de la figuration. Nous voulons représenter dignement l’Afrique et le Sénégal. On a beaucoup d’ambitions tout en restant humbles. Nous sommes présents dans la cour des grands en compagnie de très grandes nations du football. Nous avons l’équipe qui faut pour aller le plus loin possible. Quand je dis le plus loin c’est-à-dire jusqu’à la victoire finale.
Vous vous projetez déjà ?
Oui, j’ai déjà rangé le trophée de la CAN dans l’armoire. Mon esprit est maintenant dans la préparation de ce Mondial. C’est une compétition de grande envergure, il faudra bien la préparer, car en tant que champions d’Afrique nous n’avons pas le droit à l’erreur.
LES CHRETIENS CHANTENT ALLELUIA CE DIMANCHE
Après 40 jours de jeûne, de prières et de sanctification, les fidèles catholiques s’apprêtent à célébrer la mort et la résurrection du Christ, ce dimanche 9 avril, dans le monde entier.
Après 40 jours de jeûne, de prières et de sanctification, les fidèles catholiques s’apprêtent à célébrer la mort et la résurrection du Christ, ce dimanche 9 avril, dans le monde entier. Ce moment est le plus important du christianisme, mais aussi la fête la plus ancienne et centrale de l’année liturgique.
En pleine semaine sainte, marquant la dernière ligne droite vers Pâques, depuis dimanche dernier, communément dimanche des Rameaux, les frères et sœurs en Christ ont amorcé depuis hier, jeudi 6 avril 2023, leur premier jour du Triduum Pascal qui concerne le Jeudi Saint, le Vendredi Saint et le Samedi Saint. Ces trois jours constituent le centre de gravité de toute l’année liturgique catholique et mènent au «mystère de Pâques».
Le Triduum Pascal est une période de trois jours durant laquelle les chrétiens célèbrent le cœur de leur foi, la mort et la résurrection de Jésus Christ, qui commence le soir du Jeudi Saint et se termine le Dimanche de Pâques, après les Vêpres. Successivement, les chrétiens commémorent le dernier repas du Christ avec ses disciples, son arrestation, sa crucifixion et sa mise au tombeau, puis sa résurrection d’entre les morts, le Dimanche de Pâques.
L’ULTIME REPAS DU CHRIST CELEBRE
Hier, Jeudi Saint, premier jour du Triduum Pascal, les catholiques ont célébré l’ultime repas du Christ avec ses disciples, où il leur annonce le don qu’il va faire de sa vie, librement et par amour. Cette messe en mémoire de la Cène du Seigneur a été dite dans toutes les églises du Sénégal, en particulier, et du monde en général. La messe du jeudi commémore le dernier repas du Christ avec les apôtres, communément appelée la Cène. Lors de ce repas, Jésus lava les pieds de ses disciples, bénit le pain et le vin pour la première fois, signifiant par là qu'il offrait son corps et son sang afin d'assurer le salut du monde, et annonça à ses disciples que l'un d'entre eux le trahirait. Cet épisode est fondamental dans la liturgie chrétienne, car il est le fondement de l'eucharistie (littéralement «Action de grâce» en grec) par laquelle les fidèles, aujourd'hui encore, répètent ces gestes en souvenir du Christ. L'acte par lequel ils reçoivent le pain de la main de l'évêque est appelé «communion». Cet acte est répété le même Jeudi Saint, par le prêtre célébrant.
LE SUPPLICE DE LA CROIX
Le Vendredi Saint reste un jour très important dans la tradition chrétienne, car il commémore la Passion, c'est-à-dire le supplice, la procession et la crucifixion du Christ. Il s'agit donc d'un jour de recueillement, et non de fête, pour les fidèles. Cet événement a toujours eu une place fondamentale dans la religion chrétienne, car il clôt l'aventure «humaine» de Jésus, avant sa résurrection. C'est donc un jour propre au christianisme et qui ne se fonde pas sur une fête issue d'une autre tradition. Le Vendredi Saint, l'Église catholique recommande donc aux croyants de pratiquer le jeûne et l'abstinence, en mémoire des souffrances du Christ. Dans l’après-midi, 15 h dans toutes les églises, une messe est organisée où le prêtre lit un passage de l'Evangile selon Saint Jean (où la Passion est relatée), suit une prière universelle (à la place de l'eucharistie), l'adoration de la croix, puis la communion. On peut noter que les hosties utilisées pour la communion ont été consacrées la veille, ce pour quoi on appelle cette messe «messe des présanctifiés». Mais avant, un chemin de croix vivant est organisé dans beaucoup de paroisses, offrant ainsi ‘occasion aux fidèles de revivre le parcours du Christ vers le Golgotha. Celui-ci prend des formes très différentes, selon les pays, les traditions et les époques. Au Sénégal et à Dakar, des chemins de croix vivants sont organisés.
JOUR DE DEUIL ET D’ESPOIR
Le Samedi Saint est, pour les chrétiens, un jour de silence, d'attente et de recueillement. Ils méditent sur les souffrances de Jésus Christ, sa mort et sa mise au tombeau. L'un des plus purifiés par l'épreuve, en l’occurrence Charles de Foucauld, disait ceci : «Je ne sais pas si Dieu m'aime et je ne sais pas si je l'aime.» Pourtant, même sans dialogue, Lui regarde et toujours nous considère. Il nous engage à ne pas faire l'économie de la foi, à avancer sans la vue, joyeux de croire sans avoir vu, et cela pour les hommes, parmi les hommes. Serions-nous au temps des veilles de Pâques, dans l'attente d'un passage nouveau pour l'Église ?
LA RESURRECTION…
La messe du Dimanche de Pâques est une célébration très joyeuse, chantée et enrichie de musiques. Les fidèles sont bénis d'eau sacrée durant la veillée pascale. Le prêtre lit le passage de l'Evangile dans lequel SaintPierre rapporte qu'en se rendant au tombeau du Christ, il l'a trouvé vide, preuve qu'il était bel et bien ressuscité. Alléluia !
VERS UNE BAISSE DU PRIX DES ENGRAIS
Au sortir d’un conseil interministériel sur l’agriculture hier, jeudi 6 Avril, le Ministre de l’Agriculture, de l’équipement rural et de la souveraineté alimentaire Aly Ngouille Ndiaye a annoncé une baisse du prix des engrais en perspective de la campagne
Le Premier Ministre Amadou Ba a présidé hier, jeudi 6 Avril un conseil interministériel sur l’agriculture. A l’issue de cette rencontre, le ministre de l’Agriculture, de l’équipement rural et de la souveraineté alimentaire Aly Ngouille Ndiaye a annoncé une baisse du prix des engrais.
Au sortir d’un conseil interministériel sur l’agriculture hier, jeudi 6 Avril, le Ministre de l’Agriculture, de l’équipement rural et de la souveraineté alimentaire Aly Ngouille Ndiaye a annoncé une baisse du prix des engrais en perspective de la campagne agricole 2023-2024. « Nous avons remarqué, l’année dernière, une très forte hausse sur le prix des engrais. Cela était dû à la situation post-covid-19 et la guerre russo-ukrainienne. Pour la perspective de l’année 2023/2024, nous allons vers une baisse du prix des engrais », indique-t-il. Selon le ministre, la campagne de l’année 2022/2023 s’est bien passée dans l’ensemble, sauf quelques contre-performances constatées notamment sur le niébé et l’arachide qui a connu une baisse de production de 11%. Mais pour toutes les autres spéculations, souligne-t-il, dans l’ensemble des augmentations dans les productions comme les céréales et autres ont été notées. Le ministre a relevé, par ailleurs, une hausse du prix des semences qui affecte actuellement le marché.
De son coté, le Premier Ministre Amadou Ba a rappelé que depuis l’avènement de la COVID-19 et de la guerre russo-ukrainienne qui se sont traduits par l’augmentation des prix des engrais, le budget de la campagne agricole du ministère en charge de l’Agriculture est en forte hausse, passant de 40 milliards en 2019 à 90 milliards en 2022. Selon lui, cet important effort de l’Etat, en termes d’appui aux produc teurs, a permis au secteur agricole d’atteindre des résultats importants dans le cadre de la mise en place et de la cession des intrants subventionnés. Toutefois, il relève que malgré ces efforts, la production agricole de l’année dernière n’a pas été à la hauteur de leurs attentes. « Cette année, nous devons travailler ensemble pour garantir que notre campagne agricole soit une réussite. Nous devons veiller à ce que nos agriculteurs disposent des ressources et des outils dont ils ont besoin pour produire des récoltes abondantes et de qualité », soutient-il. Amadou Ba annonce que le ministère de l’agriculture va organiser des campagnes de sensibilisation et de formation pour les agriculteurs, notamment sur les bonnes pratiques agricoles, la conservation des sols et la gestion des cultures.
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LES SUSPICIONS DES AVOCATS D’OUSMANE SONKO
Eligibilité ! L’objectif recherché dans les appels introduits par le Procureur et le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang est d’écarter le leader du parti Pastef Ousmane Sonko de la prochaine élection présidentielle
Les avocats du leader du parti PASTEF ont fait face à la presse hier, jeudi 6 avril, après la condamnation de leur client pour diffamation à deux mois de prison avec sursis et 200 millions de FCFA en guise de dommages et intérêts dans l’affaire l’opposant au ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang. Selon eux, les appels introduits par le Procureur et le ministre visent à rendre inéligible leur client pour la prochaine élection présidentielle.
Eligibilité ! L’objectif recherché dans les appels introduits par le Procureur et le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang est d’écarter le leader du parti PASTEF Ousmane Sonko de la prochaine élection présidentielle. C’est la conviction des avocats du maire de Ziguinchor qui ont organisé une conférence de presse hier, jeudi 6 avril. «La partie civile s’était dite satisfaite lorsqu’elle était sortie de l’audience et a remercié tous les Sénégalais. Quelque temps après, Mame Mbaye Niang a été reçu en conférence de presse et il a dit ceci : «Ousmane Sonko n’a pas encore échappé à l’inéligibilité. Donc, la réponse à savoir qu’est-ce qui les motive, est claire. C’est pour le rendre inéligible, pour qu’il ne participe pas aux élections présidentielles en 2024», a déclaré Me Bamba Cissé. En effet, reconnu coupable du délit de diffamation contre Mame Mbaye Niang, Ousmane Sonko a été condamné en première instance à une peine de deux mois avec sursis assortie de 200 millions de FCFA en guise de dommages et intérêts le 30 mars dernier.
Selon Me Bamba Cissé, l’appel du procureur peut durcir la peine. «L’appel de Mame Mbaye Niang ne peut porter que sur ses intérêts civils, seul l’appel du parquet peut remettre en cause les dispositions pénales du jugement. Or, seul cet appel peut permettre de corser la peine. On passera de deux à trois mois et si on est à trois, Sonko ne sera plus candidat. S’il est condamné à une amende supérieure ou égale à 200 mille FCFA, il ne sera plus candidat, si la cassation confirme la position de principe du juge d’appel», explique la robe noire. Sur ce, Me Bamba Cissé qui affirme que la justice ne doit pas être «utilisée» pour écarter des adversaires politiques, dit constater une célérité dans le traitement du dossier de leur client. Ce que confirme Me Amadou Diallo. « Il y a de la précipitation et nous le savons tous, le temps de la justice n’est pas le temps des politiques, des médias. Donc, aujourd’hui si cette justice-là s’inscrit dans la précipitation parce que dans le passé, il y a eu des antécédents, il est évident que personne n’est dupe. On a compris qu’il y a un agenda qui lui (procureur) est imposé. Ce qui est inacceptable dans un Etat de droit parce qu’une justice expéditive est une justice sous commande», a regretté Me Amadou Diallo.
Me Ousseynou Ngom de renchérir : «La décision est rendue le 30 mars. Le lendemain, nous sommes informés que des pressions ont été mises au niveau du service du greffe, du préposé à l’appel pour faire la mise en état du dossier et pour son transfert au niveau du procureur qui va diligenter le dossier et transférer au procureur général. Le lundi 3 avril, on reçoit l’information que le jugement est en phase d’être disponible. Une personne a été diligentée pour se rendre très rapidement au service des impôts et domaines pour l’enregistrement et le mercredi à 7 avril, on m’appelle pour m’informer que le jugement est disponible et vous ne pouvez le prendre que sur demande». Allant plus loin, Me Massokhna Kane soutient que l’inéligibilité d’Ousmane Sonko «mettra le pays à feu et à sang parce que personne ne l’acceptera».
Revenant sur le déroulement du procès, les avocats d’Ousmane Sonko soulignent que les droits de leur client ont été foulés au pied. «Dans cette affaire, il n’y a pas eu de procès. Le procès, c’est aussi le contenu. Dans le contenu, tous les droits de Sonko sont bafoués. Son droit d’être assisté par un avocat. Sa liberté d’aller et de venir. Le choix fait par ses partisans de l’accompagner pour assister à un procès public. Tout cela n’a pas été respecté en ce qui concerne Sonko», a fait savoir Me Amadou Diallo. Pour Me Massokhna Kane, «c’est délibérément que le tribunal a refusé que les avocats expliquent les motifs de l’absence de leur client» le jour du procès. Et d’ajouter, «Les témoins que nous avions cités, Birahim Seck et Clédor Sène n’ont pas été entendus par le tribunal alors qu’il a accepté de prendre leur citation». Cependant, les avocats d’Ousmane Sonko comptent s’organiser pour défendre les droits de leur client.
Par Maitre Adama DIENG & Hon. Professeur Gareth EVANS
À PROPOS DE LA SITUATION EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
Malgré les graves risques auxquels sont confrontées les populations en RDC, la crise reste l’une des plus négligées au monde
Avril marque le Mois de la prévention et de la sensibilisation au génocide, un moment pour réfléchir sur l'histoire, les causes et les victimes des massacres génocidaires passés remontant à plusieurs décennies - notamment au Rwanda, à Srebrenica, au Cambodge, en Arménie et ailleurs - et aussi pour mobiliser la détermination permettant d'affronter les risques auxquels sont actuellement confrontées les populations et ainsi prévenir de futures atrocités de masse.
Depuis près de 30 ans, nous observons avec une profonde inquiétude une violence cyclique et aveugle alors que les conflits internationalisés ravagent les populations à travers la RDC, en particulier celles des régions orientales frontalières du Rwanda, de l’Ouganda, du Burundi et de la Tanzanie. Les forces armées congolaises et étrangères, ainsi que d’innombrables groupes armés abusifs, ont régulièrement perpétré des violations et des abus généralisés - dont certains peuvent constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. L’impunité pour les atrocités, la corruption endémique, la mauvaise gouvernance et les discours et incitations à la haine ont tous contribué à de nouvelles exactions généralisées contre les civils, à l’intensification des tensions ethniques et des troubles politiques, et à un nombre record de déplacés congolais.
La récente visite du Conseil de sécurité de l’ONU dans l’est de la RDC et les rapports du Secrétaire général Antonio Guterres faisant état de violences « alarmantes » ont mis en lumière la crise, mais il reste encore beaucoup à faire face à la gravité de la situation, en particulier face au risque croissant d’atrocités ciblant des segments vulnérables de la population.
Depuis que le gouvernement a déclaré la loi martiale dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri sous un soi-disant «état de siège» en mai 2021, les atrocités et la violence se sont intensifiées au milieu d’attaques généralisées par des groupes armés abusifs comme la Coopérative pour le développement du Congo (CODECO) et les Forces démocratiques alliées (ADF) notoirement brutales. Depuis octobre 2022, plus de 1 300 personnes ont été tuées rien qu’en Ituri et au Nord-Kivu.
Sous l’état de siège, un climat d’intolérance s’est développé, les autorités du Nord-Kivu et de l’Ituri ayant utilisé des pouvoirs étendus pour intensifier leur répression contre les voix dissidentes. L’armée et la police ont restreint les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique ; détenu et poursuivi arbitrairement des défenseurs des droits humains, des journalistes, des membres de l’opposition politique ou d’autres personnes considérées comme critiques à l’égard du gouvernement ; et des manifestations pacifiques ont été interdites et violemment réprimées.
En outre, des millions de Congolais vivent en première ligne de combats intenses alors que le groupe armé du Mouvement du 23 mars (M23) a étendu son contrôle à travers le Nord-Kivu et avancé près de la capitale provinciale, Goma. Depuis le lancement de sa nouvelle offensive, le M23 a commis des exactions généralisées contre les civils, notamment des meurtres délibérés, des recrutements forcés et des bombardements aveugles, entre autres crimes de guerre possibles. Pendant ce temps, pour tenter de faire face à l’offensive du M23, l’armée congolaise (FARDC) a utilisé et soutenu comme mandataires des groupes armés qui ont eux-mêmes été impliqués dans des exactions et des atrocités généralisées, y compris, entre autres, les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (Les Forces démocratiques de libération du Rwanda, FDLR). Les FDLR sont un groupe armé majoritairement hutu rwandais, dont certains dirigeants avaient participé au génocide de 1994 contre les Tutsi au Rwanda. Actifs dans l’est de la RDC depuis des années, les combattants des FDLR ont une longue histoire de meurtres, de mutilations et de violences sexuelles contre des civils dans le Nord et le Sud-Kivu.
On note, depuis que le gouvernement de la RDC accuse le Rwanda de soutien au M23, une escalade dramatique de la désinformation, de la xénophobie, des discours de haine et de l’incitation à la discrimination et à la violence, ciblant en particulier les Tutsis/Banyarwanda et d’autres personnes d’origine rwandaise ou présumées l’être. Il y a une histoire dans l’est de la RDC de sentiments et de rhétorique anti-tutsis dangereux ciblant les personnes qui parlent le kinyarwanda, longtemps perçues comme des «étrangers» ou des «envahisseurs» en RDC. Alors que ces populations ont fréquemment été menacées et attaquées ces dernières années, les risques auxquels elles sont confrontées se sont accrus au rythme des discours dangereux propagés par des personnalités de partis politiques, des dirigeants communautaires, des acteurs de la société civile et des membres de la diaspora congolaise.
Les belligérants font de plus en plus appel aux allégeances ethniques et sèment la discorde entre les communautés. À Kitchanga et dans d’autres villages, des centaines de civils tutsi - régulièrement perçus par les membres d’autres communautés comme des partisans du M23 - ont fui par peur des représailles de groupes armés diffusant une rhétorique hostile et menaçante contre leur communauté. Le Groupe d’experts des Nations Unies a documenté des incidents de violence ciblée ou de lynchage public d’individus rwandophones.
Plusieurs responsables et organes de l’ONU ont exprimé leur inquiétude face à l’escalade de la rhétorique incendiaire dans le pays. Dans l’une de ces déclarations, la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, et la Conseillère spéciale pour la prévention du génocide, Alice Nderitu, ont mis en garde : « le discours de haine… se concentre sur des aspects qui importaient moins auparavant, incite à parler de nous contre eux », et corrode la cohésion sociale… Les messages haineux augmentent le risque de violence, y compris les atrocités criminelles ciblant des groupes spécifiques de personnes.
Les atrocités criminelles sont souvent précédées d’une incitation à la violence par le biais d’un discours de haine. La rhétorique haineuse a la capacité unique d’inciter ou d’inspirer la violence contre le groupe ciblé en répandant la peur ou la haine en son sein. La diabolisation de groupes spécifiques de personnes présentées comme « dangereuses » ou « inférieures » a entraîné des tragédies catastrophiques dans le passé, notamment l’Holocauste et le génocide des Tutsi au Rwanda. Le parti nazi a utilisé des tabloïds antisémites, tels que Der Stürmer, et la radio gouvernementale pour favoriser un environnement où le peuple allemand persécuterait et diaboliserait les Juifs uniquement sur la base de leur identité. Au Rwanda, la station de Radio-Télévision Libre des Mille Collines (RTLM) a joué un rôle déterminant dans l’incitation au génocide en diffusant des discours haineux sur les « cafards » tutsi et en exhortant les Hutu à se retourner contre leurs voisins. Les médias ont également aidé à recruter et à coordonner des massacres.
La résurgence du M23 a non seulement aggravé la crise humanitaire et des droits humains déjà préoccupante dans l’est de la RDC, mais elle a également ravivé les tensions entre la RDC et le Rwanda, ce qui met sérieusement en danger la cohésion et la stabilité nationales et régionales. Il est impératif que les gouvernements du Rwanda et de la RDC engagent un dialogue et un processus de médiation axé sur les droits pour empêcher toute nouvelle escalade.
Reconnaissant que les États ont la responsabilité première de protéger leurs populations contre le génocide, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le nettoyage ethnique, il incombe en particulier au gouvernement de la RDC de prendre des mesures concrètes pour protéger toutes les personnes sans discrimination, ainsi que de veiller à faire rendre compte à tous les auteurs d’atrocités :
Conformément à la recommandation de la Conseillère spéciale des Nations Unies pour la prévention du génocide, le Parlement de la RDC devrait adopter une loi sur le racisme, la xénophobie et le tribalisme pour renforcer le cadre juridique sur le discours de haine et contrer la récurrence de l’incitation à la violence.
Le gouvernement devrait également sanctionner les individus responsables de la propagation de discours de haine et/ou d’incitation à la violence, à la discrimination ou à l’hostilité conformément à la Stratégie et au plan d’action des Nations Unies contre le discours de haine, quel que soit leur rang ou leur affiliation politique.
Répondre aux abus perpétrés par les groupes armés et les agents du gouvernement et prévenir de nouvelles tensions entre les communautés est d’autant plus essentiel que la RDC se rapproche des élections générales prévues en décembre. Les élections exacerbent souvent les tensions existantes entre les communautés – en particulier si les politiciens et les candidats incitent et mobilisent les divisions ethniques pendant la campagne – et peuvent être un déclencheur d’atrocités. De plus, les mesures prises pour restreindre les droits de l’électorat pendant un cycle électoral non seulement risquent de saper le processus démocratique, mais augmentent également les menaces pour les populations vulnérables. Déjà, un groupe de Tutsi congolais a fait part aux journalistes d’une campagne hostile, y compris des menaces et des violences au mois de février, pour les empêcher de s’inscrire pour voter au Sud-Kivu.
L’ONU continue de jouer un rôle crucial dans la désescalade des tensions et dans la prévention d’une nouvelle rechute catastrophique dans la violence:
La mission de maintien de la paix des Nations unies (MONUSCO), le Haut Commissaire aux droits de l’homme (HCDH) et la Conseillère spéciale pour la prévention du génocide doivent continuer à mobiliser les autorités locales, provinciales et nationales, ainsi que les journalistes et la société civile, pour condamner le discours de haine ainsi que la stigmatisation et le profilage racial des communautés.
La MONUSCO, avec le soutien du HCDH, doit développer et mettre en œuvre ses mécanismes d’alerte précoce et de réponse aux violences électorales pour garantir que les élections soient pacifiques, transparentes, crédibles et inclusives.
Malgré les graves risques auxquels sont confrontées les populations en RDC, la crise reste l’une des plus négligées au monde. Alors que nous observons le Mois de la sensibilisation et de la prévention du génocide, il est essentiel que nous apprenions du passé et que nous prenions des mesures efficaces pour lutter contre les causes immédiates et sous-jacentes de la violence de masse afin de briser le cycle des abus et de l’impunité. Nous le devons aux victimes du Génocide des Tutsi au Rwanda. Nous nous le devons à nous-mêmes.
S.E. Maitre Adama Dieng est président-fondateur de l'Alliance panafricaine pour la transparence et l'État de droit, ancien conseiller special pour la prevention du genocide.
Hon. Professeur Gareth Evans est ancien ministre australien des Affaires étrangères, président émérite de l'International Crisis Group.
PAR BABACAR FALL
LE PIRE N’EST JAMAIS SÛR
EXCLUSIF SENEPLUS - L’aventurisme politique de Macky Sall entamé en 2012, menace profondément la stabilité politique de notre pays. Le pouvoir est pris à son propre piège
Le régime de Macky est-il si sourd et aveugle qu’il ne voit pas le niveau de détestation dont il est l’objet dans ce pays, en zone urbaine et rurale et dans toutes les couches sociales ? Une simple plongée dans le quotidien des citoyens lui aurait, pourtant, donné des indices sur le niveau de ras-le-bol observé, comme jamais dans l’histoire politique récente, à l’exception de la toute dernière période du président Wade.
Le pouvoir est pris dans son propre piège
Dans la stratégie du régime, pour légitimer politiquement et non en droit, le troisième mandat du président Macky Sall, la diabolisation d’Ousmane Sonko était la pierre angulaire. Il était supposé être le plus mauvais candidat, celui qui trainait une réputation sulfureuse, des accointances avec les indépendantistes de Casamance, les salafistes et autres courants issus de la mouvance sénégalaise des frères musulmans des Ibadou Rahmane et des autres.
En somme, toutes tares qui devaient le disqualifier aux yeux des républicains et des citoyens attachés au contrat sénégalais (notre commun vouloir de vie commune) fait de modérations, de compromis social et de juste milieu.
Cette stratégie a ripé sur le contexte socio-économique du pays. La crise est profonde, nonobstant ce qu’en dit le régime. Pour qui sait lire entre les lignes et le langage, très diplomatique, des institutions de Bretton Woods, notre économie va droit dans le mur. Un niveau d’endettement public record à 75% du PIB qui tend à être insoutenable. Une baisse drastique des recettes fiscales par comparaison à la hausse continue de la dépense publique, surtout de la masse salariale de l’Etat (due plus aux recrutements clientélistes que pour accroître l’efficacité des ressources humaines de l’Etat).
Un niveau d’inflation de 9,7% jamais vu depuis des décennies (dixit le FMI). Les ménages sénégalais confrontés quotidiennement à la hausse des prix, aux marchés, dans les transports en commun, le savent mieux que ces experts. Ce n’est pas le millefeuille administratif inventé par le gouvernement pour baisser les loyers et la frousse que lui donne les transporteurs privés, qui vont aider à diminuer les prix de ce côté.
Mais le pire est à venir, avec la quasi-injonction du FMI pour que le gouvernement supprime les subventions sur l’électricité. La hausse de la facture de la Senelec devrait suivre bientôt.
Et ce gouvernement gage, tous les jours, les revenus à venir du pétrole et du gaz. Et la presse aux ordres salue avec tambours et trompettes et au son des balafons, la levée presque mensuelle de fonds auprès des banques et des investisseurs afin d'assurer la trésorerie pour le fonctionnement de l’Etat.
Et pendant ce temps, les entreprises nationales courent derrière leurs factures pour être payées sur les maigres parts de marchés qu’elles arrivent à gagner. Puisque les entreprises chinoises, turques, marocaines et françaises raflent, désormais, tous les appels d’offres publics.
Ce qui reste est littéralement donné « aux amis du pouvoir » pour en enrichir quelques-uns. Voilà le tableau qui s’offre aux citoyens sénégalais. Vie chère, appauvrissement des familles, gabegies financières, corruption indécente de quelques-uns jusqu’au plus haut sommet du régime.
L’indécence de l’enrichissement accélérée du griot du président, du beau-frère, du figurant actuel au ministère du Tourisme, heurte au plus profond, les masses de sénégalais qui n’en peuvent plus.
Et on voudrait leur vendre cette alternative ridicule du Moi (Macky) ou le Chaos (Sonko). Les Sénégalais ont répondu, lors des dernières élections locales en donnant, une majorité de grandes villes et des communes des grandes zones urbaines à l’opposition (coalition Yewwi askan wi et Walu). Et lors des législatives, en infligeant une retentissante raclée électorale à la majorité sortante de Macky Sall.
La politique du ventre selon Macky
En décembre 2012, dans un article prémonitoire paru le 4 décembre 2012 dans Sud Quotidien (à retrouver sur mon blog bfbac.com), « Un pas en avant, deux pas en arrière », je donnais mon sentiment, sur les premiers pas du régime de Macky Sall.
« Au poker, quand un joueur a la meilleure main qui soit et perd sa mise, on parle de BAD BEAT. Ce joueur est un « FISH », c’est à dire un joueur débutant, inexpérimenté qui commet des erreurs grossières et visibles. Après plus de 6 mois de fonctionnement, le gouvernement du Sénégal donne cette impression désagréable d’amateurisme, d’impréparation à la gestion de l’Etat, de pusillanimité, de pilotage à courte vue et quelque fois plus grave de reproduire ce que Wade a appris à beaucoup d’entre eux du temps de leur fameux compagnonnage. En somme du Wade sans Wade. Et pourtant nous avons tellement attendu ce changement ! 12 ans d’un pouvoir qui a réduit à néant notre culture des règles de la bonne administration publique, de l’Etat de droit, réduite à néant au profit de coteries familiales et financières. »
Le temps m’aura donné raison au vu de la réalité de ce qu’il est devenu aujourd’hui.
Ce régime a ruiné l’Etat, fragilisé les institutions publiques, privilégiant les allégeances politiques à la compétence professionnelle et technique, dans le choix des directeurs d’administration et de sociétés nationales, explosé jusqu’à l’écœurement le nombre de ministres, de sous ministres et de conseillers estampillés ministres-conseillers. Il n’est que de voir, à la lecture du communiqué du Conseils des ministres, sur la chaîne de télévision officielle, cette galerie de mines réjouies, installée devant la longue table du Conseil des ministres et faussement studieuses. « Adieu veau, vache, cochon, couvée » se surprennent à reprendre cette expression de La Fontaine, certains anciens en songeant à ce qu’était un Conseil des ministres du temps de L. Senghor et A Diouf.
La litanie des scandales financiers n’en finit plus.
Sud Quotidien, dans un article récent en a fait une chronique de 2012 à ce jour : Coud, Ndingler, Petrotim, Bictogo, Prodac, Ter, TF 1451/R…et last but not least, le Fonds Force Covid-19, riche de mille milliards de FCFA sur lequel, beaucoup de ceux, que la politique des copains et des coquins a réuni, se sont bâfrés goulûment.
Puisqu’il n’y a plus de limites à l’indécence, les rapports d’audits des corps de contrôle on s’assoit dessus, la peur du gendarme a disparu, pourquoi se retenir désormais. Tous les jours, c’est à celui ou celle qui affichera le plus ostensiblement sa loyauté au chef, avec les mobilisations des populations, achetées à coup de millions de FCFA, parmi les directeurs de sociétés nationales.
Le régime de Macky Sall a aussi, créé cette galerie de monstres, miroir exact de celle de la période de Wade, incultes, sans foi ni lois, voraces, qui ne connaît aucune limite.
Après Pape Samba Mboup, Farba Senghor, Clédor Sène et sa bande de sicaires, soutenus et financés par Samuel Sarr, nous avons aujourd’hui Farba Ngom, Mame Mbaye Niang, Mamadou Lamine Massaly et de multiples Dr de tout et de rien.
Quelle est la nature de ce régime ?
Assurément d’une aventure politique, d’une prise de risque qui a réussi.
D’un homme, victime des outrances, des brimades de son mentor, qui décide avec un petit groupe d’amis et de sa famille, de se venger. Qui découvre, chemin faisant, les circonstances aidant, notamment la fin du régime de Wade et l’exaspération des citoyens, une fenêtre d’opportunités. Et qui s’en saisit, en sollicitant des appuis et des soutiens.
Si on analyse ce moment politique, qui révèle le candidat Macky Sall, inexpérimenté, sans moyens à l’époque, ne disposant pas encore d’un appareil politique, on voit bien que c’est sa capacité politique et son audace à se saisir des circonstances (quasi-insurrection des citoyens devant la volonté de 3ème mandat de Wade et de son souhait d’installer son fils comme héritier) qui le propulse au-devant des acteurs politiques traditionnels. Sa jeunesse et les moyens qui affluent achèvent de l’installer sur le podium.
Son instinct, l’empathie que lui démontre les citoyens, face aux vexations dont il est l’objet de la part de Wade, sa résilience, l’installe en tête des candidats au 1er tour de la présidentielle de 2012. Ce ne sont certainement pas son programme insipide (Yoonu Yokkuté), ses dons d’orateurs ou son « charisme ».
Au 1er tour Macky Sall a recueilli 26,58% des suffrages. C’est la dynamique politique après cette première estocade inattendue contre Wade, qui fait le reste, grâce à la discipline de vote des électeurs du parti socialiste (11,30%). Et le rassemblement de Benno Bokk Yaakar derrière sa candidature unique, crée ce formidable et surprenant maelström du 2ème tour, qui voit la victoire écrasante d’un quasi-inconnu de la scène politique nationale à 65,80% des voix exprimées.
Mais, comme tous les analystes politiques le savent, au 1er tour on choisit et au 2nd on se rassemble. C’est pourquoi Macky Sall et ses conseillers les plus avisés, le voient bien, le socle électoral du régime est très faible. Et il n’est pas arrivé jusqu’à présent à faire la bascule, même à la présidentielle de 2019 où il est élu au 1er tour avec 58% des voix.
Il n’est donc pas étonnant qu’il s’agrippe jusqu’à la dernière énergie au rassemblement avec Benno Bokk Yaakar qui lui assure une majorité électorale de fait. Mais cette quasi-rente, que le parti socialiste et les vieux caciques de l’ex-gauche communiste (PIT et PIT), assurés de continuer à bénéficier de certaines sinécures, arrive à sa fin comme un cycle politique dans le cadre d’une séquence ouverte depuis 2012.
La perte de la majorité aux législatives de 2022 clôt cette séquence qui devrait aboutir à la fin de Benno Bokk Yaakar et ouvrir un autre cycle nonobstant la querelle entretenue sur le 3ème mandat.
Au fond, quand on analyse ce régime et ses animateurs et au premier chef le président, on se trouve face à une suite d’actes politiques, qui fait la part belle à une sorte d’éloge de l’empirisme (débrouillardises plus trivialement), qui explique l’aveuglement quand surviennent les passages difficiles. Ce régime n’a pas de récit national à offrir aux Sénégalais, si ce n’est de mauvais emprunts, qu’on habille sous le nom de l’efficacité.
A preuve, chaque réalisation et chaque investissement s’inscrit dans un « hub ». Ce techno langage (en franglais pour mieux en accentuer les effets) souvent utilisé pour dissimuler les faiblesses et les lacunes des projets.
Derrière, il y a cette idée que l’utilisation des termes techniques, des acronymes et des jargons, peut créer l’illusion de la complexité et de l’expertise et empêcher une remise en question et des critiques. Sans oublier bien sûr les montants en dizaines ou centaines de milliards de CFA, que son Excellence fait ruisseler dans ce pays chaque jour que Dieu fait.
Et le mimétisme dans le discours entre autorités politiques, du président aux ministres et sous ministres est symptomatique de l’indigence intellectuelle et doctrinale qui règne au sein de ce régime, sur la démocratie, la République, la séparation des pouvoirs, la laïcité de l’Etat, la vision de l’économie politique au Sénégal
Le projet de 3ème mandat de Macky Sall est une menace pour la République et la démocratie
Il faudrait être sourd et aveugle, pour ne pas voir que dès les résultats de la présidentielle proclamés, un dispositif a été pensé, pour mettre sur les rampes une 3ème candidature présidentielle de Macky.
Les images, presque quotidiennes de l’activisme du cercle familial proche du président, et du clan des « katangais » qui l’entoure, court-circuitant les instances de la coalition et de l’APR aphone, la montée au front régulière du ministre de la Justice défendant cette hérésie juridique du droit au 3ème mandat, tout cela ne laisse aucun doute sur la volonté d’une candidature.
C’est dire combien l’aventurisme politique constitue un danger pour la démocratie.
Ce qui est vrai du « macronisme » en France, du « trumpisme » aux USA, l’est pour le régime de Macky Sall.
De tout temps, l’aventurisme en politique s’est toujours caractérisé par l’émergence d’un leader, en opposition radicale au système en place pour se positionner en alternative. Quand on écoute les discours de Macky Sall en 2011, contre A. Wade, les appels à l’insurrection, à l’intervention de l’armée ou à aller au Palais déloger le vieux président, on se pince, eu égard aux cris d’orfraie que la presse pro-Macky pousse devant les discours actuels de Yewwi et de Ousmane Sonko.
Pour gagner en 2012, Macky Sall avait su opposer des solutions simplistes à la complexité des réponses de Wade, pour susciter l’adhésion du plus grand nombre de Sénégalais.
Il a su attiser la colère des jeunes, surtout devant la gabegie de la gestion Wade, son clientélisme, sa gestion clanique et surtout la corruption généralisée du régime. Il s’est présenté comme le seul susceptible de changer le système, de représenter les exclus et les marginalisés.
Aujourd’hui ces ressorts sont cassés, à l’épreuve de sa propre gestion depuis 12 ans.
Et tout se passe, comme si, la lecture des dynamiques politiques actuelles avec Ousmane Sonko comme figure emblématique lui renvoyait à la fois l’échec de sa gestion et les conditions réunies de sa défaite en 2024.
Ce qui explique ses dérives autoritaires, la judiciarisation du champ politique, les rafles policières des opposants, l’instrumentalisation de l’administration territoriale et de la Justice.
L’aventurisme politique qui caractérise ce régime a des conséquences très graves pour la stabilité de nos institutions, l’avenir de la démocratie et de la République.
Dans un discours enflammé en février 2023 à Pikine, sans doute grisé par la foule et la chaleur, le falot Premier ministre qu’il « a donné » au pays après la bérézina des législatives, a dit que Macky Sall sera candidat en 2024 et peut être en 2029.
« Nous n’avons pas de plan B ni de plan C. Macky Sall est notre seul plan. Que ça soit 2024 ou 2029, c’est du pareil au même. C’est à conjuguer au passé. Il peut compter sur nous. Nous nous attellerons à faire tout ce qu’il souhaite. Et c’est ce message qu’attend de nous le président Macky Sall ».
L’argument est toujours le même, pour les thuriféraires du pouvoir, le président doit finir ses chantiers.
Et comme des chantiers s’ouvriront aussi, durant un autre mandat de 5 ans en 2024, il n’y a plus de limite juridique, ni morale, à une présidence à vie.
Puisqu’il peut se présenter autant qu’il le souhaite aux suffrages des citoyens. D’ailleurs on se demande bien pourquoi ennuyer les Sénégalais avec ces appels aux suffrages ?
Peut-être pourrait-on décréter Macky Sall, président éternel, grand dirigeant, Soleil de la Nation ?
L’aventurisme politique s’affranchit des règles et des valeurs de la démocratie, comme le respect des libertés publiques, de manifestations, d’expression des minorités. Les seules règles admises sont celles qui lui permettent le maintien au pouvoir. Les institutions n’ont de légitimité que celle que leur confère la loyauté à la parole et aux désirs du grand timonier.
Le régime actuel engendre un clivage puissant au sein de la société entre les citoyens et tente de recréer les violences et les crises irrédentistes en Casamance, puisqu’à chaque fois doit se jouer cette posture du Moi ou le Chaos.
L’aventurisme politique de Macky Sall entamé en 2012, menace profondément la stabilité politique de notre pays.
En 2024, les républicains et tous ceux attachés à une certaine idée de cette Nation, à ses valeurs de tolérance, de respect de l’autre, de refus de l’homme providentiel. Ceux qui pensent que la démocratie est le pire des régimes à l’exception de tous les autres (Churchill) doivent lui infliger une défaite mémorable qui découragera tous les apprentis sorciers et autres illuminés, qui veulent se servir de la démocratie, sans être convaincus de ses vertus.
Babacar Fall est haut fonctionnaire à la retraite.
REWMI-BBY, LA FIN DE LA RÉCRÉATION
Après Oumar Guèye, Pape Diouf, Oumar Sarr et Déthié Fall, Idrissa Seck pourrait perdre un autre lieutenant, à cause de son entrisme. En toile de fond, la présidentielle 2024 et une proximité politique entre le ministre des Sports et le président qui agace
Après Oumar Guèye, Pape Diouf, Oumar Sarr et Déthié Fall, Idrissa Seck pourrait perdre un autre lieutenant, à cause de son entrisme. En toile de fond, il y a la présidentielle de 2024 et une proximité politique entre le ministre des Sports (désormais ancien vice-président de Rewmi) et le président de la République qui n’en finit pas de déranger. Plus que jamais, le compagnonnage entre les deux ‘’amis’’ est compromis.
Beaucoup ne l’auraient pas cru. Le couple jusque-là semblait filer le parfait amour. Mais depuis samedi, avec la dernière réunion du Secrétariat national de Rewmi, les signaux d’un mariage qui bat de l’aile ont commencé à échapper et à alimenter le débat public. D’abord, à travers des fuites dans la presse, on apprenait que le président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) avait remonté les bretelles à ses deux ministres qui siègent dans le gouvernement, à savoir Yankhoba Diatara et Aly Selleh Diop. Il leur aurait été reproché d’avoir failli dans la mise en œuvre des instructions de leur chef.
Alors qu’on n’avait pas fini de parler de cette affaire, revoilà Idrissa Seck qui, trois jours seulement après la tenue du Secrétariat national, revient à la charge. Cette fois, le linge sale se lave dans la rue et non entre quatre murs. Dans un communiqué, le président de Rewmi informe : ‘’Monsieur Abdoulaye Ndoye, Coordonnateur départemental de Saint-Louis, est nommé deuxième vice-président du parti en remplacement de monsieur Yankhoba Diatara appelé à d’autres fonctions. Le secrétaire général et le secrétaire national en charge des structures sont chargés de l’exécution de la présente décision.’’
Quel a été l’élément déclencheur de ce limogeage ? Pour le moment, les principaux concernés se refusent à tout commentaire. Une chose est sûre : il intervient quelques heures seulement après une sortie du ministre sur Sen TV, dans laquelle il semble plutôt défendre la légalité d’une troisième candidature du président Macky Sall. ‘’La candidature du président de la République Macky Sall, disait-il, pour un deuxième quinquennat, est valable juridiquement. Maintenant, il faut attendre de voir la décision du président de la République. Ensuite, il reviendra au Conseil constitutionnel de trancher’’.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette déclaration sonne comme un pied de nez à l’endroit de son mentor dont l’ambition de se présenter en 2024 n’est presque plus un secret.
Interpellé récemment aux États-Unis sur la question, il répondait diplomatiquement, non sans rappeler son combat en 2012 contre Wade pour qui il a un grand respect : ‘’Un pilier du projet Sopi, qui était absolument central, était que nous devions faire du Sénégal une démocratie majeure où la transmission du pouvoir se fait sans violence, à un rythme régulier dont la fréquence n’excède pas deux mandats de cinq ans, pas trois.’’ Dans la foulée, Idy avait même annoncé une conférence de presse avant de la reporter sine die. Beaucoup espéraient que cette conférence devrait être l’occasion non seulement de déclarer sa candidature, mais aussi de se prononcer de manière plus claire sur la validité de la troisième candidature du président Sall.
Hier encore, comme pour se démarquer des propos de son lieutenant tenus la veille, alors même qu’il avait déjà fait une publication pour souhaiter une bonne fête, le président de Rewmi a cru bon de faire un autre post pour, dit-il, s’adresser aux jeunes. Toujours dans ses allusions, il déclare : ‘’Macky nous a ramené la coupe d’Afrique. Voulez-vous m’accompagner pour aller chercher la Coupe du monde dans quatre ans, après une belle moisson de médailles aux JOJ de 2026, les premiers organisés en terre africaine ? À réformer le système de santé et d’éducation ? À m’occuper de l’environnement pour atténuer les effets du changement climatique ?’’
Selon ce proche, il faut bien comprendre le président de Rewmi pour saisir ses messages. ‘’C’est quelqu’un qui a une communication fragmentée et graduelle… Pour le moment, il faut se contenter de ce qu’il a dit. Dans les prochains jours, vous serez édifiés’’.
Diatara s’éloigne-t-il d’Idy pour le ‘’Macky’’ ?
Fidèle parmi les fidèles d’Idrissa Seck, le ministre des Sports ne semble en tout cas pas s’inscrire dans la même dynamique. Il ne rate presque plus une occasion pour faire l’apologie de la troisième candidature. Ce qui lui vaut pas mal de critiques. Revenant sur sa dernière sortie sur le plateau de Sen TV, ce frère de parti explique : ‘’Il y a une volonté manifeste de défiance. Lors la dernière réunion du secrétariat, il leur a carrément dit que s’ils sont ministres, c’est grâce au parti. Qu’ils ne devraient pas le perdre de vue… Sur la question du mandat, il a fait savoir qu’il est dans une alliance qu’est Benno Bokk Yaakaar. Des négociations sont en cours. On ne peut donc pas se prononcer comme ça. Comment il peut se précipiter à la télévision en catimini, pour faire des déclarations qui n’engagent que lui ? En quoi cette question d’une troisième candidature de Macky Sall peut concerner notre parti ? Je peux comprendre que des militants de l’APR investissent Macky Sall comme candidat, mais en quoi cela peut regarder quelqu’un qui se réclame de Rewmi ? C’est une faute lourde, à mon avis.’’
Selon lui, M. Diatara n’avait même rien à faire à cette émission. ‘’Aussi bien dans le gouvernement que dans la coalition, il y avait des gens plus habilités. Le porte-parole du gouvernement est là ; les responsables de l’APR sont là ; nous n’avons rien à faire dans ce débat. Et certains le lui ont dit’’.
En fait, avant même ces derniers épisodes, il convient de noter que les premiers conflits dans le ménage remontent aux élections territoriales de janvier 2022. Battu à plate couture par la coalition Yewwi Askan Wi, après plus de 20 ans de règne, des voix s’étaient déjà élevées pour tout mettre dans le dos du lieutenant. La sanction n’avait pas tardé, puisqu’aux Législatives, Idy avait choisi Mor Ndiaye pour coordonner le parti au niveau départemental. Dans un article daté du 18 avril, ‘’Jeune Afrique’’ renseignait : ‘’Idrissa Seck verrait d’un œil inquiet l’importance qu’a prise Yankhoba Diatara au sein du gouvernement…’’ Selon le site panafricain, cet activisme de Diatara, qui faisait tout pour plaire au chef de l’État, dérangeait jusque dans l’entourage du président. ‘’Certains, confiait ‘JA’, s’agacent également des efforts du ministre pour se faire bien voir auprès du président. En mars (2022), dans le cadre des missions de BBY dépêchées à l’intérieur du pays, Yankhoba Diatara avait été choisi par Macky Sall pour dissiper les frustrations dans le département d’Oussouye, en Casamance…’’
Les derniers développements semblent surtout confirmer cette thèse. Depuis quelque temps, Yankhoba Diatara est devenu un fervent défenseur du président Sall, de son bilan, mais aussi de sa candidature. N’en déplaise à celui grâce à qui il est devenu membre du gouvernement. Aussi, confirme-t-il la jurisprudence Oumar Guèye, Pape Diouf (membres du gouvernement) et Oumar Sarr. Anciens membres de Rewmi, ils avaient tous opté, au début de la deuxième alternance, quand leur mentor avait pris la décision de se séparer du régime, de rester pour conserver leur poste.
Un compagnonnage en sursis !
À Rewmi, les entrées et sorties dans le gouvernement sont souvent accompagnées de séparations douloureuses. Outre les cas Pape Diouf et Oumar Guèye qui sont restés dans la mémoire collective, il y a le cas spécifique de Déthié Fall qui, lui, avait préféré prendre ses distances, au moment où Idrissa Seck prenait la décision de rejoindre le régime.
A cette époque, c’est Yankhoba Diatara qui était en première ligne pour lui mener la guerre. Le traitant de ‘’khous maa niapp’’, il disait : ‘’J’ai pitié de Déthié Fall, parce que c’est mon jeune frère et c’est moi qui l’ai emmené dans le parti. Ses parents, qui sont à Saint-Louis, quand ils entendront que Déthié a pris un chemin différent de celui d’Idrissa Seck et de Diatara, ils vont se poser des questions. S’il est aujourd’hui député… je prends à témoin Idrissa Seck et Thierno Bocoum ; nous étions trois. Idrissa Seck nous a dit : ‘J’ai un poste. Discutez entre vous et choisissez un. On s’est retiré et tous les deux avaient convenu de me laisser le poste. On a regagné Idy pour lui faire part du consensus. Il m’a dit : ‘Je te le redemande pour le donner à Déthié.’ Je lui ai dit que je suis d’accord. Je n’en ai jamais parlé. Au contraire, je l’ai toujours accompagné. Par devoir et par loyauté envers le président Idrissa Seck.’’
Par-là, il voulait simplement dire que Déthié a boudé simplement parce qu’il n’avait pas été désigné pour siéger au gouvernement. ‘’Le président de la République et le président Idrissa Seck ont discuté. Le président, dans sa générosité confie au président (de Rewmi) deux postes dans le gouvernement. J’ai été cité. S’il était grand, s’il avait une mémoire, il m’aurait dit : ‘Diatt., vraiment, c’est ton tour.’ Malheureusement, cela ne lui a pas fait plaisir et c’est pourquoi il a quitté’’, révélait-il.
Mais qu’est-ce qui fait donc courir les hommes politiques, au point que souvent, ceux qui goutent au pouvoir préfèrent ne plus en sortir, quitte à se séparer des partis qui les avaient mandatés ? Ce n’est certes pas encore le cas de Yankhoba Diatara, mais beaucoup évoquent l’éventualité.
En tout cas, les conséquences peuvent être néfastes pour la démocratie et la vitalité démocratique. Car ces pratiques de transhumance ou de débauchage tous azimuts ne contribuent, en effet, qu’à rendre les partis au pouvoir plus hégémoniques, les oppositions de plus en plus faibles. L’exemple du PDS en est une parfaite illustration.