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25 août 2025
«TOUT SCENARIO QUI EXCLURAIT SONKO DE LA PRESIDENTIELLE SERAIT PORTEUR DE VIOLENCE»
Comment sortir de la crise qui ensanglante ce pays depuis que l’opposant Ousmane Sonko a été condamné à deux ans de prison ? Paul-Simon Handy de l’Institut d’Etudes de Sécurité d’Addis-Abeba explique
Au Sénégal, seize personnes sont mortes depuis jeudi dernier... Comment sortir de la crise qui ensanglante ce pays depuis que l’opposant Ousmane Sonko a été condamné à deux ans de prison ? Le chercheur Paul-Simon Handy dirige le bureau de l’ISS, l’Institut d’études de sécurité, à Addis-Abeba, en Éthiopie. Pour lui, il n’y aura pas d’apaisement tant qu’Ousmane Sonko restera exclu de la présidentielle de février prochain. Paul-Simon Handy est l’invité de Christophe Boisbouvier.
RFI : Paul-Simon Handy, beaucoup croient Ousmane Sonko quand il dit que le procès dans lequel il vient d’être condamné est un complot du pouvoir pour l’éliminer. Alors, pourquoi beaucoup de Sénégalais ignorent le témoignage de son accusatrice devant le tribunal ?
Paul-Simon Handy : D’abord, sur ce que Ousmane Sonko dit - quand il pense que le procès est politique et est une tentative de l’éliminer -, il y a beaucoup d’éléments qui concourent à crédibiliser cette thèse, notamment qu’il y a un vrai contexte historique au Sénégal, où les tenants du pouvoir ont tendance à salir la réputation des opposants à des fins politiques. Depuis les années 1960, il y a eu les cas de Mamadou Dia, il y a eu même l’ancien président Abdoulaye Wade, du temps où il était dans l’opposition, qui avait été condamné sous le président Abdou Diouf. Il y a eu Idrissa Seck sous la présidence Wade, et puis plus récemment, il y a eu Karim Wade et Khalifa Sall. L’innovation - il faut le dire -, avec le président Macky Sall, c’est que, jamais auparavant, les condamnations d’opposants n’avaient conduit à leur élimination de la compétition électorale, c’est-à-dire qu’ils n’avaient pas été empêchés de participer à une élection présidentielle. Ceci est une première. Et pour parler du témoignage de l’accusatrice, qui semble être ignoré, là aussi, je pense que finalement l’acquittement d’Ousmane Sonko pour les chefs d’accusation de viol et de menaces de mort confirme a posteriori cette posture d’Ousmane Sonko, qui dit que c’est plus un procès politique. Mais paradoxalement, et c’est en cela qu’il y a un vrai recul, le viol n’étant pas une exception au Sénégal - une exception sociale -, cet abus de l’accusation de viol vient fragiliser le combat mené depuis de nombreuses années par des associations pour criminaliser le viol au Sénégal. Donc, cette affaire ne rend pas service à ce combat mené autant part des associations de femmes que des associations de défense des droits de l’homme contre le viol, qui est un véritable phénomène social au Sénégal.
D’un côté, le porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana, pense que ce sont des moments difficiles que le Sénégal va dépasser, mais de l’autre, beaucoup de Sénégalais pensent que le malheur s’abattra sur leur pays, le jour où Ousmane Sonko sera arrêté. Qui a raison ?
Alors, je pense que chaque camp est convaincu d’avoir raison et que cela illustre la profondeur de la crise et du caractère plutôt radical, je dirais même extrémiste, des différentes positions. On a deux scénarios probables. Le premier est qu’on peut s’asseoir autour d’une table et discuter, mais certainement pas dans les conditions qui sont celles du dialogue qui a été lancé récemment par le gouvernement. Le second, c’est l’hypothèse de l’arrestation d’Ousmane Sonko, qui constituerait un échec de cette discussion. Le positionnement des uns et des autres peut être très dangereux parce que le basculement dans la violence peut avoir des conséquences imprévisibles et conduire à des troubles encore plus profonds.
Beaucoup de Sénégalais pensent que tout cela ne serait pas arrivé si le président Macky Sall était sorti de l’ambiguïté sur la question du troisième mandat. Qu’est-ce que vous en pensez ?
Disons que l’ambiguïté sur la question du troisième mandat, combinée à la perception d’une instrumentalisation de la justice contre Ousmane Sonko, le dernier opposant véritable, a rendu la situation explosive. L’ambiguïté du président Macky Sall, dans tous les cas, ne contribue pas à apaiser la situation. La disqualification potentielle d’Ousmane Sonko aurait produit des effets similaires, même en l’absence de candidature. Je vois trois scénarios possibles: une élimination d’Ousmane Sonko et une présentation du président Macky Sall pour une troisième candidature, tout en réhabilitant, pour apaiser un peu les tensions, Karim Wade et Khalifa Sall. Ça c’est le premier. Le deuxième : une élimination d’Ousmane Sonko, une réhabilitation de Karim Wade et de Khalifa Sall, mais Macky Sall ne se présenterait pas. Le troisième : toujours l’élimination d’Ousmane Sonko, la non-réhabilitation de Karim Wade et Khalifa Sall, et puis la candidature du président Macky Sall. Je vois, dans ces trois scénarios qui éliminent le candidat Sonko, les germes d’une explosion sociale claire. Donc, tout scénario qui exclurait Ousmane Sonko conduirait à une explosion sociale aux conséquences inattendues.
Ce 3 juin, le maire de Dakar, Barthélémy Dias, a demandé au président d’évacuer, de renoncer à un troisième mandat, et il a demandé en même temps aux leaders de l’opposition de faire preuve de retenue. Qu’est-ce que vous en pensez ?
Oui, je pense que le maire de Dakar, qui est lui-même issu de l’opposition, a bien raison d’appeler à l’apaisement. D’autant plus qu’à ce stade, à vrai dire, aucun acteur politique clé n’est sûr de participer à l’élection. Car, même si certains candidats peuvent se présenter, il y a le nouveau verrou, qui a été introduit par le président Macky Sall, des parrainages pour la présidentielle. Ces parrainages pourraient bloquer plusieurs candidats. Donc, tous ces aspects contribuent à l’incertitude et à une tension préélectorale. Ce qui se joue en réalité, c’est la question du caractère inclusif ou pas de l’élection présidentielle de février 2024, qui est générateur de tensions, et même de violences comme les dernières manifestations le démontrent.
C’est-à-dire que, pour vous, le plus important pour l’apaisement, ce n’est pas que Macky Sall, renonce. C’est qu’Ousmane Sonko puisse se présenter ?
En effet, tout scénario qui exclurait le candidat Sonko serait porteur de violence. Ça semble clair. Maintenant, il faut dire aussi qu’il y a une très forte mobilisation contre la candidature du président Macky Sall, surtout qu’il y a un troisième aspect dont on ne parle pas beaucoup : le Sénégal va entrer dès 2024 dans le cercle très fermé des pays producteurs de pétrole et de gaz, avec des rentrées potentielles énormes. C’est aussi l’un des enjeux dont on ne parle pas beaucoup, mais qui structure aussi un peu cette compétition qui se joue à plusieurs dimensions.
Quand la France appelle à la résolution de cette crise dans le respect de la longue tradition démocratique du Sénégal, est-ce un message codé à Macky Sall pour qu’il renonce à un troisième mandat ?
Je pense que, pour le coup, le message n’est pas aussi codé que ça, parce qu’il a été repris par plusieurs acteurs, comme l’Union africaine, qui demande à tous les acteurs de se retenir. On a vu des ambassades de pays comme la Grande-Bretagne, les États-Unis, en appeler - aussi souvent publiquement, mais toujours discrètement - au Président Sall à renoncer au troisième mandat. Il y aurait pour le président Sall des gains personnels, car ceci contribuerait à certainement polir la réputation d’un personnage politique qui reste très populaire en dehors du Sénégal, il faut le dire. Vu d’Addis-Abeba, le président Macky Sall est quelqu’un de respecté et de respectable, surtout après sa présidence de l’Union africaine. Mais aussi, cela permettrait de préserver la réputation de stabilité politique, dont le Sénégal a toujours joui.
C’est-à-dire qu’à vos yeux, les principaux partenaires occidentaux du Sénégal aimeraient bien que Macky Sall renonce à un troisième mandat, c’est ça ?
Les partenaires principaux aimeraient bien que le Sénégal conserve sa stabilité, surtout que le Sénégal va devenir pour eux, par ces temps d’incertitude géopolitique, un pourvoyeur d’hydrocarbures stratégiques. Donc, les partenaires occidentaux comprennent que la sortie de l’ambiguïté par Macky Sall permettrait certainement de contribuer à stabiliser politiquement le Sénégal.
Une sortie de l’ambiguïté en renonçant à un troisième mandat, c’est ça ?
Tout à fait.
SOS/PAIX PRONE UN DIALOGUE DIRECT ENTRE MACKY SALL ET OUSMANE SONKO
La sortie de crise passe par un dialogue direct entre Macky Sall et Ousmane Sonko. C’est la conviction de la Synergie des organisations de la société civile pour la paix (SOS/Paix) qui tenait un point de presse hier sur les récents événements
La sortie de crise passe par un dialogue direct entre Macky Sall et Ousmane Sonko. C’est la conviction de la Synergie des organisations de la société civile pour la paix (SOS/Paix) qui tenait un point de presse hier sur les récents événements qui ont secoué le pays.
SOS/Paix qui regroupe les organisations de la société civile (COSCE, PF/ANE, MESURe, Réseau Siggil Jiggen, PACTE, AFAO, ONG 3D, ONDH, RADDHO, LSDH, COSYDEP, URAC, GRADEC, Forum du Justiciable, OSIDEA, Handicap Form Educ, CERAC, COSEF, Jammi Rewmi, CONASUB) s’ambitionne de travailler pour rapprocher les deux principaux protagonistes du conflit qui vient de faire environ 16 morts tombés lors des événements du jeudi et vendredi dernier. Cette volonté de mettre autour d’une table le président Macky Sall et le président de Pastef Ousmane Sonko se fera selon la SOS/Paix dans les plus brefs délais.
Au cours de leur point de presse, SOS/Paix de noter que « depuis mars 2021, notre cher pays, le Sénégal, est dans une instabilité politique, sociale et économique permanente. Suite à la condamnation de Monsieur Ousmane Sonko, des manifestations violentes ont éclaté un peu partout au Sénégal. A ce jour, les affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants ont occasionné une quinzaine de morts et d’importants dégâts matériels. Ils menacent gravement les fondements de la démocratie et de la république et remettent en cause la paix et la stabilité de notre pays ». Alors partant d’un tel constat de dérives de notre pays, SOS/Paix a tenu à dénoncer la violence sous toutes ses formes ainsi que les exactions de toutes sortes. Elle a aussi déploré les pertes en vies humaines.
Lesdites organisations de la société civile ont tenu à s’incliner devant la mémoire des victimes, et de présenter leurs condoléances aux familles des défunts ainsi qu’aux Forces de Défense et de Sécurité et prions pour un prompt rétablissement des blessés. Il a été aussi regretté amèrement les dégradations de biens privés et publics, de même que le saccage des édifices publics. Les différents protagonistes de cette situation, notamment le Gouvernement et l’opposition ont été mis devant leurs responsabilités. SOS/Paix d’appeler les différents acteurs au calme et à la sérénité pour un retour rapide de la paix et de la stabilité dans le pays. SOS/Paix a invité le chef de l’Etat comme dans son initiative du Dialogue à faire une Déclaration pour rassurer les populations.
En outre, le Gouvernement est prié de tout mettre en œuvre pour restaurer l’ordre et la sécurité des personnes et des biens dans le strict respect des droits de l’homme. Les acteurs de l’opposition et le pouvoir ont été aussi appelé à privilégier un dialogue franc et sincère pour trouver des consensus forts permettant de surmonter les épreuves que traverse notre pays. Dans le même sillage, les acteurs politiques de tous bords sont invités à plus de retenue en prenant des mesures de décrispation et en appelant les manifestants à s’abstenir de tout acte de violence et les Forces de Défense et de Sécurité à ne pas faire usage d’armes létales pour le rétablissement de l’ordre.
AMADOU BA ÉTRANGEMENT AUX ABONNÉS ABSENTS
Malgré des émeutes sanglantes ayant fait plus de 15 morts le Premier ministre Amadou Ba, pourtant censé être un fusible du président de la République est aux abonnés absents
Le Sénégal traverse depuis quelques jours une secousse ”sismique” engendrée par le verdict pour le moins controversé rendu le 01 er juin 2023 par la chambre criminelle du tribunal de grande instance hors classe de Dakar, relativement à l’affaire dite “Sweet Beauty”, ayant opposé la sulfureuse masseuse Adji Raby Sarr au chef de file de l’opposition et principal challenger du président de la République en place, Ousmane Sonko. Pendant les 48 heures qui ont suivi l’énoncé de la sentence condamnant le leader des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef-Les Patriotes) à 2 ans de prison ferme et 600 000 F CFA d’amende pour...”corruption de la jeunesse”, le pays a été à feu et à sang. Plus de 15 personnes ont déjà perdu la vie au cours des échauffourées sanglantes qui ont éclaté pour protester contre ce verdict. De Ziguinchor à Dakar, en particulier dans les départements de Pikine, Guédiawaye et Keur Massar, en passant par Bignona, les populations, le cœur meurtri, pleurent leurs fils morts. Naturellement, l’économie quasi paralysée durant ces deux journées d’émeutes et nos compatriotes de la diaspora dépités ont investi certains consulats du pays à l’étranger pour déverser leur colère. Pendant ce temps, le Premier ministre Amadou Ba, pourtant censé être un fusible du président de la République est aux abonnés absents, laissant le soin de monter au créneau à d’autres seconds couteaux comme Félix Antoine Diome, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, ou Ismaïla Madior Fall, le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, ou encore Mame Mbaye Niang, le ministre du Tourisme, d’aller au charbon. Sans compter le ministre transhumant de l’Urbanisme et de l’Habitat, Abdoulaye Seydou Sow, qui se signale par son activisme débordant dans les médias. Des voix qui ne portent plus tant une importante frange de la société s’est détournée d’elles.
Supprimé pour la troisième fois dans l’histoire politique de notre pays par un projet de loi adopté par une large majorité le 04 mai 2019, le poste de Premier ministre a été restauré le 10 décembre 2020 en plénière de l’Assemblée nationale après un passage en commissions des lois le vendredi 03 décembre de la même année. Durant huit mois, le pays fut géré en mode fast-track censé accélérer le traitement des dossiers mais qui, dans la réalité, s’est plutôt traduit par un ralentissement total de ce même traitement, les dossiers s’accumulant à la présidence de la République devenue du coup un véritable goulot d’étranglement. Finalement, constatant l’échec de cette suppression du poste de Premier ministre, et prenant prétexte de la présidence de l’Union africaine qu’il allait prendre, le chef de l’Etat, Macky Sall, a décidé de rétablir la fonction et de nommer l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Ba, pour l’occuper. C’était le 17 septembre 2021. Le chef de l’Etat avait prétexté le poids des charges de cette nouvelle mission à la tête du continent avec notamment la résolution des multiples conflits déchirant le continent pour restaurer la fonction. Mais certaines mauvaises langues n’avaient pu s’empêcher de rappeler l’isolement dont le chef de l’Exécutif avait fait l’objet lors des émeutes sanglantes de mars 2021 après la première arrestation par la Section de recherches de la gendarmerie nationale du patron de Pastef, Ousmane Sonko, justement dans le cadre de cette même affaire « Sweet Beauty ». Le pays avait enregistré 14 morts avant que Macky Sall, sous la pression populaire, ne monte au créneau en faisant une déclaration à la nation dans laquelle il appelait au calme et à la retenue tout en soutenant avoir “compris” sa jeunesse. Avant lui, le même Antoine Félix Abdoulaye Diome avait encore épuisé toutes ses cartouches. L’absence d’un Premier ministre à l’époque avait notoirement manqué au premier magistrat du pays.
Aujourd’hui que le chef de l’Etat a fortement armé ses troupes et s’est entouré d’un Premier ministre, voilà que notre pays replonge dans un autre cycle de violences encore plus meurtrier que celui de mars 2021. Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, l’omniprésent Antoine Diome, comme à l’accoutumée est monté au front le jour du déclenchement des violences meurtrières entouré de ses collègues du Commerce (également porte-parole du Gouvernement), Abdou Karim Fofana, et de la Communication et de l’Economie numérique, Moussa Bocar Thiam sans que les choses ne se calment. A la surprise générale, alors que les populations attendaient une sortie au plus haut niveau de l’Etat, c’est le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome, qui peine à convaincre son monde et qui avait jeté de l’huile sur le feu lors des manifestations de 2021 en parlant de « forces occultes » et de « grand banditisme » qui est donc monté nuitamment au créneau. Certes, cette fois-ci, il n’a pas tenu un discours menaçant mais ses paroles n’ont eu aucun effet apaisant sur les jeunes qui occupaient la rue. Le surlendemain, constatant sans doute que sa sortie nocturne du jeudi avait eu l’effet d’un coup d’épée dans l’eau, le premier flic du pays a cédé la place... au directeur de la Sécurité publique — un de ses subordonnés, donc ! — dont le service est l’auteur d’une communication pour le moins laborieuse qui a été même épinglée par le journal en ligne panafricain, Jeune Afrique. “La police nationale a accusé des “civils armés” de se battre aux côtés des manifestants lors des heurts qui ont suivi la condamnation d’Ousmane Sonko. Des images prouvent pourtant que certains d’entre eux évoluent aux côtés des forces de l’ordre”, écrit le site panafricain, photo à l’appui dans un article intitulé “Au Sénégal, des nervis armés aux côtés des forces de sécurité ? “
Plus que Jamais, le Premier ministre Amadou Ba qui a hérité en plus de ses fonctions de chef du Gouvernement, des portefeuilles du Sport et de l’Elevage, après la démission des ministres de Rewmi du gouvernement, est attendu au front pour s’adresser aux Sénégalaises et Sénégalais afin d’apaiser la situation et soulager son patron acculé jusque dans ses derniers retranchements. C’est l’une des raisons de sa nomination à la tête d’un gouvernement dit de “combat”. Et les Sénégalais ont besoin, en plus, d’être rassurés à quelques semaines de la Tabaski. Sauf si, bien sûr, c’est Antoine Félix Diome le véritable Premier ministre de ce pays…
QUAND LE SÉNÉGAL ALTÈRE SA COTE
Restrictions des réseaux sociaux et internet mobile, brouillage et coupure de signaux de radios et télé…Depuis le début de l’année, différends rapports sur la démocratie, la situation des droits humains et des libertés ont incriminé le pays
Depuis le début de l’année, différends rapports sur la démocratie, la situation des droits humains et des libertés ont incriminé le Sénégal. Aussi bien celui d-Amnesty International, de Reporters Sans Frontières (RSF, sur la liberté de la presse), que ceux des organisations nationales de la société civile notamment les rapports de Africajom Center et la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO) de mai dernier, tous enfoncent davantage notre pays dans la zone rouge. Et, au rythme où vont les choses, il serait difficile pour le Sénégal de retrouver une place de choix dans les prochaines études de ces organisations, surtout en matière de liberté d’expression et de presse.
En effet, en réponse aux violentes manifestations de jeudi 1er et vendredi 2 juin 2023, le gouvernement du Sénégal a décidé de la restriction de l’utilisation des plateformes de médias sociaux telles que Facebook, Telegram, Twitter, WhatsApp, Instagram et YouTube, soupçonnées de contribuer à amplifier la tension à travers des discours et autres messages délivrées via ces réseaux sociaux. Suite à cette censure, les utilisateurs du web se sont rabattus sur VPN, qui a «explosé». Face à ce contournement, les autorités sont passées à la vitesse supérieure, le week-end. C’est ainsi que Internet mobile a été coupé chez tous les opérateurs de téléphonie mobile. «Chers clients, l’Etat a décidé de suspendre l’internet mobile», c’est le message envoyé aux abonnés par ces derniers qui s’excusent «pour les désagréments».
«GOORGOORLU» MIS SOUS EMBARGO
Et comme si cela ne suffisait pas, restrictions ou pas, des signaux de certaines radios sont brouillés, en plus de cette restriction de l’accès à l’Internet, avec toutes les conséquences imaginables que cela engendre. Privant ainsi «goorgoorlu», qui semble mis sous embargo, de sources d’informations plurielles, contradictoires et diversifiées. Auparavant, le signal de la télévision du Groupe Walfajri (Walf TV), sur la Télévision numérique terrestre (TNT), a été coupé, alors qu’elle retransmettait les manifestations survenues jeudi dernier, à la suite de la condamnation d’Ousmane Sonko. Le leader du Pastef a écopé de deux (2) ans de prison ferme pour «corruption de mineur» et d’une amende de 600.000 FCFA et des dommages et intérêts de 20 millions de FCFA, dans l’affaire Sweet Beauty. Le groupe de presse dit n’avoir pas reçu de préavis. Contrairement à l’information donnée par des responsables de la TNT, soulignant qu’il aurait reçue l'ordre de couper le signal. Et, ce n’est pas la première fois que le signal de Walf TV est coupé. Il l’a été tout dernièrement, en février 2023. Le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) avait alors justifié sa décision, à l’encontre de ce média du groupe de presse de Front de Terre, par «une couverture irresponsable des manifestations à Mbacké, en diffusant en boucle des images de violences exposant des adolescents, accompagnées de propos dangereux, y compris de la part des reporters, en violation totale de la réglementation».
LIBERTE DE LA PRESSE : LE SENEGAL CLASSE 104E MONDIAL SUR 180 PAYS
Autant de restrictions qui risquent encore de donner de la matière aux organisations de défense des droits et libertés dont Reporters Sans Frontières (RSF), dans leurs prochains Rapports. Déjà, dans le Rapport de RSF publié à l’occasion de la Journée international de la liberté de la presse, célébrée le 3 mai 2023, le Sénégal était classé 104e mondial sur 180 pays. Pis, dans cette 21e édition du Classement mondial de liberté de la presse établi par RSF, notre pays a dégringolé de 31 places, en comparaison à 2022. «Modèle régional jusqu’à il y a peu, le Sénégal (104e) perd 31 places notamment du fait des poursuites dont fait l’objet les journalistes Pape Alé Niang, Pape Ndiaye et de la forte dégradation des conditions sécuritaires des journalistes», indique-t-on dans le Rapport. D’ailleurs, avant cette étude, le Sénégal n’avait pas de quoi se réjouir de la liberté supposée de la presse. Car, selon le Classement mondial 2022 de RSF, notre pays avait fortement régressé. Avec un score de 63.07, le Sénégal était classé au rang de 73e sur 180 pays. Soit un recul de 24 places, en un an, puisque le score du Sénégal, en 2021, était de 74.78, se positionnant au rang de 49e sur 180 pays.
L’INCERTITUDE VA RESTER INTACTE MÊME SI ON PARVENAIT À FAIRE CESSER LES VIOLENCES …
Après plus de soixante-douze heures de manifestations et d’une situation de ni guerre, ni paix, l’activité économique a pris un sacré coup. Emedia a tendu le micro au Professeur Abou KANE, agrégé d’économie, Assesseur (Vice-Doyen) de la FASEG/UCAD
Après plus de soixante-douze heures de manifestations et d’une situation de ni guerre, ni paix, l’activité économique a pris un sacré coup. Emedia a tendu le micro au Professeur Abou KANE, agrégé d’économie, Assesseur (Vice-Doyen) de la FASEG/UCAD pour mettre le curseur sur les impacts de cette crise qui secoue le landerneau sénégalais. Entretien.
Emediasn : Cela fait bientôt 72 heures que tout tourne au ralenti s’il n’y a pas blocage au Sénégal, quel impact cette situation pourrait-il avoir sur l’économie ?
Les violences auxquelles nous assistons depuis jeudi 1er juin auront des répercussions certaines sur l’économie sénégalaise. D’abord parce que la capitale Dakar qui est la ville la plus touchée par ces émeutes concentre plus de 80% des activités économiques du Sénégal, ensuite parce qu’au-delà de l’arrêt ou du ralentissement des activités économiques, des investissements seront reportés à défaut d’être annulés jusqu’après l’élection présidentielle prévue en Février 2024. En effet, l’incertitude va rester intacte même si on parvenait à faire cesser les violences dans les prochains jours. Les destructions de biens publics et privés ont eu une ampleur insoupçonnée qui ne peut pas laisser les opérateurs économiques indifférents. Quant à l’État, il aura à faire des dépenses imprévues pour rétablir certaines infrastructures publiques ; ce qui aura des conséquences au plan budgétaire.
Pr Abou Kane : Quels sont les sous-secteurs qui sont les plus affectés et comment se manifestent les Impacts ?
Les sous-secteurs les plus touchés sont le transport, le commerce et l’éducation car, avec ces violences, beaucoup de routes sont devenues impraticables ou dangereuses et beaucoup de magasins sont fermés soit parce qu’ils ont été pillés, soit parce qu’ils craignent d’être la cible des manifestants. On a aussi constaté la fermeture de la quasi-totalité des écoles et universités du Sénégal. D’ailleurs, certaines universités comme l’UCAD doivent procéder à des réparations très coûteuses et qui prendront beaucoup de temps avant de pouvoir reprendre les activités pédagogiques.
On a vu des infrastructures non encore réceptionnées comme le BRT sérieusement affectées, comment gérer les coûts et autres délais impartis ?
Le BRT va coûter presque 300 milliards de FCFA si l’on inclut aussi bien les contributions de la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement, le Fonds vert mondial pour le climat que celles du Fonds d’investissement français Méridiam (SNCF, RATP et KEOLIS) et du FONSIS.
Le saccage des installations du BRT va non seulement retarder la mise en service initialement prévue en fin 2023, mais entraînera des pertes financières évidentes. Si l’on sait que ces fonds ne sont pas ceux de l’État du Sénégal, il y a de quoi craindre des répercussions sur les délais et/ou les conditions de remboursement puisque le début de l’exploitation va être reporté.
En tant que universitaire, comment appréciez-vous les saccagés orchestrés au niveau surtout des campus pédagogiques ?
Rien ne peut justifier les saccages notés à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Vu l’étendue des dégâts, cela m’étonnerait que ça soit l’œuvre d’étudiants de l’UCAD. Ce qui est désolant, c’est que notre université avait initié un rattrapage infrastructurel remarquable avec des investissements colossaux, mais une bonne partie a été détruite. Sur la plan pédagogique, beaucoup d’établissements de l’UCAD avaient commencé à rétablir le calendrier universitaire mais avec la fermeture des campus pédagogique et social, on risque de perdre tous les efforts qui ont été consentis ces dernières années. C’est regrettable et les responsabilités doivent être situées le plus rapidement possible.
LA VISITE DU PRESIDENT MACKY SALL A TOUBA A LA UNE DE LA REVUE DE PRESSE DE L’APS CE MARDI
Les livraisons de ce mardi 6 juin 2023 commentent La visite du chef de l’Etat au Khalife général des mourides
Dakar, 6 juin (APS) – La visite du chef de l’Etat au Khalife général des mourides est un des sujets commentés par les quotidiens reçus mardi à l’Agence de presse sénégalaise (APS).
‘’Tête-à-tête d’une heure’’ entre le chef de l’Etat le Khalife général des mourides, Serigne Mountakha Bassorou Mbacké, affiche à la Une Le Soleil.
”Arrivé aux environs de 22 heures 30 minutes, lundi, à Touba, le président Macky Sall, a été reçu par Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, le Khalife général des Mourides dans sa résidence principale de Darou Miname. Le président Macky Sall a eu un long entretien à huis clos avec le Khalife général. On peut penser que les douloureux événements qui ont secoué le pays se sont invités dans les échanges entre le chef de l’Etat et son hôte’’, rapporte le journal.
Le Soleil ajoute : ‘’A sa sortie de cette audience, à 23 heures 35 minutes, le président est retourné à Dakar. Aucune déclaration n’a été faite. Toutefois, l’on peut magnifier cette visite au guide de la communauté mouride, d’autant plus que la sagesse de ses conseils dans certaines situations peut contribuer au retour de la paix et de la stabilité au Sénégal’’.
La visite du président Sall intervient après les violentes manifestations survenues jeudi et vendredi à Dakar et dans les régions, après la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme.
Ces manifestations violentes ont entrainé 16 morts, 500 interpellations, beaucoup de saccages et de pillages d’édifices publics comme privés, selon le bilan de la police nationale. C’est dans ce contexte d’après manifestations que le président s’est rendu à Touba.
‘’Macky Sall reçu par Serigne Mountakha après les violentes manifestations’’, rapporte le quotidien Bës Bi, qui affiche à la Une : ‘’ Touba, maître du jeu’’.
‘’Le chef de l’Etat a été reçu lundi, dans la soirée, par le khalife général des mourides à Darou Minam. Jusqu’au moment où nous écrivions ces lignes, rien n’a suinté de cette audience bien surveillée. En revanche, Bés bi dit être en mesure d’affirmer que les tractations ont été menées de main de maitre par un trio bien introduit chez le khalife. Car, c’était aussi lui qui avait éteint le feu de mars 2021’’.
Le journal espère que ‘’de cette audience avec Serigne Mountakha Mbacké, pourraient sortir des résolutions allant dans le sens de la pacification de l’espace politique. Et parmi les points cruciaux, il y a la question du 3e mandat et l’éligibilité de Sonko, mais aussi de Karim Wade et Khalifa Sall. Mais rien n’est encore acquis.
”Confidences sur une audience nocturne’’, selon L’Observateur, qui explique que cette visite est motivée par la volonté du chef de l’Etat d’accorder ‘’la primeur de ses grandes décisions’’ au Khalife général des mourides.
L’As note que ‘’Dakar reprend vie’’, après ‘’trois jours d’enfer’’.
‘’Dakar, le jour d’après’’, affiche à la Une Libération, soulignant que la capitale affiche ‘’une face hideuse après les violentes manifestations de jeudi et vendredi’’.
Selon le journal, ‘’de l’Avenue Cheikh Anta Diop à Rufisque, les grandes artères portent encore les stigmates des violents affrontements qui ont fait officiellement 16 morts’’.
Les quotidiens mettent également en exergue l’appel à de nouvelles manifestations lancé par la coalition des Forces vives du Sénégal F-24 contre la 3ème candidature du Macky Sall.
‘’Le F-24 retourne dans la rue, les 9 et 10 juin’’, dit Le Quotidien soulignant que ‘’la tension politique n’est pas encore dans une logique de baisse’’. ‘’Le F-24 annonce une série manifestations les 9 et 10 juin à la place de la Nation et sur la VDN. Cette coalition veut pousser Macky Sall à relâcher les personnes arrêtées récemment et obtenir la +libération+ de Ousmane Sonko, ainsi qu’une déclaration de non-candidature de la part de Macky Sall’’, écrit dans ses colonnes le journal.
Selon Tribune, ‘’le F-24 se braque et appelle à manifester’’.
Le quotidien EnQuête s’intéresse aux forces de défense et de sécurité, parlant de ‘’ces héros +oubliés+’’. ‘’Réquisitionnés depuis le 2 juin, ils triment dur’’, écrit le journal.
‘’Dans les rangs, ont dit que les FDS ne sont aimées par leurs mères. Tout le reste les déteste. On a tendance à y croire surtout dans des moments comme ça. Ce qui est évident c’est que les éléments des FDS ne tirent jamais sur des manifestants tant qu’ils ont le choix’’, confie au journal un commissaire sous le sceau de l’anonymat.
MACKY EN VISITE PRIVEE A TOUBA
Le chef de l’Etat Macky Sall a été reçu lundi dans la soirée par le Khalife général des Mourides Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, a constaté un reporter de l’APS.
Dakar, 6 juin (APS) – Le chef de l’Etat Macky Sall a été reçu lundi dans la soirée par le Khalife général des Mourides Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, a constaté un reporter de l’APS.
Macky Sall s’est entretenu avec le khalife dans sa résidence à Darou Minane dans le cadre d’une visite privée.
LA MORT D’OUSMANE SEMBENE SERA COMMEMOREE A THIES, VENDREDI
L’association ‘’Daaray Sembène’’ et la Maison de la pédagogie et de l’image vont tenir la 16e édition de la cérémonie de commémoration de la disparition du cinéaste sénégalais Ousmane Sembène (1923-2007), vendredi à 10 heures, aux Manufactures sénégalaise
Dakar, 5 juin (APS) – L’association ‘’Daaray Sembène’’ et la Maison de la pédagogie et de l’image vont tenir la 16e édition de la cérémonie de commémoration de la disparition du cinéaste sénégalais Ousmane Sembène (1923-2007), vendredi à 10 heures, aux Manufactures sénégalaises des arts décoratifs de Thiès (ouest), selon un communiqué parvenu à l’APS.
La directrice de ‘’Daaray Sembène’’, Hadja Maï Niang, précise que diverses activités sont prévues pour cet événement, notamment un marathon de lecture sur le roman historique ‘’Les bouts de bois de Dieu’’ (1960) de Sembène Ousmane.
Ce livre reconstruit par la fiction les étapes de la grève des cheminots du rail Dakar-Niger en 1947-1948.
Quatre candidats sont en lice pour ce concours de lecture.
Il s’agit de deux Sénégalais, un licencié de l’université Iba-Der-Thiam de Thiès et une sortante de l’université Gaston-Berger de Saint-Louis, et de deux Burkinabè, une enseignante et un docteur de l’université Joseph-Ki-Zerbo.
‘’Les bouts de bois de Dieu : l’histoire et le social’’ est le thème de la leçon inaugurale, qui sera donnée par Pape Massène Sène, un ancien fonctionnaire du ministère de la Culture et professeur associé à l’université Senghor d’Alexandrie (Egypte).
Le Maroc est le pays invité d’honneur de la manifestation, selon le communiqué.
KEEMTAAN GI - CIRCULEZ, Y A RIEN A VOIR !
Il faut encore les croire. Il ne s’est rien passé ces derniers jours. Ni au Sénégal ni dans quelques coins perdus de l’Europe où des compatriotes ont houspillé le Chef à travers de gigantesques rassemblements qui lui sont hostiles. Certains ont même poussé l’affront jusqu’à décrocher ses portraits des murs de quelques consulats pour les piétiner rageusement. Ils ne perdent rien pour attendre, les insolents ! Croyez-nous, on leur fera chèrement payer leur crime de lèse-majesté. Faire ça à notre si bien aimé et respecté Chef qui se préoccupe plus de ramener la paix entre la Russie et l’Ukraine que de penser à son si charmant pays. Ah, on oubliait, Galsen est stable. Il ne s’est trouvé que quelques aigris et de méchantes forces occultes étrangères pour faire tout ce boucan et paralyser ainsi le pays. Les forces occultes ? La vieille rengaine éculée de tous les pouvoirs coincés. Quant aux rebelles du MFDC, ils ont, cette fois-ci, délaissé la route pour embarquer avec armes de guerre dans un bateau avant de s’évaporer dans Dakar où ils ont canardé, non pas les forces de l’ordre, mais les populations. Bravo à nos forces de sécurité pour avoir si bien effectué leur mission régalienne de protection des citoyens et de leurs biens ! Les morts ? N’en parlons pas et encore moins de cette violence policière qui frise la barbarie. Certains manifestants, nous dit le directeur de la Sécurité publique qui s’est substitué à son ministre, avaient des armes de guerre. Et pourtant, tout le monde l’aura remarqué, ce n’est pas dans les rangs des forces de l’ordre que 16 personnes ont été tuées mais bel et bien dans ceux des manifestants… Cherchez l’erreur ! Sauf si, bien sûr, ce sont les détenteurs desdites armes de guerre que l’on ne nous montre pas, qui tiraient sur des manifestants comme eux. Autrement dit, les FDS n’ont pas tué, elles sont d’innocentes victimes de dangereux manifestants ! Permettez-nous d’essuyer nos larmes… Encore heureux que les morts n’aient pas été tous tués par des hélices de pirogues ! Tout est stable, on vous dit ! Les banques n’ont jamais baissé leurs rideaux. Les transactions monétiques font de la surchauffe à force d’être effectuées. Et il faut faire la queue comme dans un pays en guerre pour avoir du carburant. Nos compatriotes sont devenus si bavards et amorphes que l’Autorité a décidé de les priver d’Internet pour les inciter à travailler. Ces oisifs errants, faut leur rendre la vie dure. Vous vous croyez en Corée du Nord ? Bref, ces terroristes du Net, qui incitent à la haine, sont surveillés comme du lait sur le feu. Traqués, battus et envoyés en prison sans ménagement. Et mieux, le chef de la police appelle à la délation comme durant les plus heures les plus sombres de l’Occupation en France. Il demande que l’on se dénonce entre voisins ou amis. Ou même entre parents et enfants, que chacun épie tout le monde. En attendant que des ennemis se dénoncent pour régler de vieux comptes. Bref, le directeur de la Sécurité publique voudrait que s’ouvre au Sénégal la boite de Pandore qui avait déclenché le génocide rwandais qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Plutôt que de se faire peur ou faire peur, ce qu’il faut plutôt souhaiter, c’est le dégel. Ce beau pays a besoin de paix et de stabilité avant tout. Le Chef a intérêt à semer les graines de la réconciliation plutôt que de diviser davantage son peuple réparti aujourd’hui entre deux camps antagonistes. Mais au fait, quand le commissaire Ibrahima Diop, histoire de minimiser leur ampleur, dit que les troubles ne se sont produits « que » à Dakar et à Ziguinchor, qui pour lui dire que Dakar, c’est 80 % de l’activité économique du pays, le siège de tous les pouvoirs (présidence de la République, Assemblée nationale, Cour suprême, Conseil constitutionnel), la ville la plus peuplée du pays, celle où se trouve le Port par lequel entrent 90 % de nos importations. Bref le pays utile ? Et que le Sénégal c’est Dakar, d’un côté, et le reste du pays, c’est-à-dire un immense désert, de l’autre ? KACCOOR BI - LE TEMOIN
LE KHALIFE GENERAL DES TIDIANES SERIGNE BABACAR SY MANSOUR DE RETOUR AU SENEGAL
La situation de crise secouant le Sénégal suite à l’affaire Adji Sarr/Sonko a poussé le Khalife général des Tidianes, Serigne Babacar Sy Mansour, a écourté son séjour médical en France. Ce 03 juin, vers 1 h, le guide religieux à bord d’un vol privé est revenu au Sénégal. « On est bien arrivés à Dakar avec le Khalife qui était parti à l’étranger pour des raisons médicales. On rend grâce à Dieu. Aujourd’hui, le 03 juin vers 1heure du matin, on a foulé le sol sénégalais. Le khalife a tenu à abréger son séjour dès qu’il a été informé de la situation du pays », déclare Serigne Habib Sy Mansour. Au niveau de Tivaoune, des sources disent que le guide religieux devrait se prononcer les heures et jours à venir sur la situation du pays.
FORCES OCCULTES COMME A L’EPOQUE DES…MERCENAIRES LIBYENS
Dès l’annonce de la condamnation (à deux ans de prison) du leader de Pastef Ousmane Sonko le rendant inéligible pour la présidentielle de 2024, de violents heurts ont fait plus de 15 morts à Dakar et Ziguinchor. Il y a eu des scènes d’émeutes qui ont poussé le ministre de l’Intérieur, Antoine Felix Diome, à faire une déclaration visant à minimiser l’ampleur des manifestations en ces termes : « Des forces occultes ont infiltré les manifestations. Mais l’État va sévir » a-t-il menacé. « Des forces occultes », vous dites ? Autrement dit, des individus inconnus et extrêmement armés qui agissent de façon secrète. Il est vrai que le brillant procureur Antoine Felix Diome nous a habitués à de retentissants réquisitoires. Mais cette fois-ci, il aurait commis une véritable erreur de communication synonyme de « blasphème » contre tout un dispositif sécuritaire mis en place par l’Etat. « Le Témoin » quotidien s’interroge comment des forces occultes peuvent-elles échapper aux redoutables services de renseignements de l’Etat, aux Groupes d’Action Rapides de Surveillance et d’Intervention (Garsi), aux éléments du Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale (Gign) et aux agents de Brigade d’Intervention polyvalente de la police (Bip) jusqu’à infiltrer des manifestants en plein cœur de la capitale sénégalaise ? « Le Témoin » est convaincu que l’honorable ministre de l’Intérieur Antoine Felix Diome croyait s’adresser à des demeurés nés de la dernière pluie (après 2000). Car les plus jeunes, les ainés et les vieux se soutiennent encore des années(1988-1989) du président Abdou Diouf où les pontes du régime socialiste nous parlaient de mercenaires libyens venus en renfort aux sopistes de Me Abdoulaye Wade. Il s’agissait de ressortissants libyens « arrêtés » avec des armes de guerre à l’aéroport Dakar-Yoff alors qu’ils venaient de débarquer d’un vol d’Air Afrique, nous disait-on. Une véritable mise en scène puisque ces drôles de mercenaires libyens avaient été recrutés et payés par l’alors ministre Jean Collin. Cette idée d’un complot de trop consistait à faire croire à l’opinion nationale et internationale que le turbulent opposant Abdoulaye Wade avait fait venir des mercenaires libyens pour déstabiliser le pays du président Abdou Diouf. Au finish, l’accusation grotesque s’était dégonflée comme un ballon de baudruche. 35 ans après, le même plat réchauffé est resservi aux Sénégalais…
REPRISE DES COURS A L’ECOLE
En principe ce mardi 06 juin, tous les cours doivent reprendre sur l’ensemble du territoire national. L’arrêt des cours noté un peu partout sur le territoire national faisait suite au verdict du procès Sonko/Adji Sarr. Pour des mesures de sécurité, bien des académies et des cours privés avaient demandé aux parents d’élèves de retenir leurs enfants chez eux à cause des violences notées jeudi et vendredi qui ont causé la mort de 16 personnes. « Le ministre de l’Education nationale porte à la connaissance de la communauté éducative que, conformément au calendrier scolaire, les cours doivent se poursuivre dans toutes les structures d’enseignement sur l’ensemble du territoire national » a indiqué hier le ministre de l’Education nationale Cheikh Omar Hanne.
QUEUES DEVANT LES GAB
Les titulaires de comptes bancaires ont subi ce week-end de plein fouet les dégâts collatéraux du procès Adji Sarr/Sonko. Aucun GAB (guichet automatique de banque) de banque n’a fonctionné durant le week-end. Ceux qui avaient la chance de pouvoir tirer de l’argent sont ceux qui habitent la zone du Plateau notamment aux environs de la Place de l’Indépendance où se trouvent les sièges sociaux de la plupart des banques. Des guichets de banque ont connu la furie des manifestants qui ont totalement saccagé certains GAB situés dans la banlieue. Les autres qui n’ont pas été touchés par les manifestations ont été désactivés devant ainsi non fonctionnels. C’est ce qui fait que pendant le week-end, les usagers de la banlieue notamment à Pikine, Guédiawaye et Rufisque ont fait le tour des GAB pour rentrer malheureusement bredouilles. Le calvaire a continué puisque ce lundi matin, la quasi totalité des banques ont baissé leurs rideaux pour des raisons de sécurité. Cependant, elles ont pu alimenter les GAB pour soulager leur clientèle. En tout cas hier matin, au niveau de la Place de l’Indépendance, de longues queues ont été notées devant les GAB.
L’ACTUALITE DES EMEUTES
Alors que le calme revient progressivement dans certains coins de la banlieue, à Keur Massar, les nerfs sont vifs. C’est ainsi qu’hier, un véhicule supposé transporter des nervis a été brûlé. Sur la situation économique, elle est jugée tendue. Le secteur privé évalue les pertes occasionnées par les manifestations de jeudi et vendredi à 25 milliards de F CFA par jour selon Amath Soumaré, vice-président Medes. A Dakar Dem Dikk, les pertes sont évaluées entre 30 à 40millions par jour selon son Directeur Général. Sept magasins Auchan ont été attaqués depuis le 1er juin. Un chapiteau de produits non alimentaires d’une valeur de 100 millions a été brûlé à Mbour, selon les responsables. A l’heure actuelle, une dizaine de magasins de la chaîne française sont ouverts dans des zones vertes ou sécurisées. Au tribunal de Dakar tous les mineurs de moins de 14 ans ont été libérés. Ce vendredi, ceux âgés de 14 à 18 ans seront entendus avec la présence de leur famille ou tuteur.
TOUBA LE VIOLEUR DE 27 ELEVES S’EST RENDU A LA POLICE
L’enseignant de l’école coranique accusé d’avoir violé 27 élèves mineures de son daara à Touba Kër Gol, Serigne Khadim Mbacké, s’est rendu à la Police de Ndamatou de Touba. Selon DakarActu, le violeur présumé était recherché depuis plusieurs semaines par les forces de l’ordre dont les gendarmes en particulier. Annoncé fuyard, ensuite aperçu entre la Gambie et la Guinée, le maître coranique, né en 1990, s’est livré à la police de Ndamatou. Un quartier qu’il habite aussi. La police de Ndamatou qui a agi à la suite d’un soit transmis du procureur avait décerné une convocation au présumé coupable, localisé depuis quelques moments à Touba.
LES FAUSSES GAMMES DE LA POLICE
Lors de la conférence de presse de la Police nationale, tout a été dit. Mais ce que l’on retient des échanges entre les gradés de la Police et les journalistes, c’est la présence de forces occultes étrangères parmi les manifestants et l’absence de nervis à côté des forces de défense. La nouveauté lors de ce face-à-face a été la projection d’images. Mais voilà, pour emprunter à la police le vieil adage selon lequel aucun crime n’est parfait, la machine policière s’est enrayée. En effet, lors de cette conférence de presse, les animateurs ont montré de mauvaises vidéos mettant en scène des policiers en civil au lieu de montrer des vidéos de vandales. Ils ont ainsi fait passer ces policiers en civil pour des « forces occultes ». Ce alors que l’intégralité des vidéos montrant les policiers en civil accompagnés de leurs collègues en uniforme circulait depuis des jours sur le net. L’autre anomalie a été de présenter une image qu’un ministre avait postée… le 23 mars sur son compte twitter pour présenter des gens qui avaient tenté de brûler sa maison mais que la police présente comme les auteurs de saccages du 02 de juin ! Cherchez l’erreur…. Maintenant, s’il n’existe pas de nervis à la solde du pouvoir, on aimerait bien que la Police nous dise qui étaient les malabars dans des véhicules Pick-Up qui se promenaient dans la capitale et qui prenaient leur départ au siège du parti au pouvoir. Les mêmes véhicules sur les lieux du crime lors du passage de Sonko à Kolda et dont l’un avait écrabouillé la tête d’un manifestant le jour de la première convocation du même Sonko devant le Tribunal. Et si notre Police mettait la main sur ces mystérieux véhicules pick-up blancs transportant des nervis du pouvoir ?
CES INQUIETUDES QUI PLANENT SUR L’ANNEE SCOLAIRE !
Fermeture des écoles et universités? Depuis quelques jours, le Sénégal vit une crise juridico-politique sans précédent.
Depuis quelques jours, le Sénégal vit une crise juridico-politique sans précédent. Sur fond de manifestations meurtrières ayant fait 16 morts en deux jours et des dégâts matériels incommensurables, des universités publiques et des écoles du pays ont fini par fermer. Une suspension des cours qui risque de porter un gros coup sur le quantum horaire et impacter la fin de l’année scolaire.
L e Sénégal s’est engouffré dans une crise juridico-politique qui secoue le système éducatif à tous les niveaux. Depuis jeudi dernier, 1er juin, après le verdict de la Chambre criminelle du Tribunal de Dakar condamnant le leader du parti Pastef, Ousmane Sonko à une peine de deux ans de prison ferme assortie d’une amende de 600.000 FCFA pour «corruption de la jeunesse» dans l’affaire Sweet Beauty qui l’opposait à l’ex «masseuse» Adji Sarr, il y a une paralysie des enseignements/ apprentissages au Sénégal. A cause des violentes manifestations de jeunes qui protestaient contre la décision de justice et au cours desquelles 16 personnes ont été tuées, des écoles et des universités publiques ont été fermées et les cours suspendus dans plusieurs villes du pays.
Et pour l’heure, impossible de connaitre la date de reprise des cours dans les universités. Les autorités des universités Cheikh Anta Diop de Dakar, de Gaston Berger de Saint-Louis, d’Assane Seck de Ziguinchor ont décidé de fermer leurs portes jusqu’à nouvel ordre. A l’UCAD, par exemple, les manifestants ont mis le feu sur des bus, des bureaux, des amphithéâtres. Dans la région de Ziguinchor, des écoles dont le lycée Djignabo n’ont pas échappé à la furie des manifestants. Pis, avant ces manifestations ayant suivi le verdict de l’affaire «Sweet Beauty», les cours ont été suspendus pendant une semaine à Ziguinchor et Bignona à cause de la situation tendue liée à des affrontements entre jeunes et forces de l’ordre dans l’affaire Sonko.
En effet, la semaine dernière déjà, des syndicats d’enseignants du moyen secondaire comme le Saemss et le Cusems observaient une grève totale pour réclamer le respect des accords signés, la convocation du comité de suivi des accords mis en place après la signature du protocole d’accord du 26 février 2022 et pour dénoncer les arrestations d’enseignants.
A ces perturbations des enseignements/apprentissages, il faut ajouter que le début de vacances du deuxième trimestre de l’année scolaire 2022/ 2023 initialement prévu le 31 mars, avait été ramené au 27 mars 2023. C’était en raison des manifestations de jeunes dans l’affaire de diffamation opposant Sonko/Mame Mbaye Niang. En effet, au vu de toutes ces perturbations des cours, des inquiétudes pèsent quant au dénouement de l’année scolaire. Pour cause, le quantum horaire est menacé. Cette paralysie du système éducatif risque donc de porter un gros coup à l’année scolaire alors que l’on s’achemine vers la tenue des examens de fin d’année et la fermeture des classes : 21 et 22 juin 2023 pour le Certificat de fin d’études élémentaires (CFEE), le Baccalauréat à partir du 4 juillet 2023, le Brevet de fin d’études moyennes (BFEM) à partir du 12 juillet 2023. D’ailleurs, dans le secteur de la formation professionnelle, le démarrage du Brevet d’études professionnelles (BEP) initialement prévu ce mardi a été reporté au jeudi 15 juin 2023.