SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
25 août 2025
LES SÉNÉGALAIS REPRENNENT LEURS ACTIVITÉS, CHOQUÉS ET INQUIETS
Les rues de la capitale se sont à nouveau progressivement remplies. Mais nombre d'agences bancaires sont restées fermées. Une immense queue s'est étirée devant le siège d'une grande banque pour pouvoir débiter des chèques ou retirer de l'argent
Les Sénégalais ont commencé à retourner doucement à leurs activités lundi, sous le choc économique des violences récentes et dans la crainte d'un nouvel embrasement toujours possible dans un contexte politique incertain.
Beaucoup des travailleurs de l'informel, l'économie non régulée qui fait vivre la grande majorité des Sénégalais au quotidien, ont repris leur besogne à Dakar, calculant leurs pertes et conscients que certains facteurs des troubles qui ont fait 16 morts la semaine passée restent dangereusement présents.
Magaye Gaye, 19 ans, vendeur de produits de toilette sur le marché Sandaga dans le centre de la capitale, a fermé son étal mercredi, veille du verdict contre l'opposant Ousmane Sonko qui a mis le feu aux poudres."J'ai dépensé toutes mes économies depuis pour vivre". Dimanche, il a "vu que les choses s'étaient un peu calmées et (a) décidé de reprendre le travail" lundi mais n'est "toujours pas rassuré".
La condamnation de M. Sonko à deux ans de prison dans une affaire de moeurs a déclenché les heurts les plus violents qu'ait connus le pays depuis des années. Ce verdict rend en l'état actuel l'opposant, populaire chez les moins de vingt ans qui représentent la moitié de la population et dans les milieux modestes, inéligible à la présidentielle de 2024.
De jeunes hommes ont affronté les forces de sécurité, saccagé des équipements publics et incendié des commerces et des stations essence. Les troubles ont causé des dégâts non chiffrés mais considérables, et paralysé les activités jusqu'au week-end.
Le commissaire Ibrahima Diop, directeur de la sécurité publique, a assuré dimanche que "la situation est maîtrisée, la situation est revenue au calme".
Les rues de la capitale se sont à nouveau progressivement remplies. Mais nombre d'agences bancaires sont restées fermées.Une immense queue s'est étirée dès les premières heures devant le siège d'une grande banque pour pouvoir débiter des chèques ou retirer de l'argent.
C'est le début du mois, le moment où l'on vient encaisser son salaire.Une grande partie des paiements s'effectue en liquide.D'autres peuvent en temps normal se faire via des plateformes mobiles.Mais le gouvernement a suspendu dimanche l'internet mobile après avoir bloqué l'accès aux réseaux sociaux comme WhatsApp, Facebook ou Twitter.
- "Rassurer" -
"Les banques sont fermées depuis mercredi. On ne peut pas toucher son salaire ou sa retraite.Les journaliers ne sont pas payés. Les gens n'arrivent pas à se faire soigner", faute de liquide, s'indigne dans la file Ady Thiam, contrôleur de recettes de 45 ans.
"Avec le peu que les gens ont, c'est ça qui amène la révolte", dit-il en pressant le président Macky Sall de dialoguer.
Le directeur de la sécurité publique a fait état de 500 arrestations, "principalement des individus armés et dangereux".Après le ministre de l'Intérieur, il a décrit les troubles comme des actes de subversion commis par des éléments en partie étrangers et visant à "instaurer un climat de terreur".
Le parti de M. Sonko dénonce, lui, une "répression meurtrière" et parle de 19 morts. Des images à l'authenticité difficile à établir ont proliféré sur les réseaux sociaux montrant des abus des forces de police. Les défenseurs des droits ont aussi vivement critiqué le flot d'interpellations et les restrictions d'accès à internet.
Après sa condamnation, M. Sonko est toujours présumé se trouver chez lui à Dakar, bloqué par les forces de sécurité et exposé à une éventuelle arrestation, qui menace d'enflammer à nouveau les esprits.
Un autre vecteur de tension est le flou entretenu par le président Sall sur son intention de briguer ou non un troisième mandat. Une telle hypothèse rencontre une forte opposition adossée aux termes de la Constitution.
Au marché Sandaga, Modou Gueye, 46 ans, vendeur de friperie, constate que "les clients ne viennent pas parce qu'ils ont peur".Or "on vit au jour le jour.Boulot manger, pas de boulot pas de manger.Là, on n'a rien dans les poches". L'inquiétude est d'autant plus vive que la Tabaski, l'appellation locale de la fête musulmane de l'Adha, approche et qu'il faut pouvoir acheter le mouton.
Mansour Sambé, économiste consultant, note que les dommages subis sont déjà considérables, avec "des milliards de francs CFA perdus en deux jours"."Le plus grand danger pour les investisseurs, ce sont les risques politiques. On a prévu une croissance de 9 à 10% (en 2023), on est à mi-chemin". Mais avec les incertitudes d'ici à la présidentielle de 2024, "c'est tout le second semestre qui risque d'être perdu".
Le président doit prendre la parole, "il doit rassurer", dit-il.
LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS APPELLE AU CALME
Le parti demande également au gouvernement français de ne pas fournir d'aide en vue de participer à la répression des manifestants sénégalais
Depuis le délibéré du procès intenté à l'opposant sénégalais Ousmane Sonko, le pays a connu une flambée de violence et de répression, avec un bilan officiel de 15 morts et de nombreux dégâts matériels. Dans ce contexte, le Parti communiste français (PCF) appelle ce lundi 5 juin 2023, au calme et à l'ouverture de discussions pour sortir de la crise.
Le PCF s'incline devant la mémoire des disparus, présente ses condoléances aux familles des victimes et souhaite un prompt rétablissement aux blessés. Il rappelle que la crise survient dans un contexte de recul des libertés publiques et de tensions liées à la préparation de l'élection présidentielle de février 2024.
Le parti souligne que plus de 700 militants et responsables politiques sont en détention préventive pour des chefs d'inculpation comme "appel à l'insurrection" ou "atteinte à la sûreté de l'État". Les journalistes, activistes et youtubeurs ne sont pas épargnés. Le PCF considère que l'utilisation de la justice comme instrument politique est une stratégie délibérée du pouvoir, et que la doctrine d'engagement des forces de l'ordre, incluant l'utilisation d'armes létales, ouvre la porte à de graves dérives.
Le PCF appelle le gouvernement français à s'exprimer en faveur d'un dialogue politique entre le pouvoir sénégalais et l'opposition, ainsi qu'à la libération de tous les prisonniers d'opinion et à la levée immédiate du blocus autour du domicile d'Ousmane Sonko. Le parti demande également au gouvernement français de ne pas fournir d'aide en vue de participer à la répression des manifestants sénégalais.
Enfin, le PCF réaffirme sa solidarité avec les forces et mouvements de progrès qui s'engagent dans cette voie au Sénégal et est persuadé que le peuple sénégalais trouvera rapidement les ressources lui permettant de sortir de la situation difficile qu'il traverse.
par Zacharia Sall
J’ACCUSE
c’est l’échec de nos dirigeants, la faillite de Macky Sall et de son gouvernement qui ont donné lieu à ces événements ayant entrainé plus d’une dizaine de morts et de blessés
Les violences qui secouent depuis quelques jours le Sénégal montrent encore une fois que trop d’injustice appelle à la violence, au sang non point condamnable, mais légitime. Il faut en effet dire qu’en temps de violation des droits et libertés des individus, seule la violence demeure l’adversaire de taille de l’injustice.
Et rien de nouveau dans mon propos, car nous savons tous que lorsque le peuple étouffe sous le regard de ses dirigeants inertes, auteurs de forfaitures, de combines et de magouilles pour paraphraser le grand Kéba Mbaye, s’assister lui-même avec le peu d’énergie et de pouvoir qui lui reste devient dès lors la seule issue, l’unique solution à ses maux.
Le peuple sénégalais l’aura très bien compris, ce même peuple qui a confié son âme et son destin à un homme qui fait de l’iniquité sa marque politique.
En réalité, ceux qui ont l’esprit et la mémoire dans le passé ; ceux qui se souviennent d’hier - et Macky Sall n’en fait hélas plus partie - savent que le combat des Sénégalais est plus que légitime en ce sens qu’elle s’inscrit dans le cadre de ce que le peuple sénégalais a toujours eu comme éthique tatouée au devers de son âme depuis Senghor jusqu’à celui qui nous sert de président tyran et violeur des droits de ses citoyens : ne jamais redevenir l’esclave d’un homme aussi puissant soit-il. Ne jamais regarder inerte un homme subir une injustice, peu importe, sa provenance. Car l’inertie et l’injustice conduisent dans ce cas au sang et aux ténèbres.
Rappelons qu’en 1962 Senghor a accusé à tort Mamadou Dia de coup d’État ; en 1968 la révolte universitaire a porté la voix du peuple sénégalais souverain ; en 1973 Blondin Diop a été arrêté puis assassiné par le gouvernement de Senghor à cause de ses positions et de sa liberté de pensée; et en 2011, l’opposition et la société civile sénégalaise se sont réunies demandant le départ du président Abdoulaye Wade au nom de la justice etc.
Et encore, c’est au nom de la justice que le peuple sénégalais se réunit dans la rue depuis quelques jours. Car ces événements ont en commun une évidence puante ne devant plus apparaître sous les tropiques du Sénégal, c’est-à-dire, l’injustices et la surdité des dirigeants sénégalais face aux demandes du peuple, la gabegie de nos hommes politiques, l’iniquité des élus du peuple et le marasme patriotique de ceux-là même qui ont pour rôle et responsabilité de verser dans la conscience de chaque citoyen un amour infini de la patrie.
Conséquemment, c’est l’échec de nos dirigeants, la faillite de Macky Sall et de son gouvernement qui ont donné lieu à ces événements ayant entrainé plus d’une dizaine de morts et de blessés. Et ce nombre ne cesse d’augmenter.
Mais puisqu’à chacun sa responsabilité, ces émeutes légitimes sont la manifestation d’un refus de voir la même histoire d’injustice se répéter chez nous. Le peuple sénégalais ne veut plus voir un autre Mamadou Dia ou un autre Blondin Diop à travers la personne de Ousmane Sonko. Par ricochet, les sénégalais se lèvent pour dire au président Macky Sall, à la justice sénégalaise instrumentalisée et à son gouvernement ceci : « Nous ne vous laisserons point être les héritiers des mauvaises pratiques politiques de Senghor, de Diouf et de Wade. »
Et puisqu’à l’heure de la vérité, il faut savoir accuser les combineurs, j’accuse alors Macky Sall d’être à l’origine de toute cette violence au Sénégal. Chaque souffle qui tombe et chaque goutte de sang qui appelle la mort trouvent réponse dans son ambition machiavélique et anti-démocratique.
J’accuse Macky Sall d’instrumentaliser la justice sénégalaise et de chercher à empêcher un homme (Ousmane Sonko) de se présenter aux prochaines élections présidentielles du Sénégal. Car il lui suffit d’écouter son peuple pour arrêter toute cette situation qui n’honore aucunement le Sénégal. Il en a le pouvoir, mais que décidera-t-il ?
par Abdou Sene
JUSTICE : ILS NE DOIVENT PAS ÊTRE NOMMÉS
Si l’Humanité est arrivée à générer des sociétés organisées, c’est parce que l’Homme aspire naturellement à la justice, en tant que principe philosophique et moral
Lorsque l’Homme arrête de pratiquer la justice, il perd son rang de maître du règne animal. Pire, il incarne le mal dans ce règne parce que les autres espèces animales ne sont pas mues par l’intention de nuire ou par des intérêts superflus et égoïstes mais par la volonté de vivre. Ils peuvent paraître injustes et violents parce que tout simplement poussés par la Nature. Par l’instinct de conservation.
Si l’Humanité est arrivée à générer des sociétés organisées, c’est parce que l’Homme aspire naturellement à la justice, en tant que principe philosophique et moral. Des groupes d’individus ont pu donc cohabiter et interagir grâce à un minimum consensuel de justice. Cette dernière étant un idéal à poursuivre sans relâche. La justice est donc le ciment de la coopération inter-humaine - au sens de Noha Harari dans Une brève histoire de l’Humanité - qui a propulsé l’Homme au sommet du règne animal.
Par ailleurs, l’être humain animal est déchiré entre deux aspirations souvent en conflit, pour ne pas dire antinomiques : la volonté de puissance à la Nietzsche et la volonté de justice à la Saint Thomas d’Aquin. Dans ce contexte mental, l’Homme expose souvent une de ses plus grandes faiblesses, à savoir l’égoïsme. Dominant, il accomplit sa volonté de puissance, dominé, il a envie de justice. Sauf pour les individus dont la vertu transcende la nature. A la formation des premières civilisations, l’Homme devait donc trouver un principe social lui évitant que ce déchirement naturel fasse partir sa société en lambeau. Ce principe était la justice.
Et c’est en abordant cette dialectique par la justice que l’Homme a montré tout son génie. Depuis la formation des premières sociétés humaines, il a fait de la justice un principe central dans l’administration de la cité. Par nécessité. En effet, l’histoire montre que toute société où règne l’injustice à ciel ouvert est vouée à la ruine. Le philosophe disait que la civilisation n’est qu’un vernis couvrant un océan de barbarie. Il suffit que ce vernis - dont la principale composante est la justice - craquelle pour que jaillisse l’horreur ou/et la chute du prince.
L’histoire des peuples est jonchée d’illustrations de cette assertion. J’invite à revisiter : les causes de la révolution française de 1789 alimentée par l’injustice que le tiers état subissait de la part du clergé et de la noblesse ; l’origine de la révolution des torodos de 1776, qui ont pris le dessus sur la dynastie Denianké pour réparer des injustices, grâce à Thierno Souleymane Baal et ses partisans ; l’histoire de la chute de l’empire du Djolof du fait de la révolte et de la victoire sur son empereur, en 1549, du jeune Amary Ngoné Sobel pour sauver l’honneur de son père, Lamane Déthié Fou Ndiogou Fall, et du Cayor, victimes des caprices impérieux ; les causes de la chute/fuite du tyran Daou Demba, 6ème Damel du Cayor ; et plus récemment, dans les vingt dernières années, la décomposition de certains pays à travers le monde à cause d’injustices sociales et/ou politiques. En remontant plus loin dans le temps, jusqu’à la Première Période intermédiaire de l’Egypte (entre le 22ème et le 21ème siècle avant notre ère), on peut trouver des récits de révolution sociale semant l’anarchie, notamment contre la justice. Aussi, le proverbe oriental qui stipule qu’un roi sans justice est une rivière sans eau prend-t-il tout son sens.
Les juges
La justice comme principe fondamental - mais très complexe - de la vie en société civilisée, requiert, pour son exercice, que la société forme des experts en la matière. C’est pour cela d’ailleurs, que la science juridique fait partie des premières disciplines enseignées dans les premières universités au monde. C’était une demande sociale, or le concept d’université a été créé dans le but de produire du savoir au service de la communauté. Cependant, il faut se rendre à l’évidence que, s’il existe x% de citoyens de peu de vertu dans une société, on peut s’attendre à ce que ce pourcentage soit le même pour ses étudiants de peu de vertu en sciences juridiques, comme dans toutes les autres disciplines. Néanmoins, le juge étant idéalement et philosophiquement le gardien de la vertu dans une société, un filtre très serré doit impérativement être appliqué lorsqu’il s’agit de choisir, parmi les diplômés des facultés de droit, l’élite qui doit être portée à la tête de la magistrature d’un pays.
Saint Thomas disait : nous ne sommes pas déclarés justes du fait que nous connaissons droitement quelque chose. Effectivement, il faut certes être pétri de compétences en sciences juridiques pour juger, mais aussi et surtout armé d’une vertu largement au-dessus de la moyenne pour mériter d’être hissé au rang de juge de la société. Des juges de peu de vertu et/ou de compétences ne doivent en aucun cas être nommés à la tête de la magistrature dans une société civilisée. Juger une société est une mission trop sérieuse et trop complexe pour être exercé par « Monsieur ou Madame n’importe qui ».
A cet égard, dans toutes les sociétés, il faut prôner l’aristocratie de la vertu et de la compétence afin d’exaucer le fameux vœu du mathématicien-philosophe-théologien du 17ème siècle Blaise Pascal qui disait : Il faut donc mettre ensemble la justice et la force, et pour cela faire que ce qui est juste soit fort ou que ce qui est fort soit juste.
Abdou Sene est Professeur de mathématiques appliquées à l’Université numérique Cheikh Hamidou Kane (ex UVS).
par Sonny Sarr
ALLUMEZ LES LAMPES QUI ÉCLAIRENT LES TÉNÈBRES AU CŒUR DU PAYS DE LA TÉRANGA
Décennie après décennie, qu’est ce qui a changé depuis le début des conflits dans les pays pauvres d’Afrique ? Que des décennies d’anarchies ! Comment retrouver la paix pour de bon ?
A mon pays dont la situation nécessite une prise en charge politico-socio-économique pluridisciplinaire et urgente, à toutes les filles et à tous les fils du pays de la Téranga.
L’histoire n’a pas de sens, certains leaders sont parfois créateurs de confusions et de chaos.
Le ciel s’assombrit à nouveau sur le territoire. De mémoire, c’est une situation inédite avec un silence insupportable sur la problématique la plus complexe et la plus conséquente, sur la redoutable tumeur déstabilisatrice qui secoue le pays de la Téranga. La lutte contre la redoutable tumeur ne peut pas être assurée par un seul ou quelques pilotes ou groupe de personnes.
L’insécurité est le "cygne noir" le plus redoutable contre le développement d’un pays quelconque, contre l’amélioration des conditions de vie des populations, mais pas seulement.
Dans mes pensées, je ne suis sûr de rien, je doute, mais je voudrais éviter également de parler parce que les faits sont difficiles à prouver puisqu’il n’y a pas de réponse pour expliquer mon désarroi. Wagane choisirait ainsi de garder le silence devant l’absurde et le mystère demeurera entier !
Mais comment garder le silence alors que le pays bascule dans une situation destructrice de vies et de biens. Les émeutes les plus violentes éclatent dans tout le pays, entrainant la mort de dizaines de jeunes, le pillage de supermarchés, le vandalisme des domiciles et le saccage des édifices publics et privés.
Des victimes meurent bruyamment. La sécurité des personnes et des biens est préoccupante. Des scènes de malheur, des tragédies, des pleurs. Le monde regarde le pays de la Téranga, les égos et les haines n’engendrent que des douleurs. A cause de la peur, du silence et des menaces, personne n’en parle tandis que d’autres ont pris à nouveau l’avion pour un voyage lointain.
Cette situation m’émeut profondément, ébranle mes pensées. Pas de mots pour évoquer ma douleur !
Agité et fragmenté, justice chahutée, l’État du pays se dégrade. Comment en sommes-nous arrivés là ? Qu’ont-ils fait pour avoir à nous faire vivre cet écueil ?
En cette douloureuse circonstance pour toute la communauté sénégalaise meurtrie, les appels internationaux à la retenue et au calme sont unanimes. Tous les acteurs sont invités à privilégier les voies du dialogue pour surmonter toutes leurs divergences. Cela permettrait d’éviter de provoquer des réactions de colères.
Le pays de la Téranga est connu comme étant l’endroit le plus paisible de la zone proche de tensions politiques et d’insécurité causées par des décennies de conflit, un pays caractérisé par une parfaite symbiose multiculturelle et multiethnique.
Par ailleurs, d'une manière générale, à ce jour, le monde est encore confronté à une crise mondiale complexe et interdépendante, où les inégalités de richesse s’aggravent, où le risque d’inflation est sans précédent avec des taux d’intérêt qui augmentent constamment en raison de la guerre russo-ukrainienne, où les prix de l’énergie et des denrées alimentaires ont cru de façon exponentielle.
Dans plusieurs régions et territoires du monde, des affrontements armés sont en cours, avec des centaines de millions de personnes déplacées. Aucune armée, aucune organisation multilatérale - internationale - régionale - nationale ou bien privée, ne contrôle ce qui arrive certains pays marqués par des attaques destructrices de vies et de biens. Il faut condamner fermement tout esprit d’autosacrifice non miséricordieux.
Dans mes conversations sur les tensions en Afrique, pour l’apaisement et la sécurité dans les pays, Pierre me disait, dans un restaurant, à Shanghai, que :
« L’intérêt supérieur de la patrie doit être au dessus de tout. Les conflits armés doivent s’arrêter. Les conflits contre l'injustice, la faim et la pauvreté doivent détoner. Le renforcement des capacités des vaillantes forces de défense et de sécurité est vital pour surmonter les menaces à la paix, à la stabilité et à la cohésion des peuples. Les kalachnikovs et les uniformes en treillis ne devraient pas diriger un pays ou un territoire. Le distingué rôle d’une armée républicaine, loyale et professionnelle, est de sécuriser, de stabiliser et de protéger la cité, pas de gérer la cité. L’armée n’est pas préparée à diriger la cité, elle doit se focaliser dans ses nobles et exaltantes missions régaliennes. Pour l’intérêt des nations en proie à des tensions politiques et sécuritaires, les autorités de transition devraient accélérer les processus de transfert de pouvoir et accompagner le retour des civils intègres au pouvoir. »
La problématique du renforcement de la démocratie républicaine et du rétablissement de l’état de droit a une importance capitale. Un pays sans état de droit et sans démocratie est un pays qui sera toujours confronté aux tempêtes, ses pilotes connaitront un cycle de gouvernance alambiqué et éphémère, sa population et son économie traverseront une crise sans précédent.
Le visage d’un pays sans état de droit et sans démocratie est pitoyable, et est comme une jungle dans laquelle règne la loi du plus fort. C’est un univers où les pilotes les plus populaires se versent singulièrement, par les cris d’orfraie, à la victimisation, à de graves accusations vis-à-vis à des tiers, à la chasse aux sorcières.
Néanmoins, certains leaders politiques à l’ère africaine ne sont pas bien préparés pour diriger la cité. Un leader bienveillant soucieux du bien-être des populations devrait suffisamment s’ourdir avant même d’avoir engagé la conquête du pouvoir. Il devrait d’abord quérir de connaissances approfondies des préoccupations de développement de son peuple et apprendre l’art de piloter la cité.
Mais, le président poète Léopold Sédar Senghor ne disait-il pas que : « l’émotion est nègre, la raison est hellène. »
Or, la raison devrait prévaloir. En termes de choix de pilote pour la cité, un rendez-vous citoyen capital, l’électeur doit faire la distinction entre la raison et l’émotion. Ce noble choix doit être détaché de l’émoi suscité par tout combat politique. Il doit se faire sans aucune distinction de position géographique ou d’ethnie, de religion ou de confrérie, de race ou de caste, de genre ou de couleur de peau, de classe sociale ou d’éducation.
Il doit, enfin, se reposer sur une proposition ou un projet de vision claire et d’un programme ambitieux pour l’amélioration du bien-être des populations.
Oui, les espoirs s’érodent. Les femmes et les jeunes sont fatigués. La force de la jeunesse devrait pousser le pays à avancer avec courage, à être en mouvement vers le chemin d’une meilleure place dans le monde.
Beaucoup de leaders africains vivent constamment des situations d’urgence des besoins notamment, dans le domaine de la réalisation des infrastructures qui induit des investissements importants, tandis que les conditions de vie de la population ne sont pas améliorées, il n’y a pas de véritables ruptures pour soutenir le bien-être et le progrès des peuples. Des sacrifices immenses, un éternel recommencement.
Décennie après décennie, qu’est ce qui a changé depuis le début des conflits dans les pays pauvres d’Afrique ? Que des décennies d’anarchies ! Comment retrouver la paix pour de bon ?
De nos jours, avec les tensions géopolitiques et le réchauffement climatique, les chemins du développement deviennent de plus en plus étroits. Pour la justice sociale, il est nécessaire de stimuler la paix et de trouver des solutions concrètes et durables pour améliorer la vie quotidienne des populations. Mais comment ?
Il faudrait promouvoir la paix en évitant tout acte qui pourrait écorner la démocratie légendaire de notre cher pays dont nous sommes tous fiers.
Ce n’est que dans la paix qu’un pays ou un terroir quelconque parviendra à vaincre la faim et la pauvreté et à escompter le développement durable, mais pas seulement.
Les lourdes mésintelligences ralentissent le processus de développement d’un pays quelconque et si rien n’est fait, les mêmes causes produiront toujours les mêmes effets. De toute façon, les pourvoyeurs de divergences et les voleurs de derniers publics, même si c’est cent cinquante euros (150€) par mois, ne laisseront pas de souvenirs riches mais plutôt des souvenirs durablement désobligeants avec beaucoup de regret.
Il faudrait éviter une sorte d’absence généralisée d’espoir d’une société plus juste, plus équilibrée, d’une société de justice et de paix. Il y va de la responsabilité de chacun d’éviter, au nom de la dignité humaine, des troubles dans le pays. Chacun doit appeler sa responsabilité de veiller à la bonne marche des affaires de la cité.
De même, les jeunes du pays, les véritables forces vives de la nation, devraient participer au dialogue, au dialogue de la paix pour contribuer à l'éclairage des ténèbres au cœur du pays de la Téranga.
LA LD DEBOUT APPELLE À UNE SORTIE DU POUVOIR DE MACKY SALL
Le parti met en garde toutes personnes impliquées dans les événements en cours, forces de sécurité, fonctionnaires de l'Etat ou miliciens et leur rappelle qu'ils pourraient engager leur propre responsabilité pour des actes contraires aux lois
La Ligue Démocratique Debout (LD Debout) a publié une déclaration le 4 juin 2023, exprimant sa préoccupation face à la situation politique actuelle au Sénégal. La LD Debout a averti depuis plusieurs années que la gouvernance du président Macky Sall risquait de mener le pays vers l'instabilité politique et que cette prédiction est en train de se réaliser.
La LD Debout s'incline devant la mémoire des 16 Sénégalais tués dans les manifestations des 1er et 2 juin 2023 et exprime sa solidarité aux nombreux blessés ainsi qu'aux familles des victimes. Elle dénonce également le simulacre de procès dont le seul but était de discréditer et d'emprisonner le leader de Pastef Ousmane Sonko.
Face à l'insurrection en cours, ponctuée en outre par des pillages et destructions, la LD Debout estime qu'il est nécessaire d'avoir une direction politique forte capable d'orienter la dynamique vers une issue heureuse pour le pays. C'est pourquoi, la LD Debout invite les forces vives de la Nation réunies autour du F24 à se concerter au plus haut niveau pour encadrer une sortie du pouvoir du président Macky Sall qui préserve la stabilité et rétablisse la normalité démocratique.
Ces concertations, à travers des consultations formelles et informelles, devraient s'étendre aux pans sains de toutes les institutions du pays, les autorités religieuses et coutumières. A terme, elles devraient aboutir à l'organisation, en février 2024, dans un contexte apaisé, d'une élection libre, transparente, inclusive et respectueuse des dispositions constitutionnelles, en particulier la limitation des mandats présidentiels à deux.
Toutefois, considérant la tendance habituelle du régime actuel à persister dans sa voie sans issue, la LD Debout invite le peuple sénégalais à rester mobilisé et vigilant. Dans ce sillage, la LD Debout met en garde toutes personnes impliquées dans les événements en cours, forces de défense et de sécurité, fonctionnaires de l'Etat ou miliciens et leur rappelle qu'ils pourraient engager leur propre responsabilité pour des actes qui sont contraires aux lois du pays et conventions internationales.
La LD Debout invite également les organisations de la société civile et le F24 à ouvrir un registre des violations des droits de l'homme et des libertés pour que demain l'impunité ne puisse plus jamais régner dans notre pays.
LES ÉDITEURS DE LA PRESSE EN ROGNE CONTRE LA RESTRICTION DE L'INTERNET
L'Association des Éditeurs et Professionnels de la Presse en Ligne exprime sa détermination à saisir les organisations de défense des libertés de presse, d'expression et des droits humains pour que ces agissements anti-démocratiques cessent
L'Association des Éditeurs et Professionnels de la Presse en Ligne (APPEL) a publié un communiqué de presse dénonçant la décision de l'État du Sénégal de couper l'Internet mobile, qui a eu des conséquences négatives sur la diffusion d'informations et l'économie du pays.
APPEL exprime sa consternation face à la décision unilatérale de l'État de couper l'Internet mobile, qui a entraîné la suspension ou l'interruption de la fourniture d'informations à travers les sites web de la presse en ligne. Cette situation a été encore plus difficile à supporter pour les entreprises de presse, qui ont déjà été gravement touchées par la crise économique due à la pandémie de Covid-19.
La coupure de l'Internet mobile a également eu des conséquences sur les programmes de la presse en ligne, qui ont été contraints de suspendre leurs émissions en direct via Youtube, Facebook, Instagram et Twitter. Cela a privé les populations de leur droit à une information juste et plurielle, garanti par la Constitution et des instruments juridiques internationaux ratifiés par le Sénégal.
APPEL souligne que la suspension des données mobiles a également laissé libre cours à la prolifération des fausses informations, ce qui peut entraîner des conséquences graves pour la société sénégalaise.
Les éditeurs de la presse en ligne expriment leur détermination à saisir les organisations de défense des libertés de presse, d'expression et des droits humains pour que ces agissements anti-démocratiques cessent dans les plus brefs délais. Ils se réservent également le droit de travailler avec des partenaires au niveau africain et international pour porter plainte et obtenir une juste réparation.
par Mame Oumar MBAYE
RÉPONSE À MARY TEUW NIANE
Complot contre le Peuple !!! Encore des grands mots pour ne pas dire gros mots ! Quel complot ? Et quel Peuple ? Les 17 millions de sénégalais ? Arrêtez ! Ayons le courage de dénoncer Ousmane Sonko et arrêtons de tout mélanger !
Complot contre le Peuple !!! Encore des grands mots pour ne pas dire gros mots ! Quel complot ? Et quel Peuple ? Les 17 millions de sénégalais ? Arrêtez ! Ayons le courage de dénoncer Ousmane Sonko et arrêtons de tout mélanger ! Le pays est en danger et vous continuez à nous rabâcher les oreilles avec de la politique politicienne. Encore une fois, cette histoire n’a rien de politique, c’est vous les politiciens qui l’avaient traînée sur ce terrain par simple haine envers un homme. Macky Sall n’a rien à voir avec ce qui s’est passé au tribunal. Comment pouvez-vous continuer à essayer de mettre nos institutions à genoux dans le seul but de servir les desseins sombre d’un individu. Que voulez-vous faire de ce pays ? Sincèrement !!!
Arrêtez de vous cacher derrière des principes auxquels vous ne croyez même pas pour sauver un homme par la faute de qui tout est arrivé et continue d’arriver. En vertu de quoi la candidature de Macky Sall doit être une raison pour mettre notre pays à feu et à sang ? Le Sénégal est un pays stable démocratique et qui, grâce à son président, a commencé à toquer aux portes de l’émergence. Pourquoi aujourd’hui des gens tapis dans l’ombre tels Satan et sa progéniture sont-ils en train de tout mettre en œuvre pour le déstabiliser ? Encore une fois Arrêtez !!!
*LII DARA DIAROUKO WAYE ADOUNA DAFAYE DIEKH ET NOUS RENDRONS TOUS COMPTE À ALLAH LE TOUT PUISSANT.*
Par Babacar Ndaw FAYE
CHERS COMMISSAIRES, VOUS PERMETTEZ ?
C’est avec plusieurs heures de retard que nous avons pu regarder, ce matin, la vidéo du point de presse de la police nationale ; le ministre des télécommunications ayant décidé la veille, de nous priver d’un de nos principaux outils de travail : Internet
C’est avec plusieurs heures de retard que nous avons pu regarder, ce matin, la vidéo du point de presse de la police nationale ; le ministre des télécommunications ayant décidé la veille, de nous priver d’un de nos principaux outils de travail : Internet. Même si la notification et la justification de cette forfaiture sont intervenues après sa mise en œuvre, tel n’est pas l’objet de notre propos. Ici, il est question de cette sortie de la police qui nous laisse avec beaucoup plus de questionnements que de réponses. Mais saluons d’abord qu’elle ait enfin décidé à se prêter à cet exercice de prise de parole, ce n’est tellement pas fréquent sous nos tropiques qu’on se demande la motivation de celui d’hier. Mais on ne va pas faire la fine bouche : on en redemande, avec plus d’entrain. Car hier, en un tout petit quart d’heure, en français et en wolof, par deux responsables différents, avec quelques sombres projections, la police a rapidement expédié les sujets qu’elle voulait aborder. Comme un os à ronger envoyé le temps d’aller s’occuper d’autre chose. Comme un air de diversion. Circulez, plus rien à voir.
Sauf que ça ne marche pas comme cela, chers commissaires. Avec tout le respect qui vous est dû, nous attendions de vous davantage d’éléments pour éclairer notre lanterne sur une situation qui nous inquiète tous, que la répétition d’éléments de langages déjà balancés à profusion par des responsables politiques de la mouvance présidentielle. « Les manifestants sont infiltrés », « il y en a qui sont motivés par autre chose », « ce sont des scènes de pillages »… et tutti quanti. C’est enfoncer des portes béantes.
Chers commissaires, ce que nous attendions de votre sortie, au-delà des auto-glorifications, c’est une réponse aux accusations de tortures dans vos geôles et surtout, une tentative d’explication sur les citoyens utilisés en boucliers humains et violentés à coups de casques et de tête de fusil. C’est de nous dire par quelle logique un enfant a pu servir à vos hommes, de bouclier contre une pluie de pierres.
Chers commissaires, ce que nous attendions de votre précieuse sortie, c’était surtout une explication sur les troublants rapports de bons voisinage entre vos hommes et les supposés brigands dont vous avez justement projeté des extraits d’images lors de votre expéditif point de presse. Vous les soupçonnez d’être des malfaiteurs avec des armes de guerre et autres pistolets automatiques, certains avec une maîtrise qui vous interroge, d’autres avec une non maîtrise qui vous inquiète. Soit. Mais ce qui nous inquiète et nous interroge, nous autres pauvres civils, c’est la franche collaboration que l’on voit sur les extraits - des mêmes images - que vous n’avez pas diffusés, entre vos hommes et ces éléments non identifiés qui visent et tirent en direction des manifestants, les pourchassent avec vous, jusque dans leurs derniers retranchements.
Chers commissaires, ce que nous voulons savoir, au delà de l’identité de ces OTNI (objets tuant non identifiés), c’est pourquoi il est devenu si fréquent de voir vos troupes s’acoquiner avec des hommes armés de gourdins et de machettes, souvent à bord de pickups qui n’appartiennent pas aux forces de défense et de sécurité ?
Ce que nous voulons savoir et que nous attendions de votre sortie qui aurait dû durer beaucoup plus qu’un tout petit quart d’heure, c’est qui a tiré sur les 16 victimes officiellement recensées par vos soins ? Avec quelles munitions ? Si ce sont les vôtres, quelle est la procédure engagée ? Le cas contraire, que devrions-nous retenir ?
Chers commissaires, à Sacré-Cœur, lors du regrettable incendie contre le domicile de l’ancien ministre des Sports Matar Ba, des séquences de vidéos montrent un de ses proches, qui serait son fils selon des témoignages, accompagné d’autres civils armés, tirer maladroitement en direction de supposés assaillants, en étant à côté de forces de défense et de sécurité. Êtes-vous en sous-effectif au point de devoir vous accommoder de tels renforts ? Cautionnez-vous la présence de nervis dans votre tâche de maintien de l’ordre ? Êtes-vous, tout simplement, infiltrés comme le seraient les manifestants ?
Chers commissaires, malgré les infiltrations supposées dans un camp ou dans l’autre, le seul constat qui sied à ce jour est que toutes les victimes jusqu’ici dénombrées par vos soins, sont des civils. En passant, prompt rétablissement à votre brave collègue, Pierre Malou, qui, à vous croire, même en situation de légitime défense, aurait refusé d’utiliser son arme contre les manifestants. C’est ce que nous attendons de vous, chers Commissaires.
Par Madiambal DIAGNE
OUSMANE SONKO VEUT UNE GUERRE CIVILE ET ALIOUNE TINE L’A THEORISEE
Dans quel pays au monde un citoyen peut-il menacer devant les caméras de télévision, de tuer le chef de l’Etat démocratiquement élu ou d’envoyer 200 mille manifestants pour le déloger du Palais et rester dormir chez lui ?
Pour sauver sa tête, s’éviter de payer le prix de ses turpitudes dans le lupanar de Sweet Beauté, Ousmane Sonko avait adopté la stratégie du «après moi le déluge», selon laquelle personne ne devrait lui survivre. On peut dire que cette stratégie lui a réussi, mais seulement en partie, car s’il a été épargné d’une condamnation pour viol, il n’en a pas moins écopé d’une condamnation de deux ans d’emprisonnement ferme pour «corruption de la jeunesse». Ni la plaignante, Adji Sarr, ni la défense ne pourraient se satisfaire totalement de la décision. Seul le ministère public peut s’estimer heureux d’avoir pu sauver son dossier. Le représentant du Parquet a eu l’idée, à la fin de son réquisitoire de feu, lors du procès du 22 mai 2023, de tendre une perche au Tribunal en faisant des réquisitions demandant subsidiairement une condamnation pour corruption de personne âgée de moins de 21 ans. Le pouvoir de Macky Sall peut également se satisfaire d’une décision de condamnation car un acquittement aurait été un séisme tellurique et donnerait des ailes à Ousmane Sonko.
Dans l’absolu, la décision de Justice aurait pu être lue comme une bonne sentence, au vu des éléments de preuve présentés devant le prétoire, si et seulement si l’accusé principal avait comparu devant la barre pour se défendre des graves accusations. C’est une première dans les annales judiciaires que les juges se substituent à un accusé jugé par contumace, pour lui trouver des éléments d’excuse ou de disculpation, ou même des circonstances atténuantes. Le principe jurisprudentiel reste de condamner systématiquement le contumax, d’autant que la règle est de reprendre le procès une fois qu’il se sera constitué prisonnier ou se sera fait arrêter dans le cadre de l’exécution de la décision. C’est en quelque sorte l’application du principe que «nul ne plaide par procureur». En d’autres termes, c’est là que se trouve le côté bancal de la décision rendue par le juge Issa Ndiaye et ses assesseurs de la Chambre criminelle. On peut ainsi considérer que les bravades, menaces et défiances de Ousmane Sonko ont quelque part eu un effet dissuasif à l’endroit des juges. En effet, il lui a été permis et accordé ce qui n’a jamais été admis pour un justiciable devant aucun prétoire dans le monde. En outre, la Chambre criminelle, qui devra avoir à juger l’affaire à nouveau, s’est lié les mains. En cas de nouveau procès, donc en présence de l’accusé Sonko et de sa défense, si elle devait entrer en voie de condamnation, elle ne pourrait pas se dédire et/ou avoir la main plus lourde que lors du premier procès. Quelle serait la cohérence de trouver des excuses à un fugitif qui ne s’est pas défendu, et ne pas les lui reconnaître finalement quand la personne arriverait à les invoquer elle-même devant la barre, entre autres moyens de défense ?
Assurément, les juges, aidés par le Parquet, ont fait l’effort d’anticiper sur un éventuel nouveau procès en décidant d’une disqualification. Je reste cependant persuadé qu’en l’état des preuves présentées devant la barre et qui n’établissent indubitablement que des actes de conjonctions sexuelles, sans qu’on ne puisse en avoir le cœur net sur leur caractère forcé ou consenti, la sagesse d’un juge lui impose de ne pas entrer en voie de condamnation pour l’infraction de viol. Seulement, l’effort transcendantal qui a permis aux juges de disqualifier les faits, leur aurait aussi permis, dans un autre sens, de condamner pour viol.
Au demeurant, la condamnation pour «corruption de jeunesse» par des actes sexuels dans un lieu de débauche est infâmante et avilissante pour Ousmane Sonko qui aspire à devenir président de la République. Le déballage sordide devant le prétoire, de ses ébats sexuels, des récits torrides qui se retrouvent jusque dans les smartphones de ses concitoyens, feront de lui un drôle d’aspirant au poste de chef d’Etat. Nous écrivions : «Si en 2024, Ousmane Sonko a la chance de devenir Président du Sénégal, ce sera fatalement une auto-humiliation pour son Peuple qui aura la honte de voir les ébats sexuels ou les images de l’anatomie intime du premier des citoyens dans les smartphones de ses compatriotes. Il sera «un Président à poil» (chronique du 23 mai 2022).» Franchement, si l’homme manque autant de scrupules pour continuer de chercher à diriger son Peuple, on peut ne pas désespérer que dans un sursaut de dignité et de respect pour eux-mêmes, ses compatriotes s’éviteront l’humiliation de faire de lui le premier d’entre eux. C’est le plus grand revers de Ousmane Sonko, car il s’était juré que les violences et menaces empêcheraient la tenue d’un procès public. Il aura appris, et surtout ses avocats auront appris à leurs dépens que l’on ne peut pas, sans frais, défier la Justice. La présence ridicule de ses avocats lors du rendu du délibéré du 1er juin 2023, pour demander une réouverture des débats, alors qu’ils avaient décidé de boycotter l’audience de plaidoiries de la semaine précédente, constitue un cinglant aveu de leur fourvoiement. La supplique désespérée de Me Ciré Clédor Ly, qui demandait un renvoi pour «aller chercher (son) client et le faire comparaître de gré ou de force», était tout aussi pathétique. Le procureur Abdou Karim Diop a pu persifler en leur lançant : «Vous êtes des plaisantins.» Les avocats s’étaient résignés à plaider à travers les colonnes des journaux et les plateaux de télévision. On voit bien que Ousmane Sonko a toujours dirigé ses avocats et non le contraire ! Ainsi a-t-on pu mesurer la gueule de bois de Me Bamba Cissé après le prononcé du verdict.
Un autre enseignement du procès est qu’il aura permis au public de faire le constat des mensonges répétés de Ousmane Sonko, avec la fable d’un complot orchestré par Macky Sall pour écarter un adversaire politique. Pas une fois, en dépit de la longueur et de l’exhaustivité des débats devant la barre, la thèse d’un prétendu complot n’a été évoquée pour être étayée. Au contraire, ce qui a été discuté et mis en lumière, reste les écarts et faiblesses d’un homme qui s’appelle Ousmane Sonko. C’est dire que des mères et pères de famille, des magistrats, des officiers de police et de gendarmerie, des députés, des ministres, un président de la République et son épouse, des journalistes et des avocats ont été faussement accusés ! Sans scrupule…
Macky Sall dos au mur
Le pays n’en a pas pour autant fini avec cette affaire, encore moins d’avoir à déplorer ses conséquences tumultueuses. Le ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, a enfoncé des portes ouvertes en soulignant «qu’une décision de Justice est faite pour être appliquée». Douterait-il de l’application du verdict condamnant Ousmane Sonko ? On peut le croire car si l’Etat était dans ces dispositions, il aurait arrêté Sonko depuis très longtemps ; ce n’est pas l’occasion qui a manqué. Au contraire, il a été épargné, contrairement à ses lieutenants. En vérité, on n’a jamais vu un homme appeler autant à l’insurrection et au meurtre sans jamais être inquiété. De simples velléités insurrectionnelles et de menaces de mort, de surcroît assumées publiquement, contre des magistrats et des personnes détentrices de l’autorité de l’Etat, ont, toujours et dans tous les pays, été sanctionnées, réprimées, à plus forte raison quand de telles menaces ont été suivies d’effets dramatiques. Depuis mars 2021, Ousmane Sonko et son parti, Pastef, sont entrés dans une logique insurrectionnelle, de déstabilisation de l’Etat et des institutions républicaines. Leur projet de semer le chaos n’est plus à démontrer. Si on avait encore besoin de s’assurer que ce parti est anarchiste et anti-républicain, la preuve est désormais définitivement faite. C’est dans ce sens que nous n’avons eu de cesse de tirer la sonnette d’alarme, jusqu’à une chronique du 15 février 2023 dans laquelle nous enjoignions les autorités de l’Etat «d’arrêter Ousmane Sonko avant qu’il ne soit trop tard». En effet, «les bonnes raisons ne manquent véritablement pas pour empêcher Ousmane Sonko de tout se permettre.(…) Ses multiples appels à l’insurrection, suivis d’effets violents et sanglants, avec leur bilan macabre de personnes tuées, ou les appels à empêcher la tenue des élections législatives de 2022 devraient le mener en prison ; tout comme les outrages aux magistrats, les bravades, le discrédit des institutions publiques, les insultes et injures, mensonges et attaques contre des personnes investies de l’autorité de l’Etat (Justice, police, Armée, gendarmerie). Le parti Pastef finance ses activités politiques en violation flagrante de toutes les règles légales et démocratiques.
Tous ces faits sont des motifs légitimes qui enverraient tout autre citoyen dans les liens de la détention ! Dans quel pays au monde un citoyen peut-il menacer devant les caméras de télévision, de tuer le chef de l’Etat démocratiquement élu ou d’envoyer 200 mille manifestants pour le déloger du Palais et rester à dormir chez lui ? Dans quel pays au monde un homme politique donnerait-il l’ordre à son chauffeur de foncer sur un barrage de police et rentrer tranquillement chez lui ? (…) Qu’on se le tienne pour dit, à chaque pas que l’Etat reculera, Ousmane Sonko et ses affidés avanceront de trois pas pour piétiner allégrement l’Etat de Droit. (…)».
Ces lignes sont plus que jamais pertinentes au vu des conséquences du verdict judiciaire condamnant Ousmane Sonko. Macky Sall et son gouvernement sont rattrapés par leur attentisme ou stratégie de pourrissement. Ils ne peuvent plus reculer d’un demi-pas. A force de différer la confrontation, ils finissent par être dos au mur. Si Ousmane Sonko reste impuni, il deviendra illégitime de continuer de s’en prendre à tout autre citoyen. La Justice a fait sa part du boulot, il appartiendra aux autres institutions de s’acquitter de la leur. Aucun faux-fuyant ou alibi ne saurait plus prospérer.
Les oeuvres du tandem Sonko-Tine
De toute façon, avec Ousmane Sonko, on doit savoir à quoi s’en tenir. Il n’a jamais caché son jeu ou n’a point cherché à avancer masqué. Il ne fait pas mystère de sa volonté de déloger Macky Sall du pouvoir par la violence et la force, et on peut bien croire que rien ne le détournera de cet objectif. Il le mettra en œuvre, à la limite de ses possibilités. Aussi se plaît-il à compter le maximum de morts et de dégâts. Il a clairement laissé entendre qu’il y aura de nombreux morts et dans un cynisme sidérant, il dit à ses sbires que «si vous mourez, vos mamans enfanteront à nouveau» ou que «pour (l)’arrêter, Macky Sall devra se salir les mains» (de sang). On ne peut pas être plus clair dans des intentions de semer le chaos et de mettre le pays sens dessus dessous. C’est dans cet esprit qu’on peut relever que la plupart des morts décomptés ne peuvent être des victimes des Forces de défense et de sécurité qui ont déjà payé un trop lourd tribut. Des manifestants sont armés et ont été aperçus en train d’ouvrir le feu. Combien de fois avons-nous alerté sur l’engagement de maquisards de tous acabits aux côtés de Ousmane Sonko ? Si on voulait éviter de ramasser des corps, on n’y aura malheureusement pas réussi. La stratégie de chercher à installer le chaos est en œuvre. Il cherche à déclencher une guerre civile et on doit entendre les évocations, allusions audibles et répétées de Alioune Tine depuis le 23 janvier 2023. Il avait aussi brandi le spectre de la Cour pénale internationale contre Macky Sall. Serait-il anodin que cette rhétorique soit amplifiée après que Ousmane Sonko a taillé bavette avec Salif Sadio quelques jours auparavant (5-6 janvier 2023)? Mieux, c’est après son déjeuner, autour d’un bol de «ceebu yap», bien médiatisé, avec Alioune Tine que Ousmane Sonko a osé, à partir du terrain de l’Acapes aux Parcelles Assainies de Dakar, entonner cette rhétorique de menace de guerre civile.
Au demeurant, une dizaine de morts de trop ont été dénombrés la semaine dernière et le décompte macabre ne semble pas terminé. Force est de dire que le bilan est déjà trop lourd et tout porte à croire qu’il le sera davantage, et pour cause ! Les autorités de l’Etat se sont laissé déborder et ne semblent pas avoir bien pris la mesure de la situation. En mars 2021, l’Etat pouvait avoir l’excuse d’avoir été pris par surprise, ou d’avoir plus ou moins sous-estimé le danger et les menaces et velléités de violences. Le temps laissé à Ousmane Sonko, suite à des atermoiements entre la plainte de Adji Sarr et sa comparution effective devant les enquêteurs, lui avait permis de se préparer et d’élaborer des stratégies et actions insurrectionnelles néfastes. Par la suite, le rapport de forces a pu être inversé et la vigilance a été de rigueur. Ainsi, plus d’une fois, Ousmane Sonko a été interpellé et conduit, sans coup férir, par les Forces de sécurité jusqu’à la destination de leur choix. Toutes les dispositions avaient fini par être prises pour que la quiétude soit revenue dans la ville les jours de comparution en Justice du leader du parti Pastef. L’erreur fatale aura été de lâcher du lest quand il a annoncé qu’il ne comparaîtra pas à son jugement. Avec une certaine désinvolture qui frise la naïveté, les autorités de l’Etat avaient en quelque sorte trouvé la chose commode, croyant qu’il n’y aurait plus de confrontation dès l’instant que la personne refuse de se présenter devant ses juges. Dans ce petit calcul, qu’on n’hésiterait pas trop à qualifier de lâche et qui a pu inciter à ne pas délivrer une ordonnance de prise de corps, on s’imaginait qu’une condamnation devenue une fatalité passerait comme lettre à la poste. C’était franchement avoir une courte vue car qui pouvait croire que Ousmane Sonko allait se laisser conduire comme un agneau à l’autel du sacrifice ? Ainsi, retiré en Casamance, il a pris le temps d’organiser ce qu’il a lui-même appelé le «Tchoki final» (Ndlr : ultime combat). Tout le ban et l’arrière-ban de ses affidés, jusqu’aux rebelles indépendantistes et autres forces obscures, ont été appelés en renforts. Des informations sur cette mobilisation ont été partagées à travers les réseaux sociaux avec des centaines de «combattants» qui avaient pris d’assaut, avec armes et bagages, les bateaux pour rallier Dakar, lieu clairement indiqué par leur chef de guerre comme le théâtre du combat final. Des mesures avaient-elles été prises pour empêcher ou endiguer cet afflux de jeunes vers Dakar, qui achetaient au vu et au su de tout le monde des armes blanches ? A-t-on contrôlé les passagers des bateaux qui ont fait la navette entre Ziguinchor et Dakar les derniers jours, pour s’assurer que des armes à feu n’avaient pas été transportées ? L’agenda du procès a été fixé par l’Etat, et donc les autorités avaient toute la latitude de se coordonner pour ne pas donner l’impression d’avoir été surprises par les effets induits. La coupe est plus que pleine et les dégâts matériels et humains s’amoncellent, même si on peut toujours se consoler qu’aucune cible névralgique ou stratégique de l’Etat n’ait pu être atteinte et que les troubles sporadiques sont principalement le fait de badauds et d’autres nervis payés et encouragés ou d’opportunistes pilleurs qui se servent allègrement. Est-ce une stratégie ou une tactique policière dite de «l’encerclement», qui consisterait en quelque sorte à chercher à épuiser les manifestants, à en arrêter le maximum ainsi que leurs meneurs, afin d’isoler davantage Ousmane Sonko avant d’aller le chercher ?