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7 septembre 2025
Par Cherif Salif SY
LES CHAÎNES INVISIBLES DE L'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Depuis l'achèvement officiel des Programmes d'Ajustement Structurel à la fin des années 2000, les pays africains continuent de faire face à des conditions financières rigoureuses imposées par les institutions multilatérales telles que Fmi et la Bm
Le rôle des ministères de l'Économie en Afrique face aux contraintes financières internationales : l'exemple du Sénégal
Depuis l'achèvement officiel des Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) à la fin des années 2000, les pays africains continuent de faire face à des conditions financières rigoureuses imposées par les institutions multilatérales telles que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale. Ces règles, intégrées dans les prêts actuels, encadrent les politiques budgétaires et limitent la marge de manœuvre des États.
Le Sénégal, fréquemment mentionné pour ses accomplissements en matière de santé, d'infrastructures et de politiques sociales, illustre ce paradoxe : un pays simultanément contraint par des indicateurs macroéconomiques rigides et capable de mettre en œuvre des projets ambitieux. Cette tension souligne le rôle crucial des ministères de l'Économie, souvent relégués au second plan par les ministères du Budget, mais dont l'action stratégique s'avère déterminante pour harmoniser les perspectives à court et à long terme.
Un legs durable : des politiques d'ajustement structurel (pas) aux conditions économiques actuelles
Au cours des années 1980, les PAS ont imposé aux États africains des réformes libérales en échange de prêts d'urgence. Ces politiques se sont traduites par une réduction des dépenses publiques, des privatisations et des dévaluations monétaires. Bien que ces programmes aient officiellement pris fin, leurs logiques perdurent. Les prêts actuels du Fonds monétaire international (FMI), à l'instar de l'accord de 48 mois signé par le Sénégal en 2021 (d'un montant de 1,5 milliard de dollars), sont soumis à des critères stricts. Ces critères comprennent le plafonnement du déficit budgétaire à 3 % du produit intérieur brut (PIB), la préservation de la dette publique en dessous de 70 % du PIB, et l'instauration de réformes structurelles telles que la modernisation de l'administration et la lutte contre la corruption. Ces exigences renforcent le rôle central des ministères du Budget, qui ont la charge de surveiller ces indicateurs, tandis que les ministères de l'Économie éprouvent des difficultés à mettre en œuvre des stratégies à long terme.
Cette dépendance financière se traduit par une gouvernance économique duale. D'une part, les impératifs de court terme, à savoir l'équilibre budgétaire, la prévention du défaut de paiement et la satisfaction des créanciers, prévalent dans l'ordre du jour. Par ailleurs, les objectifs à long terme, tels que l'industrialisation, la transformation structurelle et la réduction des inégalités, sont souvent négligés. Dans ce contexte, le Ministère du Budget joue un rôle crucial en tant qu'interlocuteur principal des institutions internationales. Il est chargé de négocier les prêts, de surveiller les indicateurs macroéconomiques et d'appliquer les réformes exigées. Son rôle à la fois technique et opérationnel le rend indispensable, mais il incarne également une vision réductrice de l'économie, centrée sur la gestion comptable de la contrainte budgétaire plutôt que sur la prospective
Cette démarche met en lumière deux approches distinctes pour aborder la gestion financière, notamment dans un contexte où les ressources sont limitées.
• La gestion comptable de la contrainte budgétaire se concentre sur le respect strict des règles budgétaires et comptables à court terme, en veillant à ce que les dépenses ne dépassent pas les recettes disponibles. Elle implique une attention particulière aux obligations légales et réglementaires ainsi qu'aux contrôles externes visant à garantir la conformité. Cela peut inclure des ajustements immédiats, comme la réduction des dépenses ou l'optimisation des ressources existantes, afin de répondre aux exigences budgétaires actuelles.
• La prospective financière à l'inverse, adopte une vision plus stratégique et à long terme. Elle consiste à anticiper les tendances futures, à évaluer la soutenabilité des plans financiers et à aligner les prévisions budgétaires sur des objectifs à moyen ou long terme. Elle permet de mieux adapter les politiques publiques ou les stratégies organisationnelles aux défis futurs, tout en facilitant la transparence et la comparabilité des performances attendues.
En somme, privilégier la "gestion comptable" revient à se focaliser sur les aspects immédiats et techniques du budget (comme le respect des plafonds d'endettement ou des règles comptables), tandis que la "prospective" encourage une planification stratégique qui anticipe les impacts financiers à venir. Une organisation pourrait choisir l'une ou l'autre approche selon son contexte : par exemple, en période de forte contrainte budgétaire, elle pourrait prioritairement gérer les aspects comptables pour éviter des dérives immédiates, au détriment d'une vision plus large et durable.
Le Sénégal constitue un exemple paradigmatique de pragmatisme politique en contexte de contraintes externes. Sous les gouvernements successifs d'Abdoulaye Wade (2000-2012) et de Macky Sall (2012-2024), le pays a démontré sa capacité à maintenir une certaine autonomie, malgré les pressions internationales. Les gouvernements successifs ont déployé une série de stratégies pour harmoniser les attentes des bailleurs de fonds et les priorités nationales.
En 2020, dans le contexte de la crise du nouveau coronavirus, le gouvernement sénégalais a négocié avec le Fonds monétaire international (FMI) l'inclusion d'une clause de « protection sociale » dans son accord de prêt, qui a permis la mise en place de transferts monétaires d'urgence pour répondre aux besoins des populations affectées par la pandémie. Selon les données communiquées par la Direction générale de la Protection sociale, un montant de 120 milliards de FCFA a été alloué à un million de ménages vulnérables. Cette mesure, bien que temporaire, a permis de limiter l'impact social de la pandémie. Par ailleurs, la suppression des subventions aux carburants en 2012, exigée par le Fonds monétaire international (FMI) dans le cadre d'un accord de facilité élargie de crédit, a été compensée par des investissements dans le secteur de l'éducation. Le gouvernement a mené des politiques publiques visant à accroître le nombre de salles de classe et à augmenter le taux de scolarisation primaire. En effet, selon l'Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), le taux de scolarisation primaire est passé de 69 % en 2000 à 88 % en 2023, marquant ainsi une progression significative dans l'accès à l'éducation primaire.
Parallèlement, le Sénégal a mobilisé des ressources alternatives pour financer ses projets. Les transferts de la diaspora, qui représentent environ 10 % du PIB (soit 2,3 milliards de dollars en 2022), ont joué un rôle déterminant dans le financement de microprojets sociaux et d'infrastructures locales. Les prêts octroyés par la Chine, notamment le financement de 1,2 milliard de dollars pour le projet de Train Express Régional (TER), ont contribué au contournement des conditionnalités imposées par les instances financières internationales. Cependant, ces emprunts ont contribué à l'augmentation de la dette publique, qui est passée de 48 % du PIB en 2012 à 76 % en 2023, selon les données du Fonds monétaire international (FMI). Les revenus miniers, comme l'exploitation du zircon dans la région de Diogo ou les perspectives économiques liées au projet de gaz offshore Grand Tortue Ahmeyim, ont également été utilisés comme collatéraux pour obtenir des prêts sur les marchés internationaux.
Le Plan Sénégal Émergent (PSE), initié en 2014, a dirigé 40 % des investissements publics vers le développement des infrastructures et de l'énergie. Parmi les réalisations notables, on peut citer l'autoroute Dakar-Touba, l'aéroport Blaise Diagne et la centrale solaire de Bokhol. Selon la Banque mondiale, ces initiatives ont favorisé une croissance annuelle moyenne de 5 à 6 % entre 2014 et 2019. Cependant, leur coût élevé (le TER par exemple représente à lui seul 15 % de la dette extérieure du pays) soulève des questions quant à leur rentabilité à long terme.
Réalisations sociales et limites structurelles
L'amélioration de la situation sociale a été observée à travers plusieurs indicateurs. Cette progression est attribuable à la mise en œuvre de politiques publiques ciblées et à la création de partenariats innovants entre les acteurs du secteur public et du secteur privé. Dans le domaine de la santé, l'instauration de la gratuité des césariennes en 2014 a induit une baisse significative de la mortalité maternelle, avec une réduction de 35 % entre 2010 et 2020, selon les données de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Dans le domaine de l'éducation, les « bourses de sécurité familiale », qui sont financées par des taxes sur les télécommunications, ont contribué à l'augmentation du taux de scolarisation primaire. En matière d'infrastructures, les données de la Banque mondiale révèlent une augmentation significative de l'accès à l'électricité au Sénégal. Ainsi, le pourcentage de la population bénéficiant de cette commodité a plus que doublé, passant de 50 % en 2012 à 70 % en 2023.
Ces progrès ne sauraient occulter des incohérences fondamentales. La dette publique, qui s'élevait à 45 % des recettes fiscales en 2023, constitue un obstacle majeur à la réalisation d'investissements productifs. Il est à noter que les frais liés au service de la dette ont désormais dépassé les dépenses totales en matière de santé et d'éducation. Par ailleurs, le modèle de croissance adopté par le Sénégal reste de nature extravertie. L'industrie ne représente qu'environ 10 % du PIB, et les exportations du pays sont largement tributaires de produits bruts tels que le poisson, l'arachide et l'or. En outre, il est important de souligner que les disparités géographiques persistent. Selon un rapport de l'ANSD, 80 % des infrastructures sanitaires de qualité sont concentrées dans la région de Dakar, tandis que des régions comme Tambacounda et Kédougou sont en situation de marginalisation.
Dans le contexte actuel, marqué par une urgence stratégique, vécu de la même manière pour la plupart des pays africains encore sous ajustement, les ministères de l'Économie se trouvent face à un défi de taille. Pour remédier à cette impasse, il s'avère impératif qu'ils procèdent à une réflexion approfondie sur leur rôle et qu'ils s'inspirent des exemples de succès observés dans d'autres pays du continent. Au Rwanda, par exemple, le ministère de l'Économie a mis en œuvre une stratégie techno-industrielle fondée sur des données locales, qui a permis d'attirer des investissements dans les technologies de l'information et de la communication (TIC). Selon les données de la Banque africaine de développement, le secteur des services y représentait 7 % du PIB en 2023. Au Maroc, le Plan Vert a induit une modernisation de l'agriculture tout en respectant les critères du Fonds monétaire international (FMI), faisant ainsi de ce secteur un pilier de croissance (14 % du produit intérieur brut) grâce à l'irrigation et à la transformation agroalimentaire.
Le Sénégal pourrait s'inspirer de ces modèles pour valoriser ses ressources locales. À titre d'illustration, le projet de parc industriel de Diogo a pour objectif de valoriser localement le zircon, un minerai stratégique utilisé dans les technologies de pointe, plutôt que de l'exporter sous sa forme brute. Si cette initiative est menée à bien, elle pourrait générer des emplois qualifiés et des revenus fiscaux supplémentaires. Par ailleurs, l'exploitation du gaz offshore dans le cadre du projet Grand Tortue Ahmeyim devrait être orientée vers le développement d'une filière énergétique locale, incluant la production d'électricité et d'engrais, plutôt que vers l'exportation.
Par ailleurs, il s'avère également crucial de renforcer l'expertise locale. La création d'organismes techniques autonomes, à l'instar de l'Observatoire des politiques économiques du Sénégal (OPES), est un vecteur potentiel de production de diagnostics indépendants des acteurs financiers internationaux. En outre, la formation de négociateurs spécialisés en droit financier international s'avère fondamentale pour décrypter les clauses opaques des prêts, telles que les taux variables ou les garanties souveraines, qui alourdissent souvent le fardeau de la dette.
Vers une souveraineté collective africaine
Dans le contexte contemporain, l'avenir des ministères de l'Économie sur le continent africain est étroitement lié à leur aptitude à s'intégrer et à contribuer activement aux dynamiques régionales en place. La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), mise en œuvre en 2021, constitue une opportunité. Selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), à condition d'être assortie de politiques industrielles coordonnées, cette dynamique pourrait générer 450 milliards de dollars de PIB supplémentaire d'ici 2035. À titre d'illustration, une spécialisation régionale, à l'instar de celle du Sénégal dans le secteur pharmaceutique ou de la Côte d'Ivoire dans l'agroalimentaire, permettrait d'éviter une concurrence destructrice entre les pays..
La création d'un Fonds monétaire africain, préconisée par l'Union africaine en 2014, pourrait contribuer à réduire la dépendance au Fonds monétaire international (FMI). Ce fonds, alimenté par les réserves de change des États membres, pourrait avoir un double usage : d'une part, il permettrait de financer des projets d'envergure, et d'autre part, il ferait office de filet de sécurité en cas de chocs économiques. À titre d'illustration, le Botswana, grâce à son Pula Fund qui s'élevait à 4 milliards de dollars en 2023, démontre comment les revenus miniers peuvent être alloués à des investissements dans l'éducation et les infrastructures.
Comme nous le voyons, le Sénégal, à l'instar de ses voisins, démontre l'existence de marges de manœuvre dans le cadre d'un ajustement structurel. Les réalisations en matière de santé, d'éducation et d'infrastructures démontrent qu'une autonomie relative est possible, même dans un cadre contraint. Cependant, la transformation de ces exceptions en norme requiert une rupture significative.
Le ministère de l'Économie et de la coopération doit, dans un contexte de développement durable, ancrer ses politiques dans des priorités endogènes, à savoir la souveraineté alimentaire, l'industrialisation et la justice climatique. Il s'avère également nécessaire de repenser les relations avec les bailleurs, en mettant l'accent sur la création de partenariats équitables et en favorisant la mutualisation des ressources régionales. L'instauration d'une démocratie économique participative, impliquant les syndicats, les OSC et les universités, s'avère indispensable pour légitimer les choix stratégiques. De la sorte, le ministère de l'Économie et de la coopération peut symboliser l'aspiration d'un Sénégal autonome, sous réserve que les responsables politiques leur allouent les ressources nécessaires et que les citoyens revendiquent un progrès favorisant l'intérêt collectif.
Sources principales :
• Banque mondiale, Sénégal : Rapport sur la dette et la croissance, 2023.
• FMI, Accords de facilité élargie de crédit avec le Sénégal, 2021-2025.
• ANSD (Agence nationale de la statistique et de la démographie du Sénégal), Enquêtes sur les indicateurs sociaux, 2023.
• CNUCED, Rapport sur la Zone de libre-échange continentale africaine, 2023.
• OMS, Données sur la mortalité maternelle au Sénégal, 2020.
• Banque africaine de développement, Stratégie techno-industrielle du Rwanda, 2023.
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REVUE DE LA PRESSE SENEGALAISE DE CE MARDI 13 MAI 2025
Des joutes politiques autour du dialogue national aux révélations judiciaires fracassantes, en passant par les ambitions numériques de Dakar et la déception des Lionceaux au Mondial U20, la presse nationale brosse le portrait d’un pays en effervescence
(SenePlus) Ce mardi, les unes des journaux sénégalais offrent un panorama dense et contrasté de l’actualité nationale. Des joutes politiques autour du dialogue national aux révélations judiciaires fracassantes, en passant par les ambitions numériques de Dakar et la déception des Lionceaux au Mondial U20, la presse nationale brosse le portrait d’un pays en pleine effervescence.
DIALOGUE NATIONAL : ENTRE ENGAGEMENT ET BOYCOTT
Le dialogue national reste l’un des sujets les plus scrutés par la presse. Alors que les concertations politiques se poursuivent, des divergences de fond apparaissent.
Direct News s'en fait l’écho en titrant : "Refuser de participer à ce dialogue est une posture réactionnaire et de mauvais perdants…", reflétant ainsi les critiques adressées aux partis qui s’y opposent.
Point Actu s’intéresse à l’attitude de la coalition présidentielle : "L’APR, esseulée dans sa volonté de boycotter le dialogue national", soulignant l’isolement politique du parti de l’ancien président Macky Sall dans cette démarche.
WalfQuotidien donne la parole à l’ancien porte-parole du PS : "Wilane sans détour", une interview dans laquelle ce dernier aborde la reddition des comptes, l’avenir du parti socialiste, et les enjeux démocratiques du moment.
JUSTICE : REVELATIONS EXPLOSIVES ET SCANDALES A REPETITION
La justice sénégalaise est une fois encore au cœur de l’actualité, secouée par plusieurs affaires aux ramifications inquiétantes.
L’Évidence revient sur une affaire tentaculaire : "Les dessous d’un scandale aux 10,5 milliards FCFA et ses dangereuses ramifications". Le journal évoque des fraudes complexes impliquant plusieurs personnalités influentes.
Libération révèle quant à lui une imposture judiciaire spectaculaire : "‘Président Fall’, l’incroyable chute d’un faux juge". L’enquête dévoile comment un individu s’est fait passer pendant plusieurs années pour un haut magistrat.
Source A attire l’attention sur l’état de santé du président Diomaye Faye : "Plaidoyer autour de sa santé", un article qui relance le débat sur la transparence médicale des autorités publiques.
Sur le plan institutionnel, Le Témoin rapporte les propos du professeur Cheikh Dieng, qui appelle à une réforme : "Une réforme préalable de la Haute Cour de Justice est impérative".
GOUVERNANCE, SOCIETE ET INDEMNITES CONTROVERSEES
L’Observateur braque ses projecteurs sur un autre dossier brûlant : les indemnisations. Dans son titre-choc "La bombe des indemnisations", le journal révèle que l’État a versé plus de 52 milliards de francs CFA à des tiers dans le cadre de litiges fonciers et domaniaux, posant la question de la légitimité et de la transparence de ces compensations.
De son côté, Les Échos alarme sur un secteur fondamental : "Énormes scandales dans les écoles". Une série d’affaires impliquant de graves négligences, fraudes et détournements secoue l’éducation nationale.
AMBITIONS NUMERIQUES ET REALITES SOCIALES
Le Soleil consacre sa une à un sujet d’avenir avec : "Dakar expose ses ambitions numériques". Le journal met en avant les projets du gouvernement sénégalais visant à faire de la capitale un hub digital de référence en Afrique de l’Ouest.
À l’opposé, Le Quotidien revient sur un climat social pesant, évoquant "Un mois d’omerta", en référence à une société civile muselée face aux révélations de corruption et d’injustice.
CULTURE ET SOCIETE : ENTRE FLOU ET DECLIN
La culture n’est pas en reste dans cette revue. EnQuête signe un papier de fond intitulé "Le flou artistique", une critique acerbe sur la désorganisation de la politique culturelle nationale.
Plus personnel, Yoor-Yoor dresse le portrait d’un chanteur en déclin : "Wally Seck : chronique d’une déchéance annoncée", évoquant les polémiques, la chute de popularité et les erreurs stratégiques de l’artiste.
SPORT : FIN DE PARCOURS POUR LES LIONCEAUX ET MONTEE EN PUISSANCE DE SADIO MANE
Le football tient toujours une place centrale dans les journaux sénégalais.
Record se réjouit de la performance de la star nationale : "Sadio Mané se déchaîne", après un match éclatant en club.
En revanche, Point Actu Sport, Sunu Lamb Sport et Réumi Sport reviennent sur la défaite cruelle de l’équipe U20 face au Nigeria : "Le Sénégal dit adieu au Mondial".
Réumi Sport se montre particulièrement amer : "Éliminés en quarts, les Lionceaux ratent le mondial".
FAITS DIVERS ET JUSTICE POPULAIRE
Enfin, Le Populaire révèle une arrestation surprenante : "Azoura et Kairé 220N en garde à vue", dans une affaire dont les contours restent flous mais qui secoue le milieu associatif.
L'avocat Bamba Cissé s'insurge contre cette procédure qu'il juge déloyale, rappelant les graves séquelles physiques et psychologiques que son client conserve de sa précédente incarcération sous le régime de ceux qui l'accusent désormais d'injures
L'activiste Azoura vient d'être placé en garde à vue suite à des propos tenus contre l'ancien président Macky Sall, a annoncé son avocat, Me Bamba Cissé, lors d'une conférence de presse ce lundi soir.
Selon Me Cissé, son client est poursuivi pour "diffusion de discours contraires aux bonnes mœurs", une qualification juridique qui soulève des questions. L'avocat dénonce un changement de qualification en cours d'enquête, les autorités ayant initialement visé des "faits d'injure publique" avant de se rendre compte que cette infraction nécessitait une plainte de la partie lésée.
"L'infraction pour laquelle il a été poursuivi aujourd'hui est une simple infraction de substitution, ce qui accroît davantage l'injustice que vit Azoura", a déclaré Me Cissé, ajoutant que son client n'a pas lui-même publié les vidéos incriminées.
Ce placement en garde à vue prend une tournure particulière au regard du passé d'Azoura. Ce dernier avait déjà été détenu pendant environ 14 mois sous le régime de Macky Sall dans des conditions que son avocat qualifie d'inhumaines. "Il était avec près de 199 détenus dans une chambre de quelques mètres carrés. Pendant six mois, il ne pouvait pas dormir, il restait debout", a expliqué Me Cissé.
Cette incarcération aurait provoqué chez Azoura de graves problèmes de santé, notamment pulmonaires, ainsi que des séquelles psychologiques et psychiatriques durables. À sa sortie de prison, il a dû se déplacer avec des béquilles pendant une longue période.
"De plus en plus, on est en train de nous interroger sur les conséquences d'un acte sans parler des causes", a regretté Me Cissé, rappelant qu'Azoura "a été victime d'un système violent qui a régné au Sénégal" et que sa situation actuelle relève d'une "ironie du sort" pour un "révolutionnaire qui s'est battu pour faire échec à la tyrannie".
L'activiste sera présenté au procureur de la République ce mardi. Trois scénarios sont envisageables selon son conseil : un classement sans suite, l'ouverture d'une instruction judiciaire, ou une procédure de flagrant délit. Me Cissé et le collectif d'avocats qui l'accompagne estiment que toutes ces procédures sont "inopportunes" compte tenu du contexte.
Azoura aurait également déposé des plaintes contre la personne qu'il estime responsable de la publication des vidéos controversées.
PAR SOUKEYNA LY
ISLAM ET L’HÉRITAGE SOUFI FACE AUX DÉFIS DU XXIᵉ SIÈCLE
Dans la tradition soufie, le processus de purification de l’âme, comparé à l’alchimie, illustre comment une âme brute, alourdie par ses passions et son ignorance, peut être sublimée pour briller comme de l’or pur sous l’effet de l’éducation spirituelle.
1. Le soufisme, une voie de purification et de transformation intérieure
Dans la tradition soufie, le processus de purification de l’âme, comparé à l’alchimie, illustre comment une âme brute, alourdie par ses passions et son ignorance, peut être sublimée pour briller comme de l’or pur sous l’effet de l’éducation spirituelle et de la guidance d’un maître. Le soufisme enseigne que l’homme doit se purifier de ses mauvaises inclinations et se rapprocher de Dieu par un travail intérieur constant. Ce cheminement spirituel a pour finalité ultime de purifier le cœur de l’homme, de l’orienter vers Dieu, et de faire de lui un être de paix, d’amour et de lumière.
Aujourd’hui, face à des défis mondiaux comme la crise écologique, le sentiment d’isolement, l’individualisme et la quête de sens, cette purification de l’âme devient plus pertinente que jamais. Dans un monde où la nature est menacée et où l’individualisme domine, le soufisme offre une réponse fondée sur l’harmonie intérieure et l’engagement envers la justice sociale et la réconciliation avec l’environnement. Le travail spirituel n’est pas une fuite du monde, mais un retour à soi pour mieux agir dans la société, en transformant les réalités sociales, politiques et écologiques par l’éthique, la solidarité et l’amour. Le soufisme invite l’individu à prendre conscience de ses responsabilités envers la nature et à remettre en question des pratiques destructrices pour l’environnement.
Cette quête spirituelle ne se limite pas à un voyage intérieur. Elle incite le soufi à participer activement à la construction d’une société juste, équitable et spirituellement saine, en réponse aux défis du XXIe siècle. Le soufisme devient ainsi une voie d’action sociale et de transformation collective, notamment en réconciliant la dimension spirituelle avec les réalités sociales, économiques et écologiques. Dans un contexte où les crises écologiques menacent la planète et où l’individualisme envahit les relations humaines, le soufisme appelle à un engagement collectif pour une société plus responsable et plus solidaire.
2. Le Prophète Muhammad (paix et salut sur lui) et la construction de la société
Le Prophète Muhammad (paix et salut sur lui) a toujours valorisé la structure communautaire en établissant la Ummah, une communauté soudée autour de principes éthiques, d’entraide et de solidarité.
Le verset du coran dit : « Et cramponnez-vous tous ensemble au (câble) d’Allah et ne soyez pas divisés; et rappelez-vous le bienfait d’Allah sur vous: lorsque vous étiez ennemis, c’est Lui qui réconcilia vos cœurs. Puis, par Son bienfait, vous êtes devenus frères. Et alors que vous étiez au bord d’un abîme de Feu, c’est Lui qui vous en a sauvés. Ainsi Allah vous montre Ses signes afin que vous soyez bien guidés. »
Dans ce cadre, il a mis en place des structures qui alliaient spiritualité et justice sociale. Le Prophète n’a jamais fait de distinction entre la vie spirituelle et les affaires sociales. Au contraire, il a encouragé la participation active de ses compagnons dans les affaires politiques et économiques de leur temps, en les orientant vers une société basée sur l’éthique, l’équité et la solidarité.
Le Coran l’illustre parfaitement par ces paroles : « Et recherche à travers ce qu’Allah t’a donné, la Demeure dernière. Et n’oublie pas ta part en cette vie. Et sois bienfaisant comme Allah a été bienfaisant envers toi. Et ne recherche pas la corruption sur Terre. Car Allah n’aime point les corrupteurs. » (Sourate al-Qasas, 77)
Cela démontre l’équilibre entre la quête spirituelle et l’engagement dans les affaires sociales. Cette vision prophétique reste d’actualité aujourd’hui, où le monde fait face à une crise de sens, une perte de solidarité et des défis environnementaux majeurs. Les enseignements du Prophète et du soufisme montrent que l’engagement dans la vie sociale, politique et économique est non seulement possible mais nécessaire pour parvenir à une société juste et équilibrée.
Aujourd’hui, dans un contexte marqué par les crises économiques, les inégalités sociales et les urgences écologiques, ces principes restent fondamentaux. Le message du Prophète paix et salut sur lui et des grands maîtres soufis nous invite à réfléchir à l’impact de nos actions sur notre société et notre planète, et à réorienter nos priorités vers un modèle plus équilibré et plus respectueux des autres et de la nature.
3. L’Islam : une voie de justice et de réconciliation
Le message central de l’Islam repose sur des valeurs universelles : la justice, l’égalité, la paix et la solidarité. Ces principes trouvent leur source dans l’exemple du Prophète Muhammad (paix et salut sur lui), qui a établi une communauté fondée sur la fraternité, l’équité et la solidarité active. Il a toujours prôné une foi vivante, enracinée dans la justice sociale et le bien commun, où spiritualité et engagement sociétal ne font qu’un.
Cette vision de l’Islam trouve un écho particulier dans le contexte sénégalais et ouest-africain. Si les confréries soufies ont joué un rôle fondamental, il est essentiel de rappeler que l’Islam, dans toutes ses formes, appelle à la responsabilité sociale, à la dignité humaine et à l’amélioration des conditions de vie, en particulier pour les plus vulnérables.
Des figures telles qu’El Hadj Malick Sy, artisan de l’unité nationale, ou Cheikh Ahmadou Bamba, chantre d’un Islam de paix, de travail et de réforme sociale, ont porté cette vision vivante de la foi. Ils nous rappellent que pour honorer véritablement sa foi, il ne suffit pas de prier : il faut aussi agir avec justice et bienveillance dans la société
4. Le soufisme et son rôle dans la société
Pour beaucoup d’observateurs, le soufisme et les préoccupations mondaines semblent contradictoires. On reproche souvent aux maîtres soufis d’être des personnes qui ne s’occupent pas des affaires de la cité. Les préoccupations matérielles, politiques ou économiques sembleraient incompatibles avec l’ascèse et le dépouillement spirituel. Cependant, l’histoire et les pratiques des grandes figures soufies, telles que El hadj Omar Tall, El Hadj Malick Sy, Cheikh Ahmadou Bamba, et Cheikh Ibrahim Niasse, démontrent que cette vision est réductrice.
Ils ont proposé un modèle d’organisation sociétale fondé sur l’éthique, la justice sociale et la réconciliation de l’homme avec son environnement, dans un contexte de domination coloniale française. Ils ont su allier engagement spirituel et action sociale, soulignant que la spiritualité ne doit pas être une fuite du monde mais un levier pour transformer le monde vers plus de justice et d’équité. Ces modèles montrent comment l’héritage soufi peut répondre aux défis contemporains en réintégrant des valeurs comme la solidarité, la réconciliation avec la nature et l’aspiration à une société plus équilibrée.
Conclusion
En somme, l’héritage soufi, loin de se limiter à une quête spirituelle isolée, offre une vision complète de la réconciliation de l’homme avec le divin, la société et la nature. Face aux défis du XXIe siècle, notamment la crise écologique, l’individualisme et la quête de sens, le soufisme nous appelle à une transformation intérieure qui se manifeste par un engagement concret dans le monde. Par l’exemple, l’éthique et l’amour, le soufi œuvre à la construction d’une société juste, solidaire et respectueuse de la nature. Le chemin tracé par le Prophète Muhammad (paix et salut sur lui) et les grands maîtres soufis reste plus pertinent que jamais, offrant des solutions à des problèmes contemporains et nous invitant à bâtir un monde plus harmonieux et spirituellement équilibré.
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LE PARI NUMÉRIQUE DU SÉNÉGAL
Dans un entretien accordé à Jeune Afrique ce lundi, le président Faye dévoile un plan audacieux pour contrer la mainmise des géants technologiques chinois et américains, avec une promesse phare : une couverture 5G totale du pays d'ici 2030
Lors d'un entretien avec Jeune Afrique Media Groupe ce lundi, le président Bassirou Diomaye Faye a présenté sa vision stratégique pour la transformation numérique du continent africain, plaçant la souveraineté numérique au cœur des priorités continentales.
"La digitalisation est un rendez-vous que l'Afrique ne peut pas manquer", a déclaré le chef d'État, citant l'exemple éloquent de l'Estonie où la numérisation à 99% des services publics a généré une économie de deux points de PIB. Le président a fermement insisté sur la nécessité pour l'Afrique de dépasser le statut de "consommateur passif" pour devenir acteur de son avenir numérique.
Face à la domination du secteur technologique mondial par la Chine et les États-Unis, M. Faye prône une approche collaborative mais stratégique. "La collaboration s'entend, mais c'est une collaboration qui rééquilibre les rapports entre les pays, opère un transfert de savoir-faire et permet de localiser les données", a-t-il souligné. Cette stratégie vise à garantir que les pays africains conservent le contrôle de leurs centres de données tout en bénéficiant des technologies développées par les géants du numérique.
Pour concrétiser cette ambition de souveraineté numérique à l'échelle continentale, le président appelle à mobiliser toutes les "stratifications organisationnelles" africaines, de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) aux communautés économiques régionales comme la CEDEAO. Il insiste sur l'importance d'harmoniser les réglementations pour éviter que l'intégration régionale ne crée des "portes de vulnérabilité" pour la cybersécurité.
Au niveau national, le Sénégal déploie une stratégie ambitieuse avec l'extension du réseau de fibre optique et l'objectif d'une couverture intégrale en 5G d'ici 2030. "C'est pour permettre que les Sénégalais, où qu'ils soient, puissent disposer de services numériques sans contrainte de connexion", a expliqué le président. Le pays a également mis en place le "Start-up Act" pour accompagner l'écosystème numérique local, notamment en partenariat avec des entreprises comme Orange qui contribuent à la formation et au financement des jeunes entrepreneurs.
Interrogé sur la priorité absolue pour renforcer la souveraineté numérique africaine d'ici 2030, le président Faye a refusé de hiérarchiser les actions, identifiant plutôt trois piliers indissociables : "une connectivité à haut débit de qualité partout", "un cadre réglementaire incitatif qui protège les données", et "le développement de compétences numériques en masse" capables d'administrer les infrastructures au niveau local.
Cette vision intervient dans un contexte où l'Afrique subsaharienne francophone, dont le Sénégal, peine encore à développer un écosystème de start-ups aussi dynamique que celui de pays comme le Nigeria, l'Afrique du Sud, l'Égypte ou le Kenya en termes d'attraction de capitaux.
Par cette feuille de route ambitieuse, le président Faye entend positionner le Sénégal et, plus largement, l'Afrique comme des acteurs incontournables de la révolution numérique mondiale.
L'ULTIMATUM DES INSPECTEURS DU TRAVAIL
Face aux promesses non tenues concernant la signature de deux décrets cruciaux pour l'Administration du Travail, le syndicat brandit la menace d'actions radicales dans un communiqué daté du 12 mai
(SenePlus) - Dans un communiqué daté du 12 mai 2025, le Syndicat des Inspecteurs et Contrôleurs du Travail et de la Sécurité Sociale (SICTRASS) du Sénégal exprime sa profonde déception face aux retards dans la signature de deux projets de décret considérés comme essentiels pour le renforcement des moyens d'intervention des inspecteurs du travail.
Selon le SICTRASS, ces textes, qui sont "en souffrance dans le circuit administratif depuis plusieurs années", n'ont aucune incidence financière sur le budget de l'État. Le syndicat s'interroge donc sur les raisons de ce retard, d'autant plus que le président de la République avait pris "l'engagement ferme le 1er mai 2024, qu'il a réitéré le 1er mai 2025, de corriger la faiblesse criarde des moyens alloués à l'Administration du Travail".
Le syndicat rappelle que cette préoccupation avait également été partagée par le Premier ministre lors de sa Déclaration de politique générale, où il s'indignait contre "le traitement inique, vitrine d'une rupture d'égalité et d'équité" envers les Inspecteurs et Contrôleurs du Travail.
Le communiqué révèle que la dernière rencontre avec l'actuel ministre du Travail, Monsieur Abass Fall, avait conduit le SICTRASS à faire d'importantes concessions sur la base d'un contrat de confiance. En retour, les autorités leur avaient assuré la signature des textes avant le 1er mai 2025, promesse qui n'a pas été tenue.
Le syndicat souligne que ses membres se sont pleinement engagés pour la réussite de la Conférence sociale, des négociations ayant abouti à la signature du Pacte de stabilité sociale, et du déroulement de la fête du travail du 1er mai 2025.
Cette situation, selon le SICTRASS, a "détient sérieusement sur la motivation des agents" d'un département qui se vide de ses ressources humaines, alors même qu'il est chargé de missions cruciales comme:
La consolidation et l'extension du système de protection sociale
Le règlement des conflits entre employeurs et travailleurs
La promotion d'un climat social favorable à l'amélioration de la productivité
La prévention des accidents et maladies liés au travail
La sauvegarde des emplois dans les entreprises en difficulté
La lutte contre toute forme de discrimination en milieu de travail
Face à cette "attente infructueuse et plus que longue", le SICTRASS informe que si l'État ne respecte pas ses engagements, il se réserve "le droit de poser tout acte syndical radical" pour que ce "cycle d'injustice et d'iniquité" soit brisé et que l'État reconnaisse à l'Administration du Travail "la place qui lui revient naturellement et légitimement".
Le communiqué, signé par le Secrétaire Général du Bureau Exécutif National (BEN) du SICTRASS, conclut en avertissant que sans action, le slogan "Jub Jubal Jubbanti" (référence à la devise nationale qui signifie "Un Peuple - Un But - Une Foi") ne sera qu'une "vaine profession de foi mais jamais une réalité dans le monde professionnel".
LA SOCIÉTÉ CIVILE SOUMET À LA COUR AFRICAINE UNE PÉTITION SUR LA JUSTICE CLIMATIQUE
L'bjectif est de demander à la juridiction suprême des droits humains du continent de se prononcer sur les devoirs des États africains face aux impacts du changement climatique.
C’est un tournant pour la justice environnementale sur le continent. Le 2 mai dernier, une large coalition d’organisations issues de la société civile africaine a déposé une requête auprès de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples à Arusha, en Tanzanie. Objectif : demander à la juridiction suprême des droits humains du continent de se prononcer sur les devoirs des États africains face aux impacts du changement climatique.
La pétition, portée par la Plateforme africaine pour le climat (ACP), rassemble des acteurs comme Resilient40, Natural Justice, la Pan African Lawyers Union (PALU) ou encore l’Environmental Lawyers Collective for Africa. Elle s’appuie sur la Charte africaine des droits de l’homme, mais aussi sur d’autres instruments régionaux comme le Protocole de Maputo ou la Convention de Kampala, pour défendre une lecture des droits humains intégrant les enjeux climatiques.
« Les pauvres d’Afrique ne DOIVENT pas payer pour le mode de vie des plus gros émetteurs historiques », déclare Alfred Brownell, responsable de la campagne ACP, soulignant que l’Afrique, bien que peu responsable des émissions mondiales, est en première ligne face aux catastrophes climatiques.
Un cadre juridique pour des droits menacés
La pétition aborde plusieurs points cruciaux : le droit à la vie, à la santé, à un environnement sain, à l’eau et à l’alimentation ; la responsabilité des grandes entreprises polluantes ; la protection des populations vulnérables — notamment les femmes, les enfants, les peuples autochtones — ainsi que la nécessité d’une transition énergétique juste.
Pour June Cynthia Okelo, de la PALU, il s’agit d’un appel à la justice : « L’Afrique n’est pas un amortisseur pour les pollueurs. Le temps est venu pour nos tribunaux d’affirmer que les atteintes à l’environnement sont aussi une urgence en matière de droits humains. »
Les voix recueillies à Arusha lors du dépôt de la requête témoignent de la diversité et de la gravité des impacts. De l’Afrique du Nord à l’Afrique australe, en passant par l’Ouest et l’Est, les militants décrivent une réalité de plus en plus insoutenable.
En Afrique du Nord, Ahmad Abdallah, militant égyptien, évoque « une crise actuelle des droits humains, visible à travers la pénurie d’eau, les déplacements et l’instabilité économique ». Plus au sud, Lucien Limacher (Natural Justice, Afrique du Sud) décrit « la pire sécheresse depuis un siècle », qui compromet la sécurité alimentaire de millions de personnes.
En Afrique centrale, Dorcas Faida (RDC) pointe « une triple crise d’inondations, de sécheresse et de conflits », tandis qu’en Afrique de l’Ouest, Peter Quaqua (Liberia) alerte sur « l’effondrement des rendements agricoles » et ses conséquences économiques et sociales.
Les femmes et les jeunes sont parmi les plus exposés. Shahinaz Adel, militante égyptienne, rappelle que « les traditions renforcent la vulnérabilité des femmes face à la crise climatique », tandis que Inna Maria Shikongo, influenceuse et artiste namibienne, affirme : « Il est temps de faire face aux inégalités et aux injustices que les femmes et les jeunes subissent chaque jour sur le continent. »
Vers une jurisprudence climatique africaine
Cette saisine, la première du genre, pourrait ouvrir la voie à une jurisprudence continentale en matière de justice climatique. Pour les initiateurs, l'enjeu est clair : faire reconnaître que la crise écologique est aussi une crise des droits humains, et que les États ont l’obligation d’agir dans l’intérêt des générations présentes et futures.
« En défendant ces maximes fondamentales, nous cherchons à promouvoir un nouveau cadre juridique basé sur la responsabilité intergénérationnelle », conclut Alfred Brownell.
SADIO MANÉ S’OFFRE UN QUADRUPLÉ HISTORIQUE EN SAOUDIE
L’attaquant sénégalais a inscrit les quatre premiers buts de sa carrière en un seul match avec Al-Nassr, écrasant Al-Okhdood 9-0 lors de la 31e journée du championnat saoudien. En l’absence de Cristiano Ronaldo, Mané a brillé en leader offensif.
L’attaquant sénégalais d’Al-Nassr a inscrit le tout premier quadruplé de sa carrière professionnelle lors de la démonstration de force de son équipe face à Al-Okhdood (9-0), dans le cadre de la 31e journée de la Saudi Pro League.
Déjà en contrôle avant la pause, Al-Nassr a profité de l’expulsion du gardien adverse à la 47e minute pour dérouler en seconde période. Réduits à dix, les joueurs d’Al-Okhdood n’ont rien pu faire face à l’attaque saoudienne, portée par un Sadio Mané en grande forme.
Privé de Cristiano Ronaldo, absent pour cette rencontre, Al-Nassr a pu compter sur son autre star offensive. Positionné en pointe, Mané a parfaitement assumé ses responsabilités en multipliant les appels et en se montrant chirurgical devant le but.
Avec ce large succès, Al-Nassr reste solidement installé à la troisième place du championnat avec 63 points, derrière Al-Ittihad et Al-Hilal, en tête du classement.
Les chiffres de Sadio Mané cette saison (toutes compétitions confondues) : 44 matchs disputés, 17 buts inscrits et 11 passes décisives
À quelques semaines de la fin de saison, cette performance retentissante marque un tournant pour l’ancien joueur de Liverpool et du Bayern Munich, qui semble désormais parfaitement adapté au championnat saoudien.
PAR SEYDOU KA
LÉON XIV, UN PAPE GÉOPOLITIQUE
Lors de sa première messe, le 9 mai, le nouveau pape, Léon XIV, a déploré le recul de la foi au profit « d’autres certitudes comme la technologie, l’argent, le succès, le pouvoir, le plaisir ».
Lors de sa première messe, le 9 mai, le nouveau pape, Léon XIV, a déploré le recul de la foi au profit « d’autres certitudes comme la technologie, l’argent, le succès, le pouvoir, le plaisir ». Il faut dire que Robert Francis Prevost, de son vrai nom, hérite d’une Eglise en perte de vitesse en Europe et confrontée à de multiples défis, notamment la lutte contre la pédocriminalité et la baisse des vocations.
Premier pape américain de l’Histoire, il est décrit comme un « pape des deux mondes ». Né au Nord (à Chicago) mais enraciné au Sud (il a longtemps servi au Pérou), le nouveau souverain pontife débute son magistère dans un monde en crise. Il est tout à fait possible que les cardinaux qui l’ont élu aient tenu compte de la situation géopolitique actuelle. « C’est à la fois une opposition au gouvernement américain et la prise en considération des critères géopolitiques », analyse François Mabille, directeur de l’Observatoire géopolitique du religieux et auteur du livre « Le Vatican : La papauté face à un monde en crise ». Les relations avec Washington seront particulièrement scrutées, alors que l’élection de Léon XIV est analysée par certains comme une prise de distance avec le nationalisme chrétien se développant aux Etats-Unis.
Plusieurs journaux italiens ont disserté après sa nomination sur l’un de ses célèbres précurseurs, Léon Ier le Grand, connu pour avoir convaincu par la seule force de ses paroles le conquérant Attila et ses hordes de faire demi-tour en 452 lors d’une rencontre à Mantoue (nord de l’Italie actuelle). Certains journalistes malicieux n’hésitent pas à faire un parallèle entre Attila et Donald Trump, tandis que selon eux Léon XIV jouerait le rôle de celui qui rentrerait (remettrait) dans le droit chemin l’imprévisible et disruptif président américain. S’il réussit dans cette hypothétique mission, il rendrait grandement service à l’humanité. Avec l’élection d’un pape américain s’ouvre une fenêtre d’espoir. De sa capacité à faire entendre raison aux grands de ce monde, Trump en particulier, dépend grandement la paix dans le monde. En effet, on l’oublie souvent, mais le pape est aussi un chef d’État et une autorité morale dont la voix porte, dans un contexte de conflits majeurs – Ukraine, Soudan, Gaza – de montée des populismes, de dangers liés au développement de l’intelligence artificielle et de crise écologique.
Léon XIV sera également attendu sur le dialogue avec l’islam, l’un des piliers du pontificat de son prédécesseur, François, mais aussi avec le judaïsme, alors que les relations avec Israël sont tendues depuis le début de la guerre entre l’État hébreu et le Hamas en octobre 2023. Face à la guerre d’extermination qu’Israël mène à Gaza, François était du bon côté de l’histoire. C’était un Juste. Il se souciait de la souffrance des civils innocents ; ce qui lui avait valu le respect de nombreux musulmans. Le monde n’attend pas moins de Léon XIV. La relation avec la Chine – avec laquelle le Saint-Siège a renouvelé un accord sur la nomination des évêques – et l’église orthodoxe russe de Moscou seront également déterminantes pour la paix dans le monde. Dans son premier discours après sa nomination, le 8 mai, Léon XIV s’est voulu rassembleur et rassurant, appelant à « construire des ponts » à travers « le dialogue » et à « aller de l’avant », « sans peur, unis, main dans la main avec Dieu et entre nous ».
Un message d’espoir dans un monde plus que jamais marqué par le retour au tribalisme. Il ne reste qu’à espérer, comme il l’a promis, que « le mal ne prévaudra pas ». Au-delà des questions géopolitiques, la plupart des observateurs s’accordent à voir dans le choix de « Léon XIV » comme nom de règne avant tout une référence à Léon XIII, dernier souverain pontife à porter ce nom avant le nouveau pape. Ce pape italien, qui a régné de 1878 à 1903, est surtout connu pour avoir dénoncé dans une encyclique « la concentration, entre les mains de quelques-uns, de l’industrie et du commerce (…) qui impose ainsi un joug presque servile à l’infinie multitude des prolétaires ». Aujourd’hui encore, la question de la justice sociale se pose avec acuité dans un monde sans solidarité. Les dérives de la mondialisation et l’irruption de l’intelligence artificielle sont en train de créer un nouveau type de prolétaires.