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17 août 2025
DAKAR, NID D'ARTISTRES
La militante culturelle Aisha Dème, a présenté, jeudi, son livre intitulé "Dakar, nid d’artistes" dans lequel elle rend hommage à Dakar, "une ville cosmopolite, au rythme effréné et tranquille", à travers la contribution d'une centaine d'artistes
Dakar, 23 déc (APS) - La militante culturelle Aisha Dème, a présenté, jeudi, son livre intitulé "Dakar, nid d’artistes" dans lequel elle rend hommage à Dakar, "une ville cosmopolite, au rythme effréné et tranquille", à travers la contribution d'une centaine d'artistes de la scène culturelle.
Le livre, publié aux éditions Malika, “est une petite contribution pour rendre hommage à Dakar”, a expliqué l’auteure, lors de la cérémonie de dédicace du livre, en présence de plusieurs personnalités et artistes.
“Ce recueil de bonheurs, de paix et de joies” va permettre aux générations futures à venir découvrir la ville. Cette ville dont le nom mythique, a, désormais, traversé les siècles, les années, les générations et les sociétés qui l’ont composés. Une ville cosmopolite, au rythme effréné et tranquille à la fois…”, a-t-elle dit.
Malgré son travail, elle a reconnu que “nous ne pourrons jamais épuiser ses secrets”.
L’auteure dit éprouver un sentiment de fierté et de reconnaissance aux 100 artistes qui ont accepté de faire leur contribution à travers ce livre.
“Ce sont ces derniers-là qui ont bien voulu s’ouvrir, laisser la magie de Dakar et le regard existentiel qui relie leurs cœurs, leurs âmes et leurs corps à cette ville”, a-t-elle rappelé.
"Ils ont accepté de partager ce que Dakar représente pour eux, pour leur inspiration, pour leurs œuvres, leurs réalisations, leur vie et même leur survie’’, a-t-elle ajouté.
Revenant sur le choix de la ville de Dakar, l’éditrice Malika, a expliqué que, le concept “Nid d’artistes”, constitue une promenade émotionnelle à travers le regard d’une centaine d’artistes de la scène contemporaine d’une ville.
‘’J’ai lancé une collection dédiée à la scène cultuelle de ville au Maroc et quand je ai lancé mon premier livre de la série +Nid d’artistes+, j’avais choisi Casablanca, qui est ma ville natale après mon cœur s’est penché vers Dakar, parce que c’est une ville qui est ‘extrêmement créative avec une générosité incroyable des artistes", a-t-elle laissé entendre.
AVRAM GRANT, NOUVEL ENTRAINEUR DE LA ZAMBIE
L’ancien entraîneur du Ghana, Avram Grant, a été nommé Sélectionneur de l’équipe nationale de la Zambie, a annoncé, jeudi, la fédération zambienne de football.
Dakar, 23 déc (APS) - L’ancien entraîneur du Ghana, Avram Grant, a été nommé Sélectionneur de l’équipe nationale de la Zambie, a annoncé, jeudi, la fédération zambienne de football.
L’Israélien de 67 ans, finaliste de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de 2015 avec les Black stars, a signé un contrat de deux ans avec l’équipe zambienne.
Ancien entraîneur de Chelsea, il est finaliste de la Ligue des champions avec les Blues en 2008. Il a notamment été à la tête du club anglais de West Ham et dirigé la sélection de l’Israël.
Avram Grant, qui succède au Croate Aljosa Asanovic, hérite d’une équipe zambienne absente des trois dernières éditions de la CAN.
La Zambie a remporté la CAN pour la première fois en 2012 avec l’entraîneur Français Hervé Renard.
Les Chipolopolos qui ont pour objectif de se qualifier à la CAN 2023, sont dans le même groupe avec les Ivoiriens, les Lésothiens et les Comoriens.
Par Abdoul Aly KANE
L’AVENIR DE L’AFRIQUE DANS UN MONDE MULTIPOLAIRE EN PERSPECTIVE
La situation internationale actuelle enseigne, en particulier aux économistes, que la mesure de la puissance des pays ne saurait se réduire à leur niveau de Produit Intérieur Brut (PIB).
La situation internationale actuelle enseigne, en particulier aux économistes, que la mesure de la puissance des pays ne saurait se réduire à leur niveau de Produit Intérieur Brut (PIB).
Depuis une vingtaine d’années, le poids et le pouvoir de dissuasion militaires apparaissent, in fine, comme le seul critère assurant une sorte de pérennité aux Etats qui en disposent en ce qu’ils leur permettent de disposer de leur propre force pour dissuader d’éventuels Etats assaillants, ou alors exercer une force de prédation sur les richesses d’Etats plus faibles. Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts (dixit Charles de Gaulle, ancien chef de l’Etat français). Le conflit géopolitique actuel entre la Russie et l’Ukraine a révélé au grand jour que les ressources énergétiques sont au centre des enjeux économiques du monde, et qu’en garder le contrôle est synonyme de puissance politique et économique.
Les Etats n’ont pas d’amis mais des intérêts. Cette expression hautement cynique permet de comprendre qu’au nom de ces mêmes intérêts, un État peut s’attaquer à un autre au nom de ses stricts intérêts économiques. Dès lors, les justifications de course aux armements pour dissuader l’autre de vous attaquer, alors qu’elles cachent des objectifs de prédation, perdent leur sens. Comme disait l’autre, la géopolitique c’est la puissance. Elle prime sur la puissance économique. La Corée du Nord n’est pas crainte pour sa puissance économique mais pour ses capacités nucléaires exhibées en toute occasion. Les performances économiques de la Corée du Sud (10ème place dans l’économie mondiale) menacée au nom de la réunification s’en trouvent fragilisées. Le poids économique des pays est fragilisé par les crises systémiques tenant aux finances et à l’inflation.
La situation géopolitique que nous vivons depuis le début de ce nouveau siècle nous rappelle que la géopolitique prime sur tout le reste. La condition d’un développement est la croissance dans la durée. Cette durée est conditionnée par la capacité de résistance à une agression extérieure. Libye, Irak, Syrie, Afrique avec Boko Haram. Avons-nous la capacité de déployer sans entraves nos activités économiques et protéger nos frontières et nos populations lorsque des groupes comme Boko Haram sévissent depuis 20 dans le bassin du lac Tchad, soient le Cameroun, le Niger, le Nigeria et le Tchad, mais aussi au Mali, au Burkina, et, dans une moindre mesure, en Côte d’Ivoire et en Mauritanie sans riposte adaptée aux dommages subis ?
Comment comprendre que l’ensemble de ces pays puissent subir les méfaits du terrorisme sans capacités propres de réaction ?
Avons-nous la capacité de protéger nos ressources halieutiques ?
S’agirait-il alors de choix décisionnels erronés des Etats de privilégier l’endettement pour le financement d’infrastructures au détriment de l’éradication de la menace sécuritaire qui tue l’économie ?
Le PNUD, dans rapport, intitulé «Measuringthe Economic Impact of Violent Extremism Leading to Terrorism in Africa» (2020), estime que 16 sur 18 des pays ciblés par le terrorisme en Afrique (Nigéria, Tanzanie, République centrafricaine, Niger, Ouganda, Kenya, Éthiopie, Sénégal, Mali, Burkina Faso, Tchad, Cameroun, Tunisie, Maroc, Mauritanie et Libye)perdent environ97milliards de dollars par an dans l’activité économique informelle depuis 2007. Ce montant équivaut en ordre de grandeur aux 100milliards de dollars attendus par l’Afrique en provenance du FMI dans le cadre de la relance post Covid.
Dans un contexte mondial devenu multipolaire, et pour faire face à ses sérieux problèmes sécuritaires, l’exigence est que l’Afrique se constitue en un seul bloc, fort du poids de ses ressources, pour ensuite s’allier à d’autres pôles à l’aune de ses seuls intérêts.
C’est à cette condition qu’une oreille attentive sera tendue vers le continent, et non par une quelconque présence au Conseil de sécurité de l’ONU dans la division voire l’émiettement.
Les conditions de la création d’une puissance en Afrique
Le principal facteur de production et de développement, c’est l’armement. C’est grâce à lui qu’on conquiert des espaces, qu’on s’approprie indûment les sols et sous-sols de pays faibles, qu’on impose des schémas de développement autocentrés et inscrits dans la durée. Les concepts économiques doivent, d’ailleurs, être revisités sous ce rapport. L’Afrique c’est de petits trios de jazz face à de larges ensembles harmoniques de musique classique. L’Afrique doit s’asseoir d’égal à égal avec les pays partagent cette vision du monde multipolaire.
Géopolitique et développement
La géopolitique et l’économie sont les deux faces d’une même médaille. Il est fréquent de présenter l’économie comme l’explication de la variation des situations géopolitiques. Les interventions militaires de l’occident dans le Golfe Persique, en1992, et en Irak, en 2003, et en Libye en 2011, sont généralement considérées comme des opérations visant à faire main basse sur les richesses pétrolières de ces pays.
On fait la guerre pour prendre le contrôle de ressources pétrolières (ou de terres fertiles),mais aussi pour que les pays concernés ne puissent utiliser ces ressources pour leur propre compte, de sorte à altérer la puissance du pays dominant.
Le conflit actuel entre la Russie et l’Ukraine traduit pour les uns la volonté russe d’étendre son influence sur les pays de l’ancienne URSS, et, pour la Russie, une opération pour conjurer la menace de l’Otan avec l’Ukraine de Volodymyr Zelensky comme bras armé.
Dans le cadre du rapport inégal entre l’Occident et le reste du monde, l’Afrique en particulier, l’exploitation à moindre coût des matières premières et leur transformation à haute plus-value est le modèle économique en vigueur depuis 1885. Pour aller dans le sens du renversement de ce modèle au profit de l’Afrique, le continent doit mettre en avant sa propre vision du monde qu’elle traduira dans ses plans et programmes économiques.
C’est cette problématique qui est importante et non un rattrapage économique dans un contexte de chocs exogènes suscités pour conserver le dit modèle.
La géopolitique c’est la science de la puissance ; et cette puissance est donnée parla dimension génératrice de liberté décisionnelle et d’orientation du développement. L’histoire nous montre qu’un pays comme la Russie est classé comme pays émergent au plan économique, derrière les pays d’Europe occidentale, alors qu’elle est la 2ème puissance économique militaire du monde.
C’est dire que les immenses ressources énergétiques de ce pays n’ont pas été utilisées dans la transformation industrielle mais plutôt dans l’armement considéré en dernier ressort comme l’arme économique déterminante. La Corée du Nord se situe dans le même sillage que la Russie. La mesure du développement ne saurait être une question d’indicateurs de richesse comparant les revenus nationaux annuels mais plutôt la puissance militaire, la capacité de dissuasion qui n’ont cessé de modeler les rapports entre les nations.
Avec la crise russo-ukrainienne, les blocs militaires se reforment.
L’OTAN se renforce et des pays comme l’Allemagne, qui s’était assignée après la seconde guerre mondiale l’objectif majeur de retrouver sa puissance économique, réfléchit à son armement propre. Les pays émergents, ne se sentant plus à l’abri, se regroupent pour endiguer les risques. La marche du monde n’a jamais été linéaire ; elle a toujours été interrompue par des chocs de toutes natures provoqués par des agents économiques (crises financières, conflits avec usages d’armes militaires, chimiques, bactériologiques etc.).
L’Afrique s’inscrit dans la perspective de « l’Agenda 2063 » qui parle d’accélération de la croissance économique du continent, avec comme projets « phares » la mise en place d’un réseau de trains à grande vitesse reliant toutes les capitales africaines, la création d’une zone de libre-échange, d’un passeport africain, la création d‘un grand musée africain pour promouvoir une culture commune et d’initiatives dans l’éducation, la culture, la science, la technologie.
La place d’une Afrique unie dans le concert des nations et intégrée dans des blocs qui vont décider de l’avenir du monde, n’est pas expressément évoquée. Les chefs d’Etat aux commandes présentement doivent prendre leurs responsabilités comme le font les dirigeants des pays émergents pour définir la place que l’Afrique est en droit d’occuper au regard de sa contribution au développement économique mondial, qui jusque-là ne lui a apporté que marginalisation et pauvreté.
Une géopolitique africaine doit être au centre des réflexions de ces chefs d’Etat du continent, et non la poursuite d’objectifs économiques à atteindre sous l’ombre tutélaire des autres nations dont l’intérêt est de garder le continent comme un « réservoir de matières premières » et un « déversoir de produits finis » comme disait l’autre.
Conclusions
Dans un contexte de quête de multipolarité après une mondialisation unipolaire, l’Afrique revient en force dans la géopolitique mondiale. Les sommets Afrique/pays occidentaux et Afrique/BRICS redoublent de fréquence et d’intensité.
Sont annoncées des érections d’infrastructures d’interconnexion, des postes de représentants au Conseil de sécurité de l’ONU et la nomination d’un représentant des BRICS pour l’Afrique de l’Ouest, sans pour autant que les actions ne soient résolument dirigées vers l’unité réelle du continent.
C’est l’heure pour les chefs d’Etat et les intellectuels africains de barrer la route aux seules initiatives nationales d’Etats issus d’une balkanisation et qui, jusque-là, ont permis la perpétuation de la domination de l’Occident, au profit d’une unité réelle du continent grâce à une vision partagée.
Cette vision doit nécessairement mettre en avant la nécessité pour l’Afrique d’assurer sa propre sécurité face à la montée du terrorisme, dont l’objectif est la déstructuration de nos Etats.
«TOUT CITOYEN PEUT ESPERER ETRE DECORE PARLE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE»
Chargé des distinctions dans les différents ordres nationaux, le général Meissa Niang, Grand chancelier, apporte des précisions et rassure les citoyens lambda que « Le Témoin » qualifie d’oubliés de la Nation.
Chargé des distinctions dans les différents ordres nationaux, le général Meissa Niang, Grand chancelier, apporte des précisions et rassure les citoyens lambda que « Le Témoin » qualifie d’oubliés de la Nation.
L’ancien Haut commandant de la Gendarmerie nationale, le général Meissa Niang est le Grand chancelier de la République. Gardien du code réglementaire et des valeurs républicaines, il est l’arbitre central des décorations. Autrement dit, c’est lui qui présente au président de la République les candidats proposés par les ministres, par d’autres personnes ou par lui-même pour les décorations dans les différents ordres nationaux.
Interpellés sur l’oubli ou la négligence à l’endroit de certaines catégories de citoyens jamais décorés, le général Meissa Niang tient d’abord à préciser ceci : « D’abord permettez-moi de vous rappeler que le président de la République reste et demeure toujours très sensible à toutes les couches sociales issues des différents corps de métier. Juste pour vous dire que le chef de l’Etat est toujours prêt et disponible à décorer tout brave citoyen sénégalais qui s’active dans différents secteurs les plus dynamiques de notre pays. Tout citoyen, que ce soit un homme ou une femme qui, par son talent, son travail, sa créativité ou son comportement participe au rayonnement ou au développement économique et social du Sénégal peut être décoré par le président de la République. Dans chaque secteur d’activités, c’est le département ministériel concerné qui doit identifier ou recenser ces citoyens modèles et exemplaires éligibles aux décorations pour les présenter à la Chancellerie qui ensuite les propose au président de la République. En clair, tout citoyen peut être distingué par le chef de l’Etat… » a rassuré en substance le général Meissa Niang, Grand chancelier.
A entendre parler ou rassurer l’ancien Haut com de la Maréchaussée, on en déduit que, si jamais le ministre de l’Agriculture, par exemple, identifie ou localise un brave paysan ou un vieux cultivateur dans le Sénégal des profondeurs et dont il estime qu’il mérite de la Nation de par son travail, son comportement ou ses performances, eh bien le citoyen en question peut espérer être invité, un jour, dans le banquet des récipiendaires au Palais de la République. Comme quoi, la République sait être reconnaissante à l’endroit de tous ses citoyens pourvu qu’ils soient méritants et que le ministère dont ils relèvent fasse la remontée d’informations nécessaire !
CES VIEUX SERVITEURS, GRANDS OUBLIÉS DE LA NATION
Vieilles vendeuses de couscous, chauffeurs de taxis, tailleurs, horlogers et autres citoyens lambda jamais distingués par le président de la République
Chaque année, la présidence de la République et les ministères perpétuent les traditionnelles cérémonies de remise de décorations aux différents ordres nationaux. Malheureusement, ces médailles de la reconnaissance de la Nation ne sont destinées, en général, qu’aux personnalités les plus influentes ou les plus célèbres de notre pays. Pendant ce temps, les pauvres citoyens de la masse laborieuse qui se tuent à la tâche jour et nuit tout en prenant à cœur leur travail — souvent un petit métier — qu’ils effectuent avec abnégation, ces petites gens, donc, sont oubliées des décorations officielles. Dans ce lot, de braves vendeuses de coucous de l’Université de Dakar par exemple, des chauffeurs de taxis, des libraires, des vigiles, des domestiques, des plantons, sans parler des courageux paysans, pêcheurs éleveurs etc. qui sont toujours condamnés à travailler et à mourir dans l’anonymat sans être distingués par le président de la République. Pourquoi la Nation est-elle si ingrate à l’endroit de ses citoyens lambda ? « Le Témoin » a enquêté.
Avenue Cheikh Anta Diop de Dakar, il est 04 heures du matin lorsque, comme presque toutes les levées du jour, nous passons devant le Temple du savoir qu’est l’UCAD pour rentrer chez nous. Ce, après avoir bouclé nuitamment l’édition du jour du « Témoin ».
A cette heure de la nuit, les rares voitures qui circulent sont des taxis et on ne croise presque pas de piétons. Le paysage est presque désert ou lunaire dans cette artère universitaire trop animée et fréquentée le jour. Au carrefour du grand portail du Centre des Œuvres Universitaires de Dakar (Coud), les seuls et uniques êtres que l’on y trouve, en ce milieu de la nuit, sont trois braves mamans. Ils’agit de vieilles vendeuses de couscous à base de mil (thieré), de « lakh » et « thiakry ».
Devant leurs étals vacillants sous le poids des calebasses, des sachets de lait en poudre et des seaux de lait caillé (Soow), elles se substituent nuitamment aux restaurants universitaires fermés à 21 heures(voir photo). Nous nous présentons devant l’étal de dame Sally Diouf âgée de 75 ans. Depuis plus de trente ans, elle s’est installée sur ce tronçon de l’avenue Cheikh Anta Diop pour vendre ces mets traditionnels à base de céréales locales. « Tous les après-midi, je m’installe devant l’hôpital de Fann. Et c’est à partir de 21 heures que je migre vers le portail de l’Université de Dakar. Ici, la plupart des clients sont étudiants qui ne mangent le soir que du « thiéré » ou du « lakh », des mets dont les prix varient entre 100 cfa et 500 cfa. Parmi mes clients étudiants, certains prennent des repas à crédit et remboursent lorsqu’ils perçoivent leurs bourses. J’ai eu à servir plusieurs générations d’étudiants parmi lesquels certains sont devenus aujourd’hui de grandes personnalités de ce pays » explique la vieille maman domiciliée à Keur Massar.
Et d’ajouter : « Tous les jours, je quitte mon étal vers 5 heures du matin pour rentrer dans la banlieue. C’est un taxi-clando qui vient nous prendre régulièrement pour nous ramener chez nous, mes collègues et moi ». Sa fille, Aïda Guèye, qui assistait à l’entretien précise que « si nous restons jusqu’à pareille heure dans ce carrefour, c’est pour prendre en compte certains étudiants attardés ou tenaillés par la faim durant la nuit. »
Mourir dans l’anonymat !
Sur place, on constate que ces vendeuses de couscous, par exemple, contribuent grandement à la vie sociale — pour ne pas dire aux œuvres sociales — de l’Ucad. Malheureusement, après des décennies de bons et loyaux services rendus au monde estudiantin, elles n’ont jamais été décorées ou distinguées par la Nation. « Décoration ? Jamais ! Mieux, l’Etat ne nous a jamais financées pour améliorer nos activités » déplore la vieille Sally Diouf. Les structures de microfinance ou de nanocrédit, elle en entend parler seulement. Justement, en cette période de fin d’année où la présidence de la République et l’ensemble de départements ministériels s’apprêtent à perpétuer les traditionnelles cérémonies de remise de décorations aux différents ordres nationaux, les braves gens comme ces vendeuses de couscous sont les grands oubliés. Or, ils auraient pu prétendre légitimement à une distinction comme l’Ordre national du Mérite qui se trouve être normalement la médaille la plus accessible aux citoyens lambda.
En effet, pour prétendre à cette médaille honorifique, il est faut être Sénégalais « ordinaire » et avoir exercé une activité privée pendant au moins 10 ans. Différente de l’Ordre national du Lion, plus officiel et plus prestigieux, l’Ordre national du Mérite récompense les services distingués rendus à la Nation. Il a été instauré par le président Léopold Sédar Senghor dans le but d’élargir le nombre de citoyens à honorer comme les commerçants, les maçons, les vendeuses de poisson, les pêcheurs, les chauffeurs de taxi, les libraires, les vieux coiffeurs, les vigiles, les domestiques, les marchands de journaux etc. Malheureusement, la plupart de ces pauvres citoyens « ordinaires » de la classe laborieuse sont toujours condamnés à travailler et à mourir dans l’anonymat sans être distingués par la Nation ou décorés par le président de la République.
En effet, on constate tristement que les banquets de remise des médailles au Palais de la République, c’est l’apanage ou le rendez-vous annuel des personnalités les plus influentes ou les plus célèbres du Sénégal. Les « en haut d’en haut ». Et il est extrêmement rare de voir le vieux coiffeur du quartier, l’imam de la mosquée, le technicien de surface du ministère ou le chauffeur de taxi décorés par le chef de l’Etat. La preuve par Cheikh Ndiaye Téranga ancien président du Regroupement des Chauffeurs et Propriétaires de Taxis. Agé de 80 ans environ, l’ancien animateur de l’émission « Carrefour Routier » sur la radio « TopFm/107.0 » a rendu plus de 60 ans de services à la Nation par le biais des transports routiers. « Depuis l’âge de 15 ans comme apprenti, je suis dans le secteur du transport après avoir gravi tous les échelons c’est-à-dire chauffeur, transporteur et syndicaliste. Je n’ai jamais été décoré, ni par le président Léopold Sédar Senghor, ni par Abdou Diouf, Abdoulaye Wade ou Macky Sall. Jamais! J’ai toujours entendu parler : la Nation reconnaissante ! Pour moi, la Nation est plutôt « ingrate » car je lui ai tout rendu et, en retour, elle ne m’a rien rendu ! En dehors de la Nation, j’ai tout fait pour le président Macky Sall. J’ai même créé un mouvement politique dénommé « Fagaru » pour le soutenir. Sur fonds propres, j’ai eu à tenir des meetings et organiser partout des journées de mobilisation pour soutenir l’action du président Macky Sall. Depuis presque six ans, il ne sait même pas que je suis malade et cloué au lit. Alhamdoulihah, je remercie le Bon Dieu ainsi que mes enfants, amis et parents qui sont à mon chevet » s’est désolé l’ancien et célèbre président du Syndicat des chauffeurs de taxi.
Un maitre-tailleur de 82 ans, jamais décoré !
En ouvrant toujours le ban du monde des « oubliés » de la Nation, un autre exemple pour les milliers de citoyens méritants, Demba Diagne. Agé de plus 78 ans, il est l’un des plus vieux libraires du Sénégal. Actuel doyen de la « Librairie par Terre » située aux abords de l’avenue Emile Badiane à Sandaga, il en est à sa 45e année de librairie. « C’est au lendemain des indépendances que je me suis installé sur ce carré de l’avenue Emile Badiane transformé en « Librairie ». Un marché de livres de seconde main et bouquins d’occasion de toutessortes. Dans ma vieille relation clientèle, j’ai eu à vendre et à conseiller plusieurs générations d’élèves, d’étudiants et d’enseignants devenus des ministres, des députés, des médecins, des avocats et autres hautes personnalités. Vous savez, le libraire n’est passeulement un commerçant qui vend des livres car son rôle est aussi de conseiller et de guider le lecteur voire l’étudiant dansses choix de productions éditoriales, de recherches pour des projets de mémoire, de thèse etc » a expliqué notre vieil interlocuteur. Avant de préciser : « En ma qualité de libraire, je suis un acteur incontournable de l’éducation et l’enseignement dans ce pays. Malgré mon âge avancé, je suis toujours actif au service de la Nation. Hélas ! C’est regrettable de le dire, j’avoue n’avoir jamais obtenu une décoration présidentielle ou ministérielle. Même communale ! » s’est-il étranglé tout en pensant que les braves travailleurs « privés » de la masse laborieuse ne font, peut-être, pas partie de la Nation. Dans la même lignée des « oubliés » des décorations de la Nation, le doyen des maitres-tailleurs de Sandaga, Gorgui Moussa Thiam. Il est né en 1940 à Ndialack (Bambey) et âgé de 82 ans. Poussé par l’exode rural, il est venu à Dakar en 1958 alors qu’il avait à peine 18 ans. Malgré son âge avancé (82 ans), le « vieux Gorgui Moussa Thiam, reste parmi les travailleurs les plus actifs du marché Sandaga. Lorsque qu’on lui a parlé de « médaille » et de « décoration », il a sursauté croyant que « Le Témoin » venait le recenser pour une éventuelle distinction. Un sentiment qui laisse croire qu’il n’a jamais vécu l’atmosphère d’une décoration d’Etat. « Les médailles, j’en ai seulement entendu parler ! Pourtant, pendant presque un demi-siècle, j’ai eu à confectionner des habits à de nombreux récipiendaires invités au Palais de la République pour y recevoir des décorations. Malheureusement, je n’ai jamais eu la chance d’être décoré par le président de la République. Dieu sait, j’ai formé des milliers de jeunes, garçons et filles, dans le métier de tailleur-couturier. Donc j’ai rendu service à ma Nation qui devrait être reconnaissante envers moi » a estimé le vieux Gorgui Moussa Thiam avant de nous parler de son vaste carnet d’adresses renfermant plusieurs personnalités politiques, administratives, judiciaires et économiques depuis l’Afrique occidentale française (Aof) jusqu’au régime du président Macky Sall. « Tous ces gens-là étaient mes clients. Je peux même vous dire que j’ai vu naitre et grandir le marché Sandaga. C’était le marché des « Toubabs » de l’ancienne colonie française » a-t-ajouté, histoire de prouver son éligibilité à la Médaille de l’Ordre national du Mérite.
Bref, il y a de quoi distinguer ces milliers de braves citoyens, hommes et femmes, qui, des années durant, s’activent du matin au crépuscule sans pouvoir bénéficier, un jour, de la reconnaissance de la Nation. Surtout lorsqu’il s’agit d’un symbole honorifique destiné à récompenser le mérite personnel de tout un chacun. Et dans tous les corps de métier !
MACKY REFILE LA PATATE CHAUDE À AMADOU BA
Le chef de l’Etat s’est tout simplement déchargé sur son Premier ministre Amadou Ba à propos des conclusions de la Cour des comptes qui font grand bruit
Le président de la République a évoqué hier en Conseil des ministres le fameux rapport de la Cour des Comptes sur l’audit de la gestion du Fonds de Riposte et de Solidarité contre les effets de la COVID 19 (FONDS FORCE COVID-19).
Le chef de l’Etat s’est tout simplement déchargé sur son Premier ministre Amadou Ba. En effet, malgré la clameur qui ne s’estompe guère pour que des informations judiciaires soient ouvertes contre les 12 gestionnaires épinglés par le Rapport, Macky Sall n’a pas véritablement rassuré les Sénégalais sur sa volonté réelle de laisser la justice donner suite aux informations judiciaires demandées par la Cour des Comptes.
« S’agissant de la transparence dans la gestion des finances publiques et du renforcement de la lutte contre le blanchissement des capitaux et le financement du terrorisme, le Président de la République a réitéré son attachement à la transparence, à la promotion de la bonne gouvernance et à la reddition des comptes, érigés en piliers dans le Plan Sénégal Emergent » a indiqué Macky Sall cité par le communiqué du Conseil des ministres.
Et le président de la République d’ajouter qu’ « à la suite de la publication du rapport de la Cour des Comptes sur l’audit de la gestion du Fonds de Riposte et de Solidarité contre les effets de la COVID 19 (FONDS FORCE COVID-19), le chef de l’Etat a demandé au Premier Ministre d’examiner avec attention les informations publiées, les recommandations formulées et de prendre sans délais les mesures adéquates afin d’éclairer l’opinion sur les éléments contenus dans ledit rapport en vue des suites à donner ».
Une formulation vague et filandreuse qui signifie que le Président demande à son Premier ministre de trouver les moyens de noyer le poisson et de réserver un enterrement de première classe à ces dossiers chauds politiquement à un an de la présidentielle de 2024 ! Car, ce qu’il serait plus facile de dire que le Président a ordonné l’ouverture d’informations judiciaires et le tour était joué. Au lieu de quoi, il a choisi cette formulation vague pour ne pas avoir à prendre une décision tranchée.
Par ailleurs, le Chef de l’Etat a indiqué au Premier Ministre, l’urgence d’accentuer la mise en œuvre de la Stratégie nationale de Lutte contre le Blanchiment des capitaux et le Financement du Terrorisme afin de sortir le Sénégal de la liste des pays tiers à haut risque en la matière, selon une publication récente. Paroles, paroles, paroles que tout ça !
UN MANQUE DE RESPECT DENONCE PAR LE GARDIEN DES LIONS
Chelsea : Edouard Mendy refuse un contrat de 6 ans
Les discussions entre Chelsea et Edouard Mendy (30 ans, 11 matchs toutes compétitions cette saison) pour étendre le contrat du gardien international sénégalais au-delà de juin 2025 n'avancent pas.
Selon The Sun, l'ancien Rennais a refusé un nouveau bail de six ans proposé par sa direction. Selon le site butfootball, le désaccord porterait sur les conditions salariales réclamées par l’ancien joueur de Rennes. Edouard Mendy toucherait actuellement 110 000 livres par semaines, soit environ 490 000 euros par mois. Ce serait moins que son concurrent, l’Espagnol Kepa Arrizabalaga, avec qui, il est à la lutte pour une place de titulaire. Edouard Mendy réclamerait ainsi le même traitement que son coéquipier, et dénoncerait un manque de respect de la part de ses dirigeants. L'actuel 8e de Premier League est-il prêt à céder aux exigences de son portier ? Plusieurs autres clubs seraient ainsi à l’affût pour le récupérer en cas de divorce avec Chelsea. Le Sun parle ainsi de Monaco, de Nice et de l’AC Milan.
Arrivé en 2020 en provenance de Rennes, le gardien sénégalais a remporté avec les Blues la deuxième ligue des champions du club en 2021 et en battant des records d’invincibilité. Mais aussi en s’adjugeant du trophée du meilleur gardien de but de la FIFA 2021.
LE DIAGNOSTIC SÉCURITAIRE DE DAOUDA BADJI
Enseignant-chercheur en Politiques publiques et Sciences Criminologiques et spécialiste en sécurité, Dr Daouda Badji décrypte pour Sud Quotidien les enjeux de sécurité et les défis sécuritaires dont fait face actuellement le Sénégal.
De la disparition mystérieuse du sergent Fulbert Sambou et de l'adjudant-chef Didier Badji au braquage meurtrier au marché de Mbour ayant causé la mort de deux personnes, en passant par les agressions, meurtres et autres, le sentiment d’insécurité semble de plus en plus gagner les populations. Enseignant-chercheur en Politiques publiques et Sciences Criminologiques et spécialiste en sécurité, Dr Daouda Badji décrypte pour Sud Quotidien les enjeux de sécurité et les défis sécuritaires dont fait face actuellement le Sénégal. Entretien...
Quelle lecture faites-vous, avec un peu de recul, de cette triste affaire autour de la disparition des militaires Fulbert Sambou et Didier Badji?
C’est regrettable que des agents qui sont au cœur de la Défense nationale et de la Sécurité des citoyens, des biens et du pays disparaissent dans des conditions assez troublantes. Cela crée une psychose et un sentiment de peur grandissant chez l’opinion, malgré les baisses notées dans les statistiques policières sur les délits de violences, d’agressions, de cambriolages, bref de la délinquance et du banditisme globalement. Par conséquent, ces faits de disparition relativisent les résultats probants annoncés par les services en charge de la sécurité et du coup, confortent ce sentiment grandissant d’insécurité au niveau de l’opinion. En revanche, force doit rester à la loi, car l’Etat qui a le « monopole de la violence physique légitime», se doit de tirer cette affaire au clair avec l’ouverture d'une information judiciaire par les services compétents (Procureur, Parquet, Forces de Défense et de Sécurité, etc..). Les populations ont besoin d’être rassurées et assurées de vivre en sécurité dans leurs quartiers, maisons et lieux de travail … Aujourd'hui, on assiste à un glissement des zones criminogènes habituelles (périphéries, banlieues,) vers des quartiers résidentiels réputés calmes. Notons tout de même les efforts énormes de l’Etat dans la création de nouvelles brigades de proximité à Dakar (Keur Massar, Parcelles, Guédiawaye) et à l’intérieur du pays pour lutter et combattre les foyers de délinquance et offrir en même temps des polices locales en contact des populations. Et c’est en cela qu’on doit orienter l’Agence de la police de proximité en une police locale territoriale comme en Allemagne ou en Catalogne. Les Agents de Sécurité de Proximité doivent de nos jours être des policiers comme à l’image des polices municipales en France qui sont placées sous l’autorité de l’exécutif local. Il faut une coproduction de la sécurité et une hybridation policière au Sénégal face aux défis sécuritaires auxquels le pays fait face.
Le corps de Fulbert Sambou qui a été retrouvé ne présentait aucun signe de violence, selon le Parquet. Quel commentaire faites-vous par rapport à cet argument ?
Encore une fois, comme il y a une information judiciaire qui a été ouverte, il est préférable de laisser les services compétents mener les investigations afin d'édifier l'opinion sur ce qui s'est réellement passé. Mais disons que la violence est en train de se déplacer progressivement. Pour le cas du Sénégal, les actes de violence, on les voyait dans des zones assez circonscrites de la banlieue et dans certains endroits, mais ce genre de disparition, c'est quand-même un phénomène nouveau. Il faut arriver à trouver les solutions et à rassurer l'opinion très rapidement.
Vous déclarez que les Sénégalais vivent aujourd'hui dans la crainte. Leur sécurité n'est-elle pas menacée?
La sécurité est un processus qui n'est jamais gagné même dans les Etats les plus puissants (USA, France, Grande Bretagne, etc..) où on a des cas de violence, d’agressions, d’homicides les plus terrifiants. La sécurité, c’est à la fois de la prévention et de la répression. Même les États les plus puissants dans ce domaine sont incapables de régler définitivement ce problème à partir du moment où les agresseurs et les délinquants s'adaptent et vivent en société ; et donc déjouent et savent très bien comment mettre parfois les Forces de Défense et de Sécurité dans des situations inconfortables. Je n'irai pas jusqu'à dire que la sécurité des citoyens et leurs biens n'est pas garantie, mais elle est peut-être menacée parce que le sentiment d'insécurité est en train de s'agrandir comme le montrent ces cas de disparition, mais aussi des attaques à mains armées pendant la journée, parce qu'avant c'étaient des phénomènes qu'on voyait tard dans la nuit, mais maintenant les gens sont agressés dans les agglomérations et même dans les zones rurales comme par exemple dans les régions du Sud, du Nord, du Centre et/ou encore dans les zones de conflit. Ce sont des phénomènes nouveaux qui créent au niveau de l'opinion un sentiment d'insécurité qui est là et qui est en train de s'agrandir. Il faut que l'État, à travers le ministère de l'Intérieur, continue sa politique de redéploiement du personnel, de professionnalisation des unités de police, mais aussi d'implantation sur tout le territoire pour que la répartition géographique puisse être garantie afin de créer une situation sécuritaire pour les populations.
LE SYSTEME DE SANTE ENCORE PLUS MAL EN POINT
Entre dérives dans la gestion du Fonds Force Covid, les grèves incessantes des professionnels de santé, entre autres, les travers qui plombent le système sanitaire restent nombreux et sont loin de trouver des solutions.
A l’instar des autres pays, le Sénégal a aussi subi les effets de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 alors que le système de santé traversait déjà une crise profonde et multiforme. Entre dérives dans la gestion du Fonds Force Covid, les grèves incessantes des professionnels de santé, entre autres, les travers qui plombent le système sanitaire restent nombreux et sont loin de trouver des solutions.
Le constat est sans appel Aussi bien les experts, les professionnels de la santé que le citoyen lambda, s’accordent à dire que le système sanitaire est fortement marqué par bon nombre de dysfonctionnements préjudiciables. Entre manque d’équipements, problèmes de ressources humaines, d’accueil et de prise en charge dans les structures sanitaires, la santé des populations est plus que jamais menacée. Face à une situation déjà délicate, la crise sanitaire est venue mettre à rude épreuve le système sanitaire. En effet, la pandémie de Covid19 a démontré avec acuité que le système de santé existant demeure insuffisant pour répondre à une situation d’urgence. Ce qui pose de sérieux enjeux et défis pour l’avenir du système de santé. Ainsi, pour beaucoup d’experts, la pandémie de Covid-19 souligne la nécessité d’investir durablement dans les systèmes de santé, y compris le personnel de santé et de garantir des conditions de travail, une formation et un équipement décent.
Dans le cadre de la lutte contre les effets de la Covid-19, l’Etat du Sénégal avait mis en place un programme dénommé « FORCE Covid-19 » pour un montant de 1000 milliards de FCFA. Toutefois, dans son rapport portant sur « Contrôle de la gestion du Fonds de riposte contre les effets de la Covid-19 (FORCE COVID), Gestion 2020 et 2021) rendu public le 12 décembre dernier, la Cour des comptes a débusqué d’innombrables irrégularités dans la gestion de ces fonds. Entre des surfacturations sur l’achat des produits, des délais de livraison qui n’ont pas été respectés, une absence de mise en concurrence avec pour effet de faire bénéficier à des entreprises de parts de marché plus importants, des « insuffisances dans le contrôle de l’exécution des opérations de dépenses », la gestion des fonds est indexée de partout. Des soupçons de mauvaise gestion qui risquent de ne pas profiter au système de santé gravement malade.
A ces divers maux qui plombent le fonctionnement des établissements de santé, s’ajoutent les grèves récurrentes des professionnels de la santé. Les grèves incessantes dans le secteur de la santé enfoncent la crise profonde et multiforme. En effet, la Fédération des syndicats de la santé F2S, l’Alliance And Gueusseum, l’Intersyndicale des travailleurs des collectivités territoriales, les médecins internes, entre autres ne cessent de hausser le ton pour dénoncer les difficultés auxquelles ils sont confrontés et le non-respect des engagements de autorités, pour exiger l’augmentation des salaires, entre autres revendications. Quant aux médecins internes, ils réclament également plus de moyens mais aussi une reconsidération de l’internat. Autant de gaps qui montrent à quel point le système sanitaire est aujourd’hui encore plus malade que les malheureux patients qui souffrent le martyre au quotidien.
LA SOCIETE CIVILE DANS LA RUE VENDREDI PROCHAIN
Des organisations de la société civile haussent le ton et exigent l’application des sanctions réclamées par la Cour des comptes dans la gestion des fonds de riposte et de solidarité (Force Covid) contre les personnes impliquées dans cette mauvaise gestion
Des responsables d’organisations de la société civile annoncent un rassemblement pacifique à la place de la Nation, le vendredi 30 décembre, pour l’application des sanctions réclamées par la Cour des comptes contre les personnes incriminées dans la gestion des fonds de riposte et de solidarité (Force Covid). En conférence de presse hier, jeudi 22 décembre, les initiateurs de ce rassemblement ont également réclamé la « démission de toutes les personnes mises en cause ou leur limogeage ainsi que le remboursement des montants détournés ».
Des organisations de la société civile haussent le ton et exigent l’application des sanctions réclamées par la Cour des comptes dans son rapport sur la gestion des fonds de riposte et de solidarité (Force Covid) contre toutes les personnes impliquées dans la mal gouvernance de ces fonds.
En conférence de presse hier, jeudi 22 décembre, pour se prononcer sur ce rapport qui a épinglé la gestion de plusieurs ministères, des responsables d’une dizaine d’organisations de la société civile ont annoncé la tenue d’un rassemblement pacifique à la place de la Nation, le vendredi 30 décembre prochain, à partir de 15h.
Il s’agit entre autres, du Cosce (Collectif de Organisations de la société civile pour les élections), du mouvement Y’en a marre, d’Africa jom center, de l’Observatoire de Suivi des Indicateurs de Développement Economique en Afrique (Osidea), de l’Observatoire national du développement humain (Ondh), de l’ONG 3D et de la Ligue Sénégalaise des droits de l’homme (Lsdh). Mais aussi de la RADDHO, du Réseau siggil jiguen, du Forum du justiciable, de Frapp et de Nittu Deug Valeurs.
Devant les journalistes, les responsables de ces organisations de la société ont notamment interpellé directement le chef de l’Etat pour, disent-ils, « l’application rigoureuse de toutes les recommandations formulées par la Cour des comptes dans ses conclusions.
Sous ce rapport, ils ont ainsi réclamé entre autres, la « démission de tous les mis en cause ou à défaut qu’ils soient démis de leur fonctions », le « remboursement des montants détournés ou la confiscation des biens matériels ou fonciers des personnes indexées dans ces détournements présumés », « l’ouverture des 12 informations judiciaires demandées par la cour » et la « mise en place d’un comité de suivi des dites recommandations avec l’implication de la société civile ». Le constat est sans appel.