QUAND LE COVID ENFERME LES CORPS MAIS LIBÈRE LA COMMUNICATION
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps – Comment ne pas s’émouvoir du sort de nos mamans africaines, prises en étau entre la nécessité de « sortir » de chez elles pour gagner de quoi nourrir leur famille et la peur d’être contaminée
A partir du moment où le couvre-feu a été décrété en France le 17 mars 2020, adieu terrasses de cafés, restaurants, cinémas, théâtres et autre sortie dans des musées. Pire, les jardins et les parcs franciliens ont, eux aussi, été bouclés…avec obligation de « télétravailler » ! Puisque je pouvais continuer à assurer un talk-show hebdomadaire consacré à l’Afrique francophone sur YouTube depuis mon domicile parisien, l’impact de cet enferment domestique a été plus psychologique que professionnel. Au contraire, travailler quotidiennement par écran interposé m’a permis de garder, voire même de renforcer mes liens avec mes invités. Ce faisant, j’oubliais l’anxiété des autorisations quotidiennes pour sortir de chez soi et l’isolement physique « intra-muros » qui en est résulté. Jamais la résilience dont faisait preuve mes amis au Sénégal et dans les autres pays de la sous-région n’a été aussi inspirante !
A défaut de pouvoir m’envoler tous les deux ou trois mois vers mon cher continent, mon « hublot de liberté » je l’ai trouvé en ligne. Les thèmes que je discutais avec mes interlocuteurs africains étaient, tous, liés à la pandémie au risque de tourner en rond. Mais c’était difficile de parler d’autres choses avec ce fléau qui s’abattait sur la planète. L’aurais-je voulu que ma direction de l’époque m’aurait, vite, déboutée. Cela a été moins vrai, ensuite, lors des autres confinements, mais pour ce premier coup d’arrêt à notre mode de vie effréné et à nos consommations démesurées, il n’y avait pas d’autres choix que de se lever, manger et se coucher avec des nouvelles anxiogènes sur le Sars-CoV-2 décliné, ensuite, avec toutes les variantes qu’on lui connait aujourd’hui. Dans cette période paradoxale de silence médiatisé à outrance, le champ de nos certitudes se rétrécissait de plus en plus. Nous savions que nous manquions cruellement de masques et de respirateurs et que c’était le sauve qui peut pour s’en procurer. Et que le Covid-19 est une saleté de virus venu de Chine qui fait perdre le goût et l’odorat avant de vous tuer !
L’espoir, selon Euphrasie
Bref, la sinistrose ambiante était en train de me gagner. Pourtant, grâce au combat d’une Ivoirienne, j’aperçus la première lueur d’espoir. Elle m’a fait comprendre que rien n’est inéluctable et qu’il y a toujours un moyen de reprendre sa vie en main. Comment, en effet, ne pas s’émouvoir du sort de nos mamans africaines ? Prises en étau entre la nécessité de « sortir » de chez elles pour gagner de quoi nourrir leur famille et la peur d’être contaminée, elles vivaient les restrictions imposées par les gouvernements pour lutter contre la pandémie avec le plus d’acuité. Partout dans les grandes villes africaines, ce dilemme s’est posé. Fallait-il laisser les habitants mourir de faim ou bien mourir de maladie ? Quand on les a enfermés dans les bidonvilles sans eau, sans électricité et, bien souvent, sans recours médical, comme au Kenya ou en Afrique du Sud, il y a eu des émeutes de la faim, réprimées à coups de bâton et grand renfort de gaz lacrymogènes.
De surcroit, ce premier confinement qui nous est tombé dessus brutalement a, aussi, décuplé les violences conjugales au Nord comme au Sud. Alors, comment mobiliser les femmes africaines et les aider à lutter contre cette catastrophe sanitaire ? Comment éviter qu’elle ne se transforme en une catastrophe économique et un enfer conjugal ? Puisqu’il leur était interdit de se déplacer, de commercer ou de vaquer à des activités génératrices de revenus pour nourrir leurs enfants, comment les femmes du continent pouvaient-elles s’en sortir avec dignité ? A toutes ces questions, la ministre ivoirienne conseillère du Genre, Euphrasie Kouassi Yao, - elle-même confinée à Abidjan qui était littéralement claquemurée -, avait la réponse. « C’est vrai qu’il faut manger, mais d’abord il faut être en vie ! C’est pour cela que nous appliquons strictement les mesures barrières avec une relative facilité pour la distanciation, car elle coûte zéro franc. Cet élément nous a permis de convaincre plus facilement les femmes dans la mesure où elles savent qu’elles n’ont rien à dépenser pour préserver leur vie et se battre pour l’entretenir. Et les résultats sont là, tangibles !», me confiait-elle dans l’émission que je lui ai consacrée à la fin avril 2020.
Elle venait d’aider au lancement, le 24 avril, du projet « BASE », dont l’acronyme signifie : « Banque d’amour et de solidarité efficace.» Une initiative qu’elle a pilotée grâce à la chaire Unesco « Eau, femmes et pouvoir de décisions », dont elle est la titulaire, et l’Organisation de femmes du Compendium des compétences féminines de Côte d’Ivoire (Cocofci) qu’elle coordonne depuis dix ans. Pour cette militante de longue date de l’autonomisation des femmes, pas question de s’apitoyer. Au contraire, réagir c’est le déclic pour commencer à s’en sortir : « il ne s’agit pas de se lamenter mais de réagir en unissant ses forces », n’a-t-elle cessé de marteler pendant toute l’émission.
Quand un compendium peut en cacher un autre
Et d’ajouter pour bien me faire comprendre que la survie, c’est d’abord une question de volonté : « face au Covid-19, il faut faire preuve de solidarité. Pas d’entraide sociale mais bien de solidarité, car c’est ce qui va nous apporter des solutions à long terme en Afrique ! » En Côte d’Ivoire, il y a du coton à profusion, du fil et du caoutchouc. Alors, pourquoi ne pas les transformer en masques au lieu d’en importer ? « En combinant nos ressources, sur le plan humain, et grâce aux contributions de nos membres et de ceux qui nous soutiennent, nous allons créer une usine pour fabriquer des masques », préconisait-elle.
Grâce à une contribution de 1 000 francs CFA (1,50 euro) versée par chaque adhérent de BASE, - femmes comme hommes -, la fabrication des masques made in Côte d’Ivoire a pu commencer. Ceux-ci ont ensuite été distribués gratuitement aux personnes les plus vulnérables, notamment aux diabétiques en y ajoutant des doses d’insuline. Cette distribution s’est également accompagnée de transferts monétaires pour les plus nécessiteux grâce à des cartes prépayées éditées par les opérateurs téléphoniques.
Que faut-il retenir de cette initiative ? Quelques mesures simples mais ingénieuses, comme coudre ses propres masques ou faire soi-même son gel ou son savon pour se laver les mains, facilement duplicables partout dans la sous-région. « Cette maladie est venue nous rappeler que l’être humain est au centre de toutes choses. On peut avoir des ressources financières ou être un homme politique bien placé et mourir du Covid-19. Amour, solidarité et audace, jamais les valeurs qui fondent notre action au Compendium n’ont été aussi utiles. Les mesures ingénieuses pour les femmes ivoiriennes, c’est de faire au mieux avec ce que nous avons », a-t-elle ajouté.
Le « panier de la ménagère » des femmes rurales
Au même moment, au Sénégal, trois grandes agences des Nations unies (FAO, UNFPA et ONU Femmes) lançaient un programme d’aide internationale appelé « Le panier de la ménagère. » Doté de 450 millions de francs CFA (environ 68 millions d’euros), il était destiné aux femmes productrices ainsi qu’aux jeunes pour renforcer les systèmes alimentaires et la protection sociale des familles vulnérables au Covid-19. Les ménages bénéficiaires ont été sélectionnés à partir du registre national unique et d’un ciblage communautaire. Les femmes et les jeunes filles victimes de violences basées sur le genre et souffrant de fistules obstétricales, ainsi que des clubs de jeunes filles dans les zones d’intervention, ont également pu bénéficier de cette initiative. Destiné à protéger la production locale et à faciliter l’écoulement des récoltes, ce panier de la ménagère version africaine devait permettre, selon le représentant de la FAO, de « renforcer l’accessibilité à une alimentation variée et diversifiée ainsi que l’état nutritionnel de 300 000 personnes dont environ 37 500 ménages vulnérables. »
Pour la Directrice régionale d’ONU Femmes Afrique de l’Ouest et du Centre de l’époque, Oulimata Sarr, aujourd’hui ministre de l'Economie, du Plan et de la Coopération du Sénégal, ce programme « rentre en droite ligne avec notre initiative appelé les femmes font partie de la solution. Les femmes font partie aussi bien des petits producteurs mais en seront aussi des bénéficiaires. » En Côte d’Ivoire, où les femmes rurales sont également très nombreuses, l’aide internationale pour passer le cap de la pandémie a tardé. « La production alimentaire repose à 80% sur les agricultrices ivoiriennes. Alors un coup de pouce des Nations unies pour aider les foyers modestes à acheter de la production agricole locale serait le bienvenu. Bien sûr, la question de cette production locale qui n’arrive pas à s’écouler ou bien le problème de sa commercialisation dans un rayon plus vaste se posait bien avant la pandémie. Mais c’est justement dans cette période de crise que nous devons aider nos femmes rurales à se restructurer. Or, nous ne pourrons pas le faire sans l’appui de nos partenaires au développement », a commenté Euphrasie Kouassi Yao.
Mais au-delà de cette aide alimentaire pour booster le « consommer local », ce sont les populations elles-mêmes qui doivent « apprendre à se faire confiance et à travailler ensemble », a-t-elle ajouté. Car les actions entreprises pour aider ces populations doivent être pérennisées. Sinon que se passera-t-il après que les dons ou les envois de vivres ont été épuisés ? « Nos sœurs agricultrices sont pauvres non pas parce qu’elles ne produisent pas, mais parce qu’elles n’arrivent pas à écouler leur production. À nous de les mobiliser pour qu’elles puissent mieux vendre leurs produits sur les marchés locaux. L’organisation des femmes du Compendium ne fait pas de politique et respecte toutes les religions. C’est par la mobilisation que nous améliorerons l’entrepreneuriat féminin, surtout l’entrepreneuriat rural », insiste-t-elle.
En ces temps de pandémie où le confinement risquait d’affamer nombre de citadins, il était donc vital que la production dans les campagnes ne s’arrête pas. Même si le consommer local est loin d’avoir supplanté les importations de denrées de première nécessité, à commencer par le riz, la coordonnatrice du Compendium s’est engagée à tout faire pour que cela change. À une condition : que les femmes prennent le leadership sur cette question ! Comme, par exemple, traduire en langues nationales ce que les Ivoiriens appellent les « informations vraies », celles qui permettent de toucher les populations féminines les plus démunies et, souvent, analphabètes. C’est ainsi que les vendeuses dans les marchés, dont Abidjan regorge, ont pu être sensibilisées au fait qu’elles devaient s’installer en quinconce et non plus côte à côte pour pouvoir respecter les mesures barrières.
Les leçons d’Ebola
Dès le mois de février 2020, j’avais eu la chance de m’entretenir avec d’éminents scientifiques africains m’avertissant de la (relative) préparation du continent face à ce qui n’apparaissait encore, en Europe, que comme un nouvel épisode de grippe aviaire. Mais il y en a une en particulier à qui je voudrais, ici, rendre hommage. Puisqu’on allait renter dans le registre des grandes pandémies, il me semblait légitime d’interroger ceux qui vouent leur vie à la recherche. Le Professeur Francine Ntoumi épidémiologiste reconnue mondialement pour ses travaux sur le paludisme, fait définitivement partie des « grands » reconnus par leurs pairs. Pour cette enseignante-chercheuse en immunologie de l'université Marien-Ngouabi à Brazzaville où elle a fondé, préside et dirige encore actuellement la Fondation congolaise pour la Recherche médicale, c’est bien la terrible épidémie d’Ebola, en 2015, qui a permis aux autorités sanitaires de nombre de pays africains de prendre, très tôt, la mesure du danger qui les menaçait et de réagir par anticipation.
Interrogée par téléphone depuis l’université de Tübingen (Allemagne), où elle enseigne comme professeure associée et cheffe d'un groupe de recherche à l'Institut de médecine tropicale, ce docteur en biologie moléculaire et spécialiste des maladies infectieuses a estimé que les gouvernements africains avaient eu raison de se préparer à une augmentation significative du nombre de malades infectés par le virus. Car, en l’absence de système de santé performant et du fait d’habitudes de vie communautaires, « l’épidémie de Covid-19 pourrait se répandre comme une traînée de poudre sur le continent, même si ce virus tue moins que celui de la grippe. Mais les connaissances sur ce virus étant encore très limitées, les données sur sa transmission galopante et inquiétante. » En plus de l’Égypte et de l’Algérie, qui comptent parmi les pays africains ayant le plus de liaisons avec la Chine, « l’Afrique du Sud, l’Éthiopie et le Maroc pourraient également être à risque », a prédit la scientifique congolaise.
Aussi s’est-elle réjouit que des mesures préventives aient été prises pour « faire face à toute éventualité », appelant à encore plus de vigilance dans les pays africains à risque. Dans nombre d’aéroports du continent, la température des voyageurs, -particulièrement ceux venant d’Asie -, était vérifiée dès le mois de décembre 2019. À Brazzaville, d’où elle est originaire, « ce dépistage est même devenu systématique et des hôpitaux ont été réquisitionnés pour accueillir d’éventuels malades », a-t-elle témoigné. La capitale de la République du Congo, Brazzaville abrite le siège africain de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Cette dernière avait été très lente à réagir, en avril 2014, au moment du déclenchement de l’épidémie d’Ebola dans trois pays d’Afrique de l’Ouest. Mais, cette fois, l’agence onusienne semblait déterminée à tirer la sonnette d’alarme « le plus tôt possible » pour ne pas avoir à répéter les erreurs commises après la propagation fulgurante du virus de la fièvre hémorragique qui avait fait plus de 11 000 morts en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia.
L’espoir de la recherche
Membre de plusieurs comités scientifiques et réseaux scientifiques internationaux en Afrique et en Europe, le Professeur Ntoumi apporte également son expertise à l’Union africaine (UA) en tant que membre du panel de haut niveau sur les technologies émergentes et membre du consortium for Covid-19 vaccines clinical trial (CONCVACT) de l’Africa-CDC. A ce titre, sa première préconisation a été de développer une communication efficace sur le coronavirus SARS-COV2. « Ce serait le meilleur moyen pour que les populations locales, qui sont essentiellement informées par les réseaux sociaux, sachent quoi faire en cas d’épidémie sans céder à la panique. ».
Quant au vaccin pour lutter contre le coronavirus SARS-COV2, cette chercheuse de haut vol, qui a obtenu de nombreuses récompenses dans le cadre de ses travaux sur les souches de Plasmodium falciparum responsable du paludisme, était dubitative. « Je n’ose pas faire de pronostic (en ce qui concerne SARS-COV2) tant on a annoncé de fois qu’on allait élaborer un vaccin (contre le paludisme) d’ici à deux ans. Or, à ce jour, il faut bien le reconnaître, il n’existe aucun vaccin contre aucune maladie parasitaire !», s’était-elle insurgée. Ce qui ne l’a pas empêché, ensuite, d’étudier activement l’immunité de la population congolaise et de séquencer le virus SARS-COV2 en circulation au Congo, indispensables données pour comprendre cette maladie et pour l’évaluation des vaccins ou des traitements. Son domaine de prédilection, toutefois, reste la recherche sur les maladies infectieuses représentant un problème de santé publique pour le Congo. Ceci incluant les maladies à potentiel épidémique comme le chikungunya, Dengué et Ebola.
Impliquée depuis janvier 2009 dans le renforcement des capacités de la recherche biomédicale par le biais du Réseau régional pour la recherche clinique en Afrique centrale (Cantam - Central Africa Clinical Research Network, www.cantam.org) et le réseau panafricain pour la préparation et la riposte aux épidémies de maladies infectieuses (Pandora-ID-Net, www.pandora-id.net), le Professeur Ntoumi et ses équipes travaillent également en utilisant une approche « Une seule santé ». En effet, les équipes multidisciplinaires (entomologistes, médecins, biostatisticiens, bio-informaticiens, anthropologues, sociologues, généticiens, etc.) travaillant aussi bien sur l’humain, sur l’animal et sur l’environnement sont impliquées car les maladies sont la conséquence du bouleversement de plusieurs facteurs et pour leurs solutions, il faut considérer tous les angles. De plus, la population africaine utilise encore énormément les plantes médicinales pour se soigner et cela ne peut être ignoré. Il va falloir que les scientifiques travaillent main dans la main avec les thérapeutes afin de trouver les médicaments de demain et apporter la pleine contribution de l’Afrique.
« L’avantage que nous avons en Afrique centrale, c’est notre immense réservoir animal et végétal qui peut donner lieu à d’innombrables études. Il faut donc que nous développions davantage de recherches endogènes, notamment sur les agents pathogènes zoonoses qui se transmettent naturellement des animaux à l'être humain, et vice-versa. C’est ainsi que nous pourrons le mieux contribuer à éradiquer les épidémies et faire avancer la science en général », m’avait-elle encore confié.
Sans la pandémie, je n’aurai jamais échangé aussi intensément avec cette femme visionnaire qui s’est battue toute sa vie en tant que « femme africaine dans les sciences, une carrière extrêmement difficile à mener à cause des pesanteurs culturelles !», reconnait-elle sans fausse modestie. Alors, on se sent moins seule devant tant d’engagement, même si les nouvelles formes d’interaction « en distanciel » sont, parfois, horripilantes. Comme pour tout le reste, on finit par s’y habituer. Parfois un peu trop vite. N’oublions pas que pour beaucoup d’Européens, le moment le plus dur du « confinement » a été le « déconfinement » ! Autant de néologismes qui sont aujourd’hui rentrés dans le vocabulaire courant et que les medias ont contribué à populariser.
Christine Holzbauer est journaliste/reporter, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Elle a longtemps vécu au Mali et au Sénégal où elle représentait de grands journaux français, sillonnant par ailleurs les pays du Sahel pour ses reportages. Depuis son retour en France, elle continue de couvrir les grands évènements ayant trait à l’Afrique en plus de produire, réaliser et présenter depuis Paris une émission de télévision qui s’appelle « Mon heure d’Afrique. »
par Nioxor Tine
LE TROISIÈME MANDAT ET LE PROGRAMME ALTERNATIF
Si on veut en arriver à une véritable alternative sociopolitique à l’issue de l’élection présidentielle de 2024, il est grand temps d’œuvrer pour l’actualisation et de la mise en œuvre des conclusions des Assises nationales
Encore quelques mois et le palais présidentiel devrait changer de locataire !
Bien sûr, l’actuel occupant semble très peu pressé de partir. Il aimerait bien rester, encore un peu, au moins cinq ans, peut-être un peu plus, le temps, sous prétexte de s’assurer que nos nouvelles ressources sont bien gérées, de toucher sa part de dividendes de la nouvelle manne pétrolière et gazière et d’en faire profiter ses amis de l’étranger.
Tout le monde est tenu de respecter la loi
Seulement, il y a un hic ! À l’instar d’un travailleur appelé à faire valoir ses droits à la retraite devant quitter définitivement son poste de travail officiel, un président élu sous le régime de la limitation des mandats à deux, ne saurait postuler à un troisième, sauf à violer la loi. De fait, on ne peut que regretter, que toute la Nation soit tenue en haleine par son premier magistrat, qui pense qu’il lui revient de décider, s’il doit se conformer à la loi, c’est-à-dire aux dispositions constitutionnelles régissant le nombre et la durée des mandats.
Ce maatey au sommet de la République n’est pas sans conséquence, surtout si l’on considère que les plus hautes autorités de notre pays doivent donner le bon exemple aux autres citoyens. Cela aiderait beaucoup à inculquer aux jeunes générations un sens civique élevé, dont on voit, à travers plusieurs signes, - ne serait-ce que les dérives sur le net - qu’il commence à faire terriblement défaut.
Quand le troisième mandat devient facteur de confusion
De plus, cette problématique de limitation de mandats commence à peser lourdement sur les destinées de nos jeunes Nations et fausse considérablement le jeu politique, surtout au regard des enjeux fondamentaux que sont les questions d’approfondissement de la démocratie, incluant la refondation institutionnelle, de souveraineté économique et de redistribution équitable des ressources.
C’est ainsi qu’en 2012, le remarquable travail des Assises nationales a sombré dans le tumulte de la lutte contre le troisième mandat du président Wade et un outsider que personne n’attendait a été propulsé au-devant de la scène. En effet, en faisant du dégagisme une fin en soi (le tout sauf Wade), on a relégué les discussions programmatiques à l’arrière-plan. Cela s’est traduit par une méga-coalition basée – non sur des convergences programmatiques – mais sur un unanimisme grégaire autour des directives du nouvel homme fort peu intéressé par les problématiques discutées par les Assises.
Deux mandats …de régression démocratique !
De fait, on a pu constater les limites d’une telle approche depuis l’avènement du président Macky Sall au pouvoir, avec l’instauration d’un régime reposant sur l’instrumentalisation des différentes institutions aux fins de confiscation du pouvoir d’État. À titre d’exemples, on a noté une accentuation du caractère godillot du Parlement, une reddition des comptes transformée en règlement de comptes, beaucoup d’acquis du code électoral consensuel de 1992 remis en cause, avec l’introduction de la loi inique sur le parrainage pour éliminer les adversaires politiques à la présidentielle de 2019.
Mais depuis février – mars 2021, le syndrome du canard boiteux (lame duck) est en train de faire ses effets, se traduisant par une perte progressive d’autorité et de crédibilité du régime de Benno Bokk Yakaar illustrée par des grèves, des soulèvements populaires et des revers électoraux répétés.
Du Bokk Yakaar au Tass Yakaar !
Tant et si bien que le bloc monolithique de la coalition présidentielle, d’une durée de vie exceptionnellement longue commence, enfin, à se fissurer et se scinder en deux camps.
D’un côté, on trouve des hommes politiques lucides, faisant preuve de réticence vis-à-vis de cette option de forcing sur le troisième mandat, car s’étant rendus compte du caractère improductif et stérile d’une démarche de remise en cause permanente des normes de l’État de droit et de nos traditions démocratiques.
De l’autre, il y a des inconditionnels de la manière forte et d’une ligne de confrontation avec l’opposition communément désignés sous le vocable de faucons. Ils soutiennent les manœuvres de diabolisation, voire les cabales contre des leaders de l’opposition, les opérations de propagande aveugle, les manipulations du code électoral, les tripatouillages de la Constitution et bien sûr la grande escroquerie du troisième mandat rebaptisé deuxième quinquennat.
Une opposition atteinte par le virus électoraliste
Quand on regarde du côté de l’opposition, on ne peut s’empêcher de constater une prédominance de préoccupations électoralistes sur celles programmatiques.
Alors que le rapport de forces n’a jamais été aussi favorable à la survenue d’un nouveau changement de régime, dont on espère qu’il ne s’agira pas d’une simple alternance de plus, on ne voit nulle part d’esquisse de concertation sur un éventuel programme commun à mettre en œuvre en cas de victoire d’un candidat de l’opposition à la prochaine présidentielle de 2024.
Au contraire, certains candidats se sont lancés dans des tournées électorales, dont on se demande parfois si c’est une offre politique alternative ou un nouveau profil de présidentiable qu’elles mettent le plus en avant. Par ailleurs, on observe également un foisonnement de candidatures individuelles, tout à fait légitimes du reste, mais donnant l’air de sortir du néant et parfois même d’être un peu prétentieuses, car reposant sur des victoires électorales acquises dans le cadre de larges coalitions, qu’on cherche alors à instrumentaliser comme rampes de lancement. Une autre faiblesse de la démarche des partis d’opposition est le manque de prise en compte de revendications économiques et sociales et de jonction avec les luttes populaires.
Si on veut, au-delà des alternances classiques qui ont montré leurs limites, en arriver à une véritable alternative sociopolitique à l’issue de l’élection présidentielle de 2024, il est grand temps d’œuvrer pour l’actualisation et de la mise en œuvre des conclusions des Assises Nationales et des recommandations de la C.N.R.I
Ce sera maintenant l’accalmie à la mosquée de Amitié-Baobab- Karack. Les parties se sont retrouvées suite à une convocation du sous-préfet des Almadies. L’autorité a réglé le contentieux par médiation.
Ce sera maintenant l’accalmie à la mosquée de Amitié-Baobab- Karack. Les parties se sont retrouvées suite à une convocation du sous-préfet des Almadies. L’autorité a réglé le contentieux par médiation. La rencontre s’est tenue en présence du commissaire de Dieuppeul, du bureau exécutif de l’association nationale des imams et oulémas du Sénégal et des délégués de quartiers de Sicap, Baobab, Amitié et Karack.
L’Imam Ousmane Diop est ainsi désigné responsable moral de la mosquée. Il va gérer « les prières des vendredis et les cinq prières du jour et prières mortuaire »
« L’Imam Ousmane Diop reste l’Imam ratib de la dite mosquée et la personne morale pour toutes décisions sous sa tutelle. Les imams El Hadji Omar Ndoye et El Hadji khalifa Ndiaye demeurent imams suppléants » a détaillé un communiqué de l’association nationale des imams et oulémas du Sénégal.
L’association informe aussi de la suspension jusqu’à nouvel ordre de « tout autre acte avant ou après la cérémonie » de prière.
Le sous-préfet des Almadies a également « mis fin aux mandats des membres du comité de gestion. Un nouveau comité de neuf membres sera mis en place sous la supervision du grand Imam ratib, responsable moral de la grande mosquée de Sicap Baobab ».
Toutefois, la prière de ce vendredi 28 octobre 2022, dirigée par l’Imam Ousmane Diop, devait se faire sous la surveillance de la sécurité publique. L’autorité veut prémunir de tout acte devant mener à la fermeture du lieu e culte.
Ainsi se clôt l’épisode de la bagarre de la mosquée de Amitié-Baobab- Karack. A l’origine de la mésentente, une affaire de détournement de 5 millions de francs Cfa ayant opposé les parties.
DIENG EST UNE OPTION SÉRIEUSE
L’entraineur de l’OM Igor Tudor parle des changements qu’il va effectuer samedi à Strasbourg dans son onze de départ. Bamba Dieng a des chances d’être concerné par cette rotation.
L’entraineur de l’OM Igor Tudor parle des changements qu’il va effectuer samedi à Strasbourg dans son onze de départ. Bamba Dieng a des chances d’être concerné par cette rotation.
En conférence de presse d’avant-match, Igor Tudor a annoncé un turn-over pour le match à Strasbourg ce samedi. "On est à peu près sur ces chiffres (cinq-six changements dans le onze) pour demain" a reconnu le coach de l’OM repris par Le phocéen. Interrogé sur la possibilité de voir Bamba Dieng débuter la rencontre, Tudor a confirmé que l’attaquant sénégalais était "une option sérieuse". "Il fait un bon travail, on est en train encore d’évaluer sa situation (pour qu’il débute). L’important est d’avoir une belle équipe pour réussir à l’emporter demain."
Tudor n’a en revanche pas voulu s’étendre sur le cas de Gerson qui aurait arrêté son échauffement mercredi à Francfort : "Si on commence avec cette question c’est une erreur, a balayé le Croate. Il faut qu’on se concentre sur le match de demain, qu’on parle de ce match important dans lequel on veut tout donner. Il y aura quelques changements par rapport au dernier match, mais on veut essayer de bien faire. L’équipe est vraiment en forme, il y a une bonne atmosphère, il y a beaucoup de positivité. C’est important de l’emporter demain, car pour l’instant on a eu de bonnes prestations, mais sans les résultats qui suivent derrière." À noter qu’Éric Bailly et Pape Gueye devraient pouvoir faire le retour dans le groupe pour le match contre Tottenham. "On espère les récupérer pour mardi prochain" a confirmé Tudor.
par Amadou Tidiane Wone
CRI DU CŒUR EN CHŒUR
Nous passons le temps à nous plaindre, les uns des autres. Sans pour autant prendre la pleine mesure de notre rôle dans ce brouhaha inconsistant. A quand le holà sur l’impertinence et l’insolence ?
Tous les Sénégalais ressentent un mal-vivre de plus en plus envahissant dont ils cherchent, vainement, à trouver les causes profondes. Par défaut, chacun d'entre nous voit en l'autre, qui n’est pas lui, le responsable du désordre ambiant. Le pouvoir pour les uns, l’opposition pour les autres. Les réseaux sociaux pour le chef de l'Etat (?) Les motocyclistes pour les taximen…La presse ? Les politiciens ? Les marabouts ? Nous tous à la fois ? À des degrés variables évidemment…
Et pourtant, personne ne se remet en cause. En rien. La responsabilité est ainsi diluée et la conscience collective, ou ce qui en tient lieu, peut dormir tranquille. Dans un pays qui se dit à 95% musulman, il convient de consulter la référence primordiale d’une telle communauté : Le Saint Coran qui pointe la responsabilité individuelle dans la déchéance collective. Il indique la voie :
« En vérité, Allah ne modifie point l’état d’un peuple, tant qu’ils ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes. » ?
Que nous reste t-il à faire dès lors ?
Dans nos salons et Grand-Place, nous passons le temps à nous plaindre, les uns des autres. Sans pour autant prendre la pleine mesure de notre rôle dans ce brouhaha inconsistant. Quel rôle devons-nous jouer pour apporter une pierre dans l’édifice collectif ? Quel engagement devons-nous prendre, et le respecter, pour la transformation qualitative de notre société ? Les réponses à ces questions préjudicielles sont un préalable à une révolution culturelle et sociale porteuse d’un nouvel essor. Sur tous les plans. La politique, telle qu’elle se donne à vivre et à voir sous nos tropiques et plus particulièrement dans notre pays, le Sénégal, est en perte de sens. Elle a oublié son projet de transformation. Elle se réduit à des compétitions interpersonnelles et des règlements de comptes, bien des fois entre alliés devenus ennemis sans que personne ne puisse dire pourquoi ni comment. Cette opacité du genre politicien est propice à l’émergence des pêcheurs en eaux troubles, entremetteurs et courtisans. Elle favorise les grandes gueules qui peuvent dire et se dédire, hurler et insulter.
Pendant ce temps, les braves gens se taisent et se meurent… Et pourtant Ils sont plus nombreux, mais moins sonores. Donc inaudibles. Le silence des uns fait écho à la clameur des ignares.
Nous n’en pouvons plus de vivre sous cette tyrannie !
A quand la renaissance de la parole qui est vie ? A quand le holà sur l’impertinence et l’insolence ? A quand la mise au pas de l’outrance abusive qui nous éclabousse et nous fatigue ?