EXCEPTION AFRICAINE, LEÇONS D’HUMILITÉ ET CULTURE COSMOPOLITIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps - Par rapport au Covid, le trait distinctif ne soustrait pas l’Afrique de l’essentialité par laquelle elle a été inventée par l’Occident. Une essentialité génératrice de stéréotypes et source possible de stigmatisation
#SilenceDuTemps - Les maladies, les pandémies en particulier, ont souvent poussé les sociétés humaines à leur trouver une explication extra scientifique, la figure du bouc-émissaire remplissant souvent cet office.
La stigmatisation par un usage malveillant du nom de la maladie et par détournement délibéré de son appellation pour suggérer ou désigner plus ou moins explicitement l’existence d’un coupable : voilà le mécanisme de la stigmatisation.
Le recours à des métaphores de la maladie, à des substituts et à des analogies insidieuses permet de fabriquer des stéréotypes qui deviennent des cibles toutes désignées.
Dans l’histoire des pandémies, le cas de la peste noire, avec son lot de pogromes antisémites, constitue l’un des exemples les plus emblématiques. La lèpre, la peste, la tuberculose, la syphilis, le choléra, la grippe, le sida, Ebola ont connu ce type d’imputation de la maladie à la perversion plus ou moins congénitale d’une race, d’une religion, d’un groupe.
Le Nègre, l’Arabe, les gens du voyage, l’immigré, selon les époques et la nature des crises, ont souvent subi de tels outrages.
Sur ce plan, la pandémie du nouveau Coronavirus n’a pas échappé à ce qui vient d’être dit de ses devancières.
Les conditions d’apparition du Covid-19 ont fait de la Chine la cible idéale pour trois raisons : l’histoire des épidémies montre que la plupart d’entre elles viennent d’Asie, et notamment de la Chine ; la Chine est accusée de négligence par dissimulation et déclaration tardive de la découverte du nouveau virus ; et enfin, l’hypothèse d’une création de ce virus dans les laboratoires de Wuhan permet de corroborer l’idée d’une lutte idéologique et hégémonique entre la Chine et le monde occidental, les USA en particulier.
L’expression forgée par Donald Trump – « le virus chinois » – a une double fonction de stigmatisation : montrer que ce pays est le chef de file de l’axe du Mal et assurer l’électorat conservateur, et les Américains en général, de la supériorité de leur culture et de leur démocratie.
L’expression « virus chinois » a connu différentes variantes : « grippe asiatique » ou « virus de Wuhan », par exemple. Des ressortissants des pays d’Asie vivant aux USA ou en provenance des pays d’Asie ont fait l’objet de traitements dégradants. Et d’une manière générale, la Chine est demeurée en Occident la cible des critiques les plus virulentes, assimilant sa gestion de la pandémie à son mode de gouvernance idéologique, la dissimulation et l’absence de démocratie.
Je voudrais à présent montrer comment le concept d’« exception africaine » présente sous un jour particulier l’inanité de ces motifs et mécanismes de stigmatisation et la conséquence qu’il me semble nécessaire d’en tirer : l’humilité qui doit constituer notre credo à tous et la signification du cosmopolitisme révélé par la pandémie grâce aux « exceptions » identifiées.
Avec l’apparition du nouveau Coronavirus, l’Afrique a fait l’expérience d’une double stigmatisation avant de passer pour un « cas d’école » digne d’intérêt.
D’abord par des formes et sources internes d’autostigmatisation. La peur, l’ignorance et la honte poussent individus et familles à cacher et à taire les cas d’infection des leurs par la Covid-19. Globalement, dans leur vie sociale, les Africains cultivent une sorte d’éthique de la retenue, de la pudeur et de la dissimulation pour tout ce qui touche à la maladie d’un de leurs proches ou à une affection dont ils souffrent.
Ensuite, il y a ce fait qu’il arrive aux Africains de pratiquer aussi des formes de stigmatisation d’une communauté envers une autre au sein du même pays ou entre pays voisins. Un exemple qui fit beaucoup de bruit au point de dégénérer en incident diplomatique est le suivant : le seul cas d’Ebola enregistré au Sénégal introduit par un jeune voyageur guinéen et qui entraîna, en dépit des longues traditions de vivre-ensemble et des efforts des autorités sanitaires, la stigmatisation de la communauté guinéenne vivant au Sénégal par une partie de la population.
Autre preuve que l’Afrique n’est pas exempte de telles pratiques, les exemples de stigmatisation à rebours opérée par les Africains à l’endroit des Occidentaux : à propos du sida et du Covid-19, de la part notamment des milieux culturels musulmans, liant à des pratiques supposées étrangères aux Africains, l’homosexualité pour le premier et un mode de vie social et culturel marqué par l’individualisme et l’incroyance pour le deuxième.
À cette forme interne de stigmatisation est venue se greffer une autre, extérieure, portant indistinctement sur tous les Africains noirs et découlant de préjugés et de stéréotypes séculaires : pays des maladies endémiques les plus dévastatrices de ces dernières décennies, Sida et Ebola notamment, absence d’infrastructures, de personnel de santé, propension à une vie de relations propices à la propagation du virus, une sorte d’évidence en découlait : les craintes, annonces et hypothèses d’hécatombe causées par le nouveau Coronavirus.
Le constat d’une non-conformité de la réalité avec de telles prévisions a entraîné un changement relatif de regard sur l’Afrique et sur la pandémie.
C’est cette nouvelle donne que je voudrais interpréter en rapport avec le thème du cosmopolitisme et des leçons qu’il convient d’en tirer.
« L’exception africaine » peut s’expliquer de différentes manières. Qu’elle soit d’ordre biologique ou d’ordre culturel, une première hypothèse consiste à soutenir que ce trait distinctif ne soustrait pas l’Afrique de l’essentialité par laquelle elle a été inventée par l’Occident conquérant et civilisateur, essentialité génératrice de stéréotypes et source possible de stigmatisation plus ou moins implicite : cette différence qui la distingue de tous les autres continents serait encore la preuve qu’elle est d’une humanité particulière, qu’elle a quelque chose qui l’empêche d’être semblable au reste de l’humanité.
Une autre hypothèse, celle par laquelle je voudrais conclure cette contribution, serait fondée sur un argument plus constructif à la lumière des leçons que cette crise sanitaire nous commande de tirer pour construire une humanité adulte et à la hauteur de ses responsabilités. Nous n’aurions alors plus affaire à une manière de stigmatisation, mais à une acceptation de bonne foi de l’existence d’« un cas d’école ». En effet, ce phénomène constitue un intérêt pour la science, pour les Africains eux-mêmes et pour toutes les sociétés humaines. Il y a eu une sorte d’effet boomerang : ceux qui ont subi une hécatombe ne sont pas ceux que l’on croyait. Il importe dès lors d’étudier ce cas de figure pour en tirer des enseignements utiles à toute l’humanité.
Les Africains ne devraient pas « bouder le plaisir » de leur exception, mais ils auraient tort de pavoiser, car différents facteurs devraient les inciter à la prudence et « au triomphe modeste ». Les statistiques montrent que 9 Sénégalais sur 10 ont été en contact avec le virus. Dans l’hypothèse où les chiffres concernant le nombre réel d’infectés et de morts seraient bien plus importants, l’on devrait en inférer que sans remettre en cause « l’exception africaine », une telle situation signifierait que la vulnérabilité des Africains est également une réalité et que de tels chiffres devraient donner aux Africains des motifs de réflexion sur leur situation sanitaire pour prévenir de possibles survenues de maladies et de pandémies semblables au nouveau Coronavirus.
Si le bon sens n’y suffit pas, l’expérience décrite à travers ces formes de stigmatisations et « le cas d’école » ici concerné devrait définitivement amener les scientifiques et les non-scientifiques à changer d’attitude quant à la signification que l’on attribue à la maladie. Cesser de considérer la maladie et la pandémie comme des scandales, c’est-à-dire des défis à la nature, à la raison et à la morale. Accepter qu’elles soient simplement inhérentes à la vie, car vivre c’est affronter des risques et les maladies comptent parmi ces risques.
« La santé, c’est le luxe de tomber malade et de s’en relever » (G. Canguilhem).
Ce « cas d’école », sur un plan général, devrait conduire toutes les sociétés humaines à se rappeler que si elles n’ont pas la même responsabilité quant aux causes de propagation des maladies, elles n’en demeurent pas moins, toutes ensemble, héritières de leurs enseignements et de leurs conséquences. Que c’est à cette condition qu’elles peuvent construire une civilisation du XXIe siècle plus humaine. Une civilisation capable de coopérer pour agir efficacement contre les pandémies et contre les obstacles au développement humain intégral.
Une leçon d’humilité, d’humanisme, nous vient de quelques philosophes, grands théoriciens du cosmopolitisme.
À ce propos, Emmanuel Kant – réputé être l’un des pères du système des Nations unies – considère, dans un célèbre opuscule, que pour réaliser la paix perpétuelle, deux facteurs sont essentiels, complémentaires et nécessaires. Le premier est l’usage de la raison, l’unique sinon le meilleur moyen de résister aux forces dissolvantes de la nature, causes de la violence de tous contre tous. Le deuxième est un argument qui milite pour une bonne coexistence du local et du global. Il consiste à dire que le recours à la raison pour bâtir les conditions d’une paix perpétuelle ne peut se réaliser pleinement que dans l’espèce et non dans l’individu ou un groupe sectaire replié sur lui-même.
L’enseignement de cette crise liée au nouveau Coronavirus est que pour être solidaires et efficaces, il nous faut distinguer deux ordres de réalités.
Il y a ce qui NE DÉPEND PAS DE NOUS : il existe un monde végétal et animal au sein duquel l’humain est un vivant au même titre que les virus et les bactéries. Il faut faire avec ce monde, le connaître par la recherche scientifique, respecter ses logiques d’existence et s’en protéger en cas de nécessité.
Et il y a CE QUI DÉPEND DE NOUS : repenser nos rapports avec ce monde et nos rapports entre nous, humains. Repenser l’usage de nos moyens matériels, culturels et sociaux en vue d’optimiser les possibilités de coopération entre toutes les nations pour prévenir les maladies et, en cas de crise, les gérer de manière efficace et efficiente.
Abdoulaye Elimane Kane est professeur des Universités à la retraite. Membre fondateur du Syndicat Autonome du Supérieur (SAES), il a milité successivement au Rassemblement Démocratique National dirigé alors par le ProfesseurCheikh Anta Diop, au Parti pour la Libération du Peuple et au Parti Socialiste. Il a occupé diverses fonctions académiques et administratives : chef du département de philosophie, inspecteur général de philosophie, ministre de la communication et ministre de la culture.
LES NOMINATIONS AU CONSEIL DES MINISTRES DU 19 OCTOBRE
SenePlus publie ci-dessous, les nominations prononcées au Conseil des ministres du 19 octobre 2022.
AU TITRE DES MESURES INDIVIDUELLES
Le Président de la République a pris les décisions suivantes :
• Monsieur Makhtar LAKH, Commissaire aux enquêtes économiques principal, est nommé Secrétaire général du Ministère des Transports aériens et du Développement des Infrastructures aéroportuaires ;
• Monsieur Maël THIAM, Expert en Marketing et Stratégies, est nommé Président du Conseil d’Administration de la Société nationale des Eaux du Sénégal (SONES), en remplacement de Monsieur Mody SY ;
• Monsieur Mamadou Mory DIAW, Spécialiste en Développement territorial et en Santé, est nommé Président du Conseil de Surveillance de l’Agence des Travaux et de Gestion des Routes (AGEROUTE Sénégal), en remplacement de Monsieur Sylvain Alphonse BOYER, appelé à d’autres fonctions ;
• Monsieur Sylvain Alphonse BOYER, Pharmacien, précédemment Président du Conseil de Surveillance de l’Agence des Travaux et de Gestion des Routes (AGEROUTE Sénégal), est nommé Président du Conseil de Réglementation de l’Agence sénégalaise de Règlementation Pharmaceutique (ARP), poste vacant ;
• Monsieur Mamadou Mamour DIALLO, Inspecteur principal des Impôts et des Domaines est nommé Directeur général de l’Office national de l’Assainissement du Sénégal (ONAS), en remplacement de Monsieur Ababakar MBAYE, appelé à d’autres fonctions ;
• Monsieur El Hadji Ousmane BARRO DIONE, Titulaire d’un master d’Etudes supérieures diplomatiques, précédemment Secrétaire général de la Compagnie du Théâtre national Daniel Sorano, est nommé Directeur général de la Compagnie du Théâtre national Daniel Sorano, en remplacement de Monsieur Abdoulaye Koundoul ;
• Monsieur Mamadou WADE, Conseiller en planification, est nommé Inspecteur des Affaires administratives et financières au Ministère des Transports aériens et du Développement des Infrastructures aéroportuaires, poste vacant ;
• Madame Coumba SOW, Juriste en service au Ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération, est nommé Inspecteur technique au Ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération ;
• Monsieur Cheikh Ahmadou Bamba SARR, Titulaire d’un Master 2 en Gestion et Finances publiques, précédemment Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement au Ministère de l’Artisanat et de la Transformation du Secteur informel, est nommé Directeur de l’Artisanat, en remplacement de Monsieur Moctar DIAKHATE, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite.
• Monsieur Soulèye KANE, Inspecteur de Spécialité, est nommé Directeur de l’Apprentissage au Ministère de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Insertion, en remplacement de Monsieur Ousmane Adama DIA appelé à d’autres fonctions ;
• Monsieur Cheikh DIOUF, Spécialiste en Gestion de la mobilité, des transports et de la logistique est nommé Directeur des Infrastructures aéroportuaires au Ministère des Transports aériens et du Développement des Infrastructures aéroportuaires, poste vacant ;
• Monsieur Ibrahima Sorry SARR, Planificateur, est nommé Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement au Ministère des Transports aériens et du Développement des Infrastructures aéroportuaires ;
• Monsieur Amadou DIALLO, précédemment Directeur du Renouveau du Service public au Ministère de Fonction publique et du Renouveau du Service public, est nommé Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement au Ministère de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Insertion ;
• Monsieur Alioune Palla MBAYE, juriste, est nommé Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement au Ministère de la Culture et du Patrimoine historique, poste vacant ;
• Monsieur Ahmadou NDIAYE, Enseignant, est nommé Président du Conseil d’administration du Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose, en remplacement de Madame Khadija SY ;
• Monsieur Abel Ngor MARONE, Titulaire d’un Doctorat ès lettres, est nommé Secrétaire général de la Compagnie du Théâtre national Daniel Sorano en remplacement de Monsieur El Hadji Ousmane BARRO Dione, appelé à d’autres fonctions ;
PAR CHANTAL ISMÉ
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LES LUEURS DE LA JUSTICE DANS LE PROCÈS DE L'ASSASSINAT DE SANKARA
Afin de mieux comprendre les enjeux et les nouveautés de ce procès d’importance pour tous les pays dominés, la parole est donnée à Aziz Salmone Fall, coordonnateur de la Campagne Internationale Justice pour Sankara - ENTRETIEN
En pleine pandémie, alors que le monde semble retenir son souffle et que la Covid occupe toute la place médiatique, une démarche courageuse et tenace se poursuit pour obtenir justice pour la mort de Thomas Sankara, un symbole iconique. Elle débouche sur une victoire. Afin de mieux comprendre les enjeux et les nouveautés apprises de ce procès d’une grande importance pour tous les pays dominés, la parole est donnée à Aziz Salmone Fall, coordonnateur de la Campagne Internationale Justice pour Sankara (CIJS) par le biais d’une entrevue.
Depuis 1997, le CIJS mène inlassablement une campagne pour contrer l’impunité, faire la lumière dans l’affaire Sankara et compagnons ainsi qu’obtenir justice. Quelle a été la genèse du dossier?
C’est en effet le plus long combat juridique dans le cas du meurtre d’un chef d’État et de ses collègues en Afrique, voire d’ailleurs dans le monde. La Campagne Internationale Justice pour Sankara est menée par le Groupe de recherche et d’initiative pour la libération de l’Afrique.Le GRILA est né en 1984, en coïncidence avec la révolution du Burkina. Tous deux œuvraient pour concrétiser le rêve panafricain et un développement autocentré. À la suite à l’assassinat de Thomas Sankara et de ses camarades en 1987, le GRILA a réagi vivement et a organisé durant plus de trois décennies, tous les 15 octobre, des événements de commémoration dans toutes ses sections et ne manquant pas au fil des années une occasion pour rappeler l’œuvre de la révolution Sankariste et aider ses partisan.e.s.Pendant plus de 9 ans, le régime Compaoré n’a donné aucune explication sur la mort de Sankara et de ses camarades et a assassiné plusieurs autres de ses camarades et intimidé les opposant.e.s.
À l’été 1997, à quelques mois du délai de prescription décennale, des membres du GRILA Housseini Boly, Dominique Traoré et moi-même alertons le groupe sur l’imminence de la date du 15 octobre 1997 et du risque de voir s’éteindre les possibilités de recours judiciaires. La décision est prise de travailler différemment sur l’affaire Sankara. C’est dans ces circonstances que sa veuve Mariam Serme Sankara porte courageusement plainte contre X et faux en écriture juridique. L’avocat Dieudonnée Nkounkou de Montpellier et Bénéwendé Sankara enrôlent le cas et prennent sa défense. Le GRILA lance la campagne internationale contre l’impunité : Justice pour Sankara sous la forme d’un appel. L’appel est soutenu, entre autres, par la commission des droits de la personne, le réseau africain des droits de l’homme, la ligue togolaise des droits de l’Homme, l’Union interafricaine des droits de l’homme (Burkina), Amnesty International (Canada), Action chrétienne contre la torture, le CISO centre international de solidarité ouvrière, la coordination des jeunes des partis d’opposition (Sénégal) Organisation des jeunesses panafricaines (Sénégal), la CIMADE, FIDH, Survie (France), Club Thomas Sankara (Mali) Gruppo Mission (Italie) et endossé par des personnalités comme le Pr Jean Ziegler (Suisse), Pr Issa Ndiaye (Mali) le journaliste Jean Philippe Rapp, le politicien Edgar Pisani ( France) le Pr Vincent Coulibaly (Mali), M. Jean Carbonare (FIDH), Dr Buuba Diop ANAFA (Sénégal), Alioune Tine (RADDHO) Mme Coulibaly (Réseau Africain pour le développement intégré)… Des milliers de signatures tout le long des années ont soutenu notre travail, notamment lors de La caravane Sankara qui a sillonné plusieurs pays de trois continents en 2007.La Campagne Internationale Justice pour Sankara a été principalement articulée sur un collectif d’une vingtaine d’avocat.e.s. Ces avocat.e.s travaillent pro bono, c’est-à-dire bénévolement pour le bien public, le droit international et pour la solidarité internationaliste et panafricaine. Leur immense travail est déjà historique et leur contribution à la lutte contre l’impunité fait leur notoriété. L’odyssée de près d’un quart de siècle a été marquée hélas par le décès de certains, le départ d’autres, appelés à d’autres fonctions ou à d’autres causes, ou l’arrivée de nouveaux ou de nouvelles. La CIJS est reconnaissante du courage et de l’abnégation de ses collectifs dont les membres sont des modèles pour la profession. La mobilisation de la CIJS a contribué à garder vivantes la pensée et l’œuvre sankariste au Burkina et dans le monde.
La CIJS a épuisé tous les recours des tribunaux burkinabés, instrumentalisés par le régime françafrique, et a dû recourir au comité des droits de l’homme de l’ONU. Elle y a marqué un précédent international contre l’impunité en 2006. Avec le renversement du régime Compaoré, un nouveau régime a permis l’organisation d’un nouveau procès. Il s’ouvre le 11 octobre 2021.
Quels sont les enjeux de ce procès?
Ils sont immenses. Symboliquement, l’Afrique est constellée de martyrs de nos indépendances assassinées en toute impunité, de Lumumba à Cabral. En réalité sur le banc des accusés est l’État compradore allié de l’impérialisme qui gangrène la plupart des régimes politiques africains. C’est-à-dire des régimes politiques qui ont accepté la subordination au mode néocolonial de croissance et qui fonctionnent par l’expropriation des masses, la prévarication des deniers publics et la perpétuation des structures de sous-développement. Le régime Compaoré qui a été chassé par l’insurrection populaire a été exfiltré par la France et abrité en Côte d’Ivoire. Avant de partir, ce régime a ruiné le pays, miné le terrain politique et économique, entre autres, en s’acoquinant à des cellules djihadistes qui commençaient à écumer la sous-région et en ayant des accointances avec les réseaux d’extractivité minière. Cela a mis en otage l’État de la transition qui a néanmoins rouvert le procès, et dans l’embarras de le poursuivre le régime Kaboré qui arrive au pouvoir. Pour la première fois, nous ne luttions plus contre l’État partie, mais ce dernier était devenu juge impartial. Notre objectif est de faire connaître la vérité, obtenir la justice et donner un coup de frein contre l’impunité qui caractérise toutes les exactions menées contre les dirigeants des forces démocratiques et populaires.
Vous venez, 25 années depuis le début de votre démarche, de faire un important gain. De quoi s’agit-il?
Ce jugement est le premier du genre dans l’histoire du continent, et marque d’ailleurs une jurisprudence dans l’histoire du droit. Durant la majeure partie de ces 25 années, les avocat.e.s de la CIJS ont essayé de faire entendre le droit contre l’État partie, et ensuite devant une cour du tribunal militaire. Ils et elles se sont toujours interposé.e.s contre l’impunité.
Grâce à la vaillante mobilisation populaire qui a chassé le régime Françafrique de Compaoré, le juge Yameogo a relancé la procédure, conformément au droit burkinabé et aux droits obtenus pour la veuve Sankara et ses enfants devant le comité des droits de l’Homme à l’ONU en 2006.
Du 6 mars 2015 au 7 octobre 2020, instructions et plaidoiries ont permis la réouverture du procès le 11 octobre 2021. Le procès a repris, disjoint de son volet international, puisque la France a tardé à fournir les documents déclassifiés, qu’elle va hélas finalement fournir de façon sélective et incomplète.
Ayant refusé notre requête de filmer et d’enregistrer pour la postérité ses audiences, la cour a néanmoins tenu, dans un lieu exceptionnellement réquisitionné, un procès qui fera date dans les annales de l’histoire juridique du Burkina Faso et de l’Afrique. La sérénité du procès a été perturbée un temps par un coup d’État qui a contribué à mettre en doute la légitimité constitutionnelle du processus. La continuité de l’État a permis de reprendre le procès, et en toute connaissance de cause, les plaidoiries des parties civiles et de la défense et des dizaines de témoins ainsi que les accusés auront été entendus. Des accusés ont été condamnés d’autres ont été acquittés, comme décrit dans la déclaration liminaire ci-jointe. De grands pans de la vérité sur l’assassinat du président Sankara et de ses camarades ont été dévoilés, malgré le mutisme et les dénégations de plusieurs accusés. Fuyants ou tapis, les derniers commanditaires et assassins ont vu publiquement dévoilés leurs subterfuges et ils répondent devant leur conscience et désormais devant l’histoire. Nous demandons à la Côte d’Ivoire et la France de livrer les coupables et de participer à l’élucidation et à la clôture de cette affaire. Le tribunal militaire a condamné BELEMLILGA Albert Pascal Sibidi et DEME Djakalia à cinq (05) ans d’emprisonnement assortis du sursis chacun;
TONDE Ninda dit Pascal alias Mang-Naaba à trois (03) ans d’emprisonnement ferme;
OUEDRAOGO Tibo et PALM Mori Aldiouma Jean-Pierre à dix (10) ans d’emprisonnement ferme chacun;
ILBOUDO Yamba Elysée à onze (11) ans d’emprisonnement ferme;
SAWADOGO Idrissa et OUEDRAOGO Nabonssouindé à vingt (20) ans d’emprisonnement ferme chacun ;
COMPAORE Blaise, DIENDERE Gilbert et KAFANDO Tousma Yacinthe à la peine d’emprisonnement à vie chacun;
Il a prononcé la déchéance des décorations de tous les accusés condamnés ayant bénéficié d’une ou de plusieurs distinctions honorifiques;
Il dit que le présent jugement vaut titre de détention pour les accusés condamnés à une peine privative de liberté non couverte par la détention provisoire conformément aux dispositions de l’article 315-14 de la loi N°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale;
Il décerne contre TONDE Ninda dit Pascal alias Mang-Naaba, mandat de dépôt conformément aux dispositions de l’article 315-14 de la loi N°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale;
Il dit que les mandats d’arrêt décernés contre COMPAORE Blaise et KAFANDO Tousma Yacinthe sont maintenus, et ce en application des dispositions de l’article 261-128 alinéa 4 de la loi N°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale.
Quels sont les obstacles auxquels vous avez dû faire face pour arriver à ce verdict?
Il y en a eu tellement qu’il serait fastidieux de les énumérer. Nous avons eu des intimidations, tentatives de corruption, menaces de mort, instrumentalisation des magistrats, arguties juridiques surréalistes, perversion du droit, intoxication, propagande médiatique, désinformation des cercles françafriques. Au niveau de l’ONU, la question de l’impunité jamais achevée avec les juges Guissé et Joinet et les limites juridiques au niveau du comité des droits l’homme ont restreint notre victoire à l’ONU qui est devenue une victoire à la Pyrrhus. Nous nous battons contre une hydre. Mais la résilience de nos militant.e.s et sympathisant.e.s, la pugnacité de nos avocat.e.s ont été plus grandes.
Ce gain aura-t-il des impacts sur des dossiers du même type?
Il y a beaucoup de dossiers pendants sur le continent et beaucoup de possibilités que notre jurisprudence permette une brèche dans l’impunité généralisée qui prévaut en effet.
Cette première manche gagnée au niveau national donne-t-elle espoir pour le volet externe (international) des responsabilités?
Elle effraye probablement les commanditaires et complices de cet assassinat. Les responsabilités sont éparses de la France aux États-Unis en passant par le Libéria, le Togo, la Côte d’Ivoire. Tous ces pays s’ils nous divulguaient leurs archives en la matière permettraient de résoudre l’énigme. Mais nous avons affaire à la raison d’État. Tôt ou tard la vérité manquante sera connue.
Quelles sont les chances de voir ce verdict respecté? Sinon, quels sont les leviers prévus?
Nous avons peu d’emprise sur la réalité politique de ces enjeux juridiques. En plein procès de l’assassinat de Thomas Sankara survient le 23 janvier 2022 un coup d’État, alors que le pays est assailli par des hordes djihadistes. Le 24 janvier 2022, un Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration, présidé par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, dénonce l’inertie du gouvernement Kaboré contre le terrorisme et annonce sa prise de pouvoir. Peu de temps après, la constitution est suspendue puis restaurée, avec des mesures d’exception. Cela ne nous a pas rassuré.e.s.
Néanmoins le procès reprend et les principaux accusés sont condamnés le 6 avril suivant. Parmi eux le président Compaoré, condamné à perpétuité par défaut pour “attentat à la sûreté de l’État” et “complicité d’assassinat”.
Déjà durant le procès, des rumeurs de tractations avec Abidjan se confirmaient. Une frange de la classe politique argue que l’ex-régime Compaoré, ayant eu des pactes avec les djihadistes, pourrait restaurer la paix. Le retour de l’ancien président est réclamé et au nom d’une réconciliation, entre des parties qui ne sont pas énoncées. Un sommet rassemblant des ex-chefs d’état du pays est alors orchestré par le nouveau régime.
C’est ainsi que Blaise Compaoré est reçu le 7 juillet 2022 en toute impunité. On lui déroule le tapis rouge plutôt que de l’arrêter, alors même que ce sommet échoue. La connivence entre l’actuel régime et l’ancien semble apparaître au grand jour derrière ces gesticulations de réconciliation et manœuvres d’amnistie.
Le 26 juillet, avec un semblant de contrition, Blaise Compaoré demande pardon par voie de presse, sans contacter les familles et sans reconnaitre son forfait et les crimes odieux qu’il a commis et surtout sans faire face à la justice.La famille du président Sankara attend depuis 35 ans que Justice soit faite. Depuis le 6 avril 2022, elle attend que le verdict rendu par des juges indépendants après un procès exemplaire soit exécuté. Il ne saurait y avoir de réconciliation sans la vérité et sans respect de la justice. Le mépris affiché et par le nouveau régime et par Blaise Compaoré pour le verdict du tribunal militaire, rendu au nom du peuple burkinabé, est choquant. Les velléités d’amnistie des nouvelles autorités, faisant écho aux caciques de l’ancien régime, ne seront acceptées ni par les burkinabés ni par les panafricain.e.s du monde entier.
Le discours de réconciliation invoqué est factice. L’assassinat du président Sankara et l’arrêt de sa révolution n’ont aucun rapport avec les agressions terroristes qui affectent le Sahel et le Burkina. Dans la droite ligne du communiqué récent des avocat.e.s du collectif, la Campagne Internationale Justice pour Sankara considère inacceptable ce manquement à la justice et cette poursuite de l’impunité.
Quelles sont les prochaines étapes pour le CIJS?
À notre niveau nous continuons de garder la pression et soutenir la famille dans sa démarche. Se profile bientôt la période de l’enterrement de toutes ces victimes qui ont été exhumées aux fins du procès. Il y a toute une bataille sur cette symbolique d’ailleurs. Nous veillerons par tous les moyens que le verdict qui a été prononcé soit respecté et exécuté.
Comment manifester sa solidarité à cette cause?
Les milieux progressistes nous soutiennent parfois, souvent plus par une tape dans le dos que le soutien matériel. Nous avons recouru récemment à une campagne de financement avec un concert et du matériel de promotion pour défrayer le coût des déplacements des avocat.e.s et leur logistique. Nous n’avons guère eu d’appuis matériels durant ces années et avons quasi exclusivement assumé les charges. Ça en dit beaucoup sur la solidarité plutôt verbale dans nos milieux, mais c’est mieux que rien. Mais si des gens veulent nous assister nous sommes reconnaissant.e.s et ils/elles peuvent nous soutenir ici. https://cijs-icjs.net/fr/supportcijs/
Un dernier mot, message?
La CIJS est reconnaissante de toute la mobilisation panafricaine et internationaliste qui l’a assistée depuis 25 ans. Elle salue la mémoire des victimes et de tous ceux et celles qui ont payé de leur vie et donné leur sang pour que ce jour advienne enfin. La CIJS salue la pugnacité et le courage de Mariam Sankara, la dignité de sa famille et l’inlassable travail conduit par 3 équipes d’avocat-es durant ces 25 ans. Elle en appelle à la vigilance et à la fermeté pour le respect de la justice et l’incarcération des coupables ainsi qu’à une investigation du complot international. La CIJS salue la mobilisation des panafricain.e.s et des internationalistes qui l’ont soutenue pour aboutir à cette victoire qui n’est pas que la nôtre. La CIJS souhaite que la paix et la sérénité prévalent maintenant que des coupables sont condamnés et escompte que le peuple du Burkina, confronté au djihadisme et à la déstabilisation, mieux réconcilié avec lui-même, recouvre sa souveraineté et l’élan qui lui fait mériter son titre de patrie des humains intègres.
Par Mamadou Ndiaye
LA GALÈRE IMMOBILIÈRE
Un mal ronge le secteur immobilier au Sénégal : la hausse vertigineuse des coûts et des prix. Sous cet angle, bien des Sénégalais souffrent. Ils sont locataires et toujours hantés par des lendemains incertains.
Un mal ronge le secteur immobilier au Sénégal : la hausse vertigineuse des coûts et des prix. Sous cet angle, bien des Sénégalais souffrent. Ils sont locataires et toujours hantés par des lendemains incertains. La perspective de devenir propriétaire s’éloigne pour eux. Il ne leur reste plus qu’un mince espoir : l’abaissement des prix locatifs qui crèvent les yeux et grèvent les maigres budgets consacrés. Se nourrir, se loger et se vêtir, voilà le triptyque de l’humanité depuis l’aube des temps ! Tel qu’il fonctionne de nos jours, l’immobilier condense en lui le mal du pays, une absence de règles, la loi du plus fort et l’indifférence vis-à-vis des plus faibles dont le sort est très peu enviable.
L’envolée des coûts de constructions explique sans le justifier l’augmentation permanente des loyers devenus un casse-tête chinois dans les foyers sénégalais. Après s’être installée, l’inquiétude grandit en s’amplifiant et provoque de ce fait des drames familiaux.
Du seul fait des excès, des locataires ne supportent plus les pressions qu’ils subissent et le harcèlement dont ils sont l’objet les pousse à des conduites irrationnelles. Presque. Pas de jour sans expulsion. Pas de jour sans dislocation des familles. Pas de jour sans de déchirantes scènes d’impudeur, de manque de discrétion, pourtant une des valeurs cardinales de notre société où l’absence de retenue gagne du terrain.
Dans cet univers clos d’apparence règne une atmosphère délétère rythmée par des menaces, des coups de gueules, des insanités, des litiges, des contentieux, l’arrogance, la cupidité, la couardise, des lâchetés et la médisance. Chaque jour apporte son lot de malheur à des gens démunis, vivant dans une angoisse permanente parce qu’exposés au regard des autres et à l’humiliation sociale.
A force de déménagement, les locataires se dépersonnalisent. Les enfants perdent des repères et n’ont plus d’attache, der socle ou d’enracinement. Aucun souvenir ne les habite parce que ballotés entre quartiers où ils ne restent pas longtemps pour se construire dans la durée un monde moyennant une réelle unité de cohérence et de pertinence. Quid de l’école ? De la mosquée ? Des lieux de loisirs ? Des « chemins de gamins » ? Tout est fugace pour les progénitures issues de ces milieux frappés d’instabilité.
Pourquoi tarde-t-on à agir pour écourter ces malheurs ? N’est-il pas urgent de trouver au plus vite des solutions de bon sens ! Oublie-t-on que ces locataires sont des citoyens capables d’exprimer des colères légitimes ! Dans ces moments de cafouillage, seuls les bailleurs en tirent avantage. Ils construisent des maisons et des appartements. Ils se donnent le beau rôle de fixer les prix et de déterminer les modalités de paiement. Ils privilégient la rentabilité immédiate au mépris des lois édictées et promulguées.
Le gain facile s’apprécie à l’aune de l’empressement qui s’empare de tous ces investisseurs motivés uniquement par l’appât. Le silence des autorités ne s’explique pas devant tant d’arrogance et d’outrecuidance. Un tel laxisme couvre des pratiques répréhensibles que bien du monde ne dénonce pas. Au même moment, prolifèrent des chantiers immobiliers dans une suspecte frénésie qui en dit long sur l’origine des capitaux ainsi mobilisés. Que cache cette opulence soudaine ?
Le boom immobilier des ces dernières décennies provient-il de politiques dérogatoires ? Qui en est bénéficiaire ? Et comment ? Les gouvernements successifs ont eu, à maintes reprises, l’occasion de régenter ce secteur à l’expansion sulfureuse pour donner des gages de gouvernance efficiente et surtout rassurer sur la traçabilité des circuits financiers licite ou pas.
Il y a à édifier les Sénégalais sur le non respect des règles (de droit) différent d’une violation de la loi. Dans les deux cas, les actes qu’ils subordonnent s’écartent d’un système normatif en vigueur dans notre pays. Lequel s’expose de plus en plus à des comportements et à des usages en porte-à-faux avec ses propres règles de vie.
Or cette ambiguïté est à lever au plus vite en raison justement de l’entrée du Sénégal dans le cercle restreint des pays producteurs de pétrole et de gaz. Ce changement d’échelle, s’il n’est pas anticipé, préparé ou codifié, ouvre une période d’incertitudes ponctuées de confusions et de perturbations qui ne profitent qu’aux orfèvres de la dissimulation.
Ils agissent en sourdine et recrutent des gens à leur solde « sans foi ni loi ». L’immobilier qui prospère n’est qu’un indice de cette perméabilité voire de cette vulnérabilité imperceptible à l’œil nu. Pourtant elle vide de leurs substances les propositions issues des récentes concertations sur la cherté de vie engagées par l’Etat et les divers acteurs socio-économiques.
S’ils ne s’entendent pas sur tout, il s’accordent néanmoins sur l’appréciation de la conjoncture. Le renchérissement du coût de la vie expose de larges couches sociales à de lourdes dépenses auxquelles elles ne peuvent faire face faute de pouvoir d’achat conséquent. Si en plus de ces aléas, vient s’ajouter une surenchère immobilière, la situation risque de se transformer en coup de canif du fait de l’irrespect des obligations des accords convenus entre parties.
Pourtant, de plus en plus les désaccords s’étalent au grand jour. Les bailleurs, tirant de substantiels profits de leurs biens immobiliers, réinvestissent dans la pierre et entretiennent la tension spéculative au détriment des locataires. Les uns raisonnent logique d’accumulation quand les autres brandissent la politique sociale.
Bien que présent dans ces « bras de fer », l’Etat se montre impuissant à s’imposer et à imposer son autorité. Une telle faiblesse est susceptible de précipiter tout le monde dans une sévère crise de l’immobilier. Les signes avant-coureurs se mettent déjà en place. Les immeubles poussent comme des champignons dans divers quartiers de Dakar et environs. Mais leur taux d’occupations ne grimpe pas. Conséquence : les acquéreurs d’appartements et les locataires désertent les lieux et se réfugient dans les zones pavillonnaires des banlieues proches ou lointaines.
Grâce à la mobilité accrue, de plus en plus de personnes se déportent désormais vers de nouvelles aires d’habitations comprises dans le triangle Diamniadio-Thiès-Mbour notamment. Par effet d’entraînement, la terre, donc le foncier, retrouve de la valeur dans ces zones désormais prisées par des urbains en quête d’aisance.
Face à de telles dynamiques sociales, il est urgent de réinventer l’espace pour corriger les aberrations constatées dans les premières formules de constructions sous l’empire des SICAP (standing moyen) ou des HLM (modérés). Les dites sociétés, qui ont eu des heures de gloires, intègrent-elles les « dynamiques plurielles » dans leurs projets immobiliers du moment ? Ce travail est nécessaire. Sera-t-il salutaire ?
Les temps ont changé. Certes la demande croît et, avec elle l’offre s’affine. Mais les nouveaux acquéreurs de toit sont plus exigeants en termes de coûts et de goûts, voire de fantaisie que les clients des années antérieures. La sobriété cède le pas à l’ostentation. On existe parce qu’on a une belle maison, visible de la rue. Avec la multiplication des promoteurs immobiliers, le marché se réapprécie grâce au niveau compétitif atteint désormais pour mériter la confiance des acquéreurs potentiels. Ils s’informent mieux et établissent des comparaisons avant d’acter toute décision d’achat ou de bail.
ALL AFRICA MUSIC AWARDS, DAKAR, PROCHAINE CAPITALE DE LA MUSIQUE AFRICAINE
Les All Africa Music Awards également appelés Afrima, grand événement annuel de remise de prix pour des acteurs du monde la musique, se préparent. La cérémonie, marquant le plus grand événement musical et culturel africain
Les All Africa Music Awards également appelés Afrima, grand événement annuel de remise de prix pour des acteurs du monde la musique, se préparent. La cérémonie, marquant le plus grand événement musical et culturel africain, avec un budget de plus de 3 milliards F CFA, est prévue du 8 au 11 décembre 2022, à Dakar. Les répétitions sont en cours pour un spectacle riche en couleurs, allant du tapis rouge, de la mode, et les prestations des artistes. À ne pas rater sur Itv.
Après le Nigeria, qui a accueilli les trois premières éditions de ces Awards au cours de la période 2014 à 2016, avant de passer le témoin au Ghana, organisateur pendant quatre années consécutives de décembre 2018 à 2021, le comité d’organisation a porté son choix sur Dakar, pour abriter la prochaine édition.
En visite à Emedia, ce mercredi 19 octobre, l’équipe d’Afrima, conduite par la productrice associée de l’événement, Victoria Nkong, a annoncé avoir rencontré les autorités sénégalaises, dont le nouveau ministre de la Culture, Aliou Sow et du Tourisme et des Loisirs, Mame Mbaye Niang.
Globalement, elle explique que l’objectif est de réunir l’Afrique en passant par la musique. Car, pendant Afrima, la capitale africaine, hôte de l’événement, reçoit plus de 500 visiteurs dont de grands artistes africains, des diplomates, des stars du cinéma, entre autres personnalités, « pour vendre notre culture. » L’enjeu principal est de « montrer le black excellence » (l’excellence noire).
Ainsi, il s’agit « de montrer au reste du monde ce que les Africains savent faire et bien faire ». Donc, « il a fallu commencer dans des pays qui ont déjà la logistique et la technique qu’il faut. Si on avait choisi un pays qui n’a pas ce qu’il faut surtout au début, on risquait de minimiser l’événement. Et, ce n’est pas cette image qu’on voulait vendre au monde. On a commencé là où l’infrastructure qu’il faut est en place. »
Après 7 ans de succès, les organisateurs veulent se tourner vers l’Afrique francophone, pour permettre à ses pays de capter les opportunités générées par l’événement. Parmi les attraits de la capitale sénégalaise réside d’abord la présidence en exercice qu’assure le chef de l’État sénégalais, Macky Sall, à la tête de l’Union africaine (UA). Ensuite, « on connait le Sénégal comme le pays de la musique africaine. Vous étiez leaders avant. Actuellement, ce n’est plus ce que c’était mais cela nous intéresse de faire de Dakar le premier pays francophone » à accueillir l’événement, a-t-elle justifié. Enfin, « c’est le pays de la Teranga (hospitalité) ».
Dakar servira également de tribune pour disséquer les problèmes que rencontre le secteur dont une grande conférence sur le thème ‘’musique business’’. Précédemment, des thèmes autour du droit d’auteur, du digital et du management, vont être abordés. « On a des artistes qui nous font danser et qui connaissent un succès au niveau international mais quand ils sont malades, on organise des dons pour leur prise en charge », déplore la nigériane.
À côté du jury, le public a également son mot à dire, pour départager les artistes nominés dont 6 Sénégalais : Viviane Ndour, Wally Seck, Sidy Diop, Dip Dundu Gis, Bass Thioung et Jeeba.
ALL AFRICA MUSIC AWARDS, DAKAR, CAPITALE DE LA MUSIQUE AFRICAINE DU 8 AU 11 DÉCEMBREDAKAR, CAPITALE DE LA MUSIQUE AFRICAINE DU 8 AU 11 DÉCEMBRE
Les All Africa Music Awards également appelés Afrima, grand événement annuel de remise de prix pour des acteurs du monde la musique, se préparent. La cérémonie, marquant le plus grand événement musical et culturel africain
Les All Africa Music Awards également appelés Afrima, grand événement annuel de remise de prix pour des acteurs du monde la musique, se préparent. La cérémonie, marquant le plus grand événement musical et culturel africain, avec un budget de plus de 3 milliards F CFA, est prévue du 8 au 11 décembre 2022, à Dakar. Les répétitions sont en cours pour un spectacle riche en couleurs, allant du tapis rouge, de la mode, et les prestations des artistes. À ne pas rater sur Itv.
Après le Nigeria, qui a accueilli les trois premières éditions de ces Awards au cours de la période 2014 à 2016, avant de passer le témoin au Ghana, organisateur pendant quatre années consécutives de décembre 2018 à 2021, le comité d’organisation a porté son choix sur Dakar, pour abriter la prochaine édition.
En visite à Emedia, ce mercredi 19 octobre, l’équipe d’Afrima, conduite par la productrice associée de l’événement, Victoria Nkong, a annoncé avoir rencontré les autorités sénégalaises, dont le nouveau ministre de la Culture, Aliou Sow et du Tourisme et des Loisirs, Mame Mbaye Niang.
Globalement, elle explique que l’objectif est de réunir l’Afrique en passant par la musique. Car, pendant Afrima, la capitale africaine, hôte de l’événement, reçoit plus de 500 visiteurs dont de grands artistes africains, des diplomates, des stars du cinéma, entre autres personnalités, « pour vendre notre culture. » L’enjeu principal est de « montrer le black excellence » (l’excellence noire).
Ainsi, il s’agit « de montrer au reste du monde ce que les Africains savent faire et bien faire ». Donc, « il a fallu commencer dans des pays qui ont déjà la logistique et la technique qu’il faut. Si on avait choisi un pays qui n’a pas ce qu’il faut surtout au début, on risquait de minimiser l’événement. Et, ce n’est pas cette image qu’on voulait vendre au monde. On a commencé là où l’infrastructure qu’il faut est en place. »
Après 7 ans de succès, les organisateurs veulent se tourner vers l’Afrique francophone, pour permettre à ses pays de capter les opportunités générées par l’événement. Parmi les attraits de la capitale sénégalaise réside d’abord la présidence en exercice qu’assure le chef de l’État sénégalais, Macky Sall, à la tête de l’Union africaine (UA). Ensuite, « on connait le Sénégal comme le pays de la musique africaine. Vous étiez leaders avant. Actuellement, ce n’est plus ce que c’était mais cela nous intéresse de faire de Dakar le premier pays francophone » à accueillir l’événement, a-t-elle justifié. Enfin, « c’est le pays de la Teranga (hospitalité) ».
Dakar servira également de tribune pour disséquer les problèmes que rencontre le secteur dont une grande conférence sur le thème ‘’musique business’’. Précédemment, des thèmes autour du droit d’auteur, du digital et du management, vont être abordés. « On a des artistes qui nous font danser et qui connaissent un succès au niveau international mais quand ils sont malades, on organise des dons pour leur prise en charge », déplore la nigériane.
À côté du jury, le public a également son mot à dire, pour départager les artistes nominés dont 6 Sénégalais : Viviane Ndour, Wally Seck, Sidy Diop, Dip Dundu Gis, Bass Thioung et Jeeba.
15 FILMS EN COMPÉTITION POUR LE DAKART-COURT
Du 5 au 10 décembre prochain, Dakar sera la capitale du court métrage. Le top départ de la 4e édition du festival « Dakar-Court » a été donné, hier, par les organisateurs qui ont fait face à la presse à l’Institut Français de Dakar.
Du 5 au 10 décembre prochain, Dakar sera la capitale du court métrage. Le top départ de la 4e édition du festival « Dakar-Court » a été donné, hier, par les organisateurs qui ont fait face à la presse à l’Institut Français de Dakar. Une occasion de montrer les 15 films en compétition, le dévoilement de l’affiche réalisée par le graffeur Sidy Talla et de la bande annonce. Un pan du programme de cet évènement qui met en exergue le génie africain, a été aussi dévoilé.
Le Festival international « Dakar-Court » est prévu du 5 au 10 décembre. Un projet est initié par l’organisation Cinémarek piloté par le réalisateur Moly Kane et l’Institut Français du Sénégal, « Dakar-Court » va rassembler le monde du cinéma pour regarder et réfléchir sur le cinéma africain. Hormis des projections de films, il est prévu des rencontres professionnelles, des tables rondes, des Master class, etc. L’initiateur dudit évènement, le réalisateur Moly Kane, poulain d’or au Fespaco, a fait savoir que cette année, il y a un record de 48% dans le dépôt de candidatures. Parce que le comité a reçu 256 dossiers de candidatures, venus d’ici et d’ailleurs. Et au final, 15 films ont été sélectionnés pour la compétition officielle, dont 2 jeunes réalisateurs sénégalais à savoir Mandir Ndoye pour son film « Quand je serai grand » et Abdoulaye Sow pour son documentaire « Kipou ». « La remarque en Afrique de l’ouest est que nous faisons beaucoup de films, mais, malheureusement, la qualité reste à désirer, il y a du travail à faire », regrette le promoteur Moly Kane.
Les journalistes culturels en compétition
L’autre programme non moins important du festival, c’est les « Talents Dakar- Court », destiné à des jeunes apprentis réalisateurs africains. Il va recevoir 30 jeunes talents âgés de 18 à 27 ans qui viennent des ciné-clubs et de la sous-région. A la fin de la formation, ils vont trouver une séquence de film pour s’exercer. Cette année, « nous avons reçu beaucoup de candidats du Sénégal mais également de la sous-région. Sur 334 candidatures, 30 jeunes, venus du Sénégal et de la sous-région, ont été retenus pour suivre une formation de 2 semaines », renseigne le réalisateur « Serbi ou les Tissus blancs ».
Appui financier conséquent du ministère
L’autre innovation de la manifestation, c’est le « Dakar-Court critique » qui est destiné aux journalistes culturels. « Nous avons remarqué que nos journalistes culturels ont envie d’écrire ou de parler du cinéma. Mais, parfois, ils n’ont pas les outils techniques pour apporter leur point de vue », explique-t-il. Il indique que le 3e programme reste le prix du meilleur scénario, où sur les 29 dossiers déposés 4 ont été sélectionnés. Ce qui fera dire au nouveau directeur de l’Institut français de Dakar, Laurent Monite, que le festival est profondément ancré dans la culture audiovisuelle.
« On se rend compte que dans la programmation, la constitution du jury chaque édition est meilleure que la précédente. Cela veut dire qu’il y a un vrai enthousiasme, il y a un vrai terreau de créativité et surtout il y a un public » flatte-t-il. Venu représenter le ministre de la culture et la Direction de cinématographie, Mohamed El Mounir Barro le ministère de la culture va apporter un soutien institutionnel et un appui financier conséquent. Mais également une convention de partenariat sera signée entre la direction de la cinématographie et « Dakar-Court ». A noter que les membres du jury des différents programmes sont respectivement le réalisateur Mansour Sora Wade, le journaliste présentateur du Jt de la chaine Tf1, Harry Roselemack, et Mahamat Haroun Saleh franco cinéaste et ex ministre de la culture et de l’artisanat au Tchad.
LA RÉGION DE KOLDA ET LES NOUVELLES PROMESSES DU CONSOMMER LOCAL
La promotion du consommer local est devenue le combat quotidien de nombreux acteurs du développement local à Kolda (sud), un engagement accentué par le renchérissement des prix des produits alimentaires
Kolda, 19 oct (APS) - La promotion du consommer local est devenue le combat quotidien de nombreux acteurs du développement local à Kolda (sud), un engagement accentué par le renchérissement des prix des produits alimentaires, en lien avec les conséquences économiques de l’invasion de la Russie en Ukraine.
Cet engagement est béni par les autorités administratives locales, qui sont convaincues que la solution à la cherté de la vie passe par le consommer local et la transformation des produits locaux.
Beaucoup de ces figures locales, dont les plus représentatives, sont d’avis que la promotion des produits locaux est l’une des voies de sortie du chômage, notamment dans une région périphérique comme Kolda, qui peut compenser son éloignement de la capitale par sa position transfrontalière.
Alseny Baldé, dit Ziko, est un artiste-musicien très en vue de scène de la région de Kolda. Il doit sa renommée à son talent tout autant qu’à son engagement social et communautaire, pour la promotion du consommer local notamment.
Ziko a fait du consommer local et de la transformation des produits locaux son violon d’Ingres. Ses prises de position toujours remarquées sur cette question en témoignent, l’artiste espérant plus facilement faire avancer cette cause en profitant de son aura médiatique.
Il vient de lancer une tournée de promotion dénommée "Fan Club Made in Sénégal", un concept culturel et événementiel de contributions citoyennes à la promotion du consommer local et au marketing des exportations.
Ziko part du principe qu’un changement des habitudes alimentaires est une étape indispensable pour mieux faire face à la cherté de la vie, une conséquence de la flambée des prix des denrées de première nécessité.
’’Le fonio peut remplacer le riz’’
"Nous devons apprendre à compter sur nous-mêmes en consommant nos produits locaux, parce que c’est l’un des meilleurs moyens pour diminuer notre dépendance de l’extérieur et éviter de subir les conséquences des crises sanitaires et sécuritaires qui secouent le monde", dit-il.
"Nous avons juste besoin de nous décomplexer en valorisant nos produits locaux par (…) la consommation", à charge pour l’Etat de s’engager "davantage à faire de l’autosuffisance alimentaire une priorité (…) parce que nous avons le potentiel requis pour produire ce que nous consommons", martèle Ziko.
Le message de sensibilisation de l’artiste vise à amener ses compatriotes, notamment les populations de la région de Kolda, à consommer davantage les produits du cru, dont le fonio, une céréale pouvant "remplacer le riz dans nos repas de midi".
La démarche de Ziko a la vertu d’être partagée par les autorités administratives locales, dont l’adjointe du gouverneur de la région Kolda chargée du développement économique, Marème Hann Kouyaté. Elle est d’avis que "la consommation de nos produits locaux est le meilleur moyen pour booster les activités des hommes et des femmes qui s’activent dans la transformation des céréales".
Aussi annonce-t-elle qu’il sera désormais exigé des traiteurs qu’ils proposent des produits ou plats à base de produits locaux pour les pause-café et autres repas devant être servis lors des rencontres officielles dont elle sera chargée de la coordination.
Marème Hann Kouyaté insiste sur "la nécessité de consommer les produits locaux dans un contexte où la cherté de la vie et l’inflation au niveau international rendent de plus en plus difficile la vie de nos concitoyens".
"Il faut qu’on consomme davantage ce que nous produisons parce que cela nous permet de soutenir les acteurs du développement local, qui s’activent dans la production ou la transformation, et de participer au renforcement du tissu industriel local", plaide Mme Kouyaté. Un plaidoyer de bon augure pour des combattantes du leadership féminin comme Khady Badiane, présidente d’un groupement d’intérêt économique de femmes et de jeunes filles de Kolda spécialisées dans la transformation des produits locaux, dont le maïs et le fonio.
Elles se sont dotées d’une unité de transformation qui assure leur gagne-pain quotidien et des revenus leur permettant de subvenir à leurs besoins financiers, en attendant un véritable envol de leur activité.
"Certes, l’écoulement de nos produits n’est pas si rapide comme on l’aurait souhaité, mais on ne se plaint pas parce qu’on parvient au moins à faire des bénéfices que l’on se partage, ce qui permet à chacune d’entre nous d’avoir de quoi subvenir à ses besoins", confie Mme Badiane.
’’Il ne reste qu’à accompagner les femmes’’
Il reste le soutien de l’Etat pour accompagner davantage les femmes "déjà lancées dans la transformation des produits locaux", ce qui devrait "encourager les autres qui sont toujours hésitantes à les rejoindre dans cette belle aventure", estime cette leader féministe dont le charisme est reconnu des observateurs de la région de Kolda.
L’engagement de Khady Badiane pour ce domaine a forgé sa conviction selon laquelle la transformation des produits locaux est un secteur sur lequel l’Etat peut et doit s’appuyer pour lutter contre le chômage et garantir l’autonomisation des femmes.
"Aujourd’hui, il ne reste qu’à soutenir les femmes en termes de moyens financiers et techniques pour qu’elles puissent renforcer leurs capacités de production, parce que les populations commencent à s’habituer à la consommation de nos produits et ont compris que c’est le meilleur moyen d’amoindrir le coût de la vie", note-t-elle.
De premiers résultats déjà visibles en termes d’amélioration des conditions de vie des femmes à Kolda, souligne Dieynaba Touré, une autre femme transformatrice de la ville de Kolda.
"On ne peut pas dire qu’on est totalement satisfaites, mais s’il y a une activité qui permet aux femmes qui n’ont pas été à l’école ou qui n’ont pas fait de longues études de gagner dignement leur vie, c’est la transformation des produits locaux", soutient-elle.
"C’est grâce à la transformation du pain de singe (les fruits du baobab), de la mangue ou du citron en jus qu’elles parviennent à subvenir à leurs besoins et à assister leur époux dans la gestion des charges familiales", ajoute-t-elle.
Transformer les femmes en exportatrices de produits
"Donc, je crois que si l’Etat soutient davantage les femmes, on peut arriver à une autonomisation des femmes parce que les Sénégalais ont tendance de plus en plus à consommer nos produits, car ils sont naturels et très bons pour la santé", explique-t-elle.
"En plus, conclut Dieynaba Touré, la qualité de nos produits est améliorée et l’hygiène est assurée grâce à la transformation, mais également parce que nous avons maintenant des sachets certifiés pour leur conservation."
L’Agence sénégalaise de promotion des exportations (ASEPEX) veut rebondir sur cet élan pour "faire des femmes transformatrices de la région de Kolda des exportatrices", selon son représentant dans la partie sud du pays, Jean-Pierre Ngom.
Ce dernier se dit convaincu que "ces femmes battantes n’ont besoin que d’être assistées en termes de moyens financiers et techniques pour être de vraies championnes de l’exportation des produits locaux, car il y a dans la région de Kolda beaucoup de produits que l’on peut exporter".
Cette région "offre de nombreuses opportunités, notamment la disponibilité des produits locaux dont l’exploitation peut nous permettre de taper à la porte du marché international", estime Jean-Pierre Ngom.
Il promet, au nom de l’ASEPEX, de "soutenir tous les acteurs de développement de la région qui veulent se lancer dans la transformation et l’exportation des produits locaux".
KABIROU MBODJE INCULPÉ POUR VIOLS À PARIS
Cette mise en examen pour des viols à l'égard de quatre plaignantes a été prononcée le 13 octobre et s'accompagne d'un placement sous contrôle judiciaire. L'homme est soupçonné de trois viols lors d'une même soirée et un quatrième plus tôt dans l'année
Le patron du service africain de transfert d'argent Wari, Kabirou Mbodje, a été inculpé la semaine passée à Paris pour viols, des accusations qu'il conteste, a appris mercredi l'AFP de sources concordantes.
Cette inculpation (mise en examen) pour des viols à l'égard de quatre plaignantes a été prononcée le 13 octobre et s'accompagne d'un placement sous contrôle judiciaire, a-t-on appris de source judiciaire, confirmant une information du quotidien français Le Parisien.
Une source proche du dossier a confirmé qu'il s'agissait du Franco-Sénégalais Kabirou Mbodje, l'un des fondateurs en 2008 de Wari. Cette plateforme numérique de services financiers et commerciaux, très utilisée dans les transferts d'argent, a été dans les années 2010 l'un des fleurons de la "tech" sénégalaise. L'homme est soupçonné d'avoir commis trois viols lors d'une même soirée et un quatrième plus tôt dans l'année. "Mon client, dont je ne confirme pas l'identité, nie avec la plus grande fermeté les accusations portées contre lui. Il est parfaitement serein. L'instruction permettra de faire la lumière sur les faits et la réalité de ce dossier", a réagi auprès de l'AFP Me Philippe Zeller, avocat du suspect.
L'homme d'affaires, comme sa société, connaissent depuis quelques années une période difficile, marquée par la concurrence de nouveaux opérateurs et des ennuis judiciaires. M. Mbodje a notamment été condamné à deux ans de prison, dont six mois ferme, par le tribunal correctionnel de Dakar pour "abus de biens sociaux" après un bras de fer judiciaire qui l'a opposé à d'ex-collaborateurs.
Aujourd'hui, Wari n'est plus actif au Sénégal et ses points de vente y sont fermés.