L’ultimatum de l’Artp
Les numéros non identifiés seront restreints à partir du 18 mars 2025 ettotalement suspendus à compter du 31 mars 2025. C’est l’ultimatum fixé par l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP), à travers un communiqué dans lequel il rappelle à tous les abonnés des opérateurs de téléphonie mobile (Orange, Yas, Expresso, Promobile) que l’identification des numéros de téléphone est une obligation légale. Dans le cadre de la mise en œuvre d’un plan d’action concerté avec les opérateurs et les autorités compétentes, l’ARTP a annoncé que les abonnés détenant des cartes SIM non correctement identifiées devront régulariser leur situation en fournissant une pièce d’identité valide (Carte nationale d’identité ou Passeport). L’identification des abonnés s’inscrit dans une démarche de renforcement de la sécurité publique et de protection des consommateurs contre les usages frauduleux des numéros anonymes, selon l’Artp qui invite ainsi tous les abonnés concernés à se rendre dans les agences et points de vente dédiés de leur opérateur afin d’éviter toute interruption de service.
Greffe de moelle osseuse au Sénégal
C’est une première historique. Le Sénégal a réussi une greffe de moelle osseuse. A l'issue d'un long processus entamé le 19 février 2025, selon un communiqué du ministère de la Santé, l'équipe de l'hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye dirigée par le Professeur Fatou Samba Ndiaye a réussi la prouesse de la première greffe de moelle osseuse réalisée au Sénégal. Il s'agit d'un patient sénégalais de sexe masculin qui est suivi pour une maladie sanguine. Il a bénéficié d'une greffe autologue de cellules souches hématopoïétiques (autogreffe), a-t-on révélé. A en croire le ministère de la Santé, les frais liés à cette greffe ont été totalement pris en charge par l'hôpital Dalal Jamm appuyé par un partenaire. Cet exploit a été rendu possible grâce à un investissement de l'Etat du Sénégal qui a construit ce Centre d'hématologie clinique doté d'équipements de pointe de dernière génération et qui répond aux normes internationales pour un coût de 1.5 milliard, rappelle-ton dans le communiqué. Ce centre dédié à la prise en charge des maladies sanguines, surtout le cancer et les autres maladies chroniques du sang, permet la prise en charge des malades qui étaient évacués à l'étranger avec des frais allant de 100 à 150 millions FCFA. Après le succès de la greffe, le ministre de la Santé et de l'Action sociale, Dr Ibrahima Sy, a adressé ses félicitations et remerciements au Professeur Fatou Samba Ndiaye et à toute l'équipe ainsi qu'au Directeur de l'hôpital et ses partenaires.
DG de la Sonacos à Médina Yoro Foulah
Le Directeur Général de la Sonacos était hier en prospection à Médina Yoro Foulah dans le cadre de l’installation d’un futur site pour la SONACOS. Comme promis par Ousmane Sonko, le gouvernement ambitionne de mettre en place une unité industrielle dans le département qui est aujourd’hui le premier producteur d’arachide. Cette visite a été tenue en compagnie des autorités locales, notamment le préfet, le président du conseil départemental ainsi que le maire. M. Diagne s’est rendu ensuite à Kolda, sur le site de réception des graines, où un record de collecte a été enregistré, avec un total de 22 000 tonnes.
Pokala Baldé vers l’instruction
Les choses se compliquent pour Pape Mbaye alias «Pokala Baldé». Le lutteur a fait l'objet d'un retour de parquet au tribunal de Pikine-Guédiawaye hier où il a été conduit par la Section de recherches (SR) de Keur Massar pour association de malfaiteurs et trafic de drogue et autres. Le procureur de la République a confié le dossier au juge d’instruction du 2e cabinet. Seneweb renseigne que Pokala Baldé fera face, aujourd’hui, au magistrat instructeur pour son éventuelle inculpation.
105 000 enseignants formés à l’IA
Le ministre de l’Éducation nationale veut mettre à niveau les enseignants et le personnel de son département. Moustapha Guirassy envisage de former 105 000 enseignants et agents administratifs à l’intelligence artificielle. Enseigner autrement et gérer autrement, c’est l’objectif fixé par son département à l’ère du numérique et de l’intelligence artificielle. A cet effet, le ministre de l’Éducation nationale a présidé hier l’atelier de partage et de concertation sur le projet de formation des enseignants aux compétences numériques et en intelligence artificielle. La rencontre a réuni les Inspecteurs d’académie, les Inspecteurs, les directeurs et chefs de service du ministère et quelques élèves venus représenter leurs camarades. Selon M. Guirassy, ce projet n’est pas une simple formation technique, c’est un chantier national, une révolution pédagogique. Ainsi la formation vise à terme à doter les enseignants de compétences solides pour intégrer le numérique et l’IAdans leurs pratiques pédagogiques, créer un réseau de référents numériques présents dans toutes les académies pour accompagner leurs collègues, moderniser la gestion scolaire pour en finir surtout avec les lenteurs et préparer les enfants aux métiers de demain, aux exigences d’un monde de plus en plus digitalisé. Selon la note du ministère, ce projet force-N sera mis en œuvre dans le cadre d’un partenariat entre le ministère de l’Éducation nationale et l’Université numérique Cheikh Hamidou Kane.
Expulsions de migrants en Mauritanie
La Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO) dénonce la vague d’arrestations et d’expulsions de centaines de migrants en situation irrégulière en Mauritanie. L’organisation condamne aussi les abus et harcèlements subis par ces migrants, originaires du Sénégal, du Mali, de la Côte d’Ivoire et de la Guinée, notamment ceux détenus dans les centres de Robinet 10 et au Ksar. Selon l’organisation, ces pratiques violent les droits fondamentaux des personnes concernées et soulèvent de sérieuses inquiétudes quant au respect des engagements internationaux de la Mauritanie en matière de protection des migrants. La RADDHO révèle ainsi que des migrants en voie d’expulsion auraient incendié un poste de police à Gogui Zemal, à la frontière mauritanienne avec le Mali, en signe de protestation. L’organisation rappelle à la Mauritanie ses obligations internationales et régionales, en particulier celles inscrites dans la Convention des Nations unies sur les droits des migrants et des membres de leurs familles. Elle exhorte les autorités mauritaniennes à garantir le respect strict des droits humains des migrants, indépendamment de la politique migratoire qu’elles souhaitent adopter. La Raddho n’a pas manqué d’interpeller les autorités sénégalaises afin qu’elles prennent toutes les mesures nécessaires pour garantir que leurs ressortissants soient traités dignement et bénéficient d’un cadre de protection adéquat. Dans le même sillage, elle demande aux États africains de repenser leurs politiques migratoires en favorisant des approches respectueuses des droits humains et de la dignité des migrants.
Un taximan dealer
Le commissariat central de Mbour a porté un nouveau coup dur au milieu interlope, avec l'arrestation d'un dealer en possession de 2,4 kg de chanvre indien de type « fogni ». Mercredi, les hommes du commissaire Bara Niang ont reçu un renseignement relatif à un trafic de drogue au quartier Guinaw-Rails. Séance tenante, le lieutenant Sène, chef de la sûreté urbaine, a déployé, vers 13h, une mission de filature et d’infiltration à quelques mètres du domicile indiqué. La planque a été productive. Les policiers en civil ont fait irruption dans la maison où ils ont surpris le taximan C. Thiam en train de conditionner de la drogue, renseigne seneweb. La perquisition s'est soldée par la saisie de 2,4 kg de «yamba». Interrogé sur procès-verbal, il a reconnu son statut de trafiquant. Il a dit avoir acquis sa marchandise illicite auprès de son fournisseur basé dans une localité de la Petite-Côte. À l'issue de l'enquête de la sûreté urbaine de Mbour, le taximan C. Thiam a été déféré hier.
Décharge publique à Tobor
Amnesty International Sénégal, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (RADDHO) et la Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH) réclament, dans un communiqué reçu à l’Aps, la fermeture d’une décharge publique située à Tobor, dans la région de Ziguinchor. L’ouverture de la décharge n’a pas fait l’objet d’une étude d’impact environnemental, soutiennent les droits des organisations. Si une telle étude avait été menée avec la collaboration des habitants de Tobor, elle aurait pu identifier l’impact de la décharge sur la nappe phréatique par exemple, selon la section sénégalaise d’Amnesty International, la RADDHO et la LSDH. Selon des habitants de Tobor, les premiers à avoir réclamé la fermeture de la décharge et sa délocalisation, elle se trouve à une centaine de mètres de leurs habitations. La rencontre organisée par le gouverneur de la région, jeudi 6 mars 2025 à Ziguinchor, ne peut dispenser les parties de l’obligation de mener une étude d’impact environnementale, soutiennent les trois organisations de défense des droits de l’Homme.
CONSTRUCTION DU MUSEE CHEIKH AHMADOU BAMBA, LE DÉBUT DES TRAVAUX PRÉVU À LA FIN DU MOIS DE MARS
Le musée Cheikh Ahmadou Bamba, dont le démarrage des travaux est prévu pour la fin mars, sera un lieu de mémoire et de transmission des enseignements de cette figure emblématique de l’islam du XXe siècle.
Le musée Cheikh Ahmadou Bamba, dont le démarrage des travaux est prévu pour la fin mars, sera un lieu de mémoire et de transmission des enseignements de cette figure emblématique de l’islam du XXe siècle. L’annonce a été faite jeudi par la ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, Khady Diène Gaye, qui a réaffirmé l’engagement de l’État à accompagner ce projet ambitieux.
Lors d’une cérémonie marquant la signature d’une convention de partenariat entre le comité de pilotage du projet et son ministère, Mme Gaye a souligné l’importance de ce musée dans la préservation du patrimoine spirituel et culturel du Sénégal. « En collectant, en exposant et en valorisant ses œuvres, nous honorons un guide qui a su créer un modèle de mutualité où la spiritualité, le travail acharné, la paix et l’éducation s’entrelacent harmonieusement pour former un tissu social solidaire, résilient et productif », a-t-elle déclaré.
Le coordonnateur du comité de pilotage, Serigne Cherif Mbacké Falilou, a annoncé que toutes les conditions sont réunies pour entamer la construction dès la fin du mois. Il a également révélé que le khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, a déjà contribué à hauteur de 125 millions de francs CFA sur un budget global de 3,5 milliards de francs CFA. Il a ainsi invité les fidèles, les autorités, les entreprises et les personnes de bonne volonté à apporter leur soutien financier pour la concrétisation du projet.
Le musée sera composé de deux bâtiments distincts. Le premier sera exclusivement consacré aux effets personnels de Cheikh Ahmadou Bamba, tandis que le second servira d’espace d’exposition dynamique, mettant en avant les objets et souvenirs des fils et petits-fils du guide spirituel, selon l’architecte Malick Mbow, en charge du projet.
Ce musée se veut un lieu d’éveil et de conscientisation, où seront perpétués les enseignements intemporels du fondateur du mouridisme, notamment ceux qui mettent en avant la sacralité du travail et la quête de l’excellence spirituelle. Sa construction marque une étape importante dans la conservation du patrimoine culturel et religieux du Sénégal.
LE PARENA SALUE LA MÉMOIRE DE BA BOUBACAR MOUSSA
Le parti malien retrace le parcours exemplaire de cet homme né en 1948 à Boghé, formé aux côtés de figures comme Djibo Leïti Kâ et Abdoulaye Bathily à l'université de Dakar, et devenu un leader respecté de l'Union des forces de progrès
Le Parti pour la Renaissance Nationale du Mali s'incline avec respect devant la mémoire de Bâ Boubacar Moussa, cette grande figure de la gauche mauritanienne qui s'est éteinte le 12 mars dans une clinique dakaroise. Dans sa déclaration officielle, le Comité Directeur du PARENA retrace le parcours exemplaire de cet homme né en 1948 à Boghé, formé à l'université de Dakar et devenu l'un des piliers de l'Union des forces de progrès en Mauritanie. Le parti malien rappelle l'engagement de BBM dans tous les moments clés de la lutte pour la démocratie en Mauritanie, depuis la révolte des élèves négro-africains de 1966 jusqu'à la refondation du Mouvement national démocratique en 1976.
"Ce vendredi 14 mars, après la prière de Yomal Jumaa à la mosquée Ibn Abass, l'ancien ministre Bâ Boubacar Moussa ( BBM) sera inhumé au cimetière Madvan Saïd de Nouakchott, là où il a souhaité reposer pour l'éternité.
BBM s'est éteint le 12 mars 2025, dans une clinique de Dakar.
Il y avait été évacué quelques jours avant, à cause de l'aggravation de son état de santé.
BBM était un grand Mauritanien, un grand Africain.
Toute la gauche démocratique ouest-africaine et maghrébine connaissait sa silhouette imposante. Il sillonnait nos pays à la faveur de nos congrès et assises et prêchait la parole de l' unité nationale, de la démocratie et du progrès.
Né en 1948 à Boghé dans le Brakna, sur la rive droite du fleuve
Sénégal , BBM était un continuateur des luttes des Kaddihines de Mauritanie, du Mouvement national démocratique (MND) et un intrépide dirigeant du l'Union des forces de progrès UFP) de Mauritanie.
Il est passé par l' université de Dakar, où ses camarades au sein de l'Union des étudiants étaient Djibo Leïti Kâ, Abdoulaye Bathily ou Mamadou Diop Decroix.
En Mauritanie, tout commença, quelques années avant, avec la révolte, en 1966, des élèves négro-africains contre la décision gouvernementale rendant l'Arabe obligatoire dans l'enseignement primaire et secondaire.
Puis il y a eu le "Manifeste des 19" personnalités originaires du Sud dont Bâ Abdoul Aziz, Traoé Souleymane Jiddou, Daffa Bakari et Bal Mohamed El Habib.
Ensuite il y a eu la création du MND en 1968 à Tokomadji dans le Gorgol mauritanien par Ahmed Moustapha Badr Eddine, Aïnina Mohamed, Mohamed Ichidou et le leader l'étudiant Sidi Mohamed Soumaïda (prématurément décédé et enterré en septembre 1970 à Dakar).
Refusant la dissolution du MND au sein du parti-État d'alors , des leaders visionnaires relancèrent le MND en 1976: Ahmed Moustapha Badredine, Daffa Bakari, Mohamed Ould Maouloud et Bâ Boubacar Moussa.
Au collège de Boghé, au lycée de Rosso, à Nouakchott, à Dakar, comme plus tard, dans les capitales africaines, BBM a été de tous ces combats.
Avec sa disparition, la Mauritanie et l'Afrique perdent un grand Africain, un grand leader dont l'humilité était proverbiale.
Dors en paix, Gorko Mawoudo!
Nos sincères condoléances à Bâ Fanma, aux enfants et à toute la famille biologique et politique du leader disparu."
QUAND LA POLITIQUE DES PRIX TUE L'INDUSTRIE LOCALE
En privilégiant les "tabliers" au détriment des véritables créateurs de richesse et d'emplois, le gouvernement Faye prépare paradoxalement un Sénégal plus dépendant que jamais des importations étrangères
Bassirou Diomaye Faye proclame sa volonté de bâtir une économie forte appuyée sur l’industrialisation du pays. Mais son gouvernement et lui ne font rien pour sécuriser les industries existantes, fortement menacées.
Le dernier communiqué du Conseil des ministres de mercredi dernier met en lumière l’intervention du président de la République sur le besoin de «bâtir une économie attractive et robuste orientée vers la valorisation endogène de nos potentialités et ressources naturelles, et fortement créatrice d’emplois décents». Le chef de l’Etat voulait souligner ainsi l’importance qu’il accorde au développement de l’industrie dans ce pays, et la promotion de l’industrialisation, qui devrait bénéficier de nombreuses ressources du pays et du potentiel qu’elles engendrent. Diomaye Faye a ainsi demandé, selon les termes du communiqué, «aux ministres en charge de l’Economie et de l’Industrie, en liaison avec l’Apix, d’évaluer les zones économiques spéciales et les agropoles créés, en termes d’entreprises installées, d’investissements et d’innovations technologiques réalisés, de facilités (administratives, fiscales, foncières…) accordées par l’Etat, d’emplois créés et de contribution à la promotion des exportations et au dynamisme des pôles territoires». En ce moment où le marasme économique semble avoir saisi tous les secteurs du pays, cette déclaration de la plus haute autorité du pays devrait permettre de revigorer les citoyens et de donner un coup de fouet aux entrepreneurs. Malheureusement, les choses se passent comme si les entrepreneurs veulent «avoir le miel sur la langue plutôt que dans les oreilles», si l’on reprend l’expression favorite d’un important chef d’entreprise du Sénégal.
Car au moment où les autorités disent vouloir encourager l’entreprise privée, les industries agroalimentaires sont sous une forte pression des services du ministère du Commerce. M. Serigne Guèye Diop avait d’ailleurs annoncé il n’y a guère, que les prix des denrées comme le riz, le pain, l’huile ou le sucre, allaient bientôt fortement baisser. Cela, sans annoncer des mesures compensatoires aux producteurs et aux distributeurs. Lors des premières annonces de baisse de prix, les consommateurs ont cru être floués, d’où la volonté du gouvernement de se rattraper, quitte à frapper sur les industriels. Comme pour ne pas faire mentir le patron du commerce sénégalais, les entreprises sont mises à contribution, quitte à vendre à perte. Plusieurs commencent à se demander si elles vont pouvoir tenir face aux nouvelles exigences.
Sans doute que les pouvoirs publics semblent considérer que les industriels auraient plus de marge de manœuvre que l’Etat, qui a avoué ne plus en avoir. On se rappelle qu’en juin 2024, pour ne pas être forcé d’accepter une augmentation du prix du pain demandée par les boulangers, le gouvernement avait mis en demeure les meuniers de revoir à la baisse les prix de vente de la farine. Ces minotiers avaient accepté la mort dans l’âme. Cela leur a coûté cher depuis.
Les mêmes pressions ont été exercées sur les producteurs de sucre de la Css, ceux de la Soca et d’Agroline pour la tomate, ainsi que sur les huiliers et autres produits alimentaires. Le problème avec ces baisses imposées, c’est qu’elles ne reposent sur aucune logique économique. La crise économique actuelle date de l’éruption du Covid-19, qui avait perturbé la chaîne logistique mondiale et privé les pays en développement de moyens de transport dont les pays riches avaient besoin pour assurer leur fourniture. La fin du Covid ayant coïncidé avec la guerre entre la Russie et l’Ukraine, cela n’a pas aidé à améliorer les choses. Le monde s’est très vite rendu compte que la plus grande partie du blé consommé dans le monde venait de la Russie et de l’Ukraine. De même que l’engrais dont les agriculteurs de par le monde, et en Afrique particulièrement, ont besoin pour leurs cultures, provient de ces contrées. Cette situation n’a pas seulement fait baisser les prix des produits alimentaires, elle les a poussés encore plus à la hausse.
Le président Macky Sall, face à cette situation, en plus d’avoir mobilisé plus de 1000 milliards pour son Fonds de résilience économique dans le cadre de la lutte contre le Covid, a aussi fait jouer tous les leviers de la fiscalité pour empêcher une flambée des prix. La nouvelle équipe au pouvoir n’a donc plus la même latitude, et il semble, malheureusement, que notre équipe de fiscalistes soit plus douée pour faire les poches des contribuables que pour aider les entrepreneurs à produire de l’argent dans le pays.
Conséquences : une bonne partie des riziculteurs ont des difficultés pour produire sans s’endetter jusqu’au cou. Le géant du sucre, la Compagnie sucrière sénégalaise, doit déjà faire face à une forte concurrence déloyale du sucre de contrebande, favorisée pour une grande partie par les Dipa délivrées par les pouvoirs publics. Au point que, à cette période de fin de campagne, elle a encore dans ses hangars, plus de 60 000 tonnes de sucre sur les 150 000 de cette année. A se demander où elle conservera la prochaine production. Il lui est en plus demandé de se préparer à une prochaine baisse des prix. Donc, comme d’autres, à ne pas dégager de marges bénéficiaires.
Cette crainte de devoir vendre à perte a déjà poussé la famille Omaïs à céder la majorité de ses parts dans Patisen à des intérêts étrangers. Il est dit que la Sedima, dirigée par la députée Anta Babacar Ngom, est en train de suivre le même processus. Les autorités de ce pays, passées et même actuelles, ont toujours semblé estimer que le développement industriel de ce pays se fera avec les petits négociants de Sandaga et Colobane. Or, à ce jour, on n’a encore vu aucun consortium de commerçants de Sandaga reprendre ou même créer une entreprise industrielle. Par contre, ils en ont fait tomber. Brouillons, ces dits négociants sont acculés par leurs concurrents chinois mieux organisés. En voulant, sous de fallacieux motifs de souverainisme, écarter les vrais industriels créateurs de richesses au profit de «tabliers», l’Etat ne pourra pas garantir aux consommateurs sénégalais des produits à bas coût. Car tout viendra de l’étranger, et à des prix imposés par les producteurs étrangers.
par Chérif Diop
AU-DELA DU FOOT
L’élimination de Me Augustin Senghor à l’élection du Conseil de la FIFA ne se limite pas à un simple échec personnel. Elle révèle les limites du soft power sénégalais et souligne le poids du lobbying diplomatique dans les instances du football mondial.
L’élimination de Me Augustin Senghor à l’élection du Conseil de la FIFA ne se limite pas à un simple échec personnel. Elle révèle les limites du soft power sénégalais et souligne le poids du lobbying diplomatique dans les instances du football mondial. Plus largement, cet épisode illustre le déclin du leadership sénégalais sur la scène internationale, après d’autres déconvenues récentes.
Un échec personnel, une désillusion pour le soft power sénégalais. En ces termes, nous pouvons résumer la « disqualification » de Me Augustin Senghor au conseil de la FIFA. Dans sa carrière de haut dirigeant du sport comme d’homme politique, le maire de l’île mémoire vient de perdre, pour la toute première fois, une élection. Cette fois, la providence ne lui a pas souri. Il fallait que cela arrivât un jour, mais cette déconvenue laissera un goût amer, car elle bloque le Sénégal à la porte de l’organisation faitière du football mondial. Ni sa longue expérience empirique dans le ghota du football, ni sa position de premier vice-président de la confédération africaine de football, ni le rayonnement du football sénégalais n’ont suffi à faire élire le président de la FSF au conseil de la FIFA.
Le saint des saints, là où tout se décide. Recalé à la 10ème place avec 13 voix seulement, Senghor fait le choix étonnant de démissionner de son poste de vice-président de la caf par souci de cohérence selon ses dires. Il ne se voit plus diriger à la caf des membres qui l’ont battus à l’élection au conseil de la FIFA. Un choix éminemment discutable parce que cette décision n’est pas seulement hâtive, mais elle est dictée par l’orgueil et l’amertume. Donc pas réfléchie.
Le lobbying diplomatique a-t-il eu raison du Sénégal ?
Au vu de la liste des six membres, le lobbying diplomatique a prévalu. Senghor a été sacrifié sur l’autel du compromisme et du lobbying diplomatique. Les dirigeants de haut rang dans le monde le savent, le sport, le football en particulier est un puissant instrument d’influence et un facteur de libération et d’épanouissement des peuples. À ce propos, le désengagement du gouvernement sénégalais de la prise en charge des compétitions africaines interclubs est de très mauvais augure même dans un contexte de restriction budgétaire
Devant la porte du lieu le plus sacré du foot, le président Senghor a trébuché, mais les dés étaient pipés. La veille de l’élection, certains observateurs avertis détenaient déjà, la liste des membres qui seraient élus. À ce niveau, le CV glorieux ne suffit pas. Les places sont chères, elles se jouent dans les arcanes diplomatiques. Les choses se négocient en hauts lieux comme ce fut le cas, en 2021 à l’occasion du choix du successeur du Malgache Ahmad Ahamad. À l’époque, c’est grâce à d’intenses concertations menées par les autorités sénégalaises et marocaines et avec l’aval du comité d’urgence de la fédération sénégalaise de football que la décision avait été prise d’accepter le protocole de Rabat, un accord diligenté par la FIFA.
Augustin Senghor renonça à sa candidature au poste de président de la caf, au profit de Patrice Motsepe, qui rempila ce 12 mars 2025 à la tête du football africain, Senghor lui, redevient un simple membre de la caf. L’avocat manque l’occasion d’accéder à la FIFA après le départ de Fatma Samoura. Avant de quitter ses fonctions à la fin de l’année 2023, la sénégalaise a dirigé avec brio, le secrétariat général de la FIFA. Première femme à occuper ce poste hautement stratégique, elle a joué un rôle important dans la restauration de la crédibilité de la FIFA, après les années Sepp Blatter.
Évanescence du leadership sénégalais à l’international.
La défaite de Senghor est un revers de plus pour la représentation du Sénégal sur la scène internationale après l’échec en juillet 2024, du Dr Ibrahima Socé Fall, candidat malheureux à l’élection du directeur régional de l’organisation mondiale de la santé pour l’Afrique. La présidence de la banque africaine de développement est le prochain poste à pourvoir par un Sénégalais. Amadou Hott est candidat à la succession du Nigérian Akinwumi Adesina. L’ancien ministre sénégalais de l’économie fait face à la sérieuse concurrence du mauritanien Sidi Ould TAh soutenu par Alassane Ouattara président de la Côte d’Ivoire. Sidi Ould Tah adoubé également par la tanzanienne Frannie Leautier, ancienne vice-présidente de l’institution panafricaine.
Ces soutiens de poids donnent le Mauritanien largement favori mais Amadou Hott bénéfice d’une riche expérience multilatérale. S’il est élu président de banque africaine de développement, il sera avec Mactar DIOP, directeur général de la société financière internationale du groupe de la banque mondiale, les deux Sénégalais à diriger des institutions financières de développement de cette envergure. L’élection du présidant de la BAD aura lieu le 29 mai 2025, en Côte d’Ivoire, pays où 64 ans derrière, le Sénégalais Cheikh Fall fut nommé premier président directeur général de la défunte compagnie Air Afrique, le 25 juin 1961, grâce à l’appui de Felix Houphouët-Boigny et un peu de Léopold Sédar Senghor…
De ces années post-indépendance à nos jours, le leadership sénégalais s’est fortement déprécié, le rayonnement du pays sur la scène internationale avec. Après avoir réussi à préserver la stabilité politique, l’heure a peut-être sonné de redorer le blason du pavillon national à l’international. Le Sénégal va accueillir en 2026 les jeux olympiques de la jeunesse, un événement mondial, une belle occasion pour le pays de briller avec Mamadou Diagna Ndiaye, 5ème Sénégalais à faire partie du comité exécutif du comité international olympique après ses illustres prédécesseurs : Amadou Bary (1965-1969), Keba Mbaye (1973-2002), Youssoupha Ndiaye (2002-2008), et Lamine Diack (1999-2013). juste un chapeau et des mots cles
JARAAF YOUSSOU NDOYE CONVOQUE A L'OFNAC
Une affaire de foncier défraie encore la chronique à Ouakam. Le Jaraaf de Ouakam et du Grand Cap Vert, Papa Youssou Ndoye, a été convoqué ce vendredi à l’Office National de Lutte Contre la Fraude et la Corruption (OFNAC) de Serigne Bassirou Guèye.
Une affaire de foncier défraie encore la chronique à Ouakam. Le Jaraaf de Ouakam et du Grand Cap Vert, Papa Youssou Ndoye, a été convoqué ce vendredi à l’Office National de Lutte Contre la Fraude et la Corruption (OFNAC) de Serigne Bassirou Guèye.
"Depuis quelques temps, c’est un acharnement dont je suis victime. On me convoque à tout-va. Je n’en peux plus. Je suis malade. Mon seul tort c'est défendre les biens de ma Communauté. Je suis vraiment fatigué de ses allers et retours. Je ne céderai d’un seul iota. Les biens de Ouakam doivent bénéficier d'abord Ouakamois surtout les jeunes. C’est ma conviction. Je la défendrai jusqu'à la mort" a crié le Jaraaf entouré des membres du Collectif des Jeunes de Ouakam.
Selon ces jeunes, c'est le titre foncier 5007-1751 qui est à l'origine de cette convocation. A les en croire, on continue de donner des permis d’occuper. Ce qui n’est pas conforme au droit. Des gens corrompus les aident dans cette forfaiture. Des personnes se réclamant de la Collectivité Lébou font du n’importe quoi pour mettre main basse sur le foncier à Ouakam. Ils sont aidés dans leur sale besogne par de hautes autorités. Cela ne passera pas. C’est un complot savamment ourdi pour dépouiller le Jaraaf alors qu’ils n’ont aucune légitimité. Le Jaraaf détient la légitimité à Ouakam.
En plus de cela, il est le Président du Haut Conseil de la Collectivité Lébou. C'est pourquoi, ces jeunes en rage lancent un appel : "Qu’on cesse d’entretenir l’amalgame. Il a les documents en bonne et due forme. Au nom du Jub-Jubal-Jubanti , on invite les autorités étatiques à voir cette affaire de près afin d'y apporter les correctifs nécessaires".
"Trop, c’est trop. On ne veut un bain de sang car les intérêts supérieurs de Ouakam doivent primer sur tout. Nous allons alors nous dresser en bouclier pour défendre notre chef suprême qu’est le Jaraaf Papa YoussouNdoye" avertissent-ils.
L’UEMOA DÉPLOIE UN PROGRAMME DE VULGARISATION DE SA VISION PROSPECTIVE 2040
La Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a lancé une série d’ateliers nationaux visant à vulgariser la Vision Prospective 2040 de l’organisation ainsi que son Plan Stratégique 2025-2030, baptisé IMPACT 2030.
La Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a lancé une série d’ateliers nationaux visant à vulgariser la Vision Prospective 2040 de l’organisation ainsi que son Plan Stratégique 2025-2030, baptisé IMPACT 2030. Ces rencontres se dérouleront du 17 février au 21 mars 2025 dans les huit États membres de l’UEMOA.
L’atelier de lancement au Sénégal se tiendra le lundi 17 mars 2025 à l’Hôtel Ndiambour à Dakar, marquant ainsi une étape importante dans ce processus de vulgarisation. Cette rencontre réunira des représentants des différents secteurs concernés afin d’assurer une large diffusion des concepts et orientations stratégiques.
L’initiative vise à présenter et à expliquer les grandes orientations des deux documents stratégiques, qui constituent des référentiels fondamentaux pour l’avenir de l’Union. Avec l’appui des Ministères en charge de l’économie et des finances des États membres, ces ateliers permettront de sensibiliser les différents acteurs sur les objectifs et la mise en œuvre de ces plans.
La mise en œuvre d’IMPACT 2030 permettra à la Commission de l’UEMOA, à l’horizon 2030, de devenir « une Institution agile, locomotive de l’approfondissement de l’intégration et de la transformation structurelle des économies de l’UEMOA ».
Quant à la Vision 2040, elle ambitionne de faire de l’UEMOA « un espace économique et monétaire durablement intégré, paisible et prospère, ouvert sur l’Afrique, avec une position stratégique consolidée dans le monde ».
Ces ateliers nationaux constituent ainsi une étape décisive pour la diffusion et l’appropriation de ces visions stratégiques, essentielles à la consolidation et au renforcement de l’intégration économique et monétaire de l’UEMOA.
RENDEZ-VOUS POUR REPENSER L’ACCÈS AU LOGEMENT
Le cinquième Salon international de l’habitat au Sénégal (SENHABITAT 5) se tiendra du 22 au 25 mai 2025 à Dakar et à Diamniadio, sous le thème : « Accès au logement : repenser nos villes ».
Le cinquième Salon international de l’habitat au Sénégal (SENHABITAT 5) se tiendra du 22 au 25 mai 2025 à Dakar et à Diamniadio, sous le thème : « Accès au logement : repenser nos villes ». Cet événement majeur mettra l’accent sur l’accès au logement pour toutes les catégories sociales et réunira les professionnels de l’urbanisme, de l’architecture et de la construction.
Lors du lancement des préparatifs, le secrétaire d’État à l’Urbanisme et au Logement, Momath Talla Ndao, a souligné l’objectif principal de cette édition : permettre à toutes les catégories sociales d’accéder à un logement décent. Selon lui, les programmes actuels ne permettent pas encore un accès équitable au foncier et à l’autoconstruction pour les ménages sénégalais.
Certaines activités du SENHABITAT 5 se dérouleront au Centre international de conférences Abdou-Diouf et au Centre des expositions de Diamniadio, tandis que d’autres auront lieu à la Place de la Nation à Dakar.
Le salon vise à renforcer la concertation entre les différents acteurs du secteur de l’habitat et à enrichir l’offre en matière de logement. Il offrira une plateforme d’échange entre professionnels, décideurs publics et citoyens afin de discuter des stratégies et politiques d’urbanisation.
L’Ordre des architectes du Sénégal est également impliqué dans l’organisation de cet événement. À cette occasion, un symposium des architectes africains se tiendra parallèlement à Dakar, une innovation qui enrichira le dialogue sur l’avenir des villes africaines.
Les défis urbains sont au cœur des préoccupations des organisateurs. Massamba Diop, président de l’Ordre des architectes du Sénégal, a insisté sur la nécessité de redéfinir les villes sénégalaises : « Nos villes, telles qu’elles sont configurées, posent problème. À long terme, elles seront invivables ».
Le gouvernement, conscient de ces enjeux, a reçu une directive du chef de l’État en Conseil des ministres, demandant une refonte du modèle urbain. La rénovation urbaine sera donc un axe clé des discussions, avec l’ambition de repenser l’aménagement des espaces urbains pour une meilleure qualité de vie.
Le symposium des architectes africains, qui se tiendra en parallèle, réunira des experts de divers domaines tels que l’architecture, l’urbanisme, l’ingénierie, l’aménagement paysager et l’environnement. L’objectif est d’échanger des expériences et de proposer des solutions adaptées aux réalités africaines.
Avec SENHABITAT 5, le Sénégal ambitionne ainsi de poser les bases d’une politique urbaine inclusive et durable, en offrant à tous un cadre de vie amélioré et en repensant la ville du futur. Ce salon constitue une opportunité unique pour discuter des innovations et des réformes nécessaires pour un habitat plus accessible et mieux adapté aux besoins des populations.
Par Serigne Saliou DIAGNE
LE RISQUE DE TUER L’ECONOMIE EN POURCHASSANT NOS HOMMES D’AFFAIRES
Le climat d’une reddition des comptes en lien avec la gestion des deniers publics aura malheureusement pris en quelques actions, les formes d’une chasse aux sorcières et d’une mise à l’écart d’adversaires politiques qui ne dit pas son nom.
Le climat d’une reddition des comptes en lien avec la gestion des deniers publics aura malheureusement pris en quelques actions, les formes d’une chasse aux sorcières et d’une mise à l’écart d’adversaires politiques qui ne dit pas son nom. On serait amené à croire que les nouveaux tenants de l’Exécutif du pays ont une liste d’hommes et de femmes à abattre, quelle que puisse être la nature des reproches qu’on pourrait leur faire. Dans cette volonté de casser du politicien qui a eu à être aux affaires, les hommes d’affaires deviennent malheureusement les victimes collatérales de la croisade. Leurs activités sont passées au peigne fin, toutes leurs relations sont étudiées au détail et tout projet dans lequel ils ont pu s’impliquer ces dernières décennies se trouve du jour au lendemain étalé sur la place publique. Le service après-vente qui accompagne la croisade contre nos capitaines d’industrie, chefs d’entreprise et titans du business est assez huilé dans le vice qu’il y a une forme de criminalisation de facto de la richesse.
Tout Sénégalais qui aurait pu se décarcasser pour construire un patrimoine ou s’amasser un petit pactole est vu comme un diable qui se nourrit de la force des masses et qui s’abreuve de la sueur de ses semblables. Toute réussite est marquée du sceau de la suspicion, les exploits entrepreneuriaux et les initiatives dynamiques sont caricaturés comme d’infâmes délits d’initiés qu’une collusion sans retenue entre une caste politique et une élite économique aura permis de créer. Dans toute instruction menée, nos hommes d’affaires sont jetés à la vindicte populaire, avec tout ce qu’il y a comme armée de nigauds aux grandes gueules pour tordre la réalité des auditions et tronquer la vérité des procès-verbaux. Puisque la bêtise et le mal gratuit sont têtus, les discours pour chahuter les réussites trouvent facilement des caisses de résonance et des colporteurs qui, dans la misère de leur réalité propre, se donnent à cœur joie de refuser à tous la prouesse de se faire et le courage d’atteindre une réussite économique.
Je sens une véritable dissonance entre le discours d’un gouvernement qui veut miser sur la souveraineté économique, la promotion de champions nationaux et l’effectivité d’un contrôle de l’économie nationale par des fils du Sénégal d’une part, et la réalité d’une mise au pas des entrepreneurs et hommes d’affaires en usant de toutes les voies possibles pour les fragiliser d’autre part. On arrive à mettre en doute le caractère licite des fortunes de plusieurs de nos champions nationaux. Il est également mis en branle toute une dynamique pour que ceux-ci rasent les murs et soient perçus aux yeux de l’opinion et des masses comme de vulgaires parias. L’Etat Pastef pense-t-il pouvoir développer le Sénégal et le mener vers l’horizon promis en 2050, si tout ce qu’il y a comme hommes d’affaires crédibles se trouve en prison ou submergé par des procédés judiciaires sans queue ni tête ? Le Sénégal compte-t-il être attractif pour d’autres investissements si, en fonction des changements de régime, l’Etat se rétracte sur ses engagements et renie même sa parole ? Peuton être considéré comme un pays sérieux si nos finances publiques continuent à faire défaut au vu des nombreux engagements pris ces deux dernières décennies pour financer l’économie du pays ? Quel investisseur voudrait mettre des billes dans un pays où, au motif d’une procédure judiciaire contre des actionnaires, les locaux, installations et services d’une entreprise sont interdits d’accès ?
La détresse des hommes d’affaires, chefs d’entreprise et capitaines d’industrie sénégalais est réelle, avec une pression fiscale intenable, une dette intérieure qui peine à être soldée malgré les engagements du président de la République Bassirou Diomaye Faye de la solder. La morosité économique qui gagne tout le pays se comprend dans la mesure où tout est fait pour fragiliser les créateurs de valeurs. Tout ce qui peut générer de la richesse, au risque d’être vu comme suspect, dissuade les acteurs au premier chef. On ne peut pas vouloir un grand remplacement et bouter des affaires d’industriels, d’entrepreneurs et de dirigeants qui ont pignon sur rue depuis des décennies pour les remplacer par de nouveaux bras sans pedigree ni vécu. Il est concevable que chaque pouvoir veuille au Sénégal évoluer avec sa flopée d’hommes d’affaires, mais vouloir dégommer toutes les fortunes qui se font au Sénégal depuis les indépendances est un pari intenable.
Mohamed Guèye soutenait dans ces colonnes, la logique maladroite du gouvernement sénégalais de se positionner dans une lutte contre l’emploi. Au-delà de l’emploi, on peut se dire que nos autorités actuelles sont hostiles, voire allergiques aux affaires et à la création de richesses. Remplir les geôles d’hommes d’affaires pour délits de sale gueule ou pour le simple «mal» d’être riches finira par perdre tout un pays. Ce sont des emplois qui seront supprimés, des pères et mères de famille à la rue, des familles qui seront fragilisées. Pour l’instant, les voix sont assez timides, mais le grand remplacement de l’élite économique est en marche, avec son lot de dommages collatéraux. Il est d’une violence morale et symbolique inouïe, sur la simple base qu’on voudrait empêcher des milieux d’affaires d’interférer dans le jeu politique, on finira par détruire tout le tissu économique de cette Nation qui reste encore précaire malgré sept décennies de capitalisme autochtone sénégalais. A force de pourchasser nos hommes d’affaires, l’Etat risque de tuer toute l’économie. A l’heure actuelle, un phénomène d’exil d’hommes d’affaires et d’entrepreneurs sénégalais est noté. Certains d’entre eux préfèrent migrer dans la sous-région ou dans les pays du Golfe pour y installer leurs bases d’opération. Ces exils ne se font pas de tout repos, avec des activités qui tombent en faillite, vu l’absence de ceux qui les faisaient tourner du mieux. Si nos nationaux quittent à un tel rythme, on ne s’étonnera pas de voir les intérêts étrangers présents dans notre pays détaler sans crier gare.
Sur un autre registre, la complaisance dont auront fait montre certains de nos entrepreneurs et hommes d’affaires dans certaines opérations avec les pouvoirs publics leur aura été fatale. Espérons qu’une certaine orthodoxie revienne dans les pratiques pour qu’il ne soit pas aisé de leur coller tout motif farfelu pour les plomber en plein vol.
Par Cécile Thiakane
VERS UNE ÉQUITÉ SANS RENIER NOS VALEURS
Les récents débats suscités par certaines décisions administratives ont révélé, une fois de plus, l’ampleur des inégalités de genre et la difficulté à remettre en question un système qui semble immuable
Les récents débats suscités par certaines décisions administratives ont révélé, une fois de plus, l’ampleur des inégalités de genre et la difficulté à remettre en question un système qui semble immuable. Pourtant, il est essentiel d’engager cette réflexion, non pas dans une opposition aux valeurs culturelles et religieuses qui prônent l’équité, mais dans une démarche de justice sociale.
Au Sénégal, comme dans de nombreux pays, les inégalités entre les hommes et les femmes ne se limitent pas aux lois ou aux textes réglementaires. Elles se manifestent dans les comportements du quotidien, dans les attentes implicites assignées aux femmes et aux hommes, et dans des croyances profondément ancrées dans le subconscient.
Le patriarcat : un système invisible mais omnipresent
Le patriarcat s’incarne dans des comportements, des croyances et des normes qui bien souvent passent inaperçus car ils sont profondément ancrés dans notre quotidien. Beaucoup de femmes ne réalisent pas toujours à quel point le patriarcat façonne leur quotidien, non pas parce qu’elles ignorent les injustices qu’elles subissent, mais parce que ces dernières sont souvent normalisées ou systémiques. On les justifie par des traditions, par des usages ou constructions sociaux ou par des interprétations erronées de valeurs religieuses qui, en réalité, prônent l’équité et la dignité pour tous. Ce système se manifeste à travers :
- Les attentes différenciées en fonction du genre : dès l’enfance, les filles et les garçons sont éduqués selon des normes qui dictent leurs rôles futurs dans la société. On valorise l’ambition et l’indépendance chez les garçons, tandis qu’on inculque aux filles l’obéissance, la discrétion et le sens du sacrifice.
- La charge domestique et mentale qui repose quasi exclusivement sur les femmes : même lorsqu’elles occupent des postes à responsabilité, la gestion du foyer et de la famille leur incombe encore majoritairement
- L’inégalité d’accès aux opportunités économiques et professionnelles : de nombreuses femmes rencontrent des freins pour accéder à l’emploi, au crédit ou à l’entrepreneuriat, non pas par manque de compétences, mais en raison de barrières culturelles et structurelles.
- La banalisation des stéréotypes sexiste, des violences et du harcèlement : qu’elles soient verbales, physiques ou psychologiques, ces violences sont trop souvent minimisées ou justifiées.
Déconstruire les stéréotypes sans renier notre identité
Lutter contre ces inégalités ne signifie pas remettre en cause les pratiques culturelles, traditionnelles et religieuses qui prônent l’équité. Il s’agit plutôt de distinguer ce qui relève des traditions et ce qui est le fruit de constructions sociales injustes. Trois leviers d’action pour un changement en profondeur
1) Remettre en question les stéréotypes et les rôles de genre
Les femmes ne sont pas naturellement prédisposées à certaines tâches ou à certaines professions. De même, les hommes ne sont pas systématiquement destinés à être des leaders ou des chefs de famille. Il est essentiel de déconstruire ces idées reçues et d’encourager une éducation où chacun est libre d’explorer son potentiel, sans contrainte liée au genre. Cela passe par :
- Une sensibilisation dès le plus jeune âge à l’égalité des chances et à la diversité des choix de carrière.
- La valorisation de femmes modèles dans différents secteurs pour inspirer les nouvelles générations.
- Une évolution des manuels scolaires et des médias pour refléter une image plus juste des rôles féminins et masculins.
2) Mobiliser toute la société, y compris les hommes
Le combat pour l’équité ne doit pas être perçu comme une revendication féminine isolée. Il s’agit d’un enjeu collectif qui concerne toute la société. Les hommes ont un rôle clé à jouer :
- En étant des alliés actifs dans la remise en cause des inégalités.
- En partageant équitablement les responsabilités domestiques et familiales.
- En s’engageant contre le sexisme et les violences faites aux femmes.
- Encourager un dialogue ouvert et constructif permettra d’éviter les résistances et de favoriser un changement progressif mais durable.
3) Transformer les structures sociales et économiques
Les normes patriarcales sont entretenues par des structures qui doivent être repensées pour offrir plus d’équité. Quelques actions concrètes :
- Faciliter l’accès des femmes aux financements et à l’entrepreneuriat.
- Assurer une meilleure représentation des femmes dans les sphères de décision (politique, économique, institutionnelle).
- Mettre en place des politiques favorisant l’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale.
Vers une société plus juste et équilibrée
Les avancées législatives sont nécessaires, mais elles ne suffisent pas. Tant que les mentalités ne changent, les lois resteront lettre morte ou seront appliquées de manière incomplète.
L’indubitable combat est celui de la transformation des mentalités à la base, du regard porté sur les femmes et des opportunités qui leur sont offertes. Et Ce combat n’incombe pas qu’aux féministes. Ce combat ne doit pas prendre la tournure les féministes contre les autres femmes.
Le changement avéré commence par une prise de conscience collective et un engagement à revoir les pratiques qui freinent l’émancipation et la capacité décisionnelle des femmes.
En ce mois de mars, dédié aux droits des femmes, ne nous contentons pas de dénoncer. Engageons-nous à construire un avenir où les femmes pourront pleinement s’épanouir sans être freinées par des normes sociales injustes.
Parce que l’équité n’est pas une faveur, c’est un droit.