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3 septembre 2025
INTERPOL DEMANTELE DEUX RESEAUX DE TRAFIQUANTS DE VOITURES EN AFRIQUE DE L’OUEST
Une opération d’envergure baptisée “Safe Wheels”, coordonnée par Interpol, s’est déroulée du 17 au 30 mars 2025 dans 12 pays d’Afrique de l’Ouest. Elle visait à lutter contre le trafic transfrontalier de véhicules volés.
Une opération d’envergure baptisée “Safe Wheels”, coordonnée par Interpol, s’est déroulée du 17 au 30 mars 2025 dans 12 pays d’Afrique de l’Ouest. Elle visait à lutter contre le trafic transfrontalier de véhicules volés.
Bilan : plus de 75 voitures saisies et près de 150 identifiées comme volées. Les forces de l’ordre ont contrôlé environ 12 600 véhicules, dévoilant l’ampleur d’un réseau criminel à ramifications internationales.
Les enquêtes ont révélé des connexions avec le Canada, la France, l’Allemagne et les Pays-Bas, illustrant la dimension transnationale du trafic.
Deux réseaux criminels organisés ont été démantelés durant l’opération, et 18 enquêtes ont été ouvertes à la suite des contrôles.
Cette action marque un tournant dans la lutte contre le trafic automobile en Afrique de l’Ouest, où les véhicules volés d’Europe ou d’Amérique du Nord sont souvent blanchis avant d’être revendus localement.
CESSION DES SEMENCES: LES COMPOSITIONS ET MISSIONS DES COMMISSIONS DEVOILEES
Le ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage a dévoilé la composition et les missions des commissions de supervision, de contrôle et de suivi des opérations de mise en place et de cession des intrants agricoles.
Le ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage a dévoilé, dans une circulaire publiée samedi, la composition et les missions des commissions de supervision de la cession des semences.
Le ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage a dévoilé la composition et les missions des commissions de supervision, de contrôle et de suivi des opérations de mise en place et de cession des intrants agricoles pour la campagne agricole 2025-2026. Selon la circulaire, la Commission nationale de supervision, de contrôle et de suivi des opérations de mise en place et de cession des intrants agricoles a pour mission de superviser, de coordonner et de veiller à la transparence desdites opérations sur l’ensemble du territoire national. Elle est également chargée du suivi des campagnes agricoles. Elle est présidée, au niveau national, par le ministre de l’Agriculture ou son représentant. La vice-présidence est assurée par le ministre des Forces armées ou son représentant.
De leur côté, les autorités administratives prendront des arrêtés en tenant compte de la spécificité de leurs circonscriptions respectives, pour compléter, au besoin, la composition de ces différentes commissions et les transmettront au plus tard le 7 mai 2025. Dans ce dispositif, les Forces de Défense et de Sécurité (Armée, Gendarmerie, Police et Douane) ainsi que la Cellule logistique du ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage auront pour mission de veiller à la régularité des opérations et à la sécurisation des intrants agricoles. Ainsi, les magasins de stockage des intrants (semences et fertilisants) sont placés sous leur surveillance. Tout bénéficiaire d’intrants (semences et fertilisants) doit se munir de sa carte d’identité nationale et se faire accompagner par son chef de village ou de quartier. Pour ce qui est de la commercialisation des intrants agricoles, la présence continue des Fds n’est pas requise tout au long du processus ; toutefois, chaque commission locale est tenue de produire un rapport hebdomadaire, sous la supervision du sous-préfet ou de son représentant, et de le transmettre aux autorités compétentes.
Pour la présente campagne, le prix unitaire de cession est fixé à 1.000 FCfa par sac ou litre pour tous les types d’engrais. Par exemple, les engrais foliaires, initialement à 18.000 FCfa prix fournisseur par tonne ou litre, sont subventionnés à 94,44 %, tandis que les engrais organiques solides, coûtant 200.000 FCfa prix fournisseur, bénéficient d’une subvention de 90 %. Les amendements organiques, quant à eux, passent de 150.000 FCfa à 1.000 FCfa grâce à une subvention de 86,67 %. Le prix de cession de tous ces engrais est de 1.000 FCfa le sac.
REFORME DE L’AIDE A LA PRESSE : 800 MILLIONS CFA DETOURNES, L’ÉTAT SERRE LA VIS
Le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique a levé le voile sur un détournement massif de l’aide publique destinée aux médias.
Le rapport annuel sur la réforme du secteur des médias révèle un détournement de près de 800 millions de francs CFA issus de l’aide à la presse 2023. L’État annule la subvention 2024 et met en place de nouvelles règles pour redresser un système jugé inefficace et opaque.
Le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique a levé le voile sur un détournement massif de l’aide publique destinée aux médias. Selon le rapport 2024-2025 présenté le 2 mai, près de 45 % de la subvention de 1,9 milliard de francs CFA allouée en 2023 n’a pas servi aux entreprises de presse, mais à des structures ou activités sans lien direct avec le secteur.
Un diagramme circulaire publié à la page 13 du rapport illustre le déséquilibre : alors que la presse écrite, les télévisions, les radios et la presse en ligne se partagent de faibles portions, le rouge vif, symbole de l’affectation hors presse, domine le graphique.
Des « dysfonctionnements majeurs » pointés
Le ministère évoque des dépenses opaques, des détournements de mission et une inefficacité notoire du mécanisme. Résultat immédiat : l’aide à la presse 2024 est annulée, dans l’attente d’une réforme en profondeur.
Pour 2025, la subvention sera reversée uniquement aux médias formellement reconnus et enregistrés. Une hausse de l’enveloppe à 2,7 milliards CFA est prévue, mais elle ne bénéficiera qu’aux 258 entreprises désormais éligibles, contre 535 auparavant. Cette réduction est liée au processus d’assainissement et de mise en conformité avec le Code de la presse.
Vers un nouveau modèle de financement
Selon Habibou Dia, directeur de la Communication, la réforme vise à faire du Fonds d’appui et de développement de la presse (FADP) un véritable outil stratégique pour le développement du secteur médiatique, et non un simple guichet d’aides financières.
Le ministère entend désormais lier cette subvention à une logique de développement durable, d’investissement dans les capacités des médias et de meilleure gouvernance.
WEST AFRICAN ENERGY INJECTE 127 MEGAWATTS DANS LE RESEAU DE LA SENELEC
Cette mise en service partielle fait suite aux essais concluants de la turbine GT11. Elle constitue une étape majeure, tant sur le plan technique qu’institutionnel, dans le renforcement de l’infrastructure énergétique du pays.
La société West African Energy (WAE) a annoncé, ce 4 mai 2025 dans un communiqué, avoir injecté 127 mégawatts (MW) dans le réseau de la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec).
Ce jalon marque le démarrage progressif de l’exploitation de sa nouvelle centrale électrique à cycle combiné, située à Rufisque, dont la capacité totale atteindra 366 MW une fois achevée.
Cette mise en service partielle fait suite aux essais concluants de la turbine GT11. Elle constitue une étape majeure, tant sur le plan technique qu’institutionnel, dans le renforcement de l’infrastructure énergétique du pays.
« L’injection de ces premiers 127 MW constitue un signal fort, à la fois sur le plan technique et institutionnel. En effet, elle témoigne de la qualité de l’ingénierie déployée, de la mobilisation rigoureuse des équipes et de l’efficacité de la gouvernance mise en place pour assurer le respect des standards les plus exigeants. », a indiqué les dirigeants de WAE
La centrale de Rufisque, l’une des plus ambitieuses du Sénégal, bénéficie d’une ingénierie de haut niveau et d’une gestion rigoureuse. Le projet est dirigé par Monsieur Samuel A. Sarr, qui a su coordonner efficacement les ressources humaines et techniques pour concrétiser cette réalisation stratégique.
Selon West African Energy, «une fois pleinement opérationnelle, la centrale de 366 MW contribuera significativement à la stabilisation du réseau national, à l’amélioration de la qualité du service public d’électricité, et au soutien des politiques industrielles et économiques du Sénégal.»
La société a exprimé sa gratitude envers ses partenaires institutionnels, techniques et financiers, notamment Africa Finance Corporation, Coris Bank International, Afreximbank, General Electric, Çalik Enerji, ainsi que plusieurs bureaux d’ingénierie et de conseil, pour leur soutien déterminant dans la réussite de ce projet.
WASHINGTON VEUT RETIRER SON APPUI À LA BAD
Le soutien américain à la Banque africaine de développement est sur le point de s'effondrer. Donald Trump propose de supprimer la contribution au Fonds africain de développement, dont les États-Unis sont le troisième bailleur bilatéral
(SenePlus) - Dans une décision qui risque d'ébranler profondément le financement du développement en Afrique, l'administration Trump prévoit de mettre fin à la contribution américaine au Fonds africain de développement (FAD), le guichet concessionnel de la Banque africaine de développement (BAD). Cette information, révélée par Jeune Afrique, intervient à quelques jours de l'assemblée annuelle de l'institution à Abidjan, où sera élu un nouveau président.
Cette mesure, qui s'élève à 555 millions de dollars, figure dans le "Fiscal Year 2026 Discretionary Budget Request" transmis le 2 mai au Congrès américain. La Maison-Blanche justifie cette coupe budgétaire par un "réalignement" de l'aide étrangère sur les priorités de l'agenda "America First", comme le rapporte le magazine panafricain.
Si cette proposition est approuvée par les parlementaires américains, elle marquera un tournant historique dans les relations entre Washington et la BAD, que les États-Unis soutiennent depuis plus de quarante ans. Actuellement, l'Amérique est le troisième bailleur bilatéral du FAD-16 (couvrant la période 2023-2025), derrière l'Allemagne (670 millions de dollars) et la France (611 millions de dollars), contribuant à environ 6% du financement du cycle en cours, estimé à 8,9 milliards de dollars.
"La suppression de la contribution de Washington aurait un impact direct sur les capacités d'engagement de la BAD dans une quarantaine de pays africains", indique Jeune Afrique. Le FAD, créé en 1972, est en effet un instrument crucial pour le financement à taux préférentiels de projets dans les domaines essentiels comme la santé, l'éducation, l'électrification rurale ou l'adaptation climatique.
Cette annonce intervient dans un contexte particulièrement délicat pour l'Afrique. Le président sortant de la BAD, Akinwumi Adesina, qui avait notamment appuyé la création d'un nouveau guichet dédié à l'action climatique pour les pays à faible revenu, verra sans doute d'un œil critique cette décision de Donald Trump. Ce dernier a d'ailleurs qualifié l'accord de Paris sur le climat "d'escroquerie injuste et unilatérale" dès son retour au pouvoir, annonçant le retrait des États-Unis de ce pacte international.
La décision américaine reflète une réorientation stratégique dans le financement du développement. Selon Jeune Afrique, "si la Maison-Blanche renonce au FAD, elle prévoit en parallèle de verser 3,2 milliards de dollars à l'IDA-21, le guichet équivalent de la Banque mondiale, et de renforcer la Development Finance Corporation (DFC), bras armé des investissements américains à l'étranger."
Ce choix intervient alors que les besoins de financement du continent africain sont colossaux. La Commission économique pour l'Afrique les estime à plus de 100 milliards de dollars par an pour les infrastructures, tandis que la BAD évoque un montant de 400 milliards d'ici 2030 pour rattraper le retard sur les autres pays en développement.
Pour la BAD, le défi est donc double. D'une part, il lui faudra convaincre d'autres bailleurs de combler le vide laissé par Washington, et d'autre part, elle devra peut-être "redéfinir en profondeur ses modèles de financement", comme le suggère Jeune Afrique. Ce retrait américain confirme en tout cas que, pour l'administration Trump, la solidarité multilatérale n'est plus un pilier de la politique étrangère des États-Unis.
MULTIPLE PHOTOS
REVUE DE PRESSE DU 5 MAI 2025 – ENTRE REMOUS POLITIQUES, REVELATIONS JUDICIAIRES ET TRIOMPHES SPORTIFS
La presse de ce jour illustre parfaitement les tensions et espoirs : une scène politique en recomposition, des affaires judiciaires lourdes de conséquences, une société en quête de repères et de justice, mais un peuple fier de ses sportifs
(SenePlus)La presse sénégalaise de ce jour est particulièrement riche, entre secousses politiques, affaires judiciaires sensibles, actualité religieuse et exploits sportifs. Tour d’horizon des principaux sujets qui font la une des journaux nationaux.
JUSTICE ET SCANDALES FINANCIERS : LES DOSSIERS EXPLOSIFS REFONT SURFACE
Plusieurs titres s’accordent sur un climat judiciaire sous haute tension. Le quotidien Libération ouvre un dossier économique majeur sous le titre-choc : « Nestlé-Suisse dans les nasses du Fisc ». Il y est question de soupçons d’évasion fiscale impliquant la multinationale, avec en toile de fond le transfert de René Capain Bassène vers le Pavillon spécial, suggérant un traitement pénitentiaire sévère.
Dans la même veine, L’Observateur (L’Obs) titre en lettres rouges : « 5 bombes judiciaires entre les mains du PJF ». Le journal évoque des dossiers explosifs confiés à la Police Judiciaire, notamment sur des cas de blanchiment, de corruption et de détournements de fonds publics.
Le Quotidien choisit une approche plus humaine et évoque les conditions de détention drastiques de certains détenus, titrant : « René Bassène dans une diète noire », allusion à une grève de la faim ou un traitement particulièrement sévère.
Les Échos, de leur côté, alertent sur un autre fléau : les dérives numériques. Dans un contexte d’essor de la solidarité en ligne, le quotidien titre : « Derrière la solidarité numérique, des arnaques à plein régime ». Il y est question d'escroqueries qui se multiplient via les plateformes sociales et les cagnottes.
Enfin, Direct News remet sur la table les procès du passé avec « Révisions de procès historiques en téléchargement », dont celui très sensible de Hissène Habré, relançant le débat sur la justice transitionnelle en Afrique.
VIE POLITIQUE : FISSURES ET REPOSITIONNEMENTS
Sur le terrain politique, la tension monte d’un cran. WalfQuotidien sonne l’alerte avec une une titrée : « L’APR, chronique d’une mort annoncée ». Le journal rapporte des démissions en cascade dans les rangs de l’Alliance pour la République (APR), présageant une crise profonde dans le parti de l’ancien président Macky Sall.
Le journal Tribune braque ses projecteurs au-delà des frontières, avec cette une : « Quand la République de Jammeh refait surface : le peuple meurt à Velngara », soulignant les troubles récents en Gambie liés à l’ancien régime.
Au niveau international toujours, L’Évidence déplore l’isolement croissant de l’Afrique sur la scène mondiale : « Washington tourne le dos au multilatéralisme africain ». Une analyse sévère de la politique étrangère des États-Unis vis-à-vis du continent.
RELIGIONS ET SOCIETE : ENTRE SPIRITUALITE ET MORALISATION
Dans un ton plus serein, Sud Quotidien et Le Soleil mettent en lumière une actualité ecclésiale majeure. L'installation de Mgr André Gueye à la tête de l’archidiocèse de Dakar est saluée par Sud Quotidien : « Mgr André Gueye installé ». Le Soleil parle quant à lui d'une « Nouvelle aube ecclésiale », mettant l’accent sur l’espérance et la continuité dans la foi.
Sur un registre plus civique, POP s’interroge : « L’éthique nationale à l’épreuve de la reddition des comptes », en lien avec les promesses du gouvernement Diomaye-Sonko de mettre fin à l’impunité. L’AS revient également sur les engagements du président Sonko à l’occasion du Daaka, avec le titre : « Les Daaka-promesses de Sonko ».
SPORTS : LES LIONS RUGISSENT SUR TOUS LES FRONTS
Côté sport, les couleurs nationales brillent. Record consacre sa une au portier des Lions, titrant avec emphase : « Édouard Mendy porté au pinacle ». Récompensé pour ses performances, le gardien emblématique est au sommet de sa carrière.
En beach soccer, le Sénégal continue sa marche victorieuse. Rewmi Sports+ titre : « Le Sénégal se qualifie pour les quarts » après une victoire spectaculaire. Point Actu Sport précise : « Le Sénégal renverse Tahiti (6-3) et s’ouvre la voie des quarts de finale », soulignant l’efficacité des Lions sur le sable.
En football européen, Stades revient sur la domination du Bayern Munich : « Le Bayern récupère son trône », alors que Sunu Lamb évoque les frustrations d’Habib Bèye après une défaite du Toulouse FC.
En basket, l’actualité est plus mitigée. Dakar Times Sport titre : « L’ASC Ville de Dakar ne sera pas à Pretoria », une élimination qui déçoit. Toutefois, le journal reste positif en mettant en avant la performance globale de l’équipe : « Le Sénégal enchaîne et se rapproche des quarts ».
Un ouvrage révèle comment celui qui prônait la démocratisation du continent à La Baule maintenait simultanément une influence paternaliste, dont l'héritage pèse encore sur les relations franco-africaines
(SenePlus) - Un nouvel ouvrage collectif, dirigé par les historiens Pascal Blanchard et Nicolas Bancel, analyse en profondeur la relation complexe entre François Mitterrand et l'Afrique, depuis ses engagements de jeunesse jusqu'à sa politique présidentielle. Intitulé "François Mitterrand, le dernier empereur. De la colonisation à la Françafrique" (éditions Philippe Rey, 928 pages, 29,50 euros), ce livre massif révèle un parcours marqué par l'ambivalence et l'ambiguïté.
L'ouvrage s'appuie sur des archives inédites et les contributions d'une quarantaine de spécialistes pour décortiquer la position de Mitterrand vis-à-vis de la colonisation et de l'Afrique. Loin d'être une simple erreur de parcours, son positionnement en faveur de la guerre d'Algérie s'inscrit dans une trajectoire coloniale et postcoloniale cohérente.
Comme le souligne Le Monde, cette étude biographique décortique sa trajectoire depuis ses engagements de jeunesse dans les années 1930 en faveur de la conquête italienne et fasciste de l'Éthiopie en 1935 puis à Vichy durant les premières années de la guerre jusqu'au génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 en passant bien évidemment par la guerre d'Algérie.
Durant la IVe République, François Mitterrand a occupé onze postes ministériels entre 1947 et 1958, dont certains particulièrement exposés : la France d'outre-mer, l'Intérieur (1954-1955) et la Justice (1956-1957). Ces fonctions coïncident avec les guerres d'Indochine, d'Algérie, ainsi qu'avec les mouvements d'indépendance en Tunisie et au Maroc.
Durant cette période, Mitterrand s'était convaincu qu'il valait mieux lâcher l'Indochine pour mieux se concentrer sur une refonte de l'architecture coloniale en Afrique. Sa vision était claire : réformer, donc, afin de tenter de sauver l'empire secoué par les aspirations indépendantistes.
Le bilan de son passage à la chancellerie est particulièrement lourd : quarante-cinq condamnés à mort algériens seront exécutés durant son passage à la chancellerie.
Entre 1958 et 1981, période durant laquelle il a œuvré à rassembler la gauche pour conquérir le pouvoir, François Mitterrand a habilement remanié son récit personnel. Le journal Le Monde évoque ce magicien de la politique [qui] parvint à effacer la tache de la compromission qui lui fit légitimer l'usage de la force en Algérie ; à faire oublier son passé de conservateur nationaliste de l'empire au profit d'une stature d'homme de gauche.
Cette transformation a été facilitée par le contexte de l'époque marqué par le refoulement généralisé de la guerre d'Algérie après les accords d'Évian.
Les deux septennats de Mitterrand (1981-1995) reflètent les mêmes contradictions. D'un côté, il prononce le discours de La Baule en 1990, appelant à la démocratisation de l'Afrique. De l'autre, il défend avec vigueur le pré carré africain.
Comme le souligne Le Monde, il fut tout à la fois l'homme du discours de La Baule, en 1990, appelant à la démocratisation de l'Afrique, celui de l'antiracisme. Au revers de cette médaille, il n'a cessé de défendre le pré carré africain, toujours convaincu que le rayonnement de la France – et de l'Europe – dépend étroitement de l'influence paternaliste française en direction de l'Afrique.
C'est durant cette période que l'armée française s'érige comme jamais en « gendarme » du continent.
L'ouvrage suggère que le reflux actuel de l'influence française en Afrique pourrait être une conséquence de l'héritage mitterrandien. Ce déclin résulterait d'un examen raté du passé colonial et d'une rupture définitive avec le système dévoyé de la « Françafrique » souvent proclamée par les dirigeants français, mais jamais aboutie.
Le bilan est sans appel : Ses héritiers ont tous considéré l'Afrique et l'Empire comme des éléments du domaine réservé et des politiques parallèles. Le bilan est sur ce point désastreux et (…) les relations France-Afrique sont un champ de ruines.
Ce livre, qui se veut objectif plutôt qu'à charge, égratigne sérieusement l'image que cet homme politique majeur du XXe siècle s'était en partie façonnée lui-même. Il offre une perspective essentielle pour comprendre les racines des relations actuelles entre la France et l'Afrique, tout en éclairant d'un jour nouveau l'une des figures politiques françaises les plus marquantes.
PAR SALLA GUEYE
BRISER L’INCONSCIENCE SUR NOS ROUTES
Quand un chauffard nettoie les déchets qu’il a contribué à générer, il comprend. Quand il sue pour réparer un tort, il réfléchit. Et quand il rentre chez lui après une journée de pénitence physique, il devient un relais de conscience.
Il y a des images qui s’incrustent dans la mémoire collective comme des éclairs de cauchemar. Deux camions lancés à pleine vitesse sur la route nationale, s’adonnant à une course-poursuite surréaliste à hauteur de Thiaroye. La scène aurait pu sortir tout droit d’un film d’action. Elle s’est malheureusement déroulée sur nos routes réelles, avec des vies en jeu. Le verdict est tombé : trois ans de prison ferme pour le chauffeur fautif, un million de FCfa d’amende, permis annulé pour cinq ans. Son « rival », lui, écope de six mois ferme et d’une suspension de permis.
Peines exemplaires ? Sans doute. Mais à quoi servent les peines lourdes si elles n’ont aucun effet sur la conscience collective ? Si, dans les jours qui suivent, d’autres chauffards, d’autres fous du volant, prennent le relais dans cette course macabre qui transforme nos routes en abattoirs à ciel ouvert ?
Thiaroye n’est qu’un énième chapitre du long livre noir de la route sénégalaise. Sakal, Sékoulo, Khombole : autant de noms devenus tristement célèbres, synonymes de larmes, de drames, d’orphelins. Et pendant ce temps, les mêmes causes produisent les mêmes effets : excès de vitesse, surcharge, défaillance mécanique, fatigue des conducteurs, corruption dans les services de contrôle et une impunité rampante.
Ce n’est pourtant pas l’indifférence qui manque au sommet de l’État. Chaque président, chaque ministre des Transports, chaque directeur de la Sécurité routière a promis, juré, menacé. Mais que vaut un discours si les pratiques restent les mêmes ? Que vaut une répression aveugle si elle ne produit ni peur, ni remords, ni changement ? Il est temps de penser autrement. Il est temps de sortir du piège carcéral. Non, tous les chauffards ne doivent pas finir en cellule. La prison ne résout rien quand elle est systématisée. Pire, elle devient une fabrique de récidives, un gouffre financier pour l’État et un repoussoir à la réinsertion.
Au Burkina Faso, les autorités ont choisi une autre voie. Là-bas, un motocycliste pris en flagrant délit ne se retrouve pas forcément entre quatre murs. Il est envoyé balayer les rues, poser des pavés, nettoyer les caniveaux. Pas de longs procès, pas de sermons. Juste un travail d’intérêt général. Simple, direct, utile. Et surtout : transformateur.
Quand un chauffard nettoie les déchets qu’il a contribué à générer, il comprend. Quand il sue pour réparer un tort, il réfléchit. Et quand il rentre chez lui après une journée de pénitence physique, il devient un relais de conscience. Ces peines alternatives ne visent pas à humilier, mais à responsabiliser. Et elles coûtent moins cher que la détention.
Au Sénégal, nous préférons remplir les prisons. Et avec elles, les dépenses publiques. Chaque détenu, coupable ou non, coûte à l’État en nourriture, en soins, en surveillance. Pendant ce temps, les routes se vident de leurs promesses de mobilité pour ne garder que le goût du sang.
Il faut réformer. Il faut oser. Il faut toucher les poches, les muscles, la fierté des contrevenants. Les amendes doivent être dissuasives, proportionnées aux revenus.
Les fautifs doivent servir d’exemples vivants. Pourquoi ne pas les envoyer repeindre les passages piétons, réparer les glissières de sécurité, assister les blessés dans les centres de soins ? Pourquoi ne pas les faire participer à des campagnes de sensibilisation, devant des jeunes, dans les gares, sur les ondes ?
La peur de la prison ne suffit plus. L’heure est venue d’un électrochoc. Celui d’une justice réparatrice, visible, tangible. Il ne s’agit pas de lâcher du lest, mais d’exiger un retour à la responsabilité citoyenne.
Il faut remettre de l’ordre sur nos routes. Pas seulement par la répression, mais par l’intelligence. Ce ne sont pas seulement des camions qui s’affrontent en duel, ce sont des vies qui se percutent, des familles qui se brisent, un pays qui tangue à chaque carambolage. Alors oui, changeons de braquet. Il y a urgence. Avant que la route ne soit plus qu’un cimetière sans fin.
THIONE BALLAGO SECK, POÉSIE ET PROPHÉTIE D’UN MAÎTRE DE LA PAROLE
Il ne chantait pas, il discutait. Il parlait comme un patriarche, avec des paroles taillées comme on sculpte un bloc de marbre. Ce fils de Faramareen a bâti son destin contre la volonté paternelle pour devenir l'une des voix les plus marquantes du Sénégal
Il ne chantait pas, il discutait. Il parlait comme un patriarche, avec des paroles taillées comme on sculpte un bloc de marbre.
Thione Ballago Seck est cette voix de baryton qui a prêché le bien et qu’on continue toujours d’écouter avec le même élan vital. Il a toujours chanté, car ne sachant faire que cela. De Star Band de Dakar à Raam Daan, en passant par l’Orchestra Baobab, sa propre école musicale, son décès en décembre 2021 marque le départ d’un patrimoine vivant, d’un héraut de la bonne parole.
On ressent tous une euphorie presque mystique, comme une madeleine de Proust qui nous rappelle de beaux temps et de beaux souvenirs, quand on entend sa voix. Cette voix est celle purifiée et scarifiée par Dieu qui est le verbe et qui parle à voix basse à l’âme de Thione. On ne peut imaginer que ce chaman sonore qui sortait de son âme ces rythmes et cette prophétie dans ses paroles pourrait être sous terre où il n’entend plus ces mélodies enfouies dans l’antre du monde. Il n’a eu que quelque 66 années pourtant pour livrer autant de messages qui, comme des reliques, sont devenus un testament du temps. Il existe des consciences qui émergent pour transcender le temps, Thione Seck en est une. Il naquit un jour de lumière, le 12 mars 1955, à la Gueule Tapée, quartier populaire de Dakar. Thione Ballago Seck était le deuxième fils d’un couple pétri de contrastes : Nogaye Ngom, mère discrète et forte, et Cheikh Seck, adjudant de police, homme de rigueur et d’un monde où la musique n’était pas une voie, mais une menace pour l’ordre établi.
Mais dans les veines de l’enfant, coulait un sang plus ancien. Son arrière-grand-père, griot de la cour royale, avait été le chantre du Damel Lat Dior Diop, le héros du Cayor. Le roi, en reconnaissance, lui avait offert le village de Mareen, dans les terres profondes du royaume. De ce legs naîtra un mot devenu mythe : Faramareen, ceux qui portent la dignité du verbe et la noblesse du chant. Pourtant, Thione ne grandit pas sous le regard indulgent des musiciens. Son père le voulait loin des tambours, des nuits sans fin et des ivresses de la scène. Mais l’enfant, dès les premières années, se mit à composer dans l’ombre, à ourler les silences de mélodies secrètes. À l’école où il est allé jusqu’à la classe de Sixième, il créait les airs des pièces jouées par ses camarades. Dans les quartiers, il hantait les « mbappat » (séances de lutte) et les « kassak » (chants pour les jeunes circoncis). Puis un jour, il entendit les musiques venues de l’Inde, ces complaintes lointaines, presque mystiques, qui le frappèrent au cœur. Quelque chose en lui se mit à vibrer autrement. Ce serait cela, désormais : la musique comme destinée, non comme caprice. À seize ans, il franchit la ligne. Définitivement. Il intègre l’orchestre de Bira Guèye, y reste quelque temps, apprend à se taire pour mieux entendre. Puis vient la nuit fondatrice.
À la Jeanne d’Arc de Dakar, au milieu d’un concert animé par l’Ensemble lyrique de Sorano, il est invité à monter sur scène avec Doudou Yaye Katy. Sa voix fend la foule. Dans l’ombre, une oreille attentive écoute, celle d’Abdoulaye Mboup, maître respecté, musicien accompli, figure tutélaire. Séduit, il vient à lui, lui parle, l’écoute encore. Laye Mboup voit plus qu’un jeune talent, il voit un successeur. Il ira jusqu’à rencontrer le père, l’adjudant sceptique, pour le convaincre de confier son fils au destin. Et c’est ainsi que Thione entre dans la musique non par effraction, mais par transmission. Au Star Band, il commence humblement, derrière les percussions. Il compose, notamment « Chéri Coco », mais ne la chantera pas. C’est Pape Djiby Bâ qui la portera au public. Thione ne dit rien. Il apprend. Il engrange. Il attend. Laye Mboup, fidèle à sa promesse, l’emmène ensuite à l’Orchestra Baobab, ce lieu où la musique s’épanouit comme une grande conversation entre l’Afrique et le monde. Là, Thione gagne 6.000 FCfa par semaine, mais bien plus que cela. Il gagne une voix, une place, un nom.
On l’appelle le Benjamin. Mais il est déjà plus que cela. Quand Laye s’absente, c’est lui qu’on désigne pour chanter. Quand Laye meurt, en 1975, c’est Thione que l’on écoute. Il enregistre enfin « Chéri Coco », puis « Sëy » et surtout « Domou Baye », cette chanson déchirante comme une prière à genoux. Mais Thione Ballago Seck, désormais maître de son souffle et gardien d’une voix rare, ne pouvait s’éterniser sous l’ombre d’un nom, fût-il vénéré. Le Baobab, orchestre aux racines profondes, l’accueillait comme l’héritier désigné, mais lui rêvait d’un arbre qu’il planterait lui-même, d’un son qui lui appartiendrait jusqu’à la dernière note. En 1979, il franchit un nouveau seuil. Il enregistre un album sous son propre nom : « Chauffeur Bi », flanqué d’un ensemble façonné à son image, tissé de sang et d’amitié, où figure son jeune frère Mapenda. Ce geste, en apparence musical, est un manifeste. Thione y affirme son autonomie, sa volonté d’écrire hors des canons et des clans.
Mais cette émancipation a un prix. Le Baobab, déjà fragilisé par ses absences de plus en plus longues, réagit avec raideur. Un ultimatum lui est lancé. C’est Barthélémy Attisso, l’homme au jeu de guitare ciselé comme un griot du futur, qui lui apporte le message. Il lui reste quarante-huit heures pour choisir. L’orchestre ou sa route. Et Thione choisit le vertige. C’est un départ sans retour. Il quitte le Baobab, non dans la colère, mais dans une solitude lucide. Il sait que l’on ne bâtit pas une voix libre sans abandonner certains royaumes. À peine parti, le destin lui ouvre une porte en or. Paco Rabanne, couturier de génie, l’invite en France. Il veut créer une troupe panafricaine, mêler les sons et les tissus, faire danser les cœurs sur les podiums d’Europe. Thione s’y rend, poussé par la promesse d’un ailleurs fertile. Mais l’eldorado tourne court. Derrière les projecteurs, rien ne tient. Le rêve s’effondre dans le silence des non-dits. Pire encore, au pays, des rumeurs malsaines circulent.
On le dit arrêté, naufragé dans les méandres de l’exil. Alors il revient. Non pour se justifier, mais pour répondre en musique. « Siiw » naît de cette douleur, chanson douloureuse et fière, voile levé sur les humiliations subies et la dignité conservée. C’est dans cette fièvre que naît Raam Daan, en 1983. Le nom, choisi avec une précision mystique, signifie « ramper et vaincre ». Thione y inscrit sa trajectoire. Il ne possède ni mécène, ni fortune, ni réseaux. Il n’a que sa voix, ses convictions et une ténacité qui ronge la pierre. Le matériel de son orchestre, il l’arrache au destin. Demba Ndir, alors propriétaire du Sunset Sahel, avait acquis des instruments pour monter un orchestre. Le projet échoue. Thione, flairant l’aubaine, approche un organisme de crédit et met en gage la maison familiale. Son père, cette fois, ne s’y oppose pas. Il tend les papiers de la demeure comme on bénit une aventure. Huit millions de FCfa changent de mains, et le rêve devient tangible. Dès les premières répétitions, Thione sait qu’il ne reviendra pas en arrière. Il veut du mbalax, pas du xalam. Sa voix, ample comme une mer intérieure, exige un écrin plus vaste, plus rythmique, plus électrique. Il veut fusionner les racines et le monde. Il devient un architecte du son, un sculpteur d’émotions. Ainsi commence l’aventure du Raam Daan.