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15 juin 2025
Par Madiambal DIAGNE
DITES-DONC, LES OPPOSANTS NON PLUS N’ONT PAS DE PAROLE ?
Tous les coups sont permis entre alliés qui se découvrent être des ennemis. Leur dernière trouvaille est de multiplier les groupes parlementaires afin d’obtenir le maximum de postes pour offrir un strapontin grassement rémunéré à chacun des prétendants
Ils aspirent presque tous à devenir l’auguste président de l’Assemblée nationale du Sénégal, ces nouveaux députés de l’opposition ! La liste est bien longue : Barthélemy Dias, Ahmed Aïdara, Birame Soulèye Diop, Oumar Sy, Cheikh Abdou Bara Dolly Mbacké, Mamadou Lamine Thiam. Peut-être que d’autres derniers candidats sortiront d’on ne sait quels chapeaux ?
D’aucuns appréhendaient que la prochaine élection du Bureau de la nouvelle Assemblée nationale allait être un casse-tête pour le président Macky Sall et sa coalition, Benno bokk yaakaar (Bby), mais on constate que l’opposition vit elle aussi cette épreuve comme une foire d’empoigne. Tous les coups sont permis entre alliés qui se découvrent être les pires ennemis. J’avoue que j’en souris, car je voyais bien venir. Dans une chronique en date du 16 mai 2022, je prévenais : «Les profondes divisions, apparues à la suite des investitures aux élections législatives de juillet 2022, devraient interpeller tout électeur. En scellant ce qu’ils appellent une alliance stratégique, les responsables de Yaw et Wallu Senegaal annonçaient que leur trouvaille a pour vocation d’imposer une cohabitation au président Macky Sall.
Seulement, si d’aventure ils arrivent à obtenir la majorité parlementaire au lendemain du scrutin du 31 juillet 2022, ces opposants qui se déchirent, s’invectivent pour ne pas dire s’étripent, pour des positions sur les listes d’investitures, s’entendront-ils sur le nom d’un Premier ministre et/ou d’un président de l’Assemblée nationale et sur les noms des membres d’une équipe gouvernementale ? Ce sera bonjour la pagaille. La confusion serait encore plus grande que les coalitions électorales apparaissent comme de vulgaires conglomérats de personnalités politiques, sans aucun lien structurel ou un accord politique de gouvernement ou sur un programme quelconque. En effet, la formule est toute simple, se mettre ensemble pour obtenir le maximum de sièges de députés et on verra après.»
C’est exactement à ce spectacle que l’on assiste ! Arriveraient-ils à sauver ce qui pourrait encore rester de leur crédibilité par rapport à tous les engagements et professions de foi de désintéressement et de placer le sort des populations au-dessus de toutes préoccupations ? Leur dernière trouvaille est de multiplier les groupes parlementaires et ainsi d’obtenir le maximum de postes pour pouvoir offrir un strapontin grassement rémunéré à chacun des prétendants. Comme quoi, l’opposition aussi ne se priverait pas de se nourrir sur la bête !
Ousmane Sonko ne pourra pas faire la leçon à Barthélemy Dias ou à Macky Sall
C’est dans le même ordre d’idées que s’inscrit l’autre reniement de l’opposition à la parole donnée et martelée, avec une sincérité touchante, devant le peuple qui, à chaque fois, a été appelé à témoin. En prélude aux élections locales du 23 janvier 2022, la Coalition Yewwi askan wi (Yaw) avait adopté une charte qui a été claironnée comme étant une avancée majeure et décisive dans l’assainissement de la vie publique et de la transparence. Cette charte posait notamment l’engagement irrévocable de mettre fin au cumul de mandats électifs. Dans ces colonnes, nous avions applaudi l’initiative, d’autant que déjà, le 5 juillet 2021, nous demandions l’adoption d’une réforme des lois régissant la vie publique en vue de mettre fin au cumul des mandats électifs. Le parti Pastef de Ousmane Sonko avait été à l’origine d’une telle proposition dans la charte de Yaw. D’ailleurs, au lendemain des élections législatives du 31 juillet 2022, Abass Fall, un des principaux responsables de Pastef, avait tenu à rappeler, dans de nombreux médias, que cette disposition ne serait pas négociable et il menaçait de sanctions tout élu récalcitrant. Finalement, ils ne tiendront pas, une fois de plus, parole ! Il faut dire qu’il sera difficile à Ousmane Sonko, certes non élu pour la nouvelle législature, de faire la leçon à Barthélemy Dias, maire de Dakar, ou à Ahmed Aïdara, maire de Guédiawaye, ou Birame Soulèye Diop, maire d’arrondissement à Thiès, ou Bara Gaye, maire de Yeumbeul, ou Oumar Cissé, maire de la Ville de Rufisque. En effet, Ousmane Sonko, élu maire de Ziguinchor, depuis le 23 janvier 2022, a continué de cumuler ses fonctions de maire avec celles de député, jusqu’au terme de la législature, précisément le 12 septembre 2022, avec l’installation de la nouvelle Assemblée nationale ; donc pendant plus de huit mois. Ou bien Ousmane Sonko ferait-il sien l’adage : «Faites ce que je dis, pas ce je fais» ?
Pour s’enlever cette épine du pied, des membres de Pastef viennent de trouver l’alibi qu’une disposition interdisant le cumul des mandats devrait être réglée par une loi mais pas par l’humeur des gens. S’agit-il ici d’humeur ou d’engagement solennel ? Pourtant, on avait bien entendu d’éminentes personnalités prôner en quelque sorte le paradigme angélique de la primauté de l’éthique sur la règle de droit même. En spéculant sur une éventuelle nouvelle candidature du président Macky Sall en 2024, elles indiquent sans sourciller que la question d’une telle candidature ne devrait pas être d’ordre juridique mais plutôt moral, car la morale et l’éthique d’un homme, qui dirige ou qui aspire à diriger ses concitoyens, devraient être placées au-dessus de tout. On pourrait dire que désormais sous ce registre, il y a bien match nul ! Il restera qu’on devra toujours croire qu’opposants, ils peuvent prendre des libertés avec les lois et les règles morales les plus élémentaires mais qu’ils seront vertueux une fois au pouvoir ! On était habitué du contraire. Comme avec l’opposant François Mitterrand, auteur du livre Le coup d’Etat permanent, dans lequel il n’a rien pardonné à Charles de Gaulle et arrivé au pouvoir en 1981, a tout jeté aux orties et s’était vautré dans tout ce qu’il dénonçait. Ou peut-être encore Abdoulaye Wade et Abdou Diouf ?
Cependant, on a observé que tous les discours enflammés sur la gestion vertueuse ont été vite oubliés. A l’épreuve de la gestion municipale, des édiles de l’opposition ont fait montre de gabegie et de népotisme en distribuant des emplois manifestement fictifs, à tout le moins non nécessaires, à leurs amis et camarades. C’est bien le cas à la mairie de Dakar, où Barthélemy Dias s’est découvert une nouvelle âme d’employeur d’activistes au chômage. Des conseillers municipaux de Ziguinchor ruent également dans les brancards contre des recrutements de leur maire et surtout pour fustiger ses multiples voyages par avion, avec sa suite, aux frais du contribuable de Ziguinchor. Pire, en moins d’un semestre d’exercice, des scandales éclaboussent gravement de nombreux maires de Yaw, liés à la gestion prédatrice des terres de leurs collectivités locales ou de cas de détournement d’aides sociales et autres secours destinés à des nécessiteux. On a pu dire que ça commence bien ! Plus grave, à la Mairie de Dakar on relève qu’entre mars et mai 2022 Barthélémy Dias a dépensé officiellement (sans appel d’offre dit-on) 2 milliards. C’est à dire plus que ce pourquoi Khalifa Sall a été en prison, pour sa gestion de 2010 à 2014!
Une législature partie pour être la plus courte de l’histoire parlementaire du Sénégal
On peut nourrir de grosses appréhensions pour la 14ème législature qui s’ouvre lundi prochain, 12 septembre 2022. La forte représentation de l’opposition pourrait laisser augurer des débats et des mesures qui permettraient d’améliorer les conditions de la gouvernance publique. Mais on risque fort de déchanter car en parcourant les listes des députés, on se rend compte qu’en termes de profils intellectuels et sociaux et de compétence, la qualité de la représentation parlementaire n’apparait guère meilleure que lors des législatures précédentes. Il s’y ajoute que les discussions s’annonceront chaotiques car ils sont nombreux, les hâbleurs qui vont siéger au Parlement et qui ne sont éclairés par aucune lumière, et qui fondent leur action politique sur la mauvaise foi, le mensonge, le dénigrement, l’insolence et un populisme de mauvais alois. Les joutes sont ainsi parties pour révéler des situations de déshonneur pour l’Assemblée nationale. Déjà, des séances de pugilat entre députés avaient été déplorées dans les couloirs de l’Assemblée nationale, mais on risque cette fois-ci d’en regretter au sein même de l’Hémicycle. On dira que ce ne serait pas une première dans le monde ? Assurément, mais l’ambition légitime d’une amélioration continue du niveau de qualité du système démocratique sénégalais devrait l’interdire.
Sur un autre registre, la nouvelle législature ne devrait pas durer plus de deux ans, c’est-à-dire strictement la durée constitutionnelle pour permettre la dissolution anticipée de l’Assemblée nationale.
En effet, la personne (quelle qu’elle sera du reste) qui sera élue à l’issue de l’élection présidentielle de 2024, sera bien amenée, pour ne pas dire obligée, de dissoudre l’Assemblée nationale en septembre 2024. Au cas où le président Macky Sall rempilerait, il devra avoir besoin de chercher à profiter de la nouvelle dynamique politique enclenchée avec sa réélection pour chercher à se donner une majorité parlementaire plus solide ou plus commode ou confortable que celle, très volatile, avec 83 députés sur un total de 165 députés. Un autre président de la République, provenant de l’opposition ou même du camp politique du président Sall, aura absolument besoin d’avoir sa propre majorité, ses «propres» députés, pour s’assurer de leur fidélité et loyauté. Dans ce cas de figure, il faudrait néanmoins retenir que la dissolution ne pourrait pas intervenir dès le lendemain de l’installation du nouveau président car la Constitution de 2016 a fixé entretemps, une interdiction de dissolution, d’ordre temporel.
Ainsi, on sera à la même échéance de septembre 2024 pour pouvoir envisager la dissolution de l’Assemblée nationale. Ou bien ce nouveau président appliquerait-il une certaine «jurisprudence» Abdoulaye Wade ? Le président Wade avait été confronté à cette situation en 2000, au moment où il venait d’être installé à la tête du Sénégal. A l’époque, l’interdiction fixée par la Constitution était d’un autre ordre. La dissolution de l’Assemblée nationale ne pouvait être possible qu’en cas d’adoption d’une motion de censure. Or, les députés socialistes qui dominaient l’Assemblée élue en 1998, tenaient à sauver leurs sièges et s’étaient interdit toute idée de voter une motion de censure et avaient même juré au président Wade de ne lui créer aucune difficulté ou situation conflictuelle ; mieux, de voter sans broncher toutes ses lois. Le président Wade ne pouvait se suffire de cela pour se coltiner une telle Assemblée nationale jusqu’en mai 2003, terme de la législature. D’autant plus qu’il avait grand besoin de caser son personnel politique ! Ainsi, avait-il initié une réforme constitutionnelle pour faire adopter une nouvelle Constitution, celle du 22 janvier 2001. Le subterfuge lui avait permis de tenir de nouvelles élections législatives le 29 avril 2001.
Pour la petite histoire, le président Wade avait tenu à ménager les députés qui venaient de perdre de manière abrupte leur mandat en décidant par exemple de leur verser un pécule qui pourrait représenter l’équivalent des indemnités parlementaires qu’ils pourraient escompter si la législature avait été menée jusqu’à son terme. Le président Abdoulaye Wade avait eu l’intelligence sociale «d’habiller» l’affaire sous le prétexte d’aider les députés à rembourser des dettes contractées. Il ne s’arrêtera pas en si bon chemin pour s’accommoder à sa guise de «son» Assemblée nationale, et va pousser le bouchon jusqu’à faire reporter à 2007, les élections législatives prévues en 2006. Les députés avaient ainsi voté une loi pour prolonger leur propre mandat. Le président Wade affirmait, dans un message solennel à la nation, vouloir fusionner les élections législatives avec la présidentielle de 2007 pour permettre de «réduire les coûts qui leur sont consacrés et libérer ainsi des fonds pour aider les personnes les plus touchées par des inondations». C’était le plan Jaxaay, se souvient-on ! Pour le Président Wade, «il n’est pas raisonnable, pour un pays pauvre, de consacrer en 2006, la somme de 7 milliards pour des élections et la même somme en 2007». Seulement, on verra qu’en 2007, la Présidentielle s’était tenue le 25 février 2007 et les élections législatives le 3 juin 2007. Une frange importante de l’opposition avait boycotté ces fameuses élections législatives de 2007.
Le président Macky Sall, nouvellement installé en avril 2012, n’avait pas trop eu besoin de recourir à l’arme de la dissolution de l’Assemblée nationale. Le mandat des députés devait arriver à expiration trois mois plus tard. Les élections législatives avaient été prévues pour le 17 juin 2012, mais il aura fallu un consensus avec la classe politique pour les fixer pour la date du 1er juillet 2012. Il obtenait ainsi une majorité pour supplanter celle qui était favorable à son prédécesseur. Le Président Abdou Diouf, installé le 1er janvier 1981, après que Léopold Sédar Senghor lui eut filé le pouvoir, se garda de dissoudre l’Assemblée nationale et manœuvra très difficilement avec les «barons socialistes» jusqu’aux élections législatives de 1983, pour pouvoir enfin faire élire «ses députés».
Du reste, la configuration de la nouvelle Assemblée nationale ne saurait permettre au Président élu en 2024, de faire adopter une pareille réforme constitutionnelle par les députés. Il ne pourrait que recourir à un référendum mais la gestation et l’adoption par voie référendaire d’une nouvelle constitution demanderaient plus de temps au nouveau chef de l’Etat, qui sera installé en avril 2024. En d’autres termes, il se résignera à attendre impatiemment l’échéance fatidique de septembre 2024.
LE MINISTÈRE DE LA SANTÉ PARLE «DE CONFORMITÉ DE PROCÉDURE DE SAUVETAGE»
L’audit fait par le ministère de la Santé et de l’Action sociale sur le décès d’une femme en couches et de son bébé le 30 aout dernier à Kédougou, renseigne que l’intervention chirurgicale a été conforme avec les procédures de sauvetage
L’audit fait par le ministère de la Santé et de l’Action sociale sur le décès d’une femme en couches et de son bébé le 30 aout dernier à Kédougou, renseigne que l’équipe chirurgicale conduite par le gynécologue Léonce Mbade Faye, présentement sur les liens de la détention, a été conforme avec les procédures de sauvetage.
«L’exploration chirurgicale a retrouvé une rupture utérine sur une ancienne cicatrice avec propagation, ainsi qu’une hémorragie interne avec 500ml de sang aspiré. Devant les difficultés d’extraction du fœtus et l’absence de signe de vie dudit fœtus, une embryotomie a été réalisée», a fait savoir le communiqué sur la mission d’audit de décès maternels à Kédougou. Et de poursuivre: «Dans le but d’arrêter le saignement pour sauvetage maternel, une hystérectomie d’hémostase a été effectuée, suivi de la mise en place d’un drain pour évacuer le sang résiduel et surveiller d’éventuel saignement. L’intervention a duré trois heures. En fin d’intervention, la patiente a présenté un arrêt cardiorespiratoire suivi d’une réanimation sans succès. Le décès a été constaté à 19heures».
Dans le communiqué daté du 03 septembre qui nous est parvenu hier, dimanche 4 septembre, le ministère de la Santé et de l’Action sociale a renseigné : «suite à l’information, Madame le ministre de la Santé et de l’Action sociale a dépêché une mission à Kédougou le jeudi 1er septembre dans le but de procédé à l’audit de ce décès. Cette mission a été conduite par le directeur de la santé de la mère et de l’enfant, accompagné d’un représentant de la chaire de gynécologie obstétrique de la faculté de médecine, de pharmacie odontologie de l’Ucad».
Un audit qui s’est basé sur les documents dont le registre de consultations prénatales du poste de santé de Dabala où la femme était suivie, le registre de programme du poste de santé de Dabala ; la fiche de référence de la patiente du poste de santé de Dabala vers le centre de santé de Kédougou ; le dossier d’accouchement de la patiente au niveau du centre de santé de Kédougou; la feuille de surveillance de la patiente ; le compte rendu de la césarienne effectué sur la patiente mais aussi le carnet de santé de la mère et de l’enfant de la dame Doura Diallo.
Selon le ministère de la Santé et de l’Action sociale, il en est sorti de cet audit, la présentation chez la femme de près de six facteurs de risques susceptible de compromettre la grossesse ou l’accouchement. Les consultations de la femme au poste de santé de Dabala, avec les fiches de référence au centre de santé de Kédougou pour une meilleure prise en charge de la grossesse. La prise en charge de la femme au centre de santé de Kédougou le 30 aout 2022 à son arrivée, conformément aux normes et protocoles en vigueur à travers l’indication de la césarienne et la réalisation de la visite pré anesthésiste dans les délais.
Face à cette situation, le ministère de la Santé et de l’Action sociale a renouvelé ses condoléances à la famille de la défunte Doura Diallo. Il a en outre manifesté son soutien au personnel de santé et d’action sociale, et les a exhortés à persévérer dans les soins humanisés. «J’appelle au calme et à la sérénité et réitère notre ferme volonté d’offrir aux populations des soins de qualité », renseigne la ministre de la Santé dans ledit communiqué.
LE SÉNÉGAL EST AUJOURD’HUI UN PAYS DIVISÉ
L'ancien directeur du cabinet du président Abdoul Aziz Tall jete un regard critique sur la situation politique du pays, notamment après les élections législatives du 31 juillet dernier - ENTRETIEN
Abdoul Aziz Tall est formel : «le Sénégal est aujourd’hui un pays divisé». D’où «l’urgence de restaurer le pacte républicain et la culture du dialogue», soutient l’ancien ministre Directeur de Cabinet du Président de la République, Ancien ministre auprès du président de la République chargé du suivi du Plan Sénégal Émergent, Ancien Directeur général du Bureau Organisation et Méthodes. Connu pour ses contributions sur le management, en particulier dans le domaine de l’administration publique, de même que ses analyses sur la situation politique et économique du pays, M. Tall, diplômé en Sciences politiques de l’université de Montréal et MBA de HEC, s’est prêté à nos questions de Sud Quotidien en jetant un regard critique sur la situation politique actuelle du Sénégal, notamment après les élections législatives du 31 juillet dernier.
Monsieur le ministre, en tirant les conclusions de votre analyse sur les résultats des élections locales du 23 janvier dernier, vous aviez affirmé entre autres, que « BBY pourrait s’attendre à des situations difficiles, si la tendance des locales n’était pas redressée». Aujourd’hui, les faits semblent vous avoir donné raison. Quelle lecture faites-vous de la situation politique du Sénégal au sortir du scrutin du 31 juillet ?
Lorsqu’on est témoin d’une partie de l’évolution politique du Sénégal et que l’on observe ce qui s’y passe aujourd’hui, on a toutes les raisons de s’interroger et de s’inquiéter sur l’avenir de notre pays. Loin de moi une quelconque nostalgie en convoquant le passé ou un pessimisme étreignant à cet instant précis, mais plutôt une profonde amertume qui m’habite, face au constat d’une situation politique qui se dégrade de jour en jour, au regard des discours, des postures, des actes et des méthodes des acteurs en présence.
Répondez à la question s’il vous plait
Un des moyens d’apprécier une situation, est d’avoir des éléments de comparaison, un référentiel. Qu’ils soient historiques, actuels ou géopolitique. Et c’est en partant de ce postulat que l’on constate aujourd’hui, à quel point le paysage politique sénégalais s’est progressivement détérioré.
Pouvez-vous nous parler de ce référentiel historique auquel vous faites allusion, pour apprécier la situation actuelle du pays ?
Le Sénégal a toujours été considéré comme un modèle de démocratie en Afrique, en particulier en Afrique francophone. La scène politique a été certes marquée par des confrontations dont certaines ont été violentes, mais aussi par des débats axés principalement sur des visions, des programmes, des idées et sur des approches méthodologiques et opérationnelles. Les divergences entre le Président Senghor et ses adversaires politiques, notamment le professeur Cheikh Anta Diop portaient essentiellement sur leur vision de l’Afrique et du Sénégal en particulier. Leurs antagonismes portaient sur des programmes de développement, à partir de leur idéologie. Senghor parlait de négritude pour développer le Sénégal et l’Afrique, alors que Cheikh Anta Diop prônait la renaissance africaine à partir de l’héritage de l’Égypte pharaonique et la promotion des langues négro-africaines. Il traitait Senghor et ses amis d’«écrivains africains de langue étrangère» et doutait que leurs écrits soient la «base d’une culture africaine». Quant à Majmout Diop et ses compagnons, ils «vendaient» aux jeunes intellectuels de l’époque les vertus du marxisme-leninisme. La crise politique de décembre 1962 est née principalement d’une divergence d’approche entre le Président Senghor, très soucieux de conserver les relations avec l’ancienne Métropole et le Président du Conseil Mamadou Dia, c o n s i d é r é comme un nationaliste, partisan d’un développement communautaire et ayant une autre conception de l’indépendance. Le voyage qu’il effectua à Moscou pour diversifier les partenaires économiques du Sénégal, fut le point de départ d’une cabale montée pour le destituer, avec une certaine complicité des occidentaux.
Ne pensez-vous pas que la même dynamique oppositionnelle s’est poursuivie dans les rapports entre Diouf et Wade ?
Dans une certaine mesure, oui. Le Président Abdou Diouf a connu une farouche opposition de Maître Abdoulaye Wade, marquée par des moments de très vives tensions, dont certaines ont malheureusement entraîné des morts. On se souvient encore de l’assassinat d’un juge constitutionnel (Me Babacar Sèye, Ndlr) qui avait ému la communauté nationale et internationale. Abdoulaye Wade fut à plusieurs reprises emprisonné. Mais le débat entre les adversaires politiques n’en portait pas moins sur des questions de développement économique, de démocratie, d’orientation idéologique et bien d’autres sujets d’intellectuels. Abdoulaye Wade critiquait Diouf par exemple sur la question du chômage des jeunes, sur la politique étrangère, sur les questions agricoles et de l’hydraulique rurale. Diouf avait mis en place les vallées fossiles, là où Wade prônait lui, les bassins de rétention et le canal du Cayor. L’on garde encore en mémoire, entre autres, les débats houleux et de très haute facture entre Mamoudou Touré, brillant et très respectable Ministre de l’économie et des finances d’alors, ancien directeur Afrique du Fmi et Maître Abdoulaye Wade, député et économiste, qui lui portait la contradiction à l’occasion du vote du budget par l’Assemblée Nationale. C’était un vrai régal que de suivre leurs échanges.
Dans son combat politique contre son opposition peut-on relever des actes concrets d’avancées démocratiques dans la gouvernance de Diouf ?
En matière d’avancées démocratiques, Diouf aura eu le mérite de poser un acte fort en levant les restrictions imposées par Senghor sur la création de partis politiques et plus tard, en initiant un code électoral (code consensuel de 1992, Ndlr) à propos duquel il avait dit, après l’avoir reçu des mains de leurs rédacteurs, qu’il n’y «changerait pas une seule virgule». D’ailleurs, c’est avec ce même code électoral qu’il sera battu par Abdoulaye Wade en mars 2000. La passation de service entre les deux hommes se fit à l’image de celle des grandes démocraties du monde, dans une ambiance empreinte de solennité, de respect et de courtoisie. Abdoulaye Wade demanda même à Abdou Diouf de le représenter à une rencontre qui se tenait au Caire. Si intenses que pouvaient être ses divergences avec Wade, Abdou Diouf savait prendre du recul, négocier avec lui, voire l’intégrer dans un gouvernement d’union nationale de majorité présidentielle élargie.
Pourtant Abdoulaye Wade a toujours été cité parmi les précurseurs de la démocratie en Afrique. Comment expliquez-vous la fin mouvementée de son régime ?
Arrivé au pouvoir, Abdoulaye Wade a eu la malencontreuse idée de vouloir faire de son fils, son successeur à la tête de l’État et ensuite tenter de briguer un troisième mandat, alors qu’il n’en avait pas droit d’un point de vue constitutionnel, et aux yeux de la majorité de la classe politique. Cela, évidemment, lui valut la résistance d’un peuple déterminé, d’abord avec la manifestation du 23 juin devant l’Assemblée Nationale et plus tard avec sa défaite à l’élection présidentielle de 2012. Quoique amère et profondément déçu il s’en remit à la volonté populaire et accepta de remettre le pouvoir à son successeur, en l’occurrence le Président Macky Sall. Mais, le Président Wade avec qui ce dernier avait cheminé durant près de 9 ans, lui avait légué un personnel politique peu habitué aux arcanes de l’Etat. Nombreux parmi ses collaborateurs étaient issus du secteur privé, si ce n’était leur premier poste dans la fonction publique. Une certaine méfiance vis-à-vis de l’administration publique qu’il soupçonnait de rouler pour son prédécesseur, l’avait conduit à créer une véritable organisation parallèle à travers une «agenciation» incongrue et exubérante d’un service public devenu le bassin de rétention de sa clientèle politique. Toutefois, au moins trois mesures marquantes de comportement démocratique sont à mettre à l’actif du Président Abdoulaye Wade. D’abord, le fait que les marches et autres rassemblements publics étaient autorisés. Il l’avait même inscrit comme un droit constitutionnel inaliénable. Ce fut, comme disent les professionnels du droit, «une réforme consolidante». Si la manifestation du 23 juin 2011 s’est tenue devant l’Assemblée Nationale, on le doit à la conception qu’il se faisait des revendications, aussi bien politiques que syndicales d’ailleurs. Est-il besoin de rappeler que le port du brassard rouge en matière de revendications syndicales est venu de sa propre suggestion. Ensuite, il a posé un autre acte qui relève d’un réalisme politique qu’il faut saluer, à savoir sa décision de retirer le projet de loi, objet de la contestation populaire du 23 juin. Même si c’était à la demande d’autorités religieuses, comme certains l’ont soutenu, sa décision témoigne de sa capacité de reculer quand les circonstances l’exigent. Enfin, comme son prédécesseur, il s’est plié à la volonté de son opposition qui exigeait que l’organisation des élections soit confiée à une personnalité indépendante. Au pouvoir depuis 2012, une des ambitions maintes fois exprimées par le Président Macky Sall, était de restaurer l’État dans toute sa vocation républicaine. Un état qui, il faut bien en convenir, avait été fortement fragilisé par son prédécesseur. Mais, cette entreprise de retour à l’orthodoxie, il faut l’avouer, aura fait long feu. A la présence massive de non-initiés dans les affaires publiques dont il a héritée de son prédécesseur, s’est ajouté un engagement à outrance de nombreux agents de l’état dans un militantisme politique et ceci à tous les niveaux de décision du secteur public comme parapublic. La combinaison de ces deux phénomènes aura largement contribué à substituer le débat public au débat politicien, lequel s’est progressivement réduit à transformer en une tribune où le discours était largement plutôt dominé par la défense d’intérêts partisans en lieu et place d’un débat de fond avec l’opposition sur la mis en œuvre des politiques publiques.
Est-ce que ce discours que vous déplorez n’a pas facilité l’entrée en force sur la scène politique sénégalaise de nouveaux acteurs qui n’ont aucune compétence reconnue, mais qui excellent dans l’art d’occuper les médias ?
Aujourd’hui, l’on constate, aussi bien dans les partis au pouvoir que de ceux de l’opposition, l’avènement d’un nouveau type d’hommes et de femmes politiques dont les arguments dominants sont soutenus par un langage et des pratiques qui jurent d’avec les traditions de civilité et les valeurs intrinsèques que notre société nous a toujours enseignées. Le débat programmatique donc, sur les politiques publiques a fini par disparaître presque totalement pour céder la place à une véritable foire d’empoignes où le baromètre des performances réside dans la capacité à calomnier ses adversaires, à s’attaquer à leur vie privée ou à user de méthodes peu orthodoxes pour les démolir.
Est-ce que l’avènement de nouveaux moyens de communication, notamment avec les réseaux sociaux n’a pas accentué cette situation que vous décrivez ?
Malheureusement, certains médias, publics comme privés, au lieu de s’investir dans leur mission originelle d’éveil des consciences citoyennes, en sont venues à asseoir ces pratiques répréhensibles, en s’offrant comme réceptacles de débats totalement stériles et improductifs et en servant de relais à des propos que réprouvent aussi bien nos valeurs religieuses que notre tradition de «Kersa». Il faut tout de même se féliciter que dans cette grisaille médiatique, certains organes de presse, comme des sites, des réseaux sociaux ont su résister et conserver ainsi leur mission sacerdotale. Les conclusions des assises nationales, la mise en œuvre des politiques publiques dans le cadre du PSE, fruits d’une profonde et exhaustive réflexion, menée par des hommes et des femmes aux compétences avérées, issus de toutes les catégories socioprofessionnelles, d’ici comme de la diaspora, auraient dû être aujourd’hui, le point de convergence du débat politique, d’autant que notre pays regorge présentement, d’énormes ressources naturelles capables d’accélérer son émergence économique et sociale.
Mais cette vacuité du débat politique est-il vraiment nouveau dans notre pays ?
Il serait injuste de croire que ces pratiques sont nouvelles sur la scène politique sénégalaise ou qu’elles n’ont jamais existé dans les régimes antérieurs Elles ont effectivement toujours existé mais de façon marginale. Si elles sont donc évoquées aujourd’hui, c’est parce qu’elles ont atteint une ampleur sans précédent au point de créer une certaine désaffection de bon nombre de concitoyens par rapport à la chose politique, en particulier ceux qui considèrent que celle-ci doit être une affaire de gentleman et non une arène où domine la violence physique et verbale.
Quelles conséquences pourraient entraîner ces dérives dans notre société ?
Tous ces discours polémistes, qui dérapent à certaines occasions sur des sujets jusqu’ici tabous de notre société comme les questions ethniques, religieuses, confrériques ou régionalistes, entre autres, concourent à envenimer les rapports entre le pouvoir et l’opposition, surtout celle considérée comme radicale, et constituent une réelle menace à la cohésion sociale qui a toujours été la compétence distinctive du Sénégal en Afrique. Au lendemain des élections locales, je vous faisais humblement remarquer qu’en lieu et place d’une adversité politique empreinte de courtoisie et d’élégance républicaine qui devrait être la norme dans une démocratie, les acteurs en sont venus aujourd’hui à entretenir des relations d’animosité, de violence, sur fond de menaces, d’attaques personnelles, de défiances et d´avertissements musclés.
Pensez-vous qu’il soit possible de rapprocher les différentes positions ?
Ma réponse à cette question demeure invariable, à savoir que notre pays a toujours été considéré comme un État de droit et de démocratie. Mais l’État de droit et de démocratie est intrinsèquement lié, entre autres, à la qualité des relations entre le pouvoir et l’opposition. Dès lors, un pays sans opposition ou avec une opposition faible ou affaiblie ne saurait être considéré comme une véritable démocratie. L’un dans l’autre, de réels dangers pourraient guetter la démocratie sénégalaise. En effet, lorsqu’un contrepouvoir formel et solide n’existe plus dans une démocratie pour exprimer la position de la minorité, c’est le peuple lui-même ou une partie de ce peuple qui risque de se dresser en une véritable opposition informelle et sans attache idéologique conventionnelle. Et cette forme d’opposition spontanée conduit irrémédiablement à des dérives anarchiques qui appellent à la répression et à l’usage de la force. Et comme je l’ai dit dans un précédent entretien, et je le répète : une vraie démocratie a davantage besoin d’oxygène que de lacrymogènes pour exister et garantir la paix et la stabilité sociale.
Si vous aviez un conseil ou suggestion à faire aux acteurs politiques pour éviter que le pays ne s’enlise dans cette situation que vous déplorez, que leur diriez-vous ?
Dans ce contexte où les acteurs politiques se regardent en chien de faïence, je suggère à Monsieur le Président de la République, père de la nation et principale figure du jeu politique d’être le métronome de la restauration d’un climat de paix, en évitant de suivre tous ceux se complaisent dans cette situation de belligérance avec l’opposition, en particulier, celle radicale, incarnée par Yewwi Askan Wi, qui vient de démontrer sa représentativité à travers les résultats de ces élections législatives. Il en a d’autant plus intérêt que c’est lui, et lui seul qui est élu au suffrage universel, et qui a pour objectif de livrer un bilan au peuple à la fin de son mandat. Par conséquent, il doit éviter toute situation de nature à menacer la stabilité du pays, et conséquemment entraver le déroulement normal de la mise en œuvre de son programme de politiques publiques.
Quel serait alors le mode opératoire de cette suggestion au Président de la République ?
Il doit commencer d’abord par considérer ses adversaires politiques comme des opposants à son régime à l’image de ce qui existe dans tous les pays démocratiques du monde et non comme de simples «perturbateurs» de sa gouvernance, qu’il chercherait à rendre insignifiants.
Pensez-vous donc que c’est le Président Macky Sall qui devrait reconsidérer sa stratégie face à ses adversaires politiques ?
Abdou Diouf a reçu en audience en pleine crise politique Abdoulaye Wade dans une atmosphère électrique. Ce jour-là, la tension avait atteint un point tel que nous n’avions pas quitté nos bureaux de la présidence de la République, tant il y avait des craintes que le pays allait s’embraser. Il me paraît impératif que le Président de la République fasse adopter une autre stratégie de lutte contre ses adversaires politiques. La très forte tendance aux attaques personnelles et autres suspicions liées aux recours à des dossiers judiciaires, aux emprisonnements, à la transhumance d’opposants ont assurément montré leurs limites. Cette stratégie est non seulement contre-productive pour lui et ses partisans, mais elle ne peut que contribuer à envenimer davantage le climat social et paradoxalement à renforcer cette opposition radicale. Il faut en convenir, ils sont nombreux au sein de l’opinion à considérer la stratégie actuelle du pouvoir comme de simples manœuvres, visant à éliminer des adversaires politiques. La forte percée de l’opposition au cours de ces élections législatives, indique clairement que la transhumance comme la stigmatisation des opposants comme recours au combat politique, n’ont pas été des stratégies payantes. Le Président de la République lui-même devrait s’en convaincre, en se souvenant de ce large élan de solidarité dont il avait bénéficié lorsque le Président Abdoulaye Wade a voulu le liquider politiquement, à travers des accusations dont tout le monde savait qu’elles relevaient de sordides manœuvres politiciennes. Le Chef de l’Etat est seul à pouvoir amorcer ce processus de dégel tant souhaité, de ce climat malsain qui règne dans le pays, en invitant ses partisans à recentrer le débat. D’autant que figurent dans son propre camp des cadres hommes et femmes ayant une solide formation académique, universitaire, dotés de bagages intellectuels et capables de soutenir un débat d’idées face à n’importe quel challenger. Ce sont ceux-là dont il doit favoriser la participation à un débat politique contributif et non ceux dont le langage comme les comportements heurtent plutôt la sensibilité de la majorité de leurs concitoyens. Nos hommes politiques, comme dans toutes les démocraties du monde, sont obligés de se parler, de se concerter afin d’éviter de plonger le pays dans des lendemains incertains où les citoyens finissent par devenir de simples otages stressés d’une guéguerre sans fin.
Pour que ce pacte républicain soit une réalité, ne faudrait-il pas que l’opposition soit aussi dans les mêmes dispositions ?
Cette posture attendue du chef de l’Etat doit évidemment trouver son répondant auprès des responsables de l’opposition. Surtout ceux de l’opposition radicale. Ceux-ci doivent admettre que le Président de la République est celui qui a été élu au suffrage universel et qu’il doit demeurer à son poste jusqu’au terme de son mandat. Il est le chef de l’Etat et l’autorité suprême de la nation tel, que le stipule la constitution. Chaque sénégalais lui doit respect, eu égard à la haute institution qu’il incarne. Les divergences politiques et l’adversité, si fortes soient-elles ne devraient en aucun cas engendrer un sentiment de haine et d’animosité ou un discours violent et indécent à son égard, quelque soit par ailleurs le jugement que l’on peut porter sur sa gouvernance. Le Sénégal est aujourd’hui un pays divisé, comme l’ont démontré éloquemment les résultats sortis des élections législatives. Une fois encore, chaque partie doit prendre conscience qu’il ne sert à rien de conquérirle pouvoir ou de chercher vaille que vaille à le conserver, si l’on doit passer tout le reste de son temps à recomposer les pièces d’une nation éclatée ou d’éteindre des brasiers qu’on aura allumés. Il y va de la survie et de l’image de notre nation et de sa démocratie.
Qui, pour faciliter le rapprochement auquel vous appelez ?
Notre pays a une vieille tradition de dialogue. Il compte suffisamment de personnalités politiques, religieuses et de la Société civile, désintéressées, (permettez que j’insiste sur ce qualificatif), en mesure de faciliter ce rapprochement. Une des conditions est que du côté de l’opposition comme celui du pouvoir, l’on fasse preuve de responsabilité, en se débarrassant d’abord des égos surdimensionnés, ensuite en évitant de part et d’autre l’utilisation d’armes non conventionnelles dans un combat démocratique où seul le peuple est habilité à rendre son verdict. C’est ainsi que les acteurs politiques pourraient donner la preuve que c’est le Sénégal, et le Sénégal seulement qui les intéresse et que son avenir ne saurait se bâtir sur un ring de gladiateurs.
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SIRÉ SY PARRAINE MAMADOU LAMINE THIAM ET MAMADOU LAMINE DIALLO POUR LA PRÉSIDENCE DE L'ASSEMBLÉE
Interpellé par notre confrère Baye Oumar Gueye hier, dimanche 4 septembre sur cette question lors de son passage dans l’émission Objection de la radio Sudfm, Siré Sy s’invite dans le débat sur les candidats pour la présidence de l’Assemblée nationale
Selon l’enseignant chercheur en sciences politiques Ciré Sy, le meilleur candidat de l’inter-coalition Yewwi-Wallu pour la présidence de l’Assemblée nationale n’est ni Ahmed Aïdara, ni Barthelemy Dias encore moins Birame Souley Diop. S’exprimant sur cette question hier, dimanche 4 septembre, lors de son passage à l’émission Objection de la radio Sudfm, Siré Sy a désigné Mamadou Lamine Thiam et Mamadou Lamine Diallo tous deux membres de Wallu comme présentant les meilleurs profils pour ce poste
L’enseignant chercheur en sciences politiques Siré Sy s’invite dans le débat sur le candidat de l’inter-coalition Yewwi-Wallu pour la présidence de l’Assemblée nationale. Interpellé par notre confrère Baye Oumar Gueye hier, dimanche 4 septembre sur cette question lors de son passage dans l’émission Objection de la radio Sudfm, Siré Sy a disqualifié les candidatures à ce poste des maires de villes de Dakar et Guédiawaye ainsi que celui de la commune de Thiès-Nord, tous membres de la coalition Yewwi askan wi. « Un Barthelemy Dias ne ferait pas l’affaire parce qu’il peut installer un rapport très conflictuel avec le président. Ahmed Aïdara, je ne pense pas qu’il y ait encore disons le bagage, l’expérience ou l’étoffe. Même un Birame Souley Diop même s’il est le N°2 du Pastef, il n’a pas encore l’envergure», a-t-il tranché.
Poursuivant son analyse, le Consultant en géopolitique et en Relations publiques désigne Mamadou Lamine Thiam et Mamadou Lamine Diallo comme disposant le meilleur profil pour occuper le Perchoir au nom de cet inter-coalition de l’opposition dont le nombre de sièges cumulés obtenus lors des législatives du 31 juillet dernier est de 80. «Si le camp de l’opposition parvient à avoir un candidat unique entre ces deux gens-là (Mamadou Lamine Thiam ou Mamadou Lamine Diallo), ils auront de très fortes chances pour gagner le poste de président de l’Assemblée nationale».
… RELÈVE «UNE ÉQUATION À 2 INCONNUES» CHEZ BENNO
Quant au candidat de la coalition au pouvoir pour la présidence de l’Assemblée nationale constitue, Siré Sy dit avoir relevé «une équation à 2 inconnues» pour le Président Macky Sall en raison dit-il de trois profils qui se dégagent pour ce poste. Citant entre autres, Amadou Ba, Aly Ngouille Ndiaye et Aminata Touré, il soutient cette dernière qui a affiché son opposition au 3ème mandat pose plus de problème au chef de l’Etat.
Le Consultant en géopolitique et en Relations publiques, Ciré Sy est formelle, la coalition Benno Bokk Yaakaar n’est pas encore sortie de l’auberge malgré sa courte majorité de 83 sièges contre 82 (opposition et non-inscrits réunis) obtenue grâce au ralliement de Pape Diop, leader de la Convergence démocratique. Invité de l’émission Objection de la radio Sud fm (privée) hier, dimanche 4 septembre, Siré Sy a soutenu que le choix du candidat de la coalition au pouvoir pour la présidence de l’Assemblée nationale constitue «une équation à 2 inconnues» pour le Président Macky Sall en raison dit-il de 3 profils qui se dégagent pour ce poste. Il s’agit entre autres de Aminata Touré (tête de liste nationale), Amadou Ba et Aly Ngouille Ndiaye.
Toutefois, il fait remarquer que de tous ces trois profils, celui de l’ancien Premier ministre est le plus problématique pour le chef de l’Etat en raison de sa position ferme contre l’idée d’une 3ème candidature. «Tout le monde sait que Mme Aminata Touré est foncièrement contre, je ne dis même pas, le 3ème mandat mais l’idée de la 3ème candidature. Alors, ça serait très risqué du point de vue politique pour le président de la République de mettre au Perchoir quelqu’un qui serait réfractaire à son projet supposé de 3ème mandat alors qu’elle aura un mandat de 5 ans avec tout ce qui va avec comme fonds politiques», a-t-il souligné avant de faire remarquer. «Ne pas la mettre au Perchoir, serait aussi très contradictoire pour un Général ou une Générale qui a mené le combat qui a gagné la bataille de ne pas se voir décorer». Selon lui, Mimi Touré constitue la principale équation à 2 inconnues pour le chef de l’Etat. «Je pense que le président de la République s’il parvient à trouver un compromis et le compromis réside à mon avis au niveau de Mimi Touré, il aura aussi une contrainte par rapport à ce présupposé 3ème mandat »
DES JURISTES RECALENT AWA DIÈYE DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Selon Mouhamadou Ngouda Mboup et Seybani Sougou, le décret de sa nomination «est frappé d’une irrégularité» qui fait qu’elle «ne peut siéger au Conseil constitutionnel»
Le débat sur la composition régulière du Conseil constitutionnel après l’expiration depuis le 11 août dernier du mandat de son ancien président Papa Oumar Sakho est loin de connaitre son épilogue malgré la nomination de son remplaçant Me Awa Dièye le 1er septembre 2022. Réagissant à cette nomination, des juristes dont Pr Mouhamadou Ngouda Mboup, spécialiste du droit Constitutionnel et Seybani Sougou, juriste sénégalais établi en France, ont indiqué que le décret de sa nomination «est frappé d’une irrégularité» qui fait qu’elle «ne peut siéger au Conseil constitutionnel»
A peine nommée par décret n°2022-1572 du 1er septembre 2022, nouveau membre du Conseil constitutionnel en remplacement de Papa Oumar Sakho, président sortant de cette institution dont le mandat est arrivé à expiration depuis le 11 août dernier, voilà Me Awa Dièye au cœur d’une nouvelle polémique.
Pour justifier leur position, ils évoquent l’absence d’une note officielle annonçant sa démission de l’Ofnac dont elle est membre depuis février 2020 suite à sa nomination par décret n°2020- 537 du 24 février 2020 pour une période de 3 ans, renouvelable 1 fois conformément aux dispositions de l’article 6 de la Loi n° 2012-30 portant création de l’Ofnac «Les dispositions de l’article 6 de la Loi organique n° 2016-23 du 14 juillet 2016 relative au Conseil constitutionnel, en matière d’incompatibilité sont extrêmement claires : Les fonctions de membre du Conseil constitutionnel sont incompatibles avec la qualité de membre du Gouvernement ou d’un cabinet ministériel, avec l’exercice d’un mandat électif, avec l’exercice des professions d’avocat, d’officier ministériel, d’auxiliaire de justice et toute activité professionnelle privée. Ledit article précise que l’exercice de toute autre activité publique doit être autorisé par le Conseil» renseigne, Seybani Sougou.
Poursuivant son argumentaire, le juriste sénégalais établi en France soutient que le décret n°2022-1572 en date du 1er septembre 2022 doit obligatoirement comporter les visas renvoyant à la lettre de démission de Maitre Awa Dièye avec sa date de dépôt mais aussi le rapport de la Présidente de l’OFNAC, Mme Seynabou N’Diaye Diakhaté sur cette démission.
Lequel rapport, ne doit pas précise-t-il, être daté après le 26 juillet 2022, date à laquelle, le mandat de Seynabou Ndiaye Diakhaté a pris fin à la tête de l’OFNAC. «Avant d’être nommé membre du Conseil Constitutionnel, Me Awa Dièye doit préalablement démissionner de l’OFNAC, une démission dûment constatée par la majorité des membres de l’OFNAC, sur le rapport de sa Présidente. Or, cette procédure (une formalité juridique substantielle) n’a pas été respectée. Si ces 2 conditions ne sont pas remplies, toute décision du Conseil Constitutionnel portant sa signature est illégale», a-t-il tranché.
Confortant cette thèse, Pr Mouhamadou Ngouda Mboup va plus loin sur cette question en indiquant que le Président de la République ne peut abréger le mandat d’un membre de l’OFNAC. Dans un texte publié sur sa page Facebook, l’enseignant chercheur en Droit public spécialiste du droit constitutionnel conclut que «Me Awa Dièye, membre de l’OFNAC, ne peut siéger au Conseil constitutionnel».
L’OFNAC EN VACANCES DEPUIS LE 27 JUILLET
Seynabou Ndiaye Diakhaté ayant épuisé ses 2 mandats (2016-2019 ; et 2019-2022) n’a plus droit à répondre, siéger ou participer au délibération de l’institution
Reconduite le 27 juillet 2019 par décret n°2019-1306 à la présidence de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) Mme Seynabou Ndiaye Diakhaté a bouclé son dernier mandat de trois ans à la tête de cette autorité administrative indépendante.
Au regard des dispositions de l’article 5 de la loi N° 2012-30 du 28 décembre 2012 portant création de l’OFNAC qui fixent la durée du mandat du Président, du Vice-président et les autres membres de l’OFNAC à une période de trois (3) ans renouvelables une fois», Mme Seynabou Ndiaye Diakhaté ayant épuisé ses 2 mandats (2016-2019 ; et 2019-2022) n’a plus droit à répondre, siéger ou participer au délibération de l’Ofnac.
Avec pour mission la prévention et la lutte contre la fraude, la corruption, les pratiques assimilées et les infractions connexes, en vue de promouvoir l’intégrité et la probité dans la gestion des affaires publiques, l’Ofnac est également chargé de recevoir les déclarations de patrimoine de toutes les personnalités publiques gérant un budget également ou supérieur à un milliard.
Outre, c’est cet organe qui est chargé de recueillir les déclarations de patrimoines du nouveau président du Conseil constitutionnel et de l’Assemblée nationale ainsi que des futurs ministres. Seulement, avec sa composition actuelle irrégulière depuis le 27 juillet dernier, suscite des interrogations.
Le président de la République qui doit procéder à la double nomination de la, ou du successeur de Mme Ndiaye Diakhaté tarde encore à le faire.