Après l'échec de la visite médicale avec l'OGC Nice jeudi soir, l'attaquant sénégalais a passé de nouveaux tests hier, vendredi 2 septembre, révèle RMC Sport. Cependant, ceux-ci se sont avérés infructueux une nouvelle fois, mettant ainsi fin au transfert de Bamba Dieng de rejoindre les Aiglons. Pablo Longoria s'est d'ailleurs chargé lui-même de mettre fin à cette affaire en annonçant en conférence de presse que le joueur de 22 ans était désormais à la disposition du coach.
Pour rappel, Igor Tudor avait choisi de ne pas sélectionner Dieng pour aucune des cinq premières rencontres de championnat. «On prend des décisions tous ensemble, président, coach et propriétaire. On n'a jamais pris la décision de mettre un joueur à l'écart. Dieng est bon joueur. Le coach décide des choix techniques, c'est ma vision du football [...] La réalité c'est que c'est un joueur sous contrat avec l'OM. Il y avait des accords entre club mais il n'a pas été acté et il est sous contrat avec l'OM et il doit continuer avec notre effectif. Et après, ce sera au coach de décider s’il le fait jouer ou pas. Mais aujourd'hui, c'est un joueur de l'OM », a expliqué le président olympien.
«NOTRE RÊVE, C’EST QUE L’EXPERTISE AFRICAINE SOIT VALORISÉE»
Le sélectionneur Aliou Cissé s'exprime ce mois-ci dans les colonnes du numéro de Onze Mondial. L'occasion pour le sélectionneur du Sénégal de se prêter au jeu de l'instant tactique
Le sélectionneur Aliou Cissé s'exprime ce mois-ci dans les colonnes du numéro de Onze Mondial. L'occasion pour le sélectionneur du Sénégal de se prêter au jeu de l'instant tactique.
SA VOCATION DE COACH
«Oui, c’était une vocation, quelque chose à quoi je pensais durant ma carrière de joueur. Automatiquement, avant même d’arrêter parce que je pouvais continuer, physiquement, j’avais encore la force de jouer deux ans, j’ai décidé d’arrêter ma carrière pour passer mes diplômes d’entraîneur. Il y a beaucoup de choses que j’absorbais sans comprendre les raisons quand je jouais, là, j’avais besoin de savoir quelles étaient ces raisons. Quand tu es footballeur, tu n’as pas la même approche que quand tu es entraîneur. Quand tu es entraîneur, tu dois connaître les raisons du « comment » et du « pourquoi ». On gagne, il y a des raisons à cela, on perd, il y a des raisons aussi. La différence, c’est que lorsque tu es footballeur, tu n’es centré que sur toi-même, tu ne penses pas à autre chose qu’à tes performances individuelles. Alors que moi, l’entraînement est une chose, mais après l’entraînement, c’est là que tout mon travail commence. Tu dois te soucier de 23 joueurs, un staff technique, un staff médical, les journalistes, les conférences de presse, tout ça fait que vous ne pouvez pas avoir la même mentalité et la même approche en tant que joueur. C’est véritablement un autre niveau. »
LE FAIT D'ETRE UN MODELE
« Je ne sais pas si aujourd’hui je suis un exemple. Oui, on a gagné la CAN, mais en 2019, quand on a perdu, peut-être que personne ne voulait s’inspirer de ce que nous faisions. Donc, nous restons humbles. Gagner ne veut pas dire qu’on est le meilleur entraîneur au monde. Gagner, c’est bien, mais nous continuons à progresser parce que nous sommes aussi de jeunes entraîneurs. Ce n’est pas parce que l’on a gagné que l’on se prend pour ce que nous ne sommes pas. On a cette humilité et c’est ce qui fera qu’à un moment donné, on avancera. Maintenant, bien sûr que nous sommes là pour ce continent. Quand ce continent a besoin de nous, nous sommes là pour donner notre savoir-faire, ce que nous pensons du football africain et du style africain comme cela peut exister pour le style espagnol, portugais, allemand, français. Je pense qu’aujourd’hui, à travers moi, à travers Florent Ibenge, à travers Djamel Belmadi, il y a quelque chose qui est en train de se passer au niveau des entraîneurs sur le continent africain. Notre rêve, c’est que l’expertise africaine soit valorisée aussi, que les gens comprennent qu’en Afrique, il y a de très bons entraîneurs et que nous sommes capables d’avoir une réciprocité, un respect mutuel, et de savoir qu’un entraîneur occidental peut venir entraîner en Afrique parce qu’il a la compétence, mais aussi qu’un entraîneur africain qui a gagné, qui a fait de très bonnes choses en Afrique est capable d’exister sur les championnats français, espagnol, anglais et allemand. Il y a combien d’entraîneurs africains en Europe ? (Silence) Voilà. C’est le débat. C’est là où il faut qu’on aille. En France, il y a combien d’entraîneurs issus des minorités ? En Angleterre, il y en a combien ? Au Portugal ? En Allemagne ? Quel est le problème ? C’est aux décideurs de nous dire. »
SES INSPIRATIONS
« Les entraîneurs que j’ai eus quand j’étais jeune. J’ai eu de très, très bons formateurs, de très, très bons entraîneurs. Très vite, j’ai eu la chance de m’entraîner avec Jean Fernandez à Lille qui m’a amené avec l’équipe première alors que j’avais 16, 17 ans. J’ai appris la rigueur du football professionnel, j’ai appris à être prêt physiquement, à être « esclave » de ce métier-là. La rigueur, la compréhension du jeu, avec Jean Fernandez, j’ai appris beaucoup de choses. Hervé Gauthier a été aussi quelqu’un de très inspirant dans ma formation, Bruno Metsu, Philippe Bergeroo, Luis Fernandez... En Angleterre, j’ai rencontré des entraîneurs comme Harry Redknapp, Steve Bruce et avec chaque coach, j’ai pu apprendre, car chacun avait un style de jeu, une identité de jeu et une vision du football différents. En France, les entraîneurs ont une vision différente, il faut prendre ce qui est bon chez les Anglais dans leur mentalité de gagneurs, dans leur fighting-spirit, dans l’agressivité qu’ils mettent, mais aussi cette qualité organisationnelle à la française. Avec tout ça, on arrive à avoir un background assez intéressant. Donc, c’est l'occasion pour moi de remercier tous ces entraîneurs avec qui j’ai appris car c’est grâce à eux que je suis là où je suis aujourd’hui. Ces dernières années, les entraîneurs allemands m’ont impressionné. »
LES «LIONS» ÉCARTENT LE SYLI ET RETROUVENT L’AFRIQUE
Les «Lions» locaux sont finalement venus au bout du Syli national de la Guinée. Rattrapés au score (0-1), les hommes de Pape Thiaw ont attendu l’épreuve des tirs au but pour s’imposer (5TAB4)
L’équipe du Sénégal a décroché hier, vendredi 2 septembre, son ticket pour la 7ème édition du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) Algérie 2003. Les «Lions» locaux sont finalement venus au bout du Syli national de la Guinée. Rattrapés au score (0-1), les hommes de Pape Thiaw ont attendu l’épreuve des tirs au but pour s’imposer (5TAB4). Éliminé par la Guinée lors des précédentes qualifications au Championnat d’Afrique des nations, le Sénégal prend ainsi sa revanche et retrouve onze ans après sa dernière participation, la compétition réservée aux joueurs évoluant sur le continent.
Les «Lions» locaux ont mis fin à une malédiction qui les poursuit en décrochant hier, vendredi 2 septembre, la qualification au CHAN 2023. Après leur court avantage obtenu, il y a une semaine lors de la phase aller au stade Abdoulaye Wade (1-0), l’équipe du Sénégal est venue au bout de celle de la Guinée à l’issue de la séance des tirs au but. Les «Lions» ont pourtant mal embarqué cette seconde manche disputé au stade du 26 mars de Bamako où le Syli local a reçu ce match retour, faute de stade homologué en Guinée.
En effet, les poulains de l’entraîneur Lappé Bangoura ont réussi, en l’espace d’une minute, à refaire rapidement son retard. Sur une frappe contrée à l’entrée de la surface par un défenseur sénégalais, Ousmane Dramé ouvre le score et remet en selle son équipe. Le Syli local va rentrer au vestiaire avec une avance d’un but. En manque de réussite devant des occasions franches de marquer, les protégés de Pape Thiaw butent sur un excellent portier guinéen. Après une égalité parfaite sur l’ensemble des deux matchs, Les «Lions» et le Syli ont dû passer par la séance des tirs au but pour se départager. Le gardien Alioune Badara Faty, champion d’Afrique avec les «Lions» parviendra à arrêter un pénalty guinéen et permet en même temps à son équipe de s’ouvrir la voie de qualification en l’emportant (5-4).
L’équipe du Sénégal réussit à vaincre le signe indien, en s’imposant devant le voisin guinéen devenu, leur bête noire dans la course à cette compétition réservée aux joueurs évoluant sur le continent africain. Après avoir sorti le Syli local lors des qualifications de la première édition en 2009, le Sénégal s’est vu barrer la route par le même adversaire lors des trois dernières éditions (2016, 2018 et 2020). Le Sénégal ne s’était d’ailleurs plus qualifié depuis 2011.
LA «TOURISMOPHOBIE», UNE TENDANCE QUI VIENT DE LOIN
La nostalgie est aussi un puissant moteur tourismophobe. Le « c’était mieux avant » alimente le biais de négativité, qui est d’autant plus fort dans ce champ que l’expérience touristique repose parfois sur le choc de la découverte.
Début août, les chiffres du baromètre de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) faisaient état d'un fort rebond du secteur après des années 2020 et 2021 marquées par la crise du Covid-19. Au cours des cinq premiers mois de 2022, l'Europe a ainsi accueilli, en raison d'une forte demande et des levées des restrictions sanitaires, plus de quatre fois plus d'arrivées internationales que sur la même période l'année précédente.
Pour ce qui est de la France, la ministre déléguée chargée du Tourisme, Olivia Grégoire, a d'ores et déjà qualifié la saison estivale 2022 de « remarquable » pour les professionnels du secteur. Selon les premiers bilans de l'Insee, d'Atout France et d'ADN Tourisme dévoilés le 29 août, près de 7 Français sur 10 sont partis en vacances, dont une majorité à l'intérieur des frontières, et environ 25 millions de touristes étrangers ont visité la France entre juin et août, soit une fréquentation proche de celle de l'année 2019.
« BIARRITZ NE SERA PLUS BIARRITZ »
Les prophètes de « l’après-Covid », qui prédisaient un monde plus comme avant sur le plan touristique, semblent pour le moment s’être trompés avec le retour massif des touristes dans les aéroports ou sur les plages. De quoi relancer, en parallèle, la « tourismophobie » ou la touristophobie, qui désignent l’aversion vis-à-vis du tourisme et/ou des touristes, que semblent démontrer les cas de Barcelone ou Venise, avec le thème du surtourisme (overtourism).
Toutefois, il y a fort à parier que, même si les tendances n’étaient pas orientées à la hausse, cette touristophobie subsisterait. En effet, celle-ci apparaît inhérente au tourisme, et ce depuis bien longtemps. Dès 1842, le dictionnaire de l’Académie française en proposait la définition suivante dans son Complément du dictionnaire de l’Académie française : « Il se dit des voyageurs qui ne parcourent des pays étrangers que par curiosité ou désœuvrement, qui font une espèce de tournée dans des pays habituellement visités par leurs compatriotes. Il se dit surtout des voyageurs anglais en France, en Suisse et en Italie. Cette locution a été empruntée à la langue anglaise ».
La touristophobie se combine à l’évidence à une anglophobie et se retrouve à la définition d’« absentéiste » dans le Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle (1866-1877) de Pierre Larousse : « Habitude qu’ont les classes riches, chez certains peuples, de passer une partie de leur vie hors de leur pays, habitude particulière surtout à l’aristocratie anglaise : l’absentéisme est une plaie que l’on cache parfois sous le nom de tourisme ». À la même époque, de grands écrivains abondent dans le même sens. George Sand déclare que « les touristes ne croient qu’aux choses lointaines et célèbres ». Victor Hugo explique en 1843 que « bientôt Biarritz mettra des rampes à ses dunes, des escaliers à ses précipices, des kiosques à ses rochers, des bancs à ses grottes. Alors Biarritz ne sera plus Biarritz ; ce sera quelque chose de décoloré et de bâtard comme Dieppe et Ostende ». L’histoire lui aura finalement donné tort…
« LE TOURISTE ET LE VOYAGEUR »
Plus tard, d’autres intellectuels nous amuseront de leurs bons mots sur le tourisme, tel l’académicien Jean Mistler (1897- 1988) qui écrit : « Le tourisme est l’industrie qui consiste à transporter des gens qui seraient mieux chez eux, dans des endroits qui seraient mieux sans eux. » Cette vision péjorative du touriste a déteint plus largement, par exemple dans le monde universitaire. Comme le relevait la psychologue Dominique Picard en 1995 dans son livre Les Rituels du savoir-vivre (éditions du Seuil) : « [Il] est de bon ton d’être débordé : on ne part pas en weekend, on va “rédiger un article à la campagne” ; on ne prend pas de vacances, on va “sur son terrain” ; on ne voyage pas, on se “rend à un colloque”. Et si parfois, malgré tout, on évoque une sortie, un voyage ou une lecture de nature ludique, c’est que l’on est “autorisé” à prendre “quand même” un peu de distraction. » Que cache cette stigmatisation ? Dès les premiers temps du tourisme, s’est mise en place l’opposition entre le « touriste », moutonnier et de plus en plus soumis à une industrie qui ne proposerait que des illusions, et le « voyageur » qui parcourait les destinations en toute conscience. Cette longue tradition de moquerie voire de haine à l’égard de ces « idiots du voyage », pour reprendre le titre de l’ouvrage de Jean-Didier Urbain qui analyse ce préjugé dédaigneux, reste très vivace.
MEPRIS SOCIAL
Comme nous le relevions lors de la conférence m-tourisme organisée en avril dernier, on peut y voir une forme de mépris social. Cette entreprise de délégitimation des goûts populaires se traduit jusque dans nos statistiques. Par exemple, l’enquête trimestrielle « suivi de la demande touristique » de TNS Sofres, qui a remplacé l’« enquête vacances » de l’Insee en 2004, propose une liste formatée d’activités relevant de catégories artificielles et nobles, telles que les « activités sportives » ou « culturelles », ignorant les « boules », l’« apéro », le bronzage, la sieste, le barbecue ou le karaoké, qui ne semblent ainsi pas dignes d’intérêt. C’est une façon de hiérarchiser les ressorts du tourisme, en louant la découverte et en dénigrant le repos, le jeu ou le shopping.
Quoique phénomène de société depuis longtemps, le « tourisme de masse » tient lieu de repoussoir afin de valoriser des formes touristiques qui sont plus dans l’air du temps, tel l’écotourisme. Même les destinations les plus fréquentées cherchent à s’en détacher ! Dévastatrices et grégaires, les foules touristiques sont raillées lorsqu’elles s’engagent sur les autoroutes embouteillées lors des départs en vacances ou sur les plages bondées des stations touristiques aux loisirs préfabriqués, car, dans notre imaginaire, « Le peuple est en haut et la foule est en bas », comme l’écrivait Victor Hugo. On peut rester perplexe sur le dénigrement de la masse alors qu’il correspond à une démocratisation.
QUOTAS EN CORSE
Il n’en demeure pas moins que de fortes fréquentations ont des impacts négatifs sur certaines destinations et de nombreuses initiatives cherchent aujourd’hui à préserver certaines contrées. Dernier exemple en date : l’assemblée de Corse a voté l’instauration de quotas dès cet été. Trois sites emblématiques sont concernés : les îles Lavezzi, les aiguilles de Bavella et la vallée de la Restonica. Pour les visiter, il faudra désormais réserver en avance avec une priorité donnée aux résidents. Quand bien même ces quotas sont efficaces, on ne peut que constater qu’ils écartent ceux qui dépensent le moins dans les lieux touristiques, c’està-dire les excursionnistes. On ne va pas chasser les très riches de l’île de Cavallo et détruire le port pour la rendre plus « naturelle »! De même, depuis le 26 juin, l’accès de la calanque de Sugiton à Marseille se fait sur réservation. La forte médiatisation de cette mesure montre que c’est dans l’air du temps, mais nous ne sommes pas pleinement dans une logique touristique, car les calanques sont majoritairement fréquentées par les autochtones. Extrêmement parlantes, ces politiques de quota participent souvent d’opérations de communication, voire d’écoblanchiment, qui détournent le regard sur ce qui se passe ailleurs.
« HORDES TOURISTIQUES »
La nostalgie est aussi un puissant moteur tourismophobe. Le « c’était mieux avant » alimente le biais de négativité, qui est d’autant plus fort dans ce champ que l’expérience touristique repose parfois sur le choc de la découverte. La « première fois » que l’on visite le lieu devient alors la référence pour juger de son évolution. On peut prendre l’exemple du géologue Edgar Aubert de la Rüe, qui déplorait en 1935 l’arrivée de touristes en Polynésie française dans son livre L’Homme et les îles (éditions Gallimard) : « En beaucoup d’îles, l’arrivée des hordes touristiques [sic] a largement contribué à faire disparaître le pittoresque et la couleur locale qui étaient un de leurs grands attraits. C’est ainsi qu’en Océanie française les beautés naturelles demeurent, et des îles telles que Tahiti, Moorea et Raiatea étalent toujours leurs splendides paysages aux yeux émerveillés du voyageur, mais les mœurs des habitants, leurs manières de vivre se sont profondément modifiées et ont perdu toute originalité. » Or, le nombre de touristes, vus comme des envahisseurs sur ces îles ne dépassait pas alors les 200 par an ! L’urbanisation du lieu est considérée alors comme une dégradation irrémédiable. Cette urbaphobie, composante de la tourismophobie, tient dans la croyance que le touriste devrait fuir la ville, alors que la grande majorité des touristes sont des urbains qui fréquentent des lieux à forte urbanité (stations balnéaires, métropoles, parcs d’attraction…). [Près de 70 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde. Abonnez-vous aujourd’hui.] La Côte d’Azur, qui attire toujours des millions de touristes chaque année, est souvent l’objet de critiques d’horizons variés.
Ainsi, pour expliquer l’évolution du sens du mot mythe, le dictionnaire Nathan de la mythologie gréco-romaine fait appel à la Côte d’Azur en opposant « le “mythe” de la Côte d’Azur (criques à l’eau limpide bordées de pinèdes où chantent les cigales) à sa réalité bétonnière et polluée ». On peut ne pas apprécier Benidorm ou Surfers Paradise, leur fréquentation prouve que ce rejet n’est pas universel et que le tourisme n’est pas forcément un rejet de la ville. Trop de commentateurs du tourisme font du prosélytisme et prennent leurs désirs pour des réalités. N’oublierait-on pas que le tourisme est devenu une composante essentielle du bonheur dans nos sociétés ?
Par Jean-Christophe GAY
Agrégé de géographie, directeur scientifique de l’institut du tourisme côte d’azur (Itca),
Professeur des universités à l'Iae de Nice, unité de recherches migrations et société, université côte d’azur (
source : theconversation.com)
MAMADOU BADIO CAMARA, UN RENDEZ-VOUS AVEC L’HISTOIRE
Le choix du nouveau président du Conseil constitutionnel remet au goût du jour le débat sur la troisième candidature du président Sall. Il fait également fait trembler Khalifa Sall et Karim Wade qui gardent de Mamadou Badio Camara de mauvais souvenirs
Le président de la République a procédé à la nomination du remplaçant de Pape Oumar Sakho admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite depuis le 11 août dernier. Par décret numéro 2022-1573 du 1er septembre, le Chef de l’Etat, Macky Sall a nommé Me Awa Dièye, avocate à la Cour, membre du Conseil constitutionnel et Mamadou Badio Camara (70 ans) président du Conseil constitutionnel. Ce choix porté sur l’ancien Premier président de la Cour suprême remet au goût du jour le débat sur la 3ème candidature du président Sall, mais aussi fait trembler Khalifa Ababacar Sall et Karim Wade qui gardent de lui, de très mauvais souvenirs.
Le président de la République remet le Conseil constitutionnel sur le chemin du droit. Par décret numéro 2022- 1573 du 1er septembre, le Président Macky Sall a nommé Mamadou Badio Camara président du Conseil constitutionnel, informe un communiqué rendu public hier, vendredi 2 septembre par le ministre, Secrétaire général de la présidence de la République qui précise par ailleurs que, Me Awa Dièye, avocate à la Cour, a été nommée membre du Conseil constitutionnel. Il faut dire qu’à travers cette nomination, le président de la République vient ainsi de mettre fin à la situation de fonctionnement «irrégulier» dans laquelle, se trouvait cette haute juridiction depuis le 11 août dernier, date à laquelle, le président du Conseil constitutionnel sortant, Pape Oumar Sakho a terminé son mandat de six ans non renouvelables en sous-effectif et sans président.
Entre Pape Oumar Sakho et Mamadou Badio Camara, on est aussi tenté de dire que les deux magistrats sont liés par le destin. En effet, il y a quelques années, c’est le même Badio Camara que le chef de l’Etat Macky Sall avait choisi pour remplacer Pape Oumar Sakho à la tête de la Cour suprême comme Premier président en mars 2015. Sept ans aujourd’hui, voilà que l’histoire se répète d’une forte belle manière pour Mamadou Badio Camara dont la nomination n’a rien de surprenante. En effet, de tous les membres actuels de la Haute juridiction, l’ancien Premier président de la Cour suprême est le plus haut gradé. Issue de la promotion de 1977 de l’École nationale d’administration et de magistrature du Sénégal (Enam d’alors), il cumule une expérience de plus 40 ans au sein de l’institution judiciaire sénégalaise.
UNE PRESIDENCE DE 5 ANS A LA TETE DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Nommé par décret numéro 2022-1573 du 1er septembre, nouveau président du Conseil constitutionnel en remplacement de Pape Oumar Sakho admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite depuis le 11 août dernier, Mamadou Badio Camara ne fera pas six ans à la tête de cette haute juridiction. Il va exercer un mandat de cinq ans. Et pour cause, nommé par décret n°2021-982 du 26 juillet 2021, membre du Conseil constitutionnel, le nouveau président a déjà consommé un des six ans qu’il a droit au sein de cette Institution. Par conséquence, il lui reste que 5 ans puisqu’il n’a pas hérité du mandat d’un président démissionnaire ou décédé qui n’a pas exercé la moitié de son mandat.
REFUS DE SE SOUMETTRE À LA LOI SUR LA DÉCLARATION DE PATRIMOINE
Nommé hier, président du Conseil constitutionnel par le président de la République, Mamadou Badio Camara au-delà de son long parcours de magistrat va certainement faire l’objet d’une surveillance très particulière de la part notamment des opposants politiques de l’actuel chef de l’Etat mais aussi des responsables d’organisations de la société civile sénégalaise. Et ce, à cause des certains actes qu’il avait posés lors de son passage à la Cour suprême. Désigné Premier président de la Cour suprême en 2015, il avait refusé de se soumettre à la loi sur la déclaration de patrimoine devant l'Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC).
Son attitude avait d’ailleurs poussé, Nafi Ngome Keïta, alors présidente de cet organe dont la mission est la «prévention et la lutte contre la fraude et la corruption, les pratiques assimilées et les infractions connexes» à adresser au président de la République une lettre dont elle rendra publique, une partie du contenu, lors d’une conférence de presse tenue quelques jours après son limogeage à la tête de l’Ofnac. «Je m'abstiendrais de saisir la Cour suprême (pour contester mon limogeage) pour excès de pouvoir, car son Premier président (Mamadou Badio Camara) qui est censé recevoir mon recours, est en désaccord avec l'OFNAC, parce qu'il s'abstient de faire sa déclaration de patrimoine, comme du reste vos ministres conseillers. Quand je vous ai rendu compte, vous m'avez demandé de le laisser tranquille, alors qu'il est assujetti à la déclaration de patrimoine (...)». Pour sa défense, Mamadou Badio Camara soulignant que le budget de la Cour suprême ne fait que 800 millions, avait indiqué qu’il n’est pas assujetti à la déclaration de patrimoine.
LE PROJET DU 3ÈME MANDAT DE MACKY SALL
Présenté comme très proche de l’actuel chef de l’Etat, cette nomination de Mamadou Badio Camara à la tête du Conseil constitutionnel va certainement relancer le débat autour de la troisième candidature de l’actuel chef de l’Etat. En effet, au-delà du refus de se soumettre à la loi sur la déclaration de patrimoine, le passage du nouveau président du Conseil constitutionnel à la tête de la Cour suprême a été également marqué par des décisions controversées rendues cette haute juridiction notamment dans les affaires de la caisse d’avance de la ville de Dakar et de Karim Wade. A l’époque, il était même accusé d’être en mission commandée au profit de Macky Sall. Sa nomination à la tête du Conseil constitutionnel, organe chargé de recevoir et arrêté la liste des candidature lors de la prochaine présidentielle, va certainement maintenir des suspicions sur la volonté de Macky Sall de briguer un mandat de plus en 2024.
LE REJET DU RABAT D’ARRÊT KHALIFA SALL
Déclaré coupable et condamné à cinq ans de prison dans l’affaire de la caisse d’avance de la ville de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, alors candidat déclaré à l’élection présidentielle de février 2019 avait introduit auprès de la Cour suprême un rabat d’arrêt contre l’arrêt de la Chambre criminelle de la Cour suprême qui avait rejeté ses pourvois en cassation. Défini comme «la mise à néant, par la juridiction, de la décision qu'elle a rendu, lorsque celle-ci est entachée d'une erreur manifeste, résultant, dans la procédure, d'une défaillance de service et donc non imputable aux parties et, ayant affecté surtout la décision rendue par le juge de cassation». Ce rabat d’arrêt était censé permettre à Khalifa Sall de participer à l’élection présidentielle de 2019 malgré sa condamnation. Puisque en vertu de l’article 52 de la loi organique sur la Cour suprême de 2017, ce rabat d’arrêt devait suspendre sa condamnation pénale qui l’empêche d’être candidat jusqu’à ce qu’il soit vidé par la Cour suprême. Seulement, les choses ne sont pas déroulées comme voulu par ses avocats et lui-même.
Réunie sous la présidence de son Premier président en l’occurrence, Mamadou Badio Camara, la haute juridiction a rejeté le rabat d’arrêt en mettant de coter son caractère suspensif que l’ancien avocat général et directeur du Service de la documentation et d’études de la Cour suprême, Abdourahmane Diouf avait qualifié de «doctrine» de cette haute juridiction. Se réjouissant de cette décision, les avocats de l’Etat du Sénégal dans cette affaire avaient indiqué, eux aussi, que le rabat d’arrêt n’est pas un autre recours de cassation donc, il n’a pas un caractère suspensif. Paradoxalement, trois ans après, le gouvernement va soumettre à l'Assemblée nationale un projet de loi organique 29/2021 relatif à la réorganisation de la Cour Suprême dans lequel, une nouvelle écriture déclarant «le caractère non-suspensif du rabat d'arrêt » a été adopté.
KARIM WADE : «MAMADOU BADIO CAMARA EST AU CŒUR DU DISPOSITIF MIS EN PLACE PAR MACKY SALL POUR INSTRUMENTALISER LA JUSTICE CONTRE SES OPPOSANTS POLITIQUES»
En plus du cas de Khalifa Sall, il y a également le dossier de Karim Wade dans lequel, l’implication de l’actuel président du Conseil constitutionnel a été décriée par ses partisans. Condamné par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) en 2015 à six ans de prison ferme, Karim Wade avait lui aussi introduit auprès de la haute juridiction un pourvoi concernant sa radiation des listes électorales par la représentation du Sénégal au Qatar où il vit en exil depuis sa grâce présidentielle. Seulement, ce pourvoi va être rejeté sans concession par le président de la Cour suprême le 30 août 2018.
Réagissant à cette décision, Wade-fils avait accusé le désormais Mamadou Badio Camara d’être «au cœur du dispositif mis en place par Macky Sall pour instrumentaliser la justice contre ses opposants politiques». Loin de s’en tenir là, l’ancien ministre d’Etat avait indiqué également que Mamadou Badio Camara «est l’un des principaux exécutants du complot politico-judiciaire dont je suis victime depuis 6 ans». «En sa qualité de Premier président de la Cour suprême, il porte une responsabilité personnelle, directe et écrasante dans les violations de mes droits fondamentaux, constatées par la Cour de justice de la Cedeao, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, ainsi que toutes les juridictions internationales qui se sont prononcées sur ma situation», avait dénoncé Karim Wade.