Le discours prononcé le 26 juillet 2007 à l’Université de Dakar par N. Sarkozy, un président délinquant quasiment aux portes de la prison, corrompu, prétentieux et suffisant, était provocateur, irrévérencieux, blessant, méprisant, vexatoire et que sais-je encore ? En cela, nous pouvons le maudire et le haïr.
Toutefois, ce discours contient en filigrane deux vérités irréfragables qui ne doivent plus échapper à nos réflexions : «Les Africains ont été historiquement des peuples faibles (1) et ses élites politiques et intellectuelles continuent encore de se montrer incapables de poser, avec clarté, les véritables problèmes de leurs peuples en vue de leur trouver des solutions idoines (2).» Pauvres élites africaines qui ont cédé aux manipulations occidentales pour insérer l’Afrique dans une guerre qui ne la concerne pas, et cela malgré l’humiliation de nos étudiants en Ukraine (déshabillement, discrimination, traitements indécents largement diffusés par les médias). Cette guerre n’a rien à avoir avec «d’éventuelles famines africaines projetées comme conséquence inéluctable». L’abstention de plusieurs Etats africains pour condamner la Russie, même si quelques-uns ont fait, par la suite, des rétropédalages, rendait l’intervention de Monsieur Zelenski à l’Union africaine, à la fois maladroite et inopportune et sans aucun intérêt.
En lisant la presse au quotidien, on s’aperçoit que les politiques du monde occidental ont multiplié les déclarations aussi alarmistes que cauchemardesques, à faire mourir de rire. Il s’agit d’une véritable hystérie informationnelle, à travers des titres calamiteux sur les conséquences de la guerre en Ukraine : 1) l’Afrique est menacée par une famine sans précédent du fait de la guerre en Ukraine ; 2) les pires conséquences du conflit en Ukraine pour l’Afrique pourraient être encore à venir, envol des prix ; 3) une montée de l’insécurité alimentaire ; 4) les lourdes conséquences pour l’Afrique de la guerre en Ukraine ; 5) Afrique, la guerre en Ukraine décuple la crise alimentaire et la déclaration la plus scandaleuse est certainement celle du Sg de l’Onu, M. Guteres, qui déclare sans sourcilier que «la guerre en Ukraine va provoquer «un ouragan de famines», essentiellement dans des pays africains qui importaient plus de la moitié de leur blé d’Ukraine ou de Russie.»
Ces déclarations, intempestives plus qu’alarmistes, ne sont étayées d’aucune statistique, ni analyse rigoureuse, ni référence consistante, ni éclairage de spécialistes comme P. Chalmin (coordonnateur du rapport annuel Cyclope sur l’état et les perspectives des marchés mondiaux de matières premières et animateur du club d’économistes Ulysse) ou Nicolas Bricas, chercheur et socio-économiste de l’alimentation, ou Issoufou Baoua, expert analyste en sécurité alimentaire auprès du Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel (Cilss). Ces propos et bien d’autres relèvent d’une instrumentalisation du ventre des peuples africains pour, comme toujours, en faire les supplétifs inconditionnels de toutes les guerres de l’Occident conduites par l’Otan.
Le spécialiste des marchés de matières premières, P. Chalmin (coordonnateur du rapport annuel Cyclope sur l’état et les perspectives des marchés mondiaux de matières premières et animateur du club d’économistes Ulysse), doit se tordre de rire sur cette dramatisation de la Communauté internationale relative à une éventuelle «menace de famine en Afrique» provoquée par la guerre en Ukraine. Les tensions sur les prix de certaines matières premières agricoles se manifestent depuis belle lurette et les dernières en date remontent à 2021 (P. Chalmin), suite aux achats massifs de la Chine. Dans la zone Sahel, selon Issoufou Baoua, expert analyste en sécurité alimentaire auprès du Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel (Cilss), «l’Ouest-africain, déjà frappé par une chute du rendement des récoltes et l’instabilité sécuritaire, la question d’une aide supplémentaire d’urgence se pose déjà. En effet, nous sommes passés de 10,7 millions de personnes menacées par l’insécurité alimentaire en 2019 à 40,7 millions en 2022». Bien avant la guerre en Ukraine, selon la Bad, «quelque 283 millions de personnes souffraient déjà de la faim en Afrique». Tout cela explique sans aucun doute qu’en 2021, 8000 protestations sociales ont éclaté à travers le continent en réaction à la hausse des prix à la consommation.
Dire que c’est la guerre en Ukraine qui provoque une crise alimentaire africaine est non seulement faux, mais complètement loufoque et totalement dénué de tout fondement. Tout compte fait, aucune statistique sérieuse ne le montre. Dès lors, les menaces supposées, brandies sans aucun bénéfice de preuve ou d’inventaire, augurent qu’il s’agit purement et simplement d’une manipulation des puissances occidentales pour faire entrer l’Afrique dans des enjeux d’une guerre géopolitique qui ne la concerne pas. L’imprécision du vocabulaire est assez significative : le blé, les engrais et les céréales en provenance d’Ukraine vont créer des pénuries alimentaires sans précédent en Afrique. On tente d’occulter des phénomènes bien connus relativement à la faillite des politiques agricoles, des achats des terres en Afrique et de façon plus fruste, les modèles de consommation en Afrique.
Par ailleurs, P. Chalmin observe avec lucidité, dans une interview récente, que «les tensions sur les marchés agricoles mondiaux sont antérieures à la crise ukrainienne puisqu’elles remontent à 2021, du fait de l’importance des achats chinois en 2021… De plus, pour être honnête, pour l’instant, les corridors (en question) laisseraient plus passer du maïs que du blé. Et va se poser le problème de l’arrivée de la nouvelle campagne, donc de la nouvelle récolte ukrainienne. Celle-ci effectivement aura du mal à sortir». «Les pires conséquences du conflit en Ukraine pour l’Afrique pourraient être encore à venir, envol des prix, insécurité alimentaire, les lourdes conséquences pour l’Afrique de la guerre en Ukraine décuplent la crise alimentaire, etc.» Toutefois, il convient, selon l’auteur, de noter qu’il faut appeler un chat un chat : «La crise alimentaire africaine, elle est avant tout une crise de la pauvreté, une crise de la mal gouvernance, une crise de la mauvaise gestion des politiques agricoles et pour certaines régions, mais aussi une crise climatique. Je pense à la sécheresse qui touche la Corne de l’Afrique.» Il faut alors aller au fond pour décrypter l’origine des crises alimentaires africaines.
On peut observer qu’à la levée de l’embargo sur le Port d’Odessa, les cargaisons étaient destinées à la Turquie, au Liban, au Royaume-Uni, à l’Irlande, à la Corée du Sud. Une cargaison commanditée par le Pam vient seulement de partir pour le Soudan. L’oubli de l’Afrique, menacée par un «ouragan de famine», révèle une fois encore un énorme mensonge destiné simplement à faire du continent la chair à canon des «guerres occidentales».
I/ A l’origine des crises alimentaires en Afrique
La crise alimentaire africaine tire son origine de la conjonction de plusieurs facteurs liés qui sont archi-analysés et bien connus : des politiques agricoles défectueuses, des investissements infrastructurels insuffisants, des recours imparfaits à la recherche agro-économique et au progrès technique, une gouvernance de l’économie agricole désastreuse, une urbanisation rapide et chaotique.
Le premier facteur déséquilibrant est le rapide accroissement de la demande céréalière suite à l’explosion démographique, à l’urbanisation accélérée et à l’augmentation des revenus. Si la demande de biens alimentaires des pays industrialisés tend à se stabiliser du fait du ralentissement démographique et d’une saturation de la consommation pour certains produits (pain, lait frais, fruits et légumes), en revanche, celle émanant des pays émergents d’Asie, d’Amérique latine et des centres urbains africains augmente rapidement. Concernant l’Afrique, avec un taux de croissance supérieur à 8%, elle fait exploser la demande alimentaire et se comporte comme un agent de propagation du modèle de consommation fondé sur les biens importés.
En effet, une des caractéristiques de l’alimentation urbaine en Afrique est la part importante occupée par les produits importés : blé, riz, viande, produits laitiers. Ainsi, la «rizification» de la consommation des villes en Afrique de l’Ouest en est la meilleure illustration : dans les pays du Sahel, les importations de riz par personne ont été multipliées par sept en trente ans. Dans une ville comme Abidjan, selon les enquêtes Dsa, le riz et le pain sont consommés respectivement par 90,1% et 85% des ménages, bien loin devant les tubercules et les féculents comme l’attiéké (76%), l’igname (73%), la banane plantain (72%) et le manioc frais (60%).
En somme, l’ancienne configuration endogène de la consommation est en train de se modifier profondément. Il en va de même pour l’Asie, avec l’apparition d’une nouvelle classe moyenne des centres urbains qui fait exploser la demande de riz : la consommation per capita est passée en Asie de 60 kg à plus de 130 kg dans des périodes assez courtes. L’enrichissement croissant de pays comme l’Inde, la Chine ou le Brésil a entraîné une hausse et une diversification de la consommation alimentaire. Dans ces pays, la demande de biens céréaliers s’est accrue. En Chine, par exemple, on estime que cette consommation a été multipliée par cinq, d’où une hausse de la demande de grains pour le bétail sur le marché mondial. Ces demandes additionnelles nouvelles ont conduit à la baisse des stocks sur le marché mondial des céréales.
Les pressions du marché alimentaire mondial proviennent aussi des restrictions constatées au niveau de l’offre. La plupart des pays exportateurs de céréales sur le marché mondial comme l’Australie, les Usa, l’Ukraine, la Russie, ont connu des sécheresses importantes ces dernières années. Le phénomène est plus marquant encore pour ce qui concerne le riz. Alors qu’au niveau mondial la demande reste soutenue, la production ne suit pas le rythme pour un potentiel commercial qui représente 5 à 6% de la production mondiale dans laquelle l’Asie (Thaïlande, Vietnam, Inde, Chine, etc.) se taille la part du lion avec 90% de la production et 70% des exportations. Pour certaines céréales, les effets de substitutions de production peuvent faire baisser l’offre : c’est le cas du biocarburant. En effet, leur essor conduit à substituer l’usage de surfaces/productions à des fins de satisfaction de la consommation humaine à celle destinée à un usage énergétique. Selon le Pam, pas moins de 100 millions de tonnes de céréales sont utilisées chaque année pour la fabrication d’éthanol ou de biodiesel. Ainsi aux Usa, le cours du maïs suit de plus en plus celui du pétrole.
Le deuxième facteur procède de certaines pressions inflationnistes qui tirent leur origine de la hausse du coût du fret suite à la flambée des prix du pétrole qui impose aux importateurs des surcoûts additionnels, même si la baisse du dollar atténue un peu cette augmentation du prix du baril du pétrole. D’autres biais d’augmentation des prix viendraient de la hausse des prix des facteurs techniques de modernisation de l’agriculture. Il s’agit de l’industrialisation de l’outillage et du matériel agricole, de la recherche des semences à haut rendement. Depuis les années 60, le Sénégal était bien parti avec la création de la Siscoma (Société industrielle sénégalaise de matériels agricoles), de la Sonar (Société nationale d’approvisionnement du monde rural), de l’Isra (Institut sénégalais de recherche agricole).
A côté de ces structures, on pouvait trouver d’autres organismes qui impulsaient les dynamiques régionales de croissance de l’agriculture par valorisation des potentialités locales, comme la Saed (Société d’aménagement et d’exploitation dest du Delta), la Somivac (Société de mise en valeur de la Casamance), la Sodeva (Société de développement et de vulgarisation agricole), la Sodefitex (Société de développement des fibres textiles), la Sodagri (Société de développement agricole et industriel), la Sonacos. Le monde rural était encadré et regroupé en coopératives appuyées par des programmes de modernisation (facteurs modernes de production, semences sélectionnées, machinés agricoles, etc.) et un Crédit agricole spécifique (Cncas). Toutes ces sociétés ont été démolies, sans aucun bénéfice d’inventaire, avec un acharnement et une grande stupidité, par les politiques néo-libérales (voir mes trois ouvrages : L’Etat, le Technicien et le Banquier face aux défis du monde rural sénégalais, La Politique nationale de développement et L’Economie sénégalaise : les 5 défis d’une croissance atone.
Un troisième facteur provient du système prédateur de prélèvement et d’utilisation insuffisamment productive des ressources tirées de la rente agricole et des apports externes (aide et endettement). Ce système a complètement ruiné la paysannerie sénégalaise qui ne disposait alors d’aucun moyen pouvant assurer son autonomie en matière d’investissement et de résilience.
Le dernier facteur de la surchauffe des marchés réside dans l’envahissement des capitaux spéculatifs dans la production et les échanges de l’alimentation. L’essentiel de la production et de la distribution sont le fait de quelques multinationales très puissantes, qui font d’énormes profits en introduisant des distorsions dans le fonctionnement des marchés. Ainsi, les réserves alimentaires ont été privatisées et sont maintenant gérées par les multinationales de l’alimentation, qui se préoccupent plus de spéculation que de protection des producteurs et des consommateurs.
L’intrusion des multinationales entraîne une nouvelle configuration de la carte de la globalisation financière. L’hectare foncier devient un actif à la mode. Des financiers comme George Soros, des fonds spéculatifs comme Altima ou Quantum font de la terre leur placement spéculatif favori face à la volatilité des marchés céréaliers. De 10 millions d’ha cédés dans le seul Sud du Sahara en 2008, de 30 millions d’ha ou de 45 millions d’ha en 2009 dans cette même zone ? Ces seules imprécisions valent aveu de confusion, de précipitation sur cette nouvelle richesse. Après le pétrole, les minerais, les terres rares, les minerais stratégiques : les terres agricoles à cultiver.
En définitive, la conjonction de tous ces facteurs corrélés avec l’accroissement rapide de la demande, les restrictions de l’offre et l’intrusion de la spéculation financière, forme la trame des éléments essentiels de la crise de l’économie.
Ce diagnostic des politiques agricoles, nous l’avons établi depuis les années 80-90 dans plusieurs de mes investigations, dans les références qui suivent : (i) mon ouvrage : L’Etat, le technicien et le banquier face aux défis du monde rural sénégalais, 1996 aux NEAS ; (ii) un article : «Pénuries alimentaires, émeutes de la faim et relance des stratégies vivrières en Afrique, publié par le quotidien WALFADJRI en 2008 ; (iii) un ouvrage financé par la Fondation Ford portant sur «la Banque mondiale, le Fmi et l’agriculture sénégalaise, qui analysait les divers projets financés par ces deux institutions financières internationales ; (iv) Pourquoi les greniers sont vides en Afrique et pleins en Asie : une analyse de l’aide alimentaire en Afrique qui montre comment l’Afrique a remplacé l’Asie et l’Amérique latine au recours à l’aide alimentaire : une étude comparative des rendements et de la productivité par hectare cultivé et par actif rural dans les deltas du Sénégal, du Niger d’une part, et les deltas du Mékong et de Brahmapoutre, d’autre part ; (v) mon intervention au Forum international du «Dakar agricole» initié par le Président Abdoulaye Wade les 4 et 5 février 2005, en présence des hauts cadres de l’Isra, de trois éminentes autorités du domaine, les Docteurs Baba Dioum, Abdoulaye Seck et Mamadou Cissoko du Roppa, et d’une délégation de la Fao. Le Président A. Wade observait dans son discours d’ouverture que «malgré les importantes ressources naturelles sur une superficie de 30,3 millions de km², représentant 22% des terres de la planète, l’Afrique continue de connaître des déficits alimentaires graves et une sous-alimentation qui sont les résultats de la qualité de nos politiques agraires qui n’ont point tiré profit des énormes progrès de la science et de la technologie». Il concluait son intervention en notant que «le développement économique et social ne peut se concevoir sans une implication de tous les acteurs, selon une approche participative et itérative. Celle-ci, pour être efficiente, passe par une recherche scientifique et technique capable d’écouter et de comprendre les messages des marchés, des organisations professionnelles et interprofessionnelles bien formées, bien informées, une Administration publique plus créative et un secteur privé qui massifie ses investissements en agriculture».
Lors de cette rencontre, j’avais rédigé, avec le Président Abdoulaye Wade, «La Déclaration de Dakar sur les politiques agricoles en Afrique», approuvée par les participants au Forum. Il était clairement noté que «les agricultures des pays du Sud doivent impérativement s’interroger sur la manière de concevoir le développement agricole en prenant en considération les atouts et les contraintes politiques, techniques et sociologiques propres aux pays en développement, sans nuire à une promotion équilibrée et mutuellement enrichissante des échanges internationaux. Cette nouvelle approche est en train de se concrétiser à travers la nouvelle politique agricole commune de la Cedeao, fondée sur une répartition et une gestion équitable des ressources, assurant des revenus suffisants et stables, permettant au producteur de vivre dignement des fruits de son travail et favorisant l’intégration régionale». Il était suggéré une réforme profonde de la Fao, pour des approches plus pertinentes des politiques agricoles et une utilisation plus optimale de ses ressources humaines en vue de «l’impérative souveraineté alimentaire».
II/ Analyse synoptique de quelques initiatives de réforme des politiques agricoles
Dans toutes nos analyses, il apparaît clairement que l’Afrique en général et le Sénégal en particulier disposent des outils, mais pas toujours de la volonté politique. Parfois, les responsables politiques manquent de vision stratégique, souvent de courage et des fois de lucidité. Pourquoi tant d’échecs pour des pays qui ont la terre, l’eau, les paquets technologiques et les facteurs de modernisation de l’agriculture. Les responsables politiques, dans bien des cas, ont adopté des politiques néo-libérales qui ont complètement déstructuré l’agriculture, en voulant appliquer la fameuse trilogie libéralisation, privatisation et dérégulation avec un entêtement et un aveuglement totalement absurdes. Ces politiques néo-libérales ont produit des conséquences catastrophiques : la meilleure preuve est l’effondrement de l’agriculture et de l’industrie. In fine, les ravages de la dérégulation se sont traduits par le démontage des pouvoirs de l’Etat. Le Sénégal en donne un exemple avec les fameuses politiques néo-libérales des années 80-90: la Nouvelle politique agricole (Npa) et le Programme d’ajustement structurel de l’agriculture (Pasa).
En vue d’améliorer les politiques agricoles, d’assurer la sécurité alimentaire et de garantir une croissance économique durable et soutenue de l’agriculture, plusieurs déclarations et décisions ont été prises dans de nombreux sommets de l’Union africaine dont les plus importantes sont : la Déclaration de Syrte de 2004 sur les défis de mise en œuvre d’une politique de développement intégré et durable de l’agriculture et des ressources en eau ; la Décision de 2009 d’Abuja sur la sécurité alimentaire en Afrique, sur l’investissement agricole pour la croissance économique et la sécurité ; la Déclaration de Maputo en 2003, les chefs d’Etat de l’Ua avaient décidé de porter la part des dépenses publiques allouées à l’agriculture à 10% de leurs ressources budgétaires dans un délai de 5 ans. Cette manifestation d’une volonté des gouvernements africains de développer le secteur agricole en vue d’améliorer la productivité agricole, d’assurer la sécurité alimentaire et de garantir une croissance économique durable et soutenue ; la Déclaration de Malabo en 2014 sur la croissance et la transformation accélérée et de meilleures conditions de vie.
Le Président A. Wade avait initié une série de réflexions autour des questions centrales : (i) Comment accroître la production alimentaire pour nourrir une population en expansion rapide et une urbanisation accélérée et chaotique ? (ii) Quels investissements massifs dans les infrastructures pour une agriculture productive qui accorde des prix rémunérateurs aux producteurs tout en absorbant les candidats à l’exode rural créateur de la gangrène au niveau des villes ? (iii) Quelles sont les filières porteuses ? L’Ecole de Dakar était mobilisée pour une contribution de ses membres, des techniciens, des divers ministères, etc.
C’est dans ce contexte que l’expérience de la Goana a été initiée par le Président A. Wade, ce qui avait enthousiasmé les acteurs ruraux. Le Projet était faramineux, avec un coût global de 344,7 milliards de francs Cfa sur six ans pour sa réalisation dont 197 milliards FCfa pour l’achat d’engrais, 52 milliards F Cfa pour les semences, 85 milliards F Cfa pour les aménagements hydroagricoles et les travaux d’encadrement et 13,2 milliards F Cfa pour les produits phytosanitaires. Le plan prévoyait l’irrigation des terres du bassin arachidier (Centre-ouest) et l’exploitation des bassins fluviaux. Les résultats attendus parfaitement évalués : une production de deux millions de tonnes de maïs, trois millions de tonnes de manioc, 500 000 tonnes de riz paddy et deux millions de tonnes pour les autres céréales (mil, sorgho, fonio). Pour l’élevage, les objectifs portaient sur une production de 400 millions de litres de lait et 435 000 tonnes de viande.
Dans un article publié dans le journal Walfadjri, nous avions montré avec le Dr Chérif Salif Sy et le Pr Benhammouda, que le «succès de la nouvelle initiative» dépendra, en grande partie, d’une accumulation initiale de stocks alimentaires permettant d’éviter toute perturbation économique dans la période d’installation (stocks de sécurité, fonds de stabilisation…), de la mise en place, en amont comme en aval, d’instruments de politique pertinents tels que la maîtrise du facteur eau, l’accès aux engrais et à des variétés de semences à haut rendement, une réforme foncière courageuse, la construction d’infrastructures de transports, de stockage et de commercialisation et l’instauration d’un système de gestion et d’évaluation de cette stratégie qui serve à assurer la coordination des diverses actions sectorielles et l’appréciation de leur évaluation macroéconomique. J’avais particulièrement insisté sur deux points : d’abord une politique vaste de transformation structurelle qui impliquerait tous les acteurs du monde rural, les paysans, les techniciens et certaines organisations comme le Roppa et une structure institutionnelle de l’Etat qui est l’architecte en dernière instance de toute la régulation du jeu.
En conclusion
Au total, les menaces et autres risques des explosions sociales en Afrique, grossièrement attribués aux conséquences de la guerre en Ukraine, masquent mal les échecs des dirigeants africains qui sont rarement à la hauteur de leurs responsabilités. Ils s’acharnent à faire des routes, des autoroutes, des ponts et autres grands projets dans les centres urbains pour enjoliver et calmer l’électorat urbain au détriment des populations rurales.
Nos analyses montrent à souhait que le monde rural, qui croule sous les pires souffrances, les précarités et les nombreuses autres précarités, va ouvrir une longue période d’émeutes, de conflits, des vagues de déstabilisation régionale incontrôlables. Il ne peut même pas profiter de l’élargissement des marchés urbains du fait de politiques désastreuses d’importation. Les pouvoirs publics régulent les marchés intérieurs porteurs par recours à des biens alimentaires importés parfois soumis aux dures réalités de la spéculation souvent boursière. Il est clair que les Etats, avec leur double déficit de la Balance commerciale et celui des Finances publiques, sont dans l’incapacité de subventionner les biens de consommation de tous ordres.
Face à ces sombres perspectives, les gouvernements doivent gérer les protestations et s’atteler à réformer en profondeur la politique agricole particulièrement en accroissant les investissements de programmes dans les secteurs et sous-secteurs qui permettent d’élever la productivité en agriculture par hectare cultivé et par actif rural. Au Sénégal, trois investissements phares comme le plan de lutte contre la pandémie (1000 milliards de francs Cfa), le Ter (entre 1200 et 1500 milliards) et le Stade Abdoulaye Wade (45 milliards), montrent qu’il est possible de financer 3 plans Goana et 3 plans Reva. Cette problématique soulève la question de l’opportunité d’utilisation alternative des ressources rares.
LES EXPLOITANTS DE SEL DEBORDENT DE COLERE
Tivaouane Peul-Niague – Le Lac Rose, exutoire des eaux pluviales, Les exploitants de sel ont déploré les immenses pertes subies et esquissé un avenir incertain pour leur activité du fait de l’afflux d’eau dans le Lac
Le reprofilage des voies naturelles d’eau, initié récemment par le ministère de l’Eau et de l’assainissement et faisant du Lac Rose le point de chute des eaux en provenance de Sangalkam, Kounoune, voire même de la banlieue dakaroise, indispose les exploitants de sel du lac.
Lors d’une Assemblée générale suivie d’un point de presse, vendredi, ces exploitants ont déploré les immenses pertes subies et esquissé un avenir incertain pour leur activité du fait de l’afflux d’eau dans le Lac. «Quand on voit quelque chose qui vient perturber notre activité, on est obligé de lancer un cri du cœur (…) Qui dit Lac Rose, c’est à cause de la coloration rose qui est due à une forte concentration en sel ; ce qui suscite la curiosité pour les touristes. Si le lac n’est plus rose, il n’y aura plus de tourisme ici, il n y’aura plus d’exploitation de sel et ce sera une catastrophe pour l’économie. Si ça continue comme ça, d’ici 2 ou 3 ans, on aura plus de sel», a posé Maguette Ndiour, président de la Coopérative des exploitants de sel du site.
C’est la couleur du lac qui en fait un lieu de tourisme. Avec l’opération de reprofilage, le lac s’est en effet retrouvé avec de très grandes quantités d’eau pluviale qui font subir aux exploitants des dommages jamais enregistrés auparavant. «Le lac rempli avec les eaux de pluie a créé des dégâts énormes sur l’activité des producteurs de sel et de tous les autres s’activant autour du lac.
Des pertes évaluées à des millions de francs sont en train d’être subies sous le regard impuissant des exploitants», s’est désolé Massaer Seck, chef du village Dény Birame Ndao Nord. «Des tas de sel, évalués à des dizaines de millions et stockés sur la berge en attendant leur embarquement, sont en train d’être emportés par l’eau. Même pour déplacer les stocks, tu es obligé de payer des dizaines de mille. Ce que nous voulons, c’est que l’Etat nous vienne en aide», a dit Aïta Ndao Faye, au nom des femmes s’activant sur le site. «C’est une urgence, que l’Etat vienne nous donner un coup de main en créant des bassins de rétention sur le trajet du lit naturel (…)
Si on veut transformer le lac en bassin de rétention, ça va créer des problèmes», a relevé M. Ndiour, d’avis que le soulagement des victimes des inondations ne devrait point causer leur malheur. «On ne peut pas soulager les populations d’un côté et créer des problèmes aux populations de l’autre côté», a-t-il déploré.
Il a ainsi appelé l’Etat à se pencher sérieusement sur la question pour assurer la vitalité du lac. «Le Sénégal a adhéré à un programme qu’on appelle Iodation universelle du sel. Par ce programme, l’Etat veut chaque année faire sortir 100 mille tonnes de sel et sur ces 100 mille tonnes, le Lac Rose participe pour plus de la moitié. Donc l’Etat doit tenir en compte la production de sel et l’emploi créé par la filière sel», a-t-il brandi entre autres arguments.
L’ÉTAT PAS ENCORE AU SEC
Bilan du Plan Orsec, Le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, Antoine Félix Abdoulaye Diome, a fait le tour d’horizon de la mise en œuvre du Plan national d’organisation des secours (Orsec), déclenché le 5 août dernier.
Le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, Antoine Félix Abdoulaye Diome, a fait le tour d’horizon de la mise en œuvre du Plan national d’organisation des secours (Orsec), déclenché le 5 août dernier. En conférence de presse hier, avec son collègue, le ministre de l’Eau et de l’assainissement, Serigne Mbaye Thiam, le ministre de l’Intérieur a indiqué qu’en un peu moins d’un mois de son déclenchement, dû aux fortes pluies enregistrées dans notre pays, beaucoup d’efforts ont été faits pour venir en aide aux populations sinistrées.
Avec un mois de septembre annoncé plus pluvieux, les autorités essaient de s’abriter sous un parapluie de mesures. Pour soulager les populations touchées par les inondations après des pluies abondantes, qui ne cessent de tomber, l’Etat du Sénégal a déclenché le Plan Orsec en mutualisant tous les moyens de l’Etat à travers ses différents services. Avec ce Plan d’organisation de secours, lancé le 5 août dernier, beaucoup d’énergie et de ressources ont été mobilisées par le gouvernement pour la construction d’infrastructures de qualité. Face à la presse hier, le ministre de l’Intérieur a souligné que «l’objectif c’est de juguler au mieux les inondations et soulager durablement les populations».
Comme ses autres collègues ont eu à le dire, Antoine Felix Diome a répété que les fortes pluies à l’origine des inondations ne sont pas spécifiques au Sénégal, mais il s’agit plutôt d’un phénomène global lié au dérèglement climatique mondial, résultant du réchauffement de la planète. Et de rappeler les mesures prises : «Chez nous, il faut dire que l’Etat du Sénégal a pris les devants pour faire face aux inondations en multipliant la construction d’ouvrages d’assainissement, mais aussi en pré-positionnant des unités de sapeurs-pompiers avec du matériel de pompage dans les zones réputées endémiques.»
Face à la presse hier, avec son collègue, le ministre de l’Eau et de l’assainissement, Serigne Mbaye Thiam, Antoine Felix Diome assure qu’avec l’état-major de commandement du Plan Orsec, le gouvernement ne ménagera aucun effort pour apporter aide et assistance aux populations sinistrées. Il déclare : «Que ceux qui sont encore confrontés aux inondations sachent que nous sommes très sensibles à leur situation. Sachez que les moyens nécessaires sont mobilisés et les équipes opérationnelles instruites, pour n’avoir de répit que quand votre situation reviendra à la normale.»
D’après le ministre de l’Intérieur, depuis le début des opérations, les sapeurs-pompiers sont intervenus sur 194 sites dont les 73 sont déjà libérés et 121 en cours de traitement. Ce, malgré le fait que plusieurs endroits libérés sont souvent envahis de nouveau par les eaux du fait de nouvelles pluies ou de la remontée de la nappe phréatique. Dans la même veine, il souligne que «l’Onas a, de son côté, pompé un volume total de 447 mille m3 d’eau par le biais de ses 75 stations de pompage d’eaux pluviales». «D’un autre coté, 4572 sites ont pu être désinfectés et désinsectisés par le Service national d’hygiène, qui a aussi effectué 642 visites à domicile et distribué 675 kits d’hygiène aux familles et personnes sinistrées», a-t-il ajouté.
S’agissant du Fonds de solidarité national, il a permis d’assister 348 ménages sinistrés et aidé à l’acquisition de motopompes mis à la disposition des autorités territoriales pour une évacuation rapide des eaux. Pour libérer les maisons et quartiers inondés dans les meilleurs délais, le ministre Antoine Diome rassure les concitoyens sur sa détermination à œuvrer nuit et jour, dans le cadre de ce Plan Orsec.
DJ DOLLAR EN HAUSSE
De Dakar, où Dj Dollar a appris à mixer sur les pas de Gee Bayss, à Dubaï et Los Angeles, où il s’est plus ou moins installé, Dj Dollar revendique une connaissance approfondie de la musique sénégalaise
Son nom, Dj Dollar, résonne desormais dans les plus grandes soirées du monde. De Dakar, où il a appris à mixer sur les pas de Gee Bayss, à Dubaï et Los Angeles, où il s’est plus ou moins installé, Dj Dollar revendique une connaissance approfondie de la musique sénégalaise. Si le mbalax peine à convaincre ou si les jeunes prodiges du ¬¬hip-hop n’ont pas encore rencontré le succès mondial, il reste convaincu qu’il ne manque qu’une petite touche pour que la musique sénégalaise puisse exploser dans le monde, à l’image des Nigérians et Sud-Africains.
Vous avez participé cette année à Afro Nation, un grand festival au Portugal, avec beaucoup de grandes vedettes. Mais il n’y avait pas d’artistes sénégalais…
J’y étais en tant que Dj, mais ils n’ont jamais booké des artistes sénégalais. C’était la première fois presque qu’un artiste sénégalais preste à Afro Nation. Mais après, tout dépend de l’industrie musicale sénégalaise, de si notre musique prend ou ne prend pas au niveau international. Si ça prenait comme les Nigérians, les Sud-Africains, c’est sûr qu’ils allaient les booker facilement. Peut-être qu’on doit juste s’organiser entre nous, essayer de développer notre musique pour mieux la vendre à l’international. Le Sénégal est un petit pays qui n’a pas d’industrie musicale. Pour que les artistes s’en sortent, il faut qu’on arrive à rentrer dans ce cercle d’industrie musicale internationale, que cette musique soit reconnue partout dans le monde et aimée par tout le monde comme l’ont réussi les Nigérians et les Sud-Africains. Franchement, on doit juste s’organiser, travailler pour mieux vendre ce qu’on fait au niveau local. Mais ça demande beaucoup de travail.
C’est une question de contenu, de talent ou bien?
Je peux le jurer, il n’y a pas plus talentueux que nos artistes qui sont ici au Sénégal. Mais c’est juste qu’on n’a pas cette industrie musicale qui est hyper développée et qui peut nous permettre de sortir. Après, c’est normal quand on dit qu’on est dans un petit pays de 16 millions d’habitants. Le Nigeria, ce sont plus de 200 millions de personnes, c’est totalement différent. Et c’est d’autant plus facile pour le Nigeria car ce qu’ils font est aimé par tout le monde. Donc on doit juste travailler. Ce n’est pas un problème de contenu, ni de langue, même si beaucoup de gens pensent que la langue est une barrière. Mais ça ne peut pas être une barrière à 100%. Quand tu fais de la musique, fait tout pour que ça soit commercial, que ce ne soit pas une musique qui est consommée seulement au Sénégal. Il manque quelque chose à la musique sénégalaise et croyez-moi, quand on va trouver cette clé-là, on va exploser dans le monde.
Le streaming va représenter plus de 500 millions de dollars en 2025 en Afrique. Est-ce que le Sénégal s’inscrit dans cette tendance ?
On n’est pas à ce niveau parce qu’on n’a pas une industrie musicale. J’en profite pour demander à nos fans et à tous les fans de nos artistes, de leur donner de la force, d’aller streamer leur son. Il faut que les gens apprennent à streamer les sons des artistes qu’ils aiment, c’est ça qui les aide.
Vous avez fait les plus grandes villes et fêtes. Quelle est la soirée la plus folle que vous avez vécue ?
Cette année, les événements les plus fous, je les ai faits en Europe. Il y’en a eu tellement et je ne peux pas vous dire quelle prestation est la meilleure, mais je sais que toutes les prestations étaient au top niveau. J’ai fait des festivals en Europe, Norvège, Danemark, France, Portugal… Mais Afro Nation, c’était magnifique et ça m’a vraiment touché parce que je rêvais de participer à ce festival en tant que Sénégalais.
Il y avait des artistes comme Chris Brown à Afro Nation. Est-ce que vous pensez à favoriser une collaboration de ces artistes-là avec des Sénégalais ?
Oui ça a déjà démarré parce qu’avec Chris Brown, j’avais déjà travaillé sur un projet avec Wally Seck et qui est sorti d’ailleurs. Et nous, on essayé de mettre en place une structure qui va faciliter la collaboration entre des artistes sénégalais et des artistes internationaux. Qui pour mieux vendre et essayer d’améliorer le type de musique qu’on a et pour un peu accéder à ce marché international ? Tout ce que je fais en ce moment avec les partenaires, c’est vendre la musique sénégalaise au niveau international et quand je parle de la musique sénégalaise, c’est surtout au niveau de la culture urbaine. Si on doit mettre quelques instruments pour un peu identifier la musique, pour montrer que ça vient du Sénégal, on va le faire. Mais l’essentiel, c’est que ça soit vraiment international et pas seulement local.
Vous avez participé à mettre en lien Wally Seck et Chris Brown ?
Bien sûr. Je peux dire que j’étais à la base du projet et je l’ai montré à Abraham vu qu’on travaille beaucoup ensemble. Abraham, c’est un promoteur, un producteur sénégalais qui travaille avec beaucoup d’artistes américains. Comme moi aussi je travaille avec beaucoup d’artistes africains de renom, on a essayé de réunir nos forces pour essayer un peu de trouver à qui on peut donner de la force. On a tout de suite pensé à Wally Seck. Donc on est partis sur ce projet et il y a aussi un autre artiste qu’on a signé pour son développement international, Samba Peuzzi. On travaille avec pas mal d’artistes pour essayer de les vendre au niveau des plateformes internationales. Hormis mon métier de Dj, j’ai toujours rêvé de faire quelque chose pour la culture urbaine de mon pays. C’est très important. Je ne veux pas être dans ce mouvement jusqu’à en sortir sans pour autant laisser des empreintes.
Qu’est-ce qui vous a attiré dans le Dj ?
Juste la passion. C’est vraiment dur d’aimer quelque chose. A un moment, je suivais beaucoup de Dj qui étaient aux Etats-Unis et un peu partout dans le monde et je me suis dit que c’est bien, parce que ça fait plaisir de procurer de la joie aux autres. Une personne qui débarque à ton événement et qui est un peu stressée, tu fais en sorte qu’il oublie ses soucis. Ça, c’est comme être un docteur. Et du coup, ça m’a toujours plu de le faire car j’ai toujours voulu rendre service. Après je me suis retrouvé à être Dj juste par passion.
Quand vous travaillez, vous surplombez les gens avec vos instruments autour. A ce moment-là, vous pensez à quoi ?
A ce moment, la seule chose à laquelle je pense, c’est cette énergie positive qui sort de moi et qui va vers le public et qui revient vers moi. Parce que c’est moi qui gère la musique, ils sont là à danser. La danse dégage beaucoup d’énergie positive que moi je récupère encore parce que c’est ça qui me motive. Je ne peux même pas expliquer ce que l’on ressent d’être devant des milliers de personnes et tu es le seul qui a les commandes, qui leur fait plaisir et que ça revient vers toi. Cet échange d’énergie est inexplicable.
Et c’est cet échange qui conditionne les morceaux que vous allez mettre ?
Exactement. On ne sent même pas que le temps passe. Après, au fur à mesure qu’on est dedans, on sait comment gérer un public qui est assis et qui ne veut pas danser. On sait comment démarrer, ce qu’il faut mettre au milieu de la soirée et comment terminer la soirée. Tout ça, c’est important de faire ses calculs et si c’est un gars comme moi, qui tourne partout dans le monde, je suis obligé de diversifier parce que j’ai différents publics devant moi. Le public que j’ai à Paris aujourd’hui est différent de celui qui est à Dakar, au Mexique, à l’Est de l’Europe… Donc, il faut déjà avoir cette facilité d’identifier le public avec lequel tu as affaire.
Ça demande donc une énorme culture musicale ?
Une énorme culture musicale et il faut bien étudier le public parce que si tu fausses le calcul, tu fausses l’événement.
Personnellement, j’ai eu la chance d’avoir cette diversité et cette facilité de les faire bouger.
Vous vous entraînez pour faire ça ?
Pour savoir à quel public j’ai affaire ? Je n’ai pas besoin de m’entraîner pour ça. Ce que je fais, vu que le Dj c’est ma passion, c’est que quand je suis seul, je m’y mets pour revoir un peu les musiques que j’ai, les nouvelles tendances, les playlists, les transitions et tout. Mais l’été, c’est un peu difficile d’avoir du temps pour faire tout ça tellement on enchaîne d’un pays à un autre, d’une ville à une autre. Je fais partie de plusieurs collectifs de Dj et on reçoit les sons au jour le jour.
Vous tournez beaucoup plus que les musiciens…
Il arrive oui. La différence entre un Dj et un musicien, c’est que le Dj, il joue la musique qui est déjà sortie partout, et un artiste, il a un seul style de musique et si ce style ne prend pas dans le monde, c’est très difficile pour l’artiste d’exploser.
Comment définiriez-vous votre style ?
Déjà je suis un Dj et vu que je représente en quelque sorte l’Afrique, le Sénégal, donc ce qui identifie l’Afrique par rapport à l’international, c’est la musique afrobeat. Et de base, je suis un Dj afrobeat, hip-hop, mais au fur et à mesure que j’avançais, l’Afrique à commencé à s’identifier petit à petit dans le monde par rapport à cette orientation musicale et quand le monde avance, tu avances avec. J’ai vu que l’afrobeat allait prendre de l’ampleur, j’ai commencé à faire mes recherches pour être à jour. Je suis même plus afrobeat que hip-hop maintenant.
Comment ça se passe pour vos tournées internationales ?
Ca se passe bien et j’en suis très fier. J’ai toujours rêvé de représenter le Sénégal au niveau international par rapport à ce que je fais. Et le Dj que j’ai choisi d’être, m’a permis de le faire. Et franchement, je ne regrette pas parce que je suis en train de vendre la destination Sénégal. Je me suis très tôt bien organisé autour de moi. J’ai une équipe qui est en France, ce sont eux qui s’occupent de mes bookings quand je suis en Europe. Mais ça marche plus par rapport à mon carnet d’adresse dans l’industrie musicale internationale qui est très vaste. Donc à chaque fois qu’on m’appelle, je les mets en rapport avec mon équipe. Et concernant les Etats-Unis aussi, c’est la même chose, il y a une équipe anglophone qui s’occupe bien de moi. Et pour tout ce qui est tournée, je reçois mon planning et après j’exécute. C’est l’équipe qui gère tout ce qui est contrat, marketing et ils me donnent le programme et j’exécute.
Vous trouvez encore les moyens pour faire vos propres créations ?
Moi déjà, je suis Dj-producteur et j’ai mis deux singles sur le marché. Le premier, c’était il y a de cela 3 ans et récemment, j’ai sorti un autre single disponible sur YouTube, avec un jeune Sénégalais qui était aux Etats-Unis, qui est revenu au pays ; il es très talentueux et c’est un réalisateur de vidéo. Du coup, ça avance côté production et côté performance Dj.
Vous avez des perspectives et rêves pour votre carrière musicale ?
Tout ce que je peux dire là, c’est alhamdoulilah ! Le niveau où je suis en ce moment, j’en ai rêvé il y a 5 ans derrière. Et là, j’y suis mais il y a d’autres rêves plus grandioses. Du coup, j’aimerais aller jusqu’à organiser un festival au Sénégal, de l’envergure d’Afro Nation, et je travaille dessus. Quand je crois à une chose, je le fais. Et on va y arriver. Le festival, il y a une partie où l’Etat doit nous faciliter les choses. Et vu que c’est un festival pour vendre la destination Sénégal, je pensais à le faire dans une zone touristique comme Saly ou les îles du Saloum, parce que tout ne peut pas tout le temps se faire à Dakar.
D’où vient ce nom de Dj Dollar ?
Beaucoup de gens pensent que je l’ai pris parce que j’aime l’argent. Mais ça n’a rien à voir. Je l’ai choisi juste parce que j’ai toujours voulu représenter le Sénégal à l’international et le dollar, partout où on va dans le monde, tout le monde sait que le dollar, c’est une devise internationale. Donc je me suis dit que je serais comme le dollar et que partout où on va dire Dj Dollar, les gens sauront que c’est un Sénégalais, il est international et connu partout dans le monde.
Et là, on est au coeur de l’été au Sénégal. Et vous, les Dj, êtes ceux qui définissent les tendances. Ça va être quoi les tendances cet été ?
L’été a déjà bien pris, par contre, moi, je l’ai démarré un peu plus tôt parce que je reviens juste d’une tournée européenne. Mais je sais que les tendances, c’est plus de l’afrobeat qui, aujourd’hui, a pris beaucoup de puissance dans le monde.
Et le mbalax dans tout ça ?
Le mbalax, ce n’est pas mal. On le fait souvent en fin de soirée et ça prend beaucoup parce que c’est notre culture et on ne peut pas le mettre de côté. Je sais que les gens aiment bien le mbalax mais l’ampleur qu’a pris l’afrobeat au niveau mondial, le mbalax ne l’a pas. Dès lors, ça reste une musique un peu locale et consommée par les Sénégalais.
Ce qu’on constate aussi, c’est qu’avant, l’été était le moment où les chanteurs rivalisaient pour sortir «le tube de l’été». Mais depuis quelques années, ce n’est plus le cas…
Je peux dire que le tube de l’été, ça reste un tube afrobeat. Sinon, au niveau local, j’ai vu juste avant de revenir de ma tournée, qu’un de mes jeunes frères, Bilou, a sorti un son au niveau local qui s’appelle «Fatal ma fofou» et ça prend bien quand même comme tube au niveau local.
Le métier de Dj, c’est quoi ? Pourriez vous nous le définir ?
C’est vraiment complexe comme métier parce que le Dj, il peut être producteur ou compositeur ; c’est un accompagnateur d’artiste… On est dans une société où le Dj n’est pas très valorisé. Il y a des parents, même s’ils voient que leur fils veut être Dj, des fois, ils lui interdisent sous pretexte que c’est un milieu de débauche comme on le dit souvent. Mais tout dépend des convictions de la personne.
Le Dj compose en direct. N’est-il pas en conflit avec le travail du musicien ?
Non, du tout, parce que dans le domaine du Dj, il y a ceux qu’on appelle les turntablist, des gens qui font des remix en live, des passe-passe, des techniques un peu crack. Ce sont des aspects plus techniques dans le Dj et c’est différent de ce Dj qui vient juste faire danser les gens. Par exemple, j’ai démarré en tant que turntablist. Après, je me suis concentré sur le clubbing et là, je suis un Dj 100% festival.
Avez-vous fait une école de Dj ?
Je n’ai pas fait d’école de Dj, mais j’ai appris avec une des légendes du Sénégal qui s’appelle Dj Gee Bayss, que je remercie au passage. Et il était le Dj de légende du groupe Pee Froiss. Je faisais mes études et en même temps, j’apprenais le Djing. La majorité des Dj qui sont ici au Sénégal, sont passés par lui et j’ai été un de ses premiers élèves.
Et là, ces dernières années, vous êtes plus à Dubaï qu’au Sénégal. Pourquoi cet exil ?
En fait, ce n’est pas un exil. Je voyage beaucoup et c’est vrai que je suis plus entre Dubaï et Los Angeles, mais n’empêche, je suis toujours basé à Dakar et je représente le Sénégal. J’ai préféré être entre Dubaï et Los Angeles parce que ce sont des villes où l’industrie musicale a de la force. Et pour mieux évoluer, il faut être dans une industrie où ça marche. Cette identité que j’ai, c’est l’identité de ce Dj qui est venu du Sénégal. Et ça me fait plaisir d’entendre les gens m’appeler le Dj sénégalais. Ce que je veux dire aux artistes du Sénégal, c’est que l’union fait la force. La concurrence, elle n’est pas locale mais internationale. Il faut se réunir, se battre et porter le drapeau du Sénégal au niveau international, à travers ce que l’ont fait, qui est la musique, et surtout la culture urbaine sénégalaise.
MBAYANG SOW REJOINT ENFIN L’OM
Foot féminin :Bloquée depuis plusieurs semaines par des problèmes administratifs, Mbayang Sow va enfin s’engager avec l’Om, informe wiwsport.
Bloquée depuis plusieurs semaines par des problèmes administratifs, Mbayang Sow va enfin s’engager avec l’Om, informe wiwsport.
La défenseure internationale sénégalaise de 29 ans était dans l’attente de l’obtention du visa pour pouvoir rallier la Cité Phocéenne, afin de signer officiellement son contrat le liant avec l’Om.
C’est désormais chose faite. L’ancienne joueuse de l’Union Sportive des Parcelles Assainies, qui va garder le no8, rejoint ses compatriotes, Mama Diop et Ndèye Awa Diakhaté, également arrivées à l’Om cet été.
THIERNO BOCOUM CONTRE LA FLORAISON DES GROUPES PARLEMENTAIRES
Explicitant les idées qu’il avait avancées, le leader du mouvement Agir et membre de Aar Sénégal, détaille les arguments qui le poussent à dénoncer les projets d’augmenter le nombre de groupes parlementaires
Explicitant les idées qu’il avait déjà avancées, le leader du mouvement Agir et membre de la Coalition Aar Sénégal détaille les arguments qui le poussent à dénoncer les projets d’augmenter le nombre de groupes parlementaires.
C’est faux et trois fois faux ! L’augmentation des groupes parlementaires ne permettra pas d’avoir plus de temps de parole à l’Assemblée nationale. Elle ne permettra non plus de renforcer une présence au Bureau de l’Assemblée nationale. Et il ne faut pas se leurrer en pensant qu’augmenter le nombre de groupes parlementaires n’aura pas d’incidence en termes de charges, sous prétexte que le budget de l’Assemblée nationale est déjà voté. Plus de temps de parole, plus de présence et aucune incidence sur le budget sont pourtant le triple argumentaire énoncé par les défenseurs de l’augmentation des groupes parlementaires à l’Hémicycle. De faux arguments, selon Thierno Boucoum. Il explique pourquoi.
Contre l’idée selon laquelle «l’augmentation des groupes parlementaires permettra d’avoir plus de temps de parole à l’Assemblée nationale», il se dresse. Disant qu’à l’Assemblée, «la règle est que le temps de parole est attribué aux députés (orateurs) et non aux groupes constitués. Il suffit de lever sa main pour être inscrit sur la liste des orateurs. Et cela concerne presque 99% des travaux».
L’ancien parlementaire soutient aussi que «diviser un grand groupe en plusieurs groupes parlementaires ne permettra pas d’avoir plus de membres du bureau, puisque le nombre global de députés ne changera pas». Ce, en réponse à l’argument d’en face. Ce dernier considérant qu’une augmentation du nombre de groupes participera à renforcer une présence au Bureau de l’Assemblée nationale.
«Pour le fonctionnement des groupes parlementaires et des commissions permanentes, des crédits sont inscrits dans le budget de l’Assemblée nationale.» Cela dit que mathématiquement, plus de groupes entraînent plus de charges. L’absence d’incidence de l’augmentation des groupes parlementaires sur le budget est de ce fait réfutée par Thierno Bocoum. Cela dit, en outre, que «les nouvelles charges sur le dos des populations qui seront créées par une pléthore de groupes parlementaires, seront inscrites chaque année dans le budget de l’Etat et financées par le contribuable sénégalais jusqu’au dernier centime».
Ainsi, le président du mouvement Agir réfute-t-il par trois autres, les trois arguments militant pour l’augmentation du nombre de groupes parlementaires. Réfutation et invitation aux nouveaux députés à adopter un comportement exemplaire. Et, pour ne pas tomber dans le ¬travers ainsi expliqué par Thierno Bocoum : «La création de plusieurs groupes parlementaires ne serait finalement que le résultat d’un honteux ¬partage du gâteau.»