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15 août 2025
LE POIDS DE LA DÉCLARATION DE BEIJING
Le 11 octobre est déclarée Journée internationale de la fille. D’autres organisations continuent de célébrer cette date symbolique. Le monde a voulu protéger cette couche vulnérable et lui reconnaître ses droits parce qu’elle est aussi l’avenir.
Le 11 octobre est déclarée Journée internationale de la fille. D’autres organisations continuent de célébrer cette date symbolique. Le monde a voulu protéger cette couche vulnérable et lui reconnaître ses droits parce qu’elle est aussi l’avenir.
Tout est parti de la Conférence mondiale sur les femmes à Beijing, en 1995 où les pays ont adopté à l’unanimité la Déclaration de Beijing qui est la première à appeler expressément les droits des filles. Le 19 décembre 2011, l’Assemblée générale des Nations Unies a déclaré dans la résolution 66/170 le 11 octobre journée internationale de la fille, afin de reconnaître les droits des filles et les obstacles particuliers auxquels elles se heurtent de par le monde. Il est aussi question de promouvoir l’autonomisation de cette frange de la société et le respect de ses droits humains.
Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef), les investissements dans les droits des filles restent limités et ces dernières continuent de faire face à une myriade de défis pour réaliser leur potentiel, une situation aggravée par les crises simultanées du changement climatique, du Covid-19 et des conflits humanitaires. Les filles du monde entier continuent de faire face à des défis sans précédent en ce qui concerne leur éducation, leur bien-être physique et mental, et les protections nécessaires pour mener une vie sans risque de violence. L’épidémie de Covid-19 a aggravé le fardeau qui pèse sur les filles du monde entier et à réduit à néant les progrès importants réalisés au cours de la dernière décennie.
Actrices du changement et du progrès
Les 600 millions d’adolescentes dans le monde ont montré à maintes reprises que si on leur donne les compétences et les opportunités nécessaires, elles peuvent être les actrices du changement et du progrès au sein de leurs communautés, et construire un monde plus fort pour tous, femmes, garçons et hommes. Les filles brisent les barrières posées par les stéréotypes et l’exclusion, notamment celles liées aux enfants handicapés et à ceux vivant dans des communautés marginalisées. En tant qu’entrepreneures, innovatrices et initiatrices de mouvements mondiaux, les filles créent un monde pertinent pour elles et pour les générations futures. « Les filles sont prêtes pour une décennie d’accélération vers l’avant. Il est temps pour nous tous de nous montrer responsables - avec et pour les filles - et d’investir dans un avenir qui croit en leur action, leur leadership et leur potentiel », prône l’Unicef.
LES CONTOURS DE DEUX IMPORTANTS ACCORDS SIGNÉS
En marge des Assemblées annuelles de Bretton Woods à Washington, la ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération a signé deux importants accords de financement avec le Président de la Banque Islamique de Développement.
En marge des Assemblées annuelles de Bretton Woods à Washington, la ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération a signé deux importants accords de financement avec le Président de la Banque Islamique de Développement. Le premier, d’un montant de 27 millions d’euros, qui porte sur le projet de création d’une unité de fabrication de vaccins.
MADIBA, (qui signifie Manufacturing in Africa for Disease and Immunization and Building Autonomy), est un bel exemple de partenariat dans le domaine de la biotechnologie, selon un communiqué parvenu à Emedia.
Cet outils, note la même note, « participe à notre quête de souveraineté médicale et pharmaceutique en positionnant le Sénégal comme un fournisseur de vaccins grâce à l’expertise de l’Institut Pasteur de Dakar ».
À ce jour, poursuit le communiqué, « un total de 160 millions de dollars ont été mobilisés par l’État du Sénégal et auprès de ses partenaires, sur un objectif de 220 millions nécessaires pour réaliser le projet. MADIBA ambitionne de devenir un hub régional de production afin d’alimenter le continent qui ne produit que 1 pour cent de ses vaccins. Une façon de contribuer à l’atteinte de l’objectif de souveraineté pharmaceutique et médicale en Afrique ».
Le second accord, d’un montant de 2 millions de dollars, porte sur un projet de Cartographie de la Fertilité des Sols au Sénégal. Il aidera à mieux mesurer nos potentiels en matière de fertilité des sols et contribuera ainsi à renforcer notre quête de souveraineté alimentaire.
LES CONTOURS DE DEUX IMPORTANTS ACCORDS SIGNÉS
En marge des Assemblées annuelles de Bretton Woods à Washington, la ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération a signé deux importants accords de financement avec le Président de la Banque Islamique de Développement.
En marge des Assemblées annuelles de Bretton Woods à Washington, la ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération a signé deux importants accords de financement avec le Président de la Banque Islamique de Développement. Le premier, d’un montant de 27 millions d’euros, qui porte sur le projet de création d’une unité de fabrication de vaccins.
MADIBA, (qui signifie Manufacturing in Africa for Disease and Immunization and Building Autonomy), est un bel exemple de partenariat dans le domaine de la biotechnologie, selon un communiqué parvenu à Emedia.
Cet outils, note la même note, « participe à notre quête de souveraineté médicale et pharmaceutique en positionnant le Sénégal comme un fournisseur de vaccins grâce à l’expertise de l’Institut Pasteur de Dakar ».
À ce jour, poursuit le communiqué, « un total de 160 millions de dollars ont été mobilisés par l’État du Sénégal et auprès de ses partenaires, sur un objectif de 220 millions nécessaires pour réaliser le projet. MADIBA ambitionne de devenir un hub régional de production afin d’alimenter le continent qui ne produit que 1 pour cent de ses vaccins. Une façon de contribuer à l’atteinte de l’objectif de souveraineté pharmaceutique et médicale en Afrique ».
Le second accord, d’un montant de 2 millions de dollars, porte sur un projet de Cartographie de la Fertilité des Sols au Sénégal. Il aidera à mieux mesurer nos potentiels en matière de fertilité des sols et contribuera ainsi à renforcer notre quête de souveraineté alimentaire.
par Charles Faye
PASTEF, LE PRAGMATISME POLITIQUE EN MARCHE POUR ROUME
La formation politique d’Ousmane Sonko dévoile, avec la restructuration annoncée samedi, une orientation plus aboutie, recentrée sur la « somme » des bons points des idéologies connues jusqu’ici. Une mixité de la gauche, de la droite et du centre
La restructuration du parti effectuée samedi, l’appareil mis en place pour la conquête du pouvoir en 2024 débutant ce dimanche, avec le programme consistant à conquérir les populations, Pastef ou les « Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité » imprime une feuille de route sous le sceau idéologique du « Pragmatisme politique » pour asseoir les termes du « Patriotisme ouvert » mais « souverainiste ». Carte de visite d’une démarche « patriotique » annoncée.
Jusqu’ici perçu comme un parti hybride nageant entre les eaux des obédiences sociale-démocrate et libérale, donnant ainsi une idée claire-obscure de son orientation et plus sûrement de son choix d’offrir une perspective antisystème, la formation politique d’Ousmane Sonko dévoile, avec la restructuration annoncée samedi, une orientation plus aboutie, recentrée sur la « somme » des bons points des idéologies connues jusqu’ici. Une mixité de la gauche, de la droite et du centre qui lui donne une identité propre, inspirée de l’observation de la marche du monde d’aujourd’hui justement en rupture de ban avec les idéologies.
Pastef un parti « souverainiste » …
« Si on devait avoir une idéologie, elle serait le pragmatisme politique, du patriotisme, du souverainisme à la place du nationalisme comme certains le font croire. Notre parti ne prône pas une politique refermée sur elle-même, c’est-à-dire exclusive, son encrage est le patriotisme ouvert qui met cependant la souveraineté au centre. Le parti est ouvert mais sa priorité est d’abord l’intérêt des Sénégalais », dit à Maderpost M. El Hadj Malick Ndiaye, nommé secrétaire national chargé de la communication.
Au regard de la composition du parti et de la déclinaison des termes de références de son orientation, soit l’appellation « Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité », les termes de référence politique renvoient tout de même plus à une sensibilité de gauche et donc une déclinaison sociale. Perception acceptée par le tout nouveau secrétaire national de la communication du parti, par ailleurs vice-président de la Commission communication de Yewwi Askan Wi.
« Il est vrai que Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité, renvoie plus à une obédience de gauche que celle de la droite. Mais, le choix de Pastef est de trouver l’équilibre entre les différents courants afin de développer une idéologie qui lui est propre, non importée et non imposée », relève le monsieur communication de Pastef, rappelant que son parti est dans l’air du temps politique.
« En France, nous avons Macron qui se dit social, mais qui est plus capitaliste, libéral. Quand nous sommes venus, nous nous sommes dits que nous n’allons pas nous embarquer dans une idéologie spécifique de la gauche ou de la droite, mais que nous allions être pragmatique est construire notre orientation politique », affirme M. Ndiaye.
La nuance vaut le tour d’explication. La perception des masses pouvant porter à confusion, l’importance si ce n’est l’urgence de passer aux séances de partages et explications afin que les populations ou électeurs sachent plus sur les orientations et offres de la formation politique qu’ils ne cherchent à faire le discernement pour ne pas s’opposer à un encrage hybride. La navigation entre les eaux pose effectivement des questions sur la carte politique de Pastef
« C’est pourquoi aujourd’hui, il est très difficile de cerner Pastef, mais comme je l’ai dit si je prends les choses de manière individuelle, le président Ousmane Sonko, par exemple, est plus libéral que social, mais cela ne l’empêche pas de s’entourer de personnes de gauche. Cela va paraître un peu bizarre, mais je sais que dans sa façon de voir et de penser, il est beaucoup plus libéral, mais ça c’est ma pensée ».
Il n’empêche cependant que la lecture pourrait se clarifier. « Mais si on prend globalement Pastef, on aboutit au pragmatisme politique, cela veut dire que nous avons pris ce qu’il y a de bon dans chaque obédience pour créer notre courant politique. Ce qu’il faut retenir c’est que c’est que nous sommes un parti souverainiste ».
… Ouvert au monde
Contrairement à l’idée reçue qui laisserait croire que Pastef renvoie au nationalisme de la même manière que l’extrême droit, en montée, ne le ferait dans certaines contrées de l’Occident, le parti milite pour le Patriotisme économique ouvert.
« Nous ne sommes pas des nationalistes. Quand on est nationaliste, on développe une politique exclusive et ce n’est pas le cas. C’est pourquoi nous utilisons toujours le terme souverainiste. Nous devons nécessairement travailler avec les autres pays du monde, mais en regardant toujours les intérêts de notre pays.
Notre volonté est de développer un traitement d’égal à égal, de sortir des situations hybrides. C’est la finalité que nous recherchons. Il ne s’agit pas pour nous de nous renfermer sur nous-même pour ne compter que sur nous. Nous sommes dans un monde qui nécessite forcément des coopérations, échanges et partenariats internationaux, mais cela doit déboucher sur du win-win ».
A Pastef, la cause est entendue et pour que nul n’en ignore, d’une part, et que, d’autre part, se gagne la confiance du plus grand nombre d’électeurs, est lancé ce dimanche la prise de contact avec les populations à travers des démarches et déclinaison du programme de société de Pastef.
« Après la restructuration du Parti, nous nous attaquons dès aujourd’hui à la conquête des populations pour assurer la conquête du pouvoir en 2024. Nous avons un programme national et international, c’est pourquoi nous avons quelqu’un comme Yacine Fall qui s’occupe des questions internationales, cela rentre dans ce cadre-là. Le programme de société qui est en train d’être étudié sera proposé ».
Calibré en stratégie avec notamment le colonel Abdourahim Kébé, ouvert au monde avec la pioche internationale Yacine Fall, renforcé en Manager-Project par Lansana Gagny Sakho, et en droit constitutionnel par le brillant Ngouda Mboup et plusieurs autres cadres de bonne facture, en sus de son leader, Ousmane Sonko, le plus en vue dans l’opposition sénégalaise, Pastef prend le pas de sa démarche patriotique pour marcher sur les traces de … Macky Sall en 2024.
ATTAQUE TERRORISTE, UNE DIZAINE DE MORTS RECENSÉS AU BURKINA FASO
Une embuscade des GAT (Groupes armés terroristes) a visé une patrouille mixte de soldats et de VDP, les Volontaires pour la défense de la patrie, supplétifs de l’armée, « dans la commune de Bouroum (nord).
« Une embuscade des GAT (Groupes armés terroristes) a visé une patrouille mixte de soldats et de VDP », les Volontaires pour la défense de la patrie, supplétifs de l’armée, « dans la commune de Bouroum (nord). Le bilan est de trois soldats et huit VDP tombés (tués) », a déclaré à l’AFP, une source sécuritaire. Une autre source des services de sécurité a confirmé, parlant de « bilan provisoire ». Selon cette dernière source, « l’accrochage a eu lieu dans la localité de Silmangué, dans la province du Namentenga ».
Cette attaque survient deux semaines après un coup d’État militaire, le deuxième en huit mois, perpétré le 30 septembre par le capitaine Ibrahim Traoré, contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, et au lendemain de la désignation du capitaine Traoré comme président de la transition par des assises nationales.
Avant septembre dernier, le 24 janvier, des militaires emmenés par le lieutenant-colonel Damiba, regroupés au sein d’une junte appelée Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), avaient renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, accusé d’incapacité face aux attaques jihadistes qui se sont multipliées au Burkina, liées à la situation sécuritaire dans ce pays en proie à la violence djihadiste depuis sept ans.
VIDEO
OBJECTION AVEC ABASS FALL
Le secrétaire à l'organisation de Pastef est l'invité de Baye Omar Gueye sur Sud FM. Le nouveau député commente l'actualité sociopolitique nationale
En matière de gestion des finances, tout le monde a le même Dieu. Le calendrier. Janvier reste toujours le pire mois de l'année ... Il s'écoule, long et triste comme un pain thon sans mayonnaise ... Février crève tout le monde avec la St Valentin
KORONIK - Lorsque mon dynamique DirPub de l'époque m'a demandé de reprendre du service. Qui plus est à visage découvert, je vous avoue avoir hésité.
C'était une chose à 26 ans, la révolte en bandoulière de tirer à boulets rouges sur l'homo senegalensis...
Avouons-le, même si l'humour reste ma marque de fabrique, je n'étais quand même pas très tendre avec le gouvernement en place et encore moins avec les administrés. Tout y passait, moeurs, habitudes réactionnaires, lourds comportements de "sous-developpés"... Il m'arrive de rougir (si, si...) lorsque je me relis ...
Bref, aujourd'hui est un nouveau jour et même si on va prendre les même pour recommencer, les baobabs ont bien changé...
La technologie de pointe, la méga téléphonie mobile et l'ultra connectivité ont changé à jamais mon paysage, mon bloc-notes et mon crayon HB.
Une donne cependant reste la même ...
Une chose a survécu. Le calendrier pécuniaire de mes compatriotes ...
Vingt ans plus tard. C'est le même modus operandi.
Ceux qui ont fait un pacte avec Crésus touchent leur salaire le 28. (Non, mais sérieusement...) Les plus chanceux autour du 5 et les miskines doivent attendre le 12.
Ceci dit en matière de gestion des finances, tout le monde a le même Dieu. Le calendrier, vous disais-je...
Le mois de janvier reste toujours le pire mois de l'année ... Il s'écoule, long et triste comme un pain thon sans mayonnaise ...
Parce que les fêtes de fin d'années et "Noël pour tous" ont eu raison des derniers deniers. Le pécule familial lui-même largement atomisé par la rentrée et son lot de "Maîtresse bi nena..."
Février crève tout le monde avec la St Valentin, son débordement de coeurs en tout genre et ses chocolats bon marchés...
Mars poussent l'homo senegalensis à assumer sa toubabisation en ramenant de gré walla "par la force doolé mbam" une rose rabougrie par le voyage en soute mais une rose quand même...
Rose qui "s'accompagne" forcément d'un dîner à la sondell et d'un cadeau, voire d'une enveloppe pour les plus chanceuses ...
Disséminés au petit bonheur la chance.
OÙ EST PASSÉ LE PATRIOTISME DES MILITAIRES AFRICAINS ?
Les militaires sont très présents sur la scène politique du continent ces dernières années. Outre leurs coups d’État, généralement condamnés, certains de leurs agissements poussent à s’interroger sur la qualité de leurs formations
Chacun le sait, le drapeau russe est dans l’air du temps en Afrique. Il flotte dans les rues et dans l’espace numérique des pays francophones depuis quelques années maintenant. Après tout, il s’agit simplement de faire passer les couleurs de la verticale (le drapeau français) à l’horizontale (le drapeau russe).
L’une des explications tient au système de formation des officiers dans la plupart des pays francophones. Après les indépendances, les officiers des pays africains ont pour la plupart suivi un cursus en France mais aussi en Union soviétique, pour ce qui concerne les pays alignés sur le bloc de l’Est pendant la guerre froide, tels la Guinée, le Mali et le Bénin. Les États-Unis, la Chine et d’autres pays européens ont ensuite entrepris d’exploiter cette niche d’influence à peu de frais en offrant des bourses à ces pays africains pour former leurs élites militaires, au moyen de modules spécifiques : formation initiale des officiers, spécialisation en armes et services, perfectionnement des officiers subalternes (cours des capitaines), cours d’état-major et école de guerre.
Cette politique d’externalisation partielle ou totale de la formation à différents niveaux a permis de disposer de cadres compétents mais pas toujours dévoués à leur patrie. Car cette diplomatie de la formation contribue à constituer et à entretenir une sorte de clientèle pour les pays formateurs. Avec une bonne partie de l’élite militaire totalement formée à l’étranger se créent potentiellement des allégeances multiples, lesquelles sont susceptibles d’interférer avec les intérêts nationaux.
Bien sûr, la formation à l’étranger constitue une plus-value tant pour les officiers que pour leurs États. Mais, hormis les pays africains francophones, très peu de nations au monde mettent en avant ce type de configuration où les affinités entre officiers se fondent aussi aisément sur les écoles et/ou les pays de formation. En effet, ce modèle est un facteur supplémentaire de division et d’annihilation de la cohésion au sein des armées.
Déjà fragilisée par l’inflation provoquée par le conflit ukrainien, une partie de l’Afrique va devoir composer avec la limitation des exportations de riz venu d’Inde…
Jeune Afrique |
Damien Glez |
Publication 16/10/2022
Alerte sur le yassa ! Branle-bas de combat pour le tiguè-diguè ! Jollof en danger ! L’Afrique n’a pas fini de constater les effets de la guerre d’Ukraine sur les courbes des prix, que déjà d’autres perturbations s’annoncent déjà. En négociant, avec Vladimir Poutine, la libération de stocks de céréales et de fertilisants bloqués depuis le déclenchement de son « opération militaire spéciale » en Ukraine, le président en exercice de l’Union africaine imaginait-il, en juin, que son thieb du week-end pourrait être menacé par des acteurs plus orientaux ?…
C’est d’Inde qu’est venue l’information inquiétante. Après des alertes au mois de mai, l’immense pays d’Asie du Sud vient de confirmer la limitation de ses fournitures de riz à l’Afrique, notamment par l’interdiction de l’exportation des brisures de cette céréale prisée des Ouest-Africains, et par l’instauration d’une taxe de 20 % sur les exportations d’autres types de riz de qualité supérieure.
Une opportunité ?
Rien à voir, cette fois, avec un conflit, même si New Delhi ne manque pas de sources de tensions avec ses voisins. Ce sont les effets de la sécheresse qui obligent le premier exportateur mondial de riz à réduire la vente à l’étranger de sa production perturbée. Or des nations comme le Sénégal sont largement dépendantes de cette source d’approvisionnement : sur la campagne 2021-2022, c’est 1 million de tonne que le pays de la Teranga a importé d’Inde. Au Bénin, 75 % du riz consommé vient du pays du Mahatma Gandhi…
Malheureusement, le chemin vers la pénurie sera pavé d’une raréfaction qui entretiendra le cycle inflationniste actuel… Avec le renchérissement du blé européen et du riz asiatique, le conjoncturel (guerrier) ou le structurel (climatique) interroge les habitudes de consommation, l’intérêt d’avoir mondialisé les goûts et le risque des circuits commerciaux longs. Les restrictions indiennes à l’exportation doivent-elles être perçues comme une opportunité pour l’Afrique ? Une chance pour des plats aux ingrédients plus locaux, légumes et céréales dits « indigènes » – mil, fonio, teff ou sorgho – ou du riz cultivé en Afrique ?
Sanctions contre le Mali et la Guinée, alliances avec la Russie, impact de la guerre en Ukraine, projet de Zlecaf, réforme du F CFA, ambitions politiques… L’économiste togolais répond sans détour - ENTRETIEN
Jeune Afrique |
Julien Clémençot et Justine Spiegel |
Publication 15/10/2022
Plus discret depuis qu’il s’est installé à Ouagadougou en avril 2021, en tant que commissaire à l’Agriculture, aux Ressources en eau et à l’Environnement de l’Uemoa, Kako Nubukpo reste un intellectuel engagé. Le 12 octobre, il a fait paraître Une solution pour l’Afrique (Ed. Odile Jacob), un nouvel essai sur les « communs » africains, ces biens dont l’Afrique regorge et qui, faute de régulation, sont détruits, notamment sous la pression des puissances émergentes. Interrogé par JA, l’ex-ministre togolais de la Prospective et de l’Évaluation des politiques publiques réaffirme son indépendance et sa vision d’un continent autonome et libre de ses choix. Critique à l’égard des partenaires de l’Afrique, dont il est important selon lui de rappeler le caractère non-aligné, cet infatigable pourfendeur du F CFA pointe aussi ce qu’il estime être des rendez-vous manqués par les dirigeants ouest-africains.
Jeune Afrique : Vous vous êtes opposé très tôt aux sanctions prises par la Cedeao à l’égard du Mali. Pourquoi ?
Kako Nubukpo : Sur le Mali, mon souci porte sur le fait que les États utilisent des instruments d’intégration économique pour prendre ces sanctions. C’est quand même paradoxal qu’une institution qui s’est battue pour son indépendance vis-à-vis du pouvoir politique soit finalement convoquée pour geler les avoirs de l’État malien, ou empêcher toute transaction financière avec les banques de l’Uemoa.
Mes critiques ont ciblé explicitement les sanctions impliquant la Banque centrale parce qu’à ma connaissance, Bamako n’avait enfreint aucune des règles de gestion monétaire ou de la réglementation des changes. La Banque centrale ne s’était même pas réunie pour constater une éventuelle infraction. Pour preuve, quelques semaines après, la Cour de justice de l’Uemoa a demandé la suspension de ces sanctions. Elle n’a pas été entendue, et il a fallu attendre le 3 juillet pour que ces dernières soient levées.
Quel bilan en dressez-vous ?
Je pense qu’elles n’ont pas eu l’effet escompté, dans la mesure où le Mali s’est tourné vers d’autres partenaires comme la Guinée, l’Algérie et la Mauritanie. Sans compter que l’Union européenne a toujours continué de signer des accords avec le pays. Donc les États de la Cedeao se trouvaient être les seuls à le sanctionner ainsi. Même dans le cadre du transport aérien, Air France a continué de desservir Bamako, alors que les compagnies ouest-africaines comme Asky et Air Côte d’Ivoire en étaient empêché. À tout le moins, il y a eu un manque de coordination pour que ces sanctions aient l’effet recherché.
Êtes-vous aussi sévère envers les sanctions visant les dirigeants de la transition guinéenne et interdisant les transactions avec les institutions financières du pays ?
Je me sens légitime à ne m’exprimer que sur les sanctions économiques. Ce que j’observe, c’est que la Cedeao connaît une dérive. C’est une communauté économique et, à l’heure actuelle, sa raison d’être semble être la gestion de crises politiques. Au moment des sanctions contre le Mali, on s’est aperçu que l’on ne dispose pas de documents suffisamment solides pour les justifier. On a l’impression qu’elles ont été décidées de manière circonstancielle. D’ailleurs, il n’y a pas eu d’acte additionnel pris par la Conférence des chefs d’État, comme c’est normalement le cas. C’est le communiqué pris à l’issue du sommet de la Cedeao qui a servi d’élément de droit pour faire appliquer les sanctions. C’est pour cela que la Cour de justice a cassé la décision.
La Centrafrique ou encore le Mali ont fait le choix de nouvelles alliances avec la Russie. Est-ce condamnable ?
Je pense que ma génération, et encore plus la jeunesse africaine, a soif de sortir des tutelles. Peu importe qu’il s’agisse de la France, de la Russie, de la Chine, de la Turquie. Il faut que l’Afrique se développe en choisissant elle-même ses partenaires. Voir ce qu’il se passe actuellement comme une simple substitution d’allégeance d’une puissance à une autre provoque un sentiment d’infantilisation. Il est important d’affirmer le caractère non-aligné de l’Afrique.
Dans le contexte de la guerre en Ukraine, est-il fair-play de demander aux dirigeants africains de choisir leur camp entre Russes et Occidentaux ?
Je pense qu’on doit être ferme sur les valeurs que l’on défend, qu’il faut réaffirmer les impératifs de démocratie, du respect des droits, de la transparence et de la bonne gouvernance. Mais des États souverains doivent pouvoir être libres d’aller dans le sens qu’ils estiment conforme à leurs intérêts.